LES TRANSPORTS EXCEPTIONNELS DE BOIS JADIS

La Petite Gazette du 1er novembre 2017

MAIS COMMENT FAISAIT-IL ?

C’est à l’obligeance de Monsieur René Jacobs, de Harzé, que je dois la chance de pouvoir vous présenter cet exceptionnel document d’un transport qui me semble hors du commun, mais dites-moi si je me trompe…

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A la vue de cette photo, je me pose bien des questions et j’espère de tout cœur que vous pourrez y répondre :

–  Combien peut peser cet énorme tronc ?

– Quel est l’avantage d’un tel attelage de trois chevaux en ligne (on devine l’arrière-train du cheval de tête à l’extrême gauche du cliché) ? Est-ce lié à la maniabilité de l’ensemble ou cela donne-t-il un force de traction plus importante ?

– Surtout, j’aimerais beaucoup que l’on m’explique de quelle manière pareil tronc pouvait être hissé sur un char et comment il était déchargé à la scierie ? Je suis vraiment très intrigué et me demande quels engins de levage étaient utilisés… Comme j’imagine qu’il fallait aller chercher ce tronc dans le bois, peut-être qu’une installation particulière, un talus artificiel par exemple, était aménagée pour le chargement à l’aide de palans et de treuils ; mais comment faisait-on pour ne pas arracher les roues arrières au passage ?

Les lecteurs attentifs auront sans doute reconnu les lieux où cette photo a été prise il y a plus d’un siècle… Nous sommes là sur la place d’Aywaille, face à la maison Lambercy, à quelques pas du carrefour avec la route de Bastogne.

Je compte sur vos connaissances et votre légendaire sagacité pour m’éclairer. Bien entendu, j’accueillerai avec grand plaisir toutes vos photos et documents sur ce sujet. C’est avec énormément d’impatience et d’intérêt que j’attends vos réactions et réponses.

La Petite Gazette du 22 novembre 2017

REVOICI CE « TRANSPORT EXCEPTIONNEL » D’IL Y A PLUS D’UN SIECLE

La magnifique photographie que m’avait confiée M. René Jacobs, de Harzé, et que vous avez découverte il y a peu de temps dans la Petite Gazette, a conduit Monsieur Michel Bartholomé, d’Aywaille, à extraire de sa belle collection de documents cet autre cliché remarquable.

A première vue, il s’agit du même transport exceptionnel,  ici photographié devant la maison du bûcheron et débardeur Lagasse.

Aywaille - Lagasse - attelage avec gros arbre rue François Cornesse face à la rue de lYser (1)

M. Jean-Marie Tavier, le conservateur du très intéressant Musée de Xhoris, apporte quelques éléments de réponse aux questions que je vous posais en vous présentant la première photo de cet impressionnant transport.

« Un cheval de trait développe en continu une puissance de 8 à 10 cv Din. Trois chevaux attelés donnent une puissance cumulée de 24 à 30 cv, à peine supérieure à celle d’une Citroën 2cv4 à 2cv6 ! Donc rien de trop pour un tel attelage. »

Et vous, pourrez-vous m’éclairer sur les autres interrogations que ces magnifiques clichés m’ont inspirées ?

– Combien peut peser cet énorme tronc ?

– Quel est l’avantage d’un tel attelage de trois chevaux en ligne? Est-ce lié à la maniabilité de l’ensemble ou cela donne-t-il une force de traction plus importante ?

– Surtout, j’aimerais beaucoup que l’on m’explique de quelle manière pareil tronc pouvait être hissé sur un char et comment il était déchargé à la scierie ? Je suis vraiment très intrigué et me demande quels engins de levage étaient utilisés… Comme j’imagine qu’il fallait aller chercher ce tronc dans le bois, peut-être qu’une installation particulière, un talus artificiel par exemple, était aménagée pour le chargement à l’aide de palans et de treuils ; mais comment faisait-on pour ne pas arracher les roues arrières au passage ?

La Petite Gazette du 6 décembre 2017

LES TRANSPORTS EXCEPTIONNELS DE BOIS

Encore une fois, vous vous êtes montrés simplement extraordinaires. La très belle photo présentée il y a quinze jours dans la Petite Gazette et les questions que je formulais à son propos vous ont manifestement encouragés à chercher les réponses à mes interrogations. D’emblée, je tiens à remercier chaleureusement Messieurs Barthélemy Carpentier, de Sougné-Remouchamps, Germain, de Fraiture, Philippe Grégoire, de Harzé, le Dr Paul Maquet, d’Aywaille, et Warlomont, de Rouvreux, pour leurs explications, documents et photographies.

Pour charger pareil tronc (celui de la photo parue le 23 novembre dernier avait un volume de 12m3 et un poids d’environ 12 tonnes) sur une charrette, voici comment on procédait : la charrette est positionnée parallèlement à la grume, entre les deux sont placées deux fortes pièces de bois destinées à servir de rampe pour hisser le tronc sur la charrette. Celle-ci avait été débarrassée de ses roues du côté du tronc à charger et ses essieux reposaient alors sur des « dames« , des chambrières ou béquilles de charrette. Le tronc était alors tiré grâce à un ingénieux dispositif de chaînes (voir le croquis de M. Warlomont) par un ou plusieurs chevaux selon sa taille. Ce système est une variante du débardage « al roule » dans lequel, le tronc à faire rouler est attaché par une chaîne dont la fixation se fait du côté opposé à celui où s’exerce la traction du cheval.

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Dessin réalisé par M. Warlomont

Monsieur Warlomont m’a également confié ces photographies qui montrent que cette technique de chargement était toujours adoptée même lorsque fut abandonnée la traction hippomobile au profit de l’utilisation des camions.

Ce tronc, lui aussi particulièrement imposant, 12 m3,  a été amené le long de la route à Goffontaine, en septembre 1942. La remorque sur laquelle il va être hissé se trouve derrière lui et on distingue, sous le tronc, les pièces de bois sur lesquelles le tronc va bientôt rouler.

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La semaine prochaine, je vous montrerai cette grume sur le camion que conduisait alors Emile Wuidar. Nous évoquerons également par le dessin et la photographie, une autre façon de transporter pareil tronc d’arbre, essentiellement pour les sortir du bois. Ce sera alors le « trikbale »  qui sera mis à l’honneur mais le sujet nous occupera encore quelque temps car vos témoignages et vos documents méritent vraiment que l’on s’y attarde.

La Petite Gazette du 13 décembre 2017

COMME PROMIS

Voici cet arbre remarquable, un tronc de près de 12m3, dont nous avons assisté la semaine dernière au chargement en septembre 1942. Sur cette photo, confiée par M. Warlomont, vous reconnaîtrez peut-être l’homme à droite. Il s’agit d’Albert Warlomont, le papa de mon correspondant, et, à côté de la cabine du camion, Emile Wuidar. Vous pouvez évidemment me parler de camion, de ce transport et de ces hommes…

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La Petite Gazette du 13 décembre 2017

RETROUVONS NOS TRANSPORTS EXCEPTIONNELS D’IL Y A UN SIECLE

Monsieur Gérard, de Fontin, m’a fait découvrir « Le manuel du bon charretier » de Lucien Brasse-Brossard aux éditions La maison Rustique, 1945 ; où je lis ceci au sujet du triqueballe : « C’est une sorte de voiture à flèche servant au transport des grumes. Il se compose d’une limonière et d’un train de grandes roues (diamètre 1,50 à 2m.) réunies par un essieu qui supporte une courte poutre transversale en orme appelée mouton, sur laquelle prend une flèche longitudinale en frêne. La grume est cerclée d’une chaîne appelée cravate, placée au voisinage du centre de gravité. En renversant la flèche, on accroche les extrémités de la cravate sur une des faces du mouton. En ramenant la flèche en avant, la chaîne d’amarrage fait un quart de tour autour du mouton et celui-ci se trouvant alors au-dessus de l’essieu, la grume est soulevée suffisamment au-dessus du sol pour pouvoir être transportée sans traîner. 

Pour pouvoir manier des grumes plus volumineuses, on emploie aussi des triqueballes à essieu coudé. Certains modèles possèdent un treuil vertical à vis carrée qui permet de soulever des grumes plus lourdes que ne le permettrait la manœuvre de la flèche. Enfin, ils sont parfois munis de freins, bien que le triqueballe soit surtout un véhicule de terrain plat puisque son bon fonctionnement est fonction de l’équilibre de la grume.»

Monsieur Raymond Gillet nous a fait parvenir ses réflexions, diverses illustrations (dont celle de cet impressionnant triqueballe) et le fruit de ses recherches sur ce passionnant sujet.

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« Noter  la branche située sur le dessus de l’arbre (entre les deux essieux) c’est la perche qui a servi à « tordre » la chaîne qui solidarise la « grume » à la longe du chariot, une deuxième chaîne est située juste avant l’essieu arrière. (Voir les éditions des 1er et 22/11/17.

Le chargement de cet arbre sur le chariot a peut-être été réalisé avec un trépied et un palan ?  Une fois l’arbre soulevé, le débardeur a fait reculer le chariot entre les branches du trépied deux ou trois fois, suivant la hauteur du trépied pour assurer un équilibre et un centrage de la charge.

Pour ce qui est de l’attelage «  en ligne », le débardeur connaissant ses chevaux les a placés suivant leur âge, leur force et leur « docilité », mais également suivant le contexte d’accessibilité du lieu d’abattage de cet arbre.

L’attelage a certainement rejoint une scierie locale, comme il en existait dans certains villages.  Il y en avait deux dans mon village d’Ardennes, dans les années cinquante (1950).Et pour le déchargement, les scieries étaient équipées de monorail avec palan. Certaines dont la scierie Jadot située à Anthisnes, possédait un monorail et au sol un système de rail Decauville avec wagonnet. Le tracé des rails ceinturait le dépôt de grumes. Après chargement  d’une grume sur le wagonnet le scieur ou son aide faisait rentrer le wagonnet à l’intérieur du site de sciage  comme me le précise Monsieur Jadot fils. L’arbre de la photographie de M. Jacobs n’est pas rentré directement dans la scierie, il a été amputé d’une partie principale importante, côté « souche » au moins 1,50m. me semble-t-il, voir plus si l’arbre était « malade ».

Les bancs de sciage « anciens » acceptaient des grumes d’un diamètre maximal de 1,20 mètre, me précise Monsieur Jadot, peut-être 1,40mètre après modification et réglage maximal.

Mais que n’a-t-on pas réalisé avec cet arbre s’il était sain ? Il est peut-être resté deux jours voir plus dans la scierie à être débité en : doses pour le chauffage des chaumières du village, billes pour la S.N.C.V ou la S.N.C.B, chevrons de charpentes, poutres pour maisons, divers profils pour menuisiers et ; oh mon dieu………des planches pour cercueil ; mais également son écorce qui a été récupérée pour diverses applications d’époque. »

D’autres communications nous permettront d’encore compléter ce sujet prochainement. Merci de continuer à alimenter votre Petite Gazette en souvenirs, photographies et questions à soumettre aux lecteurs. Rendez-vous la semaine prochaine ou de suite sur www.lapetitegazette.net

La Petite Gazette du 21 mars 2018

LE TRANSPORT DE GRUMES, CONVOIS EXCEPTIONNELS DE JADIS

Les photos et témoignages relatifs à ces convois exceptionnels de la première moitié du siècle passé vous ont particulièrement intéressés et, j’en suis persuadé, l’enquête menée par Monsieur Raymond Gillet vous passionnera tout autant. Durant les semaines à venir, vous découvrirez, étape après étape, les manutentions auxquelles tantôt les transporteurs, ici les frères Delgombe de Comblain-au-Pont, tantôt le personnel de la scierie Jadot à Anthisnes devaient appliquer à ces pesants troncs avant qu’ils ne soient débités. Pour une clarté maximale dans l’explication de toutes ces manœuvres, Monsieur Gillet a eu l’excellente idée non seulement de questionner des spécialistes mais aussi de dénicher les photographies illustrant leurs propos.

Le premier document qu’il nous propose nous montre l’arrivée de la grume au dépôt de la scierie Jadot à Anthisnes.

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Monsieur Gillet rapporte les propos de M. André Jadot qui commente cette photographie :

« Voyez les chaînes pour assurer l’arrimage de la grume sur le chariot ; de nouveau le levier «coudé» destiné à «tordre» la chaîne. Ce même levier est maintenu par une plus petite chaîne pour éviter qu’il ne retrouve sa position initiale.

Ce chariot est un des deux chariots des frères Delgombe, de Comblain-au-Pont. Ils travaillent avec deux chariots de ce type (2 chevaux côte à côte séparés par le timon du chariot). Pour gravir les côtes importantes les 2 chevaux du second chariot étaient placés « à la volée » en tête des deux autres chevaux. Ce fut le cas pour le transport de l’arbre de cette photo, me précise Monsieur André Jadot, pour gravir la côte de Vien à Anthisnes. »

La Petite Gazette du 28 mars 2018

APRES LE TRANSPORT DE GRUMES, LE SCIAGE DE CES TRONCS ENORMES

Grâce à l’enquête menée par Monsieur Raymond Gillet vous vous passionnerez, j’en suis persuadé, pour l’étape  qu’abordaient ensuite les grumes transportées : leur sciage.  Acheminé jusqu’à la scierie, ces troncs n’étaient évidemment pas au bout des nombreuses manutentions auxquelles tantôt les transporteurs, tantôt le personnel, ici celui de la scierie Jadot à Anthisnes, étaient encore tenus de satisfaire avant que ces pesants troncs ne soient débités. Pour une clarté maximale dans l’explication de toutes ces manœuvres, Monsieur Gillet a eu l’excellente idée non seulement de questionner des spécialistes mais aussi de dénicher les photographies illustrant leurs propos.

Nous avons assisté la semaine dernière à l’arrivée du tronc à la scierie. Après avoir été « paré », c’est-à-dire qu’il a été amputé de sa partie pointue, à sa base, le tronc est placé, grâce à un système de transbordement fait de câbles et d’un pylône, sur un wagonnet et est alors près à entrer dans l’enceinte même de la scierie

Le document quel nous propose Monsieur Gillet nous montre Monsieur André Jadot en position pour entamer le sciage, le tronçonnage de la grume avec une scie alternative spéciale. Ce cliché date des environs de 1945.

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Dans notre prochaine édition, Monsieur Gillet nous détaillera, grâce aux précieuses explications recueillies auprès de M. André Jadot, les particularités et le fonctionnement de cette étonnante scie. D’ici là, si, vous aussi, vous possédez des informations, des documents, des photographies sur ces scieries de jadis où tout n’était pas encore mécanisé, voire automatisé, n’hésitez surtout pas à les partager avec les lecteurs de La Petite Gazette, très friands de ce genre de découverte. Je compte sur vous et vous remercie chaleureusement de m’adresser vos communications.

La Petite Gazette du 4 avril 2018

APRES LE TRANSPORT DE GRUMES, LE SCIAGE DE CES TRONCS ENORMES

Nous retrouvons la passionnante enquête menée par Monsieur Raymond Gillet qui a suivi les grumes transportées jusqu’à la scierie. Etape après étape, il nous détaille, grâce aux informations précises qu’il a recueillies auprès des professionnels, les nombreuses manutentions auxquelles tantôt les transporteurs, tantôt le personnel, ici celui de la scierie Jadot à Anthisnes, étaient encore tenus de satisfaire avant que ces pesants troncs ne soient débités. Pour une clarté maximale dans l’explication de toutes ces manœuvres, Monsieur Gillet a eu l’excellente idée non seulement de questionner des spécialistes mais aussi de dénicher les photographies illustrant leurs propos.

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Monsieur Gillet détaille des différents éléments de cette scie spéciale alternative en condition de travail.

« A droite de la photo, contre le morceau de tronc écorcé, la grosse pièce cylindrique est le moteur électrique de commande. Juste à sa gauche, ensemble d’engrenages (2 + 2) assurant une réduction importante de la vitesse de rotation du moteur qui, grâce à ce mécanisme, passe de 1500 tours/minute à 110 tours/minute.

L’ouvrier a la main gauche sur le commutateur marche/arrêt du moteur de la scie. Simultanément, en réalisant cette opération, l’ouvrier maintient la scie afin que celle-ci s’engage dans l’arbre pour en commencer le sciage.

A hauteur de l’épaule droite de l’ouvrier, vous distinguerez aisément le levier d’accrochage de la grume contre le châssis.

Ce châssis fait immanquablement penser à une brouette avec ses deux bras et ses deux pieds, visibles à gauche du cliché. Il est ainsi plus aisé à déplacer et à manœuvrer. Il repose sur un train de roues (diamètre 52 cm.) indispensables pour le déplacement de l’unité de sciage. Le long du longeron du châssis, à hauteur des mains de l’ouvrier, vous distinguerez le levier utilisé pour modifier la position de l’axe du train de roues mais aussi pour assurer la stabilisation de la scie grâce à son appui sur la roue de stabilisation (diamètre 41 cm.). C’est cette pièce métallique, vue de profil et reposant sur des cales de bois, que l’on aperçoit à l’extrémité droite du châssis de la scie. »

Et vous, avez-vous assisté au sciage de pareilles grumes ? Nous en parlerez-vous ? Nous montrerez-vous des photographies de ces scieries d’hier ? D’avance, je vous remercie de nous confier vos souvenirs et, ainsi, de leur permettre d’éviter de sombrer dans l’oubli.

La Petite Gazette du 11 avril 2018

LE TRANSPORT DE GRUMES, CONVOIS EXCEPTIONNELS DE JADIS

Les photos et témoignages relatifs à ces convois exceptionnels de la première moitié du siècle passé vous ont particulièrement intéressés tout comme, j’en suis persuadé, l’enquête menée par Monsieur Raymond Gillet et dont vous venez de découvrir les résultats durant ces dernières semaines. Je remercie encore mon aimable correspondant pour la clarté de ses explications et l’adéquation de ses illustrations.

Aujourd’hui, dernière étape de notre visite guidée de la scierie Jadot d’Anthisnes au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

 

001 (5)« Sur le dépôt de grumes de la scierie, tout un mécanisme ingénieux était en place pour permettre de déplacer le plus aisément possible et avec la sécurité requise ces énormes troncs qui allaient être débités. Cette vue permet de bien se représenter comment cela pouvait alors se passer.

Un imposant pilier ou pylône (1A) se dressait du côté de la scierie, un second, non visible sur ce cliché (1B) lui faisait à l’extrémité du chantier. Sur les câbles tendus entre ces pylônes circulait le trolley (2) qui assurait la prise en charge des grumes à déplacer.

Au sol, vous découvrez, au pied du personnage fixé sur la pellicule, les rails du « Décauville » (N.D.L.R. du nom de ce constructeur français de matériel ferroviaire et de manutention qui inventa et développa ce système de transport modulable de lourdes charges grâce à un système fait d’une voie formée d’éléments (rails et traverses) entièrement métalliques qui pouvaient se démonter et être déplacés aisément selon les nécessités).

Sur les rails du chantier de la scierie circulaient les wagonnets affectés au transport des grumes vers la scierie. La voie ceinturait entièrement le dépôt de grumes et, grâce à un système d’aiguillage, pénétrait dans la scierie même. Elle avait donc un double usage : la rentrée des troncs dans la scierie et la sortie des lourdes pièces de bois sciées. »

Un grand merci à Monsieur Gillet et au spécialiste qu’il a interrogé, Monsieur André Jadot. »

POUR EMPÊCHER LES SANGLIERS DE DEVASTER VOTRE PROPRIETE

La Petite Gazette du 7 novembre 2007

POUR EMPECHER LES SANGLIERS DE VENIR SACCAGER VOTRE PROPRIETE

Vivre en bordure des bois et donc proche de la nature est souvent bien agréable, mais, parfois, des visiteurs moins discrets et bien plus encombrants que les écureuils peuvent venir vous rendre visite et laisser des traces dont on se passerait bien volontiers.Une lectrice, qui habite non loin des bois du Sart-Tilman, a entendu dire qu’il existait un moyen efficace pour empêcher les sangliers de venir labourer les propriétés. Qui plus est ce procédé ne fait courir aucun risque à ces animaux… Un peu perplexe cette lectrice aimerait savoir si vous avez déjà entendu parler de cette façon de procéder. Il suffirait de se procurer, chez un coiffeur, quantité de cheveux que l’on assemblerait en boules et qui, fichées sur de petits tuteurs placés en bordure de propriété dissuaderaient les sangliers d’entrer.Avez-vous déjà entendu parler de pareille manière de procéder ? Selon quel(s) principe(s) cela peut-il se révéler efficace ? Connaissez-vous d’autres façons de faire, dans le respect de la vie animale bien sûr ? C’est avec curiosité et impatience que, comme toutes les personnes qui ont a subir les dégâts causés par les sangliers, que j’attends vos réactions.

 

La Petite Gazette du 28 novembre 2007.

CHEVEUX CONTRE SANGLIERS…

Vous vous souviendrez certainement de cette question qui vous était soumise il y a quelque temps et concernant la possibilité d’éloigner des sangliers d’une propriété en l’entourant de piquets sur lesquels se fichaient des boules de cheveux…

Madame Monique Fréçon, de Neupré, a reçu, elle aussi, la visite de sangliers qui ont bien retourné sa pelouse. Elle a ensuite suivi les conseils d’un ami ardennais :

« Il m’a conseillé d’éparpiller des cheveux sur le sol, tout autour, de la pelouse ; ce que j’ai fait. J’ai pu constater l’efficacité de cette méthode car, quand les sangliers sont revenus dans le voisinage, ils ont épargné ma pelouse. Il y a trois mois qu’ils ne l’ont plus dévastée. Alors si cela peut aider d’autres lecteurs… »

 

Monsieur Martin Huwart, de Ville-au-Bois, qui aime bien et connaît bien les sangliers nous explique :

« J’adore les sangliers, cela s’apprivoise trop facilement ! Mon premier « cheval », à 9 ans, était une grosse laie de 110 kg !

Le truc des cheveux est parfaitement vrai et efficace, le mieux étant encore les poils venant du toilettage des chiens. L’effet est excellent, du moins jusqu’à ce que la pluie les lave de leur odeur !

Les sangliers sont méfiants, mais aussi très intelligents, ils s’adaptent très vite au changement de leur environnement. Il existe également des produits répulsifs très efficaces, mais, probablement, moins écologiques  que les cheveux !

La solution la plus valable reste toujours la clôture, soit décorative (châtaigner refendu) soit classique, que l’on peut cacher par une haie au besoin. Le sanglier est capable de « bourrer » dans le bas d’une clôture, profitant d’un creux de terrain pour se frayer un passage. Un système utilisé actuellement consiste à placer de l’ursus à grandes mailles (10 X 15 cm.), léger et économique, et de tendre à 15 cm. Du sol un ou deux fil(s) de fer barbelé classique. Ceci compense la faible résistance mécanique de l’ursus. Le sanglier, au groin très sensible, n’insistera pas.

Il reste bien sûr la clôture électrique, mais son efficacité dépend de l’attention permanente apportée à sa surveillance et à son entretien, en plus du coût de la consommation d’énergie.

UNE VIE HUMBLE ET MAGNIFIQUE

La Petite Gazette du 8 mai 2019

UNE VIE HUMBLE ET MAGNIFIQUE

Il est né le 3 juillet 1923 dans un petit village du Condroz liégeois où ses parents vivaient des maigres revenus de leur petite ferme. Huit vaches à l’étable, il n’y avait pas place pour une de plus, et un cheval constituaient tous leurs avoirs. Année après année, deux cochons étaient élevés et toutes les charcuteries étaient préparées à la maison. Toujours, il adorera le plaisir simple que lui apporte un repas simple fait d’une fricassée au lard, d’un pied de cochon en gelée ou d’un boudin noir grillé avec des pommes.

Il va à l’école à pied dans le fond du village; en hiver, il y descendait en luge s’il y avait de la neige. De retour à la ferme familiale, très jeune déjà, il est occupé à diverses tâches. Ce quotidien sera le sien durant huit années; en effet, il complète ses 6 années d’école primaire par 2 années supplémentaires, le quatrième degré disait-on alors.

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Le voici, juste derrière le cheval de la ferme familiale, son papa tient le cheval et sa maman est installée sur le siège de la faucheuse

A 14 ans, l’école est finie pour lui et la carrière professionnelle débute : il est apprenti boucher dans une boucherie réputée sur le Mont à Esneux. Il y apprend un métier qu’il adore. Il arrive au travail le lundi matin et y loge la semaine jusqu’au samedi. Il quitte alors la boucherie dans l’après-midi une fois que tout y a été nettoyé consciencieusement. Il saute ensuite dans le tram vicinal qui le ramène au village.

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Jules Gillon, son patron, pose fièrement à côté de sa Chevrolet 1938

Le 10 mai 1940, la guerre éclate, il a 17 ans et est dès lors trop jeune pour être enrôlé. Qu’importe, par idéal, avec quelques copains du village et des environs, il prend la route, à pied évidemment, en direction de Dunkerque, passage obligé vers l’Angleterre d’où il pense pouvoir rejoindre les troupes au combat. Les routes sont très encombrées par les foules de civils fuyant l’avancée des armées allemandes et le voyage est plus long que prévu. Quand, avec ses amis, il arrive enfin en vue des bateaux, il est trop tard… Les troupes anglaises sont rembarquées en urgence sous les tirs de l’aviation allemande. Ils sont renfloués et n’ont d’autre choix que de revenir…

Il reprendra son travail à la boucherie. De nombreuses tâches sont désormais clandestines et dangereuses. Dans de très nombreuses fermes et maisons de la région, les habitants élèvent des cochons en cachette pour éviter les réquisitions. Avec son patron, il a appris et maîtrise vraiment l’abattage à la makète et la confection de toutes les charcuteries. Ensemble, ils interviendront dans les endroits les plus saugrenus : des caves, des greniers, des corridors, des chambres… Son patron est actif dans un mouvement de résistance et sans doute a-t-il été dénoncé car il est surpris dans son sommeil … Déporté, il ne rentrera jamais. Son apprenti aurait dû être là mais il est exceptionnellement rentré à la ferme où on a besoin de lui. Toujours, il parlera de ce qui aurait pu arriver si…

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La guerre à peine finie, il est appelé sous les drapeaux. Il y apprendra à conduire un camion et deviendra même instructeur chauffeur.

Démobilisé, il trouve du travail comme boucher-livreur à l’Union Coopérative : c’est conforme à l’idéal familial, son papa est un militant! C’est en travaillant qu’il rencontre l’amour, elle est la jolie gérante d’une des épiceries de sa tournée de livraison. Ils auront trois fils.

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Au volant se son camion de la Coop, avec les collègues

La promesse d’un meilleur salaire le place ensuite au volant d’une ambulance du service de la Santé publique de la Ville de Liège, puis au sein du corps des pompiers  où il atteindra le grade d’adjudant-chef, instructeur ambulancier. Son épouse est devenue la gérante d’un supermarché de la Coop qui abrite également un atelier de boucherie dans lequel il travaille dès qu’il quitte son uniforme de pompiers ou quand il ne se charge pas des livraisons à domicile. Jamais il ne compta ses heures, jamais il ne prit un jour de congé de maladie…

Papa
Dans la cour de l’hôpital de Bavière

Une vie humble mais magnifique, une bonne humeur contagieuse, un sens incroyable de la famille et de l’amitié, toujours optimiste malgré les épreuves qu’il a vécues. Un exemple!

Il est parti la semaine dernière.

C’était mon papa.

 

LES PELERINAGES ET LEURS RITUELS

La Petite Gazette du 5 décembre 2007

LES PELERINAGES ET LEURS RITUELS

Aurez-vous la gentillesse d’évoquer, dans les colonnes de La Petite Gazette, vos souvenirs et vos connaissances liés aux rituels de pèlerinages et aux pratiques superstitieuses liées à ces pèlerinages ?

Racontez-nous le rituel précis qui accompagnait tel ou tel pèlerinage : quête de l’argent nécessaire au voyage, neuvaine précédant ou accompagnant le pèlerinage, nombre de personnes faisant le pèlerinage, rituel de bain dans les fontaines, façon d’en puiser de l’eau…

Avez-vous déjà constaté que certaines pratiques liées à ces pèlerinages relèvent davantage de la magie que de la religiosité ? En certains lieux, il convenait de faire un nombre précis de tours du sanctuaire, ou de n’en faire qu’un seul, mais d’une façon particulière. Avez-vous assisté à la bénédiction secrète de plantes ou d’objets, parfois même il fallait dérober des objets du culte : huile, cire de bougie ou de cierge… Ailleurs, les pèlerins grattaient la statue d’un saint et en recueillait la poussière obtenue. D’autres endroits ont connu l’abandon de vêtements ou d’objets personnels… Que dire à propos des arbres à clous, des prélèvements de terre dans certains lieux ?

Il y a, je pense, avec ces propositions de sujets, bien des souvenirs à sauver de l’oubli, bien des pratiques traditionnelles qu’il conviendrait de répertorier avant qu’il ne soit trop tard.

Evidemment, pour ce sujet, comme pour tous les autres, c’est vous et seulement vous qui déciderez la suite à lui réserver. Je dois néanmoins vous dire que, si vous voulez répondre favorablement à cette demande, nous devrions aller de découverte en découverte. Merci d’interroger votre mémoire ou celle des anciens.

 

La Petite Gazette du 3 janvier 2008

AU SUJET DES PELERINAGES

Mme Françoise Detroux, de Verlaine s/O, a entendu mon appel relatif aux pèlerinages et apporte quelques informations intéressantes touchant à Notre-Dame de Montaigu. Elle me précise que ces renseignements sont extraits d’un ancien livre intitulé « Quelques traditions et coutumes du folklore belge ».

Montaigu (2)« Là on venait honorer autrefois une petite image de la sainte Vierge. Elle fit tant de miracles que les archiducs Albert et Isabelle firent construire, en 1609, une belle église. On vient de très loin pour vénérer la statuette. Dans l’arbre auquel elle avait été attachée, on a sculpté nombre de statuettes semblables qui ont été offertes à des pèlerinages étrangers, où on va invoquer la petite Vierge venue de Belgique. C’est ainsi qu’on la vénère à Sainte-Walburge d’Audenarde et à Tournon. On organise une procession, tous les habitants tenant en main une chandelle pour faire à la Vierge un cortège de lumière.

 

Dès lors, chaque année, le premier dimanche après la Toussaint, accouraient à Montaigu des milliers de pèlerins. Dans un premier temps, la procession avait lieu le soir et durait jusqu’à dix heures ; plus tard, elle eut lieu l’après-midi.

Tous les habitants se sont faits marchands de chandelles, nommés par humour « keerskatters » (les chats aux cierges)

Les pèlerins doivent faire trois fois le tour de l’église, en récitant le rosaire à haute voix, et, en passant, ils s’efforcent de toucher l’autel. Lorsque, enfin, le prêtre a donné la bénédiction finale, les bougies sont éteintes et les bouts non consumés sont bien conservés. Il faudra les rallumer devant une image de sainte Anne ou de la Vierge.

Rappelons que Notre-Dame de Montaigu est vénérée pour obtenir la guérison de la fièvre. »

Merci pour ces informations intéressantes, qui évoquera pour nous d’autres pèlerinages ? d’autres rituels ? Pourrez-vous m’expliquer pourquoi on retrouve souvent la nécessité pour les pèlerins de faire trois fois le tour d’un édifice religieux (parfois à l’intérieur, parfois à l’extérieur de celui-ci) ? Ce qui intrigue, c’est ce chiffre de trois à quoi fait-il référence ? A la sainte Trinité ? Dites-moi ce que vous savez à ce sujet.

La Petite Gazette du 9 avril 2008

COMMENT S’APPELLE CET OBJET ?

001 (2)Monsieur L. Marcoty, d’Embourg, cherche à retrouver le nom de cet objet, jouet de nos aïeux. DESSIN DE l’OBJET « C’était une simple boîte percée et maintenue par quelques morceaux de fil de fer. On mettait le feu dedans et on la faisait tournoyer pendant des heures. Mais comment s’appelait ce jeu ? Et à quelle occasion y jouait-on ? » Mon correspondant croit que cela avait un rapport avec la fête de saint Måcrawe, mais il n’en est plus certain. Pourrez-vous l’aider ? Nous avons déjà parlé, il y a bien longtemps, de ce saint populaire dont Jean Haust nous dit qu’il était surtout honoré à l’assomption par les enfants d’Outremeuse.  Il mentionne également des lanternes vénitiennes mais point cette boîte enflammée dont parle M. Marcoty.

La Petite Gazette du 23 avril 2008

COMMENT S’APPELLE CET OBJET ?

Monsieur Arthur Gilles, de Beaufays, a vu resurgir quelques souvenirs en découvrant cette question de M. Marcoty au sujet de cet objet.

« J’ai déjà vu ce type de cylindre métallique, percé de trous, tenu avec un lien métallique pour le faire tourner dans l’espace. Je ne connais pas cet objet comme étant un jeu, mais, je me souviens très bien qu’il était utilisé sur le Thier de Chèvremont, par les marchandes d’articles souvenirs, religieux ou non, dont les échoppes se trouvaient au-dessus du thier.Avec cette boite, remplies de braises, elles, en le faisant tourner ravivaient en hiver le seul moyen dont elles disposaient pour se réchauffer. Cela date des années suivant la fin de la Seconde Guerre Mondiale, mais Chèvremont n’est plus le lieu de pèlerinage qu’il était à l’époque…Par contre je me souviens encore du nom de trois personnes qui se trouvaient dans les échoppes et dont les anciens se souviendront sans doute…. Mesdames Germaine Tigny, Marie-Louise Hupperman et Madame Terrier. »

Chevremont (2)
J’ai sorti de mes archives cette carte postale évoquant ce pèlerinage à Notre-Dame de Chèvremont parce que les souvenirs de M. Gilles devraient permettre à d’autres lecteurs  d’évoquer ce pèlerinage, effectivement tombé en désuétude du moins si on compare la situation actuelle à la fréquentation qu’il a connue… Me parlerez-vous de ce pèlerinage, de son objet, de ses différentes étapes, des raisons de son succès et de son progressif déclin, de la fricassée… Pourrez-vous nous présenter des photographies de ce pèlerinage, des échoppes des marchandes dont se souvient M. Gilles ? Je l’espère car je sais qu’il y a beaucoup de choses à raconter à ce propos. Merci d’avance.

La Petite Gazette du 7 mai 2008

A PROPOS DU PELERINAGE A N-D DE CHEVREMONT

Monsieur J.L. Dengis, président de la Société royale de Numismatique de Belgique, nous communique une très intéressante information relative au passé lointain du pèlerinage à Chèvremont.« C’est en 1686 (14 septembre) que Maximilien-Henri de Bavière donne l’autorisation, aux Jésuites anglais, d’ériger une chapelle consacrée au culte de Notre-Dame [1]. Mais déjà avant cette date, on note l’existence d’un oratoire primitif qui attire un grand nombre de fidèles et c’est cet afflux régulier de pèlerins, entre 1678 et 1686, qui incite les Jésuites à introduire cette demande auprès du prince-évêque.[1] Une autorisation de bâtir était absolument requise parce qu’il était interdit de construire sur la colline de Chèvremont. Cette interdiction, après avoir relevé d’une tradition orale qui paraît fort ancienne, a été consignée dans un règlement de litige daté du 6 février 1660. »Mon correspondant renseigne, fort à propos, aux lecteurs qui souhaitent en savoir davantage d’où viennent ses informations et recommande cette étude : M. LAFINEUR-CREPIN, La chapelle et la statuette de Notre-Dame, dans Chèvremont, un tricentenaire, un millénaire, 987-1688-1988, Actes du colloque tenu à Chèvremont le 22 avril 1988, dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. C (1988), p. 90 note (4).
Monsieur Bastin, de Heyd, nous apporte des informations et des anecdotes plus contemporaines :

« La dernière fois que je suis allé en pèlerinage là-bas, c’était en mai 1951, soit au lendemain de la communion solennelle (faite à Amercoeur) de mon cousin Nico, le fils de Nicolas Petit-Biquet (souvent évoqué dans La Petite Gazette). En ce qui me concerne, j’ai fait ma communion solennelle (au Quartier du Laveu) le 7 mai 1944, précisons-le bien, sous les bombes anglo-américaines qui, fort généreusement, pleuvaient alors sur Liège pour faire croire aux Allemands que les Alliés allaient débarquer dans le Pas-de-Calais (Mystification totalement réussie); et, le lendemain, soit le lundi 8, je suis allé, selon la tradition bien implantée à Liège, en pèlerinage à ND de Chèvremont, avec toute ma famille. J’ai ainsi dû, assez péniblement, gravir ce dur Chemin de croix (rue de Chèvremont, je pense) qui conduit à la basilique en question. Après tout cela, nous avons tous été dans les petits restaurants avoisinants afin de manger, selon une coutume alors bien établie, une bonne fricassée au lard. Bien que ce fût alors la guerre, ces restaurateurs, élevant poules et porcs, n’avaient, apparemment, aucun problème de ravitaillement en ce domaine. Je ne pense toutefois pas, mais n’en suis pas plus sûr que cela, avoir alors vu, en cette période terriblement troublée, d’échoppes de camelots, sur mon chemin.

Rappelons, avant de conclure, qu’était organisé annuellement, à ND de Chèvremont, le pèlerinage des Sportifs auquel participait toujours, entre autres, et de fort bon cœur, mon oncle Nicolas qui n’était pourtant pas calotin du tout. Disons enfin que le tout grand champion cycliste italien Gino Bartali (qui, lui, était, je pense, plus ou moins apparenté à S.S. le Pape Pie XII) ne ratait jamais l’occasion d’aller rendre une petite visite à ND de Chèvremont, chaque fois qu’il se trouvait dans l’agglomération liégeoise. »

 

La Petite Gazette du 14 mai 2008

ON SAIT MAINTENANT COMMENT S’APPELLE CET OBJET…

001 (2)Monsieur Marcoty sera ravi d’apprendre le nom de ce petit objet avec lequel il jouait quand il était enfant.

Mme Josée Heine, de Strée, se souvient : « C’est à la saint Macrawe, au moment des fêtes du 15 août, en Outremeuse, que nous jouions avec notre « caboulette ». La nuit c’était encore mieux car le feu dans cette vieille boîte en fer blanc trouée se voyait beaucoup mieux.

Pour nous, enfants, c’était un jeu, un rituel ; nous n’en connaissions pas l’origine. »

 J. Vrancken, de Ferrières, nous écrit pour nous confirmer que « les gamins des rues, dont je faisais partie, précise-t-il, s’en servaient à l’occasion de « saint Macrawe » en Outremeuse et Amercoeur, imitant les « encenseurs» lors des nombreuses professions de l’époque. Nous appelions cet objet une « Cabolette». Je me souviens que nous y mettions des morceaux de « scapulaire », ce produit enflammé dégageait, à notre grande joie, une abondante fumée. »

Très intéressant, mais j’aimerais bien savoir ce qui se cachait sous cette étonnante appellation de « scapulaire »…

Monsieur G. Gerkens, d’Embourg : « Dans le quartier où j’ai passé mon enfance et mon adolescence, cet objet était désigné sous le nom de « caboulette ». Il s’agissait effectivement d’une vieille boîte à conserve, percée de plusieurs trous, dans laquelle on faisait un feu avec les mêmes matériaux que ceux dont on se servait pour faire le feu dans la cuisinière familiale. I1 s’agissait bien dans notre quartier d’un jeu. On utilisait cette « caboulette » comme un encensoir, balancé vigoureusement d’avant en arrière pour entretenir le feu, le rougeoiement des braises, la fumée sortant par les trous pratiqués dans la boîte. Cela se passait au quartier des Vennes, paroisse Saint-Vincent. Si mes souvenirs sont exacts, il y avait une saison pour cela, un peu comme le printemps voyait le retour des jeux de bille, l’automne ou l’hiver voyait le retour des caboulettes. »

Un grand merci à mes trois correspondants pour ces souvenirs.

A PROPOS DU PELERINAGE A N-D DE CHEVREMONT

Monsieur Gerkens, d’Embourg, a réuni pour vous quelques intéressantes informations :

« D’après ce que nous raconte la brochure éditée à l’occasion du centenaire de la dédicace de la Basilique de Chèvremont, la « sainte colline « fut le pèlerinage liégeois par excellence à l’occasion de la Semaine Sainte, le lundi de Pâques, les lundis du mois de mai ( lendemain des communions solennelles ), des milliers de pèlerins se relayaient sans cesse. Près de la chapelle, des marchands d’objets pieux proposaient chapelets, bougies, médailles.

Les jeunes filles en quête d’époux allaient prier là-haut sans leur fiancé, car ce serait de mauvais augure pour leur couple. Un dicton assurait que si on montait la colline à deux, on la redescendait seul. De fait, les jeunes gens attendaient leur promise au pied de la montagne en consommant plus d’une goutte de péket.

La nourriture solide se composait d’une « clapante « fricassée de 2 œufs, un morceau de lard, un morceau de saucisse, un morceau de tarte au riz comme dessert avec une tasse de café très noir. C’est cette formule que perpétuent les Chevaliers de la Fricassée.

Les conscrits soucieux d’être exemptés du service militaire s’y rendaient pour implorer la protection de la Vierge. Les lavandières et les cloutiers se retrouvaient pour se placer sous l’égide de notre dame.

Quelques grands pèlerinages

1913 : 225e  anniversaire de la chapelle

1919 : 20.000 pèlerins viennent remercier la Vierge de les avoir protégés pendant la guerre

1956 : 27 mai, pèlerinage international pour la paix dans le monde

1960 : 26 juillet : prières pour le Congo.

C’est la publicité faite autour des apparitions de Banneux en 1933, les difficultés d’accès, l’insuffisance des structures d’accueil restées au stade du 19e  siècle ainsi que le déclin de la pratique religieuse qui verra diminuer la fréquentation de grands pèlerinages à Chèvremont.

Reste le pèlerinage des sportifs wallons, né en 1938, issu d’une rencontre entre le coureur cycliste Romain Maes et le père Van Clé, aumônier des sportifs.

Interrompu par la guerre, il reprendra en 1942, sous l’impulsion de Georges Tilman journaliste à la Gazette de Liège et au Journal des Sports.

Quelques célébrités ayant participé à ce pèlerinage : E. Merckx, Kid Dussart, Auguste Mingels, Louis Carré, Jean Michel Saive, Jean Brankart et enfin Gino Bartali qui a contribué au financement du tableau des Fastes où il est d’ailleurs représenté près du pape Pie Xll.

C’est en 1953 qu’un bref pontifical de Pie Xll nomma Notre Dame de Chèvremont Patronne des Sportifs Wallons. Pour cette raison, des souvenirs matériels tels que maillots, coupes, ballons, etc. sont déposés dans la chapelle.

Notons enfin que la montée par le thier permet de découvrir les « potales » illustrant les mystères douloureux de la Vierge, plusieurs fois vandalisées mais chaque fois restaurées avec le concours des autorités communales, les « Amis de Chèvremont », les artistes calidifontains qui offrent une de leurs oeuvres.

Bref, même si c’est plus discrètement, Chèvremont et le culte de Notre Dame sont toujours bien vivants. »

Un immense merci pour toutes ces précisions.

Mme Dohogne, de Grand-Halleux, a gardé en mémoire un souvenir lointain de Chèvremont :

« J’étais encore une toute petite fille. Une fois par an, et un jour seulement, mes parents et nous, les 4 enfants, nous nous rendions à Chèvremont. Mes parents tenaient beaucoup à faire ce mini-pèlerinage.

Là, il y avait… en bas et …en haut !

Mes parents, avec les 2 aînés montaient pour prier, laissant les 2 petites, dont moi, en bas. Là, il y avait un ou des carrousels et de la tarte. J’ai le souvenir précis de cette si bonne tarte aux prunes. Hélas ! J’ai été piquée dans la bouche par une guêpe posée juste sur la bouchée que je mangeais…

Sans doute ai-je pleuré ou hurlé. Je n’ai pas le souvenir de ce qui s’est passé alors; je sais seulement qu’on s’est empressé autour de moi pour me soulager… »

 

La Petite Gazette du 4 juin 2008

NOTRE-DAME DE CHEVREMONT

Manifestement ce haut lieu de pèlerinage liégeois vous a laissé bien des souvenirs que vous aimez évoquer.

C’est aujourd’hui au tour de Monsieur Robert Pochet, né au pied du calvaire, de s’exprimer :

« Ma grand-mère, Mme Thérèse Collard, tenait ainsi une échoppe installée, suivant le mois, tantôt à gauche, tantôt à droite, de la chapelle. Mon père, Henri Pochet, récoltait la cire des bougies et en refabriquait dans sa cave. Il remontait tout le calvaire, à pied, le lendemain dès 7h.,  avec tout le matériel. Le soir, aux environs de 20h. les objets religieux étaient rentrés dans un coffre et placés à l’intérieur de la chapelle.   Quand j’étais enfant, les pèlerins pouvaient, chez moi, assouvir un petit besoin avant de monter le calvaire.

Dans les années cinquante, Notre-Dame de Chèvremont rassemblait des milliers de pèlerins, y compris le pèlerinage des sportifs chaque année au mois de mai. A quelques pas est érigée une petite chapelle dédiée à sainte Begge, invoquée contre les rhumatismes ; de nombreux pèlerins y nouent divers objets (mouchoirs, foulards, lacets…) afin d’obtenir la guérison.

A l’époque, au pied du calvaire, se trouvaient, dès 7 heures du matin, des mendiants qui recueillaient l’aumône jusqu’à 20 heures.

La succulente fricassée pouvait être dégustée à « la maison blanche », tenue par Germaine Lay et au « Saint-Antoine » tenu par M. Magnée, entre la première et la deuxième station. Pour les gourmets, à l’heure actuelle, une brasserie réalise encore la fameuse fricassée.

Fait très important, lors de la guerre 40-45, une bombe est tombée juste devant la chapelle, elle n’a rien endommagé. Les pèlerins y ont vu le signe d’une grande protection de la Vierge. Aujourd’hui, l’endroit où la bombe est tombée est indiqué par des cailloux blancs.

Ce sont des bénévoles qui s’occupe de l’entretien des lieux. Dernièrement, ils ont restauré les caves voûtées de la basilique et aménagé différentes petites chapelles permettant ainsi à toute personne de se recueillir dans le calme et la paix.

Rappelons que la basilique a été érigée à l’emplacement  d’un antique château fort. »

Merci pour toutes ces informations et ces souvenirs.

PEKET, ROI DE LA FÊTE

LE NOUVEL OUVRAGE DE MARC LAMBORAY :

PÈKÈT ROI DE LA FÊTE, COMPAGNON DU TRAVAIL, MAÎTRE DES TRADITIONS

Marc Lamboray est loin d’être un inconnu, mentor des Hèyeus d’Sovnis de l’Athénée Royal d’Aywaille il a plongé ses nombreux élèves dans les traditions et les souvenirs régionaux et leur a permis d’être les co-auteurs de quatre ouvrages très intéressants. Passionné de folklore et de tradition populaire, Marc Lamboray s’est ensuite penché sur les contes et légendes de l’Ourthe-Amblève pour en étudier les nombreuses versions et variantes avant de se lancer dans une minutieuse recherche sur les traces laissées par la présence du loup dans nos contrées. En plus des divers ouvrages qu’il a publiés, Marc Lamboray a commis de nombreux articles sur notre folklore authentique dans plusieurs revues réputées. Il nous présente aujourd’hui une remarquable et très fouillée étude sur le pèkèt, son importance dans nos traditions et dans son rôle social, qu’il articule autour de quatre grands thèmes : le pèkèt alcool du peuple, le pèkèt au travail, le pèkèt dans les fêtes et le pèkèt dans les coutumes et les traditions.

cover pèkèt

Marc Lamboray vous emmène dès lors dans les nombreux cabarets, même les clandestins, que comptait notre région et qui servait les « gouttes » dans de petits verres désigné sous divers vocables : bas-cou, plat-cou, gendarme ou hèna.

Il vous guide ensuite sur les chantiers, dans les ateliers et les usines où on boit alors au travail avec les conséquences, souvent désastreuses,  que l’on peut imaginer : accidents de travail,  absences, paupérisation… Il évoque évidemment la célèbre loi Vandervelde qui, dès 1919, freine sérieusement le fléau sans le faire disparaître car le pèkèt continue à saluer la fin du travail des maçons, à faire partie du salaire du tueur de cochons ou à sceller le contrat du maquignon. Un important chapitre est consacré au caractère festif du pèkèt tout en précisant d’emblée que, déjà, il accompagne n’importe quel loisir : pêche, tenderie, cartes… Il célèbre toutes les fêtes paroissiales, patronales ou laïques mais également la plupart des fêtes calendaires, il est par exemple très présent à la Nouvelle Année et à l’Epiphanie. Il réchauffe les cœurs à la saint-Antoine que ce soit à Nonceveux ou à Blehen, il règne en maître au carnaval… Il est de toutes les étapes de la vie et jusqu’à la mort, mais surtout à l’heure des fiançailles et du mariage.  Bien entendu, il est évidemment omniprésent à certaines manifestations folkloriques ou ponctuelles : les marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse, les processions, les pèlerinages.

Les traditions régionales conservent toujours de nombreuses traces de l’importance prise par le pèkèt dans les relations sociale, ainsi est-il très impoli de refuser le pèkèt qui vous est offert comme il est inconcevable de ne pas le servir à un visiteur. Ce breuvage est également très présent dans de nombreux remèdes de médecine populaire et, personne ne s’en étonnera, le plus souvent dans des remèdes à boire ! Le souvenir de son importante présence dans la gastronomie populaire est heureusement entretenu par plusieurs confréries

Notre pèkèt était donc, en toute circonstance, symbole de paix, de fraternité et de solidarité. Ne le condamnons donc pas trop vite pour les méfaits que ses excès ont fatalement engendrés.

Je vous engage vivement à acquérir ce très bel ouvrage (et je ne parle même pas de sa remarquable couverture ) vous plongeant au cœur même de nos traditions locales. Il est co-édité par le Musée de la Parole en Ardenne à Marche-en-Famenne et le Musée en Piconrue à Bastogne, compte 140 pages richement illustrées au format 23cm X 20,5 cm est vous est actuellement proposé avec une offre promotionnelle alléchante : 20€ au lieu de 25€ dès le 1er décembre 2018. Pour l’acquérir, il vous suffit d’adresser un versement bancaire 25,50€ (frais d’emballage et de port compris) au compte BE25 0682 0073 7382 du Musée en Piconrue 6600 Bastogne avec la communication « Pèkèt Roi de la fête ».

VIENT DE PARAÎTRE : LAVANDIERES, DENTELLIERES et Cie

LAVANDIERES, DENTELLIERES et Cie – LE TRAVAIL DES FEMMES

C’est sous ce titre que vient de paraître le quatrième et superbe ouvrage de cette collection créée par le Domaine provincial du Fourneau Saint-Michel. Après Marmites, cocottes et Cie, Cheval, Tracteur et Cie et Bûcherons, sabotiers et Cie, Laure Gloire et Justine Fontaine se sont penchées sur le travail des Ardennaises des XIXe et XXe siècles pour nous proposer, une nouvelle fois, un ouvrage absolument remarquable tant par la précision et la rigueur de la recherche, que par la très intéressante iconographie inédite ou la qualité de la mise en page et de la réalisation du livre.

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Dès la première phrase de leur introduction, les auteures donnent le ton de leur travail :

« Au XIXe siècle, on ne considère pas la femme comme une personne à part entière : elle est entièrement soumise à l’homme, qu’il s’agisse de son père, de son mari ou du prêtre. » Ce livre se veut un hommage à toutes les femmes dont les pénibles labeurs, ajoutés à leurs missions de ménagère et de maman, n’étaient ni reconnus ni, souvent, rémunérés.

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Après avoir planté l’édifiant décor dans lequel évoluent les femmes en province de Luxembourg au XIXe siècle, Laure Gloire et Justine Fontaine vous guident dans les écoles ou au sein des Cercles de Ménagères rurales à la recherche des jeunes filles d’alors, à une époque où il est communément admis « qu’il est inutile que la femme soit instruite ! »

Au gré de l’impressionnante moisson des témoignages et documents glanés par les auteurs, vous partirez ensuite à la rencontre des multiples tâches dévolués aux femmes, en commençant par les travux ménagers. Les plus jeunes seront sans doute effarés en étant confrontés aux objets et ustensiles faisant le quotidien de leurs aïeules pour le ménage, la lessive, le repassage… Vous vous verrez rappeler leurs trucs et astuces pour faire « durer » le linge le plus longtemps possible, les recettes économiques pour nourrir la famille et la mise à profit de toutes les ressources offertes par la nature ou le petit élevage.

Ensuite, vous serez invités à vous confronter à tout ce qui s’ajoutait à leurs nombreuses tâches quotidiennes et, principalement, en nos régions rurales, leur implication dans les travaux de la ferme : la basse-cour et les jeunes animaux, guetter les mises-bas, mener et ramener les bêtes à la pâture ou au point d’eau, se charger de la traite puis de la confection du beurre à la baratte. Ce sont également les femmes qui, généralement, s’occupent du potager. Elles sont également requise pour de nombreux travaux aux champs lors de la fenaison ou de la moisson bien sûr, mais aussi pour planter, buter et récolter les pommes de terre…

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Une part importante de ce bien bel ouvrage est évidemment consacrée aux métiers exercés par les jeunes filles et les femmes en dehors du giron familial. Nombreuses sont celles qui furent employées dans les familles nanties de l’époque où elles faisaient partie de la domesticité : cuisinières et filles de cuisine, femmes de chambre et filles de quartier, gouvernantes, bonnes  d’enfant ou bonnes à tout faire… Les auteures vous guident ensuite dans ce qu’elles appellent les métiers du fil : couturières, repriseuses, modistes, sans oublier les dentellières, la dentelle étant une spécialité marchoise. Vous serez ensuite confrontés aux métiers liés au commerce, qu’il soit fixe ou ambulant ; en effet, en 1880, les femmes représentent près de 40% des commerçants ambulants et elles circulent, de village en village, une pesante hotte sur le dos.

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Vous éprouverez sans doute un peu de nostalgie en découvrant les devantures, l’intérieur et le matériel présent dans les petites épiceries de nos villages. Deux chapitres importantes, eux aussi remarquablement documentés, ponctuent ce livre indispensable ; celui consacré au corps médical, plus précisément aux infirmières et aux sages-femmes et, enfin, celui consacré aux institutrices exerçant un véritable sacerdoce dans les écoles de nos villages.

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Ce livre compte 208 pages déclinées en 9 chapitres. Il est remarquablement illustré : les photos de plus de 300 pièces extraites des réserves du Musée du fourneau saint-Michel, auxquelles s’ajoutent plus de 130 photos anciennes et 23 reproductions de documents anciens (factures, carnets, lettres…). Cette riche iconographie est également soutenue par de très nombreux extraits de témoignages recueillis par les auteures.

Ce livre est donc à réclamer à votre libraire sans la moindre hésitation.

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LA FABRIQUE NATIONALE (F.N.)- SES DIFFERENTS SIGLES ET CERTAINES DE SES PRODUCTIONS

La Petite Gazette du 23 janvier 2013

SUR QUOI ÉTAIT APPOSE CETTE PLAQUE DE BRONZE PORTANT LE SIGLE FN ?

Monsieur Jean-Pierre Beaufays, dont vous avez souvent l’occasion d’apprécier les connaissances en matière de véhicules anciens, fait appel à vous pour tenter de percer ce qui constitue un mystère pour lui. Aussi espère-t-il que les spécialistes de la F.N. se pencheront sur le sujet. Il vous soumet cette photo d’une plaque en bronze coulé avec le logo FN en relief que lui a donnée, il y a quelque temps, un ami qui connaissait sa passion pour les véhicules anciens.

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Mon correspondant précise : « Ses dimensions sont de 17 X 13 cm et son épaisseur de 5 mm.

A ma connaissance, elle ne provient d’aucun véhicule terrestre mais peut-être devait-elle être fixée sur du matériel industriel ou ferroviaire.

Cet objet ne doit pas être très rare car j’en ai déjà vu d’autres exemplaires sur des brocantes.

Curieusement, elle n’est percée par aucun trou de fixation mais peut-être provient-elle d’un ancien stock qui n’a jamais été utilisé.

J’espère que, parmi les lecteurs de La Petite Gazette, un spécialiste de la FN pourra nous en dire plus. »

Je l’espère également et vous demande de me communique tout ce que vous savez sur le sujet.

La Petite Gazette du 6 février 2013

CE SIGLE « F.N. »

Monsieur Martin Huwart, de Ville-au-Bois, est le premier à nous transmettre son avis à propos de ce sigle et nous l’en remercions.

A propos du sigle FN, je pense que ce logo « Art déco » était en service exclusivement pour la division « Armes et munitions ». On le retrouve sur les plaques de couche des pistolets Browning faits à Liège et ce logo est aussi en première page du livre-souvenir des premières 25 années de la FN dont j’ai un exemplaire.

  1. Beaufays a tout à fait raison, tous les véhicules terrestres (vélos/motos/voitures) avaient un logo différent, montrant un pédalier croisé avec un fusil entre les lettres FN. Ce pédalier sera plus tard stylisé et le fusil disparaitra.

Je pense que cette plaque est tout bêtement une décoration d’étalage, distribuée aux différents armuriers, d’où l’absence de trous pour la fixer. Je crois me souvenir d’un tel truc dans la vitrine de BURY-DONCKIER au Passage Lemonnier dans les années 1950-1953.

Je suis curieux d’avoir d’autres commentaires. »

La Petite Gazette du 13 février 2013

A PROPOS ENCORE DE CE SIGLE FN

C’est au tour de monsieur Alexandre Steenebrugen, de Warre-Tohogne, d’apporter une réponse à M. Beaufays:

“Il s’agit là du logotype de la fabrique créé en 1906 et qui fut apposé sur des armes, cycles, automobiles et, occasionnellement, sur divers produits. Vu la taille et la matière de la plaque détenue par M. Beaufays, il pourrait s’agir d’une garniture de calandre d’auto qui, en même temps, indiquait la marque de celle-ci.

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Ce logo fut encore imprimé, il y a quelques années (1970 – 1980) sur des boîtes d’emballage de cartouches de chasse.”

 

La Petite Gazette du 20 février 2013

ENCORE CE SIGLE F.N.

C’est au tour de Monsieur Robert Mignon de nous transmettre, depuis le Sud de la France, un avis éclairé sur cette question :

« Mon neveu m’a transmis un article de presse relatif au sigle FN et, un appel à des informations complémentaires ; Ayant fait toute ma carrière dans ce groupe, je me suis un peu piqué au jeu et, j’ai effectué quelques recherches. Vous trouverez ci-joint l’évolution du sigle au fil des années. (page 170 du livre d’Auguste Francotte et Claude Gaier « FN 100 ANS »)

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A mon avis, contrairement à ce qu’affirme Monsieur Huwart, le second sigle n’est pas Art Déco (puisque créé en 1906) mais, il serait plutôt issu de l’Art Nouveau et probablement du courant porté par Victor Horta. Il a été introduit au moment de la commercialisation des automobiles. Probablement, pour donner une image plus large de l’entreprise en se différenciant du premier (où figuraient un fusil et un pédalier rappelant que la FN fabriquait principalement des armes et des cycles). Je pense que les différents sigles « FN » ont été utilisés sans répondre à une véritable stratégie de marque. Même si celui intégrant le pédalier (très stylisé par la suite) est resté plus attaché à la division « Sports » et plus particulièrement aux motos. Mon ami Claude Gaier, Directeur du Musée d’Armes et « historien retraité de la FN » pourrait certainement en dire beaucoup plus que moi.

Pour la petite histoire, j’ai possédé pendant des années une de ces magnifiques petites plaques ovales en métal émaillé, frappée du sigle en lettres dorées sur fond noir et, munie au dos de deux tiges filetées qui permettaient sa fixation sur des objets et, notamment sur des automobiles. J’espère que ces informations vous aideront dans vos recherches. »

La semaine prochaine, nous découvriront encore d’autres développements à cette enquête.

La Petite Gazette du 27 février 2013

ENCORE LE SIGLE F.N.

Monsieur Raymond Gillet réagit aux propos parus dans La Petite Gazette du 14/02/2013. « Monsieur A. Steenebrugen a tout à fait raison, concernant l’utilisation du logo « FN » sur les emballages de cartouches de chasse. Vous trouverez en annexe le logo sur une partie d’emballage que j’avais conservé et, sur cette partie figure aussi le numéro de référence à utiliser en cas de réclamation. Un puriste pourra peut-être nous éclairer sur la date correspondant à  » 4 Q 4 H 4″.

Cartouches Legia

Pour revenir à cette demande d’identification, il apparait  que la FN  fabriquait elle-même certaines de ses machines-outils, trop spécifiques pour les trouver dans le commerce. La plaque en question est  une marque de fabrique apposée sur ces machines-outils,  ce que m’a confirmé un ancien de la FN. Il semble que cette plaque était apposée aussi sur des machines conçues par la  FN, mais fabriquées pour elle aux USA à Milwaukie et /ou Cincinati.

Ces plaques étaient vissées sur les bâtis des machines .Les trous étaient  forés selon l’état de surface de l’emplacement car c’était brut de fonderie, donc il était rare de trouver une surface plane. Début du siècle dernier, voire  même avant, la FN pour l’usinage de ses produits fabriquait ses machines car pour les  pièces d’armes, cela était tellement complexe, qu’elle n’en trouvait pas sur le marché. Cette plaque en bronze, qui fait quand même 170 mm de large, 150 mm de haut et entre 5 et 10 mm  d’épaisseur, servait simplement comme marque de fabrique vissée sur le châssis. Voici une photo d’une de ces ancêtres datant de 1920.

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L’ancien de la F.N. interrogé par M. Huwart lui a expliqué que : « C’est la plus petite machine que j’ai connue, fabriquée à la FN. (Voir le sigle fixé dessus), C’est le modèle A1 ou FN10 avec déplacement manuel de la table. Il faut remarquer que cette machine n’a pas de moteur pour faire tourner le mandrin. A cette époque il y avait des manèges (moteurs et axes) en sous – toitures des halls et des courroies qui descendaient vers chaque machine cela ressemblait à une jungle. Il y avait d’ailleurs  un métier de « courroyeur  » à la FN qui ne faisait que de remplacer ou remettre en place les courroies sur les poulies.

Quand je suis entré à la FN, comme régleur,  le parc machine était encore composé à +- 80% de ces machines qui heureusement  avaient un peu évolué , moteurs électriques pour la FN 10, déplacement automatique de la table pour la FN 11 , FN 12, FN 15, FN 16 ( double broche) etc…. et puis des machines plus modernes fabriquées spécifiquement pour la FN par Milwaukee ou Cincinnati »

Merci pour cette passionnante enquête.

 

La Petite Gazette du 13 mars 2013

ENCORE UN SIGLE FN…

Monsieur Daniel Coûteaux, d’Embourg,  sollicite votre aide pour compléter les informations d’un musée suisse… Il vous explique pourquoi :

« Une de mes filles, en vacances en Suisse – dans le Valais – visite un jour une fonderie de cloches. Elle en fait un beau reportage : photos et vidéos. Mettant son nez  – pardon, son objectif –  un peu partout, elle trouve un vélo, un tout vieux modèle, mais tout beau ! Avec étonnement elle y repère un ancien sigle de la FN.

Le fondeur de cloches est tout content et heureux d’apprendre d’où provient ce mystérieux vélo (bicyclette, devrais-je dire) ramassé(e) dans une déchetterie. Il l’a remis à « neuf », avec des nouveaux pneus (neige, bien entendu) et il roule. Tout cela, par simple plaisir de redonner vie à une vieille chose. Votre rubrique permet à ma fille de dater le logo : 1902 !

Elle va en informer le fondeur de cloches ; mais après avoir approfondi l’historique de cette vieille pièce avec, espère-t-elle, l’aide des lecteurs et des gentils correspondants de la Petite Gazette, leurs connaissances et leur documentation.

Sur son beau support, cet ancêtre va bientôt se retrouver dans une vitrine ! Et … en Suisse ! Comment donc est-il arrivé si loin ? Armée suisse … ? Merci de nous aider à éclaircir son histoire. »

La Petite Gazette du 27 mars 2013

A PROPOS DE CE VELO FN PRESENT DANS UN MUSEE SUISSE…

Ce vélo liégeois dans un musée suisse a également retenu votre attention.

Monsieur Emile Perrot nous indique qu’il possède : « l’une ou l’autre information sur le vélo FN qui se trouve dans un musée en Suisse. Les vélos FN avaient un numéro de cadre frappé sous le pédalier. Les vélos FN construits en 1903 avaient un N° compris entre 6000 et 9999.

Je n’ai malheureusement pas les N° des autres années. Ce vélo est un vélo de type acatène (appelé aussi chainless), c’est-à-dire qu’il utilise non pas une chaine de transmission mais bien un arbre et un couple conique! »

Monsieur Jean d’Olne intervient à son tour :

« La « vieille bécane » retrouvée en Suisse a tout de la pièce de collection. En effet, l’original de la photo publiée montre qu’il s’agit d’un vélo de type « acatène », utilisant une transmission par cardan. Ce système avait l’avantage d’être totalement renfermé, évitant aussi bien les taches de cambouis que les sauts de chaîne ou l’accrochage du bas de pantalon.

Autrefois, le système était mono vitesse, ce qui a sans doute contribué à sa disparition. Il y a une quarantaine d’années, j’en avais découvert deux (homme et femme) dans l’extraordinaire accumulation de « trésors » rassemblés par feu le notaire Delrée, de Theux. J’ai tout fait pour en acheter un, mais le brave homme a jugé préférable d’en faire don à la FN … où ils sont allés s’ajouter à toute une série d’engins similaires gardés en réserve pour le musée de la firme.

De nos jours, on trouve de timides essais de réintroduction, principalement pour des vélos de ville. La technique moderne a permis d’utiliser un changement de vitesse dans le moyeu, résultant en vélos acatènes à 6 vitesses. J’imagine que le poids et le coût n’en faciliteront pas la diffusion. J’ajoute une photo de détail qui illustre bien l’aspect de cette transmission. »

FN-acaten__

Enfin, voici les commentaires de Monsieur Raymond Gillet, de Nandrin. « Ce vélo serait de 1904 ou 1905. Vélo FN « CHAINLESS » Type-C 55 (« sans chaine – à cardan »). Remarquez la poignée du seul frein, à droite du guidon; poignée en forme de cuillère ou coquille. Par un système de renvoi accolé à l’axe du guide-fourche la baguette ou tige de frein était munie à son extrémité d’un patin central qui agissait « sur le pneu. A l’origine le garde-boue avant, en bois, commençait seulement à partie du guide-fourche. (Ce qui ne semble pas être le cas sur la photo). Les deux garde-boues étaient constitués d’une lamelle de bois cintrée. Il existait également un modèle « Dame ».”

La Petite Gazette du 2 mai 2013

LA F.N. ET L’AGRICULTURE

Monsieur François Depaye, de Saint-Séverin, aimerait évoquer un aspect, aujourd’hui révolu, de la production de La Fabrique Nationale pour l’agriculture, en vous présentant deux documents. Le premier est une page extraite du catalogue publié à l’occasion du 34e Salon de machines et produits pour l’agriculture, qui s’est tenu aux Grands Palais du Cinquantenaire à Bruxelles, du 14 au 21 février 1954. C’est une publicité vantant les mérites de la machine à traire FN.

machine à traire

Le deuxième document est une photo présentant un électrificateur de clôture sur secteur (date de fabrication inconnue).

electrificateur FN

 

 

 

 

 

Il serait évidemment intéressant d’apporter des précisions sur cette production particulière et moins connue de la FN. Merci d’y contribuer.

 

La Petite Gazette du 26 juin 2013

REVOICI LE FAMEUX VELO ACATENE DE LA F.N.

Monsieur Pierre Baré, Vice-Président du Musée communal de Herstal, ayant appris que la Petite Gazette s’était intéressée à ce type de vélo, signale à tous les lecteurs intéressés que le Musée de Herstal possède un exemplaire de ce vélo :

« C’est en 1896 que la F.N. se lança, pour une période de 30 ans, dans la fabrication de bicyclettes et, en 1898, qu’elle inventa le vélo « acatène » où la chaîne de transmission était remplacée par un pignon.»

Monsieur Bernard Robinet, de Theux, est, lui aussi, propriétaire d’un de ces vélos. Il m’en adresse cette photographie

velo acatène

Mes deux correspondants me transmettent le même document qui, bien mieux qu’un long discours, explique très précisément comment fonctionnait ce vélo sans chaîne dénommé « Chainless F.N. »

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Un grand merci à mes deux correspondants pour l’intérêt qu’ils portent au contenu de la Petite Gazette alors que, pourtant, ils ne résident pas dans sa zone de distribution…

PRINDEZ VOSSE BASTON SIMON ET LES CRAMIGNONS

La Petite Gazette a permis, permet toujours, de se remettre en mémoire quelques éléments essentiels de notre patrimoine dialectal. Grâce à vos interventions, de passionnants développements ont été recensés au départ de vieilles chansons notamment. En voici un bel exemple, mais vous en connaissez bien d’autres sans doute, il ne tient qu’à vous de les partager avec la communauté des lecteurs.

La Petite Gazette du 12 janvier 2011

CONNAISSEZ-VOUS LES PAROLES DE CE CRAMIGNON ?

Monsieur André Leroy, de Ciney, vous demande de faire un petit effort de mémoire, ou de recherche dans votre documentation, pour l’aider à reconstituer les paroles de ce cramignon célèbre « Prindez vosse baston ? Simon, es minez ben l’cramignon »

Pour vous mettre sur la voie, il a rassemblé les quelques bribes de paroles dont il se souvient, tout en précisant qu’elles ne sont peut-être pas dans l’ordre…

Perindez vosse baston, Simon, es minez ben l’cramignon

Il a on’ tiesse come on boulet d’canon, Simon

Il a on vint’ come on satche à laton, Simon

Il a deux ouyes come deux pourris ognons, Simon

L’a on minton qu’on y djourit l’violon, Simon

Il a deux… come deux quawes di ramon, Simon

Merci de venir en aide à ce lecteur en signalant, à votre tour, à La Petite Gazette ce dont vous vous souvenez.

 

La Petite Gazette du 2 février 2011

VOUS CONNAISSIEZ EVIDEMMENT : PRINDEZ VOSSE BASTON SIMON 

Mesdames Lucienne Gaspard, d’Erezée ; et Odette Renard, d’Ocquier ; MM. Jacques Bastin, de Heyd ; Marcel Courtoy, F. Edeline, de Tilff ; Roger François, d’Esneux ; José Gathon, de Sougné-Remouchamps ; Roger Hourant, de Nandrin ; Jean Ninane, d’Esneux et Jean-Claude Paquay, de Boncelles ; ont eu la gentillesse de répondre à l’appel qui vous était lancé. Voici donc les paroles de ce cramignon :

Prindez vosse baston, Simon

C ’è-st-å Pont d’-s-Åtches, c’è-st-ås nouvès mohons, Simon,

Qu’i-gn-a-t-in-ome qui ravise on påvion, Simon.

Prindez vosse baston, Simon, èt s’ minez nosse cråmignon.

2 Qu’i-gn-a-t-in-ome qui ravise on påvion, Simon,

Il a deûs djambes come dès pîces å hoûbion, Simon.

Prindez…

3Il a deûs djambes come dès pîces å hoûbion, Simon,

Il a on vinte come on sètch a laton, Simon.

Prindez…

4 Il a on vinte come on sètch a laton, Simon,

‘l a on minton qu’on-î djowereût l’ violon, Simon.

Prindez…

5 ‘l a on minton qu’on-î djowereût l’ violon, Simon,

Il a deûs-oûy come deûs poûris-ognons, Simon.

Prindez …

6 Il a deûs-oûy come deûs poûris-ognons, Simon,

Il a deûs brès’ come dès cowes di ramon, Simon.

Prindez…

7 Il a deûs brès’ come dès cowes di ramon, Simon,

Il a-st-ine tièsse come on boulèt d’ canon, Simon.

Prindez…

8 Il a-st-ine tièsse come on boulèt d’ canon, Simon,

Il a-st-ine boke come on fôr å floyon, Simon.

Prindez…

9 Il a-st-ine boke come on fôr å floyon, Simon,

Il a dès dj’vès come dèl linne di mouton, Simon.

Prindez…

10 Il a dès dj’vès come dès linne di mouton, Simon,

C’è-st-å Pont d’s-Åtches, c’è-st-ås noûvês mohons, Simon.

Prindez vosse baston, Simon, èt s’ minez nosse cråmignon

 

Sachant que les lecteurs aiment cela, ces aimables correspondants ont ajouté aux paroles transmises divers renseignements et souvenirs liés à ce cramignon. Ainsi M. Ninane se souvient que le curé Albert Simonis faisait chanter ces paroles au Patro d’Esneux, mais avec un refrain différent.

Monsieur José Gathon précise qu’il a découvert ces paroles dans un ouvrage intitulé « Recueil de crâmignons » (aux éd. La Roue Solaire, Bruxelles, 1944), il extrait de l’introduction d’Yvan Dailly les très intéressantes explications suivantes :

« Le cramignon est une chanson populaire de la région de Liège. C’est une chanson mais aussi une danse. Donc, une danse chantée. La chaîne des danseurs – un garçon, une fille…- forme une sorte de farandole joyeuse qui parcourt les rues de la ville, surtout les rues sinueuses, et pénètre même dans les habitations. Un homme est à la tête : c’est le meneur (li mineû). Vue d’en haut, cette chaîne donne l’impression d’un zigzag, comme la forme dentée d’une crémaillère. C’est d’ailleurs dans le vieux mot français « cramillon », en wallon « crâmâ », signifiant « crémaillère », qu’il faut trouver l’étymologie du mot « cramignon ».

Le cramignon, qui était encore dansé de façon régulière avant la guerre de 1914-1918, ne fait plus l’objet aujourd’hui (édition de 1944 !) que de manifestations organisées (par exemple par la « Compagnie Royale des Arquebusiers » à Visé. » (N.D.L.R. Aujourd’hui, le cramignon a retrouvé ses heures de gloire dans nombre de localités de la vallée du Geer.)

Monsieur Jacques Bastin a, lui aussi, vu resurgir bien des souvenirs liés à ce chant.

« J’ai appris ce chant, m’écrit-il, en 1947/48 à l’Ecole moyenne Félicien Beaufort, rue Jonfosse à Liège. Pour la petite histoire, je dirai que nous avions alors, encore et toujours, dans notre programme scolaire, des cours de musique (1 heure par semaine ; tout de même mieux que de nos jours !). Notre professeur était Monsieur José Quitin, dont le père avait une école privée de musique rue Chapelle-des-Clercs (à deux pas de la Place St-Lambert) à Liège. José Quitin, notre professeur, était une personne extrêmement dynamique. C’était une véritable force de la nature. Il avait monté à Jonfosse une chorale à 5 Voix constituée de TOUS les élèves des trois années de moyenne. Il dirigeait, avec grande maîtrise, à partir d’une petite estrade sur laquelle était monté son harmonium d’accompagnement, tout en surveillant étroitement chacun et prêt à intervenir avec l’énergie requise auprès des inévitables « troubleurs » qui étaient alors directement expulsés sans ménagement.

Sa connaissance du folklore chanté wallon et de l’histoire wallonne étaient absolument remarquables. C’est lui qui nous a appris, en wallon bien sûr, nombre de chants nés dans la Principauté de Liège. Nous chantions ainsi, entre autres beaux chants wallons, en wallon toujours : Li Tchant dè Walons, que nos parlementaires régionaux actuels ne savent chanter qu’en français : On croit rêver !!!!

Au cours de l’année 1948, je pense, il fut nommé professeur d’histoire de la Musique au Conservatoire royal de sa bonne ville de Liège. Il y a quelques petites années seulement, j’ai lu dans la presse, alors qu’il était largement âgé de plus de nonante ans, qu’il se décidait d’enfin déposer définitivement la baguette. Sa photo, reproduite dans l’article en question, montrait un homme encore très bien qui, pour moi, avait peu changé physiquement. »

 

La Petite Gazette du 23 février 2011

LES CRAMIGNONS

Mme Mariette Thibert, de Vaux-sous-Chèvremont, apporte à son tour une précieuse contribution relative aux cramigons liégeois.

« Le cramignon est essentiellement liégeois, mais on le trouve jusque dans la région malmédienne. La figure est celle de la farandole provençale, mais tandis que cette dernière est instrumentale, le cramignon est vocal. Comme les farandoleurs, les danseurs de cramignon, faisant la chaîne en se tenant par la main, s’avancent en une marche rapide, sautillante, à la suite du « mineû » (meneur), qui les entraîne à sa guise à travers les rues, les allées du jardin, voire les pièces de la maison, en chantant les couplets, repris en chœur, avec le refrain, par toute la bande.

Le cramigon, tel qu’on le signale à Liège dès le XVIe siècle, est une chanson simple, la chanson du peuple qui n’a cure d’une signification parfaite, se contente d’une idée générale et se préoccupe plutôt de retenir des harmonies faciles et sautantes.

Une disposition particulière aux cramignons en distiques est la répétition au deuxième vers du précédent, ce qui en réalité n’apporte qu’un seul vers :

  1. C’è-st-å pont d’s’åtches, c’èst a noûvès mohons, Simon,

Qu’i-gn-a-t-i-ome qui ravise on påvion, Simon.

    

  1.    Qu’i-gn-a-t-i-ome qui ravise on påvion, Simon.

            Il a deûs djambes come dès pîces å hoûbion, Simon.

 

Sur l’origine du mot, ma correspondante apporte les renseignements suivants :

Altéré de cramion :  -iyon

Ancien français « cramillon » prononcé « cramyon »

Le mot est dérivé de crama crémaillère.

Le trajet sinueux de la chaîne de danseurs évoque la dentelure du crama. »

Vraiment passionnant, merci beaucoup.

POURQUOI APPELLE-T-ON « CANADAS » LES POMMES DE TERRE?

La Petite Gazette du 5 mars 2008

POURQUOI DES CANADAS ?

Monsieur Evrard-Segers, de Leignon, se pose une question qui, à mon avis, a dû, un jour ou l’autre intriguer bien d’autres personnes.

« Pourquoi mon grand-père ainsi que les personnes de sa génération appelaient-ils quasi toujours les pommes de terre des « canadas ». S’agit-il d’une variété particulière de ce tubercule ou cette appellation se réfère-t-elle à autre chose ? »

Un coup d’œil au dictionnaire de Jean Haust m’apprend que ce terme désignait d’abord les topinambours avant d’être emprunté au wallon namurois pour désigner les pommes de terre. En effet, le wallon liégeois utilise plus fréquemment le mot « crompîre ». Il y a sans doute bien d’autres choses à dire à propos de ce nom. Pourrez-vous nous expliquer ce que vous savez à son propos ? D’avance, merci.  

La Petite Gazette du 19 mars 2008

POURQUOI DES CANADAS ?

Monsieur René Brialmont, sans doute intéressé par la question posée par Monsieur Evrard-Segers, de Leignon,  lui apporte des éléments de réponse en précisant qu’il le fait « sans prétention autre que celle de posséder quelques bouquins indispensables » Voici ce que ses bouquins lui ont appris :

« Effectivement, Jean Haust mentionne « canada » comme synonyme plaisant, par référence au Namurois, de « crompîre » dans l’Est-wallon (Liège), et Eugène Dethier, dans son dictionnaire wallon de Liège et de Hesbaye, (1994), mentionne le terme comme désignant un peuplier dans la Hesbaye-Ouest, ou une pomme de terre. Georges Themelin traduit aussi canada par pomme de terre dans son dictionnaire lorrain (gaumais) de 1999. Par contre, J.B. Dasnoy (dictionnaire wallon de la province de Luxembourg, 1856), ne le mentionne pas, ni Philibert Delmotte (Hainaut,1812) ni Cambresier ( Liège, 1787). Par contre, une vieille chanson namuroise des Wallons du Wisconsin dit clairement : » Dji m’fou d’çà, dj’a dès canadas…« . Il semble donc que le terme « canada » ait trouvé racine au XIXe S. dans la région de Namur, et qu’un linguiste namurois pourrait nous en donner l’explication historique.
Quant à « crompîres », c’est peut-être le terme européen le plus ancien qui désigne une pomme de terre, si on excepte « patate ». En effet, étymologiquement, une crompîre est une « grund-peer » (en allemand : poire de terre), ou « erdapfel » (aardappel en flamand): pomme de terre, et les premières cultures de plants de pommes de terre arrivant du Nouveau Monde se situent en Allemagne au XVIe S. Ceci dit, une « pomme de terre », était à l’origine un topinambour, et Parmentier généralisa le mot « pomme de terre » vers 1770-1780 à la patate. Ce dernier terme provient du mot espagnol batata, puis patatta, copiant le terme local d’Amérique centrale, puis patate, francisé par Champlain en 1601.(Larousse -Dictionnaire étymologique et historique du français, 1964 et 1993.) »

Merci pour cette recherche et pour en communiquer les résultats d’une façon si précise et si accessible.

La Petite Gazette du 26 mars 2008

LES CANADAS

Monsieur Raymond Gillet, de Nandrin, nous adresse quelques informations :

« Dans ma région (Bouillon), les pommes de terre s’appelaient, s’appellent encore, « les canadas « et par extension la surface de culture «  la canad’yre ».

Mais à 2 – 3 villages de chez nous, elles s’appellent  «  kartouches «  ou «  trucs « ; plus loin vers le Nord-Est elles s’appellent «  krompîres ».

La Petite Gazette du 2 avril 2008

QUELQUES REFLEXIONS AU DEPART DES CANADAS

M. Jean-Pierre Dumont, de Clavier, n’est pas inconnu des lecteurs de la Petite Gazette. Souvenez-vous, il y a quelques temps, je vous avais présenté son recueil de nouvelles en wallon :  » Contes di m’payis èt d’co pus lon » qui lui avait permis d’obtenir le prix des langues endogènes décerné par la Communauté française. Il vient de se voir attribuer un autre prix, par la province de Liège cette fois, pour un nouveau recueil de nouvelles en wallon, non publié,  « Tot toûrnant lès pâdjes ». On ne sera, dès lors, pas étonné de le voir prendre la défense d’une appellation wallonne.« Je voudrais évoquer une « dérive » concernant une pomme de terre portant un nom bien de chez nous  » li Cwène di gate » connue sous ce nom dans de nombreuses régions, notamment dans le sud de la France. Or, on la trouve de plus en plus souvent dans le commerce sous le nom de  » corne de gatte », un début de francisation qui à terme  » désidentifiera » notre pomme de terre. A l’heure où l’identité wallonne est de plus en plus niée en haut lieu (Il n’y a pas de Wallons, il n’y a que des francophones (prononcez « frankeupheunes »), n’abandonnons pas les noms de nos produits du terroir.Saluons en passant l’érudition de René Brialmont, grand homme de théâtre et du théâtre wallon en particulier, dont nous avons pu voir il y a quelque temps à la télévision une excellente pièce dont l’action se déroulait à Durbuy.Quant à la chanson évoquée par madame Odile Bastin d’Odeigne,  je voudrais signaler que le chanteur Philippe Anciaux, grand prix de la chanson wallonne dans les années 70, l’avait mise à son répertoire. Elle se chante sur un air de « charleston » d’avant guerre  » Yes sir, that ‘s my baby ».  Elle évoque la vie chère et la hausse des prix (bien d’actualité encore aujourd’hui).   En résumé, « on r’monte tot, n-a qu’ l’ovrî qu’on n’ rimonte nin. » Et mon aimable correspondant de conclure avou sès mèyeûsès salutâcions walones.

La Petite Gazette du 9 avril 2008

ENCORE LES CANADAS

C’est M. Jacques Bastin, de Heyd, qui y va maintenant de quelques souvenirs :

« Je vais tout de même un rien prendre part au débat afin de rapidement exposer le peu que je sais sur cette appellation fort particulière de nos bonnes vieilles crompîres. Voici : J’ai entendu articuler ce mot Canada (que Jean Haust  signale comme acception plaisante de crompîre à la page 369 de son Dictionnaire Français-Liégeois) pour la toute première fois, en 1947, à Ouffet, par un cousin direct (né le 6 juin 1919 et vivant toujours actuellement, au même endroit, à Ouffet). Il expliquait alors, à mes grands-parents paternels, ses oncle et tante et voisins directs,  «qu’i d’vév’ aler atch’ter des canadas». N’ayant jamais entendu ce mot wallon, je fis toutefois vite le rapprochement adéquat avec crompîre.

A la fin des Années 40 (ou au tout début des Années 50?), la grande fantaisiste française Line Renaud lança la fameuse chanson : «Ma cabane au Canada», chanson qui  connut un succès qu’on peut vraiment qualifier de mondial (Un vrai «Tube», dirait-on de nos jours).

Un jour, de cette même période, alors que je campais, en compagnie d’amis liégeois, à Sy, petite localité de la vallée de l’Ourthe située entre Hamoir et Bomal, nous pûmes  constater qu’une personne originale de l’endroit, saisissant sans doute la balle au bond, avait eu la bonne idée de peindre, au fronton de la petite baraque où elle faisait ses frites, la mention  de : « La Cabane aux Canadas ».

Ce sont les seules fois où j’ai pu entendre ou voir, dans la région Liège-Ouffet-Hamoir-Barvaux,  ce mot wallon employé en tant que synonyme de crompîre. »

La Petite Gazette du 21 mai 2008

A PROPOS DES CANADAS

Monsieur André Maréchal, de Bende, vous suggère cette explication à propos de ces pommes de terre appelées « canadas ».

« Mon arrière-grand-père, Antoine Dossogne, fermier à la ferme de Bende, a tenu un journal de ce que fut son métier d’agriculteur Antoine J. Dossogne a été bourgmestre de la commune de Bende Jeneret, sa pierre tombale se trouve dans le vieux cimetière de Jeneret, à côté de l’église. Voici, sorti de sa plume, le récit de l’apparition du mildiou.

« Souvenir d’une punition de Dieu qui est arrivée au mois d’août 1845 dans tous les pays. Maladie sur la pomme de terre, presque toutes les tiges sont mortes, c’est-à-dire toutes noircies, les pommes de terre tachées d’un rouge-noir, les feuilles sont parties. On devait semer de la chaux, un setier par verge, mais cela ne fait aucun effet – chose qu’on n’a jamais plus vue ! où on pouvait avoir quatre chariots de pommes de terre, on n’a que trois tombereaux qu’on doit conserver pour planter. L’étendue de cette punition est de trois cents lieues de long et de large alors qu’on m’a dit qu’il y avait encore la même chose il y avait cent cinquante ans ! Pluie continuelle qui arrive devant la fenaison de foin et jusqu’au 25 août, on a eu cinq jours pour faner et couper le seigle, et en 1842, le 25 dont nous avons fini l’août de dur grain. Et en 1845, on n’a encore que coupé le seigle et pas seulement mis la faux dans d’autres grains. Il est parvenu pendant ce temps, de l’orage et du tonnerre qui ont des eaux, d’une grosseur, qu’on n’avait jamais rien vu de pareil. Les terres labourées ont été recouvertes d’eau qui y faisait des concavités extraordinaires et, du côté de Saint-Hubert, des villages entiers ont été ravagés par d’abondants morceaux de glace. Jusqu’à des maisons de particuliers ont été rasées par la grêle et les eaux.

En parlant des pommes de terre ci-dessus, je viens en donner mémoire à cause de la rareté et en même temps de la cherté des pommes de terre.

Comme on n’en avait recueilli que pour planter et encore que celles que nous appelons les plates qui avaient été plantées de bonne heure car surtout les plantées tard, il n’y en n’aura pas eu. Il en est venu de Liège, sur le wagon, en grande quantité, qui provenait de l’Amérique, origine de cette plante, et du Limbourg.

Le 7 avril 1846, j’ai été chercher à Terwagne, 350 kilos pour treize francs le cent kilos, moitié pour planter, moitié qu’on aurait bien mangé, mais à raison qu’elle venait d’un pays lointain, outre Saint-Hubert, nous les avons gardées pour planter. »

Et mon correspondant de commenter utilement cet étonnant récit :

« Deux références à la ville de Saint-Hubert, bien explicites quant à l’importance donnée alors, point de repère.

En plus, à un kilomètre d’ici, à Ponthoz, anciennement Pontu, le cortège transportant les restes de saint Lambert vers Saint-Hubert s’est arrêté là pour une nuit (point d’eau, fermes…) A cet endroit a été construite une chapelle, classée aujourd’hui et possédant des peintures magnifiques, propriété des Comtes Van der straten ponthoz, elle fut reprise dans la vente des biens en indivision et fait maintenant partie du domaine de M. Butzen, qui doit l’entretenir ce qu’il fait d’ailleurs très bien. »

VIEILLES CHARPENTES ET LES QUALITES DU BOIS D’AULNE

La Petite Gazette du 19 janvier 2000

QUE SAVEZ-VOUS DE LA CHARPENTERIE DES ANCIENNES FERMES ARDENNAISES ?

Monsieur J-Cl. Hendrick, de Stavelot, est, comme beaucoup d’entre vous, un passionné des choses du passé. Il me demande de vous interroger sur quelque chose qui constitue une énigme pour lui.

« Dans les anciennes fermes, il y avait souvent trois pièces en enfilade : la cuisine, la belle chambre et la chambre de derrière. Chacune de ces chambres étaient munies d’une fenêtre sur le pignon. Quasiment toujours, une poutre soutenant les solives du plafond de chacune de ces chambres repose sur la poutre linteau de ces fenêtres. Or cet endroit semble rendre la construction plus vulnérable que si elle était enchâssée dans le mur pignon, de part et d’autre de ces baies…

Un ancien « maître charpentier » pourrait-il donner la raison de ce mode ancien de construction ? »

Si oui, qu’il n’hésite surtout pas à encore à La Petite Gazette, je suis intimement convaincu que M. Hendrick n’est pas le seul à se poser cette question qui vient à l’esprit de toute personne curieuse admirant l’une de ces anciennes fermes.

La Petite Gazette du 1er mars 2000

QUE SAVEZ-VOUS DE LA CHARPENTE DES ANCIENNES FERMES ARDENNAISES ?

Monsieur Hendrick, de Stavelot, vous interrogeait sur un aspect particulier des charpentes anciennes reposant sur les linteaux des fenêtres et il se demandait pourquoi cette façon de faire. Je n’ai malheureusement pas reçu de réponse précise à ce sujet, mais des lecteurs m’ont néanmoins communiqué certaines réflexions et souvenirs.

Monsieur J. Ringlet, de Neuville en Condroz, nous dit ceci : « c’est avec plaisir et curiosité que j’ai pris connaissance de cette demande. Lors d’une voyage dans le Jura, j’ai séjourné dans à l’hôtel « La Poutre » (Cf. Guide Michelin rouge, page 229). L’origine du nom de cet établissement vient de la présence dans son restaurant d’une poutre, d’une seule pièce,  de plus ou moins 22 mètres et ne reposant que sur deux appuis. Si, un jour, Monsieur Hendrick passe dans cette région, je lui conseille d’aller l’admirer. »

Madame Dehossay, de Comblain-au-Pont, a, quant à elle, extrait ce texte de son imposante documentation :

« Un de mes cinq frères, Albert Dehossay, a été fermier à Xhout-si-Plout Malempré, voici ce qu’il écrivait à Monsieur Detaille (fondateur des excellents Echos de Comblain), en mars 1977. Il fut l’un des collaborateurs de M. Detaille et même, pendant quelques années, administrateur du Musée de Comblain.

Des poutres qui transmettent.

L’aulne est un bois tendre mais il est très dur quand il est coupé « so deûre leune » d’août. Etant fermier en Ardenne, je faisais mes balais d’étable moi-même. J’allais couper mes « rinmes », jeunes pousses d’aulne, dont on fait les balais) toujours au même endroit. Certains duraient, d’autres pas. J’en parlai un jour à un vieil Ardennais qui me demanda si je les coupais « so deûre leune » ou « so tinre leune ». Il me dit que je devais les couper le plus près possible de la pleine lune, « so deûre leune », la nouvelle lune étant « li tinre leune ». Je fis comme il me dit et c’était vrai. L’aulne doit être coupé « so deûre leune » d’août pour être dur comme le chêne ; il en est de même pour avoir des cadres à rayons qui ne « travaillent » pas dans les ruches d’abeilles. Attention, l’auteur parle bien de « couper » et non de placer. De nombreux parquets et poutres des châteaux-forts étaient recouverts avec ce bois « al mézon » (Vaux renard). Etaient désignés par « Maison » de gros bâtiments, plus ou moins carrés, qui se situaient entre le château-fort et le château de plaisance, c’étaient des maisons fortes. »

Au témoignage de son frère, Madame Gabriel-Dehossay ajoute ceci : «La famille Gabriel a exploité la ferme de Paradis-Harzé, de 1901 à 1963. Cette métairie a été construite en forme de petit château il y a près de 400 ans. Sur le seuil du jardin, gravé dans la pierre, on peut lire 1626. Chaque année, au temps de la fenaison, quand le fenil de la grange est rempli, sur la poutre maîtresse du toit, on peut lire, marqué à chaud : « Je suis aulne, celui qui m’a coupé connaissait ma saison ». Ainsi c’est vrai que le bois d’aulne coupé sur la « deûre leune » d’août est dur comme le chêne puisqu’on en parlait déjà, in y a 400 ans. »

Peut-être que ces quelques réflexions et surtout le manque de réponse précise à la question posée inciteront certains d’entre vous à nous dire ce qu’ils savent à propos des vieilles charpentes ? Allons, ce que vous savez nous intéresse ; confiez-le-nous.

La Petite Gazette du 17 mai 2000

DU NEUF A PROPOS DES  VIEILLES CHARPENTES

Souvenez-vous, nous avons, il y a quelque temps déjà, évoqué l’utilisation du bois d’aulne et des précises conditions à respecter lors de sa coupe. Monsieur Gaston Hankard, de Aye, nous a, lui aussi, apporté quelques précisions à ce sujet :

« Il y a plus de 50 ans, un habitant (déjà d’un certain âge) du village était venu couper des manches en plein été… ma curiosité me fit lui demander pourquoi il venait chercher des manches à cette saison ? Sa réponse fusa en ces termes : l’aulne se coupe lors de la dure lune, entre les deux Notre-Dame, c’est-à-dire en le 15 août et le 8 septembre. Il en va de même pour bouturer certains arbustes. »

J’ai également entendu parler, poursuit mon correspondant, qu’une poutre en bois d’aulne se trouverait sur une entrée de cour à la Trappe St-Remy de Rochefort qui porterait une inscription ; mais je n’ai jamais pu vérifier cela ! »

Nous en saurons peut-être davantage grâce aux lecteurs de La Petite Gazette !

La Petite Gazette du 7 juin 2000

LES VIEILLES CHAPELLES DE NOS CAMPAGNES ET DE NOS FORETS

   Monsieur André Fagnoul, de St-Séverin, vous lance un appel à propos de ces vieux monuments, vestiges de la piété et de la ferveur populaires de nos aïeux.

« Construites souvent dans des endroits isolés, campagnes ou bois, ou encore le long des routes ; c’est à nous, lecteurs de La Petite Gazette, qu’il revient de faire revivre et parler ces édifices.

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Dans le bois de Maynery St-Séverin ou Aux Houx, se trouve une chapelle construite au XVIIe siècle. Je ne sais à qui elle est dédiée. Quand j’étais jeune, avec mes parents, nous  y allions souvent.

A l’intérieur, au-dessus de l’autel, était écrit « Oh ! Marie conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous. » A droite, un bougeoir à sept branches, à gauche, le « Je vous salue Marie » ; au milieu, un prie-Dieu, au mur, des deux côtés, des remerciements pour des grâces obtenues et un petit tronc. Il y a cinq ou six ans, cette chapelle a vu le passage de vandales ; tout a été détruit, il ne restait que les quatre murs, et encore ils étaient abîmés. Avec le curé du village, l’abbé Bienvenu, et mon voisin, Léon Lallemand, nous avons tout reconstruit et restauré.

Seul l’Ave Maria et le banc prie-Dieu étaient encore intacts. Parmi les remerciements cassés en petits morceaux, j’ai retrouvé un fragment portant la date de 1693, ce qui me fait penser que cette chapelle a pu être élevée au dix-septième siècle. Elle est accessible par la rue du moulin de Falogne, cent mètres plus loin que le moulin, à droite, se trouve l’entrée du bois ; il vous suffit de longer la prairie pendant une centaine de mètres et vous la verrez, à droite, blottie dans la verdure. Malheureusement, nous avons dû la protéger en plaçant des grillages métalliques cadenassés devant la porte et les fenêtres. »

025 La chapelle restaurée en 1995 par l’abbé Bienvenu et MM. Léon Lallemand et André Fagnoul

     Qui pourra nous apporter des renseignements sur cette chapelle, son histoire, qui l’a fait édifier, à qui était-elle dédiée, quel culte y était rendu ? Comme d’habitude, tout ce que vous savez nous intéresse. D’avance, un grand merci.

La Petite Gazette du 21 juin 2000

LE BOIS D’AULNE ET SES ETONNANTES QUALITES

   Monsieur Robertt Heiderscheidt, de Modave, me dit être très intéressé par tout ce qui touche au bois et, comme il a lu que nos évoquions les qualités de l’aulne, il nous communique ce qui suit :

«Cet arbre sans intérêt qui pousse au bord des rivières, je dis sans intérêt car il ne se conserve pas, il ne chauffe pas, il est juste bon à porter des graines qui font le bonheur des tarins ; mais c’est méconnaître ses qualités qui ont servi les bâtisseurs d’antan.

C’est ainsi qu’il y a une cinquantaine d’année, dans un château de Vyle-Taroul, les propriétaires ont fait abattre une aile du bâtiment pour réduire les frais d’entretien et les charges foncières. Un voisin en avait reçu les bois de charpente pour en faire du bois à brûler. Malheureusement pour lui, il n’a rien su en faire. Aucun outil n’a permis d’en débiter un morceau. Il en a fait un tas dans le fond du jardin et y a mis le fu, content de s’en débarrasser. Son aventure lui a quand même appris une chose : le charpentier, maître d’œuvre, avait gravé au ciseau sur une poutre : « Celui qui ne connaît pas mon époque ne connaît pas ma durée. »

Un vieux charron de mes connaissances m’a dit un jour que l’aulne remplaçait avantageusement l’acacia parce que plus léger, pour autant qu’il ait été coupé entre les deux « Sainte-Marie » ; ce qui rejoint ce qu’en disait un autre lecteur. »

Il s’agit effectivement d’une réalité bien connue et souvent rapportée. Connaissez-vous d’autres essences de bois aux qualités étonnantes ou particulières ? Tout ce que vous savez à ce sujet nous intéresse.

La Petite Gazette du 6 septembre 2000 

QUAND IL EST A NOUVEAU QUESTION DU BOIS D’AULNE

    Monsieur Heidencheidt, de Modave, revient sur les propriétés particulières de l’aulne : « Il me revient à l’esprit d’avoir rencontré, il y a une cinquantaine d’années, un transport de bois. Il s’agissait en fait de fagots de bois d’aulne qui étaient destinés à la Poudrerie de Neuville-en-Condroz. Je me suis laissé dire que l’aulne entrait dans la fabrication de la poudre. S’il en était ainsi, ce bois n’a pas toujours été laissé pour compte. »

Cet intéressant souvenir m’intrigue, vous aussi j’imagine. Quelqu’un pourra-t-il nous expliquer en quoi le bois d’aulne entrait-il dans la fabrication de poudre ? Je suis très impatient de vous lire.

La Petite Gazette du 27 septembre 2000

A PROPOS DU BOIS D’AULNE

   Vous vous souviendrez certainement des interrogations d’un de mes lecteurs à propos d’un transport de fagots d’aulne destinés à une poudrerie… Comme les questions posées dans La Petite Gazette restent très rarement sans réponse, vous ne serez pas surpris d’apprendre que, déjà, M. De Tender, d’Embourg, m’a fait parvenir de nombreuses informations sur la question.

« Les fagots que M. Heidenscheit a vu conduire à la poudrerie étaient peut-être de la Bourdaine, qui peut s ‘appeler aussi « aulne noir » ou « bois à poudre » et, en latin, « frangula alnus ».

Dans « Le Guide des arbres, du Reader’s Digest, M. De Tender a lu « Le bois de bourdaine a été longtemps recherché pour le charbon de bois qu’on en obtenait, qui, très pur, entrait dans la composition de la poudre à canon. »

Et mon passionnant lecteur de poursuivre : « Il y a vingt ou trente ans, j’ai entendu parler d’aunettes dont on formait des fagots pour les poudreries. Il ne s’agissait pas de branches coupées à des arbres, mais de pousses provenant d’arbustes buissonnants que l’on coupait avant qu’ils ne soient bien grands et qui rejetaient de souche. Ces aunettes poussaient sur les terrains qui entouraient des captages de la Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux. Ces terrains sont destinés à protéger la pureté des eaux, et le bétail, les engrais et les grosses machines en sont donc exclus. Les « aunettes » dont la culture est peu exigeante convenaient donc bien comme plantations autour des captages. » M. De Tender engage les habitants de Modave à interroger les anciens à propos de ce qui se passait sur les terrains avoisinant les captages de la CIBE ; mais on pourrait tout aussi utilement s’intéresser aux captages réalisés ailleurs.

Qui mènera l’enquête ? Qui nous apportera d’autres renseignements à ce sujet ? Je ne doute pas qu’il existe parmi vous de fins limiers qui, bientôt, auront des tas de choses à nous apprendre sur ce bois d’aulne utilisé dans les poudreries. D’avance je les en remercie.

La Petite Gazette du 21 novembre 2000

QUAND IL EST A NOUVEAU QUESTION DU BOIS D’AULNE ET DE SES EXTRAORDINAIRES QUALITES

   Monsieur R. Heidencheidt, de Modave, nous a entretenus, il y a quelques semaines, de l’aulne et de ses applications en poudrerie. Il revient sur le sujet.

« Je suis heureux d’apprendre que le scepticisme qui régnait autour de mes dires au sujet de l’aulne et de la poudre noire soit relativement aplani.  J’ai cru un moment devoir douter de la parole de mon transporteur (cf. La petite Gazette de la première semaine de septembre 2000).

Il m’est revenu à l’esprit que, durant l’hiver 1940 – 1941, je me suis trouvé plusieurs jours chez ma sœur, à Casteau. Elle habitait une maison à l’écart ; au bout du jardin, il existait une plantation d’aulnes que l’on éclaircissait en coupant les plus gros montants. Ceux-ci étaient mis en fagots et empilés, prêts à être transportés.

Quelle ne fut pas notre surprise en voyant, un jour, arriver deux Allemands qui examinèrent les tas de fagots et en ont fait l’inventaire.

Ceci dit, je suis né dans la vallée de l’Ourthe et Dieu sait si les berges regorgent d’aulnes ! Je ne conteste pas les dires de M. de Tender (cf. La Petite Gazette de la dernière semaine de septembre), mais je maintiens que le bois dont je parle est bien de l’aulne. Je connais un arbuste à écorce noire appelé « bois noir », mais il n’a rien de commun avec l’aulne. J’espère, conclut M. Heidencheidt, qu’on éclaircira un jour cette amusante énigme. »

Chers lecteurs, il ne tient qu’à vous…

La Petite Gazette du 31 janvier 2001

QUAND IL EST A NOUVEAU QUESTION DU BOIS D’AULNE

Nous en avons déjà parlé à diverses reprises, mais, comme au sein des lecteurs de La Petite Gazette, il en est beaucoup qui aiment à mener des recherches pour tenter de répondre à un maximum de questions posées, voici ce que Monsieur Raymond Gillet, de Nandrin,  a découvert :

« J’ai tout simplement, m’écrit-il, repris les définitions données par le Larousse Universel de 1972 :

aune ou aulne : nom masculin (lat. alnus). Genre de castanéacées, comprenant des arbres à bois léger des régions tempérées humides. Syn. Verne ou Vergne.

Encycl. L’espèce type de ce genre est l’aune visqueux (alnus glusitona), répandu dans toute l’Europe et la Sibérie, et qu’on appelle aussi verne. Le bois de l’aune, susceptible de recevoir un beau poli et prenant bien la couleur noire, est très propre à l’ébénisterie. Résistant longtemps à l’action de l’eau, il peut être employé  dans les constructions hydrauliques. L’écorce de l’aune est astringente et peut servir au tannage des cuirs. Combinée avec quelques préparations ferrugineuses, elle fournit une couleur noire dont les teinturiers, et surtout les chapeliers, font usage.

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l’aune visqueux

 

Bourdaine ou bourgène : nom féminin. Arbuste du genre nerprun (M. Gillet ajoute, bien à propos, que cela équivaut à prune noire), que l’on désigne vulgairement sous le nom d’aune noir et dont le bois, réduit en charbon, sert à la fabrication de la poudre de chasse : la bourdaine croît dans les forêts humides. (l’écorce de bourdaine est employée en médecine comme laxatives »

Merci à Monsieur Gillet pour son intéressante communication.

Puisque nous parlons de bois, j’aime reprendre ici une partie d’un envoi de Monsieur Hendrick, de Stavelot, qui évoque, comme cela avait été fait pour l’aulne, un vieux précepte relatif aux dates à respecter pour couper telle ou telle essence de bois. Mon correspondant m’a transmis un extrait du Sillon Belge du 3 mars 2000 dans lequel on peut lire, sous la signature de M. Vanhoren, d’Erezée : « Dans un vieil ouvrage sur la construction des cathédrales, j’ai lu que le bois destiné à leur charpente était abattu le dernier jour de la lune montante, à la lueur des torches. Ce qui, affirme l’auteur, les préservera de l’attaque des vers. » Cet habitant d’Erezée poursuit son courrier en expliquant qu’il a tenté l’expérience en 1976 avec un hêtre et qu’il n’a eu qu’à se féliciter du résultat.

Vous sera-t-il possible de m’aider à rassembler tous ces vieux préceptes recommandant les périodes ou les dates recommandées pour couper les bois ? Il me semble qu’il serait très intéressant de réaliser cet inventaire et, surtout, de vérifier si des constantes se dégagent ou, a contrario, si les principes à respecter changent de région en région.

La Petite Gazette du 7 mars 2001

DU BON USAGE DES BOIS

   Il y a déjà pas mal de semaines, suite aux informations recueillies sur le bois de saule, je vous demandais de me faire parvenir ce que vous saviez sur le bon usage des diverses essences de bois ; à quels usages les destinait-on ? quand est-il recommandé d’abattre certaines essences ?… Monsieur André Dethier, de Méan, vient de m’adresser un courrier abordant la plupart de ces sujets. Commençons-en la lecture/

« Il y a bien longtemps, bien avant que l’usage de la télévision (elle n’existait pas encore) ne détruise les liens d’intimité qui unissaient toutes les familles campagnardes et qui étaient l’essence même des communautés des petits villages condruziens et ardennais. Le soir, il était de coutume d’aller à la soirée (al’sîze) chez l’un ou l’autre. Les vieux parlaient volontiers de leurs jeunes années et des souvenirs, bien vivants dans leur mémoire, des coutumes et croyances d’autrefois.

Il fut un temps où les phases de la lune avaient une grande importance sur la vie rurale pour ces gens qui vivaient près de la terre et des réserves de la nature. Ainsi, il y a près de soixante ans, pendant l’une de ces soirées éclairées seulement par la lueur du feu du poêle duquel, par économie, le couvercle était gardé entrouvert, un ancien racontait que, dans sa jeunesse, les vieux de cette époque lui disaient, alors qu’il était ouvrier carrier, que les manches des maillets en acier utilisés par les tailleurs de pierre devaient être faits du bois de cornouiller coupé durant la « dure lune » (la lune descendante). N’y croyant pas trop, il coupa donc douze manches pendant la « tendre lune » (lune montante), appelée ainsi par comparaison avec les végétaux qui sont plus tendres quand ils poussent, et douze autres pendant la « dure lune », dans le même buisson de cornouiller. Il les mit tous à sécher dans le fenil durant un an. Les manches pris pendant la lune montante se brisaient rapidement tandis que les autres duraient très très longtemps. Lancé sur le sujet, un autre dit que les semis, pour une rapide germination, devaient être faits pendant la « tendre lune » et la récolte, particulièrement des fruits, devait être faite lors de la « dure lune », leur conservation étant plus longue. »

Pour prolonger le plaisir trouvé lors de cette veillée, je vous propose d’en redécouvrir les participants la semaine prochaine.

La Petite Gazette du 21 mars 2001

DU BON USAGE DES BOIS

   Monsieur André Dethier, de Méan, nous a conviés, toutes et tous, à une extraordinaire veillée durant laquelle il fut largement question du bon usage des bois ; après une petite interruption (due à l’abondance des sujets traités pour le moment) nous le retrouvons avec grand plaisir :

« J’ai vu, dit alors un autre participant à cette veillée, à la ferme de Leuze (Somme-Leuze), une inscription gravée dans le sommier qui supporte les charpentes du plafond « Qui m’a coupé connaissait ma saison ». Cette poutre était taillée dans du bois d’aulne. Il paraît que la bonne saison se situe entre les deux Notre-dame, entre le quinze août et, probablement, les environs du quinze septembre. Alors, l’aulne, qui est un bois tendre, devient très dur et d’une longévité exceptionnelle. Cette ferme fut vraisemblablement construite au cours du XVIIe siècle.

La conversation lancée sur l’usage du bois, m’appris que les fonds des tombereaux, pour éviter qu’ils ne pourrissent trop tôt, devaient être faits avec des planches de saule ; elles peuvent être saturées d’humidité sans dommage ! Quant aux roues, pour être très solides, le moyeu devait être fait de bois de chêne, les rais en bois d’acacias (robinier) et les jantes en bois de frêne pour son élasticité. Tandis que les râteaux servant à la fenaison étaient fabriqués avec du bois de saule marsault, les manches des cognées l’étaient en bois de merisier, les manches fabriqués en bois de frêne sont très solides, mais « durs aux mains » alors que ceux en saule, quoique moins solides, mais plus doux et plus légers, étaient préférés pour certains outils à cette époque où tous les travaux étaient manuels. »

Si certains d’entre vous restent sceptiques quant à ce qui pourrait leur apparaître comme étant des croyances de jadis, je leur conseille vivement de découvrir le témoignage suivant, transmis par M. Marc Tondeur, d’Esneux.

« J’ai vécu pendant 13 ans au Nicaragua, où j’exerçais la profession de vétérinaire, et ce jusqu’en 1995. Mon frère, agronome, y vit toujours. C’est amusant de comparer des pratiques populaires très similaires, comme celle qui consiste à tenir compte de la lune pour couper son bois de construction. Au Nicaragua, les campesinos qui veulent remplacer leurs piquets de clôture se gardent bien de le faire sans choisir le moment. E bois coupé en dehors des périodes propices (une certaine phase de la lune) se « pica », c’est-à-dire qu’il est attaqué rapidement par les vers. Certains insectes xylophages font correspondre certaines phases de leur cycle avec celui de la lune, ce qui donne un début d’explication scientifique à ce qui pouvait passer pour de la superstition.

Hélas, poursuit mon passionnant correspondant, le « bon sens populaire » a tendance à faire des extrapolations indues. C’est ainsi que la castration des taurillons doit se faire impérativement un jour après la pleine lune, sans quoi on a tous les problèmes : infection, hémorragie, dépérissement et même mort de l’animal. J’ai pratiqué des centaines de castrations de toutes sortes d’animaux : chevaux, bovins, boucs, gorets, chiens, chats et même poulets sans jamais rien constater de tel. Je n’ai pas d’indications que ces croyances soient connues ici, mais je connais très mal la Belgique où j’ai vécu très peu de temps. Si vous avez des références à me donner concernant les pratiques « magiques » concernant l’élevage, je vous serai reconnaissant de me le faire savoir. »

Un tout grand merci pour ce témoignage relatant un vécu d’outre océan ! Vous avez lu l’appel de M. Tondeur, comme d’habitude, je compte sur vous pour y répondre et pour nous confier les rites ancestraux employés dans l’élevage jadis.