La Petite Gazette du 27 mai 2009
Voici une histoire comme on les aime dans La Petite Gazette, avec tout ce qu’il faut d’insolite pour la pimenter… Merci à M. Roufosse de me permettre de vous la présenter, agrémentée d’intéressantes illustrations.
« Dans un petit ouvrage paru en 1947, le Père Lucien Hoornaert, professeur au Collège de Mons, retrace la vie de Vital Prélat, né en 1862 et qui sera Révérend Curé de Berzée de 1902 à 1945.
A l’âge de 27 ans, le religieux va commencer sa vie sacerdotale au poste de vicaire à Marche-en-Famenne. C’est ici que l’auteur du livre ouvre une parenthèse d’une dizaine de pages sur un épisode de la vie de Vital Prélat qu’il appelle «Les affaires de Marche» et que, précise-t-il, il aurait préféré passer sous silence, mais qu’il décida tout de même à reproduire, suite aux confidences directes de personnes dignes de foi, lesquelles lui furent faites en août 1941.
Or donc, dès son arrivée à Marche le 7 septembre 1889, le jeune vicaire prend logement chez les époux Paul Renson-Lessuisse, négociants, au 33 de la rue Dupont. Ce foyer comptait plusieurs enfants dont deux embrasseront plus tard la vie religieuse. Les témoignages du couple, pour ce qui va suivre, seront des plus précieux.
Marche, à cette époque, comptait un peu plus de 3 500 habitants. L’église était desservie par l’abbé Otte, prêtre rigide au caractère peu commode. A peine installé, Vital Prélat va donner libre cours à son zèle, tout d’abord, en convertissant «Paul Nanasse» (de son vrai nom Léopold Lambotte), débauché de la pire espèce habitant un taudis dans une ruelle proche de l’église, et ensuite, en exorcisant à la prison de la ville l’avocat allemand Ketler, lequel avait livré son âme au Diable, qu’il appelait d’ailleurs «Papa».
Mais par la suite, «l’Esprit des Ténèbres» (s’il s’agit toutefois bien de Lui) va se venger !
Ce ne furent au début que des coups violents frappés contre la porte de la chambre à coucher du vicaire. Mais les choses n’allèrent pas en rester là.
« J’ai été bien des fois le témoin du bouleversement de la chambre à coucher de Vital Prélat. Tout était arraché en un instant : ciel de lit, rideaux, stores ; parfois, de lourdes armoires étaient entièrement démantibulées dans un vacarme assourdissant (Il fallait ensuite la force de quatre ouvriers pour les redresser). Les globes de verre protégeant des statuettes étaient jetés avec force sur le plancher sans se briser. Dans ce tumulte effrayant, le pauvre vicaire, muni d’un seau d’eau bénite et d’un goupillon, courait dans tous les sens, aspergeant les quatre coins de la chambre avec de grands signes de croix. Un autre soir, c’est le lit qui est renversé sur lui. Bref, aucune nuit ne se passait sans incidents». (confidences faites à l’auteur). » A suivre dès la semaine prochaine.
La Petite Gazette du 7 juin 2009
« Bien sûr, les parents Renson étaient consternés et abasourdis. Vis-à-vis de leurs voisins, ils auraient bien voulu tenir ces choses cachées. De toute façon, comment taire ces incidents : les bruits étaient tellement violents, pareils à de fortes détonations, plus terribles que les décharges de l’orage. Aussi, devant la maison, stationnaient chaque soir en curieux, cinq à six cents personnes, maintenues par les gendarmes. Tout le monde était épouvanté par un tel remue-ménage.
Le robuste Doyen Otte, n’ajoutant aucune foi à tous ces racontars, voulu essayer de passer une nuit dans la chambre contiguë à celle du vicaire Prélat : bientôt, il s’enfuit au plus vite au milieu des vacarmes infernaux.
Les vexations ne se limitèrent pas à la maison Renson. Un soir, le vicaire soupait chez le Doyen Otte. Alors qu’on attendait la servante avec les plats, brusquement, le buffet, la table, la vaisselle, les chaises… tout fut jeté à terre avec un bruit épouvantable… Etrangement, rien, toutefois, ne fut brisé.
Un autre jour, le Vicaire fut sauvagement arraché à son confessionnal et projeté sur une dizaine de mètres sur le pavement de l’église, le tout dans un assourdissant bruit de tonnerre.… Ou encore, un matin à la sacristie, il sera renversé sur le sol et recevra sur lui la grande armoire, le coffre-fort de la sacristie et tous les ornements sacerdotaux dans un désordre indescriptible. Tout ce remue-ménage attire les fidèles qui vinrent le dégager. Charles Fontinoy, sacristain et chantre à Marche, a assisté à la scène, glacé d’effroi.
Tenu au courant de ces agissements, l’évêque va faire exorciser le malheureux. En vain. Il décida alors de faire placer chaque nuit dans la chambre à coucher de Vital Prélat, deux témoins, hommes sûrs et peu imaginatifs. Mais lorsque le vicaire est projeté à l’autre bout de la chambre et que le lit effectue une charge en règle vers les dits témoins, ceux-ci ne résistèrent pas et ils s’enfuirent aussitôt, ne voulant plus jamais revenir sur les lieux…
Ces événements durèrent en tout six longs mois. Et puis soudainement, pour des raisons que l’on ignore, tout cessa brusquement. Plus le moindre bruit, plus la moindre manifestation, plus rien.
«Mais – d’après les dires de Vital Prélat – ce qui me faisait alors le plus souffrir, c’était de voir ces centaines de personnes qui stationnaient le soir devant mon logis et me considéraient comme un saint.»
Aussi, est-ce avec un certain soulagement qu’il apprit, fin novembre 1892, que son nouvel évêque l’envoyait comme vicaire à Flawinne-Mirwart. »
Mon passionnant correspondant conclut, comme je l’aurais fait, en vous appelant à compléter l’information.
« Si, parmi les lecteurs, certains ont recueilli et conservé (de leurs parents ou grands-parents), des témoignages concernant ces faits peu coutumiers, merci de les adresser à La Petite Gazette.
Il doit y avoir eu des procès-verbaux de gendarmerie… ou des articles dans les gazettes locales ? Personnellement, il y a une dizaine d’années, j’ai eu en mains un morceau de la soutane de l’abbé Prélat, qu’une personne de Marche (dont je n’ai malheureusement pas retenu l’identité) avait obtenu en 1971 et qu’elle considérait comme une relique. »
La Petite Gazette du 17 juin 2009
ENCORE L’ABBE PRELAT …
Le sujet vous a manifestement touché puisque vous continuez à vous manifester…
M. Guillaume, de Marloie, m’a envoyé une copie du souvenir mortuaire de l’abbé Prélat en précisant qu’il a été distribué à Berzée lors de ses funérailles.
Mme Andrée Lobet-Collard, de Marche-en-Famenne, m’a transmis une copie d’une long article (malheureusement sans la moindre référence, mais je pense bien qu’il s’agit là de l’ouvrage dont nous avait parlé M. Roufosse, à savoir un petit ouvrage paru en 1947, dans lequel le Père Lucien Hoornaert, professeur au Collège de Mons, retrace la vie de Vital Prélat, né en 1862 et qui sera Révérend Curé de Berzée de 1902 à 1945) consacré à cet abbé qui défraya la chronique marchoise. On peut y lire notamment :
« …les faits étranges, ayant été portés à la connaissance de multiples personnes et ayant subi, par la suite, au cours des années, de nombreuses modifications par tradition orale et écrite, sont pour la plupart déformés, exagérés, voire même purement inventés.
Ce n’est pas en collationnant pareils récits que nous écrivons ces lignes. Non, nous ne faisons que reproduire les confidences directes qui nous furent faites personnellement en août 41, en les accompagnant des témoignages de personnes vraiment dignes de foi !
(…) L’esprit malin, durant six mois, tourmenta le pauvre Vicaire. Au début, ce ne furent que des coups violents frappés contre la porte de sa chambre à coucher. « J’avais dix ans, nous écrit la petite Renson, et j’ai bonne souvenance de la première visite de l’esprit des ténèbres venant frapper à la porte de sa chambre à en faire trembler toute la maison. Monsieur l’Abbé sortit aussitôt et vint heurter à la porte de mes Parents, disant : « Paul, qui vient frapper ainsi à ma porte ? »
Papa s’arma d’un revolver, fit le tour de la maison mais sans rien trouver… »
Son frère, le futur prêtre, n’est pas moins formel. « La première nuit du vacarme, mon père s’est relevé, revolver en main, croyant que des malotrus avaient envahi la maison. Le lendemain, même bruit. L’Abbé Prélat, dans l’entre-temps, avait dit à mes Parents de ne rien craindre parce qu’il savait ce qui se passait »
Mais, bientôt, l’esprit du mal ne se contenta pas seulement de frapper à la porte, il pénétra à l’intérieur pour commettre ses méfaits. »
La Petite Gazette du 1er juillet 2009
Mme Andrée Lobet-Collard, de Marche-en-Famenne, m’a transmis une copie d’un long article consacré à l’abbé Prélat. On peut y lire notamment :
« Aloys Renson âgé alors de 14 ans fut le témoin de faits inexplicables ; écoutons-le :
« M. Prélat, rentrant de voyage, avait pris froid et avait demandé que je lui porte un grog au cognac, quand il serait au lit. Arrivé dans sa chambre, il boit le grog, je lui souhaite le bonsoir et m’apprête à sortir, quand le lit brusquement se transporte au milieu de la chambre : « Donnez-moi vite l’eau bénite ». Au bout de quelques minutes, le calme était revenu. Il me demanda de repousser le lit, ce que je fis difficilement car j’étais jeune. A peine remis dans sa position première, de nouveau le lit fonce sur moi… vite l’eau bénite. Derechef le calme revint. L’Abbé me demanda alors si je n’avais pas peur. Pour plus de sûreté, conclut-il, allez appeler votre grand-maman (celle-ci le regardait comme son fils). J’y vais et, peu après, nous voulons pénétrer tous les deux dans la chambre… mais quel spectacle se présente à nos yeux : Monsieur le Vicaire gît sur le plancher, chaufferettes, matelas et le lit lui-même sont renversés sur lui. Nous avons dû l’aider à se relever. »