La Petite Gazette du 18 octobre 2000
OU PEUT-ON SE PROCURER LE SCAPULAIRE PREVENANT LES CONVULSIONS ?
Voilà la question que vous posait, il y a très peu de temps, Madame Solange Godfroid, de Poulseur, et j’ai presque envie de dire que, comme d’habitude, la réponse m’est déjà parvenue. En effet, Madame Anne-Marie Anciaux, de Hargimont, Madame Marie Orban, de Hampteau, Madame Lincé, de Havelange signalent que l’adresse et le nom recherchés par cette lectrice de Poulseur sont : Madame la Baronne de Fontbarré, château de Fumal à Fumal. Un grand merci à toutes les trois.
Dans le prolongement de cette demande, je vous demandais de me parler de tous les remèdes ou de tous les moyens préventifs que vous connaissiez à propos des convulsions ; permettez-moi d’insister sur ce souhait, car je sais qu’il y a des tas et des tas de choses à apprendre à ce sujet.
La Petite Gazette du 31 octobre 2000
A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR
Ainsi que je le supposais bien, vous êtes nombreux à réagir au sujet des convulsions et du moyen de les prévenir. Il s’agit évidemment d’un sujet qui a intrigué, qui intrigue encore, de très nombreux parents.
C’est ainsi que j’ai eu l’immense plaisir d’enregistrer les réactions de M. le Professeur émérite Docteur Yvan Lebrun, de Champlon-Famenne, qui, lui aussi, s’est passionné pour ce sujet :
« Je crois pouvoir apporter des éléments de réponse à la question relative aux remèdes contre les convulsions et plus généralement contre l’épilepsie. Jadis, le sang était censé aider les épileptiques à guérir. C’est pourquoi, chez les Romains, les épileptiques étaient autorisés à boire le sang des gladiateurs morts dans l’arène. Au moyen âge, pour se protéger de l’épilepsie, on portait sur soi un morceau de parchemin sur lequel on avait écrit, avec du sang, le nom d’un des saints souvent invoqués contre la maladie.
Parmi les saints que l’on priait pour être guéri ou se prémunir de l’épilepsie figurait saint Leu ( ou Loup) dont il a été plusieurs fois fait mention dans La Petite Gazette.
Comme l’épilepsie passait – à tort – pour être une maladie contagieuse, les Romains avaient pour habitude de planter un morceau de fer à l’endroit où un épileptique venait d’avoir une crise . Le métal était censé fixer la maladie au sol et l’empêcher d’atteindre d’autres personnes. Souvent aussi, on crachait sur les épileptiques pour éviter la contagion. L’épileptique était, pour cette raison, appelée, en latin, morbus insputatus, (= la maladie sur laquelle on crache).
Les rois d’Angleterre passaient pour posséder un certain pouvoir contre l’épilepsie (tout comme les rois de France étaient censés pouvoir guérir les écrouelles le jour de leur sacre). Le vendredi saint, le roi d’Angleterre bénissait des anneaux qui étaient ensuite portés par ceux qui souffraient d’épilepsie ou cherchaient à s’en protéger. Ces anneaux portaient le nom de cramp rings, littéralement « anneaux à crampes », le mot « crampes » étant souvent utilisé, au moyen âge, pour désigner les convulsions. »
La semaine prochaine, nous retrouverons notre correspondant si bien documenté pour découvrir la suite de ses informations sur le sujet.
Suite à la demande formulée dans ces colonnes par Mme Godefroid, de Poulseur, j’ai encore reçu les courriers de Monsieur Gaston Remacle, d’Ocquier, et de Monsieur Georges Collard, de Flostoy, qui ont la gentillesse de confirmer l’adresse de Madame la Baronne de Fontbaré, thier Moson, 4 à 4260 Fumal et de préciser qu’il convient de joindre à toute demande une enveloppe timbrée et pré-adressée. Madame Edmée Kerfs, de Havelange, a fait de même, mais, en plus, elle signale l’existence d’un autre scapulaire qui, m’écrit-elle, « pourrait venir en aide à d’autres mamans ».
Elle joint à son courrier tout ce qu’elle a réuni sur le sujet :
Oraison de Charlemagne
Cette prière, s’il faut en croire une antique tradition, a été trouvée dans le sépulcre même de Notre Seigneur Jésus-Christ, et envoyée en l’an 902 par le pape Léon III à l’empereur Charlemagne, quand il partit avec son armée pour combattre ses ennemis. Elle était écrite sur parchemin en lettres d’or, et longtemps, elle fut conservée précieusement à l’abbaye Saint-Michel de France. Peut-être l’y retrouverait-on encore !
Quiconque lit cette prière, l’entend lire, ou la porte sur lui, ne mourra pas subitement, ne se noiera ni ne se brûlera, aucun venin ne l’empoisonnera, il ne tombera pas entre les mains de ses ennemis et il ne sera pas vaincu par eux dans les batailles.
Quand une femme se trouve dans les douleurs de l’enfantement, qu’elle dise cette prière, ou qu’elle l’entende lire, ou qu’elle la porte sur elle, elle se trouvera promptement délivrée et sera toujours tendre mère.
Dès que l’enfant sera né, posez cette prière sur son côté droit et il sera préservé de beaucoup de maux.
Celui qui porte cette prière sur lui, ne sera pas atteint de l’épilepsie. Quand vous verrez tomber dans la rue une personne atteinte de ce mal, posez cette prière sur son côté droit et elle se relèvera joyeuse.
Cette prière posée dans une maison protège de la foudre.
Celui qui lira cette prière ou se la fera lire tous les jours, sera prévenu par un signe trois jours avant sa mort.
Celui qui écrit cette prière pour lui ou pour d’autres, « je le bénirai, dit le seigneur, celui qui s’en moque ou la méprise sera puni.
Après ces utiles précisions, voici maintenant le texte même de cette prière que ma correspondant préconise de recopier à la main, sur une feuille que l’on replie ensuite dans un petit linge que l’on glisse enfin sous le bébé.
«O Dieu tout puissant, vous qui avez subi la mort sur l’arbre patibulaire de la croix pour expier tous mes péchés.
O Sainte-Croix de Jésus-Chrsit, soyez toujours avec moi.
O Sainte-Croix de jésus-Christ, repoussez de moi toute arme tranchante.
O Sainte-Croix de Jésus-Christ, préservez de moi tout accident corporel.
O Sainte-Croix de Jésus-Christ, détournez de moi tout le mal.
O Sainte-Croix de jésus-Christ, versez en moi tout bien afin que je puisse sauver mon âme.
O Sainte-Croix de Jésus-Christ, éloignez de moi toute crainte de la mort et accordez-moi la vie éternelle.
O Sainte-croix de Jésus-Christ, gardez-moi et faites que les esprits malins, tant visibles qu’invisibles, fuient devant moi, dès aujourd’hui et dans tous les siècles des siècles.
Aussi vrai que jésus est né le jour de Noël, aussi vrai que Jésus a été circoncis, aussi vrai que Jésus a reçu les offrandes des trois Rois Mages, aussi vrai que Jésus a été crucifié le vendredi saint, aussi vrai que Joseph et Nicodème ont ôté Jésus de la croix et l’ont mis dans le sépulcre, aussi vrai que jésus est monté au ciel, de même qu‘il soit aussi vrai que Jésus me préserve et me préservera de tout attentat de mes ennemis, tant visibles qu’invisibles, dès aujourd’hui et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il !
O Dieu tout puissant, sous la protection de + Jésus, Maria, Joachim, + Jésus, Maria, Anna, + Jésus, Maria, Joseph, je me remets entre vos mains. Ainsi soit-il !
O seigneur, par l’amertume que vous avez soufferte pour moi sur la Sainte-Croix, principalement lorsque votre âme s’est séparée de votre corps, ayez pitié de mon âme, quand elle sera séparée de ce monde. Ainsi soit-il ! »
Un grand merci à ma correspondante pour cet intéressant document mêlant, à la fois, piété populaire et folklore médical. La semaine prochaine, grâce à une lectrice de Goesnes, je pourrai vous mentionner un autre moyen de se préserver des convulsions. En attendant, si vous possédez des informations sur ce sujet et, surtout, sur les moyens traditionnellement employés pour préserver les enfants de ce mal ; n’hésitez pas à m’écrire pour en faire profiter tout le monde. D’avance, un grand merci.
La Petite Gazette du 8 novembre 2000
A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR
Comme promis lors de notre précédente édition, je vous propose de découvrir la suite des informations recueillies à ce jour sur ce sujet. Tout d’abord, un intéressant renseignement que nous donne Madame Marguerite Pirsoul, de Goesnes. Je m’étonnais à ce propos que personne ne m’avait encore rappelé le culte à saint Ghislain, si populaire dans le cas des convulsions dans toute la Wallonie. Pour s’en convaincre, il suffit de constater le nombre de Ghislain ou Ghislaine déclarés à l’état-civil de nos communes, que ce soit d’ailleurs comme premier, deuxième ou troisième prénom. Ma correspondante signale qu’il est possible de s’adresser à Monsieur le curé de Saint-Ghislain, rue des martyrs, 3 à 7330 Saint-Ghislain chez qui il est possible de se procurer soit une médaille, soit un collier ; il est d’autres moyens préventifs, mais il est préférable de s’adresser à cette adresse, n’oubliez de joindre un timbre à toute demande.
Retrouvons maintenant la suite du très intéressant courrier que m’a transmis, à votre intention, Monsieur le Professeur émérite docteur Yvan Lebrun, de Champlon-Famenne.
« Jadis, le Gaillet jaune ou caille – lait avait la réputation d’être efficace contre l’épilepsie. On l’utilisait notamment à Tain-L’hermitage, petite localité de la vallée du Rhône, entre Lyon et Valence, où l’on préparait une potion appelée Le grand Remède et qu’il fallait absorber par une nuit de pleine lune. L’épilepsie était en effet souvent associée à la lune (si bien que le mot « lunatique » était plus d’une fois employé avec le sens d’épileptique !)
Les épileptiques étaient souvent aussi considérés comme possédés d’un démon. Les Evangiles racontent que le Christ guérit un garçon épileptique en l’exorcisant, c’est-à-dire en chassant de son corps l’esprit malfaisant qui l’occupait. Plusieurs saints sont censés avoir imité le Christ et avoir guéri des épileptiques par exorcisme.
On pourrait encore ajouter bien des détails relatifs à l’épilepsie et à son traitement, mais je craindrais d’être trop long, et c’est pourquoi j’arrêterai ici ma lettre, quitte à revenir sur le sujet, si d’aventure des lecteurs de la Petite Gazette souhaitaient davantage d’informations. »
Vous savez dès lors, toutes et tous, ce qu’il vous reste à faire si vous voulez en savoir davantage et profiter ainsi des connaissances de notre correspondant si bien documenté sur le sujet. Je me permets de préciser que tout ce qui touche à ce sujet intéresse M. le dr Lebrun et qu’il ne désespère pas, grâce à vos témoignages, de rassembler des renseignements qu’il ne possède pas encore. Alors, si vous savez quelque chose sur le sujet et les vieux remèdes mis en œuvre pour combattre cette maladie, à vos plumes s’il vous plaît.
La Petite Gazette du 22 novembre 2000
A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR
Monsieur Roger Detry, de Marche-en-Famenne, nous convie à partager les résultats de la petite recherche qu’il a menée à ce sujet :
« Contre l’épilepsie, appelée aussi « mal caduc » ou « haut mal », voici les remèdes populaires qui, selon les auteurs consultés (des médecins) ont donné des résultats. Quand il n’y a pas eu guérison, il y eut de très longues rémissions.
Remèdes de la Russie profonde appliquée par des guérisseuses :
- Elles versaient de l’eau dans un bol, prenaient du charbon de bois dans le four, soufflaient la suie du charbon de bois dans l’eau ainsi qu’un peu de ce charbon. Tournées vers une icône, elles récitaient avec foi la « prière du seigneur ». Immédiatement après, le patient était prié d’avaler trois gorgées de cette eau. Après onze jours de cette pratique, le douzième, elles recommençaient. La première séance arrêtait les crises, les autres étaient supposées apporter la guérison totale.
- Autre méthode populaire russe, mais qui, curieusement, se retrouve en France :
(en résumé) boire une eau vibrée au contact corporel d’une personne sujette à une grande peur. Exemple : la personne en question doit aller chercher une bouteille d’eau (eau quelconque) cachée dans ce but, dans un cimetière. Elle doit obligatoirement y aller seule et en pleine nuit. Il faut donc une personne qui aura peur. Il y a plusieurs variantes à ce procédé que l’on appelle « l’eau de frayeur ». »
La semaine prochaine, nous retrouverons ce correspondant et d’autres remèdes collectés.
En attendant, je vous engage à découvrir ce que m’a écrit à ce même sujet Madame Habsch, de Liège.
« Je n’habite pas là où Les Annonces sont distribuées, mais une personne aimable me les passe régulièrement, car La Petite Gazette m’intéresse beaucoup. C’est ainsi que je réponds à votre demande concernant les convulsions. Ma grand-mère paternelle, habitante de Septroux, un hameau d’Aywaille, faisait une neuvaine de prière à Notre Dame de Dieupart, église entre Aywaille et Sougné-Remouchamps, et demandait de présenter l’enfant à l’église, le dernier jour de la neuvaine. J’y ai eu recours pour mon aînée et ai été exaucée. Ma petite-fille n’a pas récidivé. « les prières ne vont pas au bois » dit le dicton populaire, cela ne coûte rien d’essayer. »
Il est toujours très intéressant de pouvoir compter sur des témoignages basés sur des expériences vécues et, pour cela, je remercie vivement madame Habsch.
La Petite Gazette du 29 novembre 2000
A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR
Comme promis dans notre dernière édition, j’ai le plaisir de vous livrer la suite du courrier de Monsieur Roger Detry, de Marche-en-Famenne, qui a eu l’excellente idée de rechercher pour nous divers remèdes populaires destinés à guérir ou à espacer les crises de convulsion.
« Toujours en Russie, voici deux autres façon en usage :
- En cas de crise d’épilepsie, si la personne est étendue sur le sol, marcher sur un de ses auriculaires arrêterait la crise. Il y a peut-être là un rapport avec un méridien… ?
- Manger beaucoup d’oignons et, surtout, en boire le jus espaceraient les crises et les rendraient moins fortes.
En France, en médecine populaire, il existe notamment ceci en matière de mesure préventive contre les convulsions des petits enfants : on prend deux tubes contenant du mercure ; le plus grand (5 cm environ) est pendu au cou de la mère lorsque l’enfant commence à avoir les gencives agacées et le plus petit (3 cm environ) est à mettre au cou du bébé. L’un et l’autre resteront en place jusqu’au moment où l’enfant aura sa dernière dent de lait. »
Merci pour ces remèdes traditionnels de Russie et de France ; qui évoquera pour nous ce qui se pratiquait en nos contrées ? Quels étaient les remèdes en vigueur, les prières prononcées, les rituels respectés pour protéger ou pour soulager les enfants ?
Madame Olga Dessart Demonceau, de Neuville-en-Condroz, a consulté, dans sa bibliothèque, un ancien livre qui connut un phénoménal succès il y a quelques décennies : « Le Médecin des Pauvres » ; voici ce qu’elle y a relevé au sujet des convulsions et de l’épilepsie.
« Traitement spécial : pendant au moins un mois, faire prendre au malade, trois et même quatre fois par jour, une tasse de valériane additionnée d’une cuillerée à bouche de sédatif calmant anti-nerveux. Après chaque repas, une tasse de thé Peyronnet.
Le matin, au saut du lit, des graines de longue vie (N.D.L.R. déjà évoquée dans La Petite Gazette) . Prix de chaque boîte avec instructions : 2fr50. Le sédatif calmant anti-nerveux coûte franco 4fr75. Mandat ou timbres à MM. Féron et Beauvilard, directeurs-propriétaires de l’ancienne maison Peyronnet, 21 rue de Lyon et 32 rue Crémieux à Paris.
Traitement général : 1° Les repas doivent être simples et sans exitants. 2° Les légumes devront être très cuits. 3° Les petits repas intercalés devront être radicalement supprimés. Comme boisson, du vin blanc, léger, avec moitié eau, de la bière ou du lait ; pas de thé, pas de café.
Autre traitement spécial : Des milliers de personnes lui doivent leur guérison. Outre ce qui précède, avant chaque repas, boire un verre à Bordeaux de vin que l’on prépare avec le mélange tonique dans lequel on aura soin d’ajouter une cuillère à bouche de liqueur péruvienne. Dans les cas de grande surexcitation nerveuse, donner, matin et soir, une ou deux cuillerées à bouche de sédatif calmant anti-nerveux.
Nous expédions volontiers ces produits à toutes personnes qui veulent bien nous les demander. Prix : mélange tonique, franco 2fr75. Liqueur péruvienne, le flacon franco en gare : 3fr75. Sédatif calmant anti-nerveux, franco en gare 4fr75. A l’adresse déjà citée ci-dessus » Rappelons, c’est important, que ces informations proviennent d’un ouvrage en vogue au début du siècle !
Ma correspondante termine son courrier en interrogeant le docteur Lebrun et tous les lecteurs au sujet de la Nucléosine des Chartreux. Qui a déjà entendu parler de ce produit recommandé pour être fort et robuste ? J’attends vos réponses avec impatience.
La Petite Gazette du 20 décembre 2000
LES CONVULSIONS ET LES MOYENS DE S’EN PRESERVER
Sous ce titre, nous avons, grâce à vous, récolté déjà de bien intéressantes informations. Vous vous passionnez pour ce sujet et vous vous montrez prolixes ; ne changez rien à cette excellente habitude.
Une aimable lectrice de Vielsalm vient compléter notre collection de remèdes :
« Contre les convulsions, on peut obtenir les colliers de l’enfant Jésus de Prague chez les religieuses de Tongres (rue du château d’eau à 3700 Tongres). Ce collier est mis au bébé à la naissance (nouer long !) et ne doit jamais être enlevé. L’enfant perdra ce collier tout seul. La petite fille de ma voisine l’a perdu à l’âge de quatre ans, on n’a jamais su où ! Il faut verser une petite contribution aux religieuses, il y a huit ans c’était 60F. J’ignore combien c’est aujourd’hui ! »
Merci Madame pour votre renseignement qui sera certainement utile à plus d’une lectrice et plus d’un lecteur.
Ma lectrice, qui nous a expliqué, il y a quelques mois, avoir des dons pour guérir, a, bien entendu, voulu contribuer à l’appel lancé dans cette rubrique ; voici ce qu’elle nous propose :
« Pour les convulsions, dans le temps passé, on mettait un petit sachet contenant du camphre sous l’oreiller de l’enfant ; on en épinglait également un à sa chemise. Pour ma part, poursuit-elle, quand je soigne un enfant nerveux, je fais des prières à saint Gilles, à sainte Ghislaine, sainte Geneviève et sainte Julienne. Il existe aussi un cordon qui est donné par des Sœurs en France ; je ne puis malheureusement remettre la main sur l’adresse où il faut s’adresser. »
Peut-être que quelqu’un, en lisant ces lignes, se rappellera posséder cette fameuse adresse…
Un grand merci à mes correspondantes pour leur utile contribution. Bientôt, dans ces colonnes, nous envisagerons les vertus du saindoux, employé en médecine populaire. Merci également à Mme Mathilde Verdin, de Verlaine Tohogne, et à M. Joseph Tonka pour la communication du remède recherché par Mme Habsch.
La Petite Gazette du 3 janvier 2001
A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR
Ainsi que je le pressentais, ce sujet fait partie de ceux qui vous passionnent et à propos desquels vous souhaitez obtenir un maximum d’informations. Monsieur le Professeur émérite docteur Yvan Lebrun, de Champlon, a fait le même constat et nous ouvre, à nouveau, sa riche documentation sur le sujet :
« En plus du gaillet jaune ou caille-lait, mentionné dans ma précédente intervention, on avait recours jadis à une série d’autres plantes censées guérir ou prévenir l’épilepsie. Ainsi l’on utilisait des branches et feuilles de gui ; pour qu’elles fussent réellement efficaces, il fallait, disait-on, qu’elles aient été coupées sur un chêne à la nouvelle lune et qu’elles n’aient pas touché le sol avant leur utilisation.
Pour éviter les convulsions, on recommandait aussi les infusions de fleurs de la passion, de fleurs de thym serpolet ou de racines séchées de pétasite.
Depuis l’Antiquité, les décoctions de racines de pivoine passaient pour posséder des vertus anti-épileptiques. Afin de prévenir les convulsions, certains parents faisaient porter à leurs enfants un collier fait de graines ou de racines de pivoine. Celles-ci devaient avoir été récoltées par une nuit sans lune.
Comme ces traitements par les plantes n’apportaient, au mieux, qu’une amélioration passagère, les croyants priaient les saints pour obtenir une guérison définitive. En Wallonie, on implorait tout spécialement saint Ghislain. Dans le nord du pays, on demandait plus particulièrement l’intercession ou la protection de saint Corneille. Dans la Forêt de Soignes, près de Bruxelles, existe encore une petite chapelle dédiée à ce saint (en néerlandais : Cornelius). Un écriteau placé sur le devant de la chapelle dit : « st Corneille, pape et martyr, protecteur contre les crampes, la paralysie, l’épilepsie. »

En attendant de découvrir d’autres informations dues à la plume experte du Dr Lebrun, je me fais son interprète pour vous demander de me faire parvenir, à son intention, tout ce que vous savez sur les multiples appellations dont on se servait, dans les divers patois de Wallonie, pour désigner le mal caduc ou la male passion ou encore le mal sacré, c’est-à-dire l’épilepsie.
La Petite Gazette du 10 janvier 2001
A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR
Comme promis dans notre édition précédente, nous nous plongerons dans les propos de M. le professeur émérite Dr Yvan Lebrun, de Champlon, qui a la gentillesse de nous ouvrir largement sa documentation relative aux convulsions et à l’épilepsie ;
« On avait aussi recours à l’hellebore. Il semble que cette plante ait surtout été utilisée comme vomitif ou purgatif. On cherchait par ce moyen à débarrasser le malade d’un excès de phelgme, que l’on tenait pour responsable des crises d’épilepsie. Le phlegme était, dans la pensée médiévale, l’une des quatre humeurs ou fluides essentiels du corps humain. Ces humeurs devaient être présentes dans des proportions bien définies. Tout excès de l’une d’elles risquait d’entraîner des maladies. Une quantité anormalement élevée de phlegme provoquait, croyait-on, les crises d’épilepsie.
Au Grand duché de Luxembourg, et plus spécialement à Echternach, on invoquait saint Wilibrord, un moine irlandais qui avait fondé le monastère que nous connaissons encore. Dans certaines régions de France, on implorait saint Jean ; l’épilepsie y était d’ailleurs souvent appelée « mal (de) Saint-Jean ». Mon éminent correspondant conclut son courrier en vous lançant un appel : « J’aimerais beaucoup savoir, m’écrit-il, de quelles appellations on se servait, dans les divers patois de Wallonie, pour désigner le mal caduc ou la male passion ou encore le mal sacré, c’est-à-dire l’épilepsie. En fin, je ne connais malheureusement pas la nucléosine des Chartreux à propos de laquelle Mme Dessart Demonceau aimerait obtenir des indications. »
J’espère de tout cœur que les lectrices et les lecteurs de La Petite Gazette (je pense particulièrement à M. Lamborelle et à ses collaborateurs) pourront venir en aide à M. le Dr Lebrun.
Mme Mathieu-Dessart, de Modave, vient de me contacter à nouveau pour m’apporter quelques éléments précisant le moyen d’obtenir le cordon préservant les enfants des convulsions et dont elle nous parlait il y a quelque temps. Il suffirait d’écrire, de la part de Mme Warnotte, de Miécret, à cette fin à l’adresse suivante : aux Sœurs de l’Hospice des Hauts Buts, 08800 France. (N.D.L.R. J’aimerais néanmoins, si c’était possible, que quelqu’un me confirme cette adresse qui me semble incomplète).
La Petite Gazette du 7 février 2001
A PROPOS DES CONVULSIONS ET DU MOYEN DE LES PREVENIR…
Grâce à vous, nous avons établi une ébauche d’inventaire de moyens curatifs ou préventifs mis en œuvre en cas de convulsions ; nous avons également beaucoup parlé d’épilepsie. Parmi les renseignements glanés, certains étaient incomplets et, là encre, vous avez cherché à nous aider au mieux en essayant de découvrir les informations manquantes. Monsieur Michel Riga, d’Aywaille, vient au secours de Mme Mathieu-Dessart : « Je me suis renseigné sur place à l’Hospice des Hauts Butés, dans les Ardennes françaises. L’adresse exacte se trouve être :
Hospice des Hauts Butés
Les Hauts Butés
F – 08800 Monthermé
Malheureusement les sœurs ont quitté l’établissement qui est, actuellement, une maison de retraite privée. »
J’avais, par ailleurs, reçu, précisément de Mme Mathieu-Dessart, le numéro de téléphone de l’établissement, mais au vu de ce qui précède, il ne me semble pas utile de le mentionner dans ces colonnes. D’autant plus que M. Riga me signale qu’il a laissé ses coordonnées sur place et que s’il reçoit la nouvelle adresse de ces Sœurs, il ne manquera pas d’en tenir informés les lecteurs de La Petite Gazette. Un grand merci pour tous ces efforts consentis. Selon les renseignements obtenus par Mme Mathieu-Dessart auprès de Mme Warnotte, de Miécret, les Sœurs qui s’occupaient, autrefois, de cet hospice étaient des Sœurs de l’Assomption.
Dans un domaine très proche, il vous avait été demandé de nous aider à recenser les appellations wallonnes utilisées pour désigner l’épilepsie. Monsieur Lamborelle n’a pas été long à répondre à cette question. Il est vrai qu’elle est tout à fait dans ses cordes !
« A Bastogne et à Houffalize, on dit « toumer dins on mâ » ou « toumer dins l’mâ di sint djîle » ; dans le Namurois, on utilise les expressions suivantes : « tchaîr dins on mau » ou « tchaîr dins on saqwè » ou encore « awè li mau sint djîle ». A Liège, on dirait plutôt : « toumer d’on mâ » ou « toumer di grand mâ » ou « toumer di mâ d’sint » ou encore « toumer d’on mâ » ou enfin « toumer di s’maclote ».