VIENT DE PARAÎTRE : STANISLAS VA REVENIR de JEAN-MARC HAVELANGE

STANISLAS VA REVENIR !

L’HISTOIRE D’UN SOLDAT VOLONTAIRE DE LA GRANDE GUERRE

En 1914, la vie est paisible à Harzé (Commune d’Aywaille). Le printemps succède à l’hiver et voilà bien vite la saison des moissons. Les récoltes s’annoncent prometteuses. Stanislas et ses amis participent à la vie du village quand, suite à l’assassinat de l’Archiduc d’Autriche, l’instabilité politique créée, mène au déclenchement de la première guerre mondiale.

La Belgique est envahie le 4 août et déjà Stanislas participe à la résistance. L’aîné de l’honorable famille Flohimont n’y tient plus et décide de s’engager. Son statut d’universitaire lui confère un poste d’instructeur mais il s’impatiente d’être retenu, trop longtemps à son gré, loin de ce qu’il appelle « la place d’honneur que tout Belge devrait occuper, c’est-à-dire les tranchées de l’Yser » : « Oh ! Quand je pourrai m’y rendre, quelle joie ! Hélas ! Il faut bien se soumettre : l’obéissance, n’est-elle pas la première vertu du soldat ? »

Sa famille, ses sœurs et, plus particulièrement sa chère maman s’inquiètent. Il aura pour elles ces mots : « Vous m’écrivez que maman pleure quand elle entend le canon. Oh ! Maman, n’aimez-vous pas mieux savoir votre fils où il doit être, plutôt que là où il aurait honte plus tard d’être resté ! Je le sais, la vie est dure, la guerre est longue, la séparation bien pénible ; mais qu’est-ce donc tout cela, quand, plus tard, nous pourrons goûter le bonheur de nous revoir, avec la satisfaction du devoir accompli ! 
Quand allons-nous revenir victorieux de cette grande tragédie ? Enfin, n’y pensons pas trop et continuons, en attendant à faire simplement notre devoir de soldat et peut-être un jour en serons-nous largement récompensés soit par une mort glorieuse au front ou par une vie meilleure plus tard

Cette histoire est aussi illustrée de plus de 100 documents, lettres et photos d’époque, toujours empreints d’émotion, rattachés de très près à la vie de Stanislas et le faisant revenir eux aussi.

Stanislas, jeune homme, érudit, étudiant en philosophie et lettres à l’Université de Liège et fils aimant, n’a de cesse, au grand dam de sa famille, de vouloir s’engager pour défendre son pays sur fond d’ardent patriotisme. Au péril de sa vie et en compagnie d’autres amis du pays, il déjoue la surveillance de l’occupant ennemi et engage la lutte.

Sur la photo de ces volontaires wallons de 1915, Stanislas se trouve au deuxième rang en partant du bas, le deuxième à compter de la gauche avec sa pipe en bouche.

Découvrez au travers de ce livre récit-mémoire, premier ouvrage de Jean-Marc HAVELANGE, Licencié en communication sociale et Chef de bureau à l’Administration communale d’Aywaille, l’aventure extraordinaire parsemée d’embûches, d’esprit de camaraderie et de moments remplis d’émotion qu’a vécue Stanislas dès le moment où il a décidé de rejoindre l’armée belge en quittant clandestinement le pays.

Ce livre (290 pages) est sorti, il y a peu, des presses des éditions Dricot (Liège-Bressoux)

Découvrez, au travers de ce livre récit-mémoire illustré par de nombreux documents inédits, l’histoire magnifique et peu banale suivie de son dénouement, de ce patriote, simple héros au cœur noble et généreux, engagé soldat volontaire de la Grande Guerre.

Pour recevoir cet ouvrage, il vous suffit de verser la somme de 25€, frais d’emballage et de port compris, sur le compte n°BE29 0682 0895 1464 de P.A.C. Aywaille. Votre ouvrage vous sera envoyé dès réception de votre versement.

UNE VIE HUMBLE ET MAGNIFIQUE

La Petite Gazette du 8 mai 2019

UNE VIE HUMBLE ET MAGNIFIQUE

Il est né le 3 juillet 1923 dans un petit village du Condroz liégeois où ses parents vivaient des maigres revenus de leur petite ferme. Huit vaches à l’étable, il n’y avait pas place pour une de plus, et un cheval constituaient tous leurs avoirs. Année après année, deux cochons étaient élevés et toutes les charcuteries étaient préparées à la maison. Toujours, il adorera le plaisir simple que lui apporte un repas simple fait d’une fricassée au lard, d’un pied de cochon en gelée ou d’un boudin noir grillé avec des pommes.

Il va à l’école à pied dans le fond du village; en hiver, il y descendait en luge s’il y avait de la neige. De retour à la ferme familiale, très jeune déjà, il est occupé à diverses tâches. Ce quotidien sera le sien durant huit années; en effet, il complète ses 6 années d’école primaire par 2 années supplémentaires, le quatrième degré disait-on alors.

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Le voici, juste derrière le cheval de la ferme familiale, son papa tient le cheval et sa maman est installée sur le siège de la faucheuse

A 14 ans, l’école est finie pour lui et la carrière professionnelle débute : il est apprenti boucher dans une boucherie réputée sur le Mont à Esneux. Il y apprend un métier qu’il adore. Il arrive au travail le lundi matin et y loge la semaine jusqu’au samedi. Il quitte alors la boucherie dans l’après-midi une fois que tout y a été nettoyé consciencieusement. Il saute ensuite dans le tram vicinal qui le ramène au village.

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Jules Gillon, son patron, pose fièrement à côté de sa Chevrolet 1938

Le 10 mai 1940, la guerre éclate, il a 17 ans et est dès lors trop jeune pour être enrôlé. Qu’importe, par idéal, avec quelques copains du village et des environs, il prend la route, à pied évidemment, en direction de Dunkerque, passage obligé vers l’Angleterre d’où il pense pouvoir rejoindre les troupes au combat. Les routes sont très encombrées par les foules de civils fuyant l’avancée des armées allemandes et le voyage est plus long que prévu. Quand, avec ses amis, il arrive enfin en vue des bateaux, il est trop tard… Les troupes anglaises sont rembarquées en urgence sous les tirs de l’aviation allemande. Ils sont renfloués et n’ont d’autre choix que de revenir…

Il reprendra son travail à la boucherie. De nombreuses tâches sont désormais clandestines et dangereuses. Dans de très nombreuses fermes et maisons de la région, les habitants élèvent des cochons en cachette pour éviter les réquisitions. Avec son patron, il a appris et maîtrise vraiment l’abattage à la makète et la confection de toutes les charcuteries. Ensemble, ils interviendront dans les endroits les plus saugrenus : des caves, des greniers, des corridors, des chambres… Son patron est actif dans un mouvement de résistance et sans doute a-t-il été dénoncé car il est surpris dans son sommeil … Déporté, il ne rentrera jamais. Son apprenti aurait dû être là mais il est exceptionnellement rentré à la ferme où on a besoin de lui. Toujours, il parlera de ce qui aurait pu arriver si…

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La guerre à peine finie, il est appelé sous les drapeaux. Il y apprendra à conduire un camion et deviendra même instructeur chauffeur.

Démobilisé, il trouve du travail comme boucher-livreur à l’Union Coopérative : c’est conforme à l’idéal familial, son papa est un militant! C’est en travaillant qu’il rencontre l’amour, elle est la jolie gérante d’une des épiceries de sa tournée de livraison. Ils auront trois fils.

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Au volant se son camion de la Coop, avec les collègues

La promesse d’un meilleur salaire le place ensuite au volant d’une ambulance du service de la Santé publique de la Ville de Liège, puis au sein du corps des pompiers  où il atteindra le grade d’adjudant-chef, instructeur ambulancier. Son épouse est devenue la gérante d’un supermarché de la Coop qui abrite également un atelier de boucherie dans lequel il travaille dès qu’il quitte son uniforme de pompiers ou quand il ne se charge pas des livraisons à domicile. Jamais il ne compta ses heures, jamais il ne prit un jour de congé de maladie…

Papa
Dans la cour de l’hôpital de Bavière

Une vie humble mais magnifique, une bonne humeur contagieuse, un sens incroyable de la famille et de l’amitié, toujours optimiste malgré les épreuves qu’il a vécues. Un exemple!

Il est parti la semaine dernière.

C’était mon papa.

 

MEDECINE POPULAIRE – GUERISSEURS ET PRIERES

Tout ce qui touche à la médecine populaire, ses pratiques, les guérisseurs, les remèdes… a toujours suscité un énorme intérêt parmi les lecteurs de La Petite Gazette et cela sans jamais faiblir au fil des années. Cela m’a permis de réunir une incroyable collection de remèdes mais aussi d’informations précieuses sur les différents types de guérisseurs et leurs façons de procéder. Aussi ai-je, en 2012, décidé de rassembler dans un ouvrage toutes ces contributions et témoignages transmis par les lecteurs. . Ce livre de près de 300 pages présente, dans sa première partie, de nombreux guérisseurs de nos contrées et, dans la seconde, les centaines de remèdes que, depuis des années, vous m’avez communiqués en réponse aux appels lancés par les lecteurs.

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Ce livre, « Les Pratiques de la médecine populaires »,
est toujours disponible  au prix de 19€ (port postal offert) à verser sur le compte bancaire BE29 0682 0895 1464 de P.A.C Aywaille à 4920 Aywaille

 La Petite Gazette du 30 janvier 2008

A PROPOS DE MEDECINE POPULAIRE

Dans nos contrées, au temps jadis, les médecins étaient rares et surtout trop chers pour que les villageois s’adressent régulièrement à eux. Aussi a-t-on jalousement conservé bien des remèdes de famille, transmis de génération en génération. Le plus souvent, ils appartiennent à la tradition orale, mais ils étaient quelquefois consignés dans de petits carnets. La seule « autorité » en matière de médecine dont on sollicitait alors les conseils était souvent la sage femme, ainsi que nous l’avons déjà évoqué grâce à vos passionnants témoignages. A ses côtés interviennent régulièrement des guérisseurs (sègneûs et r’bouteûdésignés ainsi selon les procédures qu’ils mettent en œuvre).

Vos communications régulières à propos de remèdes anciens montre, s’il en était encore besoin, combien certaines de ces traditions sont restées particulièrement vivaces dans les esprits et dans les usages. Il ne faudrait cependant pas que ces secrets de famille et ces traditions ancestrales disparaissent alors qu’elles ont été précieusement conservées beaucoup des siècles et des siècles.

Nous l’avons souvent constaté quand nous abordons ce sujet, la connaissance des vertus des plantes se mêle souvent de pratiques aux frontières de la religion et de la magie. C’est pourquoi, il était communément admis que la date de naissance de quelqu’un pouvait lui accorder des pouvoirs spécifiques. Avez-vous connaissance de ces dates particulière (jours de fêtes religieuses ou jour particulier d’équinoxe ou de solstice par exemple) ?

On pensait la même chose dans les cas, pourtant fréquents, de naissances présentant des particularités remarquables : naissance par le siège, enfant né « coiffé », Xe enfant du même sexe dans la même famille ou enfant posthume. Parfois c’est la maman qui donne naissance à des enfants multiples (jumeaux, triplés…) qui se trouvait considérée comme détentrice de pouvoirs spéciaux. Avez-vous retenu au sein de votre famille des anecdotes liées à ces pouvoirs issus de naissance particulière ?

On a même pensé (c’est du moins ce que certains qui menèrent des études sérieuses  sur le sujet ont prétendu) qu’il était possible de conférer à quelqu’un des dons de guérisseur en le soumettant à diverses épreuves durant sa jeunesse Il était également généralement admis que celui qui était le descendant de plusieurs générations d’un même métier (meunier, maréchal-ferrant, berger…) se trouvait investi du don de guérir. En avez-vous déjà entendu parler ? Avez-vous des exemples précis ?

J’espère que vous pourrez apporter l’une ou l’autre réponse à ces questions afin de me permettre de développer ces sujets avec vous. Je vous remercie chaleureusement de me confier vos souvenirs.

La Petite Gazette du 27 février 2008

MEDECINE POPULAIRE… LES DONS LIÉS Á LA DATE DE NAISSANCE

Monsieur Roger Detry nous transmet une passionnante communication sur les dons de guérisseurs liés à une date de naissance particulière :

« Il faut y voir un rapport avec le saint du jour.

25/1 confère l’aptitude de soigner les envenimations (morsures de serpents, insectes etc.) et leurs conséquences éventuelles: dartres, furoncles, panaris.

1/2 Egalement don de passer le venin (Sainte Viridiane qui repoussait les serpents)

29/6  Idem- ce sont Saint Pierre et Saint Paul qui d’après l’anecdote citée dans l’acte des apôtres étaient maîtres des serpents

23:/7  peut guérir zona et dartres.

1/8  morsures de serpents et empoisonnements divers- c’est en référence à Saint Eleazar qui refusa de s’empoisonner en mangeant de la viande de porc qui lui aurait fait transgresser la sainte loi.

10/8  Saint Laurent guérit les brûlures.

18/8  Saint Augustin  guérit les verrues

25/8 Saint Louis( le roi) : brûlures, zona, eczéma, certaines mycoses.

21/9 une personne née à cette date (Saint Mathieu) peut intervenir sur les effets des venins.

25/12   idem

31/12 redresse les membres (rebouteux) »

Mon correspondant poursuit en établissant une liste des dons puisés dans les circonstances de la naissance:

Peut avoir des dons pour guérir certains cas l’enfant qui n’aurait pas connu son père

Ce dernier point est évidemment relatif à des contextes et modes de liaisons d’une autre époque.

Un enfant né les pieds devant peut réduire les entorses.

Idem pour les personnes venues au monde par le siège.

Une mère qui met au monde des jumeaux pourrait intervenir dans les cas de luxation.

Les cinquième-septième-neuvième enfants d’une même famille et de même sexe auraient également des pouvoirs, surtout pour  soigner des cas importants de peau.

Le cinquième, lui, peut en outre traiter les rhumatismes. »

Ces propos évoquent-ils quelque chose pour vous ? Etes-vous dans un de ces cas ? Avez-vous constaté ces dons ? Dites-nous tout, le sujet est réellement passionnant. Un immense merci à M. Detry.

La Petite Gazette du 19 mars 2008

A PROPOS DES DONS DES GUERISSEURS

Un sympathique lecteur de Neupré a souhaité intervenir au sujet des dons de guérisseurs liés à la date de naissance. « Dans mon cas, m’écrit-il, il s’agit du fait que je n’ai pas connu mon père, celui-ci étant décédé accidentellement en mai 1946 et je suis né en septembre. Il m’a toujours été dit par ma maman et ma grand-mère que je possédais certains dons de guérison, pour ce faire il me suffisait d’imposer les mains sur la partie du corps à guérir et de réciter la prière appropriée au cas.
Par deux fois dans ma jeunesse, j’ai usé de ces « dons » mais sans pouvoir dire si vraiment ils ont changé quelque chose dans la guérison qui est intervenue.La première fois, c’était pour soigner une brûlure qu’une jeune fille du voisinage s’était occasionnée en renversant de l’huile de friture (ou de l’eau bouillante je ne sais plus très bien) sur la jambe. Il est vrai que la brûlure s’est soignée assez rapidement et n’a pas
provoqué de cicatrice comme l’on voit sur les personnes brûlées mais les parents avaient quand même emmené leur fille chez le médecin qui avait prescrit des soins, ai-je participé à une guérison plus rapide ? Je ne sais pas !La deuxième fois, c’était sur ma propre personne donc je ne serais pas très objectif dans ce cas mais je le raconte malgré tout.A cette époque j’habitais Trois-Ponts et j’allais à l’école technique de Verviers, en internat.
Le jeudi (je m’en souviens encore) j’avais cours de gymnastique et je me suis foulé la cheville lors d’un exercice. La douleur était telle qu’il m’était impossible de mettre le pied par terre et les responsables de l’école m’ont fait garder la chambre jusqu’au samedi jour de retour au foyer.
Pour aller de l’internat à la gare de Verviers et de la gare de Trois-Ponts à mon domicile, c’est un ami qui a dû me porter sur son dos car il m’était toujours impossible de marcher.
L’après-midi ma maman m’a fait réciter la prière adéquate mais a aussi préparé un cataplasme de pommes de terre cuites avec l’épluchure, elle les a écrasées et placées dans un linge qu’elle a appliqué très chaud  sur ma cheville. Le lendemain, je marchais normalement ! Était-ce la prière, le cataplasme ou aussi la pommade que le médecin avait prescrite ? Je ne peux le dire. »Pour compléter son sobre témoignage, ce lecteur vous propose de découvrir les prières qui furent récitent lors de ces deux épisodes :

Pour les brûlures :

Brûlure retire ta fureur tout comme Judas perdit sa rageur quand il trahit Notre Seigneur au jardin des oliviers (le répéter trois fois)

Trois Pater, trois Avé – Maria et faire le signe de la croix.

Pour la mespassure (entorse) :

Marche sur ton pied tout comme l’âne de Saint Joseph marcha sur les siens en portant Marie et Jésus en Egypte.

Cinq Pater, cinq Avé – Maria et faire le signe de la croix.

La semaine prochaine, je vous indiquerai quelles autres prières sont connues par ce monsieur que je remercie tout particulièrement pour cet intéressant témoignage.

La Petite Gazette du 26 mars 2008

LES PRIERES QUI GUERISSENT

Comme promis, retrouvons, cette semaine, une première série de prières communiquées par ce monsieur de Neupré qui aurait certains dons de guérisseurs puisqu’il s’agit d’un enfant posthume.

Pour arrêter le sang  (1) :

Sang je t’arrête au nom de Jésus de Nazareth arrête, arrête, arrête.

Trois Pater et trois Ave-Maria et faire un signe de croix.

Pour arrêter le sang (2) :

Sur mon chemin faisant, trois jeunes j’ai rencontré,

L’une dit, je vois du sang,

L’autre dit, je perds du sang,

La troisième dit qu’elle n’en perdait pas plus que les cinq plaies de Notre Seigneur.

Cinq Pater, cinq Avé – Maria et faire trois fois le signe de la croix.

Pour la foulure :

Soit passure ou mespassure (entorse)  au nom de Dieu et de Saint Eloi, je te conjure,

Faire le signe de la croix du genou au boulet, un deuxième du boulet au sabot et un troisième sur le sabot.

Trois Pater et trois Avé – Maria.

Pour les coliques :

Saint Pierre et Saint Jean s’en allant parmi les champs firent rencontre du mal de flanc.

Mal de flanc où va-tu ? je vais tourmenter le cœur  de (dire le nom de la personne).

Mal de flanc retourne parce que les vêpres et les mâtines sont serrées. Pour toi tout est fait et défait, faire le signe de la croix.

Trois Pater et trois Avé – Maria.

Pour faire sortir une épine :

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit est tiesse.

Trois Pater et trois Avé – Maria.

Passionnant n’est-ce pas ? Je vous en promets d’autres pour la semaine prochaine. Un immense merci à ce lecteur qui nous a communiqué ces trésors de médecine populaire. Si vous pouvez compléter cette intéressante collection, ne vous en privez surtout pas.

La Petite Gazette du 2 avril 2008

LES PRIERES QUI GUERISSENT

Comme promis, retrouvons, cette semaine, une première série de prières communiquées par ce monsieur de Neupré qui aurait certains dons de guérisseurs puisqu’il s’agit d’un enfant posthume.

Prière à la sainte goutte :

Prière à la Sainte Goutte par votre puissante intercession auprès de Dieu aspiré moi une guérison s’il vous plait. Trois Pater et trois Avé – Maria.

Pour le mal de dents :

Sainte Appoline était assise sur la pierre de marbre, Notre Seigneur vint a passer par là, lui demanda Appoline que fait-tu là ?

Je suis ici pour mon sang pour mon chef et pour mon mal de dents.

Appoline retourne si c’est un ver il périra et si c’est une goutte de sang elle tombera.

Faire le signe de la croix et réciter trois Pater et trois Avé – Maria.

Pour les yeux :

En l’honneur de Dieu et de la Vierge (signe de croix, Pater, Avé)

En l’honneur de Saint Benoît et de Saint Bernard (signe de croix, Pater, Avé)

En l’honneur de la Sainte Trinité et de l’incarnation du fils de Dieu en un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils, le Saint Esprit (signe de la croix, Pater, Avé)

La Petite Gazette du 9 avril 2008

A PROPOS DE CE MONSIEUR QUI A UN DON DE GUERISSEUR

Mme Edith Muller-Massin, de Vielsalm, a réagi à cette communication concernant le don de guérisseur. « Il est dommage, m’écrit-elle, que votre correspondant n’ait pas pratiqué ce don qui est très précieux, il faut savoir que cela « marche », beaucoup de personnes font appel à ces personnes qui « signent » (c’est le terme utilisé) et malheureusement il y en a de moins en moins. Mon papa « signait pour les orgelets et les coliques; mon oncle pour les brûlures. Je peux dire à votre correspondant que si la jeune fille en question n’a gardé aucune cicatrice et si la brûlure s’est très bien soignée et rapidement c’est grâce à lui. Il faut évidemment avoir recours à un médecin ensuite et utiliser les traitements prescrits mais, disaient toujours mon oncle et mes parents, il faut se faire signer avant qu’un médecin ne soigne. J’ai souvent fait appel à ces personnes qui mettent leur don au service des gens, je dis « au service des gens » car certaines personnes se font rémunérer!Comme je le dis il y a de moins en moins de ces « guérisseurs », ils décèdent sans avoir pris le temps de passer ce don ce qui a été le cas de papa et mon oncle. »

 La Petite Gazette du 16 avril 2008

AU SUJET DES PRIERES QUI GUERISSENT…

Madame Céline Bayer nous transmet un intéressant témoignage :

« Concernant les prières qui guérissent, je peux vous affirmer que deux dont le monsieur parle font leurs effets. Il s’agit de celles relatives aux brûlures et aux saignements de nez. J’ai 82 ans et je les applique encore maintenant quand l’occasion se présente.Pour les brûlures, je signe avec les mêmes mots mais sans les prières pour terminer, je tiens cette formulation d’une dame qui avait eu de graves brûlures.L’autre prière, je la connais grâce à mon père qui nous en avait parlé quand j’étais enfant, mes soeurs n’y ont pas fait attention, mais moi je l’ai retenue et m’en suis souvent servie quand je travaillais. J’avais une collègue qui ne croyait pas à tout cela et, chaque fois, que je m’apercevais d’un début de saignement de nez ou quand je le pressentais, je disais la prière et cela s’arrêtait et elle le reconnaissait malgré un petit sourire mitigé. Mon père tenait cette prière de ses grands-parents fagnards. ».Merci pour cet intéressant témoignage. Si, comme Mme Bayer, vous avez utilisé de pareilles prières pour soigner, si vous les utilisez encore, si vous en connaissez d’autres, j’espère que vous aurez la gentillesse de nous communiquer vos souvenirs et connaissances.

La Petite Gazette du 7 mai 2008

LES PRIERES QUI GUERISSENT

Madame Maria Lambotte, de Werbomont, nous confie, à son tour, un intéressant témoignage sur ces prières qui guérissent :« Grand-maman m’avait parlé de ses gros problèmes d’allaitement à la naissance de son premier enfant, en 1908. Elle souffrait de crevasses aux seins. Son beau-père l’a conduite, avec la carriole et le cheval, en Haute Ardenne, mais j’ai oublié où précisément.Un vieux monsieur l’a fait entrer dans une pièce sur les murs de laquelle il y avait de grands cadres avec des images pieuses. Il a invité grand-mère à le suivre en s’arrêtant à chaque image où il fallait dire : « Seigneur, si vous le voulez, vous le pouvez. »Au bout d’un moment, son beau-père qui l’attendait sur le seuil a dit : « Vinè m’fèye, c’est’on rcroyou makray. », ce qui voulait dire un sorcier.Bien que très croyant et pratiquant, mon arrière-grand-père était très sceptique quant à l’issue de la démarche qu’il avait proposée à sa belle-fille ! »

La Petite Gazette du 14 mai 2008

LES PRIERES QUI GUERISSENT

Madame Ida Lengelé-Schmitz, de Tilff, se souvient :

« Dans mon village de Petit-Thier, il y avait un garçon né après la mort de son père, tué à la guerre de 40. Il avait des dons lui aussi, je l’ai vu soigner quelqu’un de la famille, nous étions sept enfants. Je crois que c’était un de mes frères qui s’était occasionné une foulure au poignet. Il a été de suite soulagé. Mes parents nous parlaient de ce que cet enfant posthume savait faire, mais j’ai oublié les détails. Nous avions des parents merveilleux, braves et courageux qui nous ont enseigné le bien et appris à suivre le bon chemin. Maman nous a donné la prière pour les brûlures, d’autres aussi. Dans la famille, nous connaissions beaucoup de prières. Je l’ai déjà utilisée sur plusieurs personnes et, même de loin, cela réussit. J’ai donné cette prières à plusieurs de mes amis et connaissances qui m’ont remerciée car,avec cette prière, il ne reste quasiment aucune trace des brûlures. Elle n’est pas tout à fait la même que celle du monsieur de Neupré, mais cela ne m’étonne pas car, en région d’Ardenne, il y a encore beaucoup de personnes qui possèdent ces secrets Je pense que ces gens devraient les donner pour assurer la continuité de ces bienfaits, mais la mentalité d’aujourd’hui le permettra-t-elle ? »

Les nombreuses réactions, communications et témoignages enregistrés par la Petite Gazette  semblent répondre que oui… Il serait intéressant que ma correspondante nous confie cette prière afin de constater ce qui la différencie de celle de ce lecteur de Neupré. En attendant  sa prochaine contribution, je la remercie vivement pour celle-ci.

La Petite Gazette du 28 mai 2008

A PROPOS DES PRIERES QUI GUERISSENT

Madame Maria Lambotte, de Werbomont, nous avait parlé de la visite de sa grand-mère chez un guérisseur et du doute qui s’était emparé du beau-père de l’aïeule. A ma demande, elle a replongé dans ses souvenirs, mais ne peut pas affirmer que cette démarche avait porté ses fruits, elle l’a oublié.

« Le beau-père de ma grand-mère était si confiant dans la prière que, durant la guerre 1914-1918, il promit de faire ériger une chapelle s’il revoyait Joseph, le plus jeunes des cinq fils appelés sous les drapeaux. Il tint promesse et la petite chapelle se dresse à Grand-Trixhe, près de la vieille ferme, son bien à l’époque. Une dame qui a travaillé chez eux, Léontine Dethier, m’avait dit que mon arrière-grand-mère donnait régulièrement de l’argent à un mendiant, en ajoutant « pour faire dire une messe afin de hâter le retour de mon fils ».

Joseph revint, mais on oublia d’en parler au mendiant. Quand ce dernier se représenta, on lui annonça : « Vos sav’, Joseph est rivnou d’al guerre ! » et le bonhomme de répondre : « Vos co mî aller… » La messe est dite ! Ici, ce n’est pas sûr… Il est vrai que c’était tentant de garder l’argent des messes, surtout quand on doit sa survie à la mendicité… »

La Petite Gazette du 4 juin 2008

ENCORE DES PRIERES QUI GUERISSENT

Cette semaine, c’est Mme Jenny Hellinx, d’Esneux, qui nous transmet ces prières :

Madame sainte Anne, mère de la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ,

Dieu te bénisse et te guérisse de brûlure, de blessure, de rompure, d’entrave de toute sorte, d’infirmité quelconque.

En l’honneur de Dieu et de la Vierge Marie, faites que Dieu me guérisse par sa puissance, en l’honneur des angoisses qu’a souffert notre seigneur Jésus-Christ sur le calvaire

« Prière à réciter durant 9 jours, à jeun, avant de réciter trois Notre Père et trois Je vous salue Marie. »

Prière pour le sang

Elisabeth a enfanté Jean

Anne a enfanté Marie

Marie a enfanté Jésus-Christ

Au nom de Jésus, flux ne coule plus et quitte (préciser le nom de  la personne), humble serviteur de Dieu.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit-il.

« Après chaque prière, souffler et faire le signe de croix trois fois ; puis avec la main, et de droite à gauche, la faire aller pour éloigner pour ce que l’on prie.

J’ai toujours été exaucée avec ces prières, mais il faut les dire avec foi. »

Merci pour cette contribution.

La Petite Gazette du 16 juillet 2008

ENCORE UNE PRIERE POUR GUERIR

Madame Viviane Bultot, de Dolembreux, a eu l’excellente idée de me confier, afin que je vous la livre, cette prière pour arrêter les hémorragies.

« Couper deux herbes dehors et les placer en croix sur la partie qui saigne, dire :

Que toutes les plantes que Dieu a créées arrêtent ce sang.

Répéter trois fois et signer.

1 Ave et 1 Pater. »

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

La Petite Gazette du 24 octobre 2012

ET SI ON PARLAIT DE LA POSTE ET DES POSTIERS ?

Monsieur Didier Kreczman travaille à la poste à Clavier, aussi aimerait-il que vous évoquiez vos souvenirs de la poste d’hier à Clavier bien sûr, mais également ailleurs :

« Serait-il possible que les lecteurs de La Petite Gazette évoquent les anciens bureaux de poste et les facteurs d’hier ? Peut-être pourraient-ils nous proposer des photographies des anciens bureaux de poste d’Ocquier, de Bois, de Les Avins et  de Clavier voire même des anciens bureaux de poste de toute la zone de distribution de l’hebdomadaire les Annonces. Peut-être même disposent-ils de photographies d’anciens facteurs en uniformes. Ce serait peut être l’occasion de rappeler le rôle social (encore bien réel dans nos régions essentiellement rurales) de nos courageux facteurs (je le dis d’autant volontiers que j’ai le privilège de rester bien au chaud quand ils affrontent pluie, neige ou verglas). »

A vous de jouer, si vous le souhaitez bien sûr… Je suis intimement persuadé qu’il y en aurait des choses à raconter si les anciens facteurs voulaient bien nous conter les anecdotes qu’ils ont vécues…

La Petite Gazette du 7 novembre 2012

ET SI ON PARLAIT DE LA POSTE ET DES POSTIERS ?

Monsieur Didier Kreczman travaille à la poste à Clavier, aussi vous a-t-il proposé d’évoquer vos souvenirs de la poste d’hier à Clavier bien sûr, mais également ailleurs : Monsieur Jean Bolland, d’Amonines, est le premier à répondre à son souhait. Il se souvient d’un temps qu’il regrette manifestement, celui où les facteurs avaient le temps !

« Je n’évoque pas la région de Clavier et ne possède pas de photos sur les bureaux de poste d’autrefois. Néanmoins, j’ai quelques souvenirs à relater.

C’était au temps où les plans géoroutes  planifiant des obligations de rapidité, de rentabilité et d’efficacité économiques ne pourrissaient pas le travail de nos dévoués facteurs. C’était au temps où cette fonction permettait encore de laisser une bonne part aux contacts humains et à la propagation verbale de ces mille et une nouvelles qui font le charme de la vie dans nos campagnes. C’était au temps où l’employé du bureau de poste -qui bien souvent était le facteur rentrant de sa tournée- ne devait pas  tenter de vendre les produits financiers imposés par la politique de l’entreprise. D’ailleurs, la poste n’était pas une entreprise mais un vrai service public.
A Dochamps, village aux rues escarpées, le facteur, comme partout en zones rurales, effectuait sa tournée à pied. La besace pansue en bandoulière, il entrait dans chaque habitation, distribuant journaux, lettres, bons mots à chacun, bonne humeur et chaleur d’une présence humaine éphémère mais ô combien importante pour les personnes isolées à qui il n’hésitait pas à rendre de petits services comme rentrer la provision journalière de bûches pour le chauffage!

Lors des fortes chaleurs, quelque peu débraillé et coiffé d’un képi qu’il portait de travers, il suait à grosses gouttes, au long des routes et sentiers pentus du village. En hiver, protégé par une cape, il avait parfois bien de la peine pour se faufiler entre les amas de neige rejetés par le traîneau communal ou par les villageois qui avaient dégagé un passage entre leur demeure et le chemin.

Les premiers jours de janvier, rares étaient les gens qui ne lui glissaient pas une dringuelle dans la poche ou qui ne lui versaient pas une petite goutte. Parfois les deux. Dès lors, il continuait sa tournée, le couvre-chef de travers. Mais plus pour les mêmes raisons qu’en été.
Le bureau de poste était une pièce d’habitation que l’administration louait chez un particulier ; le guichet simplement aménagé dans la porte de la dite pièce. Une table imposante portant le matériel nécessaire au travail administratif, une chaise ou deux, une armoire, un poêle et une balance, de précision, à plateaux posée sur la tablette de la cheminée ainsi qu’un imposant coffre-fort constituaient l’essentiel du mobilier. »

Et vous quels souvenirs avez-vous conservés des facteurs et des bureaux de poste d’antan ?

La Petite Gazette du 20 novembre 2012

LES FACTEURS DU TEMPS OU ILS AVAIENT LE TEMPS…

C’est Monsieur Jean Ninane, lecteur passionné et collaborateur régulier et passionnant de La Petite Gazette qui m’adresse ce petit texte qu’il complète de ses réflexions personnelles sur le sujet.

 » Voici un extrait de ce qu’écrivit une élève de 14 ans  au concours cantonal de rédaction, il y a pas mal d’années.

« Notre cher facteur,

Izier a le privilège d’être desservi par un facteur comme il en existe peu tant il est aimable et sympathique.

Chaque jour, les mains crispées au guidon du vélo, le sac rebondi,  il gravit 5 km de côte  et cela par tous les temps, bise cinglante, neige glacée, pluie battante, sol brûlant. Il nous arrive le sourire aux lèvres, en sifflant ou chantonnant. Arrivé au village, il va de porte en porte, déboucle son sac duquel il tire journaux et lettres qui réjouissent ou attristent parfois. Les gens l’accueillent comme un parent : « Christophe, une tasse de café, une petite goutte, un cigare ? »

Au village d’Izier, Christophe est l’homme de confiance. On lui raconte ses petites misères, on lui narre ses peines, on lui demande avis. Les services qu’il rend en dehors de ses obligations sont appréciables. Pressé ou pas, contraint ou non, il vous dépannera… »

Ce petit texte est tiré du livre merveilleux écrit par le facteur en question sous le titre « Christophe Théate, Facteur ardennais« (Edition Legrain 1977)

Il faut trouver et lire ce livre pour comprendre ce qu’était le facteur d’autrefois, un bienfait social. Il apportait des médicaments, de la viande et des bas à ravauder. Il apportait les dernières nouvelles. Il connaissait toutes les naissances, mariages et décès du coin. Les gens ne mettaient pas leur courrier dans les boites aux lettres mais à leur fenêtre pour que le facteur entre les saluer… et leur parler. »

Vive le géo-route !!!

Pour illustrer ces propos, Monsieur Francis Sante, d’Aywaille, un tout jeune retraité de la Poste qui aurait, sans doute, bien des souvenirs à partager, s’est assuré la complicité de Monsieur Freddy Lemaire pour vous donner l’occasion de découvrir cette magnifique photographie d’un facteur d’Aywaille en 1926.

facteur-des-postes-daywaille-en-1926

La Petite Gazette du 5 décembre 2012

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

C’est au tour de Monsieur André  Feuillen, d’Awan-Aywaille,  de se souvenir… Vous comprendrez qu’il ne pouvait oublier ce facteur…

facteur-rural

« Un facteur rural armé vers 1930, Monsieur Francis Sante, d’Aywaille,  jeune retraité de la Poste, s’est assuré la complicité de Monsieur Freddy Lemaire pour vous donner l’occasion de découvrir cette magnifique photographie »

« Je  me  rappelle  des  facteurs  depuis mon  plus  jeune  âge. A  la  sortie  de  la  guerre  chez  mon  Bon-Papa  à  Noville-les-Bois :

« one  got’  Eugène ? » …  et  le  brave s’asseyait  à  la  table  attendant  la  bouteille  que  Maman  ou  mon  oncle  ramenait  de  l’entrée  de  la  cave, Bon-Papa  restant  dans  son  fauteuil (è  culot  d’lé  stouf)  tirant  sur  sa  pipe. Après  avoir  échangé quelques  phrases  le  facteur  basculait  son  verre  d’un  geste   rapide,  se  levait. « Merci  a   dmoin ! »
Plus  tard,  je  me  souviens  aussi  qu’il  était  parfois  accompagné  d’un  contrôleur  qui  tenait  sa  montre de gousset en  main et  notait  sur  une  feuille !  (déjà en  1948!)

Je  me  souviens  très  bien  aussi  que  le  facteur  passait  2  fois  par  jour,  tournée  du  matin  et  tournée  de  l’après-midi ; il  passait  aussi  le  samedi.  Je  pense  aussi,  mais  là  je  me  trompe  peut-être ,  qu’il  passait aussi  le  dimanche  matin.

En  1945, nous  avons  aménagé  rue  des  Golettes  à  Tihange et  la  aussi  le  facteur  passait  deux  fois  par  jour. Peu  avant  Pâques  1946,  Maman  qui  nous  conduisait  à  l’école  d’Application à  Huy  venait  nous  rechercher  l’après-midi,  en  profitait  pour  faire  quelques  courses  puis  remontait  à  pied  vers  le  Long-Thiers. En passant  rue  Vankeerberghen,  venant  du  centre  ville,  il  y  avait  à  la  première  ou à la deuxième  maison à  droite  un  chocolatier  dont  la  vitrine  se  limitait  à  la  fenêtre  ordinaire  de l’immeuble. Du  haut  de  mes  six  ans, je  m’étirais  sur  la  pointe  des  pieds  pour  rêver  de  chocolat.  J’aperçus au  centre  de  la  vitrine  une  poule en  chocolat  quasi  grandeur  nature  couvant  ses  œufs.

« Oh  …Maman  je  veux  cette  poule-là  aux  cloches !!! » Maman  me  répondit  gentiment  que  pour  avoir  cette  poule  il  fallait  écrire  aux  Cloches  et  que,  si  j’étais  gentil,  elles me  l’apporterait. Rentré  à  la  maison  trois quarts d’heure  plus  tard,  je  n’avais  pas  oublié  ma  poule.  Aussi  me  mis-je  en  devoir  de  préparer une  feuille  de  cahier  et  un  crayon  pour  écrire  aux  Cloches.  N’étant  appris  que  depuis  quelques  mois  Maman
se  prêta  de  bonne  grâce  pour  m’aider  à  écrire  ma  lettre, celle-ci  terminée, Maman  me dit  qu’on  la  posterait  demain. Je  la  pliai  en  quatre  et  la  glissai  dans  la  poche  de  mon  manteau. Le  lendemain,  nous  partions  pour l’école  comme  tous  les  jours  accompagnés  d’autres  mamans  et  de leurs  enfants.  Passant  devant  la borne  postale  située  à  100  m.  de  la  maison,  je  me  précipite  pour  y  glisser  ma  missive  Maman  essaie  de  me  retenir… « Attends….attends ! »

Trop tard, c’est  « but ». « Mais  il  ne  fallait  pas, il  fallait  une  enveloppe  et  un  timbre !… »
Quelques  jours  plus  tard,  vacances  pascales, soleil  radieux  je  suis  à  la  fenêtre  devant,  à  regarder  dans  la  rue. Passe  le  facteur  qui  me  dit  bonjour  puis  disparait  aussi  vite  derrière  le  mur  de  la  propriété  voisine,  réapparait aussi  vite  à  reculons en  me  regardant.

Dis  m’fi…c’est  toi  qui  as  écrit  aux  Cloches ?

 Oui !

Ha !  Ta  lettre  est  arrivée   s’tu 

– Merci facteur !  

Je  cours  vers  Maman  lui  annoncer  la  bonne  nouvelle.   Quelques  jours   plus  tard, alors  que  je  suis  en   sieste,  coup  de  sonnette… tournée  de  l’après-midi   Le  facteur   tend  à  papa,  qui  ouvre  la  porte, un  gros  emballage  cadeau… « De  la  part  des  cloches ! »  et  sans  ajouter  un  mot   le  messager   repart. J’ai  déballé  non  pas  une  poule  mais  un  tout  gros  oeuf  en  chocolat. N’était-il  pas  merveilleux  notre  facteur ?  Je  n’ai  jamais  oublié  son  geste   et  il  m’est  déjà  arrivé  quand  mes  moyens  me  le  permettent  de  perpétuer  son  geste. »

La Petite Gazette du 12 décembre 2012

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

C’est de Grandmenil, que Madame Sevrin intervient pour rendre hommage à celui qu’elle appelle « le brave facteur » de son enfance :

« Qui reconnaît ce brave facteur ?

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« Mon bon facteur et mes deux grandes sœurs devant la croix du village »

 

 

 

Il s’appelait Louis, il était une âme de nos foyers, y apportant les bonnes et les mauvaises nouvelles, partageant les joies et les peines de chacun.

Nous habitions la dernière maison du village. Chaque jour, il était attendu. Il buvait sa tasse de café, mangeait ses tartines puis recevait un petit stimulant. Il était très jovial.

Il en a parcouru des kilomètres, à vélo durant la bonne saison, à pied en hiver, bravant le gel, la neige et les congères.

Une nuit d’hiver, une tempête de neige s’était abattue sur toute la région, isolant notre hameau de tout. Très tôt le matin, les hommes munis d’une pelle se mirent à dégager la route. A la fin du village, ils découvrirent notre messager enseveli sous la neige, éreinté, transi de froid, mais décidé à continuer sa tournée.

Durant les périodes de Noël et de Nouvel An, je l’attendais avec impatience, espérant recevoir quelques jolies cartes illustrées.

Des années plus tard, j’ai eu le bonheur d’accueillir ses arrière-petits-enfants dans ma classe. En Guillaume, j’ai reconnu sa « bouille » si sympathique et, en Marine, son humour et sa joie de vivre. »

Un grand merci pour ce beau témoignage. Et vous me parlerez-vous de votre facteur ?

La Petite Gazette du 19 décembre 2012

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

Madame Renée Daper, de Palenge-Durbuy, évoque les tournées de son mari facteur :

« Mon mari, René Antoine était facteur, il est malheureusement décédé il y a 22 ans déjà. Il était bûcheron avant notre mariage, mais nous étions à peine mariés, en avril 1949, qu’il fut mis au chômage. Mon frère était percepteur et lui signala qu’une place était vacante à Ocquier. Mon marie l’a occupée dès août 1949. Il y avait là quatre facteurs, c’était une sous-perception. Comme il était le dernier entré, sa tournée n’était pas des plus belles. Il la commençait par la grand-rue d’Ocquier, qu’il desservait, puis il s’en allait vers Bonsin, distribution, avant la route du Bois Lapson, une ferme à 3 ou 4 kilomètres de Bonsin où gentiment il recevait une tasse de café et où il pouvait prendre 3 ou 4 minutes de repos. Après il n’y avait plus de route sinon en terre pour aboutir à une grande prairie, pleine de bétail. Il devait porter son vélo en plus de son sac et descendre la prairie jusque dans la cour de la ferme de Boffeux. Il s’engageait ensuite dans la distribution le long de la grand-route de Somme-Leuze, puis il s’engageait dans une route à droite où il distribuait également le courrier. Ensuite, il devait franchir un ruisseau. Tous les jours, il portait en plus des boîtes de lait pour les jumeaux de M. et Mme Rasquin. Il allait les chercher avant sa tournée chez le Dr Rase. Au retour, ce n’étaient que des côtes…

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Il a ensuite été envoyé à Clavier, à Seny, puis nommé à Bomal. Après deux ans, il est revenu à Ocquier – Clavier, car c’était plus près de Palenge. La sous-perception a changé d’adresse quand la sous-perceptrice a été pensionnée et là c’est un jeune homme de 17 ans qui est venu comme sous-percepteur, José Nicolas, de Bonsin. Mon mari et lui s’entendaient vraiment très bien et sont devenus amis. Durant sa carrière, mon mari a appris une vingtaine de tournées.

A la ferme du Bois Lapson, il y avait un grand bouc qui attendait toujours mon mari et qui le suivait dans le reste de sa tournée. Mon mari était très embêté car il arrivait que le bouc se « lâche » sur ses sacs… Un jour, il entre dans une maison, eh oui – il n’y avait pas de boîte aux lettes alors, il crie… pas de réponse, il n’y a personne. Le bouc était entré avec lui et mon époux l’enferma dans la maison avant de poursuivre sa tournée. Le lendemain, la propriétaire de la maison attendait évidemment mon mari, il y eut quelques cris mais comme c’était une dame très gentille, elle n’y eut aucune autre conséquence… »

Un grand merci pour ces souvenirs et cette étonnante anecdote

La Petite Gazette du 26 décembre 2012

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

Vos souvenirs sont à la fois plaisants et intéressants à propos de ce personnage sympathique dans le passage quotidien est attendu et, parfois, espéré. Vous êtes nombreux à regretter le temps passé, pas si lointain pourtant mais qui semble à jamais révolu, où le facteur avait le temps de s’arrêter et de commenter avec vous les nouvelles qu’il apportait. Aujourd’hui Madame Maggy Frisée nous gratifie d’un texte magnifique dans lequel elle évoque l’évolution du métier, ainsi qu’elle a pu la constater depuis son enfance… Un immense merci

Nosse facteur. Dji m’ sovin dè vî facteûr qui passéve qwand dj’èsteû èfant. Esteût-i seûl’mint si vî ? Avou s’grosse vwès èt s’ blanke mustatche, c’èst l’îdèye qui dj’ènn’aveu.

C’è-st-à pî come tos l’s-ôtes di ç’ timps-là qu’il arivéve : on baston él min èt s’ pèzante sacoche so s’ vinte, i rotéve timpèsse. Si toûr èsteût long : à quéle heûre aveût-i qwité l’ burô d’ posse di Trooz          po-z-èsse ås Fôdjes vès  dîh eûres, après aveûr  rimonté lès Rys d Mosbeûx ? I lî faléve intrer d’vins lès coûrs ou lès djårdins, passer l’ ri vochal ou là pus lon, sûre ine alêye qui minéve å tchèstê, po r’mète à chaskeune sès lètes ou sès gazètes, ca i-n-aveût nole bwète ås lètes. Ennè profitéve po djåzer d’ traze à catwaze avou onk ou l’ôte ou bin beûre ine jate di cafè tot magnant s’ tåte.

Après Lès Fôdjes, nos l’ vèyîz ‘nn’ aller vès ‘n Andoûmont èt d’là, vès l’ Creûs Hinrå èt lès Brouwîres, pwis rad’hinde po «so Neûrfalîhe » èt l’ Couquerote po r’djonde li Vèsse å Trooz, Çoula lî féve po l’mons ine bone dîhin.ne di kilomètes Mins, mutwèt aveut-i d’vou, d’vant çoula, monter so l’ Thiér èt passer po Gomzé, dji n’ m’ènnè sovin nin mins ça lî åreût co ralongui s’ vôye

Vos v’ mådjinez bin qu’i-n-aveût qu’ine tournêye,  C’èsteût à lu qu’on confiyîve lès lètes à-z-èvoyî èt à lu ossi qu’on atch’téve les timbes. I v’néve li sèm’di èt l’dîmègne èt min.me li prumî d’ l’an avou totes les cartes qu’on rawårdéve, dès cisses qu’èstît mutwèt gåliotêyes di diamantine. Ç’ djoû là, ci n’èsteût nin à dîh eûres å matin qu’il arivéve, mins pus vite à dîh eûres al nut’ ca tot l’ monde aveût volou lî d’ner s’ dringuèle èt lî sinker ‘ne gote.

Poqwè nosse vî tchin hawéve-t-i come on pièrdou qwand ‘l vèyéve ? L’uniforme, li kepi mutwèt?  Ca c’ èsteût parèy po l’ tchampète.

Dès ôtes facteûrs ont v’nou pus tård, dès cis à vélo, adon pwis avou dès mobylètes, asteûre c’èst dès camionètes, mins nouk di zèls ni m’a lèyî d’ sov’ni. I-n-a qu’l’îmådje da Moncheû Debras qui dj’a co d’vant lès-oûy.

I fåt qu’ dji v’ dèye, qui po l’ djoû d’oûy nosse facteûr lêt s’ camionète å coron dèl rowe èt passe à pî, çou qu nos done l’ocåsion dè copiner on pô

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 « Le départ en tournée des 6 facteurs d’Aywaille en 1946 et le bureau était situé rue Alphonse Gilles. Monsieur Francis Sante, d’Aywaille,  jeune retraité de la Poste, s’est assuré la complicité de Monsieur Freddy Lemaire pour vous donner l’occasion de découvrir cette magnifique photographie »

C’est avec beaucoup d’amertume que Madame Isabelle Lecomte, de Clavier, évoque le métier qu’a exercé son papa.

« Oui, mon père Robert Lecomte  était facteur. A ce temps-là, il avait le temps. Il entrait buvait un café, après une gaufre. Pour les personnes plus âgées il allait à la pharmacie et, quand les volets étaient fermés, il prévenait la famille.

Maintenant, ils n’ont plus le temps de rien, ils roulent  sur les pavées pour ne  pas descendre de leur camionnette et mettre dans la boite aux lettres. Il n’y a plus rien d’humanité maintenant, c’est fini le bon vieux temps de vivre ! »

La Petite Gazette du 2 janvier 2013

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

Monsieur Remi Delaite, de Marche, a également eu la bonne idée de partager avec nous tous des souvenirs des facteurs connus avant ou après la Seconde Guerre Mondiale…

«  Durant les années d’avant-guerre, ma mère habitait une ferme isolée à 3 ou 4km du village à Ochamp, avec comme seul moyen d’accès, un chemin agricole. Lorsque le facteur était accompagné d’un contrôleur, ce dernier était invité à prendre une tasse de café pendant que le facteur allait faire une fausse livraison dans un bâtiment situé à quelques centaines de mètres, ce bâtiment n’était autre qu’un hangar… Une façon de justifier son temps ! Quand on songe qu’il faisait le trajet à pied ou en vélo !

Début des années 50, dans mon village à Redu, le facteur avait souvent maille à partir avec un chien qui l’avait déjà mordu plusieurs fois. Rien ne changeait malgré plusieurs avertissements donnés à son propriétaire. Un jour, il prit son arme de service et transperça le chien d’une balle. Le chien en réchappa, laissa le facteur tranquille, qui en fut pour un procès verbal justifiant la douille tirée. Autres temps… »

La Petite Gazette du 16 janvier 2013

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

Madame Courtoy-Fabri, d’Ozo , avec la gentille complicité de sa fille, nous dit le plaisir qu’elle a éprouvé en lisant quelques souvenirs de son facteur, Christophe Théate, le « Facteur ardennais » :

« Pendant la guerre, Christophe desservait Ozo avant Izier. J’allais, chaque semaine, à Grand-Trixhe pour y chercher de la viande abattue clandestinement par Gaston Vanval. Pour m’assurer de la compagnie sur la route, je quittais Ozo une demi-heure après lui et je l’attendais à la sortie d’Izier. J’avais entre 15 et 17 ans et les routes n’étaient pas sures !

Christophe m’a souvent rendu service pour réparer un pneu crevé, une chaîne sautée ou un dérailleur coincé.

J’appréciais beaucoup sa gentillesse et j’en ai gardé un excellent souvenir. Plus tard, j’ai eu  beaucoup de plaisir à lire son livre, qu’il m’a d’ailleurs dédicacé. Cela m’a fait plaisir d’entendre parler de lui… C’est ma jeunesse ! »

La Petite Gazette du 23 janvier 2013

NOUS AVONS DES FACTEURS QUI PRENNENT ENCORE LE TEMPS…

Madame Hélène Dumont, de Moulin du Ruy, apporte à son tour son témoignage sur les facteurs d’hier, mais elle tient également à évoquer ceux d’aujourd’hui !

« J’ai connu ce temps où les facteurs prenaient le temps de s’arrêter, d’entrer poliment dans les maisons en criant « Facteur » pour annoncer leur passage. Ils savaient rendre service et prenaient le temps aussi de commenter les nouvelles. Je me souviens de Fernand, Gaston, Julien et d’autres encore.

Je ne suis cependant pas d’accord avec un témoignage qui se concluait par « il n’y a plus d’humanité maintenant, c’est fini le bon vieux temps ! » Nous avons la chance, dans notre région, de profiter d’un service postal très humain. La Poste a compris que, dans certaines situations, les facteurs peuvent rester proches des personnes âgées ou ayant des difficultés pour aller relever la boîte postale, le long de la route.

Moi, je dis merci de tout cœur à la Poste et aux facteurs de la région Stavelot-Trois-Ponts qui savent rendre service avec beaucoup de sympathie.

L’esprit du bon vieux temps n’est pas tout à fait mort ! »

Merci pour ce beau témoignage qui, indubitablement, fera plaisir aux collaborateurs de B-post.

A LA POSTE CHEZ PARRAIN GEORGES…

Madame Luce Bigot aimerait, aujourd’hui, vous raconter ce qu’elle définit elle-même comme « un bon souvenir ».

« Dans les années 50, mon grand-père était percepteur des Postes à Gedinne; habitant la Hesbaye, nous n’y allions pas très souvent, pas d’autoroute à l’époque, nous y logions 1 ou 2 jours. La poste était un beau bâtiment en pierres bleues qui desservait beaucoup de villages des environs. Du haut de mes 5 ou 6 ans, j’ai le souvenir des facteurs à vélo bien emmitouflés en hiver, du bruit des tampons qui oblitéraient les timbres, de l’énorme balance au milieu de la salle, du poêle à charbon à alimenter très régulièrement et surtout de tous les fils que l’on branchait pour obtenir une communication téléphonique…quelqu’un venait même téléphoner au   Congo.

Ma curiosité de petite fille s’amusait de tout, la grosse horloge, les employés en tablier noir, le petit grillage au plafond qui donnait dans la chambre de mes grands-parents. Je pourrais en parler longtemps pourtant, mon grand-père est décédé assez tôt et, terminées les petites vacances à Gedinne, les balades dans les bois, la messe, terminés le bon lait et le beurre de la ferme etc. mais ceci est une autre histoire. Je rends de cette façon un hommage à mon grand-père et parrain Georges. »

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Je possédais une carte postale représentant le bâtiment où ma correspondante passait ses agréables petites vacances et j’ai pu lui en envoyer une copie qui, manifestement, lui a fait plaisir : « C’est bien la poste de mon enfance, la petite tourelle au premier étage était le cabinet de toilette de ma grand-mère Céline. J’aperçois aussi les fenêtres des greniers dans lesquels nous jouions mon frère et moi parmi les rouets, les poupées de chiffon, les jouets d’un autre âge qui avaient appartenu à mon père et ma tante. »

La Petite Gazette du 30 janvier 2013

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS

Madame Torette-Schmitz, de Tinlot, témoigne à son tour sur ce sujet qu’elle connaît bien :

« Voici papa, Joseph Schmitz, né le 7 mai 1885 et entré à la poste à Engis, vers 1902 je crois.

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Il a fait, pendant des années, la tournée à Clermont-sous-Huy, Aux Houx et Aux Fontaines avant midi. Il venait dîner puis retournait, à 2 heures, pour faire la tournée des Avins. Il travaillait le samedi et avait congé un dimanche sur cinq.

Il devait être à la gare d’Engis à 5 heures du matin pour prendre la première dépêche. Vers 9 heures, il mangeait une tartine et buvait une tasse de café chez Flagotier, aux Houx. Il a pris sa pension en 1941 et est décédé le 11 juin 1960. »

 

La Petite Gazette du 6 février 2013

QUAND LES FACTEURS PRENAIENT LE TEMPS…

Madame Bernadette Lejeune, de Basse-Bodeux, nous apporte quelques précieuses informations sur cette photo parue il y a quelques semaines.

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 « Le départ en tournée des 6 facteurs d’Aywaille en 1946 et le bureau était situé rue Alphonse Gilles. Monsieur Francis Sante, d’Aywaille,  jeune retraité de la Poste, s’est assuré la complicité de Monsieur Freddy Lemaire pour vous donner l’occasion de découvrir cette magnifique photographie »

 « Le deuxième facteur, à compter de la gauche, est mon papa, Fernand Lejeune, né le 7 mars 1921 et décédé accidentellement le 7 mars 1963. Je suis née en 1952 et, si je me souviens bien, papa avait été appelé à l’armée mais il manquait de facteurs alors il avait été rappelé à son poste. Durant la guerre, je sais qu’il détournait les lettres qui étaient destinées aux Allemands et qu’il les faisait parvenir à l’armée blanche… »

Les facteurs, d’autres professions également dont les téléphonistes, ont pris beaucoup de risques durant la dernière guerre et ils ont ainsi rendu d’éminents services à la lutte contre l’occupant.

Monsieur Jean Marie Chartry d’Heur, professeur émérite de l’Université de Liège, nous lit à Saint-Germain-en-Laye (France) grâce à la gentille complicité d’une lectrice de La Neuville qui lui envoie régulièrement cette page. Il tient à insister sur le « rôle social de celui qui n’était pas seulement le simple porteur de missives, le propagateur de nouvelles orales sur le chemin de sa tournée, la rythmant par sa régularité quotidienne ou biquotidienne d’un certain temps de la vie quand la vie, en effet, prenait le temps de vivre. On le trouvait aussi consolateur des femmes à la maison, qui voulaient recourir à son service. Ce ne sont à cet égard ni légende ni ragots, mais faits et observations dispersés sur la population de nos villes et de nos villages, dont il va de soi qu’aucune enquête sociologique ne rendra jamais rétrospectivement compte, puisque nous entrons dans le domaine de l’intime et du celé. En des temps où il n’était question que d’insémination naturelle, il arrivait que le facteur jouât le rôle du donneur pour la fécondité de femmes en mal d’enfant, pratique que relève l’expression wallonne, « l’èfant dè facteûr » ; pratique occasionnelle, certes, et néanmoins réelle, quoique destinée à échapper tout naturellement aussi à l’enregistrement de la statistique. »

La Petite Gazette du 13 février 2013

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS… CHRISTOPHE THEATE

Monsieur Ivan Rasquin, de Ouffet, m’écrit pour me dire son intérêt face aux témoignages sur les facteurs d’hier et, spécialement, Christophe Théate qu’il a connu dans ses derniers moments de vie :

« Mon histoire est toute différente de celles publiées jusqu’à ce jour : J’ai vécu au côté du facteur Christophe Théate dans ses derniers moments de vie.

Christophe était hospitalisé à la clinique de Huy, j’y suis aussi hospitalisé et … dans la même chambre. Je n’ai fait que de l’entrevoir quand on a entré mon lit dans sa chambre et m’a placé côté fenêtre. Une tenture nous sépare mais ne nous empêche de communiquer par la parole, en wallon, j’étais heureux de parler avec cet homme érudit. Son vœu  était de faire intégrer notre patois dans les écoles, si non il serait perdu à jamais. Il avait raison mais savait que c’était peine perdue, le patois est trop varié d’une région à l’autre. et c’est très tard que nous nous sommes souhaité « in bonne nute« .

Ce qui va suivre va vous sembler invraisemblable, mais pourtant réel : Je dormais depuis … lorsqu’une lueur indéfinie vint de l’extérieur illuminer la chambre, une forme (de femme) difficile à définir longeait le mur, pour disparaître derrière la tenture qui me séparait de Chistophe. Au passage de cette ??  mon corps était glacé, de peur je n’osais bouger, je croyais que c’était l’heure de ma mort ! Moi qui suis athée, je me pose encore la question de savoir ce que représentait cette « chose »…

Quand, environ une à deux heures plus tard, j’entendis des personnes chuchoter, je me suis bien réveillé, c’était la famille de mon voisin de chambre. Christophe était décédé ! Le 25 janvier 1983 à 6 h 40. J’ai cet acte.

Je fis le rapprochement entre la lueur de la nuit et son décès ! Quand j’en ai fait part à son fils Norbert, il me signifia que son père était extrêmement croyant et que ce ne serait que la venue de la Sainte Vierge pour le bénir ! Moi le mécréant, j’étais perplexe, mais que penser ?

Après ma revalidation, je me suis rendu à Tohogne, avec Norbert, sur la tombe de l’homme que j’avais peu vu mais qui, par sa voix, son parler, son wallon avait laissé une trace en moi. Son fils Nestor, lui, m’a offert ses deux livres: « Christophe Théate, facteur ardennais » et le « Recueil de poésies wallonnes« .

Quand, dans son livre, on parle de Malboutée, je ne peux m’empêcher de penser à mon arrière-grand-mère paternelle, Marie-Thérèse Laboule y est née, dans son acte de naissance, il y est indiqué « maison isolée » mais c’était en 1843. J’ai écris sa biographie portant simplement son nom. »

Merci pour cet émouvant témoignage.

La Petite Gazette du 20 février 2013

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

Madame Maria Lambotte, de Werbomont, se souvient elle aussi de cette époque…

« Je vous livre quelques faits de vie de l’époque où les facteurs avaient le temps, où 100 francs en un an rapportaient 3 francs et je vous parlerai, lié à tout ceci, du fameux poêle crapaud de la tante Alphonsine. Mes parents, à leur mariage, ont partagé sa vie pour l’accompagner et reprendre la ferme laissée libre par le décès de son mari.

C’est ainsi que nous avons pu profiter l’hiver, dans la salle à manger, la chambre comme on disait alors, de la douce chaleur que diffusait ce merveilleux poêle, ce support pour se chauffer les pieds comme dit si bien M. Houlmont.

A la bonne saison, on emménageait à la cuisine, mobilier : chaises de ferme, cuisinière à pavés, des faïences à fleurs vertes qui avaient tout leur charme et le grand canapé savamment travaillé par Prosper Dodrimont, menuisier, le grand-père de Philippe. Que du bonheur, oui ! mais, car il y a un mais… Maman avait la foutue manie de visiter nos petites tirelires de la C.G.E.R. pour rendre la monnaie au facteur. Bien sûr, elle nous remettait la somme, qu’on dit ? Ces petites tirelires cylindriques étaient offertes par la C.G.E.R. aux écoliers et M. Giltay, l’instituteur, nous proposait d’apporter nos petites économies et, au bout d’un temps, nous apportions nos livrets qu’il portait à la Poste avec notre pactole.

Ma petite sœur Lucienne commençait à trouver cette habitude de maman un peu sûre… Il fallait absolument trouver une cachette … et de glisser son petit trésor dans le pot du poêle crapaud sous les papiers que maman avait déposé pour brûler aux premiers froids. C’est fait, on n’y verra … que du feu. Et voici la fête, le grand rassemblement, oncles, tantes, cousins, cousines sont invités à partager un repas tout simple mais combien convivial. Et l’après-midi, le petit monde se dirigeait à pied vers Werbomont, via les carrousels, par après, en Jeep pour les plus petits avec l’oncle Antoine d’Ernonheid. Quelle aubaine ! oui, mais de nouveau un mais ! C’est le mois d’août, la canicule que nenni ! Un petit air humide et frois a fait qu’il fallait absolument réchauffer les invités.

Maman ouvre le poêle, dépose les petits bois sur les papiers, craque l’allumette et, soudain, Lucienne se rappelle, vole au secours de sa petite tirelire, s’explique sur la cachette, les cris, les larmes… « mes sous ! Mes sous ! » Pôve pitite…  

On a retiré de  l’étui en métal, de couleur rouge avant l’incendie, dès pèces tot si neures qu’on vî clâ, come li bouquète… E lès bilèts, qu’en n’esteut – î ? « Le billet de cinquante francs, je crois que je l’avais repris ! »

Awè vos maman, vâ co mi dè dire ainsi, on n’y pou todis dja rins !

La Petite Gazette du 6 mars 2013

QUAND ARTHUR ÉTAIT FACTEUR

C’est Madame Georgette Hubert, d’Esneux, qui se souvient de lui :

« Ma vieille marraine était handicapée, à 80 ans, elle ne pouvait plus descendre à la cave. Or, elle se chauffait encore au charbon qui alimentait sa cuisinière et sur laquelle elle préparait ses petits repas. Chaque jour, le facteur, il s’appelait Arthur si j’ai bon souvenir, descendait à la cave et lui remontait deux ou trois seaux de charbon et tout cela bénévolement bien entendu. Cela lui a permis de rester chez elle jusqu’à la fin de sa vie. J’ajoute encore qu’il allait lui chercher sa viande à la boucherie voisine. Cela se passait dans les années 1970. Ces services spontanés étaient d’un humanisme indéniable. »

ENCORE UN FACTEUR… JOSEPH ORBAN, DE MARCOURAY

C’est Monsieur François Soyeur qui nous le présente :

« Voici l’histoire d’un brave facteur, Joseph Orban,  de Marcouray. Joseph est né en 1908. Il a été facteur au début à Marcour, il distribuait la correspondance à Beffe, Devantave et Marcouray. Pendant la guerre, il était fréquemment arrêter par les Allemands pendant sa tournée ; il était fouillé, sans succès, les Allemands qui recherchaient de l’argent : l’argent convoité était planqué dans la selle de son vélo…

Après Marcourt il est allé au bureau de Laroche et puis à celui de Barvaux et cela pour être nommé. Il logeait chez son frère Louis, à Ny (Hotton). Il fut nommé à la poste de Melreux et cela de façon définitive. Il venait de Marcouray (d’où son surnom Macray) à vélomoteur par tous les temps et était au bureau avant  les autres facteurs habitant pourtant plus près. Il distribuait Monville, Fronville, et la route de Ny à Melreux. Il aimait beaucoup mieux les gens des petits villages, il n’aurait pas voulu distribuer la rue Parfonry à Hotton ou, disait-il, « les gens vivaient à l’arrière et fermaient les portes à clef! »

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 Quelqu’un pourra-t-il identifier la personne présente à côté du facteur Joseph Orban ?

 

 

Pendant la distribution de Fronville, il y avait la halte café. Elle se faisait chez nous et nous discutions de choses et d’autres, il était souvent près de la fenêtre, il admirait les poules et les vaches (il en possédait lui-même trois). Je revois encore mon épouse et ma soeur lui dire que nos poules étaient plus belles que les siennes et, à chaque fois,  Joseph disait : « A vos garces ! » et le fou-rire  était de la partie…

Après sa distribution, il avait une longue coupure car son service ne reprenait que fin d’après midi : levée de boites aux lettres puis il devait porter les dépêches au train de 19 heures. Avant cela, il lui arrivait de retourner le jardin derrière  le bureau de poste de Melreux. En général, il restait au bureau, triant du courrier que les autres facteurs ramenaient. Il allait parfois boire une tasse de café chez Charles et Marcelle Saintviteux qui habitaient à côté de la poste. Il retournait enfin vers son domicile après une journée bien remplie.

Joseph était très gentil, très honnête, il avait une grande franchise dans le langage (souvent en wallon). Il disait : « Qui n’est-i nute è qu’on sopahe » … Mais il  savait aussi se mettre en colère, un employé intérimaire s’étant moqué de lui, ils en étaient venus aux mains, sa cannette en métal avait été pliée sur le crâne de l’employé!

Joseph était peut-être un peu rancunier. Quand le percepteur, Raymond Hainaux, qui avait été prisonnier de guerre, avait voulu organiser une excursion en Allemagne, Joseph avait dit haut et fort : « Vos n’allez nin pwèrter vos sous à ses djins-là ? »

Joseph était serviable, il s’occupait totalement des feux au charbon dans le bureau. Quand il était en congé si on le rappelait, il reprenait le service sans rouspéter. Il était peut-être un peu vieux jeu, il n’aimait pas le moderne. Mais il était apprécié en tournée comme au bureau. Nous en gardons un bon souvenir.

Merci à tous les facteurs de la tournée citée ci-dessus. Certains faisaient le café eux- mêmes, d’autres allaient réveiller les deux filles avec une canette d’eau… En ce temps-là, il n’y avait pas de « géo-route ». Et mon correspondant de remercier Mme Walhin et Robert, le fils de Joseph Orban, pour l’aide qu’ils ont apportée dans l’enquête menée…

La Petite Gazette du 20 mars 2013

QUAND  LE  FACTEUR  TROUVAIT  L’AME  SŒUR !

Monsieur Raymond Gillet, de Nandrin, évoque quelques épisodes de la vie de facteur de son cousin Louis :

« Ces faits se passent juste après la guerre, nous sommes en 1945, mon cousin Louis Billaux est jeune facteur, il a 18 ans environ. La poste de Noirefontaine est située sur une voie secondaire, le camion postal de Libramont ne peut utiliser cette route. L’oncle Joseph, papa de Louis, également facteur  commence son travail  à 06h30, par se rendre à 150-180 mètres de la poste avec une brouette type terrassier(en 1945), il se plaçait le long de la route nationale Bouillon – Paliseul et attendait le passage du camion postal. Courriers divers, journaux, petits colis, paquets sont déchargés prestement dans la dite brouette; les jours de pluie un caban de facteur servira de protection. Retour au bureau de poste ; les facteurs sont arrivés, le tri par village et tournée va pouvoir commencer.

Louis va partir vers 07h15 réaliser sa «  tournée », il rentrera au bureau après 09h30, après avoir parcouru à vélo ou à pied près de 10 km. (A pied lors du passage du contrôleur). Il effectuera une seconde tournée à 14h30, elle consistera à « relever » les différentes boites aux lettres des villages de Noirefontaine, Curfoz, Sensenruth, Ucimont, Botassart ; le courrier ainsi récolté sera conduit à Bouillon,  à vélo évidemment.

Nous sommes en 1948, cousin Louis doit encaisser une assignation dans une entreprise de Noirefontaine, au lieu-dit « la briqueterie », il présente l’assignation ; vu la somme Monsieur Gourmet lui demande s’il peut représenter l’assignation le lendemain. Le lendemain Louis se présente au bureau de M. Gourmet, il n’en croit pas ses yeux, sur le bureau il découvre une pile de billets de plus de 10cm d’épaisseur. Il s’assied, et commence à remplir son formulaire de réception. Toutes les différentes coupures sont présentes. Après rédaction, il calcule le montant reçu (en mimant l’addition il me semble voir sa main droite trembler). Le montant total est correct….ouf… 253.007 francs sa mémoire ne défaille pas. (N’oubliez pas nous sommes en 1948 !) Louis a terminé sa tournée au pas de course pour rapporter l’argent au bureau de poste.

Il en vient à me narrer une histoire cocasse. A  l’époque le dimanche matin il effectuait une «  tournée journaux » (Libre Belgique, La Meuse, Le Soir, La Nation, l’Avenir…) En ces temps-là, le dimanche matin, avant la messe, c’était la toilette. Oui, la toilette au milieu de la cuisine dans la bassine. Louis arrive à Curfoz chez la Maria et par habitude, tout en ouvrant la porte il crie « Facteur ! », il a refermé précipitamment la porte…. La Maria était debout dans la bassine en tenue d’Eve. Ils sont restés sans voix.  Cousin Louis riait encore en me racontant l’anecdote, des larmes de rires inondaient ses yeux près de 65 ans après.

Mais pourquoi donc Louis est resté employé à la Poste seulement  7 années et demie… ? Au village d’Ucimont, dans l’angle de la rue du Village et la route du Tombeau du Géant (Lorihan), il  y avait la ferme de Joséphine et Edmond Arnould. Il lui arrivait de temps à autre de s’arrêter et de prendre une « jatte de cafait », non pas préparée  par Joséphine mais par leur jeune et charmante fille Mélanie. Au fil des mois, les jattes étaient régulières, et le café refroidissait mais ce n’était pas là le problème, n’est-ce-pas ? Et plusieurs mois après Mélanie et Louis se sont dit « oui ».

Dans quelques semaines, avec leur grande famille, ils vont fêter leurs 62 années de mariage. Longue vie à cousine Mélanie et cousin Louis. »

Merveilleuse histoire de facteur.

La Petite Gazette du 27 mars 2013

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

Ce sujet ne cesse de vous passionner, en témoignent les nombreux témoignages et souvenirs que vous m’adressez. Cette semaine, c’est Monsieur Michel Hiffe, de Waha, qui évoque la carrière de son papa :

« Permettez-moi de vous faire parvenir ce modeste témoignage mettant en valeur les facteurs et en particulier mon père qui a été facteur, entre autres, à Bomal (nous habitions à l’époque le village d’Aisne) et à Melreux. C’était aussi l’époque où il arrivait que papa porte à Liège par le train des fonds importants, travail dangereux car il était armé. À l’heure actuelle, ce sont les fourgons, transports de fonds, qui effectuent ce genre de déplacement.

facteur-hiffe

J’ai très bien connu Joseph Orban dont question récemment dans La Petite Gazette. Et pour cause, c’était un collègue et ami de papa au bureau de poste à Melreux.

Papa pris sa retraite dans les années ‘78/’79. Je me souviens qu’à une certaine époque, papa faisait la tournée tous les jours de la semaine, dimanche compris. D’ailleurs à ce sujet, je peux vous dire que la tournée à Melreux terminée certains dimanches  matin, c’était à vélo qu’en compagnie de mon frère (nous avions six ou sept ans), j’allais porter le courrier à la Reine Pédauque (sur la tournée de papa) pour le suppléer.

En hiver, quand nous fréquentions l’école primaire de Melreux, tous les enfants, avant l’entrée en classe de huit heures et demie, se liguaient contre le facteur (papa) dans de mémorables batailles de boules de neige. Mon père avait des mains comme des battoirs. Je vous laisse deviner le volume de ces boules que nous recevions. Serait-ce encore possible avec ce cher géo-route ?

Une dernière anecdote, alors que je pourrais être plus « loquace », nous donnions un coup de main à papa dans sa tournée à Hotton et Menil-Favay. Nous déplacions son   vélomoteur de maison en maison lui évitant des  retours en arrière. Nous prenions énormément de plaisir à conduire cette mobylette… nous n’avions pas l’âge.

Et comme le disait monsieur Soyeur à propos de Joseph Orban, papa faisait aussi une halte à Menil, sorte de rendez-vous avec les gendarmes de Marche.

Je peux en parler puisqu’ il y a prescription et que le géo-route n’existait pas encore. »

La Petite Gazette du 3 avril 2013

VOILA LE FACTEUR…

Monsieur Pascal Piérard, de Sprimont, m’a fait parvenir ce petit texte découvert par sa maman dans un vieux journal des années 60. Il est signé d’un grand nom de la littérature pour enfants, dont les heures de gloire s’étirent juste avant et juste après la seconde Guerre Mondiale . voici ce texte :

« En ville, qui donc le connaît ? Fonctionnaire anonyme, messager sans contacts humains, il dépose le courrier entre les mains du concierge, ou bien le glisse dans la fente de la boîte aux lettres. Et puis il continue sa marche le long du trottoir.

Mais quelle importance prend à la campagne cet éternel vagabond ! « Le facteur est-il déjà venu ? Y avait-il quelque chose pour moi ? » On guette de la fenêtre son alerte silhouette. On va à sa rencontre, on lui parle de la pluie et du beau temps, comme il se doit entre gens polis. On épie tous les mouvements de sa main habile à trier les paperasses et qui cherche s’il y en a portant votre nom.

Dit-il : « Rien aujourd’hui ! » On lui en veut comme si c’était sa faute. Donne-t-il une, plusieurs enveloppes ? On éprouve de la gratitude. Surtout si quelque lettre d’amitié ou d’amour apparaît, avec cette écriture désirée…

Facteur de campagne, porteur quotidien de nouvelles venues du monde entier, agent de liaison entre les humains, tu t’en vas tous les jours à la même heure et par les mêmes chemins. Mais il y a de  tout  dans ton sac, parmi les lettres charmantes, les cartes postales, l’annonce d’événements heureux,  se glissent les faire-part encadrés de noir, les feuilles de contributions, le rappel de dettes à payer…

L’immense amalgame des joies et des douleurs est là, dans ces enveloppes soigneusement pliées, calligraphiées, timbrées, d’apparence banale. De maison, en maison, de ferme en ferme, sans oublier le château, le presbytère, l’école, l’auberge, ton sac s’allège.

Tu continues ta route, sous le soleil ou la pluie. Les oiseaux chantent, les poules caquettent, les vaches te regardent de leurs grands yeux bêtes. Mais dans chaque demeure, quelque chose est entré, s’installe. Un regret ? Un rêve ? Un espoir ? Une rancune ? On pleure, peut-être. Facteur, on désire que tu t’arrêtes ; mais faut-il l’avouer ? On a un peu peur de toi. » Berthe Bernage.

ET LES PORTEURS DE TELEGRAMMES…

Monsieur Valère Pintiaux, d’Esneux, a raison d’associer les porteurs de télégrammes aux facteurs… d’autant qu’il sait de quoi il parle :

« Dans notre Petite Gazette, les sujets sont inépuisables. Nous y mettons les facteurs à l’honneur et c’est mérité. A côté d’eux, il y avait les porteurs de télégrammes et de courriers express.

Ce service des P.T.T. était délégué à la R.T.T. Ces agents n’avaient pas le rôle social des facteurs et ce n’était pas un métier qu’ils occupaient mais plutôt une occupait qui, plus tard, ouvrait bien des portes pour l’avenir.

On entrait à 14 – 15 ans et, à 18 ans, on avait accès aux différents services de la R.T.T. et des P.T.T. A Huy, pour assurer la distribution, il y avait 7 services 6 jours sur 7 car, le dimanche, c’était réduit à 5 services, mais toujours de 6h. à 22h. Pour assurer le service, il fallait 10 à 12 porteurs, les derniers entrés assurant les remplacements.

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 « Voici deux porteurs, à gauche Marcel Dechany, à droite, mon correspondant, Valère Pintiaux »

 

 

A Huy, la distribution se faisait à vélo et nous faisions 60 à 80 km. Par jour. En 1946 ou au début de 1947 a été créé le cadre des facteurs des Télégraphes, copié sur la Poste avec masse d’habillement, biennales et tout ce que comporte une nomination. L’arrivée du télex a marqué le déclin du télégraphe. En 1948, c’était la fin des nominations et le nombre de services a diminué. En 1953, nous avons pu être détachés à la Poste, c’est ainsi que j’ai été facteur de 1953 à 1956. Puis, des places étant libres, nous avons pu réintégrer la R.T.T. au sein de laquelle, dès sa création, beaucoup de porteurs autodidactes ont gravi les échelons pour accéder à tous les grades aussi bien techniques qu’administratifs puisque M. Bilen accéda même au grade de directeur général d’administration. Aujourd’hui, il faut un diplôme pour tout, mais je ne vois pas que cela va mieux… »

La Petite Gazette du 10 avril 2013

QUAND LES FACTEURS AVAIENT LE TEMPS…

Cette rubrique vous aura permis, et vous en avez encore le loisir, de rendre hommage à ces visiteurs quotidiens que sont les facteurs. Grâce à vous, nous avons recueilli bien des témoignages, émouvants et passionnants. Aujourd’hui, voici encore un souvenir de monsieur Valère Pintiaux, d’Esneux, celui-là même qui nous expliquait son travail de porteurs de dépêches à la RTT et qui exerça quelques temps sous le costume de facteur :

« A la campagne, la plupart des tournées étaient pédestres, à Nandrin du moins. Il fallait cependant un vélo, avec deux porte-paquets et deux sacoches pour pouvoir tout emporter… La charge, courriers, journaux, toutes-boîtes et colis, était souvent largement au-dessus de 100 Kg. En plus, il y avait la responsabilité de l’argent manipulé, somme journalière souvent dix fois supérieure à notre salaire mensuel !

Je garde tout de même un bon souvenir de mon passage à la Poste, malgré la charge, les intempéries, chaudes ou froides.

Je n’oublierai jamais le bol de lait chaud offert, tout l’hiver, par une personne âgée ! »

La Petite Gazette du 17 avril 2013

MOI AUSSI, J’AI PORTE LES TELEGRAMMES ET LES DEPECHES…

Monsieur André Nisen, de Beaufays, a lui aussi été porteur de télégrammes. Il nous confie quelques-uns de ses souvenirs :

« En complément aux commentaires de mon ancien collègue, Valère Pintiaux, d’Esneux sur les porteurs de télégrammes, je vous confirme que ce métier existait encore à la fin des années 60.  J’ai commencé ma carrière dans cette fonction en novembre 1967.  Il y avait, à cette époque, deux sortes de porteurs : les messagers qui se déplaçaient en voiture et les piétons qui, comme leur nom l’indique, allaient… à pied !  Je faisais partie de cette deuxième catégorie ; je peux donc dire que je gagnais ma vie à la sueur de… mes pieds ! Si les messagers disposaient d’habillement de service, comme le précise Valère, les piétons n’avaient droit qu’à un képi et à deux sacoches.  Une petite lorsqu’il n’y avait que des télégrammes et des lettres exprès et une grande pour les colis exprès.  Nous démarrions du bâtiment de la rue de l’Université au centre de Liège et nous desservions les quartiers du centre, du Laveu et de Cointe, des Guillemins, de Sclessin jusqu’au stade du Standard.  Tout cela à pied, entre six et vingt-deux heures.  Ah, les petits matins en hiver…   Les messagers circulaient dans la périphérie.  Je garde d’excellents souvenirs de cette époque.  Nous avions accès partout sans problème et étions toujours les bienvenus ; des différents services du palais de Justice, aux salons des dames de petite vertu derrière la grand-poste…  Un de mes meilleurs souvenirs est un commerçant d’origine vietnamienne, rue Saint-Gilles, qui pleurait de joie quand il recevait des nouvelles de sa famille restée au pays.

Nous avions également pour mission la distribution des télégrammes dits de luxe, à savoir de circonstances (mariage, décès, etc.).   C’est ainsi que j’ai porté ce type de télégrammes à l’occasion de mariages, entre autres dans des salons situés rue Vinâve d’île.  J’étais loin d’imaginer que, vingt ans après, je rencontrerais la plus jolie de ces mariées, alors divorcée, et que je l’épouserais à mon tour… et avec qui je vis le parfait bonheur depuis plus de20 ans.

Evidemment, à l’époque, j’ai vite compris qu’il ne s’agissait pas d’un métier d’avenir.  Je n’y suis resté qu’un an et demi pour, ensuite, effectuer d’autres prestations et progresser dans la hiérarchie au sein de la RTT, ensuite Belgacom.  J’en fais toujours partie, pour quelques mois encore. »

La Petite Gazette du 2 mai 2013

J’AI AUSSI PORTE DES COLIS ET DES DEPECHES, MAIS PAS POUR LA R.T.T.

C’est au tour de Monsieur Léon Dumont, de Werbomont, de nous faire part de ses souvenirs de porteur… « J’ai, moi aussi, porté les avis, dépêches et colis, non pas pour la R.T.T., mais pour la S.N.C.B., district de Charleroi – Florennes.

Dans ma région natale, Villers-le-Gambon aujourd’hui commune de Philippeville, j’ai été porteur pour deux gares, du 2 février 1955 au 30 avril 1956. Le matin, de 8h. à 13h., Merlemont Station où j’attendais le train de marchandises venant de Florennes allant jusqu’à Agimont (frontière française Givet), train à vapeur qui amenait des wagons vides pour les usines à chaux dites « dolomies » et les colis pour les villages environnants.

Le même train reprenait les wagons chargés de chaux ou de dolomie, gravier jaune qui a couvert toutes les allées de l’Expo 58 à Bruxelles ; cette même dolomie couvre les allées du parc des Topiaires à Durbuy. 

Pour les colis, je faisais cela à vélo, je parcourais en moyenne 30 Km par jour, qu’il pleuve, neige ou fasse 25° et cela 6 jours sur 7. Il m’est arrivé de porter un matelas de 2 personnes à 6 Km de la gare en posant le matelas sur une pédale du vélo et le porte-paquet, avec 30 ou 40 kg. D’autres colis, dont des caisses de poissons pour la Baronne Nothomb habitant le château de Merlemont. Le samedi après-midi, c’étaient surtout les télégrammes de mariage et là c’étatit parfois jusqu’à 18 ou 19h.

L’après-midi, de 13h. à 15h., c’était la gare de Villers-le-Gambon avec le même scénario qu’à Merlemont, lettres de voiture à remplir pour la destination des wagons de chaux ou de dolomie ; ensuite, distribution des différents colis ou avis au destinataire quand le colis était trop volumineux (vélomoteur ou bicyclette), le garagiste venait alors chercher l’engin lui-même. A l’époque, je faisais ce travail pour 7 francs l’heure (0,18 centimes d’euro), plus quelques pourboires qui, parfois atteignaient 50 francs (1,25€) lors de la remise des télégrammes de mariage. J’ai quitté cet emploi le 30 avril 1956 et, le 2 mai, j’entrais dans l’Entreprise de la Dolomie à 15 francs l’heure, soit le double de mon salaire d’alors à la S.N.C.B. »

FRANCOIS RENARD ALIAS »POPOL »

La Petite Gazette du 9 mars 2005

ET SI ON PARLAIT UN PEU DE FRANÇOIS RENARD ? ALIAS POPOL ?

Et c’est M. Jules Ringlet, de Neuville-en-Condroz, qui le souhaite. J’imagine que vous serez nombreux à vous joindre à cette excellente et plaisante idée.

« Mon papa a bien connu François Renard durant son service militaire à Beverloo, en 1928. Déjà à cette époque, il était vraiment très marrant. Papa se souvient notamment de cette boutade :

« Si un jour me marie, affirmait alors celui qui deviendrait Popol, j’irai passer la nuit de mes noces dans le grand Nord car, là, la nuit dure plusieurs mois ! » renard1

Popol est présent au beau milieu de cette photo. On le reconnaît sous son bonnet, la main gauche en poche, avec ses bretelles sur sa chemise généreusement ouverte. Il profite de la pause pour manger la tartine qu’il tient de la main droite. Mon papa se trouve immédiatement à sa gauche. »

Evoquerez-vous ce grand personnage qui, à Esneux, puis, partout, par l’intermédiaire du microsillon fit rire des générations de Wallons ? Nous en fournirez-vous des photographies ? Nous raconterez-vous des anecdotes le mettant en scène ? Je l’espère vivement car cela devrait nous valoir bien du plaisir. A vous de jouer, si vous le souhaitez évidemment.

La Petite Gazette du 27 avril 2005

ET S’IL ETAIT QUESTION DE POPOL ?

C’est M. Joseph Caillet, de Sougné Remouchamps, qui a été le plus prompt à m’envoyer une photographie de ce très célèbre comique troupier de chez nous. renard2

Cette  carte postale, intitulée « Suss’ et Tur’ » représente, à gauche, A. Philippe, comique, dit la légende et F. Renard, chansonnier.

D’autres documents vous seront proposés très bientôt. Voulez-vous alimenter cette rubrique en nous narrant quelques anecdotes relatives à Popol ? Je les attends avec intérêt.

La Petite Gazette du 18 mai 2005

A PROPOS DE POPOL

Une fidèle lectrice de Tohogne nous a transmis ce petit document annonçant le décès de « Popol » :

renard3« POPOL NOUS A QUITTÉS

François Renard est mort ! Cette nouvelle m’a bouleversé ainsi que des milliers de Liégeois. François Renard faisait partie de notre vie wallonne. Il avait créé un personnage légendaire, « Popol ». Ce « Gamin de merde » de génie a fait rire des générations de Liégeois. Mon père m’a raconté qu’à la mobilisation de 1938, François Renard, qui était rappelé sous les drapeaux, a maintenu le moral des « troufions » grâce à sa verve et sa bonne humeur. On l’avait surnommé « L’homme qui ne rit jamais »… C’est vrai, lui qui ne déclenchait les tempêtes de rires, restait impassible.

Le vrai « Pince sans .rire ». François avait une tendresse particu­lière pour les personnes d’âge. Au Kursaal, à Esneux où il avait ins­tallé son quartier général, des cars entiers lui rendaient visite. Notre cher Popol créa un style de cabaret wallon vraiment unique. Chansons et sketches alternaient pour le plus grand plaisir des spectateurs. Un des plus connus « Djosef à messe » a fait le tour de Wallonie. D’autres sont des succès inoubliables, de petits chefs d’œuvre d’observation et d’humour typiquement liégeois, heureusement grâce au disque nous pouvons le réentendre. Un album reprend, ses plus grands succès dans l’ambiance du cabaret wallon. Fran­çois, nous t’aimions bien et nous ne pensions pas que tu nous quitterais si vite. Tu avais cependant une grande supériorité sur d’autres artistes… Tu as su nous faire rire ! Merci Popol pour la joie que tu nous a donnée. »

ERIC PETIT

Votre disquaire préféré

RueGretry, 59 -LIEGE

« UN AUTRE SERVICE »

Cette lectrice de Tohogne aimerait qu’on lui rappelle la date du décès de François Renard. Moi aussi, j’aimerais que vous évoquiez, documents à l’appui si possible, la vie et la carrière de ce grand humoriste de chez nous.

La Petite Gazette du 1er juin 2005

ET SI ON PARLAIT DE POPOL ?

Monsieur Freddy Lemaire, d’Aywaille, me donne l’occasion de vous présenter cette carte postale publicitaire qui lui a été consacrée.

renard4 carte postale des éditions Luma

« Ce montage a été réalisé par mon père vers 1958. On peut y voir, en plus de la façade du Kursaal d’Esneux, l’intérieur et la scène de cette salle qui vit défiler tant de monde. Au verso de ce document, outre l’adresse complète et le numéro de téléphone des lieux, on lit la célèbre devise de ce grand humoriste : « L’insecticide François RENARD tue le cafard ! » Et mon correspondant de conclure : « Il nous a bien fait rire à cette belle époque, ce n’est plus le cas maintenant, hélas ! »

J’espère toujours que vous évoquerez, documents à l’appui si possible, la vie et la carrière de ce grand humoriste de chez nous.

La Petite Gazette du 8 juin 2005

FRANÇOIS RENARD ET ARTHUR PHILIPPE…

Monsieur Jacques Bastin, de Heyd, a vu bien des souvenirs resurgir quand il découvrit, il y a quelques semaines la photographie de ces deux artistes qui donnent le titre à cette rubrique.

« Que d’intense émotion à la vue de cette photo réunissant ce génial Arthur Philippe et ce François Renard impayable : elle m’a véritablement fait faire un bond de près de soixante en arrière. Une vraie cure de jouvence pour mon esprit et mes souvenirs !

Je ne puis donc ainsi résister à cette vive tentation, qui est mienne, de vous livrer tout bonnement, en vrac, tels qu’ils me viennent à l’esprit, ces quelques souvenirs, un rien confus toutefois, venant de cette très riche époque du spectacle liégeois. Le devoir d’évoquer quelques-uns de ces tout grands artistes d’alors m’est absolument impérieux.

Arthur Philippe : tout un monument ! Impayable acteur au talent véritablement comparable, à tous les points de vue, à celui du Français Raimu, cet extraordinaire comédien bien trop tôt disparu. La façon qu’avait Philippe de s’exprimer était fort semblable à celle de Roméo Carles, comique et chansonnier bien connu de tous. En 1946, Philippe dirigeait, avec un brio extraordinaire, cette Troupe dite de « L’âgne qui rêye » qui donnait ses remarquables spectacles de cabaret dans les locaux du «Phare de la Place Saint-Lambert », établissement malheureusement disparu.

Arthur Philippe était, entre autres, entouré du grand Théo Désir et d’Edouard Peeters, ce très bon baryton, ancien sociétaire du Théâtre Royal de Liège, qui avait même été l’invité durant toute une saison de la Scala de Milan : c’est tout dire !. Mais qui, hélas, bien malheureusement pour lui et sa brillante carrière, en arriva alors un peu trop vite à aimer … la dive bouteille.

Il faut avoir vu tous ces artistes de « l’âgne qui rêye (tous aujourd’hui décédés, hélas !) à l’œuvre en leur désopilante série de sketches sur la « Procession jubilaire» (s’étant déroulée en 1946) pour avoir exactement pu apprécier, à sa juste valeur, toute la valeur de leur indicible talent.

Je crois utile de rappeler ici que la fameuse « Procession jubilaire » en question est cette toute grande manifestation religieuse qui, chez nous, a lieu tous les cent ans. Sa dernière organisation remonte à 1946 ; La suivante aura donc lieu en 2046. Elle se déroule à la fois à Liège et à Tongres, dure trois dimanches consécutifs et se termine le troisième dimanche par une toute dernière grande procession nautique, occupant tout le centre de la Meuse et durant laquelle l’évêque de Liège, à bord du navire fermant la procession, portant un énorme encensoir, bénit la foule, massée sur les berges, tout en remontant le fleuve.

Cette procession honore la Fête-Dieu, également nommée Fête du Saint-Sacrement, fête qui procède des apparences solaires bizarres constatées, au cours du 13ème siècle, par Julienne de Cornillon. En 1247, le futur pape Urbain IV était justement archidiacre (Prélat chargé par l’évêque du contrôle des curés du diocèse) à Liège lors des visions de ladite Julienne. Quand cet archidiacre français (né en fait à Troyes) fut pape à Rome de 1261 à 1264, il ne manqua pas, en 1264, d’officiellement instaurer la Fête du Saint-Sacrement (fête également appelée : Corpus Christi ailleurs, notamment en Allemagne).

Arthur Philippe se remuait vivement sur scène en faisant continuellement rire. Il avait une faconde exceptionnelle faite d’un subtil mélange de wallon, de flamand et de français. Il était véritablement impayable quand il imitait le « man’daye flamint dévoué, rustaud et peu instruit» (du genre de ceux qu’on voyait alors pulluler et s’agiter en nos alors très florissants ateliers liégeois) qui, sans retenue, se mettait à « braire tous azimuts » en un jargon fait de wallon et de français avec constructions grammaticales toutes aussi originales que marginales.

François Renard (dit Popol) était, lui, à la fois, un musicien et un conteur remarquable. Il restait le plus souvent bien statiquement sur scène et contait fréquemment à la manière de Fernand Raynaud. Durant son numéro, il présentait un visage imperturbable, tel celui de l’artiste du cinéma muet américain Buster Keaton. Son accent unique était très particulier et savoureux. Je me souviens encore de cette toute petite phrase anodine qu’il lançait avec sa verve succulente habituelle : « l’nn’a Marèye qui vout passer l’êwe. Elle mète si pî so l’prumîr ‘ pire, et raf… vola qu ‘elle pète so s’panse ! » A suivre…

La Petite Gazette du 17 juin 2005

FRANÇOIS RENARD ET ARTHUR PHILIPPE…

Monsieur Jacques Bastin, de Heyd, a vu bien des souvenirs resurgir quand il découvrit, il y a quelques semaines la photographie de ces deux artistes dont il a commencé à nous parler la semaine dernière.

«Tous ces artistes, qui n’avaient toutefois nulle peur d’égratigner curés et bigots, étaient toutefois de très grands hommes de cœur : de vrais bons Samaritains. En effet, on ne saurait compter toutes ces nombreuses fêtes de charité auxquelles ils ont spontanément participé, animés du seul désir de tout bénévolement venir en aide à d’infortunées personnes marquées par un sort ingrat. Je pense que cette noble attitude hautement louable, mérite vraiment d’être ici doublement soulignée.

Il y avait encore dans le domaine de la fantaisie et de l’imitation enfantine (Ici, le petit Toto, héros similaire en tous points au Popol de Renard), le fameux Jules Deneumoustier. Certains connaisseurs ont même prétendu (A tort ou à raison ???) que le tout premier à avoir présenté de tels sketches avec voix enfantine était Deneumoustier et non point Renard. Jules Deneumoustier voulait devenir une vedette internationale, mais la guerre allait fortement contrarier ses projets. Pendant la tourmente de 1939-45, il n’avait plus guère d’autres solutions que de se produire sur la scène de la Salle des Dominicains à Liège. Ce brillant café-concert du début des années 20 était fort fréquenté par une belle Société liégeoise. On y dansait durant les entractes des spectacles sur scène. L’ambiance dans cette salle située au centre de la rue des Dominicains (où est venu s’installer plus tard un cinéma) était tout bonnement électrique. Tout le monde s’y amusait toujours follement ; et ce, même durant les années d’occupation nazie.

A la fin de la guerre, les lois sociales ayant terriblement changé, il fallut bien vite déchanter. Je me souviens qu’un jour de 1948, Madame Mordant l’ancienne patronne de ladite salle des Dominicains expliquait, le cœur bien gros, à ma tante Laure (la femme du grand champion de boxe Nicolas Petit-Biquet dont j’ai déjà évoqué le souvenir dans d’autres éditions de La Petite Gazette) qui était une de ses bonnes amies : « Non, hein, Madame Biquet, ce n ‘était plus possible de tenir le coup avec toutes ces taxes communales et autres à payer, la SABAM, les cachets des musiciens et des artistes, on aurait dû alors vendre nos consommations beaucoup trop cher. Tout cela aurait non seulement bien vite tué l’ambiance mais aurait été, de surcroît, rapidement intenable financièrement. Nous avons bien dû nous résoudre, la mort dans l’âme, à bel et bien fermer définitivement l’établissement ». Les maudites taxes avaient donc ainsi rondement fini par bel et bien tuer la poule aux œufs d’or !

Lors de ses débuts en tant que vedette internationale, Jules Denoeumoustier rencontra pas mal de rudes embûches. Un jour où nous l’avions fortuitement rencontré en ville avec ma tante Laure, il nous avoua alors qu’il rentrait de Paris : « Je me suis produit là-bas et, durant mon tour de chant, pas moyen d’arracher le moindre applaudissement de l’as­semblée. J’en avais vraiment marre et me suis alors mis à leur sortir « Mes histoires de Toto ». Celles-ci leur ont directement plu et j’ai connu un succès fou, totalement inattendu de ma part, avec ces petites imitations enfantines. J’ai été alors sans cesse rappelé sur scène par des applaudissements nourris car le public voulait encore et toujours m’entendre raconter ces histoires de mon turbulent Toto. »

La Petite Gazette du 24 juin 2005

EN MARGE DES FRANÇOIS RENARD ET ARTHUR PHILIPPE…

Pour conclure son évocation des grands noms du spectacle liégeois, Monsieur Jacques Bastin met à l’honneur d’autres noms de chez nous :

«Maintenant, avant de clôturer, tant que je suis dans le secteur, je profite encore de l’occasion pour toucher un petit mot au sujet de personnes, réellement exceptionnelles, de la région de l’Ourthe (de Comblain-Fairon, très exactement) que j’ai jadis eu le grand plaisir de connaître, bien qu’étant encore alors petit enfant. Voici:

Au début des 30, ma mère, qui était coiffeuse, avait pour cliente (en fait, c’était notre voisine directe) une belle grande demoiselle jeune, blonde et fort élancée, ne sachant pas encore exactement quelle voie professionnelle elle devait choisir. Ma mère lui suggéra, vu son physique et sa prestance, de faire du théâtre. Elle suivit le conseil et, après, suivit des cours de comédie, elle entama une brillante carrière à Paris, laquelle fut toutefois bien mal­heureusement contrariée par la venue de la guerre.

Celle-ci terminée, elle put assez rapidement reprendre ses activités théâtrales et même finir par décrocher, au cinéma, le principal rôle féminin dans le film intitulé « Soldats sans uniforme », long métrage sur la Résistance qui connut un franc succès juste après la guerre.        Cette grande vedette de chez nous s’appelait Simone Poncin. Elle était originaire de Comblain-Fairon. Elle devait bien malheureusement disparaître à jamais, en 1947, terrassée par un cancer alors qu’elle n’avait pas quarante ans. Je tiens également à signaler que le Jules Deneumoustier susnommé tenait également un petit rôle de figurant dans ce long métrage en question. Le frère de cette artiste, nommé Félix Poncin (un grand ami de mon père qui était également un mordu de la moto), a été un grand champion motocycliste, en vitesse pure, au cours des années 1930, en catégorie seniors. «•

Enfin beau-frère de cette même artiste (un grand ami de mon père également) était Ariel Donis, l’ingénieur de la célèbre Firme Saroléa de Herstal, en charge de l’écurie de courses de vitesse pure de ladite Société. Ariel Donis était également originaire de Comblain-Fairon ainsi que sa femme qui n’était rien d’autre qu’une fille Poncin, soeur des Félix et Simone précités. Il est encore utile de souligner, pour bien camper le décor, que quand il accomplissait ses hautes études à Liège, Ariel Donis n’avait pratiquement pas d’argent de poche : ses parents étant, en effet, assez démunis. Quand Ariel voulait donc rentrer chez lui en fin de semaine, il n’avait d’autre solution, vu sa situation financière précaire, que de faire le chemin de Liège à Comblain-Fairon « pedibus » (L’auto-stop n’existant pas encore alors). Il devait faire de même pour regagner Liège une fois le week-end terminé : il est bien vrai qu ‘on n ‘a rien sans peine! »

Mme Vve Léonce Lecocq se souvient elle aussi :

« Mon mari était pianiste et il a accompagné de nombreuses fois François Renard, Arthur Philippe, Théo Désir… Edouard Peeters aussi, ce dernier était également le Parrain des artistes de Wallonie.

Avec Popol, mon mari a même composé la musique d’une comédie dont François Renard avait pris en charge les paroles. Mon mari a fait partie de « L’âgne qui rêye » où il accompagna bien des artistes J’espère que les lectrices et les lecteurs se souviendront de toutes ces personnes malheureusement décédées. »

Les courriers reçus à ce sujet me permettent de confirmer à Mme Lecocq que tous ces artistes ont conservé leur place dans le cœur et la mémoire de ceux qui les ont applaudis…

« Je suis le fils de François Renard, m’écrit gentiment M. Albert Renard, et je lis avec plaisir vos articles dans les Annonces. C’est avec plaisir que je lis vos articles depuis quelques semaines sur mon père et je me suis dit que c’était la moindre des choses que de vous envoyer deux photos qui le représentent bien. Des souvenirs de papa, j’en ai quelques-uns, que ce soit des disques, des photos, des partitions, des affiches des concerts qu’il faisait un peu partout avec sa troupe, des articles de presse,… Les plus beaux souvenirs sont dans nos têtes à ma sœur et à ma maman qui vit toujours à Esneux, mais plus au Kursaal. Ma sœur et moi-même sommes nés dans cet établissement d’Esneux et nous y avons vu passer des milliers de personnes. Pour répondre à une question de vos articles précédents, papa est né le 23 août 1907 et est décédé le 20 janvier 1980. Après la mort de papa, nous avons continué à tenir la salle du Kursaal à Esneux jusqu’en 1992, et depuis le café n’existe plus, il a été remplacé par un magasin. Donc la dame qui vous a donné le renseignement n’est plus passée à Esneux depuis longtemps, je possède encore des disques mais c’est très personnel. On m’a dit que chez Duchesne rue des Guillemins à Liège, il y aurait encore des disques ou K7, mais c’est à vérifier, (je ne savais même pas que le disquaire Duchesne existait toujours). La photo de D’joseph à messe est assez vieille. renard5

L’autre photo vous permet de le retrouver avec Henriette Brenu à l’époque où ils faisaient une émission de radio tous les vendredis « Popol et Tante Titine« .

renard6D’autres souvenirs et d’autres documents dans notre prochaine édition.

La Petite Gazette du 1er juillet 2005

ENCORE A PROPOS DE FRANÇOIS RENARD ET DE POPOL

Monsieur Jean Hourman, de Comblain-la-Tour, a très bien connu François Renard et pour cause puisque le papa de mon correspondant était le cousin par alliance du grand humoriste sociétaire du célèbre Kursaal d’Esneux. Il me permet de vous présenter quelques documents particuliers. renard7

Cette semaine, vous découvrirez sa carte de membre de la Ligue de Protection Aérienne, valable pour 1938 – 1939.

Monsieur José Marquet, de Sprimont, a, lui aussi, eu l’extrême gentillesse de répondre à l’appel que je vous lançais. Il nous envoie une copie de la musique d’une célèbre chanson née du talent et de l’imagination de François Renard. renard8

La Petite Gazette du 8 juillet 2005

ENCORE A PROPOS DE FRANÇOIS RENARD ET DE POPOL

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Monsieur Jean Hourman, de Comblain-la-Tour, a très bien connu François Renard et pour cause puisque le papa de mon correspondant était le cousin par alliance du grand humoriste sociétaire du célèbre Kursaal d’Esneux. Il me permet de vous présenter quelques documents intéressants évoquant la carrière de Popol.

 

 

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« J’ai la chance et le privilège de me retrouver sur scène avec tous ces gens-là ainsi que, évidemment, chez François où, chaque année, je faisais partie du spectacle destiné aux pensionnés et donné à l’occasion de la fête à Esneux. Ce spectacle, rappelons-le, était entièrement gratuit pour les aînés. »

Grâce à l’aimable contribution de M. Jean Hourman, d’autres documents vous seront encore proposés dans la prochaine édition.

La Petite Gazette du 15 juillet 2005

ENCORE A PROPOS DE FRANÇOIS RENARD ET DE POPOL

Monsieur Jean Hourman, de Comblain-la-Tour, a très bien connu François Renard et pour cause puisque le papa de mon correspondant était le cousin par alliance du grand humoriste sociétaire du célèbre Kursaal d’Esneux. Il nous a permis de vous présenter quelques documents intéressants évoquant  Popol. Aujourd’hui, c’est la copie du faire-part de décès de celui qui fit pleurer de rire tant de monde qui vous est présentée

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La Petite Gazette du 20 juillet 2005

ENCORE A PROPOS DE FRANÇOIS RENARD ET DE POPOL

Madame Liégeois, de Vaux s/Chèvremont, m’a communiqué une intéressante documentation  relative à François Renard :

« A propos de Popol,

Devant mes yeux : son chapeau, le doigt dans la bouche ou un rien sévère.

mes oreilles li vix molin, lfescarpolette, 0 petit coeur, è l’abri, Suss’ et Tur’ mobilisés, li canåri, l’inspecteur… que de rires, que de pleurs, chansons, sketch, mimiques.

Que de souvenirs je garde de mes soirées passées, avec Papa, au Kursaal.

Pourtant il est parti le 20 janvier 1980. Vilain jour pour son fils Albert, sa fille Marie-France et son épouse Loulou.

Mais François n’est pas mort. Il vit encore grâce à tous ses disques; aux jeunes et aux cheveux blancs qui chantent ses chansons.

Un souvenir qui, encore et toujours, nous ravit. »

Ma correspondante me fait parvenir un intéressant article paru dans La Wallonie du 14 février 1980.

« Pendant la guerre, Guy Louysis faisait du cabaret avec François Renard

 L » « Agne qui tchoûle », caba­ret wallon, a débuté à la Popu­laire en 1941. Trois ans après, il était au Phare. Entre-temps, il avait parcouru toute la pro­vince, débordant même sur le Namurois et le Luxembourg. De menues différences de pa­tois n’arrêtaient ni ces joyeux drilles, ni les spectateurs. Fran­çois Renard, récemment disparu, en était le codirecteur avec Arthur Philippe. Tous deux étaient des «comiques». de la bande des sept, un seul vit encore aujourd’hui : Guy Louysis.

Benjamin de la troupe avec François Renard, il avait été engagé alors qu’il faisait du music-hall. N’étant pas auteur wallon, c’est François Renard qui lui fit les textes et musi­ques de toutes ses chansons.

« Je lui dois mes plus grands succès, explique-t-il. «Lingadje di Mann Kins », «On GaJand galant», «Pat qu’dji danse», « Babètoss » et « Tôt près dè vî molin» ont été écrits pour moi ».

Guy Louysis se souvient que pour conserver son sérieux lors de fou-rire en scène, François Renard devait parfois faire des efforts tels que les larmes — de rire — lui coulaient le long des joues. -C’était des plaisanteries bien innocentes pourtant, du style de celle que raconte encore Guy Louysis :

 « Le professeur à l’élève :

— Je prête 20 F à ton père II me rend 5 F par an. J’attendrai combien de temps ?

— Vingt ans.

— Tu ne connais pas ton arithmétique.

— Non, mais je connais mon père ! ».

Après sa Libération, François Renard partit pour Bruxelles. «L’Agne qui t’choûle » devint « L’Agne qui rèye » Jean Noben, qui vit encore entra dans la troupe. La première revue fut celle de Georges Rem : c’était «Il a pété, le Robot». On devait la jouer 350 fois. »

La Petite Gazette du 2 septembre 2005

A PROPOS DE FRANÇOIS RENARD ET DU CABARET WALLON

« C’était dans la seconde moitié des années 1930, se souvient Monsieur Henri Boudlet, d’Izier. J’avais 14/15 ans lorsque j’ai commencé à participer aux intermèdes des représentations théâtrales du Cercle Saint-Germain par des chansons en wallon. Ma première chanson avait pour titre «  Elle est trop grande por mi ». Avec d’autres chanteurs, pour composer notre répertoire on écoutait (sur un poste T.S.F. à accus), le mercredi soir , sur les ondes de Radio Liège Expérimental, l’émission du cabaret wallon qui, avait pour nom « L’agne qui rèye » à partir d’un café de la Rue Haute-Sauvenière à Liège. L’émission commençait par le couplet suivant

A Cabaret Wallon del Haute Sâvenire, tout va très bien, tout va très bien.

François Renard, Arthur Philippe et Nicolas Delhez étaient les principaux animateurs. A cette époque, François Renard était coiffeur et habitait Liège. Il était aussi surnommé « L’homme qui ne rit jamais ! » ; il faisait rire le public tout en restant « de marbre » ; c’était son naturel..

Sous l’occupation, le cabaret wallon a poursuivi ses activités. Mais eu égard aux circonstances il avait changé de nom pour s’appeler « L’agne qui tchoule » et se produisait dans un café près de la Populaire, Place du Maréchal Foch.. Etant alors occupé à Liège j’ai assisté assez souvent à leur spectacle. En ce temps-là certains chanteurs étaient vêtus de l’habit avec chapeau claque et badine. François Renard portait seulement 1′ habit, une grosse fleur à la boutonnière puis … une grande épingle de sûreté au dos.

François Renard était le présentateur. Le podium était installé dans un coin du local. François y était perché avec sa batterie. Chaque présentation était ponctuée d’un roulement de caisse claire et d’un coup de cymbale Bien sûr, ses présentations étaient teintées de son humour habituel. Je me souviens de : «  Dji m’va chanter one chanson da meune qui dja fait mi minme »  , «  Dji va raconter on monologue qui dja fait por mi tôt seu ». II y avait des chansons humoristiques et satyriques envers les Allemands : « Porminade Hitlérienne » de François Renard, « Li rjeton da Hitler »  et «  M’voyèdje è l’Al ‘magne » de Nicolas Delhez.

renard12Les grands succès de ces chansonniers figurent encore aujourd’hui au répertoire des chansons wallonnes. Il y en a parfois au programme du cabaret d’Izier de novembre! »

 

 

 

 

 

 

 

François Renard (en haut) et Nicolas Delhez

La Petite Gazette du 16 septembre 2005

UNE BONNE DE FRANCOIS RENARD

   Madame Liégeois, de Vaux-sous-Chèvremont, m’a transmis ce petit article, paru dans La Cité du 22 janvier 1980 et tout à fait révélateur de l’humour de ce grand comique de chez nous

«Lète d’ine mame a s’fi qu’est mobilisé »

// nous revient à l’esprit une des premières compositions de François Renard qui connut en son temps un immense succès au cabaret wallon de Liège ex­périmental. Il s’agit d’une «Lète d’ ine mame a s’fi qu’est mobi­lisé» au «14e luskèt».

   Après lui avoir donné avec force détails comiques des nouvelles de  son petit chien  et s’être excusée de n’avoir plus d’encre à la maison, cela étant la raison pour laquelle « c’est-å-crayon» qu’elle prend la plume  pour lui écrire, elle continue sa missive.

Citons quelques phrases au hasard :

   Dji deus dire qui divan qu’vos n’alîze, on n’s’aporcûvève nin qui vos éstiz st-évôye. C’est seûlmint dispôye qui vos avez n’alé qu’on sint bin qu’vos n’estez pu la.

   Totes les bièsses a cwèn sont malådes. Vosse pauv’ père ni va nin bin non pu.

Dimègne qui vint, on fait n’grande coûsse-âs-âgnes. Nos r’grètans turtos qu’vos n’sèyize nin la.

   Il n’a st-avu l’feu amond l’gârd champète. On a polou savé totes les bièsses, mînme si feume. mins tote Ii mohone est broulêye pace qui les pompiers ont st-anivés trop târd. Li mayeur a décidé qui qwant i n’âreût co l’feu, les pompiers divrît esse la on qwârt d’eûre dlvant, po qu’ls éyésses li timps d’s’apràster.

   Asteûr, II est disfindou d’aler fer ses besoins naturels podrî l’meûr del gendarmerèye, slns qwè, les gendarmes sont s’autorisés à  mète la main d’sus.

Coma nos ôsfans st~indulgent, nos avans stu kwèri on masse a gaz po rin. Vosse père à sayî l’sonc, seul’mint II a d’vou fer des trôs tôt près dèl narène po poleur respirer.

Asteùr, si vos n’ricûver nin nosse lète, scriyer-m’el dlrecte mint, qu’on pôye fer n’ réclamation a l’posse.

La Petite Gazette du 7 octobre 2005

ENCORE A PROPOS DE FRANÇOIS RENARD ET DES ARTISTES D’ALORS

Monsieur Jacques Stassart, de Liège, revient sur le sujet pour apporter d’utiles précisions à ce qu’il a lu dans les articles que lui ont apportés des connaissances :

« Il est probablement trop tard pour solliciter une rectification aux textes publiés récemment par votre chaleureux journal et qui m’ont été rapportés par des connaissances. (N.D.L.R. Vous voyez qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire …)

Il s’agit cependant d’un lapsus que l’intéressé, croyez-le bien, n’aurait pas aisément digéré. Or, la confusion est néanmoins récurrente ; il arrive même qu’elle soit mise en exergue dans des annonces officielles de grands Cabarets.

Il est ici question de son appartenance aux diverses troupes artistiques liégeoises : on peut effectivement citer allègrement, entre autres, le Cabaret des deux Fontaines, 1′ Agne qui tchoûle, les Troubadours (où il m’a succédé en avril 48) et les Brankignol’s , mais JAMAIS François n’a fait partie de l’Àgne qui rèye .

Ceci dans le seul but d’apporter une précision requise au cas où vous reviendriez un jour sur le sujet.

Pour la petite histoire, François quitta 1’Âgne qui tchoûle pour la Capitale d’où Léon Lejeune le rappela pour la présentation de la première des Troubadours à la Populaire. Son inspiration en vue de cette représentation fut telle que tous les sketches prévus au programme portaient sa griffe. Il était également l’auteur de la « signature » de la Troupe qui ouvrait et fermait le spectacle ou l’enregistrement!

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Une partie de la troupe des Djoyeux Troubadours, avec, au centre, rançois Renard

Je suis agréablement surpris que des spectateurs ou auditeurs de l’époque soient en mesure non seulement de ressortir des tiroirs une photo telle que celle des troubadours (1946-47) que vous avez publiée, mais surtout de parvenir encore à mettre un nom sur chaque bobine. Toutefois, un petit bémol (pour rester dans la note) : l’artiste apparemment non reconnu, à la droite de Jean Noben, c’est Claude Sauvenier, ténor léger , chanteur de charme remarquable.

Cela dit, c’est un grand bonheur de constater que l’oubli n’a pas cours sur tout et que subsistent un peu partout en Wallonie des personnes enthousiastes à rendre hommage à François Renard, cet artiste de grand talent dont la mémoire évoque pour tous ceux qui l’ont applaudi d’excellents souvenirs et pour ceux qui ont eu la chance de le côtoyer – soit professionnellement, soit dans la détente comme par exemple à la pêche, où, bien évidemment, l’humour restait de mise – la sincérité profonde d’une amitié sans faille !

La Petite Gazette du 12 octobre 2005

ENCORE ET TOUJOURS POPOL…

Vous êtes nombreuses et nombreux à me dire votre plaisir de voir évoquée la mémoire de François Renard, alias Popol, vous serez dès lors ravis de découvrir, dans les prochaines éditions, d’autres documents relatifs à sa longue carrière. En effet, Madame Liégeois, de Vaux s/Chèvremont, m’a encore confié quelques très intéressants documents et souvenirs.

« François Renard, l’unique Popol, m’écrit ma correspondante, fut le seul artiste wallon à fêter ses 100 ans ! En réalité, il n’avait que 69 ans en 1976 ! Ce double jubilé rassembla, autour de François,  sa famille et de nombreux amis au rang desquels on comptait Bob Dechamps, Henriette Brenu, Jean st-Paul, des membres du Royal Caveau Liégeois et des membres de « l’Accordéon Club de Boncelles » dont il était le parrain. Ce club est d’ailleurs né dans la cave de Popol, mais je ne sais plus à quelle date… et vous ? »

renard14 Au Troca, en 1976, François Renard est congratulé par Dieudonné Boverie. Derrière le piano, on reconnaît Lejeune et, parmi les membres du Royal Caveau Liégeois, Jacques Peters, Henriette Brenu et J. Ronvaux.

Dans son courrier, Mme Liégeois donne une information qui me permettra d’apporter une réponse à une question tant de fois posée. En effet, vous m’avez souvent demandé où il était possible d’encore trouver les disques de Popol. Outre les brocantes et autres bourses aux disques, la Bibliothèque des Dialectes de Wallonie (Chiroux) possède une impressionnante liste des productions du célèbre comique. La lecture de cette liste ravivera, j’en suis certain, bien d’agréables souvenirs…

Popol raconte / par Popol. [s.l.] : Pathé, |s.d.]. 1 disque, 45 t./min. Contient : Cousin Doné; Grand-père est myope ; Le Canari

Viens chez Popol I interprété par François RENARD ; accompagné par Jean-Marie TROISFONTA1NE et Hector DELFOSSE ; produit par Georges DELFOSSE. [s.l.] : GIF, 1978. 1 disque, 33 t./min. Contient : Viens chez Popol ; Grand-père est décoré ; Ma femme et son caniche ; Pitite Bêle Mère ; Belgique-Angleterre ; Monsieur l’Inspecteur ; So l’escarpolette ; E l’abri ; A l’usine.

Sketches + pochette / de François RENARD ; dits par Popol. [s.l.) : EMI, 1966. 1 disque, 33 t./min. Contient : Djôscf a messe ; Lettre de Popol ; La Communion de ma sœur ; A l’école ; Cousin Doné ; Partie de pêche ; Congés payés ; Grand-père est myope ; Le Canari

Album souvenir «François Renard» (Popol). |s.l.) : Sélection records [s.d.]. 1 disque, 33 t./min. Contient : Vas-è ; A son d’ l’armonica ; Tapez n’ gote ; Les tcâffeûs d’autobus ; Mi feume twistèye ; Belgique-Angleterre 1-0 ; Dimin, il îrèt mi ; L’amour ; Phrasie-Tyrol ; Li p’tite rouwalelte ; Tango des r’prochcs ; Petit cœur ; Li Marocain ; Li bonheûr ; Abandon ; Babetoss’.

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La Petite Gazette du 19 octobre 2005

ENCORE UN SOUVENIR LIE A POPOL

Monsieur Rodolphe Lontin, de Seraing, souhaite partager une petite anecdote avec les lecteurs de la Petite Gazette :

« En 1952 ou 1953, je suis monté sur la scène d’un dancing d’Ouffet sur laquelle était installé Popol. Je me suis assis sur ses genoux et, en l’imitant, j’ai monologué une dizaine de minutes, en faisant comme s’il était mon père. Les gens, dans la salle, étaient pliés en deux, mais lui n’a jamais rien dit, ni même souri ! J’avais dès lors perdu les 50 francs qu’on promettait à tout qui le ferait sourire. »

EMMANUEL RYCKX, LE PARACHUTISTE SANS JAMBES DE VIEUXVILLE

La Petite Gazette du 31 octobre 2012

A VIEUXVILLE, UN VOISIN QUE JE N’AI PAS CONNU …

Monsieur François Devegnée, de Vieuxville, évoque le passé glorieux d’un grand résistant qui résida à Vieuxville. « Un voisin que je n’ai pas connu, m’écrit-il, mais dont je connais l’histoire…

« Emmanuel Ryckx, fils du Colonel Alfred Ryckx, est né le 21 juin 1902, à Bruxelles. Il a été volontaire de carrière en qualité de sous-officier, au 4e Lanciers de 1920 à 1923.

Le 1er juin 1943, il entre dans le maquis AS Ardenne avec le grade de sous-lieutenant et sera identifié sous le nom de Lieutenant Patrick.

En septembre 1944, suite à la rencontre avec Blondeel, le lieutenant Patrick (le sergent Ryckx) et neuf résistants bien décidés à poursuivre le combat en devenant parachutistes accompagnèrent les SAS et se retrouvèrent au camp de Fairford. Huit d’entre eux reçurent une formation SAS.

Emmanuel Ryckx est breveté Para le 12 octobre 1944 avec le numéro de matricule 5774 et rejoint la compagnie Para le 27 novembre 1944. Il participe à l’opération « Régent ».

ryckxLe  10 janvier 1945, il mène une patrouille Recce dans les environs de Val de Pois, sur un sentier forestier recouvert de neige, connu pour être miné et garni de pièges « bobbytraps », trois mines actionnées par des fils tendus explosent à un mètre du sergent Ryckx, qui est projeté au sol. L’ennemi ouvre le feu à courte distance, gardant son calme, Manu rallie la patrouille, riposte, met l’ennemi en fuite et poursuit sa mission.

Le 11 janvier 1945, en compagnie d’Olivier Gendebien et de de Chagny accompagnés de deux guides civils, ils sont attachés à une unité britannique qui, de Libin, doit rejoindre Arville. Après avoir traversé la Lomme, la chenillette de tête, dans laquelle ils ont pris place, saute sur une double mine.

L’équipage britannique est tué, les guides gravement blessés, de Chagny a de multiples fractures et Manu Ryckx a les deux jambes déchiquetées et un pied arraché. Il fut transporté sur une civière par un chemin forestier, sur une distance de plus d’un kilomètre et par un temps abominable, ses couvertures recouvertes de neige, jamais il ne laissa échapper la moindre plainte ; évacué, il subit une double amputation. Il sort de l’hôpital militaire le 25 juillet 1945 et est en convalescence jusqu’au 15 avril 1946, date à laquelle il est déclaré inapte et où il rentre alors dans la vie civile.

Le pilote automobile Olivier Gendebien, qui faisait partie du groupe des dix, racontait en 1977 « Le sergent Ryckx, un spécialiste des explosifs, n’avait pas son pareil pour entrainer des jeunes résistants. »

Les anciens de Vieuxville, poursuit mon correspondant, me parlaient souvent du parachutiste sans jambes, toujours de bonne humeur, dans son fauteuil roulant, accompagné de son infirmière. A la mort de son père, en 1955, Manu rentre à Bruxelles où il reprend son activité professionnelle.

Un rapport, signé du Major Blondeel, nous confirme un autre fait d’arme à son actif. Le 5 septembre 1944, avec 50 hommes AS sous ses ordres, il capture la gare de Jemelle, malgré une résistance acharnée de la part des Allemands.

Le 6 septembre, des unités blindées « SS Adolf Hitler » reprennent la gare, durant le repli, une partie du groupe voit sa retraite coupée. Ryckx, avec cinq hommes, mène la contre-attaque malgré un feu intense des blindés ennemis, ils dégagent le groupe mais doivent déplorer la perte de trois hommes. Commentaire du rapport du Major Blondeel : « Ce sous-officier a toujours montré du courage et une aptitude au commandement digne d’éloges, ayant dû souvent faire face à de grandes difficultés, il fit toujours preuve d’une détermination inébranlable pour accomplir les missions qui lui furent confiées. »

Depuis 2008, une plaque à sa mémoire a été placée sur le monument de Vieuxville. »

La Petite Gazette du 14 novembre 2012

A PROPOS D’EMMANUEL RYCKX QUI VECUT A VIEUXVILLE

Monsieur Marcel Lardin, le président fondateur de la fraternelle Royale de l’Armée Secrète du CT9, me communique un intéressant témoignage au sujet du Sergent Ryckx :

« J’ai connu personnellement la vie de cette unité en Grande-Bretagne, m’écrit mon correspondant.
Je connaissais l’histoire de ce sergent et je suis en possession d’un document écrit par son neveu que je vous adresse bien volontiers afin de compléter les informations déjà publiées :

« Déclaration du Caporal J-C Liénart, dit Popeye :

– il était en formation au sein de la Brigade Commando en Grande-Bretagne et déclare qu’un courrier reçu de Belgique lui apprend que son oncle Manu – le Sergent Emmanuel Ryckx des S.A.S. – avait été blessé à la bataille des Ardennes et qu’il était maintenant soigné à l’hôpital belge de Leamington-Spa. (UK).

– Le 31 mars 1945, j’ai obtenu une permission pour aller le voir  dit-il. Il avait, sur son scout-car, sauté sur une mine, perdu un pied, et s’était fracturé la cuisse si salement qu’on avait dû l’amputer sur place dans l’hôpital de campagne. Il avait le moral et déclarait que grâce au genou qui lui restait, il pourrait même encore jouer au golf. Transporté d’abord à l’hôpital Brugman à Bruxelles, il avait vu mes parents dont il pouvait me donner des nouvelles, puis avait été évacué sur l’Angleterre et l’hôpital belge où seul blessé présent, les troupes du Colonel Piron étant parties sur le Continent le 10 août 44, il devait être bien soigné.

– Manu, « brûlé dans la Résistance, a été enlevé par un petit avion spécial sur un terrain de fortune tenu par le maquis et s’est illico engagé dans l’unité de parachutistes belges du Capitaine Blondeel, la SAS (Special Airborne Service). Après quelques sauts, un peu d’entraînement (moins que nous !), ils avaient été expédiés sur le front des Ardennes. Là, un petit groupe était mis, à la disposition des unités de reconnaissance anglaise, comme guides supposés connaître le terrain et la langue indigène.

– Manu a atterri dans une section australienne en position dans la forêt de Saint-Hubert. C’est là qu’un jour de progression en reconnaissance motorisée, sur la foi d’un garde-forestier, la colonne s’était engagée dans un chemin du Val de Poix, soi-disant libre de mines. C’était en plein hiver, dans la neige, Manu passait de scout-car de tête en scout-car de tête, et s’asseyait sur le garde-boue avant. C’est là qu’il a été touché de plein fouet par l’explosion de la mine.

– Le 19 avril 45, j’ai pu aller le revoir juste avant de partir en opération. Il était assis sur son lit d’hôpital, au bout du lit pendait la feuille de soins sur laquelle il avait dessiné deux rondelles de saucisson. A mon regard interrogateur, il se dressa sur ses deux poings fermés, bras tendus, et me dit « Regarde, je tourne sur un très court rayon d’action… ». On lui avait amputé les deux jambes à la même hauteur. Gangrène ? Non. En prothèse il n’y avait pas de pieds articulés, rien que des jambes, alors pour la facilité on avait égalisé ! »

Merci beaucoup pour cet intéressant témoignage.

      La Petite Gazette du 5 décembre 2012

UN SOUVENIR D’EMMANUEL RYCKX…

Monsieur Rémi Delaite évoque les souvenirs qu’il a conservés au sujet d’Emmanuel Ryckx :

« Votre article sur le soldat Emmanuel Ryckx me rappelle des souvenirs lointains car j’avais 5 ans. Les Américains qui avaient délivré mon village de Redu filèrent sur Bastogne et furent remplacés par une unité anglaise qui resta plusieurs jours au village au temps des combats de Bure. Cette unité devait être assez hétéroclite  Je me souviens vaguement de deux soldats polonais interrogeant de façon assez musclée deux Allemands faits prisonniers à Tellin. Il y avait aussi quelques Français logeant chez mes grands-parents et puis un petit groupe de Belges qui faisaient de la reconnaissance. Le seul souvenir marquant pour moi fut le retour de ce petit groupe avec un blessé grave attaché sur le capot d’un véhicule, les jambes complètement déchiquetées. Serait-ce Emmanuel Ryckx ? A partir du village, cette petite unité faisait de la reconnaissance vers Saint-Hubert et Tellin-Bure.

Mon Père a parlé souvent de ce groupe où se trouvaient Olivier Gendebien et de Chagny, ceux-ci venaient chez le garde comme ils disaient (mon père étant garde-forestier).

Si ce souvenir est resté, c’est parce que Olivier Gendebien, grand chasseur, est revenu quelquefois à la maison pour dire bonjour et rappeler des souvenirs de l’époque. »

La Petite Gazette du 26 décembre 2012

UN DOCUMENT INTERESSANT SIGNE EMMANUEL RYCX

Nous avons, grâce à vos souvenirs et témoignages, évoqué dernièrement la mémoire de celui que d’aucuns appelaient « le parachutiste sans jambes de Vieuxville ». Monsieur François Devegnée, de Vieuxville, revient sur cette personnalité et illustre les propos parus par un document. Il s’agit d’une lettre adressée par Emmanuel Rycx, lui-même, au Ministère de la Défense Nationale, Office de la Résistance, le 30 novembre 1956. En voici la copie :

Messieurs,

En réponse à votre lettre, j’ai l’honneur de vous faire savoir que je ne peux me souvenir de la date à laquelle mon dossier à la Résistance a été ouvert.

J’ai été grièvement blessé au combat, j’ai été amputé des deux jambes et on m’a enlevé le rein gauche. Tout ce qui a été fait, a été fait pendant que j’étais incapable de le faire moi-même.

Cependant, il doit y avoir un dossier puisque j’ai été honoré du brevet Eisenhower décerné aux titres de la Résistance de l’A.S. à quelques titulaires seulement.

J’ai également reçu une commission de sous-Lieutenant de l’A.S. à titre temporaire. Tout cela prouvant absolument qu’un dossier a été ouvert.

Pour aider aux recherches, voici les noms de ceux qui m’ont connu à l’A.S. et qui peuvent authentifier mes dires :

– Monsieur l’avocat Smolders, rue Montoyer

– Monsieur le Comte d’Aspremont-Lynden, chef du groupement des Ardennes.

Vous voudrez bien vous souvenir que Brumagne a été assassiné avec tous ses adjoints, que Tumelaire a été arrêté par les Allemands et libéré dans le Train-fantôme ainsi que le Docteur Recht. Que le lieutenant Bauchau a été blessé en combattant avec moi dans les Ardennes, mais que ces dernières personnes ont disparu sans mettre en ordre les dossiers dont ils étaient responsables.

Lors des combats dans les Ardennes, j’ai fait la connaissance du Colonel Blondeel, Commandant le régiment des Parachutistes S.A.S. sous le pseudonyme de Blund.

Pour reconnaître les mérites des combattants de notre groupe, il a accepté immédiatement d’enrôler sept d’entre nous dans le régiment de Parachutistes. Nous partîmes à l’entraînement en Angleterre.

Ceci explique aussi que je n’ai pu m’occuper moi-même de mon dossier de résistant.

Veuillez prendre en considération que j’ai quitté la Belgique le 10 septembre 1944, que j’ai été blessé le 12 janvier 1945, lors de l’offensive de Von Rundstedt et que ma convalescence a duré bien près de 10 mois enfin qu’il m’a fallu au moins deux ans pour pouvoir reprendre une vie active.

Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

Signé : Rycx

Mon correspondant insiste sur cette réalité : « Rycx, Gendebien et de Chagny, ainsi que quatre autres A.S. ont été recrutés par le Colonel Blondeel dans nos Ardennes et enrôlés dans les parachutistes S.A.S. »

Le Docteur Comte Albert Guérisse

La Petite Gazette du 27 janvier 2010

ENCORE A PROPOS DES AS BELGES DE L’AVIATION
Cette fois, c’est Monsieur Rik Goyens, Capitaine-Commandant TSM e.r. de Chevron, qui réagit et complète :
« Aux officiers belges Charles Roman et Florent Van Rolleghem que Jacques Bastin cite parmi les détenteurs de la prestigieuse distinction honorifique britannique Distinguished Service Order, il convient d’ajouter le Médecin Général-major Albert Guérisse, l’officier belge, le plus décoré de la deuxième guerre mondiale. Il reçut 35 décorations de différents pays, dont la D.S.O. (Distinguished Service Order), la G.C. (George Cross) et la K.B.E. (Knight Commander of the British Empire).DSO

Le Dr Guérisse (1911-1989) créa dès le début 1941 sous le pseudonyme de Pat O’Leary un réseau d’évasion de pilotes alliés. Durant les années 1941 et 1942, cette filière rapatria plus de 600 réfugiés vers l’Angleterre en passant par l’Espagne. Le 2 mars 1943, le Dr Guérisse fut arrêté à Toulouse et torturé dans différentes prisons en France; il passa dans les camps de concentration les plus réputés, pour atterrir en 1944 à Dachau. Il y est torturé à nouveau et condamné à mort, mais avec son ami, Arthur Haulot, il y organise la résistance et prend le commandement du camp lors de la libération par les Américains (29 avril 1945).
Après la guerre, le médecin militaire, Albert Guérisse rejoint l’armée belge. En avril 1951, lors de la guerre de Corée, le Major Médecin Guérisse se distingue particulièrement par sa bravoure en tant que médecin.
Le 1er juillet 1970, le Dr Albert Guérisse termina sa carrière militaire avec le grade de Médecin Général-major, en tant que Directeur Général du Service de Santé Interforces.
Le 26 mars 1989, le Comte Albert Guérisse meurt à Waterloo à l’âge de 77 ans, avec pour dernière requête que sa mort ne soit rendue publique qu’après son enterrement, ne souhaitant pas que l’on fasse trop de bruit autour d’un homme « qui avait simplement fait son devoir ». »
Pareil personnage méritait bien que ses éminents mérites soient rappelés !

La Petite Gazette du 10 février 2010

LE DOCTEUR GUERISSE
Madame Marie-Paule Schutz-Adam, de On, me dit tout le plaisir qu’elle a eu à découvrir l’évocation de ce personnage dans les colonnes de La Petite Gazette et elle voudrait nous apporter quelques précisions concernant Pat O’Leary.
J’ai eu la chance de rencontrer ce grand personnage fin des années 70 et début des années 80.
Je voudrais d’abord signaler que la famille Guérisse est originaire de Saint-Hubert où un mémorial à sa mémoire a été inauguré en 1991.
Albert Guérisse voit le jour le 5 avril 1911 à Bruxelles. Il est médecin militaire et agent secret.
Deux livres racontent ses aventures. En 1980 il m’a d’ailleurs offert et dédicacé le second « l’histoire de Pat O’Leary » qui a été écrit par Vincent Brome (écrivain anglais 1910-2004) à qui Pat a raconté ses mémoires. Ce livre a d’abord été traduit en anglais et est paru en français dans une collection de Pierre Mac Orlan « Visages de l’aventure », Livre contemporain Amiot-Dumont. J’ai mis plus de 20 ans à trouver le premier livre « HMS Fidelity » (bateau mystère) bateau « Le Rhin » qui a été rebaptisé « HMS Fidelity », on parle aussi parfois de la dénommination « Le Rhône ». Ce livre a été écrit par Marcel Jullian. (Pour ceux que cela intéresse je signale qu’on peut trouver ces livres dans des brocantes militaria.)
Le réseau Pat O’Leary a permis de rapatrier 600 réfugiés mais principalement des aviateurs vers l’Angleterre. Il a pris le commandement du réseau Pat O’Leary, réseau appelé aussi Pat Line en décembre 1941, quand Ian Garrow, un officier écossais du SOE (Special Operations Executive) a été arrêté.
Après l’arrestation du Dr Guérisse en octobre 1943, c’est une dame, Marie-Louise Drissart alias Françoise, qui en prend le commandement et le réseau devient alors le réseau Françoise.
Après son arrestation il a connu les camps : Sarrebruck, Monthausen, Natzweiler et Dachau. Dans ce dernier, il cache son identité de médecin et travaille comme infirmier avec Arthur Haulot, journaliste qui deviendra Commissaire au Tourisme. Ils échappent au typhus.
Ils créent un Comité International des Prisonniers, avec Arthur Haulot président pour les Belges et Pat président pour les Anglais. Ils sauvent la vie de 5000 déportés.
En 1951, il part en Corée comme volontaire en tant que médecin-major attaché à la 29e brigade britannique. Il a été, pendant les 25 dernières années de sa vie, président du Comité International de Dachau et s’est battu pour la création d’un mémorial pour que les futures générations n’oublient pas ce qui s’est passé. »

La Petite Gazette du 24 février 2010

LE DOCTEUR GUERISSE
Monsieur Claude Grandelet, de Somme-Leuze, revient sur le sujet pour apporter quelques précisions supplémentaires :
« Je pense qu’en ces temps de perte de confiance généralisée, il n’est pas mauvais de montrer que notre société sait encore reconnaître les mérites de gens exceptionnels qui l’ont servie d’une manière désintéressée. Du moins, elle savait encore le faire il y a peu d’années! C’est avec grand plaisir que j’ai lu dans une récente Petite Gazette l’éloge du Dr Guérisse, rédigé par Mme Schutz-Adam. Il ne me paraîtrait peut-être pas superflu d’ajouter que son courage, son énergie, ses qualités de chef, d’organisateur et surtout sa grande noblesse de coeur ont été largement reconnus par ses contemporains, chez nos Alliés peut-être encore plus qu’en Belgique.
Honoré de multiples hautes décorations, telles que la Plaque de Grand Officier de l’Ordre de Léopold (Belgique), de la George Cross et de la DSO britanniques, Officier de la Légion d’Honneur française, etc., il a bénéficié de l’estime générale et a passé le reste de sa vie entouré de collaborateurs dévoués, d’admirateurs et d’amis sincères. Il a terminé sa carrière à l’Armée Belge comme Général et Chef du Service de Santé, qu’il a d’ailleurs remarquablement réorganisé.
Il a été anobli successivement par la Reine d’Angleterre qui lui a donné le titre de Knight Commander of the British Empire et ensuite par le Roi Baudouin qui l’a fait Comte en 1986. »

La Petite Gazette du 2 juin 2010

A PROPOS DU GENERAL GUERISSE
Nous avons déjà évoqué cette figure, quasi légendaire, de l’Armée belge et sa brillante carrière intéresse bien des lecteurs. Monsieur Martin Huwart, de Ville-au-Bois aimerait que lui soient précisés certains détails.
« A propos du Général Guérisse, je m’interroge sur sa carrière, surtout ses affectations. Je pense qu’il a pu servir au 1er Lanciers à Spa, entre 1931 et 1939 ce qui expliquerait que mon père (Charles Huwart) le connaissait apparemment très bien.
Pat O’leary, son surnom de guerre, semble avoir été connu de ma mère, laquelle faisait partie d’une filière d’évasion d’aviateurs, dirigée par un Anglais ( ?).
La maison forestière de Ville-au-bois était un des relais. La seule chose que maman a bien voulu me raconter, c’est un épisode cocasse de 1943 (?).
Une patrouille allemande s’est présentée un jour d’été, alors que la maison était pleine d’une dizaine d’aviateurs. Parlant couramment allemand, anglais et néerlandais, Maman a intercepté les Allemands sur le devant de la maison, pendant que les aviateurs fichaient le camp par derrière. Elle leur expliquait l’importance des pommes de pin spéciales que ses parents lui avaient apportées d’Anvers, et qui lui servaient soi-disant de baromètres.
Je n’ai rencontré son « officier traitant » britannique qu’une seule fois en Provence, à Antibes. Il sortait d’un très beau yacht (30 m) et est passé devant nous qui prenions l’apéritif.
« What a surprise » dit-il, et ma mère de répondre « indeed », et ce fut tout… il continua son chemin !
Questionnée, elle me dit que si c’était à refaire, elle ne voulait donner aucune information sur ses contacts. Nous étions alors en pleine guerre froide.
Le comique, c’est que Papa, officier de l’AS, n’a jamais pu obtenir de maman des informations sur son activité, en dehors de l’anecdote de la pomme de pin.»

La Petite Gazette du 9 juin 2010

OUI LE DR GUERISSE EST BIEN PASSÉ PAR LE Ier LANCIERS A SPA
Ainsi que le supposait bien M. Martin Huwart, le Dr Albert Guérisse est bien passé par le Ier Lanciers à Spa. La confirmation m’en est venue du Dr Paul Maquet, d’Aywaille, qui ajoute pour tous ceux qui s’intéressent à cet illustre et remarquable personnage que :
« deux livres ont été écrits sur le Général Albert Guérisse sous les ordres duquel j’ai servi en Allemagne lors de l’occupation:
1. Marcel JULLIAN. H.M.S. Fidelity, bateau mystère, Bibliothèque Amiot-Dumont, 1956.
2. Vincent BROME, préfacé par Pierre Mac Orlan de l’académie Goncourt, L’histoire de Pat O’Leary, Le Livre contemporain Amiot-Dumont, 1957 »
Je suis certain que vous serez nombreux dans les semaines à venir à fouiller les bacs des bouquinistes à la recherche de ces deux ouvrages.
Un immense merci à M. Maquet pour sa fidélité à La Petite Gazette et pour sa promptitude à répondre aux questions qui vous sont soumises.

La Petite Gazette du 16 juin 2010

ENCORE A PROPOS DU GENERAL GUERISSE
Madame Marie-Paule Schutz-Adam de On, qui nous a déjà communiqué de bien précieux renseignements sur cet extraordinaire personnage, confirme que le docteur Guérisse faisait partie du 1er Lanciers, que le 10 mai 40 il se trouvait à la frontière allemande et que son régiment a été rappelé au Nord de Liège suite à la percée allemande sur le Canal Albert.
Monsieur Rik Goyens, Capitaine-Commandant TSM e.r., de Chevron, s’est également manifesté sur le sujet :
« Je voudrais confirmer, m’écrit-il, la présence au Régiment des 1er Lanciers à Spa du Lieutenant Médecin Albert Guérisse. En effet, ce régiment (créé en 1814 en tant que régiment de cavalerie légère) s’est installé dans la toute nouvelle caserne de Spa, en 1931. Le 10 mai 1940, le 1er Lanciers se trouva sur la frontière allemande et le lendemain, il fut rappelé au nord de Liège (Juprelle) pour défendre la position fortifiée, menacée par la percée allemande sur le Canal Albert. Attaqué durement par les Stukas, le régiment subit ses premières pertes, ce qui permit à Albert Guérisse de faire preuve de ses qualités d’officier et de médecin. »
Le Cdt Dourte, Offr Opérations 1/3L, s’est également manifesté : « Suite à votre article dans les Annonces de l’Ourthe de début juin, notre Offr patrimoine, le Lt Tinel (par ailleurs historien) a recherché rapidement la trace de la présence du général Guérisse au sein du 1 Lanciers. Il apparaît qu’il a été affecté au 1° Lanciers à Spa de 1937 à 1940 et également après guerre. Vous trouverez ci-dessous un document attestant de ses décorations ainsi qu’une copie d’un discours prononcé lors de ses funérailles.
« Notre « Général » est mort
« Mon Cher ami, que de souvenirs vous évoquez » m’écrivait le Général Guérisse, en réponse à mes vœux de meilleurs santé pour 1989. Le dimanche 26 mars, il décédait, sans éclat, après avoir exprimé la volonté que son décès ne soit connu qu’après ses funérailles. Hélas, ce ne pouvait passer inaperçu !
Deux livres ont à peine suffi pour retracer cinq années de ce médecin militaire, devenu Pat Lieutenant commander de la Royal Navy, puis agent parachutiste, chef de réseau d’espionnage et de récupération ; sa vie entière, suite à son décès, a fait l’objet d’articles dans les journaux.
« – Et ensuite, après 1945, qu’avez-vous fait ?
– Rien
– Demandez-lui ce qu’il est allé faire en Corée, fit sa femme Sylvia ; Pat éclata de rire : « Le bataillon des volontaires belges avait besoin d’un médecin.. ; j’étais médecin, j’étais belge » (in « l’histoire de Pat O’ Leary » par Vincent Brome).
Etait-ce si peu d’être volontaire, d’avoir été rechercher un blessé à moins de 150 mètres des lignes ennemies, sous une grêle de balles, puis de rejoindre le bataillon, immédiatement, en hélicoptère ? (N.D.L.R. Le même fait m’a été raconté par le Dr Paul Maquet, d’Aywaille, qui se manifestait dans notre dernière édition)
Je n’évoquerai que nos relations personnelles, l’homme.
En 1938, alors que tous les Spadois de ma génération vivaient au rythme du 1er régiment des Lanciers, milicien à Liège, la maladie m’empêchait de rejoindre le régiment. Mon « parrain militaire », l’aumônier Gielen me l’envoya. Nous ignorions, qu’en 1964, nous devrions tous deux unir nos efforts pour lutter contre l’injustice qui s’acharnait contre mon protecteur de jadis (cité comme l’un des premiers résistants et qui mourut, abandonné de tous, à Bayonne, en 1974).
Le 8 avril 1951, le Commandant Guérisse, bientôt Major, m’arrivait à Tokyo, logeant avec moi à la Mission. Nous nous promenions dans Tokyo et ses environs, passions une soirée mémorable (défiant l’alcooltest !), avant son départ pour la Corée, où il rejoignit son ami Poswick. Il revint en permission, après le combat de l’Imjin, préférant vivre parmi les combattants et visiter les hôpitaux.
Il parlait très peu de la grande guerre, un souvenir douloureux le liait à Spa, il ne fréquentait guère les hautes autorités. Le hasard le fit rencontrer le commandant des Forces du Commonwealth, Sir Robertson, d’habitude impassible, stupéfait devant les rubans des G.C. –B.S.O. – K.B.E. sur un uniforme belge !
Le 21 août 1951, nous étions heureux de nous retrouver au camp d’Inchon, où 450 hommes attendaient leur rapatriement. Vint le soir, « je m’ennuie, impossible de sortir du camp, pas de véhicule », une solution, utiliser ma Jeep pour lui et le commandant Nicodème ; mais, si tard, Inchon se révélait un désert. « Les Grecs vont venir, si nous voulons prendre un verre, il faut rentrer, mais… il n’y a pas de glace pour le wisky, si nous allions en chercher à la morgue ? »… elle était fermée ! Au camp, fête des adieux, les officiers grecs chantaient sur les tables et le Major Guérisse voulait leur apprendre les cramignons liégeois !
Nous ne pensions guère nous revoir cependant, en 1968, nous appartenions au QG des F.B.A. en Allemagne, il soignait ma famille et nous égrenions nos souvenirs. C’était pour nous retrouver dans son bureau, proche du mien, au ministère de la défense Nationale, lui devenu Général, Directeur du service de la Santé, pour prendre le café. Nous n’étions pas loin de la retraite mais il n’avait jamais perdu sa combativité : « J’améliore la situation, mais j’enrage, trop de papiers, peu de fonds pour arriver à mes fins.»
C’est à tout cela que je pensais, ce 3 avril, en me rendant au crematorium de Bruxelles, mais sa volonté avait été respectée, il ne restait que des cendres, je ne pus assister à leur dispersion sur la pelouse.
Ainsi finissait UN GRAND HOMME »
Le Commandant Dourte a, en effet, joint une copie de l’avis nécrologique mentionnant les illustres décorations décernées au
Général-Major Médecin Comte Albert Guérisse, alias Pat O’Leary :
Lt Commander Royal Navy
Chef du réseau d’évasions « Pat »
Médecin volontaire du Bataillon Belge en Corée
Président du Comité International de Dachau

– Georges Cross (G.C.)
– Knight Commander of the British Empire (K.B.E)
-Compagnion of the Distinguished Service Order (D.S.O.)
-Grand-Officier des ordres de léopold et de la Couronne
– Commandeur de l’Ordre de Léopold II avec Palmes
– Croix de guerre 1940 – 1945 avec Palmes
-Officier de la Légion d’Honneur
– Croix de guerre Française avec Palmes et Etoile de vermeil
– Officier de la legion of Merit
– Medal of Freedom with Golden Palms
– Croix d’Honneur et de Mérite Militaire en Vermeil avec Palmes
– Chungniu Distinguished Military service Medal with Silver Star

Assurément un Grand Homme… La Petite Gazette est heureuse d’avoir, grâce à vos contributions, participer à cultiver son souvenir.

La Petite Gazette 23 juin 2010

DOCTEUR GUERISSE : UNE CONFIRMATION ET UNE PRECISION
Monsieur J. Schoonbroodt, de Spa, a lui aussi tenu à témoigner :
« Je vous confirme que le général Guérisse a été affecté au 1er lanciers à Spa, avant la guerre de 1940. A cette époque, il était officier médecin.
En mai 1939, il a accouché mon épouse d’un garçon dont le père, policier spadois et résistant, est décédé en avril 1945 dans le camp d’extermination de Flossenberg. »

La Petite Gazette du 14 juillet 2010

LE DOCTEUR GUERISSE… ENCORE
Monsieur Claude Billiet, de Lierneux, est un ancien combattant de la Guerre de Corée, il a la gentillesse de nous transmettre cette photo de la maison qu’occupa Albert Guérisse à Spa et sur laquelle a été apposée une plaque commémorative.

docteur guérisse maison

 Maison où résidait le comte Médecin Général Albert Guérisse à Spa. Il est un des plus grands bienfaiteurs pour la cause des volontaires pour la Corée en même temps que le colonel Cdo Para Jean Militis.

(Document Revue de la fraternelle des anciens de Corée, section province Luxembourg)

VITAL PRÉLAT, LE VICAIRE « ENDIABLÉ »

La Petite Gazette du 27 mai 2009

Voici une histoire comme on les aime dans La Petite Gazette, avec tout ce qu’il faut d’insolite pour la pimenter… Merci à M. Roufosse de me permettre de vous la présenter, agrémentée d’intéressantes illustrations.

« Dans un petit ouvrage paru en 1947, le Père Lucien Hoornaert, professeur au Collège de Mons, retrace la vie de Vital Prélat, né en 1862 et qui sera Révérend Curé de Berzée de 1902 à 1945.

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A l’âge de 27 ans, le religieux va commencer sa vie sacerdotale au poste de vicaire à Marche-en-Famenne. C’est ici que l’auteur du livre ouvre une parenthèse d’une dizaine de pages sur un épisode de la vie de Vital Prélat qu’il appelle «Les affaires de Marche» et que, précise-t-il, il aurait préféré passer sous silence, mais qu’il décida tout de même à reproduire, suite aux confidences directes de personnes dignes de foi, lesquelles lui furent faites en août 1941.
Or donc, dès son arrivée à Marche le 7 septembre 1889, le jeune vicaire prend logement chez les époux Paul Renson-Lessuisse, négociants, au 33 de la rue Dupont. Ce foyer comptait plusieurs enfants dont deux embrasseront plus tard la vie religieuse. Les témoignages du couple, pour ce qui va suivre, seront des plus précieux.

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Marche, à cette époque, comptait un peu plus de 3 500 habitants. L’église était desservie par l’abbé Otte, prêtre rigide au caractère peu commode. A peine installé, Vital Prélat va donner libre cours à son zèle, tout d’abord, en convertissant «Paul Nanasse» (de son vrai nom Léopold Lambotte), débauché de la pire espèce habitant un taudis dans une ruelle proche de l’église, et ensuite, en exorcisant à la prison de la ville l’avocat allemand Ketler, lequel avait livré son âme au Diable, qu’il appelait d’ailleurs «Papa».

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Mais par la suite, «l’Esprit des Ténèbres» (s’il s’agit toutefois bien de Lui) va se venger !

Ce ne furent au début que des coups violents frappés contre la porte de la chambre à coucher du vicaire. Mais les choses n’allèrent pas en rester là.

« J’ai été bien des fois le témoin du bouleversement de la chambre à coucher de Vital Prélat. Tout était arraché en un instant : ciel de lit, rideaux, stores ; parfois, de lourdes armoires étaient entièrement démantibulées dans un vacarme assourdissant (Il fallait ensuite la force de quatre ouvriers pour les redresser). Les globes de verre protégeant des statuettes étaient jetés avec force sur le plancher sans se briser. Dans ce tumulte effrayant, le pauvre vicaire, muni d’un seau d’eau bénite et d’un goupillon, courait dans tous les sens, aspergeant les quatre coins de la chambre avec de grands signes de croix. Un autre soir, c’est le lit qui est renversé sur lui. Bref, aucune nuit ne se passait sans incidents». (confidences faites à l’auteur). » A suivre dès la semaine prochaine.

 

La Petite Gazette du 7 juin 2009

« Bien sûr, les parents Renson étaient consternés et abasourdis. Vis-à-vis de leurs voisins, ils auraient bien voulu tenir ces choses cachées. De toute façon, comment taire ces incidents : les bruits étaient tellement violents, pareils à de fortes détonations, plus terribles que les décharges de l’orage. Aussi, devant la maison, stationnaient chaque soir en curieux, cinq à six cents personnes, maintenues par les gendarmes. Tout le monde était épouvanté par un tel remue-ménage.
Le robuste Doyen Otte, n’ajoutant aucune foi à tous ces racontars, voulu essayer de passer une nuit dans la chambre contiguë à celle du vicaire Prélat : bientôt, il s’enfuit au plus vite au milieu des vacarmes infernaux.

Les vexations ne se limitèrent pas à la maison Renson. Un soir, le vicaire soupait chez le Doyen Otte. Alors qu’on attendait la servante avec les plats, brusquement, le buffet, la table, la vaisselle, les chaises… tout fut jeté à terre avec un bruit épouvantable… Etrangement, rien, toutefois, ne fut brisé.

Un autre jour, le Vicaire fut sauvagement arraché à son confessionnal et projeté sur une dizaine de mètres sur le pavement de l’église, le tout dans un assourdissant bruit de tonnerre.… Ou encore, un matin à la sacristie, il sera renversé sur le sol et recevra sur lui la grande armoire, le coffre-fort de la sacristie et tous les ornements sacerdotaux dans un désordre indescriptible. Tout ce remue-ménage attire les fidèles qui vinrent le dégager. Charles Fontinoy, sacristain et chantre à Marche, a assisté à la scène, glacé d’effroi.

Tenu au courant de ces agissements, l’évêque va faire exorciser le malheureux. En vain. Il décida alors de faire placer chaque nuit dans la chambre à coucher de Vital Prélat, deux témoins, hommes sûrs et peu imaginatifs. Mais lorsque le vicaire est projeté à l’autre bout de la chambre et que le lit effectue une charge en règle vers les dits témoins, ceux-ci ne résistèrent pas et ils s’enfuirent aussitôt, ne voulant plus jamais revenir sur les lieux…

Ces événements durèrent en tout six longs mois. Et puis soudainement, pour des raisons que l’on ignore, tout cessa brusquement. Plus le moindre bruit, plus la moindre manifestation, plus rien.

«Mais – d’après les dires de Vital Prélat – ce qui me faisait alors le plus souffrir, c’était de voir ces centaines de personnes qui stationnaient le soir devant mon logis et me considéraient comme un saint

Aussi, est-ce avec un certain soulagement qu’il apprit, fin novembre 1892, que son nouvel évêque l’envoyait comme vicaire à Flawinne-Mirwart. »

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Mon passionnant correspondant conclut, comme je l’aurais fait, en vous appelant à compléter l’information.

« Si, parmi les lecteurs, certains ont recueilli et conservé (de leurs parents ou grands-parents), des témoignages concernant ces faits peu coutumiers, merci de les adresser à La Petite Gazette.

Il doit y avoir eu des procès-verbaux de gendarmerie… ou des articles dans les gazettes locales ? Personnellement, il y a une dizaine d’années, j’ai eu en mains un morceau de la soutane de l’abbé Prélat, qu’une personne de Marche (dont je n’ai malheureusement pas retenu l’identité) avait obtenu en 1971 et qu’elle considérait comme une relique. »

 

La Petite Gazette du 17 juin 2009

ENCORE L’ABBE PRELAT …

Le sujet vous a manifestement touché puisque vous continuez à vous manifester…

M. Guillaume, de Marloie, m’a envoyé une copie du souvenir mortuaire de l’abbé Prélat en précisant qu’il a été distribué à Berzée lors de ses funérailles.

Mme Andrée Lobet-Collard, de Marche-en-Famenne, m’a transmis une copie d’une long article (malheureusement sans la moindre référence, mais je pense bien qu’il s’agit là de l’ouvrage dont nous avait parlé M. Roufosse, à savoir  un petit ouvrage paru en 1947, dans lequel le Père Lucien Hoornaert, professeur au Collège de Mons, retrace la vie de Vital Prélat, né en 1862 et qui sera Révérend Curé de Berzée de 1902 à 1945) consacré à cet abbé qui défraya la chronique marchoise. On peut y lire notamment :

« …les faits étranges, ayant été portés à la connaissance de multiples personnes et ayant subi, par la suite, au cours des années, de nombreuses modifications par tradition orale et écrite, sont pour la plupart déformés, exagérés, voire même purement inventés.

Ce n’est pas en collationnant pareils récits que nous écrivons ces lignes. Non, nous ne faisons que reproduire les confidences directes qui nous furent faites personnellement en août 41, en les accompagnant des témoignages de personnes vraiment dignes de foi !

(…) L’esprit malin, durant six mois, tourmenta le pauvre Vicaire. Au début, ce ne furent que des coups violents frappés contre la porte de sa chambre à coucher. « J’avais dix ans, nous écrit la petite Renson, et j’ai bonne souvenance de la première visite de l’esprit des ténèbres venant frapper à la porte de sa chambre à en faire trembler toute la maison. Monsieur l’Abbé sortit aussitôt et vint heurter à la porte de mes Parents, disant : « Paul, qui vient frapper ainsi à ma porte ? »

Papa s’arma d’un revolver, fit le tour de la maison mais sans rien trouver… »

Son frère, le futur prêtre, n’est pas moins formel. « La première nuit du vacarme, mon père s’est relevé, revolver en main, croyant que des malotrus avaient envahi la maison.  Le lendemain, même bruit. L’Abbé Prélat, dans l’entre-temps, avait dit à mes Parents de ne rien craindre parce qu’il savait ce qui se passait »

Mais, bientôt, l’esprit du mal ne se contenta pas seulement de frapper à la porte, il pénétra à l’intérieur pour commettre ses méfaits. »

 

 La Petite Gazette du 1er juillet 2009

Mme Andrée Lobet-Collard, de Marche-en-Famenne, m’a transmis une copie d’un long article consacré à l’abbé Prélat. On peut y lire notamment :

« Aloys Renson âgé alors de 14 ans fut le témoin de faits inexplicables ; écoutons-le :

« M. Prélat, rentrant de voyage, avait pris froid et avait demandé que je lui porte un grog au cognac, quand il serait au lit. Arrivé dans sa chambre, il boit le grog, je lui souhaite le bonsoir et m’apprête à sortir, quand le lit brusquement se transporte au milieu de la chambre : « Donnez-moi vite l’eau bénite ». Au bout de quelques minutes, le calme était revenu. Il me demanda de repousser le lit, ce que je fis difficilement car j’étais jeune. A peine remis dans sa position première, de nouveau le lit fonce sur moi… vite l’eau bénite. Derechef le calme revint. L’Abbé me demanda alors si je n’avais pas peur. Pour plus de sûreté, conclut-il, allez appeler votre grand-maman (celle-ci le regardait comme son fils). J’y vais et, peu après, nous voulons pénétrer tous les deux dans la chambre… mais quel spectacle se présente à nos yeux : Monsieur le Vicaire gît sur le plancher, chaufferettes, matelas et le lit lui-même sont renversés sur lui. Nous avons dû l’aider à se relever. »

Henri Chevron

La Petite Gazette du 3 mars 1999

Artiste, inventeur excentrique…, qui était vraiment Henri Chevron?

Si La Petite Gazette veut continuer à se targuer d’être la Gazette . de l’insolite régional, elle se devait de répondre favorablement à l’appel lancé par Les Hèyeûs d’sov’nis de l’Athénée Royal d’Aywaille au sujet de ce personnage tout à fait extraordinaire qui défia la chronique locale dans l’Entre-Deux-Guerres; nous voulons parler de Henri Chevron. Voici ce que nous en disent nos jeunes enquêteurs : «Henri Chevron était un personnage particulièrement pittoresque 1—dont tous les anciens Remoucastriens parlent encore avec amusement, -tendresse et admiration. Il fut artiste, ses sculptures en béton, parfois naïves, parfois effrayantes,; hantent toujours son village natal, Playe».
Cet agriculteur fut aussi inventeur, on lui doit un mystérieux «rayon de la mort» et toutes sortes de bizarreries qui ont stupéfié ses contemporains. Autodidacte, il construisit, de ses mains, la première T.S.F. de son village; de son observatoire, il contemplait les astres et les étoiles»…
Les Hèyeûs d’sov’nis ont recueilli bien des informations de deux personnes qui l’ont bien connu: MM. Joseph Delbouille et Etienne Dechamp. Voici ce que leur a confié ce dernier:
«Au fond des bois, il (Henri Chevron) avait créé un «jardin zoologique». Un ruisseau traversait une prairie voisine si bien que la boue ne manquait pas. A cette époque, nous voyions Chevron partir souvent dans cette direction et tout le monde se demandait ce qu’il allait y faire. Un beau jour, quand il a eu fini, je suis allé avec lui. C’était beau, c’était un jardin zoologique. On pouvait y reconnaître toutes les «bièsses» faites magnifiquement avec de la terre. Il y avait un éléphant, un lion, etc. Après, tout le monde venait voir l’oeuvre de Chevron. On venait d’Awan, de Sprimont. Il y avait un tigre et des gens qui étaient venus par curiosité s’en étaient retournés en quatrième vitesse, car ils avaient cru que, dans le pré, ils avaient rencontré un tigre vivant. Malheureusement, avec le temps, tout s’est désagrégé».
Vous avez peut-être visité ce jardin zoologique, ou l’observatoire de Henri Chevron, ou encore écouté cette première T.S.F.1? Tous vos souvenirs intéressent les enquêteurs de l’Athénée d’Aywaille, mais ce qu’ils recherchent en vain depuis des mois c’est une photographie de ce «génie méconnu» afin de pouvoir mettre un visage sur une personnalité originale. Pouvez-vous les aider à compléter leurs informations et : leur documentation?
Ecrivez-moi pour me parler de ces personnages hors du commun que nos régions ont connus.

La Petite Gazette du 17 mars 1999

Il y a quinze jours, La Petite Gazette vous présentait, à la demandé des Hèyeûs d’sov’nls de l’Athénée Royal d’Aywallle, une photographie d’une des œuvres d’un étonnant personnage qui vécut à Playe, sur les hauteurs de Sougné-Remouchamps. Cet homme, Henri Chevron,
a tout autant goûté aux techniques qu’aux arts et il a fait le ravissement de quelques générations d’enfants avant la Seconde Guerre Mondiale. Que sont ses œuvres devenues? Certaines, celles évoquées dans la Petite Gazette, n’ont eu qu’une existence éphémère en raison du matériau dans lequel elles avaient été érigées, nous avons vu cependant que la pérennité leur avait été accordée dans le souvenir de quelques-uns. D’autres, peu nombreuses, existent toujours, mais elles ont aujourd’hui un rôle bien peu respectueux de leur grâce naïve…
Faut-il s’en plaindre? Existeraient-elles encore si elles n’avaient pas accepté ce rôle utilitaire dans la campagne de Playe? J’imagine que ce n’est pas seulement La proximité de l’autoroute qui fit perdre la tête à l’une de ces Vénus du cru… Ce génie a-t-il été à ce point incompris qu’il ne se trouva personne pour préserver ses réalisations? Où sont passées ses autres créations? Quels souvenirs a-t-il laissés?
Si Henri Chevron, ses œuvres ou ses inventions évoquent l’un ou l’autre souvenir chez vous, je vous invite à le partager avec lès nombreux lecteurs de La Petite Gazette. Puis-je également vous rappeler que les jeunes chercheurs de l’Athénée d’Aywaille seraient très heureux de voir Henri Chevron? Alors si vous aviez une photographie, ce serait réellement merveilleux de nous permettre de la reproduire dans La Petite Gazette. Ecrivez-moi nombreux.

La Petite Gazette du 31 mars 1999

Répondant à l’appel lancé, la première semaine de mars, par les Hèyeûs d’sov’nis de l’Athénée Royal d’Aywaille, Monsieur Norbert Lagasse, de Liège, m’a transmis un courrier vraiment très intéressant car il contient les souvenirs de quelqu’un qui côtoya réellement Henri Chevron et ce «quelqu’un»,, c’est Monsieur Lagasse lui-même! Je vous propose de découvrir tout de suite la première partie de ce témoignage.
« J’ai très bien connu os personnage extraordinaire qu’était Henri Chevron, le phénomène de Playe écrit M. Norbert Lagasse, il était alors le plus proche voisin de Henri Salve, le bourgmestre de Remouchamps.» (N.D.LR. Henri Salve est échevin depuis le,9 janvier 1939, Il fera fonction de Bourgmestre de Sougné-Remouchamps dès le 1* janvier 1940, en remplacement d’Alphonse Decelle, malade; Il exercera cette fonction jusqu’au 26 mai 1945)
« A quelques semaines de mon quatre-vingtième anniversaire, mes souvenirs se sont évidemment quelque peu estompés. Il n’empêche», semble s’excuser mon aimable correspondant, mais il n’y a pas de quoi; jugez plutôt de l’intérêt de ses écrits :
« J’ai souvent entendu mon père, Nicolas Lagasse, raconter l’odyssée de la motocyclette que Henri avait fabriquée pour se déplacer sur l’eau. Les premiers essais de l’engin, programmes pour un dimanche après-midi, au pied de la tour du château de Montjardin, là où l’Amblève est la plus profonde, faillirent tourner à la catastrophe. Projeté à l’eau et au milieu des débris de son invention, Henri ne dut qu à la solidarité de quelques amis de pouvoir échapper à la noyade.
Bien plus tard, en 1939, uns véritable amitié s’était liée entre Henri et moi. Habitant Remouchamps, je me rendais chez lui au moins deux fois par semaine pour aller chercher du lait. A plusieurs reprises, j’ai visite son observatoire installé dans les dépendances de sa fermette…»
La semaine prochaine, nous suivrons Monsieur Lagasse à Playe, à la rencontre de Henri Chevron et de son rayon de la mort. Il serait vraiment étonnant que personne d’autre n’aurait gardé le souvenir d’un aussi étonnant personnage. Permettez-moi d’insister également sur mon souhait de recevoir des photographies soit de Henri Chevron, soit de ses œuvres et inventions. Je compte sur vous.

La Petite Gazette du 7 avril 1999

Comme promis, nous poursuivrons cette semaine la lecture du passionnant courrier que nous a transmis M. Norbert Lagasse, de Liège, qui a très bien connu Henri Chevron.
«Soucieux d’étendre ses activités; Henri avait même imaginé de transférer son observatoire dans l’un de ses prés sis à mi-chemin entre son domicile et la chapelle de la Fidélité. (N.D.LR. là, où aujourd’hui, passe la bretelle de l’autoroute desservant la vallée de l’Amblève). Ce projet fut abandonné alors que les murs de l’édifice avaient déjà atteints une certaine hauteur.
Beaucoup plus sérieux furent ses contacts avec le Ministère de la Guerre Britannique auquel il avait fait part de sa découverte du «Rayon de la Mort». Grâce à mes, connaissances de la langue anglaise, j’étais même devenu son secrétaire particulier. Des croquis, des schémas, des lettres furent envoyés à Londres qui s’intéressait de plus en plus aux travaux de notre Belge.
A l’approche de l’ouverture des hostilités, les contacts prirent fin, car Henri appréhendait qu’il allait être invité à s’expatrier, ce qu’il ne voulait à aucun prix, car il aurait dû abandonner sa sœur avec laquelle il vivait.
Pour ma collaboration et en guise de remerciements, il m’avait offert un minuscule poste à galène conçu de son imagination.
On ne saura jamais si Henri n’avait pas autant de talents que les nazis de Peenemunde! conclut M. Lagasse,
Un grand merci pour cet intéressant témoignage de quelqu’un qui côtoya de très près Henri Chevron. Il est certainement d’autres personnes qui pourraient aussi nous en parler, nous décrire les prodigieuses inventions de ce «self-made-man» de notre région. J’attends avec curiosité et intérêt vos prochains courriers à ce sujet. Je vous rappelle que les Hèyeûs d’sov’nis de l’Athénée Royal d’Aywaille sont, depuis longtemps, à la recherche d’une photographie de Henri Chevron, qui les aidera?

La Petite Gazette du 14 avril 1999

Les articles consacrés à cet étonnant personnage de Playe (Remouchamps) ont suscité une nouvelle réaction, celle de Mme M. Cornet, dé Hotchamps. Voici ce qu’elle nous écrit:
«Henri Chevron est né en 1882 et est décédé, à Playe, le 19 mai 1953, à l’âge de 71 ans.
Célibataire, il exploitait une petite fermé avec ses deux soeurs, Marie et Féllcle, célibataires elles aussi. Les deux terrains de leur exploitation se trouvaient dans les environs de la Redoute .
C’était un original, mais doté d’un sens de l’invention extraordinaire. Personnellement, je l’ai très peu connu, par contre, mon père, qui était né en 1900, était un grand ami de la famille, il a été très souvent le témoin de ses exploits et il me les racontait.
Pour le centenaire dé la Belgique, en 1930, il avait fait un char représentant une grotte confectionnée avec des sacs de jute trempés dans du ciment, cette grotte était percée de nombreux trous d’où sortaient des petits sotais. Elle était aussi agrémentée d’une jolie cascade qui dévalait le rocher; une pompe en actionnait le circuit d’eau. Ce très beau char était tiré par trois gros chevaux, un noir, un jaune paille .et un rouge, pour symboliser le drapeau belge. Les chevaux appartenaient à Eugène Leclercq, de Delgné; à Paul Thonon, de Hptchamps et, le troisième, à mon père, Armand. Cornet.
Parmi ses nombreuses inventions, notons un avion qui, très vite, allait piquer du nez dans la prairie, un vélo pour aller sur l’eau, en quelque sorte l’ancêtre du pédalo. Lors de son essai pour la traversée de l’Amblève, un malencontreux câble, qui traînait par là, le fit basculer dans la rivière. Il y avait aussi une lunette pour observer la lune et les étoiles».
Merci beaucoup, Mme Cornet, de nous permettre de mieux connaître ce personnage extraordinaire. La semaine prochaine, nous poursuivrons la lecture de votre courrier à la découverte d’autres informations, d’autres inventions, d’autres extravagances. Si, vous aussi, comme notre lectrice de Hotchamps, vous avez connu ou entendu parler de Henri Chevron, n’hésitez pas, écrivez-moi.

La Petite Gazette du 21 avril 1999

C’était réellement un personnage d’exception ce Henri Chevron. Son évocation réveille les souvenirs et, aujourd’hui encore, il m’en a été promis d’autres que je me réjouis de vous faire découvrir. Vous verrez qu’il était loin d’être farfelu!
En les attendant, poursuivons le lecture du courrier de Mme Marcelle Cornet, de Hotchamps.
«Une chose dont je me souviens très bien, c’est son poste de radio, complètement fabriqué par ses soins. La carcasse du poste représentait le buste d’un gros officier, avec képi et moustaches. Moi, qui étais une gamine de cinq ou six ans, j’étais très impressionnée, je croyais réellement que cet homme parlait. Henri Chevron prévoyait déjà la télévision, à cette époque, il disait, qu’avec le temps, on pourrait voir son interlocuteur!
Pour accéder à sa maison, dont la façade était couverte de lierre, il y avait une volée d’escaliers et, de chaque côté, sur des colonnes, trônaient deux gros lions ; la rampe de l’escalier était faite de serpents entrelacés.
Par les chemins, poursuit Mme Cornet, il n’était pas rare de trouver, de-ci de-là dans les haies, de bien jolies roses; elles avaient été greffées par ses soins sur des rosiers sauvages.
Un jour, il était parti semer de l’engrais dans son champ, sur les hauteurs de La Redoute et l’Idée lui vint d’écrire son nom avec l’engrais. En cours de travail, I’engrais vint à lui manquer et, quand la prairie reverdit et que l’herbe repoussa, on a pu lire: «HENRI CHEVRON A REMOU».
Pendant la guerre, il avait creusé une cachette, une espèce de citerne. Quand on en soulevait la trappe, la citerne était remplie d’eau; par un malin stratagème, ce n’était qu’un petit bac qui bouchait l’entrée et un système, coulissant sur des roulettes et se poussant facilement sur le côté, dégageait l’entrée. Dans cette cachette, il fabriquait des espèces
de briquettes en bois, bourrées de dynamite. Du haut du chemin de fer,
il les laissait tomber sur les convois et, ainsi, sabotait les trains de l’armée allemande..
Une de ses dernières trouvailles fut la construction d’un abri antiatomique; quelques vestiges subsistent encore dans la campagne de Playe».
Mme Cornet conclut ensuite son courrier ainsi : «Voilà M. Henry les quelques anecdotes dont je me souviens; j’espère que vous en recevrez beaucoup d’autres et que vous pourrez ainsi satisfaire la curiosité de chacun».
Merci beaucoup Mme Cornet, c’est vrai que tout le monde a envie d’en savoir davantage sur ce si passionnant personnage plein d’étonnantes ressources. Que tous ceux qui l’ont connu aident à sauvegarder sa mémoire. D’avance merci.

La Petite gazette du 11 mai 1999

Elle me l’avait promis et elle a tenu sa promesse. Mme Annie Thonon, de Hotchamps, m’a transmis, récemment, un très intéressant courrier relatif à cet étonnant personnage qu’était Henri Chevron, son grand-oncle.
Les documents transmis prouvent, indubitablement, que cet habitant de Playe n’avait rien d’un farfelu. Mme Thonon m’a notamment envoyé deux copies de Brevets d’invention, déposés par son grand-oncle en 1913 et en 1914. Le premier concerne, sans autre précision, un appareil de locomotion, le second, quant à lui, est relatif à une hélice à pas variable. Dans les deux cas, les documents officiels signés du directeur général du Ministère de l’Industrie et du Travail précisent que l’invention doit être mise en exploitation un an après l’exploitation à l’étranger».
Ses inventions connurent-elles le succès? Nous ne le savons. Par contre, nous pouvons affirmer que ces deux brevets ne sont que des exemples parmi d’autres et que longtemps encore Henri Chevron fit partie de la Fédération Belge des Inventeurs, ainsi qu’en atteste l’Invitation à assister à l’assemblée générale statutaire du 13 décembre 1932 de cette Fédération.
Il était donc inventeur, et non farfelu, ce qui ne l’empêcha nullement de faire preuve d’originalité dans de nombreux domaines et donc d’intriguer à une époque où l’originalité n’était guère de mise en nos campagnes. Sa maison annonçait le personnage. Ce n’était pas la maison de Monsieur tout le monde, mais Henri Chevron n’était justement pas Monsieur tout le monde.
Ses œuvres sculpturales, en béton [veillaient sur le pas de sa porte. Elles dénotent, outre une bonne maîtrise des techniques, une réelle connaissance de la symbolique et des grandes époques de la statuaire.
Henri Chevron est Ici photographié, devant sa maison, entouré de deux messieurs, habillés comme à la ville et portant chapeau. Mme Thonon me dit ne pas les connaître. Il est vraisemblable que ces deux messieurs soient des visiteurs occasionnels; peut-être même des personnalités… ce qui justifierait cette prise de vue au caractère solennel!
La semaine prochaine, je vous promets encore des informations étonnantes sur ce personnage.
Si vous avez conservé, dans la tradition orale de votre famille, des souvenirs de Henri Chevron; ce serait merveilleux de les partager avec nous afin de sauver ce pittoresque personnage de l’oubli. Les informations glanées par «Les Hèyeûs d’Sov’nls de l’Athénée Royal d’Aywallle et celles que vous ne manquerez pas d’encore m’envoyer nous permettront de mener ce projet a bonne fin. D’avance merci pour votre précieuse collaboration.

La Petite Gazette du 19 mai 1999

Lors de notre précédente édition, j’ai pu vous présenter une partie dès documents que Madame Thonon, de Hotchamps, m’a transmis afin de vous les soumettre. J’espère que ses photographies et souvenirs en réveilleront d’autres parmi les lectrices et les lecteurs de La Petite Gazette et, qu’à leur tour, ils auront à coeur de me les communiquer.
Déjà durant la première semaine du mois d’avril, nous avions, grâce à M. Norbert Lagasse de Liège, évoqué les échanges de lettres entre Henri Chevron et le Ministère de la Guerre Britannique. Souvenez-vous, il était alors question d’un mystérieux «rayon de la mort» !
Madame Thonon m’a également remis la copie de l’étonnante lettre que vous lirez ci-après:
Le Lieutenant-Colonel Robert L. Schulz, aide de camp du Général Eisenhower, répond à Henri Chevron au nom du Commandant en Chef des Forces Alliées en Europe. Le Général Eisennower fait savoir à notre inventeur de Playe qu’il ne dispose pas du pouvoir administratif de juger de I intérêt des inventions proposées, mais qu’il lui suggère de s’adresser au Ministère Belge de la Défense Nationale qui devrait pouvoir lui fournir toutes les informations qu’il sollicite.
Ce qui m’étonne le plus dans ce courrier, c’est la date à laquelle il aurait été rédigé : le 14 mars 1952. A cette date Henri Chevron avait70 ans ; qu’en pensez-vous ? N’y a-t-il pas une faute de frappe sur cette lettre ? Peut-être que Monsieur Lagasse ou quelqu’un d’autre pourra nous renseigner à ce sujet. Pour ceci aussi, je compte énormément sur vous.

La Petite Gazette 26 mai 1999

Comme je l’espérais dans La Petite Gazette du 11 mai dernier, les documents transmis par madame Thonon, de Hotchamps, m’ont déjà valu de nouveaux témoignages, de nouvelles révélations.
C’est avec énormément de plaisir que j’ai découvert le courrier de Monsieur Norbert Fanali, de Sedoz (Sougné-Remouchamps) qui évoque d’étonnants souvenirs:
«Je me souviens qu’étant enfant mon père. Jules Fanali, qui serait âgé actuellement de 107 ans, m’a raconté l’anecdote suivante qui se passe avant la guerre de 1914, cela correspond donc, a judicieusement remarqué M. Fanali, aux dates des brevets qui vous ont été fournis par Mme Thonon.
A cette époque, mon père et sa famille habitaient au hameau de Presseuru à Remouchamps. Il pouvait être âgé de 16 à 18 ans, quand lui comme d’autres personnes des environs furent Invités par Henri Chevron à se rendre au lieu dit « Pierset». Un appareil conçu bar Chevron fut amené par chariot et placé sur le terrain en pente, l’appareil était monté par Chevron…. Celui-ci espérait atteindre Playe par les airs ! ‘
Les jeunes gens, à l’aide d’une corde et en courant, tirèrent l’appareil en descendant la pente du pré. L’appareil quitta le sol, mais après quelques mètres, s’écrasa.
Je ne puis vous dire si cet appareil était équipé d’une hélice ou si c’était un planeur, mais je crois que l’essai ne fut pas renouvelé».
Un tout grand merci pour cette extraordinaire anecdote. Ainsi donc, et monsieur Fanali en perpétue le souvenir, le Val de t’Amblève a connu un pionnier de l’air! C’est fantastique, qui a entendu parler de cette étonnante aventure? Qui, parmi les descendants de ces privilégiés qui ont assisté à cet envol, pourra témoigner et compléter encore le récit de monsieur Norbert Fanait? Je suis intimement persuadé que nous avons encore, beaucoup à apprendre sur cet homme hors du commun qu’était Henri Chevron.
Souvenez-vous, dans la même Petite Gazette du 11 mai, grâce à Mme Thonon, je vous présentais une photographie sur laquelle Henri Chevron apparaissait entouré de deux messieurs endimanchés et coiffés d’un chapeau. Je vous disais alors que je ne pouvais les identifier.
Monsieur Etienne Libert, domicilié à Etterbeek mais né d’une famille originaire de Sougné-Remouchamps, a reconnu formellement l’un des deux messieurs posant avec Henri Chevron; il s’agit d’un autre personnage dont le nom évoque immédiatement la vallée de l’Amblève : Paul Lepage. Ce peintre, né à Anvers en 1869, fréquente Sougné-Remouchamps depuis la fin du siècle et s’y Installe en 1923. C’est à lui que le Docteur Louis Thiry confie les illustrations de ses ouvrages.
M. Libert connaît bien la vie et l’oeuvre de cet artiste qui, aux côtés des Terwagne, Rahir, Thiry et Gavage, lutta pour la sauvegarde des sites du val de l’Amblève. En effet, depuis de très longues années, il prépare un ouvrage sur le peintre Paul Lepage. Il me dit que sa parution est proche I Quoi qu’il en soit et ceci étant dit, monsieur Libert connaît suffisamment le personnage que pour pouvoir se montrer formel. La photographie en question présente donc, de gauche à droite, M. Paul Lepage, M. Henri Chevron et ? Tout étant possible grâce a vous, peut-être pourrons-nous bientôt effacer ce point d’interrogation et identifier les trois personnages immortalisés par ce cliché, des années trente vraisemblablement.

La Petite Gazette du 7 juillet 1999

Quand Les Hèyeûs d’Sov’nis de l’Athénée Royal d’Aywaille me proposèrent de lancer un appel pour en savoir davantage sur cet étonnant personnage, dont ils avaient entendu parler durant leurs enquêtes de folklore, j’étais assez sceptique, mais je ne connaissais pas bien encore les lectrices et les lecteurs de La Petite Gazette. Les courriers relatifs à Henri Chevron continuent à me parvenir et de nouvelles anecdotes nous sont révélées.
Mme Julie Carpentier, de Playe, m’écrit à son tour: «J’ai très bien connu Henri Chevron, car je suis née à Playe, j’y habite toujours. Enfant, j’allais souvent chez lui, voir ses inventions entre autres une boîte aux lettres verticale. Quand on l’ouvrait, un œil apparaissait et une sonnerie de réveil retentissait! Il avait également construit un observatoire sur son toit Maman, quelques voisins et moi avions été invités à l’inauguration, vers les années 1950».
Mme Julie Carpentier a joint deux photographies à sa lettre. La première nous montre «Henri et mon papa, Emile Carpentier. Il allait remplir son tonneau d’eau à la pompe qui se trouvait en face. Que la vie était belle, on ne connaissait pas de pollution!»
Et Mme Carpentier de conclure son gentil courrier par «Je pourrais encore vous en raconter, c’était un homme très gentil, inventeur et très original. Je vous remercie pour votre rubrique qui nous fait revivre pleins de bons moments». Mais, Madame, c’est moi, qui au nom des lecteurs de Là Petite Gazette, vous remercie pour votre collaboration et vous engage, si vous te désirez, à encore nous en raconter bien d’autres!

La Petite gazette du 20 juillet 1999

Tout le monde en est convaincu Henri Chevron était bien un personnage hors du commun. Il a laissé d’excellents et de plaisants souvenirs dans la mémoire de ceux qui l’ont côtoyé. Ainsi, Mme Léa Carpentier-Flohimont, de Remouchamps, se souvient à son tour:
«Henri Chevron était un type vraiment très sociable avec ses voisins et ses amis, mais quand il voulait détourner un sujet de conversation, il savait se montrer parfois blagueur, souvent pince-sans-rire, Il était doté d’un extraordinaire esprit inventif et faisait la preuve d’une rare intelligence quand il s’agissait d’élaborer des plans qu’il transmettait à je ne sais plus quel ministère. Ses brevets étaient toujours acceptés, mais je crois qu’il a dû souvent regretter de constater que ses idées, ses projets et son travail étaient surtout mis à profit par d’autres chercheurs, plus instruits que lui.
Il nous annonçait toujours : «J’ai le cinéma parfois chez moi, vous verrez, vous l’aurez chez vous!» Ce fut donc le cinéma pour lui, mais pour nous, les premières télévisions.
Il avait installé de très longues lunettes d’approche sur un de ses bâtiments. Il observait et étudiait les astres et la lune. Sur le toit de sa ferme, il avait construit une tour d’observation. Au travers de ses grandes jumelles, il passait de longues heures, seul, à observer le ciel la nuit et, la journée, tout ce qui se passait dans les environs et aussi dans le vaste horizon.
Parfois, Henri Chevron apportait ses lunettes d’approche et, le soir, les montait sur leur pied, soit au milieu de notre cour, soit même à l’intérieur de la maison. Nous prenions beaucoup de plaisir à nous en servir et plus encore à écouter la «leçon» qu’Henri nous donnait alors».  » Dans les semaines à venir, nous suivrons notre petit bonhomme de chemin parmi les souvenirs et les anecdotes de Mme Carpentier.
A suivre donc

La Petite Gazette du 1er septembre 1999

Toujours du nouveau à propos de cet étonnant personnage de Playe, sur les hauteurs de Sougné-Remouchamps.
Mme Léa Carpentler-Flohimont, de Remouchamps, partage avec nous ses souvenirs.
« La guerre 14-18 n’était pas effacée de ses souvenirs. Henri Chevron décida de construire un bâtiment antigaz et anti-atomique (?) sur son terrain de Playe-Hodister. Il réalisa une très grande place souterraine (actuellement remblayée) pour tous les habitants, tout contre le bâtiment externe pour sauver les animaux de la ferme.
Il construisit ce bâtiment avec l’aide d’un de nos ouvriers, M. Joseph Berleur, de Kin. Il est important de préciser que les blocs dé béton utilisés par Henri Chevron avaient été fabriqués par M. Oscar Hausman, pas comme les blocs « ordinaires » qu’il fabriquait habituellement, mais bien selon les indications de produits et de quantités que réclamait l’inventeur pour cette production spéciale.
Pendant la guerre, affirme Mme Carpentier, le sieur Chevron aida aussi certains groupes de la résistance et cachait parfois des réfractaires ou partisans de l’armée blanche. Une cachette était aménagée dans sa maison, dans la première ou la deuxième place à gauche, dans une armoire encastrée. Derrière celle-ci, un semblant de mur faisant office d’entrée dans une cache assez grande et aménagée. Une petite échelle permettait d’y avoir accès. Pour M. Chevron, ce faux mur, invisible, était encore un petit « truc ». Par un mécanisme de son invention, il retirait l’armoire avec confitures et victuailles, la fausse porte s’ouvrant derrière. Cette petite cachette était particulièrement bien camouflée. »
Petit à petit le portrait de cet étonnant personnage se précise, cependant si des anecdotes vous reviennent en mémoire, n’hésitez pas à nous les confier.
La Petite Gazette du 8 septembre 1999
Artiste, inventeur excentrique… qui était vraiment Henri Chevron?
Mme Léa Carpentier-Flohimont, de Remouchamps, a rassemblé, pour les lecteurs de La Petite Gazette, ses souvenirs à propos de cet étonnant personnage qu’était Henri Chevron.
«Lorsqu’il fut question d’ériger le «Monument des Autrichiens», à Playe, M- le Bourgmestre, M. le Secrétaire communal, M. le Président de la CAP et le garde champêtre étaient réunis au bureau quand arriva Henri Chevron. Ils se consultèrent, mais Henri Chevron eut très vite tranché la question: «Qu’on mètt’ li coq wallon so ine grosse pîre! Comme il est todi à pisze qui vasse al copète des Edzâhes»! (point culminant de la Redoute où eut lieu la célèbre bataille).
La cérémonie de l’inauguration officielle du monument fut filmée par M. Marcel Thonon, jeune cinéaste. Souvent, ce dernier venait chez nous à l’auberge. Presque chaque week-end, il passait les soirées auprès de son ami Henri Chevron. Il aimait converser avec lui, intéressé qu’il était par les incessants projets de l’inventeur et surpris par l’étendue de ses connaissances techniques».

La Petite Gazette du 15 septembre 1999

Mme Annie Thonon, de Hotchamps, grâce à sa maman, nous permet aujourd’hui de lever un nouveau pan du voile masquant encore la personnalité de Henri Chevron, de Playe (Remouchamps).
Figurez-vous, qu’Henri ne se contentait pas d’être un ardent défenseur du coq wallon, il l’écrivait. Sur l’air du Chant des Wallons, il composa «Li chant dès coqs Wallons di 1930» (dont je vous propose, ce jour, les deux premières strophes).
«Nos estans firs di noss pitite Patreie,
Et tos costés on fiesteie les cint ans,
Principâlemint vochal el walloneie
Nos estans firs comrme des p’tits coqs tchantans,
C’ést dl bon cour qu’on a s’tu el trancheie
Paski c’esteut po l’disfince di nos dreuts
Et si faléf, les d’jônes d’ouïe f’ri pareie
Cet bin pokwè qu’on fiesteie lès cint ans
Comm’ nos vix pères,-nos inmans todis l’jôe,
El l’jôe n’ècziste jamôe sin l’liberté.
Si on d’jou v’néve qui noss pâe fousse t’èvôe
Po l’ritrové, on n’si freut nin holé,
Comm’lès vis coqs qu’on potchi fou d’el treie
Et qu’elz’y ont fé sinti leus spororis
Tôt comme’leus pères, les d’jônes d’ouïe f’ri pareie,
Cet bin pokwè qu’on fiesteie les cint ans,
Tôt comm’ ieus pères, les d’jônes d’ouïe f’ri pareie,
Vola pokwè, vola pokwè, qu’on fiesteie les cint ans.»
Mme Thonon m’écrit en outre que «suite aux articles publiés, j’ai eu le plaisir d’avoir des contacts avec plusieurs personnes ayant connu mon grand-oncle (Henri Chevron) à qui j’ai conseillé de vous adresser les renseignements en leur possession. J’ai pu constater qu’elles l’avaient fait». Effectivement Mme Thonon et je vous remercie, au nom de toutes les lectrices et de tous les lecteurs de La Petite Gazette, d’avoir agi de la sorte car, ainsi, tout le monde a pu profiter de ces témoignages. La Petite Gazette se veut bien sûr au service de tous, mais il est impérieux que le résultat des recherches menées dans ses colonnes soit partagé entre tous.

La Petite gazette du 22 septembre 1999

Comme promis, voici la suite de «Li chant dès coqs Wallons di 1930», paroles de Henri Chevron sur l’air du chant des Wallons.
On d’jaze qui l’gaz ravirèt noss’ bonheur,
Min c’èst paski nos s’porons sont r’crindou
Po ci d’jou là nos masques et nôs planeurs
Comme dés ouhais n’montrant d’zeu les zoulous,
Tôt’ al kopète tràkant les d’jèteus d’gâz
A kôs d’mitaille riskant d’Iès tos s’prâchi
Fis d’leus vis pères, les d’jônes dinront leus veie
Cet bin pokwè qu’on fiesteie les cint ans,
Fis dleus vis pères, les d’jônes dinront leus veie
Vola pokwë, qu’on fiesteie les cint ans.

Pitite Patreie, si bin garneie di fleurs,
Maïe nous pays mi k’vo n’el za gâgni
Ouïe vos èfans sont firs di voss honneur
Vola pokwè qu’if z’on si bin flori,
Vos lès wâdrez po les moères d’elle’patreie
Lès brav’ s’èfans, on n’Ies deut nin rouvi,
Comme leus braves pères les d’jônes d’ouïe fri pareie,
Cet, bin pokwè qu’on fiesteie les cint ans,
Comme leus braves pères les d’jônes d’ouïe fri pareie,
Cet bin pokwè, c’ét bin pokwè qu if vierez co cint ans».

Grâce à Mme Annie Thonon, de Hotchamps, et grâce à sa maman, nous avons pu dévoiler un nouvel aspect de cette personnalité très attachante qu’était Henri Chevron, sculpteur, inventeur et poète.