LES AGENTS DE RENSEIGNEMENT ET D’ACTION SORTIS DE L’OMBRE
MAURICE PETIT – IL FALLAIT FAIRE QUELQUE CHOSE ! »
Sensibilisé par le rôle trop méconnu encore des Agents de Renseignement et d’Action durant la seconde Guerre Mondiale alors qu’il menait son excellente recherche, publiée en 2016, sur l’abbé Paul Désirant, Maurice Petit s’est alors lancé dans un extraordinaire et minutieux travail de mémoire pour mettre en lumière ces résistants de l’ombre.
Avec une rigueur digne d’un historien confirmé, Maurice Petit s’est attelé à la recherche, à l’étude et à l’analyse, selon les stricts critères de la critique historique, de très nombreux documents conservés dans divers dépôts : les Archives de la Sûreté de l’Etat, celles relatives aux nombreux groupements de résistance actifs en Belgique qu’a rassemblées le GEGES, Centre d’Etude et de documentation – Guerres et Sociétés contemporaines, mais également les documents du Notariat du Ministère de la Défense nationale, ceux de la Direction générale Victimes de guerre du SPF Sécurité sociale, ceux du Centre de documentation historique des Forces armées et du Musée royal de l’Armée, tout comme les archives détenues par le Service de la Matricule de la Police fédérale et celles de l’Evêché de Namur. Pour compléter son information, puisée aux sources les plus fiables, Maurice Petit eut de nombreux entretiens avec ces agents toujours en vie ou avec leurs descendants. En outre, l’auteur consulta une impressionnante liste d’ouvrages et de publications, dont La Petite Gazette, ayant traité de la résistance en nos régions.
Suivant une démarche et une méthode de travail qu’il explicite utilement, Maurice Petit vous guide à la rencontre de 20 femmes et de 100 hommes ayant été officiellement reconnus ARA, Agent de Renseignement et d’Action, dans les communes De Hotton, La Roche-en-Ardenne, Marche-en-Famenne et Rendeux. Cette reconnaissance a été accordée à 18716 Belges, dont 1817 à titre posthume, au terme d’une longue, près de 10 ans, et minutieuse enquête menée par un des services de la Sûreté de l’Etat. Avec son « Il fallait faire quelque chose ! », Maurice Petit présente ces femmes et ces hommes, apparemment ordinaires, sous un éclairage spécifique, personnalisé et très humaniste qui suscite la réflexion personnelle : « Dans pareilles situations, qu’aurai-je fait ? ». Il fait sortir de l’ombre ceux qui, le plus souvent, y restèrent même après la guerre après avoir courageusement risqué leur vie durant le conflit. Ils ont été d’un extraordinaire secours, à la portée inestimable, dans le travail mené conjointement par le Gouvernement belge et les Etats majors alliés. Sans jamais se considérer comme des héros, en restant discrets même lors des réjouissances de la Libération, ces femmes et ces hommes ont « simplement » fait ce qu’ils estimaient devoir faire que nos libertés fondamentales soient recouvrées. Leurs témoignages sont révélateurs du regard humble qu’ils portent sur leurs actions : « Je notais seulement la composition des trains qui passaient… Je repérais les insignes sur les uniformes des soldats allemands que je croisais… J’ai transmis le plan que j’avais dressé du dépôt de munitions voisin… J’ai acheminé quelques courriers que je cachais dans le cadre de mon vélo…» Rien que des actions illégales aux yeux de l’occupant et qui leur faisaient risquer une arrestation, l’emprisonnement, la torture, la déportation ou la mort.
Alors que la plupart des ouvrages consacrés à la Résistance dans notre pays mettent en exergue les chefs de divers réseaux ou groupements, ce travail de Maurice Petit est radicalement différent : sans l’habituelle hiérarchisation, entre les groupements de la Résistance, il vous plonge dans le quotidien hors du commun de ces messieurs et mesdames « tout le monde » dont l’action force, à la fois, le respect et la reconnaissance.
Ce bel et très intéressant ouvrage, que je vous recommande chaleureusement, est édité par LuxNam et le FAM, Famenne & Art Museum ; il vous est proposé dans un grand format, 23 X 27 cm, relié et cartonné, il compte 352 pages, très élégamment présentées. Vous pouvez vous le procurer par un versement de 30 €, frais d’emballage et de port compris, sur le compte BE52 0011 4088 5809 de RUSRA LUXNAM à 5100 Wépion.