Les Pratiques de la médecine populaire, une conférence ce vendredi 23 mars à Malmedy

Conférence sur « Les pratiques de la médecine populaire » le vendredi 23 mars à Malmedy.

Dans le cadre de son 120ème anniversaire, le Royal Club wallon organise trois conférences sur des sujets variés. La première aura lieu au Malmundarium (salle du Chapitre), place du Châtelet, 10 à 4960 Malmedy, le vendredi 23 mars 2018 à 20 heures. Elle sera donnée par René Henry, historien régional, chroniqueur au Journal Vlan-Les Annonces.

R_HENRY-3 « Je ne suis ni médecin, ni pharmacien » ». Pourtant, c’est bien dans un monde parallèle à ces deux derniers que René Henry vous plongera, en abordant le thème des  pratiques de la médecine populaire. Ses propos sont le résultat de plusieurs décennies de recherches, de rencontres ou d’échanges mis en perspective avec une question sous-jacente : comment après plusieurs siècles, de telles pratiques sont-elles toujours en vogue ? La médecine populaire est aujourd’hui encore  très vivace et toutes les familles perpétuent ces traditions.

L’exposé se veut à mi-chemin entre l’histoire et l’ethnologie. René Henry vous emmènera à la découverte de ces bergers de chez nous, observateurs attentifs de la nature, de ses vertus. Il vous fera rencontrer ces maréchaux-ferrants, gardiens, dans une moindre mesure, d’un savoir capable de guérir le bétail. En effet, au départ, toutes ces pratiques de médecine sont destinées au bétail, richesse d’une famille. Puis un glissement s’est opéré. Sans doute suivant une idée que si c’est bon pour les bêtes, cela doit être bon pour les gens, du « r’pougneu » au barreur de feu, d’une foulure d’un cheval aux coliques d’un veau, on va s’orienter vers les ennuis musculaires des adultes ou les problèmes intestinaux des enfants.

Seront évoqués les « paquets » composés de plusieurs substances, certaines neuvaines à faire à tel ou tel saint, en y intégrant la récupération de la religion catholique de ces remèdes de « bonnes femmes ». Un terme qui, lui aussi sera nuancé… une importante contribution à notre mémoire collective.

Le Conseil d’administration du Royal Club Wallon

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LA PLUS PUISSANTE DES MEDAILLES CONNUES : LA MEDAILLE DE SAINT BENOIT

La Petite Gazette du 24 janvier 2001

QUI SERA EN MESURE DE NOUS DIRE DE QUOI IL S’AGIT ?

Anne, de Comblain-au-Pont, a trouvé cette pièce quand elle était petite et, depuis, elle se pose des questions, quasiment sans réponse, à son sujet. Voici ce qu’il est 

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   Ma correspondante nous apporte quelques précisions au sujet de sa découverte :

Elle serait en cuivre rouge (sans absolue certitude) et pèse 38 grammes.

Le côté face représente un saint tenant d’une main une croix et de l’autre un livre. A sa gauche, une colombe ; à sa droite, une coupe et un serpent.

 

 

 

 

Voici la transcription des inscriptions qu’il est possible d’y lire côté face :

SENTIA MVNIAMVR

EIVS IN OBITV NRO PRAE

CRUX S. PATRIS

BENEDICTI

  1. EX. S.M. CASINO

MDCCCLXXX

Et sur le côté pile :

PAX

V..R..S..N..S..M..V

S..M..Q..L..I..V..B

 

Sur la croix :

C S S M L

N D S M D

Aux côtés de la croix :

C S B P

 Et ma correspondante d’en appeler à vous pour connaître l’histoire de cette pièce (N.D.L.R. Il me semble qu’il conviendrait, plutôt, de la désigner sous le nom de médaille). Tout ce que vous pourrez nous apprendre à ce sujet sera, bien sûr et comme d’habitude, le bienvenu !

La Petite Gazette du 14 février 2001

QUI IDENTIFIERA CETTE MEDAILLE ?

    Telle était la question que, à l’initiative d’Anne, de Comblain, je vous posais il y a trois semaines déjà. Les réponses ont été extraordinairement nombreuses et admirablement documentées ; pour éviter les redites, je vais tenter de faire la synthèse de tous ces courriers reçus.

Toutes les lectrices et tous les lecteurs qui se sont manifestés sont d’accord sur l’identification de cette médaille et sur la signification des lettres initiales que l’on trouve à son revers. Il s’agit d’une médaille de saint Benoit, reproduisant le saint portant la règle des moines.

C.S.P.B.      Crux Sancti Patris Benedicti (Croix du Saint Père Benoît)

C.S.S.M.L.  Crux Sacra Sit Mihi Lux  (Que la Croix sainte soit ma lumière)

N.D.S.M.S.  Non Dacro Sit Mihi Dux  (Que le démon ne soit pas mon chef)

V.R.S.          Vade retro satana  (arrière Satan)

N.S.M.V.      Non Suada Mihi Vana (Ne me persuade pas de choses mauvaises)

M.Q.L.         Sunt Mala Quae Libas  (Ce que tu représentes est mauvais)

V.B.              Ipse venera Bibas   (Bois toi-même tes poisons)     Vos différents courriers apportent bien entendu des renseignements complémentaires les distinguant les uns des autres ; c’est là bien sûr que réside l’intérêt de les comparer.

Monsieur l’Abbé J.-M. Bienvenu, de St-Séverin, nous signale que : « cette médaille est une médaille de la bonne mort. Saint Benoît est connu dans les dévotions populaires comme « patron de la bonne mort » parce que, ayant prié avec elle peu avant la mort de sa sœur Scholastique, il aurait vu monter au ciel l’âme de celle-ci. »

Monsieur le Baron Thierry de Villenfagne de Sorinnes m’a transmis une très intéressante documentation dans laquelle je lis notamment que « Parmi les nombreux moyens que l’Eglise emploie pour venir en aide aux moribonds, il y a le Crucifix de la Bonne Mort et la Médaille de Saint Benoît. Les Souverains Pontifes ont attaché à ces deux objets une indulgence plénière à l’article de la mort . (…) La Médaille de Saint Benoît est très ancienne. Sa popularité date surtout du XIe siècle à la suite de la guérison miraculeuse d’un jeune homme, nommé Bruno, qui se fit moine bénédictin et devint plus tard la saint pape Léon IX. »

Monsieur Dewez, d’Esneux, m’a également envoyé une intéresse documentation à ce sujet. « La Croix de saint benoît , depuis fort longtemps, est imprimée sur une médaille. Sa forme est presque celle de la Croix de l’Ordre sacré de Jérusalem ; en effet, les quatre bandes qui la composent sont terminées par une ligne courbe, qui va les élargissant jusqu’à l’extrémité. Elle est renfermée dans une ellipse, et laisse dans ses quatre espaces vides quatre triangles sphériques, dont deux côtés sont formés par deus lignes courbes de la croix, sur la bande de l’ellipse qui enferme le tout, sont gravées quelques lettres, mais les lettres mystérieuses (celles qui ont une vertu particulière contre le démon) se trouve seulement sur la Croix et sur l’ellipse). Ces dernières forment quelques oraisons jaculatoires, toute de religion et d’amour de Dieu, qui indiquent clairement que cette croix sert à chasser les tentations ou les maléfices du démon. »

Madame Renée Gilson, de Lierneux, nous dit que « cette médaille est efficace contre le mauvais esprit, qu’on peut la porter sur soi ou la placer au-dessus des portes pour être protégé du diable et de ses maléfices. Ses médailles sont vendues à St-Antoine (Harre – Manhay) où on peut les faire bénir sur demande. »

Madame Marie-Thérèse Voets, de Nadrin, rappelle que saint benoît est invoqué par les personnes qui rencontrent malchance sur malchance et qui croient que Satan ou d’autres personnes leur veulent du mal. »

La semaine prochaine, nous parcourons les autres courriers reçus et nous nous attacherons surtout à l’origine de cette médaille, l’abbaye de Mont Cassin en Italie.

La Petite Gazette du 21 février 2001

AU SUJET DE LA MEDAILLE DE SAINT-BENOIT

Je vous le disais la semaine passée, vous avez été très nombreux à vous manifester suite à la parution des dessins représentant l’avers et le revers de cette médaille ; je vais donc poursuivre la publication de la synthèse de toutes les indications que vous m’avez fait parvenir.

Madame Thirifays, d’Ochain qui me dit posséder une quarante de médailles identiques mais de facture plus récente rappelle en quelques mots qui était saint Benoît : «Il est né en Nurcie en 480 et il est le fondateur de l’ordre des bénédictins. Il se retira à Subiaco et fonda le monastère du Mont Cassin qui deviendra le berceau de tous les bénédictins. »

Madame Theate, de My, apporte également des précisions à ce sujet : « Saint benoît est né à Norcia (Ombrie) vers 480 et est mort au Mont Cassin le 21 mars 547. On le fête le 11 juillet. Paul VI l’a proclamé officiellement « patron de l’Europe » en 1964. La médaille, poursuit mon estimée correspondante, ne remonte pas jusqu’à lui. La première mention historique nous en est faite au XIe siècle seulement, à propos de la guérison miraculeuse de saint Brunon, plus tard moine et pape ; quant à première description précise, elle date de 1647 où une affaire de sorcellerie se heurta vivement à cette médaille. »

Monsieur Nicolas Meessen, d’Esneux, s’est penché sur l’histoire de cette médaille : « elle a été créée pour le Jubilé de saint Benoît en MDCCCLXXX (1880), 1400e anniversaire de la naissance, vers 480, de saint Benoît. La plus ancienne forme de cette médaille était ovale et un peu différente de celle qui nous a été présentée. Celle-ci vient du Mont Cassin, abbaye bénédictine. Mon correspondant précise en outre que c’est grâce à un manuscrit de 1415 découvert au couvent de Metten, en Bavière, qui a permis de comprendre la signification des lettres présentes sur cette médaille. » Pour illustrer son propos, M. Meessen vous propose de découvrir les clichés suivants :

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« La première est assez simple et ne porte sur la face que l’inscription  S. BENEDICTI et, au revers, ITALY et, en dessous, SMQLIVB. La deuxième ne porte pas l’inscription circulaire sur la face ni sur le verso ou du moins, on n’en voit que les extrémités, une lettre et demie à chaque quart. Au revers, on peut lire JHS au sommet, déformation courante de IHS et PAX au pied de la croix, ce qui montre bien que l’origine grecque des deux monogrammes de Jésus et Christ n’est plus respectée. Remarquez l’inversion colombe et coupe de poison brisée. La troisième ressemble davantage à celle d’Anne, de Comblain-au-Pont, mais avec le monogramme IHS au sommet de la croix. »

 

Monsieur Maurice Fanon, de Bomal, a lui aussi fait une recherche très minutieuse et très complète dont j’extrais ce qui est relatif à l’abbaye de Montécassino. « C’est et ce fut un conservatoire de piété, m’écrit-il, mais aussi d’art et de culture, un haut lieu mondial de civilisation. Aux XIe et XIIe siècles, l’abbayes fut un des plus brillants foyers spirituels de l’occident, un musée inégalé de l’art du moyen âge, mais il connut d’innombrables vicissitudes (destructions, reconstructions…) L’abbaye paya un tribut énorme en fin de guerre avec son anéantissement total.  En quelques mots, Maurice Fanon nous raconte ce qui s’y est passé : La guerre n’en finit plus, l’affaire commence… le mont est un verrou sur la route de Rome, pression des alliés et « neutralité » du couvent – trésors universels à épargner, évacuation partielle, système allemand de défense. Le 15 février 1944 (il y a tout juste 65 ans), 142 forteresses volantes apparaissent provoquant les ruines. Le 17 mai, c’est le retrait allemand ; le 18, le drapeau polonais est hissé sur les décombres et, le lendemain, une messe est dite dans les ruines ! Le général Clark déclarera à ce propos : «Je dis que le bombardement de l’abbaye fut une faute… non seulement une faute dans le domaine de la propagande, mais aussi une erreur tactique qui retarda la victoire et augmenta nos pertes. » En 1960, le Mont Cassin était reconstruit et reprenait son œuvre civilisatrice. La paix se rétablissait et ces lieux virent le rassemblement des anciens combattants des 16 nations, des deux camps, qui furent mêlées à la bataille. Montécassino devenait synonyme de réconciliation. Ainsi, notre époque tendait la main par-dessus les haines et les siècles à celle où saint Benoît fonda la célèbre abbaye. »

Madame Maria Hertaux, de Marcouray, précise que cette « médaille clouée derrière la porte d’entrée préserve de tous les dangers. Saint benoît est également vénéré dans l’abbaye de Maredsous. »

   Monsieur Georges Riollay, de Neupré, a consulté un ouvrage de spécialiste dû à la plume de Roger de Lafforest dont je retiens les éléments suivants : « De toutes les médailles connues, la plus puissante est celle de Saint-Benoît (…) Pour être active, cette médaille doit être bénite par un bénédiction ou un prêtre ayant reçu délégation et pouvoir d’un père abbé de l’ordre de Saint-Benoît. Les initiés prétendent que plus elle est grande plus elle est efficace. A mon avis, son diamètre n’a pas tellement d’importance, car j’ai constaté, dans des dizaines de cas, qu’elle avait été capable sous son plus petit format de remplir son rôle de protecteur. Evidemment l’idéal est de choisir le métal de la médaille en tenant compte des analogies astrologiques : le solarien devra préférer l’or, le lunarien l’argent, le vénusien le cuivre, le martien le fer, le saturnien le plomb, etc… mais ce n’est qu’un raffinement. »

L’abondance des courriers reçus à ce propos me conduira à revenir, la semaine prochaine encore, sur ce passionnant sujet au sein duquel se mêlent intimement histoire, sacré et folklore.

 La Petite gazette du 28 février 2001

AU SUJET DE LA MEDAILLE DE SAINT BENOIT

Même si je suis habitué à recevoir de nombreux courriers chaque semaine, il n’est pas habituel d’en recevoir autant sur le même sujet. Loin d’être un reproche, c’est un bien agréable constat que je fais car vos envois contenaient de formidables documents et de précieux renseignements au sujet de cette médaille.

Monsieur Fernand Hotia, de Tinlot, m’a adressé le dessin qu’il fait de cette pièce découverte par son fils, Philippe, dans un bois. Cette pièce est bien conservée, elle est faite dans un alliage de bronze et de cuivre ; elle présente de nombreuses similitudes, notamment dans les inscriptions qu’elle porte, avec celle présentée par Anne, de Comblain.

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   Madame Theate, de My, apporte des informations intéressantes sur les symboles présents sur la médaille que nous étudions avec soin : « Aux côtés de saint Benoît, on peut voir un corbeau (et non pas une colombe comme on pourrait le supposer) et une coupe et un serpent. Ces deux représentations accompagnent généralement l’effigie de saint Benoît car elles illustrent deux passages connus de sa vie. Saint Benoît vécut trois ans, en ermite, dans une grotte près de Subiaco (Latium), mais un corbeau venait chaque jour le déranger en faisant un tel bruit qu’il était devenu impossible au saint de prier. La coupe illustre un autre épisode de la vie du saint ; celui-ci quitta sa grotte pendant un court intermède afin de diriger le monastère de Vicovro, dont les moines l’avaient supplié d’être leur abbé. Ils le trouvèrent bientôt trop sévère et versèrent du poison (probablement du venin de serpent) dans son vin. Avant de boire, saint Benoît fit le signe de croix au dessus du verre qui se brisa aussitôt et le saint fondateur put ainsi regagner sa retraite en bonne santé. »

Mme Joris, de Samrée, signale que « saint Benoît est invoqué contre les maléfices du démon, contre les incendies et pour que les voleurs soient écartés. » Elle explique ensuite les symboles présents sur cette médaille : « Saint Benoît instruit ses disciples, tenant un livre dans sa main. L’oiseau répond au nom de merula (merle), oiseau de Satan. Ainsi saint Benoît fit le signe de croix, car il était possédé du démon. La coupe : son gouverneur était très austère et pour se débarrasser du maître, ils empoisonnèrent son vin. Avant de le boire saint benoît bénit la coupe qui se brisa. Le serpent : saint benoît se roula sur un buisson hérissé d’épines ; le buisson se changea en rosier et les roses portent des petits serpents comme des gouttes de sang. Tout ceci se rapporte au maléfice du démon.

Monsieur le Rd Huart, de Govet signale que cette médaille était, autrefois, un signe distinctif donné aux oblats et religieux.

Un correspondant anonyme précise qu’il existe dans le Limbourg, à Herstappe, un pèlerinage organisé annuellement en l’honneur de saint Benoît, que l’on invoque pour guérir du zona.

Monsieur Jules Trussart, de Champion, a, lui aussi ouvert sa documentation pour compléter notre information au sujet de cette médaille. Il a extrait cette prière d’un ouvrage de l’abbé Julio, Prières merveilleuses pour la guérison de toutes les maladies physiques et morales, (reproduction de l’édition de 1896) La diffusion scientifique, Paris, s.d.

« O Croix du saint Père Benoît, O Croix sainte, sois ma lumière, Que le dragon ne soit mon chef : Retire-toi bien loin, Satan ! Jamais ne me conseille aucune vanité : le breuvage que tu nous verses, c’est le Mal ; Bois toi-même tous tes poisons. Vive jésus ! »  Mon correspondant a joint à son envoi ce petit document attestant de l’inscription, en 1943, d’une demoiselle en qualité de membre de l’Association Saint-Benoît, de l’Abbaye de la Cambre à bruxelles.

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   Monsieur Georges Japsenne, de Chênée, nous apporte également des informations originales sur cette médaille : « Cette médaille n’est pas un talisman ou un grigri tout comme la médaille miraculeuse proposée par la très Sainte vierge Marie, en 1830, à la rue du bac à Paris, à Catherine Labouré. Ces médailles doivent être bénites par un prêtre et portée avec foi ou mises dans la maison pour la protéger. C’est courant de la porter au cou avec une petite chaîne. Il y a encore plusieurs abbayes bénédictines en Belgique : Maredsous et, plus près de chez nous, entre Stavelot et Malmédy, à Wavreumont. Signalons également Clervaux, au Grand Duché de Luxembourg. »

Monsieur Clément Seffer, de Waimes, apporte quelques précisions quant à l’origine de cette médaille : « L’origine de cette médaille est assez mystérieuse : on a découvert un manuscrit du XIVe siècle orné d’une gravure montrant une femme qui représente la figure du monde pécheur, elle offre à un moine une coupe empoisonnée, celui-ci symbolise la religion, il brandit une croix pour se défendre contre la tentation, et, en guise d’explication, nous retrouvons les textes repris sur la médaille. La première médaille telle que représentée aurait été frappée en 1647. »

Je tiens également à remercier toutes celles et tous ceux qui ont répondu à l’appel lancé par Anne, de Comblain, et notamment M. Léon Thomas, de Bouillon, M. Gilles Van Den Branden, de Xhignesse, M. Franz G. Carlier, d’Andoumont, M. ou Mme N. Dupont, de Sprimont .

LES SAINTS PROTECTEURS DU BETAIL

La Petite Gazette du 22 mars 2000

CES SAINTS PROTECTEURS DU BETAIL

Il y a quelques semaines, Monsieur Georges Hext, de Chênée, faisait appel à vous pour parfaire ses connaissances à propos des saints guérisseurs de bétail. Comme d’habitude, vous avez été prompts à lui répondre et il me serait impossible de publier tout ce que j’ai reçu pour lui. Aussi vais-je me borner à vous en donner un aperçu seulement.

Madame Marcelle Cornet, de Hotchamps,  nous a encore fait le plaisir de plonger dans sa belle collection pour en extraire ceci :

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     « En l’église de Deigné, il y a une belle statue de Ste-Brigitte. Il n’y a pas bien longtemps encore, le 1er février de chaque année, une messe était célébrée en son honneur. Les paroissiens et ceux des villages avoisinants y assistaient nombreux. Après la messe, une grande bassine remplie d’eau était bénite et chacun pouvait en emporter chez soi un flacon ou une petite cruche. Vous pouvez lire la prière que l’on distribuait ce jour-là. La légende veut que sainte Brigitte possédait une vache. Un jour, de nombreuses personnes se trouvaient chez elle et la sainte se présenta, à plusieurs reprises, sous la vache et, chaque fois, put tirer du lait et ainsi rassasier ses nombreux convives. »

Monsieur Balthasar Guissart, de Fraiture Tinlot, a également tenu à nous confier ce qu’il savait de cette sainte Brigitte :

« Avant la guerre de 40, il existait à Fraiture-Tinlot un pèlerinage à sainte Brigitte, le 1er lundi de mai. En son honneur,  monsieur le curé célébrait une messe à 10h. et une foule nombreuse y assistait. Je viens de retrouver, dans un vieux missel, la prière qui était récitée en son honneur. « Glorieuse sainte Brigitte, vous avez reçu le don de dieu de préserver le bétail de tout accident et maladie contagieuse ; daignez, nous vous en prions, intercéder pour nous afin que notre bétail reste sain et sauf et, qu’un jour, nous puissions, avec vous dans le ciel, glorifier dieu et le louer dignement toute l’éternité. Ainsi soit-il ! »

Tous les assistants déposaient leur offrande à la collecte, qui était importante, et achetaient des médailles de la sainte à la sortie de l’église, pour les mettre dans les étables.

Sainte Brigitte est une mystique suédoise qui vécut de 1302 à 1373. Mère de sainte Catherine de Suède, sa statue se trouve, à droite, dans l’église de Fraiture. En dessous, il y avait un tronc toujours bien approvisionné ; maintenant il n’existe plus, de toute façon, il serait dépouillé ! Depuis longtemps, le pèlerinage n’existe plus.

Je me souviens d’une anecdote : un jour, monsieur le curé, sortant de l’église après la messe, vit arriver une pauvre vieille ayant l’air minable et triste. Elle accoste le prêtre et lui demande : « Mossieu l’curé, wisse esse t’elle, li sinte qu’on preie po lès bièsses, mi pôve gate èst si malade ?» « La troisième statue à droite, Madame. » « merci, mossieu l’curé, dju dirè one bone pryère po vos ». Il partit, après remercié, mais tout en riant de se sentir désormais bien classé. »

Mon correspondant poursuit son courrier en signalant que « on priait aussi saint Hubert, le 3 novembre, et ce jour-là, le prêtre bénissait les pains qu’on distribuait aux animaux. On priait aussi saint Antoine l’Ermite, accompagné de son petit cochon, le 17 janvier.

Aujourd’hui, plus de pèlerinage aux saints guérisseurs, ni pour les gens, ni pour les animaux. Plus de prêtres pour célébrer les offices. La science a remplacé la prière ; maintenant, les médecins et les vétérinaires sont assez nombreux pour guérir toutes les maladies, mais à coups de billets. »

Le folklore lié à ces saints guérisseurs du bétail et aux lieux où ils sont invoqués a également ses « musts ». Jugez plutôt ce que me transmet cette correspondante de Dolembreux.

« Le curé (ou le doyen) de la paroisse de Nassogne, en faisant visiter son église à notre groupe de pensionnés, nous a montré la statue de saint Monon.  A son sujet, il nous a conté l’anecdote suivante. Un brave paysan vient à l’église faire ses décotions et demande au curé : « Wisse esse ti, Moncheu l’curé, li sint qu’on preie po lès bièsses ? » Alors lui désignant saint Monon, il lui dit : « C’èst ci là vèye Madame »  « Vos esté bin binamé, Moncheu l’Curé, dji li va dire ine priyire por vos ! » et ma correspondante de préciser que cette anecdote est authentique et, en effet, je ne doute pas un seul instant que cette plaisante histoire est racontée en de nombreux lieux.

Un grand merci à mes correspondants pour les précieux renseignements qu’ils nous communiquent, mais aussi pour les documents et les anecdotes qui les accompagnent. Nous y reviendrons encore la semaine prochaine.

La Petite Gazette du 29 mars 2000

LES SAINTS GUERISSEURS DU BETAIL

     L’appel de Monsieur Georges Hext, nous l’avons déjà constaté, a généré de bien intéressants courriers. Cette semaine nous partirons à la rencontre de la contribution de Madame Virginie Dussart, du Syndicat d’Initiative et de Tourisme d’Erezée, qui a eu la bonne idée d’extraire quelques passages de « L’Almanach des vieux Ardennais, Traditions et Saints de l’automne », édité par le musée en Piconrue, à Bastogne et d’autres documents relatifs au culte de Saint-Monon. Il y est, bien évidemment question des célèbres « remuages »

« Pendant la procession, les agriculteurs, qui y assistent, arrachent des branches aux arbres qui longent le chemin suivi par les reliques. Lorsque la châsse passe, ils y frottent les feuillages. Ils les ramènent chez eux pour les donner à manger à leurs animaux ou les pendre dans les étables. A Beausaint, on les garde pour en faire une infusion qui est donnée à boire aux veaux atteints de diarrhée.(…)

Protecteur des cochons, Monon est devenu le patron des bovins et des animaux de ferme.

A Marcourt, on recommande de l’invoquer tout spécialement lors des vêlages. A Noirefontaine, sur une bannière des années  1900, Monon est dit Assurance contre (la) mortalité (des) animaux. »

Monsieur Etienne Compère, de Remouchamps, m’a remis un article qu’il a signé dans la revue « Glain et Salm Haute Ardenne » (numéro 46, de juin 1997). Il y a recopié fidèlement, en respectant la forme et l’orthographe de l’auteur, de nombreux remèdes à destination des hommes ou des animaux puisés dans le « livre de raison » de Jean Mathieu Paquay (1797 – 1887), charretier à Vielsalm. A titre d’exemples, je vous livre ceux-ci :

« Remède pour une entors a une personne ous a un chevals

   Il faut metre le pies une demis lieux dans laux.

   Recette pour une vache qui hurine du sang

   Il faut prendre un blanc merte de chien et le mettre cuire dans un litre de bon lai et le donné  a la bete a jeun.

   Recette pour un vache qui a la maladie de poumon

    2 poinies de sel – une demis litre aux – une demis litre vinaigre de pomme. Il faut lui donne cette beuvage 4 jours et tous le jours il faut lui lavez la bouche avec un linge ataché a un bois avec le même beuvage. A pres les 4 jours il faut un demis livrs sel dangleterre – un jagtte drène de lains – 2 litre et demis aux et le metre bouir ensembre ; a près cela il faut lui donne le premier beuverage 8 jours et luis lavee la bouche et luis metrte une jenette a la bouche avec un gros noeque pandant un heurs.

    Recette pour faire aller le vage a toros

    Il fait prandre de bolet de cerf pour 3 sous et leire faire manger avec du buveage a plus jeurs fois. Cette recette peut servirs pour empaicher un cochon de venir en choleurs, il faut prandre de bolet de cerf pour 3 sous et leurs donner tout le 8 jours seur leurs mange peut a la fois.

    Remède pour un chevals forbus

    Il faut le faire saigne et puis le metre dans laux jusquas aux jenoux pandans une demie lieux. »

    Monsieur Compère en a ainsi répertorié plus de cinquante ! Pour ceux que cela intéresse, vous avez les références de la publication qui accueillit cet article.

    A nouveau à un grand merci à mes correspondants pour la qualité des réponses apportées à Monsieur Hext, qui me charge de les remercier chaleureusement.

MEDECINE POPULAIRE – GUERISSEURS ET PRIERES

Tout ce qui touche à la médecine populaire, ses pratiques, les guérisseurs, les remèdes… a toujours suscité un énorme intérêt parmi les lecteurs de La Petite Gazette et cela sans jamais faiblir au fil des années. Cela m’a permis de réunir une incroyable collection de remèdes mais aussi d’informations précieuses sur les différents types de guérisseurs et leurs façons de procéder. Aussi ai-je, en 2012, décidé de rassembler dans un ouvrage toutes ces contributions et témoignages transmis par les lecteurs. . Ce livre de près de 300 pages présente, dans sa première partie, de nombreux guérisseurs de nos contrées et, dans la seconde, les centaines de remèdes que, depuis des années, vous m’avez communiqués en réponse aux appels lancés par les lecteurs.

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Ce livre, « Les Pratiques de la médecine populaires »,
est toujours disponible  au prix de 19€ (port postal offert) à verser sur le compte bancaire BE29 0682 0895 1464 de P.A.C Aywaille à 4920 Aywaille

 La Petite Gazette du 30 janvier 2008

A PROPOS DE MEDECINE POPULAIRE

Dans nos contrées, au temps jadis, les médecins étaient rares et surtout trop chers pour que les villageois s’adressent régulièrement à eux. Aussi a-t-on jalousement conservé bien des remèdes de famille, transmis de génération en génération. Le plus souvent, ils appartiennent à la tradition orale, mais ils étaient quelquefois consignés dans de petits carnets. La seule « autorité » en matière de médecine dont on sollicitait alors les conseils était souvent la sage femme, ainsi que nous l’avons déjà évoqué grâce à vos passionnants témoignages. A ses côtés interviennent régulièrement des guérisseurs (sègneûs et r’bouteûdésignés ainsi selon les procédures qu’ils mettent en œuvre).

Vos communications régulières à propos de remèdes anciens montre, s’il en était encore besoin, combien certaines de ces traditions sont restées particulièrement vivaces dans les esprits et dans les usages. Il ne faudrait cependant pas que ces secrets de famille et ces traditions ancestrales disparaissent alors qu’elles ont été précieusement conservées beaucoup des siècles et des siècles.

Nous l’avons souvent constaté quand nous abordons ce sujet, la connaissance des vertus des plantes se mêle souvent de pratiques aux frontières de la religion et de la magie. C’est pourquoi, il était communément admis que la date de naissance de quelqu’un pouvait lui accorder des pouvoirs spécifiques. Avez-vous connaissance de ces dates particulière (jours de fêtes religieuses ou jour particulier d’équinoxe ou de solstice par exemple) ?

On pensait la même chose dans les cas, pourtant fréquents, de naissances présentant des particularités remarquables : naissance par le siège, enfant né « coiffé », Xe enfant du même sexe dans la même famille ou enfant posthume. Parfois c’est la maman qui donne naissance à des enfants multiples (jumeaux, triplés…) qui se trouvait considérée comme détentrice de pouvoirs spéciaux. Avez-vous retenu au sein de votre famille des anecdotes liées à ces pouvoirs issus de naissance particulière ?

On a même pensé (c’est du moins ce que certains qui menèrent des études sérieuses  sur le sujet ont prétendu) qu’il était possible de conférer à quelqu’un des dons de guérisseur en le soumettant à diverses épreuves durant sa jeunesse Il était également généralement admis que celui qui était le descendant de plusieurs générations d’un même métier (meunier, maréchal-ferrant, berger…) se trouvait investi du don de guérir. En avez-vous déjà entendu parler ? Avez-vous des exemples précis ?

J’espère que vous pourrez apporter l’une ou l’autre réponse à ces questions afin de me permettre de développer ces sujets avec vous. Je vous remercie chaleureusement de me confier vos souvenirs.

La Petite Gazette du 27 février 2008

MEDECINE POPULAIRE… LES DONS LIÉS Á LA DATE DE NAISSANCE

Monsieur Roger Detry nous transmet une passionnante communication sur les dons de guérisseurs liés à une date de naissance particulière :

« Il faut y voir un rapport avec le saint du jour.

25/1 confère l’aptitude de soigner les envenimations (morsures de serpents, insectes etc.) et leurs conséquences éventuelles: dartres, furoncles, panaris.

1/2 Egalement don de passer le venin (Sainte Viridiane qui repoussait les serpents)

29/6  Idem- ce sont Saint Pierre et Saint Paul qui d’après l’anecdote citée dans l’acte des apôtres étaient maîtres des serpents

23:/7  peut guérir zona et dartres.

1/8  morsures de serpents et empoisonnements divers- c’est en référence à Saint Eleazar qui refusa de s’empoisonner en mangeant de la viande de porc qui lui aurait fait transgresser la sainte loi.

10/8  Saint Laurent guérit les brûlures.

18/8  Saint Augustin  guérit les verrues

25/8 Saint Louis( le roi) : brûlures, zona, eczéma, certaines mycoses.

21/9 une personne née à cette date (Saint Mathieu) peut intervenir sur les effets des venins.

25/12   idem

31/12 redresse les membres (rebouteux) »

Mon correspondant poursuit en établissant une liste des dons puisés dans les circonstances de la naissance:

Peut avoir des dons pour guérir certains cas l’enfant qui n’aurait pas connu son père

Ce dernier point est évidemment relatif à des contextes et modes de liaisons d’une autre époque.

Un enfant né les pieds devant peut réduire les entorses.

Idem pour les personnes venues au monde par le siège.

Une mère qui met au monde des jumeaux pourrait intervenir dans les cas de luxation.

Les cinquième-septième-neuvième enfants d’une même famille et de même sexe auraient également des pouvoirs, surtout pour  soigner des cas importants de peau.

Le cinquième, lui, peut en outre traiter les rhumatismes. »

Ces propos évoquent-ils quelque chose pour vous ? Etes-vous dans un de ces cas ? Avez-vous constaté ces dons ? Dites-nous tout, le sujet est réellement passionnant. Un immense merci à M. Detry.

La Petite Gazette du 19 mars 2008

A PROPOS DES DONS DES GUERISSEURS

Un sympathique lecteur de Neupré a souhaité intervenir au sujet des dons de guérisseurs liés à la date de naissance. « Dans mon cas, m’écrit-il, il s’agit du fait que je n’ai pas connu mon père, celui-ci étant décédé accidentellement en mai 1946 et je suis né en septembre. Il m’a toujours été dit par ma maman et ma grand-mère que je possédais certains dons de guérison, pour ce faire il me suffisait d’imposer les mains sur la partie du corps à guérir et de réciter la prière appropriée au cas.
Par deux fois dans ma jeunesse, j’ai usé de ces « dons » mais sans pouvoir dire si vraiment ils ont changé quelque chose dans la guérison qui est intervenue.La première fois, c’était pour soigner une brûlure qu’une jeune fille du voisinage s’était occasionnée en renversant de l’huile de friture (ou de l’eau bouillante je ne sais plus très bien) sur la jambe. Il est vrai que la brûlure s’est soignée assez rapidement et n’a pas
provoqué de cicatrice comme l’on voit sur les personnes brûlées mais les parents avaient quand même emmené leur fille chez le médecin qui avait prescrit des soins, ai-je participé à une guérison plus rapide ? Je ne sais pas !La deuxième fois, c’était sur ma propre personne donc je ne serais pas très objectif dans ce cas mais je le raconte malgré tout.A cette époque j’habitais Trois-Ponts et j’allais à l’école technique de Verviers, en internat.
Le jeudi (je m’en souviens encore) j’avais cours de gymnastique et je me suis foulé la cheville lors d’un exercice. La douleur était telle qu’il m’était impossible de mettre le pied par terre et les responsables de l’école m’ont fait garder la chambre jusqu’au samedi jour de retour au foyer.
Pour aller de l’internat à la gare de Verviers et de la gare de Trois-Ponts à mon domicile, c’est un ami qui a dû me porter sur son dos car il m’était toujours impossible de marcher.
L’après-midi ma maman m’a fait réciter la prière adéquate mais a aussi préparé un cataplasme de pommes de terre cuites avec l’épluchure, elle les a écrasées et placées dans un linge qu’elle a appliqué très chaud  sur ma cheville. Le lendemain, je marchais normalement ! Était-ce la prière, le cataplasme ou aussi la pommade que le médecin avait prescrite ? Je ne peux le dire. »Pour compléter son sobre témoignage, ce lecteur vous propose de découvrir les prières qui furent récitent lors de ces deux épisodes :

Pour les brûlures :

Brûlure retire ta fureur tout comme Judas perdit sa rageur quand il trahit Notre Seigneur au jardin des oliviers (le répéter trois fois)

Trois Pater, trois Avé – Maria et faire le signe de la croix.

Pour la mespassure (entorse) :

Marche sur ton pied tout comme l’âne de Saint Joseph marcha sur les siens en portant Marie et Jésus en Egypte.

Cinq Pater, cinq Avé – Maria et faire le signe de la croix.

La semaine prochaine, je vous indiquerai quelles autres prières sont connues par ce monsieur que je remercie tout particulièrement pour cet intéressant témoignage.

La Petite Gazette du 26 mars 2008

LES PRIERES QUI GUERISSENT

Comme promis, retrouvons, cette semaine, une première série de prières communiquées par ce monsieur de Neupré qui aurait certains dons de guérisseurs puisqu’il s’agit d’un enfant posthume.

Pour arrêter le sang  (1) :

Sang je t’arrête au nom de Jésus de Nazareth arrête, arrête, arrête.

Trois Pater et trois Ave-Maria et faire un signe de croix.

Pour arrêter le sang (2) :

Sur mon chemin faisant, trois jeunes j’ai rencontré,

L’une dit, je vois du sang,

L’autre dit, je perds du sang,

La troisième dit qu’elle n’en perdait pas plus que les cinq plaies de Notre Seigneur.

Cinq Pater, cinq Avé – Maria et faire trois fois le signe de la croix.

Pour la foulure :

Soit passure ou mespassure (entorse)  au nom de Dieu et de Saint Eloi, je te conjure,

Faire le signe de la croix du genou au boulet, un deuxième du boulet au sabot et un troisième sur le sabot.

Trois Pater et trois Avé – Maria.

Pour les coliques :

Saint Pierre et Saint Jean s’en allant parmi les champs firent rencontre du mal de flanc.

Mal de flanc où va-tu ? je vais tourmenter le cœur  de (dire le nom de la personne).

Mal de flanc retourne parce que les vêpres et les mâtines sont serrées. Pour toi tout est fait et défait, faire le signe de la croix.

Trois Pater et trois Avé – Maria.

Pour faire sortir une épine :

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit est tiesse.

Trois Pater et trois Avé – Maria.

Passionnant n’est-ce pas ? Je vous en promets d’autres pour la semaine prochaine. Un immense merci à ce lecteur qui nous a communiqué ces trésors de médecine populaire. Si vous pouvez compléter cette intéressante collection, ne vous en privez surtout pas.

La Petite Gazette du 2 avril 2008

LES PRIERES QUI GUERISSENT

Comme promis, retrouvons, cette semaine, une première série de prières communiquées par ce monsieur de Neupré qui aurait certains dons de guérisseurs puisqu’il s’agit d’un enfant posthume.

Prière à la sainte goutte :

Prière à la Sainte Goutte par votre puissante intercession auprès de Dieu aspiré moi une guérison s’il vous plait. Trois Pater et trois Avé – Maria.

Pour le mal de dents :

Sainte Appoline était assise sur la pierre de marbre, Notre Seigneur vint a passer par là, lui demanda Appoline que fait-tu là ?

Je suis ici pour mon sang pour mon chef et pour mon mal de dents.

Appoline retourne si c’est un ver il périra et si c’est une goutte de sang elle tombera.

Faire le signe de la croix et réciter trois Pater et trois Avé – Maria.

Pour les yeux :

En l’honneur de Dieu et de la Vierge (signe de croix, Pater, Avé)

En l’honneur de Saint Benoît et de Saint Bernard (signe de croix, Pater, Avé)

En l’honneur de la Sainte Trinité et de l’incarnation du fils de Dieu en un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils, le Saint Esprit (signe de la croix, Pater, Avé)

La Petite Gazette du 9 avril 2008

A PROPOS DE CE MONSIEUR QUI A UN DON DE GUERISSEUR

Mme Edith Muller-Massin, de Vielsalm, a réagi à cette communication concernant le don de guérisseur. « Il est dommage, m’écrit-elle, que votre correspondant n’ait pas pratiqué ce don qui est très précieux, il faut savoir que cela « marche », beaucoup de personnes font appel à ces personnes qui « signent » (c’est le terme utilisé) et malheureusement il y en a de moins en moins. Mon papa « signait pour les orgelets et les coliques; mon oncle pour les brûlures. Je peux dire à votre correspondant que si la jeune fille en question n’a gardé aucune cicatrice et si la brûlure s’est très bien soignée et rapidement c’est grâce à lui. Il faut évidemment avoir recours à un médecin ensuite et utiliser les traitements prescrits mais, disaient toujours mon oncle et mes parents, il faut se faire signer avant qu’un médecin ne soigne. J’ai souvent fait appel à ces personnes qui mettent leur don au service des gens, je dis « au service des gens » car certaines personnes se font rémunérer!Comme je le dis il y a de moins en moins de ces « guérisseurs », ils décèdent sans avoir pris le temps de passer ce don ce qui a été le cas de papa et mon oncle. »

 La Petite Gazette du 16 avril 2008

AU SUJET DES PRIERES QUI GUERISSENT…

Madame Céline Bayer nous transmet un intéressant témoignage :

« Concernant les prières qui guérissent, je peux vous affirmer que deux dont le monsieur parle font leurs effets. Il s’agit de celles relatives aux brûlures et aux saignements de nez. J’ai 82 ans et je les applique encore maintenant quand l’occasion se présente.Pour les brûlures, je signe avec les mêmes mots mais sans les prières pour terminer, je tiens cette formulation d’une dame qui avait eu de graves brûlures.L’autre prière, je la connais grâce à mon père qui nous en avait parlé quand j’étais enfant, mes soeurs n’y ont pas fait attention, mais moi je l’ai retenue et m’en suis souvent servie quand je travaillais. J’avais une collègue qui ne croyait pas à tout cela et, chaque fois, que je m’apercevais d’un début de saignement de nez ou quand je le pressentais, je disais la prière et cela s’arrêtait et elle le reconnaissait malgré un petit sourire mitigé. Mon père tenait cette prière de ses grands-parents fagnards. ».Merci pour cet intéressant témoignage. Si, comme Mme Bayer, vous avez utilisé de pareilles prières pour soigner, si vous les utilisez encore, si vous en connaissez d’autres, j’espère que vous aurez la gentillesse de nous communiquer vos souvenirs et connaissances.

La Petite Gazette du 7 mai 2008

LES PRIERES QUI GUERISSENT

Madame Maria Lambotte, de Werbomont, nous confie, à son tour, un intéressant témoignage sur ces prières qui guérissent :« Grand-maman m’avait parlé de ses gros problèmes d’allaitement à la naissance de son premier enfant, en 1908. Elle souffrait de crevasses aux seins. Son beau-père l’a conduite, avec la carriole et le cheval, en Haute Ardenne, mais j’ai oublié où précisément.Un vieux monsieur l’a fait entrer dans une pièce sur les murs de laquelle il y avait de grands cadres avec des images pieuses. Il a invité grand-mère à le suivre en s’arrêtant à chaque image où il fallait dire : « Seigneur, si vous le voulez, vous le pouvez. »Au bout d’un moment, son beau-père qui l’attendait sur le seuil a dit : « Vinè m’fèye, c’est’on rcroyou makray. », ce qui voulait dire un sorcier.Bien que très croyant et pratiquant, mon arrière-grand-père était très sceptique quant à l’issue de la démarche qu’il avait proposée à sa belle-fille ! »

La Petite Gazette du 14 mai 2008

LES PRIERES QUI GUERISSENT

Madame Ida Lengelé-Schmitz, de Tilff, se souvient :

« Dans mon village de Petit-Thier, il y avait un garçon né après la mort de son père, tué à la guerre de 40. Il avait des dons lui aussi, je l’ai vu soigner quelqu’un de la famille, nous étions sept enfants. Je crois que c’était un de mes frères qui s’était occasionné une foulure au poignet. Il a été de suite soulagé. Mes parents nous parlaient de ce que cet enfant posthume savait faire, mais j’ai oublié les détails. Nous avions des parents merveilleux, braves et courageux qui nous ont enseigné le bien et appris à suivre le bon chemin. Maman nous a donné la prière pour les brûlures, d’autres aussi. Dans la famille, nous connaissions beaucoup de prières. Je l’ai déjà utilisée sur plusieurs personnes et, même de loin, cela réussit. J’ai donné cette prières à plusieurs de mes amis et connaissances qui m’ont remerciée car,avec cette prière, il ne reste quasiment aucune trace des brûlures. Elle n’est pas tout à fait la même que celle du monsieur de Neupré, mais cela ne m’étonne pas car, en région d’Ardenne, il y a encore beaucoup de personnes qui possèdent ces secrets Je pense que ces gens devraient les donner pour assurer la continuité de ces bienfaits, mais la mentalité d’aujourd’hui le permettra-t-elle ? »

Les nombreuses réactions, communications et témoignages enregistrés par la Petite Gazette  semblent répondre que oui… Il serait intéressant que ma correspondante nous confie cette prière afin de constater ce qui la différencie de celle de ce lecteur de Neupré. En attendant  sa prochaine contribution, je la remercie vivement pour celle-ci.

La Petite Gazette du 28 mai 2008

A PROPOS DES PRIERES QUI GUERISSENT

Madame Maria Lambotte, de Werbomont, nous avait parlé de la visite de sa grand-mère chez un guérisseur et du doute qui s’était emparé du beau-père de l’aïeule. A ma demande, elle a replongé dans ses souvenirs, mais ne peut pas affirmer que cette démarche avait porté ses fruits, elle l’a oublié.

« Le beau-père de ma grand-mère était si confiant dans la prière que, durant la guerre 1914-1918, il promit de faire ériger une chapelle s’il revoyait Joseph, le plus jeunes des cinq fils appelés sous les drapeaux. Il tint promesse et la petite chapelle se dresse à Grand-Trixhe, près de la vieille ferme, son bien à l’époque. Une dame qui a travaillé chez eux, Léontine Dethier, m’avait dit que mon arrière-grand-mère donnait régulièrement de l’argent à un mendiant, en ajoutant « pour faire dire une messe afin de hâter le retour de mon fils ».

Joseph revint, mais on oublia d’en parler au mendiant. Quand ce dernier se représenta, on lui annonça : « Vos sav’, Joseph est rivnou d’al guerre ! » et le bonhomme de répondre : « Vos co mî aller… » La messe est dite ! Ici, ce n’est pas sûr… Il est vrai que c’était tentant de garder l’argent des messes, surtout quand on doit sa survie à la mendicité… »

La Petite Gazette du 4 juin 2008

ENCORE DES PRIERES QUI GUERISSENT

Cette semaine, c’est Mme Jenny Hellinx, d’Esneux, qui nous transmet ces prières :

Madame sainte Anne, mère de la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ,

Dieu te bénisse et te guérisse de brûlure, de blessure, de rompure, d’entrave de toute sorte, d’infirmité quelconque.

En l’honneur de Dieu et de la Vierge Marie, faites que Dieu me guérisse par sa puissance, en l’honneur des angoisses qu’a souffert notre seigneur Jésus-Christ sur le calvaire

« Prière à réciter durant 9 jours, à jeun, avant de réciter trois Notre Père et trois Je vous salue Marie. »

Prière pour le sang

Elisabeth a enfanté Jean

Anne a enfanté Marie

Marie a enfanté Jésus-Christ

Au nom de Jésus, flux ne coule plus et quitte (préciser le nom de  la personne), humble serviteur de Dieu.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit-il.

« Après chaque prière, souffler et faire le signe de croix trois fois ; puis avec la main, et de droite à gauche, la faire aller pour éloigner pour ce que l’on prie.

J’ai toujours été exaucée avec ces prières, mais il faut les dire avec foi. »

Merci pour cette contribution.

La Petite Gazette du 16 juillet 2008

ENCORE UNE PRIERE POUR GUERIR

Madame Viviane Bultot, de Dolembreux, a eu l’excellente idée de me confier, afin que je vous la livre, cette prière pour arrêter les hémorragies.

« Couper deux herbes dehors et les placer en croix sur la partie qui saigne, dire :

Que toutes les plantes que Dieu a créées arrêtent ce sang.

Répéter trois fois et signer.

1 Ave et 1 Pater. »

LA FIEVRE APHTEUSE DANS NOS REGIONS JADIS

La Petite Gazette du 4 avril 2001

LA FIEVRE APHTEUSE DANS NOS REGIONS SOUS L’ANCIEN REGIME

   La situation dramatique dans laquelle se débattent aujourd’hui les éleveurs de bi-ongulés n’est pas, semble-t-il due, cette fois, à une dérive étonnante des techniques mises en œuvre pour l’élevage des bêtes. Rien à voir donc avec la maladie de la vache folle qui attaque ces pauvres bêtes auxquelles on a donné à absorber leurs parents réduits en farine !

La fièvre aphteuse a, par le passé, gravement touché nos régions qui, à l’heure où j’écris ces lignes sont encore (et heureusement) à l’écart des zones touchées par l’épizootie. Monsieur René Gabriel, de Roanne-Coo, m’a fait parvenir des extraits d’une extraordinaire chronique rédigée, il y a plusieurs siècles, par un moine malmédien ; je vous invite à découvrir ce document exceptionnel  et les commentaires de mon correspondant:

« Nos anciens croyaient que les comètes et autres manifestations de ce genre étaient présages de malheurs et de calamités. Lors de la consultation d’anciennes chroniques, il arrive fréquemment, qu’après de telles manifestations, le rédacteur évoque ces circonstances fâcheuses. Suivons  une de ces chroniques (avec respect de l’orthographe de l’époque), écrite par un moine malmédien :

« En 1682, au mois d’aoust, on vit encor une comette pendant 8 jours, mais beaucoup plus petite que le precedente.

La meme anné, il y eu une grande consternation pour lam aldie des betes à corne. Elle avoit commencé du coté de la Suisse et elle a passé d’un lieu a l’autre. Il venoit aux betes une vessie à la langue, le remede étoit d’ouvrir la vessie avec un instrument de fin argent ce pourquoi on faisoit quelques crins, comme pour scier dans une demi kopstuck monnoie d’Espagne, on ouvrit avec cela la vessie, puis on bassinoit la langue avec du vinaigre, du sel et du souffré melé ensemble jusqu’à guérison, d’autres usoient d’ail. »

Monsieur Gabriel poursuit son commentaire en nous rapportant ce que sa maman, 80 ans, lui a dit sur ce sujet : « Auparavant, on ne s’inquiétait pas outre mesure de cette maladie et on buvait le lait des bêtes. La corvée des enfants, quand la saison le permettait, était d’aller ramasser des pommes sauvages que l’on donnait à manger aux animaux. » Cette nourriture aigre n’est pas sans rappeler l’usage du vinaigre évoqué dans la chronique malmédienne remarque fort justement mon correspondant avec qui, la semaine prochaine, nous parcourrons un texte de 1762 parlant de cette maladie en France (symptômes, remèdes, précautions).

Monsieur Maurice Fanon, de Bomal, qui nous avait apporté beaucoup de renseignements fort intéressants sur les « rinnètes », avait également tenu à préciser que cette affection bénigne, connue plus largement sous le nom de « muguet », affectait également les animaux.

« Même les chevaux souffraient du muguet ou « rênète des dj’vås ». Le remède était poétique à souhait : un collier rustique de « rinnes des prés » (« pîs d’gade » à Tohogne). On le passait au col de l’animal, puis on lui faisait un bâillon. En même temps, on chargeait une pieuse vieille femme de commencer une neuvaine. A quel(le) saint(e) ? »

Une petite recherche dans ma documentation me permet d’apporter un petit élément de réponse. En consultant Le Rituel de Magie Blanche de Benjamin Manassé (éd. La diffusion scientifique, Paris, 1991), je découvre que dans les cas de muguet (chez les oiseaux et chez les gallinacés) il convient de faire une neuvaine à saint Marcou.

A la question de M. Fanon, j’ajouterai celle-ci « Pourquoi une vieille femme ? »

La Petite Gazette du 11 avril 2001

LA FIEVRE APHTEUSE DANS NOS REGIONS SOUS L’ANCIEN REGIME

   Avec Monsieur René Gabriel, de Roanne-Coo, retrouvons description et remèdes concernant cette maladie contagieuse qui continue à faire les gros titres de toutes les informations écrites et parlées. Après avoir consulté pour nous la chronique malmédienne évoquant l’année 1682, notre chercheur a relevé des informations intéressantes (reproduites dans le style et l’orthographe de l’époque) dans un écrit publié à Paris, en 1762, : La Nouvelle Maison Rustique, traité des choses de la campagne et particulièrement des maladies des animaux.

« La Maladie qui a attaqué les Bêtes à cornes et les chevaux dans la Généralité d’Auvergne et qui s’est introduite sur la fin du mois d’Avril 1731.

   Cette maladie se découvre par une vessie – aphte – qui paroit dessus, dessous et aux côtés de la langue de la bête malade. Cette vessie est blanche dans sa naissance, rouge ensuite, et dans un instant presque noire : elle croît et laisse après elle un ulcère chancreux qui croisse dans l’épaisseur de la langue en avançant du côté de la racine, la coupe en entier, et fait, peu de temps après, périr l’animal. Monsieur Gabriel précise que cette description, selon un vétérinaire de Trois-Ponts, est nettement exagérée. On voit, dans les vingt-quatre heures, le commencement, le progrès et la fin de cette maladie.

   Elle est d’autant plus dangereuse, qu’elle ne se manifeste par aucun symptôme extérieur et que la bête malade boit, mange et travaille à son ordinaire jusqu’à ce que la langue soit tombée.

   Il faut donc pour prévenir les suites fâcheuses de cette maladie, avoir une attention infinie à faire visiter deux ou trois fois par jour la langue de toutes les bêtes à cornes, afin de prendre le mal dans sa naissance et  sur-tout l’on ne doit point se tranquilliser sur l’éloignement de cette maladie. L’expérience vient d’apprendre que, quoi qu’elle fût à une distance raisonnable de la ville de Gannac -Auvergne-  toutes les paroisses des environs de cette ville, et à une demi-lieue à la ronde, en ont été infectées dans le même jour, sans qu’il y ait eu aucune communication d’une paroisse à l’autre.

   Le remède préservatif pour les bestiaux, qui ne sont point encore attaqués de cette maladie, est composé des drogues suivantes, pour chaque bête.

   Prenez thériaque ou orviétan, trois dragmes (précisons qu’un dragme ou drachme est la huitième partie de l’once soit 3,824 grammes) ; gingembre, girofle et canelle, un dragme ; genièvre en grains et poivre concassé, deux  dragmes de chacun ; et une muscade de moyenne grosseur, qu’il faut concasser : faites infuser le tout dans un pot couvert, pendant cinq ou six heures au moins, dans une pinte de bon vin rouge.

   Avant de donner le remède, remuez bien le tout, de manière que le marc suive l’infusion ; et ne le donnez qu’après que la bête a été cinq ou six heures sans manger.

   Ce breuvage ne peut faire que du bien aux bestiaux qui le prennent.

   Si, en visitant les bestiaux, on aperçoit une ou plusieurs vessies – aphtes – adhérentes à la langue, il faut, sur le champ, avec une cuillier ou autre pièce d’argent, crever la vessie, en enlevant la peau et racler la plaie jusqu’au sang ; ensuite continuer et la laver avec de l’eau de fontaine ; et, pour le mieux, avec du fort vinaigre dans lequel on aura mis du sel pilé, du poivre, de l’ail concassé et des herbes fortes, si on en a. Cela fait, on couvre la plaie de sel bien fin, après l’avoir bien frottée avec une pierre de vitriol Chypre.

   Si l’on trouve l’ulcère formé, il faut usé du même remède et le réitérer, dans l’un ou l’autre cas, deux ou trois fois par jour, jusque guérison.

   On prétend que, quand la vessie se trouve sur la langue, on doit faire saigner la bête au cou.

   Cette maladie s’est fort étendue en 1731 ; elle a attaqué aussi les chevaux. On en attribue la cause à la grande sécheresse et à la quantité prodigieuse de chenilles qu’il y a eu cette année. »

    Monsieur Gabriel fait remarquer, fort judicieusement, que ce texte, comme celui du chroniqueur, moine de Malmédy, réclame l’usage d’un objet en argent pour ouvrir la vessie ! Pour le reste, je pense, comme mon correspondant, que ce remède, s’il n’est pas salutaire, ne peut certainement faire aucun tort aux bêtes.

La Petite Gazette du 2 mai 2001

LA FIEVRE APHTEUSE DANS NOS REGIONS

   A l’heure où je rédige ces lignes, nos régions résistent toujours, et ce n’est que tant mieux, à la terrible épidémie sévissant dans quasiment tous les pays voisins. Après le regard porté, grâce aux anciens documents sur cette maladie, j’aime à vous rappeler une réalité régionale autrefois bien connue. Bien sûr, la fièvre aphteuse, appelée « cocotte » en nos contrées, est très contagieuse. Contrairement à ce que l’on entend généralement aujourd’hui, elle était considérée, hier, comme transmissible à l’homme et j’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont affirmé l’avoir contractée ou connaître quelqu’un qui en a souffert. Avant la dernière guerre, on savait très bien que ce mal était endémique dans certaines régions, les polders hollandais par exemple.

La concurrence du blé américain ayant causé l’abandon de zones de culture où les rendements étaient faibles, des fermiers de chez nous ont rendu à l’élevage des superficies alors réservées à la culture. Ils ont constitué leurs cheptels avec des bêtes achetées en Hollande ; c’est alors que la fièvre aphteuse fit son apparition en Belgique où elle était quasiment inconnue. Très vite, l’épidémie prit des proportions qui obligèrent le gouvernement à prendre des mesures de mise en quarantaine des bêtes achetées hors de nos frontières. L’Ardenne échappa au fléau durant très longtemps, mais une épidémie, d’une rare violence, la toucha en 1900. Les moyens mis en œuvre pour s’en préserver ou pour limiter le nombre de bêtes atteintes étaient les suivantes : bains de pieds à la chaux, badigeonnage de la bouche des animaux au vinaigre et, bien entendu, bénédiction des étables.

Dans le Pays de Herve, la même cause provoquait les mêmes effets. On constata néanmoins qu’un fermier de Battice avait vu son troupeau tout à fait épargné ; or, la seule chose qui distinguait ce fermier de ses collègues résidait dans le fait qu’il fréquentait régulièrement l’abbaye de Val-Dieu. Aussi, quand une nouvelle épidémie toucha la région vers 1920, un grand pèlerinage fut organisé durant l’été.

A la même époque, Liège avait également ses « cocottes » (on dira par la suite ses « poules ») qui se rendaient régulièrement en Hors-Château pour prier saint Gérard dans l’espoir qu’il leur assure une nombreuse clientèle ! C’est évidemment un autre sujet.

Madame Léona Biet, d’Awan-Aywaille, s’est souvenue pour vous d’une attaque de ce mal :

« Vers 1924, chez mes parents, le bétail a eu la fièvre aphteuse. On a donc appelé le vétérinaire qui a conseillé de laver la langue des vaches avec de l’eau vinaigrée et d’étendre de la chaux devant l’entrée des étables. Deux vaches ont été atteintes par la maladie, mais le reste du bétail qui se trouvait dans la même étable, a été épargné ! Pendant cette période, nous avons continué à consommer du lait, à écrémer et à faire du beurre comme précédemment. Le rendement du lait était diminué parce que les vaches mangeaient difficilement, mais, après quelques jours, elles se nourrissaient de nouveau comme avant la maladie. »

Toutes celles et tous ceux qui ont connu ces épidémies passées sont unanimes pour déclarer ne pas comprendre pourquoi on abat, aujourd’hui, des troupeaux entiers de bêtes saines ! ce n’est évidemment pas un domaine relevant de mes compétences, mais on peut tout de même s’étonner…

La Petite Gazette du 16 mai 2001

QUAND IL EST ENCORE QUESTION DE LA COCOTTE…

Le sujet reste d’actualité et préoccupe toujours … aussi ai-je poursuivi mes recherches dans ma documentation personnelle. L’extraordinaire ouvrage de l’Abbé Joseph Bastin, Les plantes dans le parler, l’histoire et les usages de la Wallonie malmédienne, édité à Liège en 1939 m’a apporté d’intéressants renseignements que j’aime à partager avec vous :

L’auteur nous indique que lors de la « terrible épizootie de cette année 1938 » on a donné au bétail, en guise de protection, de l’Angélique Archangélique, dobe anjèlike ou rècène du Saint-Esprit.

Plus loin, à propos du thym serpolet, poyî, pouyî, il nous dit ceci : « Au dire d’éleveurs qui en font usage depuis longtemps, la plante préserve de la stomatite aphteuse (cocotte). On devrait toujours en avoir en réserve ; malheureusement elle recule peut-être plus que d’autres devant les engrais chimiques. La faire prendre dans le fourrage ou le breuvage du bétail. Elle donnera peut-être une mauvaise saveur au lait, mais la bête sera immunisée en cas d’épizootie. Soigner les bêtes atteintes avec des compresses du décocté de poyî. »

Enfin, il signale encore que « l’Egopode podagraire (herbe-aux-goutteux, pîd d’âwe, pîd d’gade, cette plante, qui déborde souvent des haies dans les potagers, où elle est difficile à extraire, s’emploie à Meiz  (N.D.L.R. entre Malmédy et Francorchamps) contre la fièvre aphteuse (l’écraser et la mettre dans le breuvage).

 

Comme souvent, et c’est bien sûr heureux et souhaité, dans La Petite Gazette, débattre d’un sujet en fait apparaître d’autres, suscite des réflexions et des prolongements. Ce sujet ne fait pas exception à cette règle.

La Petite Gazette du 11 avril 2001

PENSEES D’UN AGRICULTEUR UN PEU DESABUSE

   Monsieur A. Rulot, de Bois et Borsu, nous a, à plusieurs reprises, fait parvenir des textes et des souvenirs relatifs aux paysages de son enfance, mais aussi à tout ce qui fit les grands tourments du siècle écoulé. Aujourd’hui, un peu amer, il jette un regard sur sa profession.

« Il est bien difficile de traduire, dans nos sens en émoi, ce que nous les agriculteurs, souvent déconsidérés, mal rémunérés, nous pouvons éprouver dans nos sentiments les plus profonds, les plus nobles.

Après notre vie offerte à la plus grande action humanitaire, essentielle entre toutes, y pensons-nous ? Nos peines ont apporté sur la table de la grande famille humaine toute la nourriture issue des champs. Cette manne terrestre, fruit de nos plaines fécondes, par nos soins, n’est-elle pas élémentaire, substantielle, exclusive à la condition, à la constitution de la vie, de nous tous. Au crépuscule de notre pérégrination sur terre, nous pouvons mieux comprendre, discerner la mission élevée, primordiale qui nous était dévolue : nourrir les hommes. »

 

Un grand merci à mon correspondant pour avoir partagé avec La Petite Gazette ces pensées qui sont certainement dans l’esprit de très nombreux travailleurs de la terre en ces temps si difficiles pour eux…

 

La Petite Gazette du 22 mai 2001

A MILLE LIEUES DES DEGATS PROVOQUES PAR  LA FIEVRE APHTEUSE…

   Mary Bertosi est une conteuse ardennaise ; à quelques reprises déjà, La Petite Gazette vous a permis de découvrir quelques textes dus à sa plume ; en voici un autre échantillon :

   Jacques, le petit pâtre

   Depuis des siècles et encore jusqu’à la guerre de 1914, les Ardennais avaient une vie rude et pauvre, seuls les seigneurs menaient grand train car tout leur appartenait, les terres, les forêts, les châteaux et les pauvres maisons et même les gens étaient soumis au seigneur et devaient obéissance et travail ; moyennant quoi le seigneur les nourrissait pauvrement car la moitié des récoltes lui était due, et il devait les protéger en cas d’attaque. Quelques métayers plus riches ou quelques commerçants qui faisaient de bonnes affaires pouvaient vivre un peu mieux sans dépendre entièrement du châtelain.

   Un seigneur de La Roche qui régnait en ce temps-là était particulièrement dur et méchant. Il était craint à plusieurs lieues à la ronde et nul n’osait le défier. Il régnait en despote sur son territoire. Un de ses serfs qui avait une famille nombreuse décida de placer le plus jeune de ses enfants, qui n’avait que 8 ans, chez un riche fermier du pays de Hives, à quelques kilomètres de La Roche. Il n’était pas rare à cette époque de placer ses enfants à droite ou à gauche, ainsi au moins ils pouvaient manger tous les jours et gagner quelques sous par an.

   Le petit Jacques fut donc conduit par son père chez le fermier pour y devenir pâtre, malgré ses pleurs et la douleur de la séparation d’avec sa famille. Jacques n’avait pour tous vêtements que ceux qu’ils portaient sur lui et une méchante paire de sabots déjà bien usés. La fermière, qui était brave femme, lui donna une grande cape de laine qui le protégerait des pluies et du vent ainsi qu’un magnifique canif, si beau que Jacques en fut ravi, car il n’avait jamais reçu de cadeau. Jacques, enchanté, dit à la fermière : « Maîtresse, ce canif que vous m’offrez fera un jour votre fortune. » La fermière sourit en le regardant partir avec le troupeau de moutons et se dit « Pauvre petit, le voilà bien content de peu ! » et elle n’y pensa plus. Jacques conduisait ses bêtes dans les prés aux herbes grasses qu’ils savaient les meilleures pour les brebis.

   Pendant que les moutons broutaient, bientôt il s’ennuya, son chien de berger veillait si bien qu’il ne devait presque pas s’occuper des bêtes. Alors il eut l’idée de couper une branche de coudrier et se mit à la tailler avec son beau canif et cela jour après jour. Il travailla tant et si bien qu’il en fabriqua une petite flûte et, lorsqu’il eut terminé et qu’il souffla dedans, un son merveilleux se fit entendre. Jacques, enchanté, continuait de jouer des airs qui venaient on ne sait d’où !

   Je vous propose de retrouver le petit pâtre de Mary Bertosi la semaine prochaine.

La Petite Gazette du 30 mai 2001

A MILLE LIEUES DES DEGATS PROVOQUES PAR LA FIEVRE APHTEUSE…

   Comme promis, nous retrouvons Jacques, le petit pâtre de Mary Bertosi, là où nous l’avions laissé la semaine passée : auprès de ses moutons.

L’époque de l’agnelage arriva, Jacques dut s’occuper des brebis et des agneaux qui naissaient et qui restaient à l’étable quelque temps. Au printemps suivant, le troupeau avait doublé et les fermiers étaient fort contents, ils offrirent à Jacques une nouvelle paire de sabots pour le remercier de son bon travail.

   Un jour qu’il gardait ses bêtes au Pré Collin sur les terres du seigneur, celui-ci arriva avec une meute de chiens de chasse ; ses cavaliers, lancés au galop, foncèrent dans le troupeau. Beaucoup de moutons périrent et cela amusa fort le seigneur. Jacques pleura de rage et d’impuissance. Comment expliquer un tel carnage au fermier ? Que faire ? Alors il prit sa flûte et se mit à jouer un air si triste qu’on l’entendit jusqu’à La Roche. Ses larmes coulaient tout le long de la flûte ; il pleura tant et tant qu’une petite mare se fit autour de lui et se mit à couler doucement vers le ruisseau tout proche. Il joua ainsi pendant des heures et, quand le soir tomba, Jacques ne vit pas revenir le seigneur et ses cavaliers ; et ceux-ci foncèrent à vive allure à travers le ruisseau. C’est alors que l’eau monta brusquement, que la pluie se mit à tomber drue et froide, un vent glacé terrible se leva. Les chevaux restaient cloués sur place, piaffant, hennissant ; le seigneur hurlait et bientôt il fut recouvert par un torrent de boue énorme qui le noya, lui, mais aussi ses hommes, ses chevaux et ses chiens. Les éléments déchaînés s’arrêtent brusquement, le calme revint. Jacques alors joua un air plus gai et, dans le petit matin qui se levait, il eut la surprise de voir sortir du bois un troupeau de belles brebis, bien plus  grasses que celles qu’il avait perdues, avec chacune plusieurs agneaux vigoureux, ce qui était fort rare ! Il en vint tant et tant que Jacques ne sut plus les compter, il en fut si heureux qu’il joua de la flûte en dansant tout autour du troupeau en le ramenant à la ferme. Quelle surprise pour les fermiers ! Jamais on avait vu de bêtes aussi belles, aussi grasses, aussi vigoureuses. La fermière permit à Jacques de rentrer chez lui avec une bourse remplie de pièces d’un or qui ferait vivre sa famille pendant longtemps.

   Dans le pays, on raconte que chaque larme de Jacques, mêlée à chaque note de musique, s’était transformée en mouton car la flûte de Jacques était enchantée et, grâce à elle, le pays prospéra et le nouveau seigneur fut bon pour ses sujets. Malheureusement, de nos jours, on a perdu la trace de la flûte enchantée.

COMMENT PREVENIR LES CONVULSIONS?

La Petite Gazette du 18 octobre 2000

OU PEUT-ON SE PROCURER LE SCAPULAIRE PREVENANT LES CONVULSIONS ?

Voilà la question que vous posait, il y a très peu de temps, Madame Solange Godfroid, de Poulseur, et  j’ai presque envie de dire que, comme d’habitude, la réponse m’est déjà parvenue. En effet, Madame Anne-Marie Anciaux, de Hargimont, Madame Marie Orban, de Hampteau,  Madame Lincé, de Havelange signalent que l’adresse et le nom recherchés par cette lectrice de Poulseur sont : Madame la Baronne de Fontbarré, château de Fumal à Fumal. Un grand merci à toutes les trois.

Dans le prolongement de cette demande, je vous demandais de me parler de tous les remèdes ou de tous les moyens préventifs que vous connaissiez à propos des convulsions ; permettez-moi d’insister sur ce souhait, car je sais qu’il y a des tas et des tas de choses à apprendre à ce sujet.

 La Petite Gazette du 31 octobre 2000

A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR

Ainsi que je le supposais bien, vous êtes nombreux à réagir au sujet des convulsions et du moyen de les prévenir. Il s’agit évidemment d’un sujet qui a intrigué, qui intrigue encore, de très nombreux parents.

C’est ainsi que j’ai eu l’immense plaisir d’enregistrer les réactions de M. le Professeur émérite Docteur Yvan Lebrun, de Champlon-Famenne, qui, lui aussi, s’est passionné pour ce sujet :

« Je crois pouvoir apporter des éléments de réponse à la question relative aux remèdes contre les convulsions et plus généralement contre l’épilepsie. Jadis, le sang était censé aider les épileptiques à guérir. C’est pourquoi, chez les Romains, les épileptiques étaient autorisés à boire le sang des gladiateurs morts dans l’arène. Au moyen âge, pour se protéger de l’épilepsie, on portait sur soi un morceau de parchemin sur lequel on avait écrit, avec du sang, le nom d’un des saints souvent invoqués contre la maladie.

Parmi les saints que l’on priait pour être guéri ou se prémunir de l’épilepsie figurait saint Leu ( ou Loup) dont il a été plusieurs fois fait mention dans La Petite Gazette.

Comme l’épilepsie passait – à tort – pour être une maladie contagieuse, les Romains avaient pour habitude de planter un morceau de fer à l’endroit où un épileptique venait d’avoir une crise . Le métal était censé fixer la maladie au sol et l’empêcher d’atteindre d’autres personnes. Souvent aussi, on crachait sur les épileptiques pour éviter la contagion. L’épileptique était, pour cette raison, appelée, en latin, morbus insputatus, (= la maladie sur laquelle on crache).

Les rois d’Angleterre passaient pour posséder un certain pouvoir contre l’épilepsie (tout comme les rois de France étaient censés pouvoir guérir les écrouelles le jour de leur sacre). Le vendredi saint, le roi d’Angleterre bénissait des anneaux qui étaient ensuite portés par ceux qui souffraient d’épilepsie ou cherchaient à s’en protéger. Ces anneaux portaient le nom de cramp rings, littéralement « anneaux à crampes », le mot « crampes » étant souvent utilisé, au moyen âge, pour désigner les convulsions. »

La semaine prochaine, nous retrouverons notre correspondant si bien documenté pour découvrir la suite de ses informations sur le sujet.

Suite à la demande formulée dans ces colonnes par Mme Godefroid, de Poulseur, j’ai encore reçu les courriers de Monsieur Gaston Remacle, d’Ocquier, et de Monsieur Georges Collard, de Flostoy, qui ont la gentillesse de confirmer l’adresse de Madame la Baronne de Fontbaré, thier Moson, 4 à 4260 Fumal et de préciser qu’il convient de joindre   à toute demande une enveloppe timbrée et pré-adressée. Madame Edmée Kerfs, de Havelange, a fait de même, mais, en plus, elle signale l’existence d’un autre scapulaire qui, m’écrit-elle, « pourrait venir en aide à d’autres mamans ».

Elle joint à son courrier tout ce qu’elle a réuni sur le sujet :

Oraison de Charlemagne

   Cette prière, s’il faut en croire une antique tradition, a été trouvée dans le sépulcre même de Notre Seigneur Jésus-Christ, et envoyée en l’an 902 par le pape Léon III à l’empereur Charlemagne, quand il partit avec son armée pour combattre ses ennemis. Elle était écrite sur parchemin en lettres d’or, et longtemps, elle fut conservée précieusement à l’abbaye Saint-Michel de France. Peut-être l’y retrouverait-on encore !

   Quiconque lit cette prière, l’entend lire, ou la porte sur lui, ne mourra pas subitement, ne se noiera ni ne se brûlera, aucun venin ne l’empoisonnera, il ne tombera pas entre les mains de ses ennemis et il ne sera pas vaincu par eux dans les batailles.

   Quand une femme se trouve dans les douleurs de l’enfantement, qu’elle dise cette prière, ou qu’elle l’entende lire, ou qu’elle la porte sur elle, elle se trouvera promptement délivrée et sera toujours tendre mère.

Dès que l’enfant sera né, posez cette prière sur son côté droit et il sera préservé de beaucoup de maux.

   Celui qui porte cette prière sur lui, ne sera pas atteint de l’épilepsie. Quand vous verrez tomber dans la rue une personne atteinte de ce mal, posez cette prière sur son côté droit et elle se relèvera joyeuse.

   Cette prière posée dans une maison protège de la foudre.

Celui qui lira cette prière ou se la fera lire tous les jours, sera prévenu par un signe trois jours avant sa mort.

   Celui qui écrit cette prière pour lui ou pour d’autres, « je le bénirai,  dit le seigneur, celui qui s’en moque ou la méprise sera puni.

Après ces utiles précisions, voici maintenant le texte même de cette prière que ma correspondant préconise de recopier à la main, sur une feuille que l’on replie ensuite dans un petit linge que l’on glisse enfin sous le bébé. 

«O Dieu tout puissant, vous qui avez subi la mort sur l’arbre patibulaire de la croix pour expier tous mes péchés.

     O Sainte-Croix de Jésus-Chrsit, soyez toujours avec moi.

     O Sainte-Croix de jésus-Christ, repoussez de moi toute arme tranchante.

     O Sainte-Croix de Jésus-Christ, préservez de moi tout accident corporel.

     O Sainte-Croix de Jésus-Christ, détournez de moi tout le mal.

     O Sainte-Croix de jésus-Christ, versez en moi tout bien afin que je puisse sauver mon âme.

     O Sainte-Croix de Jésus-Christ, éloignez de moi toute crainte de la mort et accordez-moi la vie éternelle.

     O Sainte-croix de Jésus-Christ, gardez-moi et faites que les esprits malins, tant visibles qu’invisibles, fuient devant moi, dès aujourd’hui et dans tous les siècles des siècles.

      Aussi vrai que jésus est né le jour de Noël, aussi vrai que Jésus a été circoncis, aussi vrai que Jésus a reçu les offrandes des trois Rois Mages, aussi vrai que Jésus a été crucifié le vendredi saint, aussi vrai que Joseph et Nicodème ont ôté Jésus de la croix et l’ont mis dans le sépulcre, aussi vrai que jésus est monté au ciel, de même qu‘il soit aussi vrai que Jésus me préserve et me préservera de tout attentat de mes ennemis, tant visibles qu’invisibles, dès aujourd’hui et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il !

      O Dieu tout puissant, sous la protection de + Jésus, Maria, Joachim, + Jésus, Maria, Anna, + Jésus, Maria, Joseph, je me remets entre vos mains. Ainsi soit-il !

      O seigneur, par l’amertume que vous avez soufferte pour moi sur la Sainte-Croix, principalement lorsque votre âme s’est séparée de votre corps, ayez pitié de mon âme, quand elle sera séparée de ce monde. Ainsi soit-il ! »

    Un grand merci à ma correspondante pour cet intéressant document mêlant, à la fois, piété populaire et folklore médical.  La semaine prochaine, grâce à une lectrice de Goesnes, je pourrai vous mentionner un autre moyen de se préserver des convulsions. En attendant, si vous possédez des informations sur ce sujet et, surtout, sur les moyens traditionnellement employés pour préserver les enfants de ce mal ; n’hésitez pas à m’écrire pour en faire profiter tout le monde. D’avance, un grand merci. 

La Petite Gazette du 8 novembre 2000

A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR

   Comme promis lors de notre précédente édition, je vous propose de découvrir la suite des informations recueillies à ce jour sur ce sujet. Tout d’abord, un intéressant renseignement que nous donne Madame Marguerite Pirsoul, de Goesnes. Je m’étonnais à ce propos que personne ne m’avait encore rappelé le culte à saint Ghislain, si populaire dans le cas des convulsions dans toute la Wallonie. Pour s’en convaincre, il suffit de constater le nombre de Ghislain ou Ghislaine déclarés à l’état-civil de nos communes, que ce soit d’ailleurs comme premier, deuxième ou troisième prénom. Ma correspondante signale qu’il est possible de s’adresser à Monsieur le curé de Saint-Ghislain, rue des martyrs, 3 à 7330 Saint-Ghislain chez qui il est possible de se procurer soit une médaille, soit un collier ; il est d’autres moyens préventifs, mais il est préférable de s’adresser à cette adresse, n’oubliez de joindre un timbre à toute demande.

Retrouvons maintenant la suite du très intéressant courrier que m’a transmis, à votre intention, Monsieur le Professeur émérite docteur Yvan Lebrun, de Champlon-Famenne.

« Jadis, le Gaillet jaune ou caille – lait avait la réputation d’être efficace contre l’épilepsie. On l’utilisait notamment à Tain-L’hermitage, petite localité de la vallée du Rhône, entre Lyon et Valence, où l’on préparait une potion appelée Le grand Remède et qu’il fallait absorber par une nuit de pleine lune. L’épilepsie était en effet souvent associée à la lune (si bien que le mot « lunatique » était plus d’une fois employé avec le sens d’épileptique !)

Les épileptiques étaient souvent aussi considérés comme possédés d’un démon. Les Evangiles racontent que le Christ guérit un garçon épileptique en l’exorcisant, c’est-à-dire en chassant de son corps l’esprit malfaisant qui l’occupait. Plusieurs saints sont censés avoir imité le Christ et avoir guéri des épileptiques par exorcisme.

On pourrait encore ajouter bien des détails relatifs à l’épilepsie et à son traitement, mais je craindrais d’être trop long, et c’est pourquoi j’arrêterai ici ma lettre, quitte à revenir sur le sujet, si d’aventure des lecteurs de la Petite Gazette souhaitaient davantage d’informations. »

Vous savez dès lors, toutes et tous, ce qu’il vous reste à faire si vous voulez en savoir davantage et profiter ainsi des connaissances de notre correspondant si bien documenté sur le sujet. Je me permets de préciser que tout ce qui touche à ce sujet intéresse M. le dr Lebrun et qu’il ne désespère pas, grâce à vos témoignages, de rassembler des renseignements qu’il ne possède pas encore. Alors, si vous savez quelque chose sur le sujet et les vieux remèdes mis en œuvre pour combattre cette maladie, à vos plumes s’il vous plaît.

La Petite Gazette du 22 novembre 2000

A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR

   Monsieur Roger Detry, de Marche-en-Famenne, nous convie à partager les résultats de la petite recherche qu’il a menée à ce sujet :

« Contre l’épilepsie, appelée aussi  « mal caduc » ou « haut mal », voici les remèdes populaires qui, selon les auteurs consultés (des médecins) ont donné des résultats. Quand il n’y a pas eu guérison, il y eut de très longues rémissions.

Remèdes de la Russie profonde appliquée par des guérisseuses :

  1. Elles versaient de l’eau dans un bol, prenaient du charbon de bois dans le four, soufflaient la suie du charbon de bois dans l’eau ainsi qu’un peu de ce charbon. Tournées vers une icône, elles récitaient avec foi la « prière du seigneur ». Immédiatement après, le patient était prié d’avaler trois gorgées de cette eau. Après onze jours de cette pratique, le douzième, elles recommençaient. La première séance arrêtait les crises, les autres étaient supposées apporter la guérison totale.
  2. Autre méthode populaire russe, mais qui, curieusement, se retrouve en France :

(en résumé) boire une eau vibrée au contact corporel d’une personne sujette à une grande peur. Exemple : la personne en question doit aller chercher une bouteille d’eau (eau quelconque) cachée dans ce but, dans un cimetière. Elle doit obligatoirement y aller seule et en pleine nuit. Il faut donc une personne qui aura peur. Il y a plusieurs variantes à ce procédé que l’on appelle « l’eau de frayeur ». »

La semaine prochaine, nous retrouverons ce correspondant et d’autres remèdes collectés.

En attendant, je vous engage à découvrir ce que m’a écrit à ce même sujet Madame Habsch, de Liège.

« Je n’habite pas là où Les Annonces sont distribuées, mais une personne aimable me les passe régulièrement, car La Petite Gazette m’intéresse beaucoup. C’est ainsi que je réponds à votre demande concernant les convulsions. Ma grand-mère paternelle, habitante de Septroux, un hameau d’Aywaille, faisait une neuvaine de prière à Notre Dame de Dieupart, église entre Aywaille et Sougné-Remouchamps, et demandait de présenter l’enfant à l’église, le dernier jour de la neuvaine. J’y ai eu recours pour mon aînée et ai été exaucée. Ma petite-fille n’a pas récidivé. « les prières ne vont pas au bois » dit le dicton populaire, cela ne coûte rien d’essayer. »

Il est toujours très intéressant de pouvoir compter sur des témoignages basés sur des expériences vécues et, pour cela, je remercie vivement madame Habsch.

La Petite Gazette du 29 novembre 2000

A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR

   Comme promis dans notre dernière édition, j’ai le plaisir de vous livrer la suite du courrier de Monsieur Roger Detry, de Marche-en-Famenne, qui a eu l’excellente idée de rechercher pour nous divers remèdes populaires destinés à guérir ou à espacer les crises de convulsion.

« Toujours en Russie, voici deux autres façon en usage :

  1. En cas de crise d’épilepsie, si la personne est étendue sur le sol, marcher sur un de ses auriculaires arrêterait la crise. Il y a peut-être là un rapport avec un méridien… ?
  2. Manger beaucoup d’oignons et, surtout, en boire le jus espaceraient les crises et les rendraient moins fortes.

En France, en médecine populaire, il existe notamment ceci en matière de mesure préventive contre les convulsions des petits enfants : on prend deux tubes contenant du mercure ; le plus grand (5 cm environ) est pendu au cou de la mère lorsque l’enfant commence à avoir les gencives agacées et le plus petit (3 cm environ) est à mettre au cou du bébé. L’un et l’autre resteront en place jusqu’au moment où l’enfant aura sa dernière dent de lait. »

Merci pour ces remèdes traditionnels de Russie et de France ; qui évoquera pour nous ce qui se pratiquait en nos contrées ? Quels étaient les remèdes en vigueur, les prières prononcées, les rituels respectés pour protéger ou pour soulager les enfants ?

Madame Olga Dessart Demonceau, de Neuville-en-Condroz, a consulté, dans sa bibliothèque, un ancien livre qui connut un phénoménal succès il y a quelques décennies : « Le Médecin des Pauvres » ; voici ce qu’elle y a relevé au sujet des convulsions et de l’épilepsie.

« Traitement spécial : pendant au moins un mois, faire prendre au malade, trois et même quatre fois par jour, une tasse de valériane additionnée d’une cuillerée à bouche de sédatif calmant anti-nerveux. Après chaque repas, une tasse de thé Peyronnet.

Le matin, au saut du lit, des graines de longue vie (N.D.L.R. déjà évoquée dans La Petite Gazette) . Prix de chaque boîte avec instructions : 2fr50. Le sédatif calmant anti-nerveux coûte franco 4fr75. Mandat ou timbres à MM. Féron et Beauvilard, directeurs-propriétaires de l’ancienne maison Peyronnet, 21 rue de Lyon et 32 rue Crémieux à Paris.

Traitement général :  1° Les repas doivent être simples et sans exitants. 2° Les légumes devront être très cuits. 3° Les petits repas intercalés devront être radicalement supprimés. Comme boisson, du vin blanc, léger, avec moitié eau, de la bière ou du lait ; pas de thé, pas de café.

Autre traitement spécial : Des milliers de personnes lui doivent leur guérison. Outre ce qui précède, avant chaque repas, boire un verre à Bordeaux de vin que l’on prépare avec le mélange tonique dans lequel on aura soin d’ajouter une cuillère à bouche de liqueur péruvienne. Dans les cas de grande surexcitation nerveuse, donner, matin et soir, une ou deux cuillerées à bouche de sédatif calmant anti-nerveux.

Nous expédions volontiers ces produits à toutes personnes qui veulent bien nous les demander. Prix : mélange tonique, franco 2fr75. Liqueur péruvienne, le flacon franco en gare : 3fr75. Sédatif calmant anti-nerveux, franco en gare 4fr75. A l’adresse déjà citée ci-dessus » Rappelons, c’est important, que ces informations proviennent d’un ouvrage en vogue au début du siècle !

Ma correspondante termine son courrier en interrogeant le docteur Lebrun et tous les lecteurs au sujet de la Nucléosine des Chartreux. Qui a déjà entendu parler de ce produit recommandé pour être fort et robuste ? J’attends vos réponses avec impatience.

La Petite Gazette du 20 décembre 2000

LES CONVULSIONS ET LES MOYENS DE S’EN PRESERVER

   Sous ce titre, nous avons, grâce à vous, récolté déjà de bien intéressantes informations. Vous vous passionnez pour ce sujet et vous vous montrez prolixes ; ne changez rien à cette excellente habitude.

Une aimable lectrice de Vielsalm vient compléter notre collection de remèdes :

« Contre les convulsions, on peut obtenir les colliers de l’enfant Jésus de Prague chez les religieuses de Tongres (rue du château d’eau à 3700 Tongres). Ce collier est mis au bébé à la naissance (nouer long !) et ne doit jamais être enlevé. L’enfant perdra ce collier tout seul. La petite fille de ma voisine l’a perdu à l’âge de quatre ans, on n’a jamais su où ! Il faut verser une petite contribution aux religieuses, il y a huit ans c’était 60F. J’ignore combien c’est aujourd’hui ! »

Merci Madame pour votre renseignement qui sera certainement utile à plus d’une lectrice et plus d’un lecteur.

Ma lectrice, qui nous a expliqué, il y a quelques mois, avoir des dons pour guérir, a, bien entendu, voulu contribuer à l’appel lancé dans cette rubrique ; voici ce qu’elle nous propose :

« Pour les convulsions, dans le temps passé, on mettait un petit sachet contenant du camphre sous l’oreiller de l’enfant ; on en épinglait également un à sa chemise. Pour ma part, poursuit-elle, quand je soigne un enfant nerveux, je fais des prières à saint Gilles, à sainte Ghislaine, sainte Geneviève et sainte Julienne. Il existe aussi un cordon qui est donné par des Sœurs en France ; je ne puis malheureusement remettre la main sur l’adresse où il faut s’adresser. »

Peut-être que quelqu’un, en lisant ces lignes, se rappellera posséder cette fameuse adresse…

Un grand merci à mes correspondantes pour leur utile contribution. Bientôt, dans ces colonnes, nous envisagerons les vertus du saindoux, employé en médecine populaire. Merci également à Mme Mathilde Verdin, de Verlaine Tohogne, et à M. Joseph Tonka pour la communication du remède recherché par Mme Habsch.

La Petite Gazette du 3 janvier 2001

A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR

   Ainsi que je le pressentais, ce sujet fait partie de ceux qui vous passionnent et à propos desquels vous souhaitez obtenir un maximum d’informations. Monsieur le Professeur émérite docteur Yvan Lebrun, de Champlon, a fait le même constat et nous ouvre, à nouveau, sa riche documentation sur le sujet :

« En plus du gaillet jaune ou caille-lait, mentionné dans ma précédente intervention, on avait recours jadis à une série d’autres plantes censées guérir ou prévenir l’épilepsie. Ainsi l’on utilisait des branches et feuilles de gui ; pour qu’elles fussent réellement efficaces, il fallait, disait-on, qu’elles aient été coupées sur un chêne à la nouvelle lune et qu’elles n’aient pas touché le sol avant leur utilisation.

Pour éviter les convulsions, on recommandait aussi les infusions de fleurs de la passion, de fleurs de thym serpolet ou de racines séchées de pétasite.

Depuis l’Antiquité, les décoctions de racines de pivoine passaient pour posséder des vertus anti-épileptiques. Afin de prévenir les convulsions, certains parents faisaient porter à leurs enfants un collier fait de graines ou de racines de pivoine. Celles-ci devaient avoir été récoltées par une nuit sans lune.

Comme ces traitements par les plantes n’apportaient, au mieux, qu’une amélioration passagère, les croyants priaient les saints pour obtenir une guérison définitive. En Wallonie, on implorait tout spécialement saint Ghislain. Dans le nord du pays, on demandait plus particulièrement l’intercession ou la protection de saint Corneille. Dans la Forêt de Soignes, près de Bruxelles, existe encore une petite chapelle dédiée à ce saint (en néerlandais : Cornelius). Un écriteau placé sur le devant de la chapelle dit : « st Corneille, pape et martyr, protecteur contre les crampes, la paralysie, l’épilepsie. »

convulsion

En attendant de découvrir d’autres informations dues à la plume experte du Dr Lebrun, je me fais son interprète pour vous demander de me faire parvenir, à son intention, tout ce que vous savez sur les multiples appellations dont on se servait, dans les divers patois de Wallonie, pour désigner le mal caduc ou la male passion ou encore le mal sacré, c’est-à-dire l’épilepsie.

La Petite Gazette du 10 janvier 2001

A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR

    Comme promis dans notre édition précédente, nous nous plongerons dans les propos de M. le professeur émérite Dr Yvan Lebrun, de Champlon, qui a la gentillesse de nous ouvrir largement sa documentation relative aux convulsions et à l’épilepsie ;

« On avait aussi recours à l’hellebore. Il semble que cette plante ait surtout été utilisée comme vomitif ou purgatif. On cherchait par ce moyen à débarrasser le malade d’un excès de phelgme, que l’on tenait pour responsable des crises d’épilepsie. Le phlegme était, dans la pensée médiévale, l’une des quatre humeurs ou fluides essentiels du corps humain. Ces humeurs devaient être présentes dans des proportions bien définies. Tout excès de l’une d’elles risquait d’entraîner des maladies. Une quantité anormalement élevée de phlegme provoquait, croyait-on, les crises d’épilepsie.

Au Grand duché de Luxembourg, et plus spécialement à Echternach, on invoquait saint Wilibrord, un moine irlandais qui avait fondé le monastère que nous connaissons encore. Dans certaines régions de France, on implorait saint Jean ; l’épilepsie y était d’ailleurs souvent appelée « mal (de) Saint-Jean ». Mon éminent correspondant conclut son courrier en vous lançant un appel : « J’aimerais beaucoup savoir, m’écrit-il, de quelles appellations on se servait, dans les divers patois de Wallonie, pour désigner le mal caduc ou la male passion ou encore le mal sacré, c’est-à-dire l’épilepsie. En fin, je ne connais malheureusement pas la nucléosine des Chartreux à propos de laquelle Mme Dessart Demonceau aimerait obtenir des indications. »

J’espère de tout cœur que les lectrices et les lecteurs de La Petite Gazette (je pense particulièrement à M. Lamborelle et à ses collaborateurs) pourront venir en aide à  M. le Dr Lebrun.

Mme Mathieu-Dessart, de Modave, vient de me contacter à nouveau pour m’apporter quelques éléments précisant le moyen d’obtenir le cordon préservant les enfants des convulsions et dont elle nous parlait il y a quelque temps. Il suffirait d’écrire, de la part de Mme Warnotte, de Miécret, à cette fin à l’adresse suivante : aux Sœurs de l’Hospice des Hauts Buts, 08800 France. (N.D.L.R. J’aimerais néanmoins, si c’était possible, que quelqu’un me confirme cette adresse qui me semble incomplète).

La Petite Gazette du 7 février 2001

A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR…

    Grâce à vous, nous avons établi une ébauche d’inventaire de  moyens curatifs ou préventifs mis en œuvre en cas de convulsions ; nous avons également beaucoup parlé d’épilepsie. Parmi les renseignements glanés, certains étaient incomplets et, là encre, vous avez cherché à nous aider au mieux en essayant de découvrir les informations manquantes. Monsieur Michel Riga, d’Aywaille, vient au secours de Mme Mathieu-Dessart : « Je me suis renseigné sur place à l’Hospice des Hauts Butés, dans les Ardennes françaises. L’adresse exacte se trouve être :

Hospice des Hauts Butés

Les Hauts Butés

F – 08800 Monthermé

   Malheureusement les sœurs ont quitté l’établissement qui est, actuellement, une maison de retraite privée. »

J’avais, par ailleurs, reçu, précisément de Mme Mathieu-Dessart, le numéro de téléphone de l’établissement, mais au vu de ce qui précède, il ne me semble pas utile de le mentionner dans ces colonnes. D’autant plus que M. Riga me signale qu’il a laissé ses coordonnées sur place et que s’il  reçoit la nouvelle adresse de ces Sœurs, il ne manquera pas d’en tenir informés les lecteurs de La Petite Gazette. Un grand merci pour tous ces efforts consentis. Selon les renseignements obtenus par Mme Mathieu-Dessart auprès de Mme Warnotte, de Miécret, les Sœurs qui s’occupaient, autrefois, de cet hospice étaient des Sœurs de l’Assomption.

    Dans un domaine très proche, il vous avait été demandé de nous aider à recenser les appellations wallonnes utilisées pour désigner l’épilepsie. Monsieur Lamborelle n’a pas été long à répondre à cette question. Il est vrai qu’elle est tout à fait dans ses cordes !

« A Bastogne et à Houffalize, on dit « toumer dins on mâ » ou « toumer dins l’mâ di sint djîle » ; dans le Namurois, on utilise les expressions suivantes : « tchaîr dins on mau » ou « tchaîr dins on saqwè » ou encore « awè li mau sint djîle ». A Liège, on dirait plutôt : « toumer d’on mâ » ou « toumer di grand mâ » ou « toumer di mâ d’sint » ou encore « toumer d’on mâ » ou enfin « toumer di s’maclote ».

LE REMEDE DE WERIS

La Petite Gazette du 12 mars 2013

Madame Anne-Marie De Grave évoque ici un remède dont, jusqu’à ce jour, je n’avais jamais entendu parler… Le connaissez-vous ?

En parcourant La Petite Gazette, je repense à un vieux remède que maman nous donnait souvent en hiver lorsque nous étions enfants (j’ai 64 ans): “le remède de Wéris”.

C’était une petite bouteille contenant un liquide brun foncé. Pas vraiment mauvais. C’était à base de fer, mais que contenait-il d’autre ?

Nous avions alors une femme d’ouvrage venant de Wéris en Vespa, été comme hiver, jusqu’à Barvaux où nous habitions. Elle s’appelait Armande et son nom de famille, je pense Jacob. C’était une très gentille dame, elle était célibataire et vivait avec sa sœur. C’est probablement par elle que nous obtenions ce remède. »

Ma correspondante aimerait savoir si d’autres lecteurs ont des souvenirs à propos de ce remède de Wéris et s’ils auront la gentillesse d’en parler.

Madame de Grave se souvient également de la présence à Wéris d’un “rebouteux” Monsieur L. Il travaillait avec un pendule et donnait des remèdes homéopathiques, mais elle ne sait pas s’il vit toujours et s’il exerce encore.

Vous avez combien, comme vous, ce genre d’informations m’intéressent. Aussi, vous savez que vous pouvez me dire tout ce que savez à propos de ces pratiques de médecine populaire et sur ceux qui la pratiquent « sègneûs », « r’pougneûs » et  rebouteux de toute sorte.

La Petite Gazette du 26 mars 2013

LE REMEDE DE WERIS SERAIT PLUTÔT LE REMEDE D’OPPAGNE

Madame Julia Fournaise, de Bomal s/O, a été très prompte à répondre à Mme De Grave à propos du remède qu’elle évoquait :

« Pour répondre concernant le remède de Wéris, je n’en ai jamais entendu parler. Mais on vendait au magasin Debras à Bomal s/O et je pense à la pharmacie, la bouteille d’Oppagne. J’en ai moi-même acheté pour mes enfants. Si mes souvenirs sont bons, on disait que c’était le remède contre la fièvre lente. »

Madame Lambert intervient à son tour :

« Il y avait bien une Melle Armande Jacob à Wéris, qui est décédée il y a déjà quelques années.

Concernant le remède de Wéris dit  ‘’po l’fîvelêne ‘’ ou pour la fièvre lente;

Ce remède était destiné à donner un coup de fouet à des enfants lymphatiques (ou comme disaient nos ainés ‘’qui ont fîvelêne ‘’) ou après une opération, quand on a un coup de mou.

Ce remède était entre les mains de 2 dames l’une au Pas Bayard et l’autre à Oppagne , villages voisins de Wéris .

Ce remède était composé de plusieurs ingrédients,  qui devaient macérer plusieurs jours avec une certaine technique.     On en retirait alors un sirop qui était stocké dans des bouteilles.

Quand quelqu’un allait chercher le remède, une certaine quantité de ce sirop (peut-être quelques gouttes seulement, parce que les flacons étaient petits) était  mis dans le flacon et dilué avec du malaga.

Ces deux dames sont maintenant décédées.»

Un grand merci pour ces précisions et informations. Si dans votre coin aussi un remède spécifique a existé, existe encore, c’est évidemment avec grand intérêt que nous recevrions des renseignements à son propos.