LES PELERINAGES ET LEURS RITUELS

La Petite Gazette du 5 décembre 2007

LES PELERINAGES ET LEURS RITUELS

Aurez-vous la gentillesse d’évoquer, dans les colonnes de La Petite Gazette, vos souvenirs et vos connaissances liés aux rituels de pèlerinages et aux pratiques superstitieuses liées à ces pèlerinages ?

Racontez-nous le rituel précis qui accompagnait tel ou tel pèlerinage : quête de l’argent nécessaire au voyage, neuvaine précédant ou accompagnant le pèlerinage, nombre de personnes faisant le pèlerinage, rituel de bain dans les fontaines, façon d’en puiser de l’eau…

Avez-vous déjà constaté que certaines pratiques liées à ces pèlerinages relèvent davantage de la magie que de la religiosité ? En certains lieux, il convenait de faire un nombre précis de tours du sanctuaire, ou de n’en faire qu’un seul, mais d’une façon particulière. Avez-vous assisté à la bénédiction secrète de plantes ou d’objets, parfois même il fallait dérober des objets du culte : huile, cire de bougie ou de cierge… Ailleurs, les pèlerins grattaient la statue d’un saint et en recueillait la poussière obtenue. D’autres endroits ont connu l’abandon de vêtements ou d’objets personnels… Que dire à propos des arbres à clous, des prélèvements de terre dans certains lieux ?

Il y a, je pense, avec ces propositions de sujets, bien des souvenirs à sauver de l’oubli, bien des pratiques traditionnelles qu’il conviendrait de répertorier avant qu’il ne soit trop tard.

Evidemment, pour ce sujet, comme pour tous les autres, c’est vous et seulement vous qui déciderez la suite à lui réserver. Je dois néanmoins vous dire que, si vous voulez répondre favorablement à cette demande, nous devrions aller de découverte en découverte. Merci d’interroger votre mémoire ou celle des anciens.

 

La Petite Gazette du 3 janvier 2008

AU SUJET DES PELERINAGES

Mme Françoise Detroux, de Verlaine s/O, a entendu mon appel relatif aux pèlerinages et apporte quelques informations intéressantes touchant à Notre-Dame de Montaigu. Elle me précise que ces renseignements sont extraits d’un ancien livre intitulé « Quelques traditions et coutumes du folklore belge ».

Montaigu (2)« Là on venait honorer autrefois une petite image de la sainte Vierge. Elle fit tant de miracles que les archiducs Albert et Isabelle firent construire, en 1609, une belle église. On vient de très loin pour vénérer la statuette. Dans l’arbre auquel elle avait été attachée, on a sculpté nombre de statuettes semblables qui ont été offertes à des pèlerinages étrangers, où on va invoquer la petite Vierge venue de Belgique. C’est ainsi qu’on la vénère à Sainte-Walburge d’Audenarde et à Tournon. On organise une procession, tous les habitants tenant en main une chandelle pour faire à la Vierge un cortège de lumière.

 

Dès lors, chaque année, le premier dimanche après la Toussaint, accouraient à Montaigu des milliers de pèlerins. Dans un premier temps, la procession avait lieu le soir et durait jusqu’à dix heures ; plus tard, elle eut lieu l’après-midi.

Tous les habitants se sont faits marchands de chandelles, nommés par humour « keerskatters » (les chats aux cierges)

Les pèlerins doivent faire trois fois le tour de l’église, en récitant le rosaire à haute voix, et, en passant, ils s’efforcent de toucher l’autel. Lorsque, enfin, le prêtre a donné la bénédiction finale, les bougies sont éteintes et les bouts non consumés sont bien conservés. Il faudra les rallumer devant une image de sainte Anne ou de la Vierge.

Rappelons que Notre-Dame de Montaigu est vénérée pour obtenir la guérison de la fièvre. »

Merci pour ces informations intéressantes, qui évoquera pour nous d’autres pèlerinages ? d’autres rituels ? Pourrez-vous m’expliquer pourquoi on retrouve souvent la nécessité pour les pèlerins de faire trois fois le tour d’un édifice religieux (parfois à l’intérieur, parfois à l’extérieur de celui-ci) ? Ce qui intrigue, c’est ce chiffre de trois à quoi fait-il référence ? A la sainte Trinité ? Dites-moi ce que vous savez à ce sujet.

La Petite Gazette du 9 avril 2008

COMMENT S’APPELLE CET OBJET ?

001 (2)Monsieur L. Marcoty, d’Embourg, cherche à retrouver le nom de cet objet, jouet de nos aïeux. DESSIN DE l’OBJET « C’était une simple boîte percée et maintenue par quelques morceaux de fil de fer. On mettait le feu dedans et on la faisait tournoyer pendant des heures. Mais comment s’appelait ce jeu ? Et à quelle occasion y jouait-on ? » Mon correspondant croit que cela avait un rapport avec la fête de saint Måcrawe, mais il n’en est plus certain. Pourrez-vous l’aider ? Nous avons déjà parlé, il y a bien longtemps, de ce saint populaire dont Jean Haust nous dit qu’il était surtout honoré à l’assomption par les enfants d’Outremeuse.  Il mentionne également des lanternes vénitiennes mais point cette boîte enflammée dont parle M. Marcoty.

La Petite Gazette du 23 avril 2008

COMMENT S’APPELLE CET OBJET ?

Monsieur Arthur Gilles, de Beaufays, a vu resurgir quelques souvenirs en découvrant cette question de M. Marcoty au sujet de cet objet.

« J’ai déjà vu ce type de cylindre métallique, percé de trous, tenu avec un lien métallique pour le faire tourner dans l’espace. Je ne connais pas cet objet comme étant un jeu, mais, je me souviens très bien qu’il était utilisé sur le Thier de Chèvremont, par les marchandes d’articles souvenirs, religieux ou non, dont les échoppes se trouvaient au-dessus du thier.Avec cette boite, remplies de braises, elles, en le faisant tourner ravivaient en hiver le seul moyen dont elles disposaient pour se réchauffer. Cela date des années suivant la fin de la Seconde Guerre Mondiale, mais Chèvremont n’est plus le lieu de pèlerinage qu’il était à l’époque…Par contre je me souviens encore du nom de trois personnes qui se trouvaient dans les échoppes et dont les anciens se souviendront sans doute…. Mesdames Germaine Tigny, Marie-Louise Hupperman et Madame Terrier. »

Chevremont (2)
J’ai sorti de mes archives cette carte postale évoquant ce pèlerinage à Notre-Dame de Chèvremont parce que les souvenirs de M. Gilles devraient permettre à d’autres lecteurs  d’évoquer ce pèlerinage, effectivement tombé en désuétude du moins si on compare la situation actuelle à la fréquentation qu’il a connue… Me parlerez-vous de ce pèlerinage, de son objet, de ses différentes étapes, des raisons de son succès et de son progressif déclin, de la fricassée… Pourrez-vous nous présenter des photographies de ce pèlerinage, des échoppes des marchandes dont se souvient M. Gilles ? Je l’espère car je sais qu’il y a beaucoup de choses à raconter à ce propos. Merci d’avance.

La Petite Gazette du 7 mai 2008

A PROPOS DU PELERINAGE A N-D DE CHEVREMONT

Monsieur J.L. Dengis, président de la Société royale de Numismatique de Belgique, nous communique une très intéressante information relative au passé lointain du pèlerinage à Chèvremont.« C’est en 1686 (14 septembre) que Maximilien-Henri de Bavière donne l’autorisation, aux Jésuites anglais, d’ériger une chapelle consacrée au culte de Notre-Dame [1]. Mais déjà avant cette date, on note l’existence d’un oratoire primitif qui attire un grand nombre de fidèles et c’est cet afflux régulier de pèlerins, entre 1678 et 1686, qui incite les Jésuites à introduire cette demande auprès du prince-évêque.[1] Une autorisation de bâtir était absolument requise parce qu’il était interdit de construire sur la colline de Chèvremont. Cette interdiction, après avoir relevé d’une tradition orale qui paraît fort ancienne, a été consignée dans un règlement de litige daté du 6 février 1660. »Mon correspondant renseigne, fort à propos, aux lecteurs qui souhaitent en savoir davantage d’où viennent ses informations et recommande cette étude : M. LAFINEUR-CREPIN, La chapelle et la statuette de Notre-Dame, dans Chèvremont, un tricentenaire, un millénaire, 987-1688-1988, Actes du colloque tenu à Chèvremont le 22 avril 1988, dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. C (1988), p. 90 note (4).
Monsieur Bastin, de Heyd, nous apporte des informations et des anecdotes plus contemporaines :

« La dernière fois que je suis allé en pèlerinage là-bas, c’était en mai 1951, soit au lendemain de la communion solennelle (faite à Amercoeur) de mon cousin Nico, le fils de Nicolas Petit-Biquet (souvent évoqué dans La Petite Gazette). En ce qui me concerne, j’ai fait ma communion solennelle (au Quartier du Laveu) le 7 mai 1944, précisons-le bien, sous les bombes anglo-américaines qui, fort généreusement, pleuvaient alors sur Liège pour faire croire aux Allemands que les Alliés allaient débarquer dans le Pas-de-Calais (Mystification totalement réussie); et, le lendemain, soit le lundi 8, je suis allé, selon la tradition bien implantée à Liège, en pèlerinage à ND de Chèvremont, avec toute ma famille. J’ai ainsi dû, assez péniblement, gravir ce dur Chemin de croix (rue de Chèvremont, je pense) qui conduit à la basilique en question. Après tout cela, nous avons tous été dans les petits restaurants avoisinants afin de manger, selon une coutume alors bien établie, une bonne fricassée au lard. Bien que ce fût alors la guerre, ces restaurateurs, élevant poules et porcs, n’avaient, apparemment, aucun problème de ravitaillement en ce domaine. Je ne pense toutefois pas, mais n’en suis pas plus sûr que cela, avoir alors vu, en cette période terriblement troublée, d’échoppes de camelots, sur mon chemin.

Rappelons, avant de conclure, qu’était organisé annuellement, à ND de Chèvremont, le pèlerinage des Sportifs auquel participait toujours, entre autres, et de fort bon cœur, mon oncle Nicolas qui n’était pourtant pas calotin du tout. Disons enfin que le tout grand champion cycliste italien Gino Bartali (qui, lui, était, je pense, plus ou moins apparenté à S.S. le Pape Pie XII) ne ratait jamais l’occasion d’aller rendre une petite visite à ND de Chèvremont, chaque fois qu’il se trouvait dans l’agglomération liégeoise. »

 

La Petite Gazette du 14 mai 2008

ON SAIT MAINTENANT COMMENT S’APPELLE CET OBJET…

001 (2)Monsieur Marcoty sera ravi d’apprendre le nom de ce petit objet avec lequel il jouait quand il était enfant.

Mme Josée Heine, de Strée, se souvient : « C’est à la saint Macrawe, au moment des fêtes du 15 août, en Outremeuse, que nous jouions avec notre « caboulette ». La nuit c’était encore mieux car le feu dans cette vieille boîte en fer blanc trouée se voyait beaucoup mieux.

Pour nous, enfants, c’était un jeu, un rituel ; nous n’en connaissions pas l’origine. »

 J. Vrancken, de Ferrières, nous écrit pour nous confirmer que « les gamins des rues, dont je faisais partie, précise-t-il, s’en servaient à l’occasion de « saint Macrawe » en Outremeuse et Amercoeur, imitant les « encenseurs» lors des nombreuses professions de l’époque. Nous appelions cet objet une « Cabolette». Je me souviens que nous y mettions des morceaux de « scapulaire », ce produit enflammé dégageait, à notre grande joie, une abondante fumée. »

Très intéressant, mais j’aimerais bien savoir ce qui se cachait sous cette étonnante appellation de « scapulaire »…

Monsieur G. Gerkens, d’Embourg : « Dans le quartier où j’ai passé mon enfance et mon adolescence, cet objet était désigné sous le nom de « caboulette ». Il s’agissait effectivement d’une vieille boîte à conserve, percée de plusieurs trous, dans laquelle on faisait un feu avec les mêmes matériaux que ceux dont on se servait pour faire le feu dans la cuisinière familiale. I1 s’agissait bien dans notre quartier d’un jeu. On utilisait cette « caboulette » comme un encensoir, balancé vigoureusement d’avant en arrière pour entretenir le feu, le rougeoiement des braises, la fumée sortant par les trous pratiqués dans la boîte. Cela se passait au quartier des Vennes, paroisse Saint-Vincent. Si mes souvenirs sont exacts, il y avait une saison pour cela, un peu comme le printemps voyait le retour des jeux de bille, l’automne ou l’hiver voyait le retour des caboulettes. »

Un grand merci à mes trois correspondants pour ces souvenirs.

A PROPOS DU PELERINAGE A N-D DE CHEVREMONT

Monsieur Gerkens, d’Embourg, a réuni pour vous quelques intéressantes informations :

« D’après ce que nous raconte la brochure éditée à l’occasion du centenaire de la dédicace de la Basilique de Chèvremont, la « sainte colline « fut le pèlerinage liégeois par excellence à l’occasion de la Semaine Sainte, le lundi de Pâques, les lundis du mois de mai ( lendemain des communions solennelles ), des milliers de pèlerins se relayaient sans cesse. Près de la chapelle, des marchands d’objets pieux proposaient chapelets, bougies, médailles.

Les jeunes filles en quête d’époux allaient prier là-haut sans leur fiancé, car ce serait de mauvais augure pour leur couple. Un dicton assurait que si on montait la colline à deux, on la redescendait seul. De fait, les jeunes gens attendaient leur promise au pied de la montagne en consommant plus d’une goutte de péket.

La nourriture solide se composait d’une « clapante « fricassée de 2 œufs, un morceau de lard, un morceau de saucisse, un morceau de tarte au riz comme dessert avec une tasse de café très noir. C’est cette formule que perpétuent les Chevaliers de la Fricassée.

Les conscrits soucieux d’être exemptés du service militaire s’y rendaient pour implorer la protection de la Vierge. Les lavandières et les cloutiers se retrouvaient pour se placer sous l’égide de notre dame.

Quelques grands pèlerinages

1913 : 225e  anniversaire de la chapelle

1919 : 20.000 pèlerins viennent remercier la Vierge de les avoir protégés pendant la guerre

1956 : 27 mai, pèlerinage international pour la paix dans le monde

1960 : 26 juillet : prières pour le Congo.

C’est la publicité faite autour des apparitions de Banneux en 1933, les difficultés d’accès, l’insuffisance des structures d’accueil restées au stade du 19e  siècle ainsi que le déclin de la pratique religieuse qui verra diminuer la fréquentation de grands pèlerinages à Chèvremont.

Reste le pèlerinage des sportifs wallons, né en 1938, issu d’une rencontre entre le coureur cycliste Romain Maes et le père Van Clé, aumônier des sportifs.

Interrompu par la guerre, il reprendra en 1942, sous l’impulsion de Georges Tilman journaliste à la Gazette de Liège et au Journal des Sports.

Quelques célébrités ayant participé à ce pèlerinage : E. Merckx, Kid Dussart, Auguste Mingels, Louis Carré, Jean Michel Saive, Jean Brankart et enfin Gino Bartali qui a contribué au financement du tableau des Fastes où il est d’ailleurs représenté près du pape Pie Xll.

C’est en 1953 qu’un bref pontifical de Pie Xll nomma Notre Dame de Chèvremont Patronne des Sportifs Wallons. Pour cette raison, des souvenirs matériels tels que maillots, coupes, ballons, etc. sont déposés dans la chapelle.

Notons enfin que la montée par le thier permet de découvrir les « potales » illustrant les mystères douloureux de la Vierge, plusieurs fois vandalisées mais chaque fois restaurées avec le concours des autorités communales, les « Amis de Chèvremont », les artistes calidifontains qui offrent une de leurs oeuvres.

Bref, même si c’est plus discrètement, Chèvremont et le culte de Notre Dame sont toujours bien vivants. »

Un immense merci pour toutes ces précisions.

Mme Dohogne, de Grand-Halleux, a gardé en mémoire un souvenir lointain de Chèvremont :

« J’étais encore une toute petite fille. Une fois par an, et un jour seulement, mes parents et nous, les 4 enfants, nous nous rendions à Chèvremont. Mes parents tenaient beaucoup à faire ce mini-pèlerinage.

Là, il y avait… en bas et …en haut !

Mes parents, avec les 2 aînés montaient pour prier, laissant les 2 petites, dont moi, en bas. Là, il y avait un ou des carrousels et de la tarte. J’ai le souvenir précis de cette si bonne tarte aux prunes. Hélas ! J’ai été piquée dans la bouche par une guêpe posée juste sur la bouchée que je mangeais…

Sans doute ai-je pleuré ou hurlé. Je n’ai pas le souvenir de ce qui s’est passé alors; je sais seulement qu’on s’est empressé autour de moi pour me soulager… »

 

La Petite Gazette du 4 juin 2008

NOTRE-DAME DE CHEVREMONT

Manifestement ce haut lieu de pèlerinage liégeois vous a laissé bien des souvenirs que vous aimez évoquer.

C’est aujourd’hui au tour de Monsieur Robert Pochet, né au pied du calvaire, de s’exprimer :

« Ma grand-mère, Mme Thérèse Collard, tenait ainsi une échoppe installée, suivant le mois, tantôt à gauche, tantôt à droite, de la chapelle. Mon père, Henri Pochet, récoltait la cire des bougies et en refabriquait dans sa cave. Il remontait tout le calvaire, à pied, le lendemain dès 7h.,  avec tout le matériel. Le soir, aux environs de 20h. les objets religieux étaient rentrés dans un coffre et placés à l’intérieur de la chapelle.   Quand j’étais enfant, les pèlerins pouvaient, chez moi, assouvir un petit besoin avant de monter le calvaire.

Dans les années cinquante, Notre-Dame de Chèvremont rassemblait des milliers de pèlerins, y compris le pèlerinage des sportifs chaque année au mois de mai. A quelques pas est érigée une petite chapelle dédiée à sainte Begge, invoquée contre les rhumatismes ; de nombreux pèlerins y nouent divers objets (mouchoirs, foulards, lacets…) afin d’obtenir la guérison.

A l’époque, au pied du calvaire, se trouvaient, dès 7 heures du matin, des mendiants qui recueillaient l’aumône jusqu’à 20 heures.

La succulente fricassée pouvait être dégustée à « la maison blanche », tenue par Germaine Lay et au « Saint-Antoine » tenu par M. Magnée, entre la première et la deuxième station. Pour les gourmets, à l’heure actuelle, une brasserie réalise encore la fameuse fricassée.

Fait très important, lors de la guerre 40-45, une bombe est tombée juste devant la chapelle, elle n’a rien endommagé. Les pèlerins y ont vu le signe d’une grande protection de la Vierge. Aujourd’hui, l’endroit où la bombe est tombée est indiqué par des cailloux blancs.

Ce sont des bénévoles qui s’occupe de l’entretien des lieux. Dernièrement, ils ont restauré les caves voûtées de la basilique et aménagé différentes petites chapelles permettant ainsi à toute personne de se recueillir dans le calme et la paix.

Rappelons que la basilique a été érigée à l’emplacement  d’un antique château fort. »

Merci pour toutes ces informations et ces souvenirs.

UN NOUVEAU LIVRE SUR AYWAILLE ET SPRIMONT

LE BERCEAU INDUSTRIEL D’AYWAILLE ET DE SPRIMONT

Les toutes nouvelles installations de la brasserie Elfique sont en voie de parachèvement à Raborive (Aywaille), dans un site remarquable à différents points de vue. Cette nouvelle ligne de production va incessamment voir le jour à l’ombre des somptueuses ruines du donjon de Neufchâteau-sur-Amblève et en face de la célèbre fermette dite de la Mohinette, dont Marcellin Lagarde a raconté l’histoire. Ce site est, en outre, un lieu chargé d’histoire puisque c’est sur les terres s’étendant entre Florzé, Raborive, Martinrive et Rouvreux que Jacky Jacobs (✝), René Jacobs et René Henry, les auteurs de cette étude parue dernièrement, ont localisé « Le Berceau industriel d’Aywaille et de Sprimont ». Pareille affirmation surprendra sans doute celles et ceux qui ne connaissent pas encore la richesse industrielle de ce petit territoire partagé aujourd’hui entre les communes d’Aywaille et de Sprimont mais qui, jusqu’en 1794, relevait de plusieurs seigneuries et états différents.

Carte couverture

La richesse du sous-sol, l’Amblève navigable et productrice d’énergie et la réunion des limites de ces seigneuries et de ces états furent identifiés comme de véritables atouts par d’audacieux entrepreneurs il y a près d’un demi-millénaire déjà.

Bien avant qu’on y exploite la pierre et le sable, ce petit territoire vit se développer une importante industrie métallurgique, on y exploita aussi l’alun, une matière première d’une importance capitale aux XVIIe et XVIIIe siècles. Emblève connut ensuite une importante verrerie où se fabriquaient les bouteilles à eau de Spa et à eau de Bru, produits essentiels au développement d’un très important commerce. Là ne s’arrête pas la liste des « usines » qui s’élevèrent en ces lieux : un imposant moulin à quatre roues produisit du papier, il fut même question d’y installer une manufacture de draps.

za 21Ce fut ensuite l’industrie de la pierre qui investit les lieux et ce sont d’ailleurs de magnifiques bâtiments de cette époque qui verront très bientôt grandir et se développer considérablement la brasserie Elfique. elfique-logo

Toutes ces activités dopèrent l’économie locale en réclamant aussi une main-d’œuvre importante pour acheminer, par voie terrestre et par voie d’eau, les matières premières vers ces industries et pour en transporter les produits finis.

Guidés par les auteurs, vous partirez à la découverte de toutes ces entreprises; ils vous mèneront en outre à la rencontre des étonnante facettes des personnalités qui investirent tant en ces lieux : les de Hauzeur, les Desandrouin, les Penay… et, plus proches de nous, les Marcellis par exemple. Ces représentants de grandes familles d’industriels ou de commerçants hennuyers, liégeois ou verviétois vous seront mieux connus grâce aux très nombreux documents présentés dans cet ouvrage : des pièces de procès, des actes officiels, des testaments… Vous les verrez alors comme ils étaient vraiment : de véritables précurseurs du capitalisme.

Ce nouvel ouvrage de la collection P.A.C. Aywaille est édité par la maison liégeoise Dricot, gage de qualité, il a été officiellement présenté le 5 mai dernier. Il compte 122 pages au grand format (A4) et recèle plus de 70 illustrations pour la plupart tout à fait inédites et dont certaines sont présentées en pleine page et en quadrichromie.

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Vous pouvez bien entendu acquérir ce livre  en versant 25€ (Frais de port inclus) sur le compte bancaire BE29 0682 0895 1464 de P.A.C. Aywaille à 4920 Aywaille avec la communication « Berceau industriel ».

 

LE DYNAMISME DES CERCLES HISTORIQUES DE CHEZ NOUS ET LEURS NOUVELLES PUBLICATIONS

La Petite Gazette du 3 janvier 2018

LES ANNALES 2017 DU CERCLE HISTORIQUE MARCHE-EN-FAMENNE, HOTTON, RENDEUX

La Petite Gazette débute cette année 2018 avec la ferme intention d’encore vous faire découvrir de nouvelles facettes de notre riche passé régional et de son patrimoine sous tous ses aspects, du plus monumental ou plus discret. Pour rencontrer cet ambitieux  objectif, votre collaboration est encore et toujours indispensable; plus que jamais le partage de vos incroyables connaissances permettra de compléter la formidable collection de contributions rassemblées dans cette chronique depuis bientôt 20 ans. Merci pour votre indéfectible intérêt et merci pour votre implication.

Je désirais, en ces premiers jours de l’année nouvelle, rendre un hommage vibrant à l’extraordinaire dynamisme des cercles d’histoire locale de chez nous; aujourd’hui, je vous présenterai la nouvelle et magnifique publication du Cercle historique Marche-en-Famenne, Hotton, Rendeux asbl, célébrant 40 années d’histoire locale au travers de 124 pages très richement illustrées, aussi en quadrichromie, et idéalement mises en page. Les « plumes » habituelles, dont certaines sont bien connues des lecteurs de La Petite Gazette, proposent des articles admirablement documentés et vous menant vers d’étonnants horizons.

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Gilbert Vanbelle s’est penché sur l’histoire de Roy, de Lignières et de Grimbiémont, et de leurs églises et chapelle; dessins, plans et photographies viennent utilement soutenir un texte précis apportant d’intéressantes anecdotes. Avec l’étude de Philippe Annaert, c’est au coeur du duché de Luxembourg au XVIIe siècle que vous serez plongés à la rencontre des principaux pèlerinages évoqués dans les archives ardennaises. A cette époque, la promotion du culte est assurée par les nombreux témoignages des faits miraculeux relevés dans les sanctuaires et chapelles du duché. L’auteur s’attache principalement au site du monument du Saint-Sépulcre à Marche-en-Famenne grâce à un dossier, particulièrement riche en information, qu’a rédigé, en 1678, une commission diocésaine constituée alors par l’évêque de Liège. Vous glisserez ainsi vos pas dans ceux des pèlerins du ardennais du XVIIe siècle, simplement passionnant.

Jean-Louis Schmitz explore un autre aspect de la vie marchoise au XVIIe siècle en nous proposant de feuilleter avec lui un livre de raison soit une chronique familiale rédigée vers 1619 par le notaire Toussaint Gouffart (1573-1648) et donnant de bien intéressantes informations sur le quotidien à Marche-en-Famenne à la charnière des XVIe et XVIIe siècles que l’auteur a la judicieuse idée de replacer dans leur contexte historique général pour une compréhension optimale. Maurice Petit, quant à lui, nous livre une étude sur les prêtres de Hodister et de Gênes. Bien loin des simples listes que proposaient jadis les monographies villageoises, Maurice Petit nous donne une foule de détails sur ces desservants, leurs qualités certes mais surtout leurs petits « travers » ou habitudes étonnantes vu leur fonction… et cela va vraiment dans tous les sens. Etonnant et très intéressant.

André Collard et André Haquin vous plongent dans les premières semaines de la Seconde Guerre Mondiale à Marche-en-Famenne en suivant le « journal » tenu par Madame Julia Fisenne-Lecocq qui le commence par ces mots : « Mon journal pour mes enfants au cas où je ne les reverrais plus. 1940. Jeudi 9 mai. » Ce journal rédigé au crayon dans un agenda couvre 110 pages et aborde toutes les réalités quotidiennes des premières semaines de guerre, depuis l’exode vers la France d’une partie de sa famille jusqu’à leur retour le 20 juillet. Ce journal constitue une chronique locale très précise rendant de façon très humaine l’état d’esprit de ces temps troublés. Les Annales 2017 se complètent des rubriques habituelles : récit de l’excursion du Cercle, « De cent ans en cent ans, les années ’17 » et la remarquable contribution d’Erika Berger « Nous avons lu pour vous » vous présentant par le détail les nombreuses publications reçues par le Cercle.

Pour recevoir les publications du Cercle historique Marche-en-Famenne, Hotton, Rendeux, asbl, il suffit d’adhérer à l’association comme simple membre adhérent par le versement d’une cotisation de 20€ à verser sur le compte BE48 1420 6513 5727 du Cercle historique de Marche-en-Famenne, Hotton, Rendeux. Cette cotisation vous donne droit à la un exemplaire des Annales de l’année en cours. Pour acquérir les publications des années antérieures, il vous suffira de consulter le site http://cercle-historique.marche.be

 

La Petite Gazette du 10 janvier 2018

LE NOUVEL  ARCHEO-CONTACT DU VIEIL ESNEUX EST ARRIVE …

Dans notre dernière édition, j’évoquais, tout en m’en réjouissant, la vivacité de nos cercles historiques régionaux et, cette semaine, c’est avec plaisir que je vous présente le contenu du n°51 de « Archéo-Contact », le bulletin du Cercle Archéo-Historique « Le Vieil Esneux – Ardenne-Condroz ASBL ». Les passionnés qui animent ce cercle et dont les recherches et les travaux remplissent les pages de ses bulletins vous emmènent à leur suite dans l’histoire locale, survolant allègrement les siècles.

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Ce numéro ne fait pas exception : Harald Delaitte vous plonge dans nos paysages à l’époque du Paléolithique à la rencontre des Homo-Erectus et des Néandertaliens dont il nous présente les caractéristiques, quelques-uns de leurs outils découverts chez nous et d’autres traces locales de leur époque. Le même auteur, rejoint par Joseph Graftiau cette fois, aborde l’âge de la pierre polie, le néolithique, à Lincé et environ, en passant en revue les nombreuses découvertes de trois chercheurs de chez nous, Harald Delaitte, Gaston Lawarrée et André Nélissen. Cet article passionnant revient aussi sur les fouilles menées dans les années 80 au « Château de Fays » et lance une intrigante réflexion sur l’orientation de la chapelle de cette place fortifiée qui, manifestement, est une construction liée aux solstices… Bien plus proche de notre temps, c’est la distribution d’eau à Esneux qu’a étudiée André Baltia qui nous entraîne à l’époque des pompes à bras et des bornes-fontaines en illustrant ses propos de très jolies anciennes vues. Pol Walhain, quant à lui, se penche sur le crash d’un bombardier bi-moteur U.S., à la Noël 1944, à Colonster. Philippe Hamoir nous fait assister à la spectaculaire résurrection du Christ des Ruelles. Ce bulletin contient évidemment ses rubriques habituelles assurées par « l’archiviste de service » mais aussi quelques textes en wallon, un rappel par l’image du succès rencontré lors des Journées du Patrimoine…

Toutes celles et tous ceux s’intéressant à l’histoire de notre région trouveront plaisir et intérêt à lire cette nouvelle publication. Le Vieil Esneux en édite deux par an que vous recevrez simplement en devenant membre de l’asbl par un versement de 15€ pour les Esneutois, 20€ pour tous les autres (la différence représente les frais d’affranchissement des bulletins) à verser sur le compte BE90 6528 4546 6432 du Vieil Esneux asbl.

 

LES SOLDATS D’AYWAILLE SOUS LA PERIODE FRANCAISE, une nouvelle publication d’ETIENNE COMPERE

La Petite Gazette du 27 décembre 2017

DES AQUALIENS ONT COMBATTU PARTOUT EN EUROPE DANS LES ARMEES FRANCAISES…

Dès septembre 1798, durant la période française, à Aywaille -comme dans toute la région- tous les hommes âgés de 20 à 25 ans sont soumis au « service militaire obligatoire permanent« . Ce service militaire a une durée de 5 ans et s’effectue soit par enrôlement volontaire soit par conscription, c’est-à-dire par tirage au sort.

Etienne Compère, sans doute le plus parfait connaisseur de la population aqualienne à travers les siècles, s’est intéressé à ces hommes dont le destin fut bouleversé par la loi Jourdan dont l’article 1 précise que « Tout Français est soldat et se doit à la défense de la Patrie. » or les Aqualiens sont français depuis le 1er octobre 1795!

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Etienne Compère, chercheur rigoureux, minutieux et, surtout, passionné, s’est plongé dans les liasses d’archives communales, paroissiales et les registres de contrôle des troupes à la recherche de ces jeunes hommes d’Aywaille, de Remouchamps, de Harzé, d’Ernonheid et de Deigné dont il découvrit la trace sur tous les champs de bataille d’Europe. Au gré des pages de sa toute récente publication, l’auteur vous entraîne à Breslau, à Coblence, à Augsbourg, à Brême, en Saxe, en France, en Hollande, au Portugal, en Espagne, en Autriche et en Russie; dans les pas des fusiliers, des voltigeurs, des tirailleurs, des grenadiers, des canonniers, des sapeurs ou des gendarmes, près d’une centaine de jeunes hommes ayant abandonné nos vertes campagnes pour des contrées qu’ils n’avaient jamais imaginé fouler! Fidèle à son souci d’humanisme, Etienne Compère nous invite à partager des moments d’intimité familiale en nous donnant à connaître diverses lettres adressées par ces soldats à leurs parents, il nous plonge également dans les difficiles réalités provoquées par la conscription et qui poussèrent bien de ces jeunes gens à devenir des réfractaires ou des déserteurs, d’autres connurent le sort peu enviable des prisonniers de guerre ou des condamnés aux travaux forcés pour cause de désertion. D’intéressantes anecdotes viennent émailler ces petits récits de vie militaire : l’un de ces soldats aurait dialogué avec l’Empereur, un autre s’est vu étonnamment impliqué dans une affaire criminelle, nombre d’entre eux se verront décorer…

Ne négligeant aucun aspect du régime de la conscription, Etienne Compère s’est également intéressé à ceux qui ont échappé à ce long et dangereux service militaire parce qu’ils ont fourni un remplaçant, parce qu’ils étaient soit le fils aîné ou le fils unique d’une veuve, parce qu’ils étaient de trop faible constitution ou trop petits (15% d’entre eux) ou qu’ils présentaient une invalidité (28% !). Dans cette nouvelle publication (92 pages A4, très bien présentées), l’auteur pense bien entendu à vous fournir toutes les indications nécessaires à la juste perception de l’état d’esprit de cette période qui bouleverse toutes les ancestrales habitudes : prêtres de nos paroisses refusent de prêter le serment « de haine » constitutionnel, les règles régissant la conscription et le tirage au sort mais aussi les faits du quotidien qui font alors l’actualité (les réquisitions de chevaux, de charrettes, de voitures, de fourrage, de viande…), la chasse aux réfractaires et aux déserteurs et bien d’autres faits divers du temps.

Cette étonnante « photographie » de cette époque si particulière qui sanctionne la brutale transition entre l’ancien et le nouveau régime se doit de trouver place dans la bibliothèque de tout amateur de l’histoire de notre région. Pour l’acquérir, rien de plus simple : un versement de 25€ (port compris) sur le compte BE60 06187698 6070 d’Etienne Compère à 4920 Aywaille avec la communication « Conscrits d’Aywaille » et le livre vous sera très vite livré.

LA FABRIQUE NATIONALE (F.N.)- SES DIFFERENTS SIGLES ET CERTAINES DE SES PRODUCTIONS

La Petite Gazette du 23 janvier 2013

SUR QUOI ÉTAIT APPOSE CETTE PLAQUE DE BRONZE PORTANT LE SIGLE FN ?

Monsieur Jean-Pierre Beaufays, dont vous avez souvent l’occasion d’apprécier les connaissances en matière de véhicules anciens, fait appel à vous pour tenter de percer ce qui constitue un mystère pour lui. Aussi espère-t-il que les spécialistes de la F.N. se pencheront sur le sujet. Il vous soumet cette photo d’une plaque en bronze coulé avec le logo FN en relief que lui a donnée, il y a quelque temps, un ami qui connaissait sa passion pour les véhicules anciens.

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Mon correspondant précise : « Ses dimensions sont de 17 X 13 cm et son épaisseur de 5 mm.

A ma connaissance, elle ne provient d’aucun véhicule terrestre mais peut-être devait-elle être fixée sur du matériel industriel ou ferroviaire.

Cet objet ne doit pas être très rare car j’en ai déjà vu d’autres exemplaires sur des brocantes.

Curieusement, elle n’est percée par aucun trou de fixation mais peut-être provient-elle d’un ancien stock qui n’a jamais été utilisé.

J’espère que, parmi les lecteurs de La Petite Gazette, un spécialiste de la FN pourra nous en dire plus. »

Je l’espère également et vous demande de me communique tout ce que vous savez sur le sujet.

La Petite Gazette du 6 février 2013

CE SIGLE « F.N. »

Monsieur Martin Huwart, de Ville-au-Bois, est le premier à nous transmettre son avis à propos de ce sigle et nous l’en remercions.

A propos du sigle FN, je pense que ce logo « Art déco » était en service exclusivement pour la division « Armes et munitions ». On le retrouve sur les plaques de couche des pistolets Browning faits à Liège et ce logo est aussi en première page du livre-souvenir des premières 25 années de la FN dont j’ai un exemplaire.

  1. Beaufays a tout à fait raison, tous les véhicules terrestres (vélos/motos/voitures) avaient un logo différent, montrant un pédalier croisé avec un fusil entre les lettres FN. Ce pédalier sera plus tard stylisé et le fusil disparaitra.

Je pense que cette plaque est tout bêtement une décoration d’étalage, distribuée aux différents armuriers, d’où l’absence de trous pour la fixer. Je crois me souvenir d’un tel truc dans la vitrine de BURY-DONCKIER au Passage Lemonnier dans les années 1950-1953.

Je suis curieux d’avoir d’autres commentaires. »

La Petite Gazette du 13 février 2013

A PROPOS ENCORE DE CE SIGLE FN

C’est au tour de monsieur Alexandre Steenebrugen, de Warre-Tohogne, d’apporter une réponse à M. Beaufays:

“Il s’agit là du logotype de la fabrique créé en 1906 et qui fut apposé sur des armes, cycles, automobiles et, occasionnellement, sur divers produits. Vu la taille et la matière de la plaque détenue par M. Beaufays, il pourrait s’agir d’une garniture de calandre d’auto qui, en même temps, indiquait la marque de celle-ci.

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Ce logo fut encore imprimé, il y a quelques années (1970 – 1980) sur des boîtes d’emballage de cartouches de chasse.”

 

La Petite Gazette du 20 février 2013

ENCORE CE SIGLE F.N.

C’est au tour de Monsieur Robert Mignon de nous transmettre, depuis le Sud de la France, un avis éclairé sur cette question :

« Mon neveu m’a transmis un article de presse relatif au sigle FN et, un appel à des informations complémentaires ; Ayant fait toute ma carrière dans ce groupe, je me suis un peu piqué au jeu et, j’ai effectué quelques recherches. Vous trouverez ci-joint l’évolution du sigle au fil des années. (page 170 du livre d’Auguste Francotte et Claude Gaier « FN 100 ANS »)

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A mon avis, contrairement à ce qu’affirme Monsieur Huwart, le second sigle n’est pas Art Déco (puisque créé en 1906) mais, il serait plutôt issu de l’Art Nouveau et probablement du courant porté par Victor Horta. Il a été introduit au moment de la commercialisation des automobiles. Probablement, pour donner une image plus large de l’entreprise en se différenciant du premier (où figuraient un fusil et un pédalier rappelant que la FN fabriquait principalement des armes et des cycles). Je pense que les différents sigles « FN » ont été utilisés sans répondre à une véritable stratégie de marque. Même si celui intégrant le pédalier (très stylisé par la suite) est resté plus attaché à la division « Sports » et plus particulièrement aux motos. Mon ami Claude Gaier, Directeur du Musée d’Armes et « historien retraité de la FN » pourrait certainement en dire beaucoup plus que moi.

Pour la petite histoire, j’ai possédé pendant des années une de ces magnifiques petites plaques ovales en métal émaillé, frappée du sigle en lettres dorées sur fond noir et, munie au dos de deux tiges filetées qui permettaient sa fixation sur des objets et, notamment sur des automobiles. J’espère que ces informations vous aideront dans vos recherches. »

La semaine prochaine, nous découvriront encore d’autres développements à cette enquête.

La Petite Gazette du 27 février 2013

ENCORE LE SIGLE F.N.

Monsieur Raymond Gillet réagit aux propos parus dans La Petite Gazette du 14/02/2013. « Monsieur A. Steenebrugen a tout à fait raison, concernant l’utilisation du logo « FN » sur les emballages de cartouches de chasse. Vous trouverez en annexe le logo sur une partie d’emballage que j’avais conservé et, sur cette partie figure aussi le numéro de référence à utiliser en cas de réclamation. Un puriste pourra peut-être nous éclairer sur la date correspondant à  » 4 Q 4 H 4″.

Cartouches Legia

Pour revenir à cette demande d’identification, il apparait  que la FN  fabriquait elle-même certaines de ses machines-outils, trop spécifiques pour les trouver dans le commerce. La plaque en question est  une marque de fabrique apposée sur ces machines-outils,  ce que m’a confirmé un ancien de la FN. Il semble que cette plaque était apposée aussi sur des machines conçues par la  FN, mais fabriquées pour elle aux USA à Milwaukie et /ou Cincinati.

Ces plaques étaient vissées sur les bâtis des machines .Les trous étaient  forés selon l’état de surface de l’emplacement car c’était brut de fonderie, donc il était rare de trouver une surface plane. Début du siècle dernier, voire  même avant, la FN pour l’usinage de ses produits fabriquait ses machines car pour les  pièces d’armes, cela était tellement complexe, qu’elle n’en trouvait pas sur le marché. Cette plaque en bronze, qui fait quand même 170 mm de large, 150 mm de haut et entre 5 et 10 mm  d’épaisseur, servait simplement comme marque de fabrique vissée sur le châssis. Voici une photo d’une de ces ancêtres datant de 1920.

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L’ancien de la F.N. interrogé par M. Huwart lui a expliqué que : « C’est la plus petite machine que j’ai connue, fabriquée à la FN. (Voir le sigle fixé dessus), C’est le modèle A1 ou FN10 avec déplacement manuel de la table. Il faut remarquer que cette machine n’a pas de moteur pour faire tourner le mandrin. A cette époque il y avait des manèges (moteurs et axes) en sous – toitures des halls et des courroies qui descendaient vers chaque machine cela ressemblait à une jungle. Il y avait d’ailleurs  un métier de « courroyeur  » à la FN qui ne faisait que de remplacer ou remettre en place les courroies sur les poulies.

Quand je suis entré à la FN, comme régleur,  le parc machine était encore composé à +- 80% de ces machines qui heureusement  avaient un peu évolué , moteurs électriques pour la FN 10, déplacement automatique de la table pour la FN 11 , FN 12, FN 15, FN 16 ( double broche) etc…. et puis des machines plus modernes fabriquées spécifiquement pour la FN par Milwaukee ou Cincinnati »

Merci pour cette passionnante enquête.

 

La Petite Gazette du 13 mars 2013

ENCORE UN SIGLE FN…

Monsieur Daniel Coûteaux, d’Embourg,  sollicite votre aide pour compléter les informations d’un musée suisse… Il vous explique pourquoi :

« Une de mes filles, en vacances en Suisse – dans le Valais – visite un jour une fonderie de cloches. Elle en fait un beau reportage : photos et vidéos. Mettant son nez  – pardon, son objectif –  un peu partout, elle trouve un vélo, un tout vieux modèle, mais tout beau ! Avec étonnement elle y repère un ancien sigle de la FN.

Le fondeur de cloches est tout content et heureux d’apprendre d’où provient ce mystérieux vélo (bicyclette, devrais-je dire) ramassé(e) dans une déchetterie. Il l’a remis à « neuf », avec des nouveaux pneus (neige, bien entendu) et il roule. Tout cela, par simple plaisir de redonner vie à une vieille chose. Votre rubrique permet à ma fille de dater le logo : 1902 !

Elle va en informer le fondeur de cloches ; mais après avoir approfondi l’historique de cette vieille pièce avec, espère-t-elle, l’aide des lecteurs et des gentils correspondants de la Petite Gazette, leurs connaissances et leur documentation.

Sur son beau support, cet ancêtre va bientôt se retrouver dans une vitrine ! Et … en Suisse ! Comment donc est-il arrivé si loin ? Armée suisse … ? Merci de nous aider à éclaircir son histoire. »

La Petite Gazette du 27 mars 2013

A PROPOS DE CE VELO FN PRESENT DANS UN MUSEE SUISSE…

Ce vélo liégeois dans un musée suisse a également retenu votre attention.

Monsieur Emile Perrot nous indique qu’il possède : « l’une ou l’autre information sur le vélo FN qui se trouve dans un musée en Suisse. Les vélos FN avaient un numéro de cadre frappé sous le pédalier. Les vélos FN construits en 1903 avaient un N° compris entre 6000 et 9999.

Je n’ai malheureusement pas les N° des autres années. Ce vélo est un vélo de type acatène (appelé aussi chainless), c’est-à-dire qu’il utilise non pas une chaine de transmission mais bien un arbre et un couple conique! »

Monsieur Jean d’Olne intervient à son tour :

« La « vieille bécane » retrouvée en Suisse a tout de la pièce de collection. En effet, l’original de la photo publiée montre qu’il s’agit d’un vélo de type « acatène », utilisant une transmission par cardan. Ce système avait l’avantage d’être totalement renfermé, évitant aussi bien les taches de cambouis que les sauts de chaîne ou l’accrochage du bas de pantalon.

Autrefois, le système était mono vitesse, ce qui a sans doute contribué à sa disparition. Il y a une quarantaine d’années, j’en avais découvert deux (homme et femme) dans l’extraordinaire accumulation de « trésors » rassemblés par feu le notaire Delrée, de Theux. J’ai tout fait pour en acheter un, mais le brave homme a jugé préférable d’en faire don à la FN … où ils sont allés s’ajouter à toute une série d’engins similaires gardés en réserve pour le musée de la firme.

De nos jours, on trouve de timides essais de réintroduction, principalement pour des vélos de ville. La technique moderne a permis d’utiliser un changement de vitesse dans le moyeu, résultant en vélos acatènes à 6 vitesses. J’imagine que le poids et le coût n’en faciliteront pas la diffusion. J’ajoute une photo de détail qui illustre bien l’aspect de cette transmission. »

FN-acaten__

Enfin, voici les commentaires de Monsieur Raymond Gillet, de Nandrin. « Ce vélo serait de 1904 ou 1905. Vélo FN « CHAINLESS » Type-C 55 (« sans chaine – à cardan »). Remarquez la poignée du seul frein, à droite du guidon; poignée en forme de cuillère ou coquille. Par un système de renvoi accolé à l’axe du guide-fourche la baguette ou tige de frein était munie à son extrémité d’un patin central qui agissait « sur le pneu. A l’origine le garde-boue avant, en bois, commençait seulement à partie du guide-fourche. (Ce qui ne semble pas être le cas sur la photo). Les deux garde-boues étaient constitués d’une lamelle de bois cintrée. Il existait également un modèle « Dame ».”

La Petite Gazette du 2 mai 2013

LA F.N. ET L’AGRICULTURE

Monsieur François Depaye, de Saint-Séverin, aimerait évoquer un aspect, aujourd’hui révolu, de la production de La Fabrique Nationale pour l’agriculture, en vous présentant deux documents. Le premier est une page extraite du catalogue publié à l’occasion du 34e Salon de machines et produits pour l’agriculture, qui s’est tenu aux Grands Palais du Cinquantenaire à Bruxelles, du 14 au 21 février 1954. C’est une publicité vantant les mérites de la machine à traire FN.

machine à traire

Le deuxième document est une photo présentant un électrificateur de clôture sur secteur (date de fabrication inconnue).

electrificateur FN

 

 

 

 

 

Il serait évidemment intéressant d’apporter des précisions sur cette production particulière et moins connue de la FN. Merci d’y contribuer.

 

La Petite Gazette du 26 juin 2013

REVOICI LE FAMEUX VELO ACATENE DE LA F.N.

Monsieur Pierre Baré, Vice-Président du Musée communal de Herstal, ayant appris que la Petite Gazette s’était intéressée à ce type de vélo, signale à tous les lecteurs intéressés que le Musée de Herstal possède un exemplaire de ce vélo :

« C’est en 1896 que la F.N. se lança, pour une période de 30 ans, dans la fabrication de bicyclettes et, en 1898, qu’elle inventa le vélo « acatène » où la chaîne de transmission était remplacée par un pignon.»

Monsieur Bernard Robinet, de Theux, est, lui aussi, propriétaire d’un de ces vélos. Il m’en adresse cette photographie

velo acatène

Mes deux correspondants me transmettent le même document qui, bien mieux qu’un long discours, explique très précisément comment fonctionnait ce vélo sans chaîne dénommé « Chainless F.N. »

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Un grand merci à mes deux correspondants pour l’intérêt qu’ils portent au contenu de la Petite Gazette alors que, pourtant, ils ne résident pas dans sa zone de distribution…

GUÉS PAVÉS ET « QUAI » DANS LE LIT DE L’AMBLEVE

La Petite Gazette du 26 août 2009

LE GUÉ PAVÉ DU HALLEUX

Madame Christine Heinesch œuvre au sein du groupe de travail « tourisme » du Contrat de rivière de l’Amblève qui souhaiterait mettre en valeur le gué pavé du Halleux, antique passage d’eau permettant aux hommes et aux bêtes de franchir la rivière.

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« C’est, à notre connaissance, m’écrit-elle, le seul gué pavé sur l’ensemble du bassin hydrographique de l’Amblève.

En rive droite de la rivière, il existe un panneau qui reprend des informations sur le gué. C’est d’ailleurs sur ce panneau que nous avons pu voir une photo ancienne. Nous ne savons malheureusement pas où trouver le cliché original.

Ce panneau ne se trouve pas sur un lieu de passage et depuis le panneau, il n’y a pas de vue sur la rivière !

En rive gauche, il existe un « support-panneau » mis en place par les pêcheurs de l’UPOA mais qui n’est plus utilisé. Il est placé au centre du hameau du Halleux, en bord de rivière et à 20 m du gué. Idéal !

Avec l’accord et la participation des pêcheurs, nous pourrions y mettre une information sur le gué. Au niveau du texte, nous avons pu trouver de la documentation, notamment via des données de feu Emile Detaille (Les Echos de Comblain, mars 1982, n°3) et le travail de l’UPOA.

Pour compléter notre information, nous souhaitons pouvoir y mettre également une photo de l’utilisation ancienne de ce gué : passage de charrette par exemple. Nous avons beaucoup de mal à trouver cette photo. Se trouvera-t-il un lecteur de La Petite Gazette qui pourrait nous mettre sur la voie de ce document que nous aimerions pouvoir scanner afin de le présenter ? Nous l’espérons et remercions d’ores et déjà toute personne qui pourra orienter nos recherches. »

Il serait vraiment chouette que ce document puisse être découvert grâce à vous car cela permettrait de sauvegarder la mémoire d’un endroit très particulier et appartenant maintenant au patrimoine collectif. Si vous pouvez répondre à cet appel, le plus simple est de vous mettre en relation avec La Petite Gazette qui établira le contact.

La Petite Gazette du 30 septembre 2009

LE GUÉ PAVÉ DU HALLEUX

Vous vous en souviendrez, il y a quelque temps, La Petite Gazette a relayé la demande de Madame Christine Heinesch qui œuvre au sein du groupe de travail « tourisme » du Contrat de rivière de l’Amblève et qui souhaiterait, avec l’aide de « Qualité – village – Wallonie », mettre en valeur le gué pavé du Halleux, antique passage d’eau permettant aux hommes et aux bêtes de franchir la rivière.

Ma correspondante rappelait fort utilement que : « C’est, à notre connaissance, le seul gué pavé sur l’ensemble du bassin hydrographique de l’Amblève.

En rive droite de la rivière, il existe un panneau qui reprend des informations sur le gué. C’est d’ailleurs sur ce panneau que nous avons pu voir une photo ancienne, mais nous ne savons malheureusement pas où trouver le cliché original et aimerions pouvoir compter sur l’aide des lecteurs pour le découvrir. »

Monsieur Michel Bartholomé, un lecteur fidèle d’Aywaille, a profité des beaux jours de l’arrière-saison et du fait que les eaux de l’Amblève soient particulièrement basses en ce moment pour partir à la recherche des traces de ce gué. Sur le chemin du Halleux, il s’est arrêté à Raborive, face aux ruines de Neufchâteau-sur-Amblève, pour découvrir les vestiges de ce qui était, manifestement, un autre gué pavé dans l’Amblève.001

Cet antique gué, rappelle M. Bartholomé, permettait le passage de l’Amblève pour accéder à la verrerie qui existait jadis sur la rive droite de l’Amblève ainsi que l’indique cet extrait de carte :

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Pour permettre à tout un chacun de préciser tout à fait l’endroit, mon correspondant a joint à son envoi cette magnifique carte postale indiquant parfaitement où se trouve ce gué.

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La semaine prochaine, nous suivrons M. Bartholomé jusqu’au gué du Halleux, qui ne pourra plus être désigné comme étant le seul gué pavé sur l’Amblève…

La Petite Gazette du 7 octobre 2009

LE GUÉ PAVÉ DU HALLEUX

La semaine dernière, je vous rappelais la demande de Madame Christine Heinesch qui œuvre au sein du groupe de travail « tourisme » du Contrat de rivière de l’Amblève et qui souhaiterait, avec l’aide de « Qualité – village – Wallonie », mettre en valeur le gué pavé du Halleux, antique passage d’eau permettant aux hommes et aux bêtes de franchir la rivière.

« En rive droite de la rivière, écrit ma correspondante, il existe un panneau qui reprend des informations sur le gué. C’est d’ailleurs sur ce panneau que nous avons pu voir une photo ancienne, mais nous ne savons malheureusement pas où trouver le cliché original et aimerions pouvoir compter sur l’aide des lecteurs pour le découvrir. »

Monsieur Michel Bartholomé, d’Aywaille, est parti à la recherche de ce gué, ce qui lui a permis de nous présenter, dans notre dernière édition, un autre gué pavé, sous les ruines de Neufchâteau-sur-Amblève. Il a, bien sûr, poursuivi son chemin et, profitant toujours de l’étiage de l’Amblève, a pris des clichés qu’il vous propose de découvrir. Tout d’abord, resituons correctement l’endroit, nous sommes au Halleux. 002

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Comme le montrent ces photos, c’était un moment particulièrement propice pour découvrir ces vestiges.

Un grand merci pour nous avoir fait partager les découvertes de cette excursion sur les rives de l’Amblève. Quelque chose me dit que nous n’en avons pas terminé avec les gués sur l’Amblève ; je sais, en effet, que des lecteurs et des lectrices, sur les traces de ces vestiges, se sont parlé sur les rives de la rivière des aulnes… Une suite sera donnée bientôt grâce aux conclusions de l’enquête qui est menée sur place et dont les premiers indices se montrent très prometteurs. A suivre donc…

La Petite Gazette du 14 octobre 2009

AU HALLEUX, IL N’Y A PAS EU DE GUÉ PAVÉ !

Cela en surprendra peut-être plus d’un, mais le fait est clairement établi maintenant. Expliquons-nous. C’est grâce à l’appel lancé par Mme Heinesch dans le cadre du contrat rivière que plusieurs lecteurs ont entrepris une enquête très minutieuse et, après s’être concertés et avoir confronté leurs découvertes et de nombreux documents, ils pouvaient affirmer que, à cet endroit, l’Amblève n’a pas été traversée par un gué pavé. Evidemment, il y a eu quelque chose… ils ont découvert ce que c’était. Voici comment ils en sont arrivés à cette conclusion.

Monsieur Michel Bartholomé, d’Aywaille, utilement secondé par Baby Compère, a consulté de nombreuses cartes : tout d’abord, levée de 1771 à 1778 à l’initiative du comte Joseph de Ferraris, directeur de l’Ecole de Mathématique du Corps d’Artillerie des Pays-Bas (il s’agit de la première carte topographique générale de nos contrées) ; ensuite, une ancienne carte militaire levée en 1868, une autre datée de 1877 et encore une autre gravée en 1881.

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carte militaire levée en 1868, révisée en 1926 (édition de 1933)

Les deux chercheurs ne se sont pas contentés d’analyser des documents, ils ont chaussé leurs bottes et sont allés « patauger » dans la rivière profitant de son faible étiage, pour chercher sur place les vestiges de ce que renseigne cette carte : cette intrigante structure en « L » visible dans le cours de la rivière presque à hauteur de l’entrée du biez.

« Le tracé de cette carte militaire, écrit M. Bartholomé, faisant état d’une structure en « L »,  indiquerait donc la présence d’un barrage et d’un retour en maçonnerie avec à sa droite un trait qui figurerait une vanne d’écluse.

Dommage évidemment que le dragage de l’Amblève de 1971 ait démoli l’essentiel du barrage et la partie supérieure du « petit quai » et que, plus proche de nous, les travaux entrepris par la Société de pêche aient parachevé l’entreprise ! »

Nous l’avions écrit, nos chercheurs aqualiens en ont rencontré d’autres du Halleux même et des informations capitales purent être échangées. Deux dames ont, par exemple, affirmé à nos enquêteurs bottés que « jamais il n’y avait là un gué pavé ! ». Ensuite ce fut la rencontre avec Natalie et Wim Van Obberghen –Dupont, Mme Dupont savait qu’il existait, chez sa maman, des photos de ce que montrait la vieille carte. Elle les a cherchées et … trouvées ! Les voici :

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« Voici, écrit cette dame, les photos retrouvées chez ma mère où l’on voit bien les vestiges de ce qui aurait bien été un « quai de chargement » ou un « quai pour mettre les bateaux à sec ».

Quand on regarde les cartes, nous pouvons vraiment croire qu’au petit pont métallique il y avait un genre d’écluse qui laissait passer l’eau pour alimenter le bief du moulin d’une part et d’autre part qui permettait, en étant fermée, de mettre le petit quai à sec pour ranger les bateaux, on voit bien sur les photos la forme arrondie du mur. Quand on ouvrait à nouveau l’écluse, l’eau remontait sur le petit quai, ce qui permettait aux bateaux de repartir sans problème, voilà ce qui nous semble le plus logique.

Les vestiges que l’on voit sur les photos, ont été détruits lors de la drague de l’Amblève dans les environs des années 71, 72.

En second lieu, en ayant encore parlé avec mon papa, celui-ci prétend que le moulin, dans les années 1925-1926, était une petite usine où l’on fabriquait des chaudrons (une chaudronnerie) car mon grand-père y avait été engagé comme apprenti dans ces années-là.
Voilà toutes les infos recueillies à ce jour mais continuons nos investigations! »

Oui, surtout continuez pour nous communiquer d’aussi intéressantes informations.

La Petite Gazette du 21 octobre 2009

LE « GUÉ » DU HALLEUX…SUITE DE LA SAGA

J’aime à vous permettre de découvrir cette réflexion de M. Wim Van Obberghen, l’époux de Mme Natalie Dupont qui, la semaine dernière, nous a présenté cette très belle photo de la structure maçonnée visible dans le lit de la rivière au début des années 1960.
« En tenant compte de tous les articles écrits à ce sujet, de la carte militaire, des photos de l’ancienne construction et du fait que le halage change de rive en amont du barrage, j’arrive à la conclusion qu’il y a certainement eu un gué (pavé ou non) en aval du barrage. Le halage était sur la rive droite, tandis qu’en amont  il était sur la rive gauche.
Il y avait certainement une différence de niveau assez importante entre l’aval et l’amont du barrage et, sachant que l’Amblève était navigable jusqu’à Sougné, je me pose la question suivante : Est-ce que la construction en « L », l’écluse et le plan incliné, dont on voit encore les restes sur place, ne faisaient pas partie d’un ouvrage servant à faire passer barges et chevaux de l’autre côté du barrage ? »

Voilà une nouvelle question qui devrait susciter un regain d’intérêt chez les passionnés…  M. Michel Bartholomé, très impliqué dans cette recherche trouve déjà l’hypothèse très logique :
« Le transport des pierres extraites dans les nombreuses carrières de la vallée de l’Amblève a dû certainement être la raison de cette infrastructure. Le type de construction et les matériaux employés, pierres en petit granit façonné en seraient une preuve. »

LE POU DU CIEL A MARCHE-EN-FAMENNE

La Petite Gazette du 2 février 2011

LE POU DU CIEL A MARCHE

Monsieur Jean-Claude Michel, secrétaire de l’Harmonie communale de Marche, aimerait être renseigné sur l’origine du site du ‘’Pou du Ciel’’, actuellement Tour de la Famenne. Il a, m’écrit-il, reçu une explication – celle d’un petit avion –  mais il aimerait, bien sûr, en savoir davantage. Voudrez-vous bien le renseigner ? D’avance un grand merci.

La Petite Gazette du 16 février 2011

LE POU DU CIEL…

« Tout a démarré, nous explique un précieux et régulier correspondant de nos colonnes, Monsieur Francis Roufosse, avec Monsieur Albert de Haan, né à Schaerbeek le 13 février 1916.
Pourvu d’un solide esprit d’entreprise, cet homme dynamique va venir s’installer en Famenne et construire dans les années 50, sur la route de Namur à 3km de Marche, un café-restaurant-motel « Le Pou du Ciel » (avec plaine de jeux, mini-zoo et… la première piscine de la région !).
Il va baptiser son établissement du nom d’un curieux petit avion monoplace qu’il a construit de ses propres mains, d’après les plans d’un français passionné d’aéronautique : Henri Mignet. Ce dernier avait d’ailleurs largement diffusé dans les revues spécialisées les plans « pour permettre à un bricoleur moyennement doué de construire lui-même son propre Pou du Ciel, dans un esprit de simplicité, de sécurité et de faible coût ! ». Celui d’Albert de Haan était un modèle HM-290 dessiné par Mignet en 1946.

Mignet

 

Avec son fuselage minimum, le Pou du ciel possédait deux ailes décalées en tandem et de faible allongement ; le manche à balai (unique commande) faisait osciller l’aile avant dans son ensemble ; l’engin était d’ailleurs qualifié d’« aéronef sans queue, à aile vivante ».

Si j’ai bonne mémoire, un article, signé Jean Englebert avec photo d’un certain Monsieur Jules Delvaux de Barvaux, parlait déjà du « Pou du Ciel » de Marche ; il était paru dans les Annonces de l’Ourthe fin 2003 (avec la double photo ci-dessous).

pou_du_cielToujours dans le même esprit, signalons qu’Albert de Haan avait déposé le 20 juin 1951 auprès du Ministère des Communications, une autorisation d’exploitation d’un aérodrome particulier à  Aye-lez-Marche, en bordure de la route Namur-Marche. Sa destination était pour l’usage particulier de l’exploitant et de ses invités. La piste ferait 600m x 40m et serait orientée S-O – N-E. D’après le texte, on y notera que « l’herbe ne pouvait y dépasser à aucun moment 10 cm de hauteur ; un cercle blanc de 10m de rayon devait être tracé au centre de la piste ; les vols acrobatiques ne pourraient s’effectuer que dans un ciel absolument libre d’aéronefs et à plus de 600m de hauteur ; un manche à air serait placé à un endroit dégagé et visible du sol… En aucune manière l’aérodrome ne pourrait être ouvert à la circulation aérienne internationale (!). Les atterrissages forcés venant de l’étranger devraient être signalés immédiatement aux autorités compétentes… etc. ».

Signalons encore qu’on devait à Monsieur de Haan la « Tour de la Famenne », construite sur la N4 dans les années 70 ainsi que le dancing «Las Vegas », le long de l’ancienne nationale 4.
C’est d’ailleurs là qu’il est décédé le 17 décembre 2004. »

Madame Myriam Dossogne-Maréchal, de Aye, confirme ce qui précède, précise que l’article paru l’a été le 19 mai 2005 alors qu’elle préparait un voyage à Malte et qu’elle avait eu son attention attirée par ce qu’elle lisait dans le guide « Le routard » de Malte, 2004-2005 à propos d’un musée de l’Aviation qu’elle se proposait de visiter à La Valette : »Le clou du musée, c’est ce Spitfire de la Royal Air Force qui veillait sur le ciel maltais pendant la Seconde Guerre mondiale, en compagnie du fameux Hurricane.  Plus comique cette fois, le « Pou du ciel », un petit aéroplane amateur construit par un allumé français, Henri Mignat (orthographe différente ici), et qui volait avec un moteur de 2 CV. »Cette tour qui se voit de bien loin nous annonce que la dynamique ville de Marche n’est plus bien loin.  Maintenant, pourquoi une tour restaurant?  Je présume que ce Monsieur de Haan, fou d’aviation, ne pouvait que construire une tour qui s’élève dans le ciel, à l’image de son petit avion qui osait défier certaines lois physiques… » Merci pour vos renseignements précis et vos avis. La semaine prochaine, nous découvrirons d’autres documents liés à ce « Pou du ciel ».

La Petite Gazette du 9 mars 2011

ENCORE LE POU DU CIEL

Monsieur Prignon, de Hotton, a des souvenirs très précis de ce pou du ciel :

« Le nom de l’établissement installé le long de la N4 à Marche vient évidemment du petit avion inventé par l’ingénieur français Henri Mignet et appelé « Pou-du-ciel » en raison de sa petite taille (L. 3,50 m. Envergure : 6m ; Poids 140 kg) ; on pouvait facilement le tracter, ailes repliées, avec une moto.

Mon correspondant a pensé à joindre ce schéma qui nous permet effectivement de bien nous rendre compte de la simplicité de l’engin.

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Le propriétaire de l’établissement, dont il est question, en possédait un et avait donné à son restaurant le nom de l’avion. Une piste d’atterrissage avait été aménagée à l’arrière du bâtiment.

Henri Mignet voulait que l’aviation soit à la portée de tous ; c’est pourquoi il avait conçu et mis au point cet avion, dont on pouvait acheter les plans et que l’on construisait dans son atelier à moindres frais.

Beaucoup d’exemplaires ont vu le jour. On en construit encore aujourd’hui mais en carbone et avec des moteurs plus performants.

Dans les années 1950, lorsque j’étais à l’école gardienne chez les sœurs, à l’école libre du village de Soy, je me souviens avoir vu plusieurs fois passer, très bas et venant de Marche, ce petit avion qui survolait l’école puis atterrissait dans les champs. Il était assez souvent en panne de moteur !

Après l’école, nous courions pour aller le voir de plus près. C’était celui du propriétaire de cet établissement de la N4. »

Monsieur Charles Gillet, de Liège, m’apporte quant à lui une très intéressante information à propos du moteur qui équipait ces petits avions, inventés par Henri Mignet avant 1930. « Certains de ces avions, m’écrit-il, étaient équipés d’un moteur Saroléa – oui, Saroléa fabriquait également des moteurs d’avion ! »

Je suis persuadé que nous en reparlerons…

La Petite Gazette du 23 mars 2011

LE POU DU CIEL

Quand il est question de moteurs de motos liégeoises, Monsieur Jean-Pierre Beaufays a toujours des choses à nous apprendre. Cette fois encore, il ne rate pas l’occasion de nous apporter de précieux renseignements :

« Pour faire suite à ce que vous a écrit mon ami Charles Gillet concernant les moteurs Saroléa ayant équipé certains de ces petits avions, je vous parlerai du lieutenant Robert Fabry qui, dès 1929, avait monté un moteur monocylindrique Gillet 500cc à culbuteurs sur une avionnette légère et avait à son bord effectué plusieurs vols de test.

Il avait également par la suite équipé cet appareil d’un moteur FN 4 cylindres de 750 cc du type M50.

Trop lourd et trop peu puissant, ce moteur ne lui a jamais permis de faire décoller l’appareil.

Je lui ai racheté ce moteur peu avant son décès dans les années 70. Il équipe maintenant une moto FN.

Une de mes connaissances, Monsieur Victor Collard, de Neupré, décédé il y a environ 2 ans, avait également construit peu après la guerre un pou du ciel suivant la licence Mignet mais quelque peu modifié par ses soins notamment en ce qui concerne les commandes.

Il l’avait équipé d’un moteur français Salmson à 5 cylindres en étoile. Il a effectué quelques vols à son bord et le film de ses « exploits » est passé à la télévision il y a quelques années. Cet avion existe toujours entre les mains d’un collectionneur.

je devrais être sous peu à même de vous en adresser des photos.

En attendant, je vous envoie une photo de l’avion à moteur Gillet du Colonel (grade auquel il a terminé sa carrière) Fabry ainsi que celle d’un moteur d’avion Saroléa.

A noter que ces moteurs Saroléa « aviation » étaient tous des bicylindres à plat à culbuteurs de cylindrées de 900, 1000 et 1100 cc , les différents modèles produits portant les noms évocateurs d’ Epervier, Vautour, Albatros et Aigle. »

Comme d’habitude, c’est absolument passionnant ; merci beaucoup.

Monsieur Michel Guillaume, de Stoumont, a lui aussi connu l’avion de Monsieur Collard; il a l’amabilité de nous en parler :

« J’ai connu dans le début des années 1960, un certain Monsieur Victor Collard qui habitait à Neuville-en-Condroz et qui possédait ce type d’appareil.

Monsieur Victor Collard exerçait la profession de contremaître à Cockerill-Ougrée Providence.

J’ai eu l’occasion de voir ce petit avion à Neuville-en-Condroz.

Il était équipé d’un moteur de 8 cylindres en étoile et il le tractait avec sa moto munie d’une boule de remorquage; les ailes étaient repliées bien sûr, la moto, je me souviens était une “lion rapide”  les garde-boue et  les roues de l’avion étaient ceux d’une Vespa.

Ce monsieur avait fait la guerre de 40-45 dans l’aviation, enfin c’est ce qu’il disait. »

La Petite Gazette du 6 avril 2011

CE MERVEILLEUX POU DU CIEL

Monsieur Alexandre Steenebrugen, de Warre-Tohogne, a vu le pou du ciel en construction…

« A travers mon beau-père, j’ai bien connu ce monsieur Victor Collard évoqué dernièrement dans La Petite Gazette. Dans les dernières années de la Seconde Guerre Mondiale, mon beau-père et lui s’étaient engagés à la Royal Air Force et, comme dit l’adage, étaient devenus copains comme cochons. Mon beau-père a gardé toute sa vie son livret militaire de la R.A.F. avec quelques photos où l’on pouvait voir ces deux joyeux lurons, fiers et fringants, dans leurs uniformes et portant le calot réglementaire de l’époque. Il faut toutefois savoir qu’ils n’étaient aucun des deux pilotes mais qu’ils travaillaient au sol.

J’ai pu voir l’avion construit par Victor Collard, il était au stade de la finition et Victor nous fit le récit de son ouvrage. Je peux dès lors confirmer les dires de M. Jean-Pierre Beaufays, il s’agissait bien d’un moteur en étoile qu’il avait fait venir de France. Quant aux commandes de l’appareil, ce qui me frappa le plus c’était le manche à balai, un tube montant du plancher et qui se terminait par une boucle fermée légèrement ovoïde. Mis à part l’absence du bouton de tir, c’était presque la réplique exacte du manche du fameux « Spitfire  anglais ». Pour fabriquer ce pou, il avait employé assez bien de bois très léger, du balsa.

Pour l’anecdote finale, cet avion fut construit dans le grenier de Victor. C’est là que je l’ai vu et, quand mon beau-père lui posa la question : « Comment vas-tu le sortir ? », Victor répondit : « S’il le faut, on démontera le toit ! ». Je n’ai jamais su s’il blaguait ou non… »

La Petite Gazette du 4 mai 2011

POU DU CIEL ET VICTOR COLLARD

Monsieur Jean-Pierre Beaufays nous confie souvenirs et jolie photo à propos de Victor Collard, présenté ici de la façon la plus sympathique qui soit.

Victor Collard 

 « Victor Collard est photographié auprès de sa célèbre moto Lion Rapide de 1951.

La firme Lion Rapide d’Alost construisit des motos de 1923 à 1957. Sa production comprenait essentiellement des machines à moteurs 2 temps Villiers ou JLO de faible cylindrée.

Le modèle que possédait Victor, dénommé type « Sport » faisait exception car il était équipé d’un moteur FN type XIII de 350 cc à culbuteurs.

Très bien entretenue par son propriétaire, cette moto était demeurée dans un très bel état d’origine.

Notre ami Victor, qui n’en était pas à une exagération près, affirmait volontiers avoir parcouru plus d’un million de kilomètres à son guidon. Je pense; pour ma part, qu’il y avait un zéro de trop dans ce nombre…

Victor était un personnage très attachant et haut en couleurs qui aimait énoncer des théories toutes personnelles. Il disait par exemple que les végétaux se déplaçaient très lentement et qu’un arbre pouvait se mouvoir de plusieurs mètres durant son existence. C’est pourquoi il disait dangereux d’en planter le long des routes. »

La sœur de Victor Collard, Madame Jeannine Collard, de Nandrin, a fait parvenir à La Petite Gazette diverses photographies de son frère et de son Pou du ciel, dont celle-ci

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Et celle-ci qui montre bien comment Victor Collard déplaçait son petit avion. Sa sœur me précise qu’il a mis deux ans pour le construire en suivant les plans d’Henri Mignet.

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La Petite Gazette du 8 juin 2011

LE POU DU CIEL

Monsieur Charles Gillet, d’Angleur, nous apporte maintenant une foule d’informations passionnantes pour faire le lien entre la firme Saroléa et le « pou du ciel » dont nous avons largement parlé dans La Petite Gazette.

« Après la première guerre mondiale qui avait été plus que meurtrière, suivie immédiatement après d’une terrible épidémie (la « grippe espagnole ») qui fit plus de morts que la « Grande Guerre » car elle s’est attaquée à une population affaiblie par les privations, le monde n’avait qu’une seule idée : vivre et profiter de la vie. La classe ouvrière avait obtenu des avantages vu ses sacrifices et une ère nouvelle s’ouvrait. La « Der des Der » était passée et le progrès semblait s’ouvrir à tous.

Parmi ces progrès, l’aviation qui avait vraiment vu le jour durant le conflit. De « saut de puce » l’on était passé aux vrais avions. D’intrépides aventuriers s’élançaient au-dessus des océans et des continents et généraient un enthousiasme que l’on ne peut imaginer aujourd’hui.

Je ne cite qu’un exemple : avez-vous déjà vu ou revu ce film d’époque de l’arrivée de Lindberg au Bourget… C’est hallucinant de voir toute cette foule enthousiaste, que dis-je cette marée humaine impensable aujourd’hui à nos yeux blasés par tant (trop !) de technologie.

Bref, c’était les « années folles » et l’aviation faisait des progrès énormes (un peu comme aujourd’hui avec l’informatique, ce qui est neuf aujourd’hui est périmé demain !).

C’est à cette époque qu’un Français, Henri Mignet, voulut placer l’avion à la portée de tous. En 1928, il écrivit un livre « Comment j’ai construit mon avionnette » qui connut un immense succès car il décrivait par le détail (plans compris) comment la réaliser chez soi. Un simple bricoleur pouvait y arriver sans problème et, muni d’un moteur soit de moto soit prévu pour, s’envoler et parcourir les cieux. Heureux temps où la législation n’existait pas et le ciel presque vide !

Il faut tout de même préciser que ces avionnettes n’étaient prévues que pour le seul pilote. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre qu’un essai pour deux personnes verra le jour.

L’aviation populaire était en marche et dans les mêmes années, un jeune homme terminait ses études d’ingénieur à Liège. Il s’agissait de Nicolas Lempereur.

Nous avons bien connu cet homme au caractère bien trempé et à la voix forte. Réaliste et visionnaire, au sortir de ses études, il entre chez SAROLEA, le grand constructeur de motos belges établi à Herstal. Là, il dessine simplement au bureau d’études, mais les motos ne le passionne pas et comme l’aviation est sur toutes les lèvres, il dessine un moteur d’avion, un bicylindre à plat, type « boxer » de 1000cc… et le laisse dans ses cartons.

Mais la grande crise survient, la vente des motos chute et le directeur, Martin Fagard, un homme au caractère bien trempé lui-aussi, se souvient des plans de notre jeune ingénieur. Une diversification de l’entreprise ne pouvait être mauvaise et voilà comment SAROLEA se mit à construire des (petits) moteurs d’avion. Certes, tout était à faire et à tester.

Pour ce faire, l’on fabriqua une petite table roulante avec des tubes afin d’y placer des manettes de commande de motos. Des spécialistes en électricité, en huile et en carburation furent requis. En effet, en aéronautique les magnétos sont spéciales, dites « à rattrapage » afin d’avoir une meilleure étincelle, l’allumage doit être doublé (2 bougies par cylindre pour éviter les pannes), le refroidissement conséquent et la carburation parfaite en toutes positions.

Bref, en octobre 1934, sur le toit de l’usine SAROLEA à Herstal, la table d’essai était installée et le premier moteur testé.

004« Sur le toit de l’usine Sarolea, rue Saint-Lambert. De gauche à droite : Louis de Lamine (représentant la société de lubrifiant), Willy Chantraine (ouvrier monteur de l’usine), Nicolas Lempereur (ingénieur concepteur) et « John » Conrad (représentant des carburateurs Amal)

Il s’agissait d’un moteur type « Boxer » (deux cylindres à plats opposés) d’une cylindrée de 916cc (80,5×90), avec des cylindres en alliage spécial d’aluminium, qui délivrait une puissance de 27CV à 2750 t/m, avec graissage dans le carter, et qui répondait au joli nom « d’EPERVIER ».

Le moteur « tourna » durant 1000 heures sans interruption (je ne connais pas les réactions des voisins !) puis fut démonté pour inspection. Tout était parfait et la série pouvait commencer.

Pour avoir un moteur plus puissant, on porta l’alésage à 88m/m, ce qui en fit un 1100cc d’une puissance de 32CV et son nom devint « Le VAUTOUR ».

Ces deux moteurs « lancèrent » vraiment SAROLEA dans le monde de l’aéronautique privée. Leur vente fut un succès et bien que prévus initialement pour le « Pou du Ciel » (Henri Mignet lui-même équipa son « Pou du Ciel » d’un moteur SAROLEA) ils ne tardèrent pas à équiper également des petits avions « Typsy » qui étaient en quelque sorte des petits avions de reconnaissance monoplace.

005 « 1935 : Henri Mignet devant son Pou du Ciel et Nicolas Lempereur à côté d’un avion Autogyre »

Sûr de son succès, Nicolas Lempereur dessina un 3° moteur identique en cylindrée et en puissance au « Vautour » mais équipé d’un carter sec ce qui permettait une meilleure répartition dans le nez de l’avion et permettait une réserve d’huile plus grande sans entraver l’encombrement du moteur et en allégeant celui-ci (43Kg). Ce modèle porta le nom « d’ALBATROS ».

Mais l’infatigable ingénieur planchait déjà sur un 4° moteur, plus puissant, dénommé « L’AIGLE » qui devait donner plus de vitesse de rotation à l’hélice puisque le moyeu de celle-ci était placé sur un pignon réducteur alors que dans les trois précédents moteurs le moyeu d’hélice était monté directement sur le vilebrequin.

006 Publicité Sarolea avec vue d’une avion Typsy »

Les qualités de ces moteurs, unanimement reconnues, attirèrent l’attention de l’Etat Major de l’armée polonaise. Après bien des péripéties il fut passé commande à la firme SAROLEA de plus de 80 moteurs du type « Albatros » pour équiper des petits avions de reconnaissance. La livraison s’effectua par chemin de fer en gare de Varsovie en août 39. Quelques jours plus tard ils furent détruits dans le bombardement qui détruisit ce nœud ferroviaire important.

La guerre mit donc fin à cette belle  aventure aéronautique privée.

Je connais quelques rares collectionneurs qui possèdent encore soit un moteur soit une partie de celui-ci, mais cela est rare, et je reste à leur disposition.

Nicolas Lempereur, infatigable chercheur, fut aussi un pionnier dans la fabrication de matériaux pour l’industrie, les fameuses « plaquettes métalliques » qui équipèrent moult outils de coupe.

Une dernière anecdote pour situer l’homme : lorsque je lui posais la question de savoir combien de moteurs d’avion SAROLEA avaient été fabriqués (tous types confondus), il me répondit « environ 150 ». Oh, lui dis-je, ce n’est pas beaucoup ! Malencontreuse parole car il s’emporta aussitôt pour me répondre « Et bien, vous trouvez que faire voler 150 avions ce n’est pas beaucoup » suivi d’une tirade de jurons !

Voilà, une « tranche de vie liégeoise » de notre industrie motocycliste, qui à l’époque, était à la pointe du progrès et vitrine du savoir-faire de nos parents. »

Un immense merci pour nous avoir fait bénéficier des fruits de cette passionnante recherche. Quelle chance a La Petite Gazette de compter sur pareils collaborateurs.

LA CHAPELLE ST-HILAIRE DE BRUME A 250 ANS : CONFERENCE ET CONCERT LE 18 JUIN

La chapelle de Brume est à la fête ce 18 juin prochain!

En 1767, les habitants du hameau de Brume obtiennent enfin leur chapelle, s’épargnant ainsi de lourds déplacements vers l’église paroissiale de Wanne dont ils dépendaient alors.

brume chapelle

Fraîchement remise à neuf, cette charmante vieille dame,  toujours accueillante grâce à la disponibilité de Madame Nicolay, se veut un des rares endroits encore accessibles pour le recueillement comme pour accéder à un moment de repos loin de l’agitation quotidienne.

Ce patrimoine chargé d’Histoire et de petites histoires se veut, ce 18 juin de 15h à 20h  un lieu de fête pour ceux qui lui sont attachés comme pour les amoureux de notre belle région et de ses richesses à protéger !

Après une messe en wallon chantée dès 15h  par la chorale Cécilia de Géromont, nous laisserons la place à la partie profane des festivités. 

Dès 16h,  René Henry, auteur et chroniqueur  à la « Petite Gazette  des Annonces de l’Ourthe reviendra  au travers de l’histoire de cette chapelle sur l’histoire de la progressive christianisation de nos campagnes dès le VIIème siècle.

De 17h à 19h, tartes et gâteaux réjouirons gracieusement les gourmands tandis que la chorale Cécilia de Géromont nous reviendra avec quelques chansons profanes en wallon.

Nous clôturerons cette belle après-midi par une « Echappée musicale » proposée en collaboration avec l’asbl «Les chemins d’Elise » : un duo aérien et original, où ondoient et virevoltent la harpe envoûtante d’Anaëlle Ziadi et la flûte enjôleuse de Delphine Antoine. Un « Ave Maria » par le célèbre chanteur de notre région, Denis Gabriel, sera entonné pour conclure cette échappée musicale.

Simple et divin !

Une organisation de l’Espace culturel de Trois-Ponts en partenariat avec l’ASBL « Les chemins d’Elise », le RSI Trois-Ponts et surtout l’investissement sans mesure de Madame Nicolay.

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CONFÉRENCE | Les 250 ans de la Chapelle Saint-Hilaire de Brume

«  HISTOIRE DE NOS CHAPELLES » le dimanche 18 juin à 16h à la Chapelle de Brume

Conférence donnée par René Henry, auteur et chroniqueur à la « Petite Gazette des Annonces de l’Ourthe »

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Amoureux de nos vallées et plateaux, René Henry leur a déjà consacré plusieurs ouvrages d’histoire régionale et de folklore. A l’heure de l’anniversaire de la chapelle, élevée en 1767, une remise en contexte par un tel spécialiste était tout indiquée. Se lancer à la découverte de nos chapelles, c’est partir à la rencontre d’un patrimoine chargé d’histoire, de tradition tantôt religieuses tantôt populaires et témoignant toujours des peurs, des drames, des joies et des espoirs des populations locales.

 

La conférence sera suivie d’une réception d’anniversaire ouvert à tous et se clôturera par un concert classique « musique aux chapelles ».

Info et rés. : espaceculturel@troisponts.be – 080/292460
PAF :
Conférence : 3€ | gratuit pour les – de 16ans

          Concert : 8€ en prévente – 10 € sur place – Gratuit – 16 ans (Places limitées)

LA GREVE DE L’HIVER 1960-1961

La Petite Gazette du 23 février 2011

C’ETAIT IL Y A CINQUANTE ANS … LA GREVE DE L’HIVER 1960-1961

Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, s’il n’y est pas pris garde à temps, il ne sera plus possible de récolter les souvenirs de celles et de ceux qui furent témoins ou acteurs de ce grand mouvement social dont les répercussions sont toujours bel et bien d’actualité.

J’ai le projet, avec le P.A.C. Aywaille, de présenter, durant le printemps prochain, une exposition destinée à montrer et à expliquer cette grande grève et ses conséquences. Le tout semble bien connu car se développant dans une Belgique à l’infrastructure vieillie, même si l’Expo 58 et l’Atomium se voulaient des symboles de modernisation élevés pourtant à la veille d’une importante récession qui, en 58-59, verra une hausse rapide du chômage dans les secteurs du charbon, véritable étincelle qui mit le feu aux poudres. En plus, 1960 sera l’année durant laquelle la Belgique perd le Congo et, avec lui, bien des rêves… Pour tenter de sortir de la crise, le gouvernement propose la loi unique qui devait permettre de rassembler les fonds nécessaires à la modernisation du pays dans le cadre des lois d’expansion économique. Elle aura surtout pour effet d’unifier la protestation ouvrière. La grève commença le 20 décembre 60 et dura cinq semaines. Son expansion fut très rapide au cours des deux premières semaines.

Si je vous rappelle cela, c’est dans le seul souhait de pouvoir compter sur vous pour rassembler des souvenirs et des renseignements sur la façon dont cette grève a été vécue, au quotidien,  dans nos régions.  Quelle était la situation dans les carrières, dans la construction, dans les transports, dans les écoles ? Quelles ont été ses conséquences dans l’approvisionnement des petits magasins de nos villages ?

En effet, si nous possédons de multiples témoignages sur le quotidien de la grève dans les bassins industriels, les témoignages sont rares pour le milieu rural. Vous qui avez des souvenirs de cet hiver si particulier, aurez-vous l’amabilité de les confier à La Petite Gazette ? Avez-vous des photos, ou d’autres documents, illustrant cette longue période d’agitation sociale dont les conséquences se firent évidemment ressentir dans nos campagnes également ?

Certain de pouvoir compter, sur ce sujet également, sur votre précieuse collaboration, je me réjouis déjà de prendre connaissance de tous ces souvenirs que vous voudrez bien me confier et vous en remercie.

La Petite Gazette du 9 mars 2011

DURANT LA GREVE DE 60 : UN SABOTAGE A REMOUCHAMPS !

Monsieur Alain Charlier, de Remouchamps, a réagi promptement à l’appel que je vous lançais à propos de vos souvenirs locaux de l’époque de la grande grève de 1960 et je lui en suis très reconnaissant. Voici ce qu’il me raconte :

« Concernant les grèves de 1960, malgré mon très jeune âge à l’époque (je suis né en 1955), je me souviens d’un « double attentat » qui eu lieu en pleine campagne. Il s’agit du dynamitage de poteaux électriques ; d’une part, un  » haute tension » métallique à proximité du  » promontoire » à Remouchamps et, d’autre part, un poteau en béton sis Thier de Nonceveux à Remouchamps. Celui-ci resta suspendu sur ses quatre fers à béton et fut réparé plus tard grâce à un coffrage.

Je n’ai hélas pas de documents photos pour illustrer ces évènements, conclut mon correspondant. »

Je vous rappelle que je suis en train de rassembler des informations, des souvenirs et des documents sur cette grande grève de 1960 et, plus particulièrement, sur la façon dont elle a été vécue en dehors des villes. J’aimerais, dans le cadre de ce projet, que vous m’aidiez à rassembler des documents, des souvenirs, des photos peut-être permettant de comprendre comment cette grève fut vécue hors des centres industriels urbains. Comment l’a-t-on vécue, ressentie ou subie dans nos campagnes ? Dans les carrières de l’Ourthe-Amblève ou du Condroz ? Au quotidien, comment a-t-elle affecté les transports, le ravitaillement de nos petits magasins de nos villages ? Tout ce que vous pourrez nous apprendre sur ces aspects méconnus de la plus grande grève de l’histoire de notre pays nous intéresse et devrait permettre de donner un éclairage original à cette période, peut-être la plus troublée de notre histoire sociale, et dont les conséquences font toujours l’actualité aujourd’hui.

Monsieur Hubert Goffinet, de Kin-Aywaille, m’a transmis une farde dans laquelle il avait soigneusement conservé et collé de nombreuses coupures e presse de cette grande grève à laquelle il participa. Il travaillait alors comme mécanicien dans un garage bien connu du quai des Grosses Battes à Liège, emploi qu’il ne retrouva d’ailleurs pas au lendemain de la grève ! Parmi les documents consultés, je relève qu’une manifestation des travailleurs de la pierre a eu lieu à Aywaille (sans doute à la fin du mois de décembre 1960), un articulet (sans doute extrait de Le Monde du travail) en parle en ces termes :

« A Aywaille, vers 10h., Robert Gilon a harangué plusieurs centaines de grévistes de la localité et de Comblain-au-Pont. Tous de rudes gars travailleurs de la pierre, entraînés à de telles manifestations de rue, puisque naguère encore en grève pour leurs conditions de travail.

Gilon a fait le procès de la loi unique et encouragé les commerçants dans leur solidarité envers les grévistes. La fin de l’exposé fut interrompue par l’arrivée de l’autobus de la ligne d’Athus. Celui-ci avait de particulier qu’il était flanqué de jeeps de la gendarmerie ! Les participants se rendirent alors en cortège à Remouchamps où une autre surprise les attendait ; en effet, le bourgmestre ceint de son écharpe, dans une attitude matamoresque, rappelant fort celle d’un chasseur de casquettes rendu célèbre par Alphonse Daudet, attendait les grévistes d’un pied ferme.

Ne s’était-il pas mis en tête d’empêcher le passage des grévistes ?

Il était prudent…Il s’était fait accompagner de gendarmes !

Les grévistes furent pris d’un rire homérique mais, ayant retrouvé leur sérieux, en rangs par quatre franchirent aux accents de « l’Internationale » la ligne frontière et se joignant à leurs camarades de l’endroit qui les attendaient, ils purent se grouper à hauteur du pont où l’autoradio diffusa un discours de Renard, sans autre incident. »

Avez-vous des souvenirs de cette manifestation ? Y participiez-vous ? En existe-t-il des photographies ? Me confierez-vous tout ce que vous savez sur ce sujet ? Merci beaucoup pour votre intérêt à ce sujet également.

La Petite Gazette du 16 mars 2011

LA GREVE DE 60 – LA PETITE GAZETTE  A BESOIN DE VOUS…

J’aimerais que vous m’aidiez à rassembler des documents, des souvenirs, des photos peut-être permettant de comprendre comment cette grève fut vécue hors des centres industriels urbains. Comment l’a-t-on vécue, ressentie ou subie dans nos campagnes ? Dans les carrières de l’Ourthe-Amblève ou du Condroz ? Au quotidien, comment a-t-elle affecté les transports, le ravitaillement de nos petits magasins de nos villages ? Tout ce que vous pourrez nous apprendre sur ces aspects méconnus de la plus grande grève de l’histoire de notre pays nous intéresse et devrait permettre de donner un éclairage original à cette période, peut-être la plus troublée de notre histoire sociale, et dont les conséquences font toujours l’actualité aujourd’hui.

Monsieur Yves Dechamps, de Sprimont, se souvient :

« Le 1er août 1960, j’étais, comme le dit l’expression, appelé sous les drapeaux. Trois mois d’instruction à Bourg-Léopold avant d’être incorporé au 1er Lancier à Düren.

A cette époque, les miliciens obtenaient leur première permission après deux mois. Nous allions donc pouvoir passer les fêtes de Noël au pays.

Mais…un ordre nous consigna, avec la promesse cependant de bénéficier de la semaine de congé pour le Nouvel-An. Chacun prit donc son mal en patience !

Mais…encore un mais, on vint nous annoncer que nous allions devoir rejoindre la Belgique, non pas avec le TPJ mais en camions GMC, afin de monter la garde dans des endroits dits stratégiques (terme employé par les autorités militaires !).

Et c’est ainsi que l’escadron débarqua à Charleroi avec pour objectif de surveiller les lignes de chemin de fer qui risquaient, selon certains, d’être sabotées. Outre cette mission, nous fûmes aussi emmenés à la centrale électrique de Gouy-les-Piétons. J’ai encore frais à la mémoire le souvenir de personnes qui, le dimanche matin, venaient à la grille fermant l’enceinte, nous apporter quelques gâteries.

Mais de cette agressivité dont certains nous rabâchaient, jamais nous ne l’avons ressentie. Au contraire, nous avons perçu tout au long de ces jours, un courant de sympathie de la part de la population. Nous obtînmes enfin notre congé à…la mi-mars.

Et lorsque je revins au sein de ma famille, j’appris par mon père qui travaillait à l’entreprise «  Les Conduites d’Eau » (site de Belle Ile) qu’il avait pris une part active à cette grande grève de l’hiver 60-61. Comme quoi, il est des circonstances ! »

Dans les documents confiés par Monsieur Hubert Goffinet, de Kin, je découvre, bien à propos, un articulet découpé dans Le Monde du Travail et qui se fait l’écho des propos de M. Yves Dechamps :

« Fraternisation « quelque part » à Liège

Nos p’tits soldats ne sont peut-être pas tout à fait conscients du rôle que le gouvernement et leurs chefs leur font jouer. Ce dont cependant ils se rendent parfaitement compte, c’est que M. Eyskens les nourrit moins que bien ; En effet, la soupe, les tartines voire les cigarettes que les épouses des grévistes leur offrent en différents endroits sont acceptées avec empressement. Geste touchant que celui de ces femmes, dont le porte-monnaie se porte pourtant plus mal que la caisse du ministre de la Défense nationale, mais qui laissent simplement parler leur cœur de femme. Après tout, n’ont-elles pas un fils, un frère contraint de « veiller » dans un coin de wallonie ? »

Monsieur Maurice Lardin, Président de Fraternelle Royale de l’Armée secrète du CT9, me permet de puiser dans un remarquable article qu’il vient de rédiger pour une prochaine publication dans le périodique de la fraternelle et je l’en remercie chaleureusement :

« Le 24 décembre, le journal « La Wallonie » était, fait exceptionnel dans l’histoire de la presse de l’après-guerre, saisi pour avoir diffusé un appel aux soldats les appelant à se croiser les bras et à fraterniser avec les grévistes plutôt que de les contrer comme l’avait demandé le gouvernement : « Vous êtes mobilisés pour défendre le pays et non pour l’étrangler. Ne craignez rien, tout le mouvement socialiste est là pour vous défendre. Soldats, ne soyez pas traîtres à votre classe. Nous comptons sur vous ! »

Le quotidien syndical liégeois réagit le surlendemain en annonçant qu’il ne paraîtrait plus désormais que sur quatre pages, exclusivement consacrées à la grève Selon Jean-Louis Debatty, André Renard, le vrai « patron » du journal voulait de la sorte permettre à un maximum de travailleurs du quotidien de participer eux-mêmes à la grève. Mais ce « service minimum » pouvait aussi être dicté par la perspective d’un très long conflit. Comme le souligne toujours Debatty « d’informateur et mobilisateur, le journal devenait militant. Du relais des événements, il en devenait acteur ». »

La Petite Gazette du 23 mars 2011

IL Y A CINQUANTE ANS LA GRANDE GREVE DE L’HIVER 60-61

Monsieur Camille Gaspard, de Hotton, se souvient :

« Je voudrais apporter un petit témoignage concernant ces événements, que j’ai connus de près, mais de façon un peu particulière.

Chaque année, j’allais, avec d’autres jeunes des deux familles, en vacances chez ma marraine et son mari, qui n’avaient pas d’enfants, et qui habitaient à…Seraing. C’est presque le monde à l’envers, vu que j’habitais à la campagne, plus précisément à Chêne-al’Pierre, actuellement commune de Manhay.

En décembre 1960, alors que j’avais 14 ans, je me suis trouvé comme d’habitude à Seraing. Pour ceux qui connaissent la région – si nous vivons depuis peu à Hotton, nous avons vécu de nombreuses année à Jemeppe s/Meuse, commune de Seraing  – je signale que ma marraine habitait alors à Seraing, dans le fond de la rue de l’Hôpital. De l’arrière de l’appartement, on voyait le passage à niveau  » des Béguines ». Il est maintenant supprimé, mais les anciens de la région sauront de quoi je parle. Nous y avons vu un jour un meeting, suivi d’un cortège  montant la rue d’ l’Hôpital.

Nous sommes aussi allés avec ma marraine à la messe de minuit à l’église du Pont de Seraing, église que nous avons d’ailleurs fréquentée souvent lorsque nous habitions à Jemeppe. Je ne me souviens évidemment pas de l’homélie du célébrant, mais j’ai appris par la suite qu’il avait été « crossé » parce qu’il avait plus ou moins pris le parti des grévistes.

Je me souviens aussi d’avoir vu des militaires qui patrouillaient.

Pour la nourriture, nous allions au Grand Bazar de la rue Molinay, qui n’existe plus depuis la faillite du Grand Bazar de la Place St-Lambert. Là, des cordes obligeaient les clients à n’aller que vers les rayons d’alimentation.

Pour rejoindre le témoignage de M. Hubert Goffinet, je signale que lorsque mon oncle nous a reconduits à Chêne-al’Pierre, nous avons rencontré à Chênée, Quai de Ardennes si mes souvenirs sont bons, le bus de la ligne bien connue Liège-Athus, effectivement escorté par la gendarmerie. Mais je pense, sans en être sûr, qu’il n’allait pas plus loin. »

Monsieur Joseph Lardot, de Heyd,  a également des souvenirs précis de cette période :

« Je suis né à Bomal en 1929 et y ai résidé pendant 55 ans en tenant un commerce en aliments pour bétail, grains et charbon, après avoir décroché un diplôme de gradué en sciences commerciales en 1950.

Après deux années de sursis, j’ai effectué mon service militaire dès février 1951, à une mauvaise période car le gouvernement a alors décidé de porter la durée de service de 12 à 24 mois ! Heureusement, nous avons bénéficié d’un petit rabiot de 3 mois.

Je garde un souvenir désagréable de la Noël 1960. En effet, à 6 heures du matin, le Bourgmestre, M. Petitpas se présente à mon habitation et me prévient que je dois me rendre à la gendarmerie de Marche en tant que « gendarme supplétif ». Me voilà donc dans l’obligation d’abandonner ma famille, nous avions alors trois enfants, et mon commerce.

A cette période, Bomal compte environ 1500 habitants et je suis malheureusement le seul de la population à remplir ce devoir ! Ces « vacances » forcées ont duré cinq semaines et comme occupations quelques tournées, un peu de bureau… pas grand-chose !

Il restait dans la brigade cinq gendarmes assermentés, les autres étant réquisitionnés aux endroits chauds. Le train-train auquel j’étais soumis fut néanmoins marqué par un événement tragique. En réglant la circulation à Marloie, accompagné du garde-champêtre de la commune, une voiture roulant vite a accroché mon accompagnateur qui a été tué sur le coup. Il y avait donc de quoi être profondément marqué !

Il me semble également utile de préciser que pour ce service rendu, j’ai été « largement » rémunéré avec une somme de 10.000 francs… La Belgique sera toujours la Belgique ! »

Un grand merci à mes deux correspondants qui nous ont éclairé sur deux aspects du quotidien de cette période si troublée.

La Petite Gazette du 30 mars 2011

DURANT LA GREVE DE 60

Monsieur Max-Léon Jadoul a mené une importante enquête auprès de ses amis et connaissances pour rassembler leurs souvenirs de cette grande grève. Il a la gentillesse de nous communiquer les résultats de ses démarches :

« Dans mon petit village de Scry, les carrières étaient fermées bien avant cette grève et les carriers décédés. Il y avait des ouvriers métallurgistes du bassin liégeois et c’est à eux que je me suis adressé. En général, me confie M. Jadoul, la population ne participait guère. Son information venait de la radio et, pour quelques-uns, des journaux, mais, dans le village, beaucoup considéraient ces problèmes comme vraiment éloignés de leurs préoccupations. Ils n’avaient même aucune idée de ce qui pourrait améliorer leur mode de vie. On entendait « Cela ne va pas si mal que cela… ce que dit la radio est sans doute exagéré ! »

Monsieur Guy Badoux était jeune marié et travaillait comme électricien à Ougrée-Marihaye. Il prenait l’autobus aux Quatre-Bras puis les trams. Il était syndiqué et est parti en grève dès les premiers jours, il n’a donc pas travaillé pendant plus d’un mois. Ses parents ont dû l’aider financièrement. Il est resté chez lui et est allé faire du bois de chauffage dans les bois. Ses parents tenaient une épicerie qui aurait été peu touchée par la grève. Les autobus fonctionnaient de façon irrégulière mais ils roulaient, mais il n’y avait plus de trams allant vers le Val-Saint-Lambert. On parlait des manifestations mais pas des problèmes politiques qui les avaient générées ! »

Je vous rappelle que je suis à la recherche de témoignages sur le vécu de cette longue période de grève dans nos campagnes. Vos témoignages et documents devraient également m’être précieux pour donner un ancrage vraiment local à la conférence que je donnerai sur ce sujet. Aussi, vais-je encore me permettre d’insister auprès de vous pour que vous me communiquiez sur cette période, hiver 60 – 61, dans nos régions. D’avance un immense merci.

La Petite Gazette du 6 avril 2011

IL Y A CINQUANTE ANS LA GRANDE GREVE DE L’HIVER 60-61

Monsieur Pierre Petitjean, de Grand-Sart, Lierneux, a lui aussi eu la gentillesse de nous confier ses souvenirs de ces événements. Son récit nous donne bien l’état d’esprit et l’ambiance qui régnait alors en ville…

« Evoquer mes années 60-61, jeune homme à ce moment-là, j’avais 16 ans, écrit mon correspondant, et j’étais commis de cuisine à l’hôtel de la Couronne (propriété de la famille Piedboeuf) au grand moment de la révolte des ouvriers métallos du bassin liégeois, au moment où ils canardaient la gare des Guillemins à l’aide de gros boulons d’acier.

On nous avait bien recommandé de ne pas sortir, mais la curiosité est affaire de jeunesse et je devais aller au centre-ville (Liège) donc, sortant par l’entrée de service qui donnait dans la rue Sohet, je suis descendu par la rue de Serbie pour prendre le tram jaune au bout de la rue des Guillemins. En passant le parc d’Avroy, je pus voir un nombre conséquent de chevaux et de gendarmes armés et, comme j’arrivais à la place du théâtre, un homme s’adressant aux passants en anglais (que je baragouinais) demandait comment se rendre aux Guillemins, je lui fis comprendre que j’en venais et il me demanda des détails sur ce qu’il s’y passait, puis il me demanda si je pouvais l’y conduire, car c’était un journaliste américain et, me dit-il alors, grâce à sa carte de presse on pourrait passer partout.

Flatté de l’intérêt qu’il me portait, nous reprîmes le tram remontant sur la gare, mais nous dûmes descendre bien avant, car le trafic était bloqué, nous remontâmes assez rapidement la rue des Guillemins et, comme il l’avait dit, sa carte de presse nous a ouvert le chemin que les gendarmes bloquaient, je dois dire qu’ils étaient pour la plupart armés de mitraillette vigneron Nous sommes arrivés juste après la première charge de la gendarmerie à cheval, il y eut un flottement dans les manifestations, ce qui nous a permis de pénétrer dans la gare où des bruits couraient que l’on avait déboulonné les rails…

C’était la cohue générale et le journaliste avait voulu voir de plus près, les soi-disant dégâts provoqués par le déboulonnage susmentionné. Apparemment c’était une rumeur, car nous ne vîmes rien d’abîmé ; mais, par contre, c’était rempli de gendarmes qui, cette fois, étaient moins complaisants (on parlait de Renard arrivant sur la batte)…

Si l’Américain put traverser les mailles et s’en aller, en me disant « Sorry and good luck« , moi, par contre, je fus arrêté manu-militari et placé sur un quai entouré de gendarmes, pour contrôle approfondi d’identité. J’ai dû justifier ma présence en ces lieux, ils sont même allés contrôler la fiche du personnel du restaurant de la Couronne pour voir si je ne mentais pas. Puis, je pus rejoindre ma brigade de cuisine en me faisant « engueuler » par les gendarmes et par mon chef qui m’avait bien dit de ne pas sortir !

C’est ainsi que j’ai pu voir, mais de la fenêtre du restaurant, la deuxième charge de la police montée sabre au clair, nous avons vu la grande fenêtre de la brasserie tomber en miettes et les manifestants enragés qui prenaient les chaises et les tables des terrasses pour attaquer la gendarmerie. Tout c’est terminé comme cela avait commencé, dans une cohue indescriptible avec la manifestation qui s’éloignait vers le centre, qui, si mes souvenirs sont bons, n’a pas été touché. Je peux vous dire aussi que mon contrôle d’identité m’a valu beaucoup de soucis, car j’ai été affiché comme activiste (comme quoi…) et il a fallu les relations de mon père avec la gendarmerie de Saint-Léonard pour qu’ils m’oublient. »

Monsieur Michel Hiffe, de Waha, a des souvenirs bien différents. Cependant, comme dans ceux que M. Petitjean vient de nous confier, nous y trouverons des éléments nous permettant de mieux comprendre l’état d’esprit général du moment, bien différent dans les campagnes… Monsieur Hiffe nous en explique la raison :

« En décembre 1960, j’étais interne à l’ISMA à Arlon et j’habitais à Melreux.

Le 15 décembre, toutes les classes s’étaient retrouvées à la salle des fêtes pour assister à la diffusion télévisée du mariage de sa Majesté le Roi Baudouin et de la Reine Fabiola. Nous, les étudiants, étions loin d’être au courant d’événements qui se préparaient à propos des grèves. Il faut rappeler qu’à l’époque, les nouvelles n’atteignaient pas les collèges et encore moins les internes. Nous n’écoutions pas la radio, ne regardions pas la télévision (encore fort rare) et les quotidiens ne faisaient pas partie de notre vécu en internat.

Quelques jours plus tard, ce fut le retour dans nos foyers pour les vacances de Noël. Le trajet avec d’autres étudiants de l’ISMA jusqu’à Marloie ne posa aucun problème.

Mais, à partir de cette gare, il ne nous fut pas possible de continuer en train. Mes parents ainsi que ceux des autres condisciples ne possédaient pas de voiture. Ce fut presque tout naturellement que nous fîmes le dernier tronçon du voyage dans le camion de remise à domicile du chemin de fer, le chauffeur effectuant sa tournée vers Hotton et Melreux.

Pour le retour à l’internat en janvier, les transports en commun avaient été rétablis complètement. »

La Petite Gazette du 20 avril 2011

LA GREVE DE 60

Monsieur Raymond Hebrant, de Poulseur, se souvient de cette grève :

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« Cette photo nous montre les manifestants brandissant un panneau portant le slogan « Déplumons le coucou de Malines ». Il s’agit de la réaction du monde ouvrier suite à la déclaration du cardinal Van Roey à la télévision. Cette allocution a été mal perçue du côté de la C.S.C. et encore plus mal du côté de la F.G.T.B.

Originaire de Marche-en-Famenne, j’ai fait mes humanités techniques à l’école des Aumôniers du Travail à Seraing. La Passerelle, bien connue du mouvement syndical, pendant la grève de 60 et jusqu’à sa destruction, a connu bien des rassemblements de travailleurs… Déjà syndiqué au moment de mes études et ayant été membre durant plusieurs années de la J.O.C., je connais très bien les difficultés du monde ouvrier. Je suis entré au travail au mois d’août 1958, à l’usine Ferblatil à Tilleur. Electricien d’entretien, je travaillais au régime « feu continu » (trois semaines de travail, une semaine de repos, dimanches et jours fériés compris). Je faisais le déplacement en car pour les pauses 6-14 et 14-22 et au train pour la pause de nuit. Pour me rendre à Marche, départ du car à 4 heures du matin, je me levais à 3h15.

En 1960, fin novembre déjà, certains arrêts de travail avaient lieu ; en cause le dépôt d’un projet de loi appelé « Loi unique ». Ce projet proposé par le premier ministre Eyskens prévoyait diverses mesures dont le rabotage de la sécurité sociale. Cette sécurité sociale à la belge, créée par le monde ouvrier à la sortie de la guerre 1940 – 1945, dérange bien le monde de la droite. Le gouvernement de l’époque était PSC-CVP-Libéral.

Début décembre, le mécontentement était palpable, les délégués syndicaux expliquaient les aboutissements de la Loi unique, mais, à cette époque, ne parlaient pas de grève ! Je me rappelle qu’au terme d’une assemblée certains ouvriers réclamant le départ en grève s’entendirent répondre par le délégué principal : « Je vous comprends, mais dans moins d’un mois, vous viendrez demander à reprendre le travail ! » Lors des réunions, certains ouvriers, les « durs » allaient faire arrêter le travail dans les entreprises voisines : Maréchal Ketin, Les ateliers de la Meuse, la lainière Good Night…

Dans la seconde moitié du mois de décembre, en arrivant à l’arrêt du Pont de Seraing, nous sentions que la situation était explosive. Les ouvriers limbourgeois, arrivés en grand nombre à cet arrêt, pensaient déjà au retour. A cette époque, il venait un car de la région de Marche et, pour le Limbourg, il y avait en moyenne huit à dix cars par jour, c’était alors le plein emploi à Cockerill. Avec le car de service, je suis allé jusqu’à l’arrêt de Ferblatil afin de prévenir mon brigadier. Les trains étaient incertains et mon bus quittait l’usine à 14h20, je demandai un congé pour cette journée. Cela n’a pas été nécessaire, les ouvriers des laminoirs avaient débrayé et faisaient arrêter les diverses lignes de production, la grève avait commencé.

De retour à Bourdon, j’ai suivi les événements à la radio et à la télévision. De jour en jour, la situation se dégradait. On parlait de sabotage même sur les locomotives ; l’attaque de la gare des Guillemins a marqué tous les esprits.

Les trains venant de Liège ne circulaient plus, seuls quelques trains venant de Jemelle allaient jusqu’à Melreux, puis faisaient demi-tour. C’était toujours le temps de la vapeur, la gare de Jemelle avait toujours un atelier et une remise à locomotives. Dans notre région, la grève n’était pas suivie comme dans les grands centres ; mais je me souviens d’un délégué qui, accompagné de quelques personnes, faisaient fermer les magasins ; seule était ouverte la Coop.

Etant syndiqué à Liège, la centrale de Marche ne pouvait pas me payer. D’autres ouvriers de la région étaient dans la même situation. Le permanent de la centrale C.S.C. de Marche organisa, avec d’autres personnes possédant une voiture, un déplacement à Liège. A l’arrivée à la place Delcour, non loin de la rue des Pitteurs, nous discutions d’une chose ou l’autre, en attendant notre rendez-vous. Deux véhicules e police sont arrivés… nous avions oublié que les rassemblements de plus de trois personnes étaient interdits en ville ! Les policiers ont été sympathiques, ils ont bien compris que nous n’étions pas là pour manifester, mais nous avons dû nous séparer.

Le mouvement de grève s’essoufflait, le samedi 21 janvier la fin de la grève était décrétée. Le soir, je recevais un télégramme pour me prévenir de la reprise de mon travail le dimanche soir (…) Le Loi unique bien que votée n’était pas appliquée, le gouvernement avait démissionné. Après de nouvelles élections, le gouvernement Lefèvre-Spaak appliqua une bonne partie de la Loi unique. La Grande grève était terminée et je n’ai jamais plus vu depuis lors une mobilisation de tous les travailleurs tant du Nord que du Sud. »

La Petite Gazette du 27 avril 2011

GREVE DE 60

Monsieur René Brialmont, de Barvaux, a très bien compris quel genre de souvenirs je souhaitais recevoir afin de pouvoir illustrer ce qu’était le quotidien dans nos campagnes en ces temps de grève. Il me fait parvenir ce souvenir anecdotique, toujours bien présent dans sa mémoire :

« J’étais à cette époque en classe de Poésie au Petit Séminaire de Bastogne. En vacances de Noël depuis le 22 ou 23 décembre, nous n’avons guère souffert à Barvaux, jeunes que nous étions, de ces mouvements sociaux pourtant très graves. Vint pourtant la fin des vacances, et plus aucun moyen de communication ferroviaire pour rentrer à Bastogne. J’avais eu vent que l’autobus Liège-Athus, pourtant, circulait encore tant bien que mal, et je résolus d’aller le prendre à Manhay, le dimanche 8 janvier en fin d’après-midi. Un brave voisin, M. Armand Meyers, de Barvaux, me conduisit à Manhay vers les 19 heures. Je le remerciai et le renvoyai à Barvaux…pour m’entendre dire par une personne de la localité, qu’il n’y avait plus aucun bus pour Bastogne en soirée…Et moi j’étais à la rue, avec mon loden et ma valise, et cent francs d’argent de poche pour les trois semaines à venir.

La chose ne me terrorisa pas, pourtant. Je trouvais même que l’aventure prenait la couleur « bourlingueur ». Plutôt que d’aller chercher gîte payant à l’auberge  » Le Relais », je m’enfonçai un peu dans le paysage, avisai une ferme, frappai à la porte éclairée de l’étable, et demandai au propriétaire un peu surpris s’il ne m’accorderait pas deux mètres carrés de foin gratuit sur le « bérôdî » , au-dessus des vaches,  pour la nuit… Avec les scouts de la 8e Famenne de Barvaux, cette pratique était courante, voire même encouragée par la hiérarchie dans le but d’apprendre à  » tirer son plan ».

Mais le brave fermier ne fut pas de cet avis. Après tout, avec mon béret noir et ma valise en carton, je n’étais pour lui qu’un rôdeur très comme un autre. Il me répondit sans brusquerie : « awè, mins mi dji n’lodje nolu« , et me conseilla tout de même d’être raisonnable, et de m’adresser au logeur de l’endroit, en l’occurrence le « Relais ». Ce que je fis, en bien m’en trouvai. J’y passai la soirée au billard avec… le chauffeur du dernier bus, qui y logeait aussi avant de repartir sur Liège le lendemain. Excellente nuit. Le cafetier dut même
tambouriner le lendemain à sept heures sur ma porte: « L’autobus est là, sais-tu ! » Trajet prudent sur la route gelée jusqu’à Bastogne, où j’arrivai à huit heures vingt, juste pour la première heure de cours. Il ne me restait pas grand chose de mes cent balles, évidemment, mais j’étais à bon port, et en ce temps-là, personne n’avait honte de  » briber » une cigarette aux copains. J’ai oublié le nom du fermier, du cafetier, et du chauffeur, mais ils sont toujours là, dans ma mémoire, comme des anges gardiens. »

La Petite Gazette du 4 mai 2011

LA GREVE DE 60 

Monsieur André Delbouille, de Nonceveux, a, lui aussi, eu la gentillesse de coucher quelques souvenirs sur le papier :

« Caserné à Propsteirwald à quelques kilomètres d’Aix-la-Chapelle, je fus renvoyé dans mes foyers, au plein cœur de la grève de 60, afin d’aller travailler à la poste d’Aywaille, car j’étais facteur et j’habitais Nonceveux.

Dès le lendemain de ma rentrée au pays, je pris la direction d’Aywaille, à vélo.

Au pont de Sougné, Stop ! Quatre binamés camarades de la C.G.S.P. Liège me demandèrent où j’allais. Je leur raconte alors ma petite histoire et ils me conseillent vivement de rentrer chez moi ; ce que je fis avec plaisir. Je dus contacter M. Gallet, percepteur d’Aywaille, à qui je fis part de ma mésaventure. Il me conseilla de ne plus rien tenter pour rallier Aywaille. Quelque huit jours plus tard je regagnais mon casernement en Allemagne. Bien entendu, les courriers que j’envoyais étaient bloqués à la caserne.

Quelques jours plus tard, je fus à nouveau renvoyé en Belgique avec ma compagnie, la 260e Cie ordonnance, direction une ferme à Aubel.

Nous sommes restés là deux jours et deux nuits avant notre retour à la caserne.

Avant notre départ pour Aubel, le commandant de la compagnie, le Capitaine-Commandant Ocelet, avait réuni tous les gradés. Il nous dit qu’il ne serait pas de bon ton d’intervenir trop rudement contre les grévistes…

Je crois bien que la plupart d’entre nous n’avaient pas l’intention d’intervenir du tout ! »

Son témoignage répond particulièrement bien à un articulet extrait de « Le Monde du Travail de la fin décembre 1960 qui titrait alors :

« De nouvelles troupes ramenées d’Allemagne pour permettre à la gendarmerie de mieux s’ « occuper des grévistes »

Nous apprenons que de nouvelles troupes seront rappelées d’Allemagne pour garder les installations vitales du pays et permettre à la gendarmerie « de se consacrer davantage au maintien de l’ordre dans le pays ».

Jusqu’à présent, il n’a pas été possible d’obtenir la confirmation officielle de cette information, mais les effectifs ramenés seraient d’une certaine importance.

Les troupes seraient destinées à des missions à caractère statique, c’est-à-dire la protection des ouvrages d’art et de points vitaux, missions actuellement assurées par la gendarmerie. Celle-ci pourrait être ainsi rendue à ses tâches traditionnelles, en l’occurrence, à brutaliser, intimider, provoquer et injurier les grévistes. »

On le voit, la presse de gauche n’est pas tendre avec le bras armé du Gouvernement… cela dénote très bien de l’état d’esprit explosif que connaît alors le pays. En effet, dans les deux camps, les termes les plus forts sont utilisés : « terroristes, gestapistes… »

La Petite Gazette du 3 mai 2017

J’AVAIS 10 ANS EN 1960… UNE EXPO A DECOUVRIR BIENTÔT AU MUSEE DE WANNE ET DEUX CONFERENCIERS : L’Abbé J-P PIRE et René HENRY

Le Musée de Wanne – maison vivante du temps qui passe – vous propose, dès ce mois de mai, une exposition consacrée aux années ’60, période abordée avec les yeux d’un enfant de 10 ans d’où le titre choisi : Expo 10/60

Dans le cadre de cette manifestation, deux causeries sont d’ores et déjà programmées.

Le vendredi 2 juin, à 20h., l’Abbé Jean-Pierre Pire, Doyen de Liège et ancien professeur au collège St-Roch de ferrières, traitera d’un sujet passionnant : « Le Concile Vatican II : un avant et un après »

Ce concile, qui mobilisa les Evêques du monde entier entre 1962 et 1965, est remarquable par le nombre considérable et l’importance des propositions qui en sont ressorties et qui modifièrent, bouleversèrent même, l’Eglise catholique romaine.

 

Avant cela, le Musée me fait l’honneur de m’inviter une nouvelle fois, ce sera le jeudi 11 mai prochain à 20h., pour évoquer la « grève du siècle », celle qui paralysa la Wallonie durant l’hiver 1960-1961.

Pour vous, je reviendrai sur cet important mouvement social, la grève générale, développé contre le programme d’austérité, la fameuse Loi unique, du Gouvernement Eyskens. Je vous tracerai alors un aperçu de la façon dont cette grève a été vécue en dehors des centres industriels. Les ouvriers du bassin industriel liégeois originaires de l’Ourthe-Amblève, du Condroz ou de l’Ardenne, ont eux aussi vécu ou subi ces cinq semaines de grève. Pour leur venir en aide de nombreuses initiatives se sont développées, nous irons à la rencontre de certaines d’entre elles. Je vous inviterai à suivre les prémices de la grève, ses développements, ses errements et, bien entendu ses conséquences sur les mutations idéologiques et structurelles dont la nécessité se révéla alors.

Deux dates à bloquer d’ores et déjà dans votre agenda.

Ce sera une occasion agréable de nous rencontrer et d’évoquer ce sujet, vos nombreux témoignages en font foi, qui vous intéresse.

Au plaisir de vous y rencontrer.

LA LUTTE EN OURTHE-AMBLEVE

La Petite Gazette du 21 décembre 2011

ON A LUTTE EN OURTHE-AMBLEVE

lutteurs

La lutte a connu ses heures de gloire en Ourthe-Amblève et nos villages ont connu des champions illustres qui portèrent les couleurs locales jusqu’aux jeux olympiques. M. Etienne Compère dont on connaît l’attachement pour le passé aqualien est en quête de l’identification de ces lutteurs dont l’image a été fixée, il y a bien des décennies de cela, sur cette photographie. Pour tenter de mettre un nom sur chacun de ces visages, il s’en est remis à un ancien lutteur d’Aywaille, Robert Leruth, qui enquêta longuement, questionnant tout qui pourrait le mettre sur la piste d’un nom de ces lutteurs  appartenant à un club de lutte des années 1940. Yves Dechamps, de Sprimont,  a reconnu quatre de ces athlètes à savoir :

–         debout en 2ème position Joseph Gillon, en 3ème pos. Valère Crahay, en 5ème pos. Léon Detaille.

–         assis en 2ème position Auguste Mathonet.

Pourrez-vous ajouter l’un ou l’autre nom à cette liste ? Evoquerez-vous pour La Petite Gazette ce sport si populaire jadis en nos salles de village. Je l’espère et vous en remercie d’ores et déjà.

La Petite Gazette du 4 janvier 2012

ON A LUTTE EN OURTHE-AMBLEVE

Monsieur François Hartert, époux de Nelly Lejeune, de Sprimont, nous aide à compléter l’identification de ces fiers lutteurs :

« Pour compléter les informations de mon ami Yves Dechamps, je peux vous signaler que le lutteur situé en quatrième position sur la photo (à côté de Valère Crahay), n’est autre que mon beau-père, M. Georges Lejeune né à Sprimont le 21 mars 1914 et décédé à Liège, le 4 janvier 2001). Si mes souvenirs de ses récits sont exacts, il doit s’agir d’une photo présentant les membres du club de lutte gréco-romaine de Sprimont. Ce club était affilié à la Fédération Sportive Socialiste et avait son siège à la Maison du Peuple de Sprimont. »

Se trouvera-t-il d’autres lecteurs qui nous permettront de mettre un nom sur chaque visage ? Cela ferait un grand plaisir à M. Etienne Compère.

La Petite Gazette du 11 janvier 2012

ON A LUTTE EN OURTHE-AMBLEVE

Faisons le point car un nouveau nom a été rapporté. Merci à Madame veuve J. Lejeune, d’Aywaille et à Robert Leruth qui a servi d’intermédiaire.

–         debout en 2e position Joseph Gillon, 3e Valère Crahay, 4e  Georges Lejeune, 5e  Léon Detaille.

–         assis en 2e position Auguste Mathonet. 3e René Boutet, du Hornay.

Ce club était affilié à la Fédération Sportive Socialiste et avait son siège à la Maison du Peuple de Sprimont. »

Se trouvera-t-il d’autres lecteurs qui nous permettront de mettre un nom sur chaque visage ? Cela ferait un grand plaisir à M. Etienne Compère.

La Petite Gazette du 8 février 2012

VOUS AVEZ AUSSI RECONNU PRESQUE TOUS CES LUTTEURS DE SPRIMONT

Madame véronique Matz, d’Aywaille, m’a transmis un passionnant courrier suite à la parution de cette photo qui ne lui était pas inconnue.

« Cette photographie figure dans les albums de maman. Ce sont des albums de photos de famille et si celle-ci y est présente, sous forme de carte postale, c’est tout simplement parce que l’un de ces lutteurs n’est autre que mon grand-père maternel.

Grâce à sa formidable mémoire des visages et des noms, maman a pu compléter les prénoms, noms et lieux de vie de presque tous les camarades de lutte de son papa. Un seul visage reste inconnu. Avant de vous livrer ces noms, il faut que maman et moi nous vous précisions quelques détails. Le club de lutte se nommait le « Cercle de lutte de l’Avenir de Sprimont ». Le siège du club se trouvait bien à la Maison du Peuple, aujourd’hui « Centre culturel Henri Simon ». la salle d’entraînement se trouvait à l’arrière de la salle accueillant les spectacles et le cinéma. Cette photo doit dater d’avant 1929 car ma grand-mère ne voulait plus que son mari pratique ce sport. Il s’agissait même d’une condition mise à leur mariage !

Je n’ai pas eu la chance de connaître mon grand-père qui fut victime de la chute d’un V1 sur La Préalle, usine à Prayon) à la fin de la guerre en décembre 1944. Cependant mon enfance fut bercée d’histoires et d’anecdotes de la famille de maman, mais aussi de celle de mon papa.

Je sais que quelques-uns des compagnons de lutte de mon grand-père furent des amis fidèles et j’ai eu la chance de connaître certains d’entre eux, notamment la veuve de Désiré Labaye, l’amie de ma grand-mère, Mme Louise Breton. M. Valère Crahay, fontainier à la commune de Sprimont, mais surtout grande figure socialiste, responsable durant de longues années de la Mutualité de la Pierre, puis FMSS devenue aujourd’hui Solidaris et dont les bureaux se trouvent toujours au Fond Leval à Sprimont. Enfin, Monsieur Albert Heinen et son épouse Ginette, célèbre et formidable infirmière accoucheuse qui mit, certainement, au monde bien des lecteurs de La Petite Gazette (N.D.L.R. Ce serait dès lors l’occasion d’évoquer son souvenir au travers d’anecdotes ou de souvenirs liés à l’exercice de sa profession… Le voudrez-vous ?)

Voici maintenant la liste des noms de ces lutteurs, elle a été  établie grâce à la formidable mémoire de ma petite et chère maman.

lutteurs

Debout, de gauche à droite : Désiré Labaye, Damré-Sprimont ; Joseph Gillon, Florzé ; Valère Crahay, Fond Leval-Sprimont ; Georges Lejeune ; Léon Detaille ; Albert Heinen, Hornay-Sprimont.

Assis, de gauche à droite : Alphonse Defays, dit Joseph, de Hornay Sprimont, mon grand-père, précise Mme Matz ; Auguste Mathonet, Fond Leval – Sprimont ; René Boutet ; ? Calbert, Florzé ?;    ?   ; Joseph Sluse, Cour Robaye Sprimont. »

Un immense merci à Madame Matz et à sa maman, Mme Emilie Defays.