Vient de sortir… IL FALLAIT FAIRE QUELQUE CHOSE! Une étude de Maurice Petit

LES AGENTS DE RENSEIGNEMENT ET D’ACTION SORTIS DE L’OMBRE

MAURICE PETIT – IL FALLAIT FAIRE QUELQUE CHOSE ! »

Sensibilisé par le rôle trop méconnu encore des Agents de Renseignement et d’Action durant la seconde Guerre Mondiale alors qu’il menait son excellente recherche, publiée en 2016, sur l’abbé Paul Désirant, Maurice Petit s’est alors lancé dans un extraordinaire et minutieux travail de mémoire pour mettre en lumière ces résistants de l’ombre.

Avec une rigueur digne d’un historien confirmé, Maurice Petit s’est attelé à la recherche, à l’étude et à l’analyse, selon les stricts critères de la critique historique, de très nombreux documents conservés dans divers dépôts : les Archives de la Sûreté de l’Etat, celles relatives aux nombreux groupements de résistance actifs en Belgique qu’a rassemblées le GEGES, Centre d’Etude et de documentation – Guerres et Sociétés contemporaines, mais également les documents du Notariat du Ministère de la Défense nationale, ceux de la Direction générale Victimes de guerre du SPF Sécurité sociale, ceux du Centre de documentation historique des Forces armées et du Musée royal de l’Armée, tout comme les archives détenues par le Service de la Matricule de la Police fédérale et celles de l’Evêché de Namur. Pour compléter son information, puisée aux sources les plus fiables, Maurice Petit eut de nombreux entretiens avec ces agents toujours en vie ou avec leurs descendants. En outre, l’auteur consulta une impressionnante liste d’ouvrages et de publications, dont La Petite Gazette, ayant traité de la résistance en nos régions.

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Suivant une démarche et une méthode de travail qu’il explicite utilement, Maurice Petit vous guide à la rencontre de 20 femmes et de 100 hommes ayant été officiellement reconnus ARA, Agent de Renseignement et d’Action, dans les communes De Hotton, La Roche-en-Ardenne, Marche-en-Famenne et Rendeux. Cette reconnaissance a été accordée à 18716 Belges, dont 1817 à titre posthume, au terme d’une longue, près de 10 ans, et minutieuse enquête menée par un des services de la Sûreté de l’Etat. Avec son « Il fallait faire quelque chose ! », Maurice Petit présente ces femmes et ces hommes, apparemment ordinaires, sous un éclairage spécifique, personnalisé et très humaniste qui suscite la réflexion personnelle : « Dans pareilles situations, qu’aurai-je fait ? ». Il fait sortir de l’ombre ceux qui, le plus souvent, y restèrent même après la guerre après avoir courageusement risqué leur vie durant le conflit. Ils ont été d’un extraordinaire secours, à la portée inestimable, dans le travail mené conjointement par le Gouvernement belge et les Etats majors alliés. Sans jamais se considérer comme des héros, en restant discrets même lors des réjouissances de la Libération, ces femmes et ces hommes ont « simplement » fait ce qu’ils estimaient devoir faire que nos libertés fondamentales soient recouvrées. Leurs témoignages sont révélateurs du regard humble qu’ils portent sur leurs actions : « Je notais seulement la composition des trains qui passaient… Je repérais les insignes sur les uniformes des soldats allemands que je croisais… J’ai transmis le plan que j’avais dressé du dépôt de munitions voisin… J’ai acheminé quelques courriers que je cachais dans le cadre de mon vélo…» Rien que des actions illégales aux yeux de l’occupant et qui leur faisaient risquer une arrestation, l’emprisonnement, la torture, la déportation ou la mort.

Alors que la plupart des ouvrages consacrés à la Résistance dans notre pays mettent en exergue les chefs de divers réseaux ou groupements, ce travail de Maurice Petit est radicalement différent : sans l’habituelle hiérarchisation, entre les groupements de la Résistance, il vous plonge dans le quotidien hors du commun de ces messieurs et mesdames « tout le monde » dont l’action force, à la fois, le respect et la reconnaissance.

Ce bel et très intéressant ouvrage, que je vous recommande chaleureusement, est édité par LuxNam et le FAM, Famenne & Art Museum ; il vous est proposé dans un grand format, 23 X 27 cm, relié et cartonné, il compte 352 pages, très élégamment présentées. Vous pouvez vous le procurer par un versement de 30 €, frais d’emballage et de port compris, sur le compte BE52 0011 4088 5809 de RUSRA LUXNAM à 5100 Wépion.

LE DYNAMISME DES CERCLES HISTORIQUES DE CHEZ NOUS ET LEURS NOUVELLES PUBLICATIONS

La Petite Gazette du 3 janvier 2018

LES ANNALES 2017 DU CERCLE HISTORIQUE MARCHE-EN-FAMENNE, HOTTON, RENDEUX

La Petite Gazette débute cette année 2018 avec la ferme intention d’encore vous faire découvrir de nouvelles facettes de notre riche passé régional et de son patrimoine sous tous ses aspects, du plus monumental ou plus discret. Pour rencontrer cet ambitieux  objectif, votre collaboration est encore et toujours indispensable; plus que jamais le partage de vos incroyables connaissances permettra de compléter la formidable collection de contributions rassemblées dans cette chronique depuis bientôt 20 ans. Merci pour votre indéfectible intérêt et merci pour votre implication.

Je désirais, en ces premiers jours de l’année nouvelle, rendre un hommage vibrant à l’extraordinaire dynamisme des cercles d’histoire locale de chez nous; aujourd’hui, je vous présenterai la nouvelle et magnifique publication du Cercle historique Marche-en-Famenne, Hotton, Rendeux asbl, célébrant 40 années d’histoire locale au travers de 124 pages très richement illustrées, aussi en quadrichromie, et idéalement mises en page. Les « plumes » habituelles, dont certaines sont bien connues des lecteurs de La Petite Gazette, proposent des articles admirablement documentés et vous menant vers d’étonnants horizons.

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Gilbert Vanbelle s’est penché sur l’histoire de Roy, de Lignières et de Grimbiémont, et de leurs églises et chapelle; dessins, plans et photographies viennent utilement soutenir un texte précis apportant d’intéressantes anecdotes. Avec l’étude de Philippe Annaert, c’est au coeur du duché de Luxembourg au XVIIe siècle que vous serez plongés à la rencontre des principaux pèlerinages évoqués dans les archives ardennaises. A cette époque, la promotion du culte est assurée par les nombreux témoignages des faits miraculeux relevés dans les sanctuaires et chapelles du duché. L’auteur s’attache principalement au site du monument du Saint-Sépulcre à Marche-en-Famenne grâce à un dossier, particulièrement riche en information, qu’a rédigé, en 1678, une commission diocésaine constituée alors par l’évêque de Liège. Vous glisserez ainsi vos pas dans ceux des pèlerins du ardennais du XVIIe siècle, simplement passionnant.

Jean-Louis Schmitz explore un autre aspect de la vie marchoise au XVIIe siècle en nous proposant de feuilleter avec lui un livre de raison soit une chronique familiale rédigée vers 1619 par le notaire Toussaint Gouffart (1573-1648) et donnant de bien intéressantes informations sur le quotidien à Marche-en-Famenne à la charnière des XVIe et XVIIe siècles que l’auteur a la judicieuse idée de replacer dans leur contexte historique général pour une compréhension optimale. Maurice Petit, quant à lui, nous livre une étude sur les prêtres de Hodister et de Gênes. Bien loin des simples listes que proposaient jadis les monographies villageoises, Maurice Petit nous donne une foule de détails sur ces desservants, leurs qualités certes mais surtout leurs petits « travers » ou habitudes étonnantes vu leur fonction… et cela va vraiment dans tous les sens. Etonnant et très intéressant.

André Collard et André Haquin vous plongent dans les premières semaines de la Seconde Guerre Mondiale à Marche-en-Famenne en suivant le « journal » tenu par Madame Julia Fisenne-Lecocq qui le commence par ces mots : « Mon journal pour mes enfants au cas où je ne les reverrais plus. 1940. Jeudi 9 mai. » Ce journal rédigé au crayon dans un agenda couvre 110 pages et aborde toutes les réalités quotidiennes des premières semaines de guerre, depuis l’exode vers la France d’une partie de sa famille jusqu’à leur retour le 20 juillet. Ce journal constitue une chronique locale très précise rendant de façon très humaine l’état d’esprit de ces temps troublés. Les Annales 2017 se complètent des rubriques habituelles : récit de l’excursion du Cercle, « De cent ans en cent ans, les années ’17 » et la remarquable contribution d’Erika Berger « Nous avons lu pour vous » vous présentant par le détail les nombreuses publications reçues par le Cercle.

Pour recevoir les publications du Cercle historique Marche-en-Famenne, Hotton, Rendeux, asbl, il suffit d’adhérer à l’association comme simple membre adhérent par le versement d’une cotisation de 20€ à verser sur le compte BE48 1420 6513 5727 du Cercle historique de Marche-en-Famenne, Hotton, Rendeux. Cette cotisation vous donne droit à la un exemplaire des Annales de l’année en cours. Pour acquérir les publications des années antérieures, il vous suffira de consulter le site http://cercle-historique.marche.be

 

La Petite Gazette du 10 janvier 2018

LE NOUVEL  ARCHEO-CONTACT DU VIEIL ESNEUX EST ARRIVE …

Dans notre dernière édition, j’évoquais, tout en m’en réjouissant, la vivacité de nos cercles historiques régionaux et, cette semaine, c’est avec plaisir que je vous présente le contenu du n°51 de « Archéo-Contact », le bulletin du Cercle Archéo-Historique « Le Vieil Esneux – Ardenne-Condroz ASBL ». Les passionnés qui animent ce cercle et dont les recherches et les travaux remplissent les pages de ses bulletins vous emmènent à leur suite dans l’histoire locale, survolant allègrement les siècles.

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Ce numéro ne fait pas exception : Harald Delaitte vous plonge dans nos paysages à l’époque du Paléolithique à la rencontre des Homo-Erectus et des Néandertaliens dont il nous présente les caractéristiques, quelques-uns de leurs outils découverts chez nous et d’autres traces locales de leur époque. Le même auteur, rejoint par Joseph Graftiau cette fois, aborde l’âge de la pierre polie, le néolithique, à Lincé et environ, en passant en revue les nombreuses découvertes de trois chercheurs de chez nous, Harald Delaitte, Gaston Lawarrée et André Nélissen. Cet article passionnant revient aussi sur les fouilles menées dans les années 80 au « Château de Fays » et lance une intrigante réflexion sur l’orientation de la chapelle de cette place fortifiée qui, manifestement, est une construction liée aux solstices… Bien plus proche de notre temps, c’est la distribution d’eau à Esneux qu’a étudiée André Baltia qui nous entraîne à l’époque des pompes à bras et des bornes-fontaines en illustrant ses propos de très jolies anciennes vues. Pol Walhain, quant à lui, se penche sur le crash d’un bombardier bi-moteur U.S., à la Noël 1944, à Colonster. Philippe Hamoir nous fait assister à la spectaculaire résurrection du Christ des Ruelles. Ce bulletin contient évidemment ses rubriques habituelles assurées par « l’archiviste de service » mais aussi quelques textes en wallon, un rappel par l’image du succès rencontré lors des Journées du Patrimoine…

Toutes celles et tous ceux s’intéressant à l’histoire de notre région trouveront plaisir et intérêt à lire cette nouvelle publication. Le Vieil Esneux en édite deux par an que vous recevrez simplement en devenant membre de l’asbl par un versement de 15€ pour les Esneutois, 20€ pour tous les autres (la différence représente les frais d’affranchissement des bulletins) à verser sur le compte BE90 6528 4546 6432 du Vieil Esneux asbl.

 

MON GRAND-PERE A ETE RESISTANT

« MON GRAND-PÈRE ÉTAIT DANS LA RESISTANCE, MAIS JE NE SAIS PAS EXACTEMENT CE QU’IL A FAIT… »

Combien de fois n’entendons-nous pas, pour l’une ou l’autre personne, cette constatation teintée de regret ? Comment y remédier ?

La résistance à l’occupant lors de la Deuxième Guerre mondiale s’est manifestée de plusieurs manières, par exemple la résistance armée, la presse clandestine, les filières d’évasion ou encore les services de renseignement.

C’est à propos de cette dernière catégorie que Maurice Petit, à la suite de son livre « L’Abbé Paul Désirant Résistant inébranlable » paru en 2016, a entrepris un projet de recherche historique sur les résistants qui ont été officiellement reconnus, après la guerre, comme agents de renseignement et d’action (ARA) et cela pour les communes de Hotton, La Roche-en-Ardenne, Marche-en-Famenne et Rendeux.

Le but du travail est de reconstituer le parcours de chacun des ARA de ces communes afin d’en pérenniser la mémoire comme source de réflexion pour l’avenir.

Pour les quatre communes concernées, environ 110 résistants ont été reconnus ARA, ce qui constitue un nombre particulièrement élevé, en comparaison de la moyenne nationale.

Les réseaux auxquels ils appartenaient sont les suivants : Antoine, Bayard, Benoit, Boucle, Cato, Clarence, Comète, Cone, Conjugal, Evasion, Groupe G, Luc-Marc, Mill, PCC/PCB, Stockmans, Tégal, Tempo et Zéro.

La recherche se fait dans plusieurs dépôts d’archives. Cependant, pour donner une consistance plus humaine au récit, un appel à témoignages est lancé ici  pour recueillir des souvenirs, des photos ou des documents relatifs à cette bonne centaine de résistants. Dans la double limite indiquée ci-dessous : le résistant a été reconnu agent de renseignement et d’action et a été actif dans une des quatre communes.

Toute personne qui souhaite apporter ainsi sa contribution à ce travail de mémoire est invitée à prendre contact avec La Petite Gazette ou directement avec le chercheur à l’adresse suivante : ara4communes@gmail.com

LES BRASSERIES DE HOTTON

La Petite Gazette du 5 septembre 2007

UNE BRASSERIE ARTISANALE  ET BIERE DU SANGLIER A HOTTON

Mme Monique Beenders, de Vottem, est une fidèle lectrice de La Petite Gazette. Elle sait donc qu’elle peut vous mettre à contribution pour tenter de réunir les informations qu’elle souhaite rassembler :

« Dans les années 1948 – 1950, existait à Hotton, à 100 ou 200m. de la brasserie Jacquemart, sur la route de Hotton à Laroche, à droite, une brasserie, artisanale sans doute, produisant une bière de qualité connue sous le nom de « Bière du Sanglier ».

Pourra-t-on, s’il vous plaît, m’indiquer quand cette brasserie a vu le jour ? Qui l’a créée ? Quels ont été ses exploitants successifs ? A-t-elle connu des succursales ? Quand elle a cessé de fonctionner ? La bière qui y était confectionnée existe-t-elle ailleurs ? »

Bref, vous l’aurez compris, tout ce qui concerne cette brasserie et sa production intéresse ma lectrice. Aurez-vous la gentillesse de la renseigner ? Je compte sur vous et vous en remercie déjà.

La Petite Gazette du 3 octobre 2007

UN PREMIER MOT SUR LES BRASSERIES DE HOTTON

MonsieurRaymond Pirotte, d’Evelette, apporte des renseignements à Mme Beenders, de Vottem:

« La brasserie Jacquemart dont il a été question n’est pas répertoriée comme telle : il s’agit sans doute d’un négociant – marchand de bières.

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Quant à l’autre brasserie, ayant produit la « Bière du Sanglier », elle a été fondée par Emile Remy à la fin du XIXe siècle (1899 ?). Vers 1926, elle fut rachetée par Alexandre Lobet. 002.jpg

 

 

 

La  « Super Sanglier » était effectivement la spécialité la plus connue de cette brasserie.

 

En dehors des bières de ménage, la « Mustel » était une autre spécialité, qui ne semble pas avoir connu un grand succès. » A suivre.

La Petite Gazette du 10 octobre 2007

UN PREMIER MOT SUR LES BRASSERIES DE HOTTON

Retrouvons M. Raymond Pirotte, d’Evelette, et les renseignements qu’il apporte à Mme Beenders, de Vottem :

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« Je possède dans ma collection un verre d’ « Export Chasseurs Ardennais », datant probablement des années 1930 et représentant un sanglier dans une roue de vélo. 004

 

 

Selon toute vraisemblance, il s’agit aussi d’une appellation de la brasserie Lobet. Peut-être une énigme supplémentaire à résoudre par les lecteurs de la Petite Gazette ?

 

Après la Seconde Guerre, la brasserie fut dirigée par Lobet Frères. Connue aussi sous l’appellation « Brasserie Luxembourgeoise », elle cessa toutes ses activités vers 1955. »

Maintenant, j’ai la chance et le plaisir de vous donner à connaître le témoignage d’un ancien employé de chez Lobet, M. Edouard Triolet, de Lierneux : « Pour vous parler de la Brasserie Lobet, de Hotton, je dois me reporter en 1936. N’ayant plus de travail, mon père, Joseph, est contacté par les frères Lobet et, après discussion, papa devient dépositaire et négociant en bières et dérivés. Ayant terminé mes études moyennes, j’ai 15 ans et j’aide mon père dans le commerce. Nous sommes ravitaillés par camion et habitons Vielsalm. Notre commerce marche très bien, mais la guerre de 1940 et l’Offensive détruisent tout et papa est tué le 12 janvier 1945.

En 1947, jeunes mariés, nous allons habiter Melreux et je deviens chauffeur-livreur à la brasserie Lobet, gérée par les quatre frères.

Le papa Lobet, qui était tonnelier de profession, a été tué à Hotton, lors de l’Offensive des Ardennes.

Joseph Lobet, l’aîné, brasseur en bières blonde et brune ; Antoine Lobet, comptable ; Léon Lobet, entretien du matériel et André Lobet, avec un camion wagon, ravitaille les dépôts et hôtels. Parmi le personnel, il y a encore : Félix Petit, comptable, Antoine Gérard et H. Dessaive, entretien des machines et soutirage des bières. Fernand Gérard (lu Blan) chauffeur-livreur (le plus ancien), Clément Jacquet, chauffeur-livreur, Edouard Triolet, moi-même, chauffeur-livreur habitant à Melreux, près du garage de François Houssa (de 1947 à 1951). En 1948 – 1949, Joseph Lobet, brasseur qui est allé, pendant des mois, à Munich se perfectionner dans l’art de la fabrication des bières spéciales, lance la « Super Sanglier », bière brune de très grande qualité.

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 verre de la collection de M. Raymond Pirotte

 Soutirée dans une bouteille d’1/4 de litre, pansue (genre Perrier), elle porte une étiquette avec, en gros plan, un sanglier de belle allure et une colorette portant le texte :

J’aime le son du cor

Le soir au fond des bois,

Mais je préfère encor

La bière que voilà

Avec l’évolution du commerce, la brasserie Lobet est entrée en rapport avec celle de Koekelberg, de Bruxelles. Les responsables de cette brasserie ont demandé, ou plutôt imposé, à M. Joseph Lobet de fabriquer la Super sanglier en blonde au lieu de la brune. Malheureusement cela s’est révélé un réel fiasco et la disparition de cette « Perle des Ardennes » a été inévitable.

J’ai quitté la brasserie Lobet, en 1951 et, avec mon épouse, nous sommes établis à notre compte à Grand Sart, puis à Lierneux en 1955 et depuis nous sommes lierneusiens retraités. J’ignore totalement ce qui s’est passé à la Brasserie Lobet depuis mon départ… »

Un immense merci pour ce témoignage passionnant.

La Petite Gazette du 30 octobre 2007

ENCORE DE PASSIONNANTES PRECISIONS A PROPOS DES BRASSERIES DE HOTTON

Monsieur Fernand Lobet, né il y a 65 ans à Hotton, habite aujourd’hui Comblain-au-Pont. Il a pensé qu’il serait utile qu’il nous livre également ses souvenirs et il a vraiment bien fait.

« Comme chauffeur-livreur plus ancien, il y avait Julien Lobet, mon grand-père. C’était avant la guerre. Il travaillait pour ses cousins et assurait les livraisons avec un chariot tiré par un cheval.

Au sujet de Fernand Gérard, on a déjà dit qu’il était surnommé  « lu Blan », mais il était aussi affublé d’autres appellations : « le petit Fernand » par exemple, mais on le désignait également en associant son prénom au nom de ses patrons : « Fernand Lobet ».

Après les années 50, Antoine s’est installé comme distributeur Coca-Cola, à  300 mètres de la brasserie vers le centre du village, dans un grand hall. Un délégué, tout de vert vêtu, formé par la firme dirigeait l’affaire avec le financier Antoine.

Dans les anciens bâtiments de la brasserie existait une glacière qui se révéla être très utile pour les cafés du coin mais aussi lors d’organisation de fêtes ou de fancy-fair à des kilomètres à la ronde.

Léon et Jules Lobet ont fabriqué et vendu la bière Lobet en bouteilles de 75 centilitres, mais également de la bière de table, dite bière de ménage.

La « pils » qu’ils mettaient en vente était la bière « Lamot » distribuée en fûts et en bouteilles de 25 centilitres. Cette bière était alors très bue, comme la Stella, on ne parlait pas tant de la Jupiler. Evidemment, ils distribuaient également des eaux et des limonades. La bière Diekirch était leur grande et bonne bière, en fûts et en bouteilles également. Les grandes réclames vantant cette marque décoraient le plus grand café de la région, « Chez Jacquemart », sur la place. Les enfants ont quitté le commerce et Léon, qui vécu très vieux, avait repris, pour les connaissances uniquement, son ancien métier de cordonnier. »

Un tout grand merci pour tous ces renseignements qui viennent compléter ceux déjà publiés.

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT LES CARRIERES

La Petite Gazette du 17 décembre 2003

QUAND LES CARRIERS FETAIENT LA SAINTE-BARBE…

   C’est M. Pierre Willems, d’Outrelouxhe, qui me permet de parler des carriers et j’en suis tout à fait ravi… Mon correspondant sait bien de quoi il parle puisqu’il se présente lui-même comme un vieux carrier avec « cinquante ans de carrière en carrières ». Suivons-le parmi ses souvenirs :

« Autrefois, la Sainte-Barbe se fêtait autrement qu’aujourd’hui. Le 3 décembre, veille de la fête, avant midi, le maître artificier faisait forer des trous de pétard dans les gros blocs de pierre.  On les bourrait à la poudre noire et de la poussière, puis on les reliait à un cordon de mèche. Vers 14h30, on arrêtait le travail et l’artificier allumait la mèche du cordeau détonant pour faire sauter les blocs dans un bruit assourdissant. Heureusement, les villageois étaient prévenus.  010

 

 

 

 

Pierre Willems, épinceur-appareilleur

    Ensuite, les ouvriers, le contremaître et, souvent, le patron se réunissaient au réfectoire pour boire les bouteilles de pékèt, surtout, mais aussi de la bière. On racontait des blagues et certains poussaient la chansonnette. Le soir tombait vers 17 heures et chacun rentrait alors chez soi, comme il le pouvait ! Ainsi, je suis déjà revenu, à vélo, de Limont-Tavier à Ouffet, même par temps de pluie ou de neige.

Aux carrières Depauw d’Ouffet, les patrons offraient un souper aux ouvriers accompagnés de leur épouse, du moins ceux qui étaient mariés.

Le lendemain, 4 décembre, une messe était célébrée en l’église. Les croyants, ou ceux qui faisaient semblant pour être bien vus des patrons catholiques, ou du moins les épouses y assistaient. Les autres ouvriers étaient déjà dans les cafés en train de boire, en attendant que les autres sortent de l’église pour venir les retrouver. C’étaient alors des beuveries jusque tard dans l’après-midi…

On ne mangeait guère, vu que, suivant le dicton de chez nous, « Où le brasseur passe, le boulanger n’a que faire ! »

Aujourd’hui, à cause des voitures et des contrôles d’alcool-test, il devient impossible de s’amuser comme autrefois. Ce jour de congé est payé comme un jour férié et les ouvriers boivent un coup chez eux en regardant la télé ! On appelle cela le progrès… à chacun son jugement. »

La Petite Gazette du 30 décembre 2003

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT NOS CARRIÈRES…

   Bien des villages de l’Ourthe-Amblève et du Condroz n’existeraient pas si, dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, l’exploitation de la pierre n’avait pas connu un essor extraordinaire. Ils sont nombreux nos grands-pères qui ont travaillé péniblement pour arracher ces pierres qui donnent tant de charme à nos villages. Et si nous profitions de 2004 pour leur rendre un hommage. Envoyez-moi vos photos de carriers au travail et parlez-moi de leur dextérité, mais aussi de leurs conditions de travail, de leurs coutumes… Comme Mme Biet, d’Awan-Aywaille, permettez à toutes et à tous de découvrir les réalités de ce métier.

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La Petite Gazette du 7 janvier 2004

LES CARRIERS D’OURTHE-AMBLÈVE ET LA SAINTE-BARBE

   Madame Renée Louise Califice, de Sprimont, se fait l’écho de l’amertume de M. Willems.

   « Il y a quelques années, les carriers ont offert à l’église de Sprimont, une très belle statue à l’effigie de sainte Barbe. Cette statue a été placée devant l’entrée de l’église entourée de pierres du pays.

Chaque année, la chorale Sainte-Cécile s’évertue, le 4 décembre, à chanter durant la messe célébrant la fête en l’honneur de cette sainte patronne des carriers. Il est triste de constater que seule une dizaine de personnes assistent à l’office. Où sont passés les carriers de Sprimont ? Les chanteurs de cette chorale se posent la question… »

J’imagine qu’ils auront à cœur de vous répondre car, par les temps qui courent et il faut le regretter amèrement, les carriers font plus souvent l’objet de récriminations que de regrets…

La Petite Gazette du 4 février 2004

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT NOS CARRIERES…

Monsieur Jacques Stoquart me transmet cette intéressante carte postale, postée à Andenne, le 26 janvier 1909, et arrivée – sans timbre Prior – le lendemain à Melreux.

012      Mon correspondant revient sur la parution, le 2 janvier dernier, de la photo prêtée par Mme Biet : « un des ouvriers carriers figurant sur cette photo a été identifié comme étant Alphonse Simon. Or la carte que je vous présente a été signée d’un certain Aug(uste) Simon et adressée au maître de carrières Emile Oger, de Hotton-Melreux.

013   Le salut qui termine la brève missive est, pense mon correspondant, révélateur de l’appartenance maçonnique du signataire : « Salut et fraternité ».

Auguste était-il parent d’Alphonse ? Quelqu’un se souvient-il avoir entendu parler d’Aug(uste) Simon  ou/et d’Emile Oger ? Les lecteurs répondront peut-être. » Oui, certainement s’ils peuvent vous éclairer.

Mme Léona Biet, d’Awan-Aywaille, m’a précisément apporté des précisions sur son beau-père, Alphonse Simon :

« Il fallait alors être très courageux pour exercer le métier de carrier. Il était, je crois ne pas me tromper, « rocteur ». Il partait d’Awan le matin, pour rejoindre Hagonheid,  et le soir, bien sûr, il faisait le chemin inverse, toujours à pied. Il accomplissait un travail très périlleux ; on le laissait descendre, retenu par une corde qui lui entourait la taille et qui le maintenait contre le rocher. Il cherchait alors une légère aspérité dans la roche pour y appuyer les pieds et se maintenir debout. Puis, à l’aide d’un fer à mine et d’un marteau, il creusait un trous très profond dans la roche. Là, on introduisait la poudre explosive pour faire sauter le rocher. Cette poudre était reliée à une longue mèche qu’on allumait en temps utile. Celui qui y mettait le feu devait courir vite pour se mettre à l’abri. A l’aide d’un cor très puissant, tous les alentours étaient prévenus du danger. Quelques minutes plus tard, c’était la déflagration et les blocs de pierre volaient en l’air, accompagnés d’un énorme nuage de poussière. C’était alors du travail pour un bon bout de temps pour les carriers. »

Merci pour ce témoignage. Vous aussi, venez rendre hommage à ces travailleurs de la pierre, confiez-moi vos photos et vos souvenirs. D’avance, un immense merci.

DE NOMBREUX CARRIERS ONT PERDU LA VIE AU TRAVAIL…

Monsieur Albert Etienne, de Sprimont, aime à se souvenir que, le 26 mai 1954, à Florzé, la carrière tua neuf ouvriers. Cette année, il y aura donc cinquante ans déjà que se drame endeuilla les familles ouvrières de chez nous.

014   Mon correspondant s’est engagé dans un projet d’érection d’un élément commémoratif sur les lieux même du drame et, pour cela, il a besoin de votre aide : pourrez-vous l’aider à établir la liste des rescapés de l’accident et toujours en vie aujourd’hui, ainsi que la liste des veuves et enfants des neuf victimes directes de l’accident.
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Merci de penser que tout document d’époque serait très intéressant et de nous permettre de le consulter. Je compte sur vous pour permettre l’aboutissement de ce projet  et vous remercie, d’ores et déjà, de votre précieuse collaboration.

La Petite Gazette du 18 février 2004

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT NOS CARRIERES…

Monsieur Jacques Bastin, de Heyd, évoque pour nous la vie des carriers d’Ouffet.

« Mon grand-père paternel, prénommé Victor, est né à Ouffet en 1866, il y est décédé en 1950. Il exerça le métier de tailleur de pierre et son habileté fit qu’il fut très apprécié. Ouffet vit nombre de ses habitants montrer un réel talent dans l’art de sculpter la pierre. Rappelons les Jeannette, Sprumont, Baulieu… il en est d’autres, mais ils ont quitté ma mémoire.

Après la Grande Guerre, mon grand-père, en compagnie d’autres ouvriers du lieu, participa activement à la réalisation du monument aux morts qui devait s’ériger sur la place du village. Il sculpta les bottines du sujet principal, un soldat casqué dressant un étendard. Chaque fois que je lui disais que j’étais passé près du monument en question, il me demandait, pour me taquiner, si les chaussures qu’ils avaient réalisées ne méritaient pas une réparation.

Mon grand-père, reconnu comme sage par ses compagnons de misère et étant un peu plus instruit qu’eux, fut pressenti pour s’occuper, en leur nom et tout à fait bénévolement, des discussions avec la direction de la carrière et de la paperasserie administrative requise. En fait, à l’heure où les premières organisations ouvrières se développaient (le Parti Ouvrier Belge avait été fondé en 1885 et les premières associations mutuelles commençaient à fonctionner), il fut un genre de syndicaliste avant l’heure. »

Nous retrouverons Victor la semaine prochaine et, avec lui et au travers des souvenirs qu’en a gardés son petit-fils, nous vivrons un peu la vie des carriers de la fin du XIXe siècle en nos régions.

016Photo extraite de : René HENRY, L’Almanach de notre Terroir, éditions Dricot, Liège, 1999

La Petite Gazette du 25 février 2004

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT NOS CARRIERES…

Monsieur Jacques Bastin, de Heyd, évoquent pour nous la vie des carriers d’Ouffet grâce aux souvenirs qu’il a conservés de son grand-père Victor, tailleur et sculpteur de pierre.

« Il n’y avait alors ni dimanche, ni congé, ni relâche dans le travail ; exception faite toutefois pour la fête du village qui était l’événement marquant de l’année. Les ouvriers se voyaient alors accorder le samedi, le dimanche et le lundi pour prendre pleinement part aux réjouissances.

Ces hommes prestaient nettement plus de douze par jour, dans des conditions de confort et de sécurité pratiquement nulles et, rappelons-le, sans loi sociale. Ils partaient au point du jour et rentraient souvent à la nuit tombée pour des salaires de famine. Notons cependant qu’on ne pointait pas et que tout se faisait bien calmement. Un moment particulier de la journée contribuait largement à resserrer les liens entre ces ouvriers solidaires, c’était, le matin, quand le travail s’interrompait une heure durant pour pouvoir se parler, fumer, boire une petite goutte ou, le cas échéant, manger un bout.

Le règlement sur la « sécurité du travail » n’existant point du tout, mon grand-père devait, été comme hiver, tailler ses pierres, par tous les temps, à l’extérieur, sous un frêle abri fait d’un cadre de bois couvert de paille tressée. En hiver, il devait se mettre plusieurs épaisseurs sur le dos pour, dans de telles inhumaines conditions travailler un rien artificiellement au chaud. 017

 Photo extraite de : René HENRY, L’Almanach de notre Terroir, éditions Dricot, Liège, 1999

Mon grand-père ayant immédiatement cotisé, dès qu’on le sollicita, pour sa pension de vieillesse, il l’obtint en 1931, soit à l’âge de 65 ans. Elle n’était certes pas terriblement élevée, mais c’était toutefois un indéniable premier pas en avant pour la classe ouvrière. La vie de pensionné l’ayant, du jour au lendemain, assez désorienté, mon grand-père s’en retourna, après quelques jours de repos seulement, travailler comme il l’avait toujours fait. Bien vite, les Autorités de l’Etat ne trouvèrent rien de mieux que de suspendre le versement de la pension due. Mon père écrivit alors une lettre pas piquée des vers au Ministre concerné et, peu de temps, après mon grand-père retrouvait sa pension et les arriérés qui lui venaient de plein droit. »

Mon correspondant conclut son récit en souhaitant que bien d’autres lecteurs confieront les souvenirs de carriers, patrimoine régional, à la Petite Gazette. J’espère, bien entendu, que cet appel sera suivi.

LES 10 « KIWI’S » DU CIMETIERE MILITAIRE DE HOTTON par Rik VERHELLE

Note de La Petite Gazette : Ce remarquable article n’a pas été publié dans la version « papier » de cette chronique et ne pourra l’être en raison de l’espace réduit qui lui est, aujourd’hui, réservé dans le journal mais son intérêt méritait largement qu’il figure dans lapetitegazette.net

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Le cimetière militaire de Hotton

Que la Seconde Guerre mondiale ait particulièrement frappé Hotton n’est un secret pour personne. Plusieurs endroits dans la commune nous témoignent de la brutalité du conflit, par exemple le cimetière britannique où reposent 666 militaires, dont 21 inconnus, tous appartenant au Commonwealth, c’est-à-dire l’ensemble des états et territoires issus de l’Empire britannique. De ses 666 tués au combat, 340 appartiennent aux forces terrestres, 325 sont des aviateurs et 1 était correspondant de guerre.
Les nationalités se répartissent comme suit : 526 Britanniques, 88 Canadiens, 41 Australiens, 1 Polonais, et 10 Néo-Zélandais.

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Contrairement à ce que l’on prétend parfois, ce cimetière militaire n’est pas lié à la Bataille des Ardennes, beaucoup de victimes sont tombées pendant cette épisode de la guerre, mais pas tous; on y trouvera aussi des victimes du début de la guerre.
Si d’aventure vos pas vous mènent à Hotton, rendez-vous au cimetière britannique, le sacrifice de ces 666 jeunes gens mérite bien un instant de recueillement. Restez un moment, asseyez-vous près d’eux, dites une brève prière à la grâce de ces héros, nos libérateurs. Leurs sépultures nous enseignent que la paix et la liberté n’ont pas été gratuites …

Dans cet article, j’aimerais vous entretenir de dix d’entre eux, les dix aviateurs Néo-Zélandais.  Qui sont-ils ? D’où venaient-ils ? Quels sont les circonstances de leur mort ?

 

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Leur pays d’origine

Ces dix jeunes aviateurs venaient d’un pays de l’autre bout du monde, la Nouvelle Zélande. En anglais, on l’appelle New-Zealand, en Maori « Aotearoa ». C’est un pays de l’Océanie, au sud-ouest de l’Océan Pacifique, constitué de deux îles principales et de nombreuses îles beaucoup plus petites. Son plus proche voisin, l’Australie, se situe à environ 2.000 km, la Nouvelle-Zélande est donc très isolée géographiquement. Sa population est majoritairement d’origine européenne (Les Européens y débarquèrent seulement en 1642), tandis que les Maori (population d’origine) forment la minorité la plus nombreuse.

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La superficie totale est de presque 270.000 km², soit un peu moins que l’Italie et un peu plus que le Royaume-Uni, ou environ neuf fois la superficie de notre pays.
Ancienne colonie britannique jusqu’en 1840, dominion en 1907, puis complètement indépendante depuis 1947 en tant que Royaume du Commonwealth, la Nouvelle-Zélande maintient de forts liens avec le Royaume-Uni, ainsi qu’avec l’Australie.
La Nouvelle-Zélande est une monarchie constitutionnelle. Le monarque du Royaume-Uni, la Reine Élisabeth II, est le chef d’État de la Nouvelle-Zélande. Cependant la Reine « règne mais ne gouverne pas »; elle n’a aucune influence politique, sa fonction étant surtout symbolique. En pratique, elle est représentée par un Gouverneur général qui détient le pouvoir exécutif.

D’où vient leur surnom « KIWI » ?

L’isolement géographique de la Nouvelle-Zélande a permis le développement d’une flore et d’une faune endémiques (qui n’existe nulle part ailleurs) très riches et variées, allant des kaoris (conifères géants) aux insectes weta (insecte géant) et en passant par les kapongas (fougère géante) et le kiwi. Ce dernier est un véritable symbole en Nouvelle-Zélande, il figure notamment sur les pièces de 1 dollar néo-zélandais. Les Zélandais eux-mêmes y sont très attachés, à un point tel que le terme de « Kiwi » signifie également dans ce pays « Néo-Zélandais » et désigne ainsi les Zélandais eux-mêmes.
Le Kiwi, l’Apteryx (du grec ancien et signifiant «sans ailes» et francisé en aptère), est un oiseau d’une taille variant entre 35 et 65 cm. Ses ailes sont rudimentaires, atrophiées. Ses pattes sont assez courtes et vigoureuses, et ils sont dépourvus de queue. Leurs plumes, généralement brunes et relativement peu nombreuses, ressemblent à des poils.5.Oiseau Kiwi.jpg Les kiwis sont des oiseaux timides, nocturnes et disposant d’un sens aigu de l’odorat, ce qui leur permet de trouver leur nourriture. Ils se nourrissent en enfouissant leur long bec dans le sol à la recherche de vers, d’insectes, et de fruits tombés au sol, mais aussi de petites écrevisses ou d’amphibiens tels que les grenouilles. Le kiwi a une durée de vie atteignant 30 à 35 ans. Actuellement il est menacé d’extinction.

Un fruit, le kiwi, porte leur nom. Sa culture se développant en Nouvelle-Zélande à partir de 1953, les Néo-zélandais l’appelèrent donc « Kiwi », sa peau velue rappelant celle de l’oiseau du même nom, emblème du pays.

Que faisaient-ils dans la RAF ?

Pour les Néo-Zélandais, s’associer en temps de crise avec les Anglais était perçu comme naturellement évident, voir même nécessaire. Leurs relations internationales sont caractérisées par une politique d’apaisement et le rejet total de fascisme et la dictature. Dans les années 30 et 40, tout comme en 1914, il était considéré qu’une menace contre la Grande-Bretagne constituait aussi une menace contre la Nouvelle-Zélande.

Lorsque la guerre éclatait, la Royal New-Zealand Air Force (RNZAF) était mobilisée et il était fait appel aux volontaires pour rejoindre ses rangs pour la durée du conflit. A ce moment-là, 550 Néo-Zélandais servaient déjà au sein de la RAF. Mais comme les Britanniques estimaient qu’il fallait disposer de 20.000 pilotes et de 30.000 autres aviateurs pour faire face aux hostilités, ils sollicitèrent l’assistance des pays du Commonwealth. La Nouvelle-Zélande s’est engagée pour livrer, chaque année, 880 pilotes entrainés. Plus tard, ce nombre a été revu vers 2000. Ainsi, dès 1940, 7000 Néo-Zélandais partaient au Canada pour y être formés comme pilote, navigateur, bombardier, opérateur-radio, ou mitrailleur aérien, avant de rejoindre leur unité opérationnelle en Angleterre.     Leur âge moyen était de quelque 21 ans, et on attendait d’eux qu’ils accomplirissent 30 missions opérationnelles avant d’être démobilisés.

La RAF comptait sept escadrons essentiellement composés de Néo-Zélandais, deux au sein du Bomber Command (75ème et 487ème), trois au sein du Fighter Command (485ème, 486ème, et 488ème), et encore deux sous commandement du Coastal Command (489ème et le 490ème). Mais la majorité des aviateurs Néo-Zélandais servant avec la RAF n’étaient pas incorporés dans ces escadrons Néo-Zélandais, mais ils volaient dans des équipes mixtes de Britanniques, Canadiens, Australiens et Sud-Africains comme il était le cas dans la plupart des autres escadrons.

De tous les aviateurs du Bomber Command tués pendant la guerre, 72% étaient des Britanniques, 18% étaient des Canadiens,  7% étaient des Australiens et 3% étaient des Néo-Zélandais. Des 6000 Kiwis ayant servi au sein du Bomber Command, presque un tiers (1850) seront perdus – un nombre important, mais encore plus impressionnant quand on réalise que la population de la Nouvelle-Zélande ne comptait pas plus que 1.6 million d’âmes.

Dix de ces héros reposent à Hotton           

F/Lt Madden
Flight Lieutenant Brian Minden MADDEN était né à Wellington le 02 novembre 1919. Il vivait comme célibataire avec ses parents à Remuere (Auckland). Avant de rejoindre la RNZAF, il gagnait sa vie comme comptable dans un bureau d’affaires juridiques.
Madden commandait le B-Flight de 610 RAF Squadron sur Spitfire Mk XIV. Il mourut le 18 décembre 1944. Dans le rapport de mission de cette journée, on lit que le 610 RAF Squadron décollait de sa base à Lille à 09.20 hr pour aller patrouiller dans la région d’Arnhem et Trier. A 16.000 pieds, ils se lancent à la poursuite de huit Messerschmitt Bf-109 mais ils les perdent dans les nuages. Plus tard, ils rencontrent seize Focke-Wulf FW-190 et ils les engagent dans les nuages, mais sans trop de succès d’ailleurs à cause de la très mauvaise visibilité. De retour à leur base à 11 heures, il est constaté que F/Lt Madden manquait.

Lors d’une patrouille, lorsqu’il attaquait un V-1, il tomba à court de munitions.

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Alors, il se mit en position à côté de la bombe et il tenta de la faire basculer en la soulevant avec la pointe de l’aile de son Spitfire. La bombe se redressait d’elle-même lors des deux premières tentatives, mais elle était enfin renversée au 3ème essai et alla s’écraser dans une forêt.
F/Lt Madden est crédité avec six victoires aériennes sur bombes volantes V-1.
F/Lt B. M. Madden repose à Hotton dans la tombe VIII-B-12. Il est mort à 25 ans.

F/Lt Whaley
Flight Lieutenant Patrick Noel WHALEY venait de l’Auckland (NZ).
Il était pilote d’un Spitfire Mk XIX, immatriculé PL919, au sein du 541 RAF Squadron. Cette unité avait comme mission d’effectuer des reconnaissances photographiques au-dessus du territoire ennemi. Ces Spitfires n’étaient pas armés et ils portaient trois caméras, deux verticales et une en position oblique. La vitesse maximale atteignait plus de 700 Km/hr, et leur vitesse de croisière était de 430 Km/hr à une altitude de 13.000 mètres. Ils étaient en plus équipés d’un réservoir supplémentaire qui leur permettait d’opérer dans un rayon d’action de 2.250 Km. Les cockpits étaient pressurisés.

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Le Spitfire du F/Lt Whaley a été abattu le 24 décembre 1944, probablement dans la région de Bleialf à 10 km au ONO de Prüm (Rheinland-Pfalz, Allemagne). Le pilote a d’abord été enterré à Bleialf, puis au cimetière militaire américain à Foy (Bastogne), et ensuite au cimetière britannique à Bure (15 Km au NO de St-Hubert). Finalement il trouvera sa demeure définitive à Hotton où il repose actuellement dans la tombe VIII-F-12. Il avait 24 ans.

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F/Lt Whaley était porteur de la distinction honorifique « Distinguished Flying Cross ».
(La DFC est une décoration britannique attribuée « pour un ou des actes de vaillance, de courage ou de dévouement accomplis en vol, au cours d’opérations actives contre l’ennemi ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, un critère commun d’obtention de la DFC était la destruction en vol de cinq avions ennemis, ou faits d’armes équivalents).           
SqL Rabone 
Squadron Leader (équivalent du rang de Major) Paul Watling RABONE est né à Salisbury, en Angleterre, le 2 mars 1918, mais il grandit à Kairanga (Wellington, en NZ) où il devient fermier. Il était marié avec Pamela Barbara.
En avril 1938, il devient réserviste après avoir obtenu une licence de pilote privée et il s’engage dans la RNZAF. Après sa formation, Rabone rejoint l’Angleterre en février 1939.
Affecté au Squadron 88, il vole sur bombardier léger Fairey Battle et s’installe en France avec le Corps Expéditionnaire Britannique lors de la déclaration de guerre. Le 10 mai, le premier jour de l’invasion allemande à l’Ouest, le Squadron effectue son premier raid en attaquant des troupes au Luxembourg. Rabone effectue 16 missions avant que le Squadron ne soit rapatrié en Angleterre le 15 juin 1940. Au cours de ces combats, il a été abattu deux fois, la première fois son équipage et lui-même atterrissent derrière les lignes après avoir sauté en parachute. Après avoir volé des vêtements civils, ils rejoignent une colonne de réfugiés et parviennent à gagner Dieppe. La seconde fois, le 12 juin, ils sont abattus par un Messerschmitt 109 alors qu’ils sont en train de bombarder un pont sur la Seine et ils parviennent à sauter en parachute.

A la mi-août 1940, Rabone se porte volontaire pour le Fighter Command et se trouve affecté au Squadron 145. En pleine Bataille d’Angleterre, il remporte sa première victoire le 12 octobre en abattant un Me-109. Deux semaines plus tard, il rejoint le Flight 422, une unité spéciale. Rabone abat un autre Me-109 le 6 novembre. Le Flight 422 Flight est alors agrandi et devient le Squadron 96 en début décembre 1940. Rabone remportait sa première victoire de nuit le 22 décembre 1940 en faisant plonger un bombardier Allemand en mer du coté de Blackpool.

Rabone est promu flight commander. Lui et son mitrailleur rencontrent un problème moteur le 13 avril 1941 mais ils parviennent à sauter de leur avion Défiant alors qu’ils se trouvent au-dessus de Peak District. En juillet 1941, Rabone prend le commandement du Flight 1451, opérant du Havoc équipé d’un projecteur et dont la mission consiste à éclairer des appareils ennemis afin que des chasseurs monomoteurs parviennent à leur tirer dessus. Les Havoc sont aussi équipés de radar destinés à permettre la recherche des appareils allemands. L’expérience se révèle cependant peu fructueuse en termes de résultats et l’expérience est abandonnée rapidement.

Mis au repos en octobre 1941, Rabone retourne en opérations en août 1942 et rejoint le Squadron 488 comme flight-commander sur Bristol Beaufighter après avoir effectué un bref passage au Squadron 256 et au Squadron 29. Affecté outre-mer en avril 1943, Rabone s’envole pour Malte où il rejoint le Squadron 23 équipé de Mosquito, et avec l’un desquels il effectue des raids sur les voies de ravitaillement dans le Sud de l’Italie.

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Au cours d’une mission dans le secteur de Rome, il attaque un convoi routier avant d’endommager trois Cant 506 (hydravion italien) au mouillage dans le Lac Bracciano. Le 15 août 1943, Rabone vole sur un Spitfire pour emmener des pièces de rechange sur un aérodrome situé près de Palermo. Au retour, il abat en chemin un Junkers-88 qui tombe en mer après une course poursuite de 17 kilomètres.

L’unité débarque en Sicile au début septembre où Rabone conduit une mission intruder sur l’aérodrome de Grosseto. Lors de ce raid, Rabone détruit un Junkers-88, un Heinkel-111 et endommage un autre appareil du même type. A la fin de son tour d’opérations, Rabone retourne en Grande Bretagne en novembre et reçoit la DFC le 25 janvier 1944 avec 6 victoires à son actif.

Après avoir occupé des fonctions d’instructeur pendant 3 mois, il rejoint la Squadron 515 pour effectuer des missions d’intrusion au-dessus de la France et de l’Allemagne. Le 21 juin 1944, Rabone remporte la première victoire de jour de l’unité en abattant un Messerschmitt-110 alors que celui-ci décolle d’un aérodrome. Le 30, à nouveau de jour, il abat un Heinkel-111 qui s’apprête à atterrir ainsi qu’un Junkers-34 qui est en approche de l’aérodrome. A la mi-juillet, il rejoint le Squadron 23 qui est rentré de Malte.

Rabone décolle le 24 juillet 1944 pour attaquer des objectifs situés au Nord-Ouest de l’Allemagne mais son avion, le Mosquito immatriculé HR 236, ne rentre pas de cette mission. Son corps et celui de son navigateur sont rejetés sur la côte à Helgoland Island 3 mois plus tard et enterrés sur place. Après la guerre, le corps est de Rabone est ré-enterré au cimetière britannique à Hotton où il repose dans la tombe XI-C-8.  La dépouille de son navigateur, F/O Frederick C. H. JOHNS, a été enterrée en Allemagne au Hanover War Cemetery, tombe 10-E-9.

SqL Rabone et F/O Johns sont porteurs d’une distinction honorifique britannique, le Distinguished Flying Cross. Rabone avait 26 ans quand il mourut.

W/O Mc Gregor
Warrant Officer Ronald Gregor McGREGOR était né à Auckland (NZ) le 31 juillet 1921. Il gagnait sa vie comme travailleur dans le secteur de l’osier. Il s’est engagé comme volontaire à la RNZAF en juillet 41 et il a rejoint le Canada en octobre 41 où il a obtenu son brevet de pilote en février 42. Rattaché à la RAF, il rejoint l’Angleterre en mars 42 et volera sur Spitfire. En août 44, il est converti sur Hawker Typhoon et volera lors de 40 missions de combat au sein du 247 RAF Squadron.
Le 31 décembre 1944, à la veille du nouvel an, à 11.20 heures, huit Typhoons équipés de réservoirs supplémentaires largables décollaient de leur base à Eindhoven pour effectuer une patrouille armée en profondeur vers la région de Hanovre.

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Lors de l’attaque d’une locomotive, deux avions dont celui de McGrégor se trouvèrent isolés de leur formation, et ils ont été assaillis à leur tour par trois Focke-Wulf 190. A 11.30 heures, le Typhoon NM399 piloté par F/O McGregor était abattu et il s’est écrasé dans une zone boisée au Kattenvenner Moor, à 5-10km au SE de Ladbergen (Allemagne) et où il a explosé à l’impact.
Immédiatement après sa victoire, le pilote allemand a été descendu à son tour par l’autre Typhoon.

Après la guerre, le corps de McGregor a été exhumé du cimetière allemand de Ladbergen et temporairement transféré au cimetière américain à Neupré. Actuellement, F/O McGregor repose au cimetière militaire britannique de Hotton dans la tombe VIII-C-6. Il n’avait que 23 ans quand il mourut.

Sgt Wade
Sgt Horton Nielsen WADE est originaire d’Eltham (Taranaki, NZ).
Il était le navigateur à bord d’un bombardier lourd du type Short Stirling, immatriculé BF565 (HA-H), appartenant au 218 Squadron du Bomber Command et qui avait sa base à Downham Market en Angleterre.
12-short-stirling Bombardier lourd : le Short Stirling

Dans la nuit du 29/ 30 mai 1943, 739 bombardiers avaient la mission d’aller pilonner la ville de Wuppertal, ceci dans le cadre de la Bataille du Ruhrgebiet.
Le bombardement a été qualifié de particulièrement effectif car d’énormes incendies se développèrent dans les rues étroites de la vieille ville. Il est même probable que l’intensité du feu ait produit la première de ce qu’on appellera plus tard « tempête de feu ». Les ravages étaient terribles : environ 500 hectares détruits par le feu. Cinq grandes usines, 211 bâtiments industriels, et 4000 maisons avaient été complètement anéantis. Et cette tragédie avait exigé 3400 vies humaines.   Jusqu’ici, l’assaut de Wuppertal fut le raid le plus meurtrier et le plus dévastateur depuis le début de la guerre.

Côté britannique, ce raid se solda par la perte de 33 bombardiers ou 4,6% de la force. Le Sterling immatriculé BF565 était un de ces bombardiers qui ne sont pas revenus. Au-dessus de la Belgique, il a été intercepté par un chasseur de nuit et il s’est écrasé dans un champ près de Kettenis, à 2 km NNE d’ Eupen. Aucun des sept membres de l’équipage n’a survécu. Trois d’entre eux, dont Sgt H. N. Wade, sont enterrés au cimetière britannique de Hotton. Les corps des quatre autres victimes, dont un autre Néo-Zélandais, le Sgt mitrailleur aérien D. P. Strong,  n’ont jamais été retrouvés.
Sgt H. N. Wade repose dans la tombe VII-C-12. Au moment de mourir il avait 30 ans.

L’équipage du Lancaster HK564
Dans la nuit du 12 au 13 août 1944, le Bomber Command avait reçu plusieurs missions de bombardement. Une de ces missions visait Rüsselsheim avec 287 bombardiers lourds (191 Lancaster et 96 Halifax) et l’objectif à toucher était l’usine Opel qui construisait des moteurs.
13-avro-lancasterBombardier lourd, le « Avro Lancaster » 

Cette unité de production s’en sortait sans trop de dégâts importants ; un rapport allemand relate que seulement l’unité des pneus et quelques unités d’expédition et de transport, ainsi qu’une centrale électrique avaient été touchées, et que la plupart des explosifs seraient tombés dans les champs au sud de l’usine.
Côté britannique, les pertes étaient plutôt lourdes : 13 Lancaster et 7 Halifax (soit 6,7%  des forces engagées).

Un de ces avions perdus était le Lancaster immatriculé HK564 (AA-P) appartenant au 75 Squadron du Bomber Command. Son équipage était composé de six Néo-Zélandais et un Britannique. Le bombardier a été intercepté vers 23.40 heures par un chasseur de nuit au nord du Luxembourg, au-dessus de Lieler. Seul le navigateur a pu quitter l’avion en parachute, mais il s’est tué tout de même. Les six autres membres de l’équipage ont péri dans l’avion qui a explosé à l’impact près d’Ouren en Belgique.
Toutes les victimes sauf une (le navigateur) ont été enterrées dans une tombe collective à Ouren. Après la guerre, leurs restes ont été transférés au cimetière britannique à Hotton où ils reposent dans la tombe collective VI-G-1 à 6.
Il s’agit de

1. P/O Mulcahy
Pilot Officer Cyril Desmond MULCAHY est né à Takapau (Wellington, NZ). Il a rejoint la RNZAF en juillet 1942. Il a obtenu son brevet de pilote au Canada en mai 1943. Ensuite, il a été incorporé au 75 Squadron en Angleterre.
La nuit du 12/13 août il était pilote et commandait le Lancaster abattu. C’était sa 9ème mission. Il avait 21 ans quand il mourut.

2. P/O Elvin
Pilot Officer William ELVIN est né à Wanganui (Wellington, NZ) et était marié à Elva Mahala. Il était l’opérateur-radio de son équipe, il avait 22 ans au moment de sa mort.

3. F/Sgt Thomson
F/Sgt Edward Leonard THOMSON est né à Christchurch (Canterbury, NZ). Il était le viseur-bombardier de l’équipe. Avec son âge de seulement 20 ans, il était le plus jeune membre de l’équipage.
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Les six tombes de l’équipage du Lancaster HK 564

4. F/O Hazard

F/O Whelan Fellon HAZARD était le navigateur de l’équipage. Il était le seul à avoir réussi à quitter le bombardier avant qu’il ne s’écrase. Son parachute a bien fonctionné, mais il a tout de même été découvert mort, toujours attaché dans son harnais de parachute et suspendu dans un arbre. Lui aussi n’avait que 20 ans. F/O Hazard est le seul qui ne repose pas avec les membres de son équipage; il a été enterré dans un cimetière britannique en Allemagne, le « Reichswald Forest Cemetery » où il repose dans la tombe 1-D-14.

5. F/Sgt Wright
F/Sgt John Herbert WRIHT est originaire de Taranaki (New Plymouth, NZ). Il était un des mitrailleurs aériens à bord du bombardier. Il avait 26 ans.

6. F/Sgt Johnston
F/Sgt Haig Douglas JOHNSTON vient de Balclutha (Otago, NZ). Lui aussi était un des mitrailleurs aériens de l’équipage. Il avait 27 ans.

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Symbole figurant sur chaque tombe néo-zélandaise

7. Sgt Parker (RAF)
Sgt Robert R. S. PARKER était l’ingénieur de bord/mitrailler aérien. Il n’est pas Néo-Zélandais mais bien né en Angleterre. Cependant, puisqu’il faisait était dans équipe avec les Néo-Zélandais, il est repose avec eux à Hotton dans la même tombe collective VI-G-1 à 6.

Quand vous vous dirigez d’Ouren vers Weiswampach (Luxembourg), exactement à la frontière et en face d’une chapelle, vous rencontrez un monument à la mémoire des 13 aviateurs tués. 13 en effet, car en cet endroit deux Lancaster ont été abattus dans la nuit du 12 au 13 août 1944. Dans l’autre Lancaster, le ME596 appartenant au 61 Bomber Command Squadron, il y avait six victimes (4 Britanniques et 2 Canadiens) et un rescapé (Canadien) qui a été fait prisonnier de guerre. Ce mémorial a été inauguré le 13 mai 2004.

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Précisions de l’auteur

Une bibliographie n’est pas jointe car trop longue à publier.
Des informations peuvent être obtenues sur demande auprès du rédacteur de cet l’article.

Rik Verhelle     
Rue d’Izier 74, boîte 13
6941 Bomal-sur-Ourthe (Durbuy)
rikverhelle@skynet.be

LA LIBERATION DE NOS VILLAGES EN SEPTEMBRE 1944

D’ores et déjà, je vous conseille de consulter cet article régulièrement car, durant les jours à venir, j’ai ajouterai des informations relatives à d’autres villages… A ce jour, vous lirez des témoignages sur la libération de Chevron-Stoumont, Harzé, la Haute-Ardenne, Hotton, Basse-Bodeux et Ouffet.

CHEVRON-STOUMONT

La Petite Gazette du 15 février 2012

LA LIBERATION DE CHEVRON – STOUMONT

Monsieur Alain Jamar de Bolsée, de Chevron, me communique un document tout à fait inédit qu’il a retrouvé dans les papiers de sa maman, Ghislaine Jamar de Bolsée, décédée fin 2009. Il s’agit d’un carnet relatant les événements de la guerre 40-45 et notamment ceux relatifs à la libération du village de Chevron (entité de Stoumont) en septembre 1944. Comme le pense mon correspondant, je suis certain que vous serez intéressés par la lecture de ces notes :

« 2  septembre 1944

Le soir,  à 11 h. au moment où je montais pour aller me coucher, voilà que l’on frappe à la porte du perron : c’étaient 4 Allemands avec une auto qui demandaient à loger.

Dans l’après-midi, nous avons déjà eu une alerte car 2 autres étaient venus mais étaient heureusement repartis.

 

3 septembre 1944

Ce matin nouvel arrivage de troupes : nous devons, cette nuit, loger 40 hommes et dans le jardin de gros canons d’artillerie. Il y a un va-et-vient d’autos et d’autos-chenilles. Les Allemands sont grossiers, forts dépenaillés, fatigués.

Nous sommes privés de notre TSF qu’on ose plus faire aller. Pourtant on  continue à connaître les nouvelles, mais les opérations en Belgique restent secrètes où sont  exactement les Américains … Sans doute du côté de Bouillon Neufchâteau ?

 

4 septembre 1944

Ils sont toujours là et nous nous demandons quand ils repartiront.

Les alliés approchent. Clandestinement, on va avec mille précautions écouter le poste de TSF chez Alice car le nôtre est caché. La TSF annonce l’avance foudroyante des Américains.

Le 3, ils sont à Bruxelles avec des troupes belges et le 4 à Anvers qui est délivrée. C’est la joie, c’est l’attente angoissée et impatiente. Dans nos régions quand sera-ce notre tour ? Et l’attente paraît longue et les émissions sont écoutées avec plus d’attention que jamais.

Les Allemands finissent par partir après avoir volé fruits et légumes dans le jardin et des seaux et des mannes dans la buanderie. Ils laissent une crasse indescriptible et ont enlevé nos drapeaux américains et anglais qui étaient enfermés dans une armoire. J’ai retrouvé notre drapeau belge en morceaux dans une chambre.

Je rencontre le commandant William qui nous dit que l’ordre avait été donné d’attaquer à la grenade les boches installés au village donc surtout chez nous qui avions 40 hommes et 2 ou 3 officiers ! Mais devant les représailles terribles pour le village si cela se faisait, l’armée blanche ne l’a pas fait. Nous l’avons échappé miraculeusement… Pourtant est-ce tout à fait exact ? N’y a-t-il pas un peu de vantardise, de la part  du groupe de l’indépendance, ce  groupe qui opère pour le moment dans le village et en qui je n’ai pas pleinement confiance. Ils font des imprudences et sont assez inconscients. Les boches sont partis, paraît-il, parce qu’ils avaient eu vent de l’affaire. Je ne sais exactement ce qu’il faut croire. De plus j’apprends que réellement nous avons failli être attaqués dans le château par les blancs à cause des boches  qui y  étaient.

Nous apprenons ce jour l’arrestation sur la route à Neufmoulin de M. le chapelain de Trou de Bra  Franz Van Weezemael, un  courageux futur missionnaire qui avait remplacé l’œuvre de notre curé en son absence et qui s’occupait magnifiquement de l’armée blanche en tant que prêtre.

Nous le connaissions très bien, il venait donner souvent des leçons de flamand aux enfants et était des plus sympathiques et avait une  activité splendide. On ne sait pas grand-chose en ce qui concerne son arrestation. On sait qu’il a été malmené déjà au moment où on l’a arrêté. On l’a vu passer sur un camion c’est tout… En apprenant la chose  mon cœur se serre, et j’ai  de grandes craintes pour lui… Elles furent malheureusement fondées…

Le départ  des Allemands a été provoqué par mon oncle qui, ne pouvant garder le silence, dans l’intention de les faire déguerpir car ils n’avaient pas l’impression de savoir les alliés si près, leur  a dit qu’ils devaient partir  car les Américains étaient tout près. Les Allemands croyaient les alliés encore à Lille !… Les dires de  mon oncle  étaient une preuve qu’il avait une TSF. Les boches, ravis d’en avoir une, sont venus la lui chercher tout simplement et l’ont installée chez eux promettant de la laisser quand ils partiraient. Mais on connaît leurs promesses ! » A suivre…

La Petite Gazette du 22 février 2012

LA LIBERATION DE CHEVRON – STOUMONT

Nous reprenons la découverte de ce document tout à fait inédit que Monsieur Alain Jamar de Bolsée, de Chevron, nous a communiqué en précisant qu’il l’a retrouvé dans les papiers de sa maman, Ghislaine Jamar de Bolsée, décédée fin 2009. Il s’agit d’un carnet relatant les événements de la guerre 40-45 et notamment ceux relatifs à la libération du village de Chevron (entité de Stoumont) en septembre 1944.

« Mardi 5 septembre 

Journée de nettoyage car la crasse laissée par eux  est indescriptible !

Mercredi 6 septembre

Le père Gilles  vient  le matin avec le commandant William de l’armée blanche voir si on ne pouvait pas faire du château un hôpital pour les blancs. Maman leur montre la grande salle à manger et le salon vert. Ils trouvent cela parfait, mais ne semblent pas être très organisés quant aux questions pratiques telles que cuisine, infirmiers, médecins etc.

Enfin ils demandent ceci, en cas de nécessité… La matinée se passe donc à déménager tout le mobilier qu’il y a dans la grande salle à manger et ce n’est pas peu de chose ! Mais le soir tout est en ordre propre et prêt éventuellement.

Nous croyons être un peu tranquilles, mais la dure semaine commençait.

Le soir vers 9 h alors que je venais d’achever de mettre les petits au lit, on frappe au perron : c’était William avec un autre de l’armée blanche dénommé « le neveu d’Alice» car il logeait là depuis quelques jours. Il pleuvait  à verse et tous les deux  étaient dégoulinants et ruisselants d’eau. Ils demandent  de pouvoir loger  à 50 la nuit.

Ils ont eu une escarmouche assez sérieuse à Villettes et, après de  grands détours sont arrivés ici ayant pris des camions allemands qu’ils installent dans le parc. Nous leur montrons les chambres au 2e étage.

William décide que 20 hommes pourront y dormir et ils arrivent… tout ruisselants, la pluie ne cessant de tomber. C’est une vision extraordinaire, tous ces hommes sans uniforme portant des vêtements fort usagés et porteurs de grands fusils. Une femme est avec  eux et porte au dos un énorme havresac. Dans la mi-obscurité, ils montent l’escalier et s’installent mais je suis épouvantée de leur manque organisation et de leur imprudence, ils n’occultent pas leurs fenêtres et de ce fait peuvent être repérés par les Allemands qui sont à leur poursuite… Ils ne mettent pas de sentinelle aux abords du château… C’est inimaginable, ils pensent dormir jusqu’au lendemain 8 h!

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Il y en a un  qui a faim, les autres ont du beurre et du pain qui ne savent qu’en faire. Tout cela ne donne pas grande confiance dans le groupe du commandant William…

Ayant installé les blancs en haut, nous estimons, avec maman qu’il est imprudent pour nous de rester au château au cas où les Allemands repéreraient les blancs et décidons d’aller loger chez  mon oncle et, à 10 h du soir, alors qu’il pleut toujours et fait un noir à ne pas voir à 50 cm devant soi, je pars seule avertir mon oncle de notre arrivée.

De suite Marguerite arrange notre installation pour la nuit alors que je retourne à la maison chercher les petits et tous nos bagages. Jean-Pierre et Nicole sont avec moi pour aider. Il faut réveiller les petits dans leur premier sommeil, ce n’est pas facile  de les habiller à la hâte dans l’obscurité à peu près. On met tout sur deux chariots des enfants et cahin-caha nous partons pour la Vieille Maison, c’est lugubre et angoissant.

Nous arrivons, et Marguerite a arrangé un  grand matelas dans le salon où j’installe mes trois gosses tout habillés. Gisèle  a un lit, ses enfants sont installés deux avec les miens. Yves également a un lit  et se rendort vite. Pierre et sa famille sont inquiets des événements. Pierre décide de veiller toute la nuit et a  peur des représailles pour le village.

Je retourne encore au château avec la servante rechercher des affaires. Là le « neveu d’Alice » me dit que je ne devrais pas partir que lui va dormir sur ses deux oreilles etc. Non vraiment je ne l’écoute pas car la prudence avec nos six petits garçons me dit de nous éloigner du château.

Il n’est pas loin de minuit lorsque, à mon tour, je m’allonge près des petits, bien inquiète et l’esprit en éveil et à l’écoute du moindre bruit.

Il va sans dire que je n’ai pas fermé l’œil. Vers 2 h du matin, j’ai été très effrayée en entendant le pas de deux hommes qui allaient chez Beauvois. Par après j’ai appris que c’était deux sentinelles blanches qui montaient la garde.

Ce fut long, j’ai entendu Pierre qui sortait dans la cour et marchait inquiet lui aussi. Enfin le jour se levait il n’y a rien eu. Pierre et sa famille s’en vont à Xhierfomont à pied estimant qu’il y a danger à cause des représailles de rester à Chevron. » A suivre…

La Petite Gazette du 29 février 2012

LA LIBERATION DE CHEVRON – STOUMONT

Nous poursuivons, maintenant, la découverte de ce document tout à fait inédit.

« Jeudi 7 septembre 

Dans la matinée, nous venons voir au château ce qui se passe. Des blancs sont partis, d’autres sont encore là. Ils ont laissé une crasse inimaginable.

Nous restons  chez Marguerite et y  dînons.  Peu avant midi, alors qu’on s’affairait autour du dîner, brusquement on entend des coups de feu assez nourris du côté de la Platte.

Un quart d’heure plus tard, nous voyons passer plusieurs personnes du village dans le jardin  en courant, ayant sous le bras un petit paquet qu’à la hâte, ils avaient pris.

Nous demandons ce qu’il en est,  et ils disent qu’on se bat  à la Platte, que 12 camions allemands se dirigent sur le village et que c’est la panique dans le village.

Nous restons calmes et très angoissés dans la cuisine chez Marguerite, nous surveillons toutes les allées et venues. Puis passent encore dans le jardin tous les blancs, fusils à la main et courant, je ne sais où. On en voit qui se postent dans la prairie entre chez  Targnion  et Beauvois, d’autres au carrefour sont même tout à découvert. Il y en a en uniforme de Chasseurs Ardennais, d’autres simplement en civil.

Cette fois nous descendons dans la cave, le danger approche, j’ai confiance dans la prière et nous la faisons de tout notre cœur.

On entend au loin la mitraillade. C’est à ce moment-là que j’ai eu le plus peur car réellement je m’attendais à tout moment à voir arriver les Allemands dans la cave  et Dieu sait ce qu’ils auraient pu faire…

À Grand Trixhe, ils ont tué  huit personnes  dont un enfant et de tous côtés des atrocités analogues se sont produites.

Encore une fois la prière pour nous fut un secours immense. Ma confiance était très grande et, malgré mes terribles appréhensions, j’étais très calme. Les petits avaient faim !

Petit à petit les coups de feu ont cessé et au bout d’une heure nous sommes remontés de la cave et l’appétit  fut quand même  bon ! Par après nous avons appris en effet qu’il y avait eu un engagement à la Platte entre l’armée blanche et les boches. Deux  sentinelles des blancs ont été tuées par les boches.

Les blancs ont riposté et ce fut la mitraillade et les boches  sont allés chercher   un tank, sur ce, les blancs se sont repliés et c’est alors que nous ne les avons vus apparaître dans le village.

Le tank allemand  a facilement balayé la route qui menait vers chez Schröder et le drame de la ferme Delhasse  se place à ce moment… Les boches ont incendié la ferme dont il ne reste rien. L’homme était caché dans la cave et heureusement n’a pas été découvert, La femme fut mise au mur  et attendait son 8e enfant et les sept petits pleuraient autour d’elle. C’est je crois que ce qui l’a sauvée. La nuit nous préférons encore loger chez Marguerite.

Suzanne et Pierre étaient partis, nous logeons cette nuit-là dans des lits mais par mesure de précaution encore habillés. Ce fut une nuit tranquille.

Vendredi 8 septembre 

On passe la matinée à la Vieille Maison et  nous dînons au château et l’après-midi nous ramenons nos bagages, espérant être un peu tranquille, quand au moment du souper arrivent les premiers SS.

Maman avance, un officier et un homme disent qu’ils veulent passer la nuit.

Maman leur montre le 2e qu’on n’a pas eu le temps de nettoyer.

Voyant la crasse, l’officier dit que c’est trop sale et part. Joie pour nous à cette idée. Pourtant plusieurs Allemands restent autour du château ayant l’air d’observer les alentours.

Je perçois dans le ciel vers chez Targnion une énorme boule de feu dans le ciel, une fusée sans doute.

Nous avions à peine quitté la salle du souper que plusieurs boches  l’envahissent disant que ça leur convenaient et qu’ils y boiraient le vin qu’ils avaient avec eux en grande quantité. Nous n’avons pas eu le temps même d’enlever la nappe, nous étions tout surpris de cet envahissement ; heureusement nous avions caché la TSF.

En un quart d’heure, le parc était de nouveau envahi par quantité d’autos qu’ils cachaient sous les arbres. Je cours chez mon oncle pour avoir quelques nouvelles mais c’est la même chose tout le village est gris de leur présence, et cette fois-ci ce sont les SS, les mauvais ; on les sent inquiets mais encore disciplinés. Cette nuit-là avons logé dans le hall installant les petits sur des fauteuils et des matelas. Dans la nuit, la lumière fut coupée nous avons dormi habillés. » A suivre…

La Petite Gazette du 7 mars 2012

LA LIBERATION DE CHEVRON – STOUMONT

Nous poursuivons, cette semaine encore, la découverte de ce document tout à fait inédit.

« Samedi 9 septembre

Alors que la veille ils étaient arrivés disant qu’ils resteraient une heure, ils étaient toujours là. Le 2e étage était encore une  fois rempli et le va-et-vient de leurs grosses bottes ne cessaient pas. Ce fut partout le pillage, le vol.

Depuis la veille, onze otages avait été pris, dont le père blanc van Donceel, M. Gilson, J Squelin . On leur avait dit que s’il y a un coup de feu, ils seraient fusillés ; s’il y en avait deux, on fusillerait 10 autres otages.

La terreur régnait partout; plusieurs ont quitté leur maison qu’ils ont retrouvée pillée. Pour nous, ce fut une journée horriblement longue. Les enfants étaient énervés, je ne voulais pas qu’ils sortent. Nous hésitions à aller trouver refuge chez Jules pour nous éloigner des Allemands. Pourtant nous sommes restés mais bien angoissés.

La cuisine était bourrée de boches qui venaient y dîner, y souper, etc. Ils fouillaient partout, beaucoup de choses ont disparu.

À midi nous dînions  dans la desserte avec quatre boches qui y tapaient à la machine (charmant !). Quand un officier vient pousser son nez, voir je-ne-sais-quoi, il était passé par le hall dont la porte du jardin était malheureusement restée ouverte. C’est alors qu’ils m’ont simplement volé une  grosse lampe électrique qui était sur la table. C’est aussi ce jour-là que Targnion  a été giflé et maintenu prisonnier chez lui car il avait un fils dans l’armée blanche et Marcel, son second fils, n’était pas rentré le soir. Cela ne plaisait pas aux boches, il devait être fusillé le lendemain.

Aussi dans la nuit, il réussit à se sauver sautant par la fenêtre, sa femme fut alors menacée d’être fusillée mais grâce à l’intervention d’un Roumain moins mauvais, elle fut sauvée également, mais ils furent pillés. Le soir vint, la journée avait été fatigante, énervante, et nous avons encore logé dans le hall sur des matelas par terre, moi tout habillée, les enfants également.

Dimanche 10 septembre 

Dans la nuit vers  1 h du matin, le vacarme du va-et-vient a recommencé. Vers 4 h, plusieurs sont enfin partis ainsi que plusieurs de leurs autos mais il reste encore des officiers avec une ordonnance qui, vers 7 h du matin, arrangeait le petit-déjeuner de ses chefs dans la cuisine.

Maman qui était descendue lui demande quand ils partent et il répond qu’il n’en sait rien. Quand une demi-heure plus tard, brusquement, c’est le branle-bas de tous, le petit-déjeuner est abandonné tel que et, en vitesse, les voilà montés dans l’auto et disparus.

Joie, joie, les Américains étaient décidément tout près ! Je vais voir au village ce qu’il en est  et s’il y a messe. Là on me dit que les otages viennent d’être délivrés et que le père dira la messe ce qui fait que je ne m’en retourne et nous déjeunons dans une presque impression de liberté. Quand sonne la messe, ce fut une messe de remerciements d’être délivrés de ces horribles boches.

La matinée se passe vite quand vers midi, nous entendons une grosse explosion. Plusieurs coups de canon. C’est inquiétant aussi, rassemblant tous les petits, nous nous mettons à l’abri et dînons dans la cuisine…

Il faisait très beau malgré le calme qui était revenu, je préfère garder les petits en bas où on leur a descendu des livres et où nous nous installons  avec quelques fauteuils et  ce  en début de dimanche après-midi. » A suivre…

La Petite Gazette du 14 mars 2012

LA LIBERATION DE CHEVRON – STOUMONT

Nous poursuivons, maintenant, la découverte de ce carnet relatant les événements de la guerre 40-45 et notamment ceux relatifs à la libération du village de Chevron (entité de Stoumont) en septembre 1944.

« Dimanche 10 septembre 

Vers 3h.  Albert Simonis, arrivant  en vélo, nous dit qu’il a appris qu’on allait faire sauter à coups de canon les ponts des Forges, de Neufmoulin et de Villettes.

Il venait voir où nous serions le mieux en sécurité et voyait en tant qu’artilleur d’où viendraient les coups. Cet avertissement que ça allait tonner fut pour moi rassurant. J’étais avertie. Nous étions tous rassemblés près du gros hêtre quand brusquement nous entendons « zuler » au-dessus de notre tête des obus ! Ce fut la course vers la cuisine mais c’était un coup isolé et sans doute pour régler le tir sur le pont de Neufmoulin. Nous restâmes dans la cuisine.

À 5h.  le père blanc est venu nous voir et a pris une tasse de café avec nous. Il nous a raconté la manière dont il avait été pris comme otage, libéré et rentré au presbytère  où il y a tout retrouvé pillé, abîmé, ses chaussettes  coupées en morceaux, enfin du vandalisme.

Vers 7 h. du soir, le canon a commencé à brutalement cracher plusieurs coups tout près de nous, nous avons été nous abriter dans la cave étançonnée et y sommes restés 1 h. Nous y avons beaucoup prié la Sainte Vierge qui nous a protégés tout le long de la terrible nuit ; par après nous avons su que le coup  entendu avait été celui qui avait frappé la maison Gilson.

Vers 8 ¼ h.  du soir, il y a eu une accalmie, aussi nous sommes sortis de la cave où vraiment les petits mais surtout les grandes personnes étaient très mal car, pliées en 2 en dessous d’une planche ! Nous  commençons à nous organiser pour la nuit que nous comptions passer dans la cuisine.

Tout à coup on sonne à la porte, c’était le père blanc qui venait avec la famille Couturier demander asile pour la nuit. Ce qui fait que nous les avons installés, Il y avait la vieille mère avec son fils Julien et sa fille, femme de prisonnier. Nous avons vite été chercher matelas, couvertures etc. Les enfants étaient assez énervés, moi j’étais fatiguée et, par le fait même, tracassée. Enfin nous avons mis Walthère, Odin, Guy, Hubert et Christian sur des matelas, installés par terre, Yves a le sien à part un peu plus loin. Gisèle est près de lui également sur un matelas. Elle est dérangée par suite de toutes ces émotions mais bien courageuse.

Maman est installée sur un fauteuil près du feu et moi sur un transatlantique près des enfants.

Les Couturier dans l’arrière-cuisine où il y a du feu qu’on gardera toute la nuit et qu’on supporte car il fait très froid. Et la nuit commence… Le bombardement a recommencé, on entend les obus « zuler »  au-dessus du château et 4 à 5 secondes après c’est le craquement sinistre et cela n’a pas arrêté de la nuit.

Vers 1h.  du matin, on frappe au volet de la cuisine et j’entends une voix qui demande s’il y a des hommes ! Gisèle dit : « les Américains » on va voir et c’est Florent Miny qui dit que la ferme Wuidar en face de chez lui a été touchée et flambe. Il commence par dire : « Le feu ! »

Aussi, de suite, je crois que c’est le feu au château, heureusement il n’en est rien mais il vient voir s’il n’y aurait pas des hommes dans la cave qui viendraient les aider à essayer de sauvegarder les fermes avoisinantes. Quand on a frappé, ma première idée était qu’on emmenait des blessés. Heureusement il n’en était rien. Les petits étaient réveillés, enfin on se réinstalle, le cœur plus serré et angoissé que jamais. Le sifflement des obus se fait sans s’arrêter maintenant. C’était une batterie de Basse Bodeux qui tirait et une autre installée à Chauveheid. Sur cette dernière, les Américains, qui étaient à Werbomont, tiraient également un tir plus court et on  reconnaissait bien les deux sons.

Chevron était visé nettement alors qu’il n’y avait encore aucun Américain. C’était un  dernier coup de griffes que ces salles boches ont voulu nous donner, n’ayant pas eu le temps d’incendier le village, ce dont ils avaient reçu l’ordre. Cela a été su par un officier allemand qui l’a dit lui-même à des gens de Werbomont qui voulaient venir se réfugier à  Chevron.

Et la nuit s’est poursuivie dans l’angoisse, la fatigue, l’appréhension d’apprendre le malheur survenu autour de nous et l’éventuelle perspective de voir tomber un obus sur notre propre maison. Le jour s’est enfin levé et avec un  nouveau courage, quand, vers ou 8 h30, Alice accourt disant : « venez, venez vite voici les Américains ! » A suivre…

La Petite Gazette du 21 mars 2012

LA LIBERATION DE CHEVRON – STOUMONT

Nous terminerons, aujourd’hui, la découverte de ce document tout à fait inédit que Monsieur Alain Jamar de Bolsée, de Chevron, nous a communiqué.

« Ce fut une parole magique, splendide, les Américains étaient là tant attendus, c’était vrai cette fois.

J’empoigne petit Guy par une main, Odin par l’autre, Walthère court et nous courons tous vers la barrière et à travers les branchages de La Fontaine,  je perçois le dernier des cinq tanks  magnifiques qui viennent  de descendre le village vers les Forges. Ils sont, majestueux, lents et sûrs de leurs mouvements, les hommes sont graves et attentifs au moindre mouvement.

C’est la joie de tous, on hurle notre joie, celle de notre délivrance après cette nuit d’horreur. Les drapeaux sortent. Près de chez mon oncle, au carrefour, il y a un petit rassemblement auquel je me joins avec les trois petits.

La nuit a été affreuse pour tous. Le clocher de l’église a été transpercé de part en part et bientôt par ce trou, apparaît le drapeau belge qui flotte joyeusement. « Hourra ! » crie-t-on  « Vive les Américains !»,  mais surtout «Vive la Belgique ! »

La maison Gilson  a été vilainement atteinte, la ferme Wuidar est complètement brûlée, il ne reste que les murs. Une ferme du Mont-de-là est transpercée de part en part par un gros obus, la ferme Leboutte  est tout ébranlée. Plus de cent obus sont tombés sur Chevron, trois dans la prairie devant chez nous, un à 20 m qui  par les éclats a  traversé 16 carreaux de la façade. Beaucoup de carreaux cassés, quelques bêtes tuées dans les prairies, mais  pas une personne tuée ni même blessée. C’est un vrai miracle sûrement une bénédiction du ciel et tous de le dire et de le reconnaître.

Je m’en retourne vers le village avec les trois petits et là nous entrons dans l’église et assistons à la messe. Plusieurs personnes y sont, on n’y sent encore l’angoisse de la nuit, mais un grand merci est dit dans tous les cœurs.

Mme Gilson y est avec ses petites-filles, toute défaite par le vilain coup qu’elle a subi et nous allons voir sa maison qui est bien tristement arrangée. Le toit tout enlevé, le plafond des chambres à coucher est percé. Elle est grelottante, je lui propose d’aller lui chercher du café chaud chez nous.

Je rencontre en y allant Julienne qui dit : « Rentrez les drapeaux, attention il y a encore des Allemands à Werbomont, c’est M. Simonis qui le fait dire. » Ce qui fut donc fait aussitôt dans une  nouvelle impression d’angoisse. Je reviens ensuite chez Gilson avec mon café chaud. En sortant de là j’entends un  bruit terrible de tanks  remontant La Fontaine.

J’étais seule devant la maison avec le père blanc et un moment avant de les voir apparaître, je crois que ce sont les boches et j’ai une vraie crainte. Je dis  au père : « Que faut-il faire ? » Mais, il n’y a rien à  faire et j’attends me disant à la grâce de Dieu ! J’ai encore le cœur serré mais ce sont encore des Américains qui remontent cette fois le village et alors je m’élance au-devant d’eux tout à la joie de les voir de près. Je hurle ma joie et ils me répondent par de gentils sourires.

Lundi 11 septembre 

L’arrivée des premiers tanks américains, c’est notre délivrance. Le drapeau belge flotte à l’église et sur le château.

Mardi 12 septembre 

Nous apprenons la mort horrible du père de Trou de Bra qui a été trouvé dans le bois entre Trois-Ponts et Stavelot  transpercé par des baïonnettes, et très défiguré par les coups de revolver. J’en suis navré car nous l’aimions beaucoup, il venait donner des leçons de flamand à Walthère et Baudouin. C’est un vrai martyr, il était le prêtre des maquisards et plein  d’un magnifique dévouement à toute épreuve. On fit un service pour lui quelques jours plus tard à Trou de Bra.

Le commandant Bill en personne y était avec 30 de ses hommes, trois salves furent tirées et beaucoup pleuraient, il était unanimement aimé. Il avait été arrêté Neufmoulin le 2 septembre par les boches russes et déjà malmené et emmené ensuite à Stavelot, il y fut interrogé.

Il avait sur lui deux paquets de chocolat qu’il avait eu par le parachute et qu’il rapportait aux enfants en colonie chez lui et dont il s’occupait avec tant de dévouement. C’est le chocolat qui l’a mis dedans. Cela  prouvait qu’il avait des accointances avec les Américains.

Quand le 4 septembre, il fut emmené par quelques boches avec 2 de ses compagnons dans un bois voisin, c’est là quelques jours plus tard, on  l’a retrouvé martyrisé.

C’est aussi le mardi 12 que sont arrivés ici dix réfugiés emmenés par des Américains en camion. Ces réfugiés avaient été évacués du château de Brialmont qui venait d’être occupé par  des Américains. » FIN

 

HARZE

La Petite Gazette du 2 septembre 2009

Lors d’anniversaires particuliers, la mémoire se réactive… C’est manifestement le cas avec le 65e anniversaire de la Libération. Notons par exemple que c’est le moment choisi par la RTBF pour présenter ce remarquable montage de films d’époque, admirablement restaurés et présentés sous le titre, un peu racoleur, d’Apocalypse. Les lecteurs ne se sont pas non plus montrés indifférents à l’approche de cette date anniversaire et leurs témoignages en sont autant de preuves.

LA LIBERATION DE HARZE ET LA NUIT DES OTAGES

Dans le cadre de la commémoration du 65e anniversaire de la Libération, il se prépare une manifestation quelque peu particulière à Harzé (nous en reparlerons) car il s’agira également de se souvenir d’une nuit de terreur qui laissa des traces profondes dans la mémoire collective du village. Nous y reviendrons, mais laissons à M. Frédéric Winkin le soin de rappeler les faits :

« La libération, ce n’est pas seulement des drapeaux, des chewing-gums et des embrassades. C’est la guerre !

Nous descendants des otages de Harzé, nous allons l’évoquer, avant tout, sur base des récits de Fernand Brévers et du Curé Léon Sneepers. Ce dernier, devenu otage volontaire, exerça une influence réconfortante pour les détenus et leur famille et apaisante entre l’occupant et les personnes concernées.

Le 9 septembre 1944, vers 17h30, les soldats américains du 60e régiment d’infanterie (60e  régiment de la 9e division)  s’emparent du pont d’Aywaille. Ils manquent de carburant et se contentent d’implanter une petite tête de pont.

Leur font face les Allemands de la 2e division blindée SS  » Das Reich ». De juin à août 1944, en France, elle a fusillé des centaines de civils, brûlé des centaines de maisons ou d’autre bâtiments. Depuis septembre, en Belgique, c’est par dizaines.

Harzé et son château servent de gîte d’étape aux Allemands en retraite. En cette fin d’après-midi, le plus clair de la population a fui le centre du village. Alors que la nuit va tomber, les SS pénètrent dans les maisons et s’emparent de 41 hommes qu’ils enferment comme otages à l’école des garçons. Le commandant de la place s’est installé dans la maison du notaire. Il s’y fait amener le curé et le tient pour responsable de tout Allemand abattu par le maquis: dix otages seront exécutés pour un Allemand. L’Abbé Sneepers se porte garant de ses paroissiens, mais il est consigné dans l’étude notariale.

Il est aussi tenu à aller chercher, en voiture et avec un officier, un médecin des environs, mais pas à Aywaille dont les villageois ignorent qu’elle a été libérée; ce sera le Docteur Amand de Xhoris. Avec l’infirmière Louisa Lecrompe, ils sont requis de soigner des blessés allemands, dont plusieurs le sont grièvement. Ils seront tous évacués, même deux déclarés intransportables. Le soir est tombé. Tandis que les Américains entrent dans leurs sacs de couchage sur la place Thiry, commence la nuit blanche des otages. Sévèrement gardés, ils sont parqués dans la classe des garçons. Bousculant les sentinelles, Joséphine Leroy leur apporte un confort matériel indispensable, notamment des seaux hygiéniques. Le curé s’est aperçu que la garde a disparu à la maison notariale. A son tour, il brave les SS pour apporter un réconfort moral aux otages.

Liste  des otages arrêtés par les SS et enfermés à l’école communale du 9 au 10 septembre 1944

Amand René, Bainini Aurélio, Boclinvile Camille, Bonfond Raymond, Bonfond Joseph, Brevers Fernand, Cornet Armand, Deleuze Léopold, Dessoy Léon, Farine Emile, Farine Maurice Farnir Albert, Gaspard Alphonse, Gillard Alphonse, Godet Jules, Godet Marcel, Grolet Camille, Hougardy Armand, Lecrompe Fernand, Marquet Désiré, Meurice Edouard, Meurice Jules, Meurice Emile, Mors Raymond, Polet Georges, Radelet Ovide, Renard Arsène,  Renard Joseph, Rixhon Auguste, Rixhon Robert, Saroléa Jules, Scholsem Oscar, Simon Léo, Simon Pol, Toussaint Joseph, Van Brabant Armand, Willem Alfred, Wuidar Arthur, Wuidar Maurille, Wuidar René, Wuidar Lucien.

Liste des jeunes filles arrachées à leur famille pour servir de boucliers vivants sur les véhicules allemands en retraite

Amand Andrée, Amand Ghislaine, Godet Denise, Godet Lucie, Perot Christiane, Perot Colette, Rixhon Pauline. Auxquelles il convient d’ajouter Monsieur Cuvelier  et Monsieur le Curé Léon Sneepers. » A suivre…

La Petite Gazette du 9 septembre 2009

LA LIBERATION DE HARZE ET LA NUIT DES OTAGES

«En plein milieu de la nuit, le curé Sneepers ira donner de leurs nouvelles aux familles et poussera jusqu’à Pavillonchamps pour inciter les réfugiés à se disperser. Les otages épient tous les bruits extérieurs, les claquements des mitrailleuses, les duels d’artillerie. Des canons allemands postés à Houssonloge échangent des tirs avec les Américains et les otages essaient d’interpréter ces déflagrations. Beaucoup prient avec une ferveur inhabituelle et tous se réconfortent les uns les autres. L’un deux Albert Farnir, sans enfant, se déclare volontaire pour remplacer un père de famille en cas d’exécution d’otage. L’abbé Sneepers l’apprenant, prend lui aussi le même engagement. A 4 heures du matin, le curé, rompu de fatigue, s’est enfin jeté dans son lit. A 5 heures, il en est tiré: les SS pénètrent dans les maisons à la recherche de jeunes filles, les réveillent. Certaines n’ont pas le temps de s’habiller et demeurent en robe de nuit. Sept jeunes filles sont ainsi arrachées à leur famille, de même qu’un homme: ils doivent servir de boucliers vivants sur les véhicules militaires. Ils seront supprimés en cas d’échange de coups de feu avec le maquis. Le curé calme les parents, parlemente avec le chef des Allemands, arrache la promesse qu’ils seront libérés en temps voulu et obtient l’autorisation de les accompagner. A six heures, la colonne s’ébranle, descend  jusqu’à Ville, puis remonte pour s’arrêter à Rahier. A l’aube, les Allemands quittent leurs positions autour d’Aywaille et dans la vallée de l’Ourthe pour se replier derrière la route Liège-Bastogne. Les otages entendent passer le charroi sous les fenêtres de l’école. Des fuyards excités apprennent leur existence, ils pressent les sentinelles de jeter des grenades dans la classe. Les gardiens s’y refusent; l’ordre doit émaner d’un officier. Aucun ne se présentera. Le trafic finira par s’arrêter, il ne reste plus que les traînards à pied ou en vélo. Par Pavillonchamps et Priestet, ils remontent vers Havelange et Lorcé. Par les fenêtres, les otages voient monter dans le ciel des fumées d’incendie. Sur la grand-route, à hauteur de l’école, les SS avaient dressé un barrage sommaire, ils boutent le feu à une charretée de foin et brûlent, de part et d’autre, les maisons Godet et Renard. Il est midi et demi. Enfin ravitaillés, les Américains se sont ébranlés d’Aywaille, une compagnie a pris la route de Marche, une autre celle de Harzé. Elles ont rendez-vous avec un groupe de cavalerie blindée monté de La Roche pour s’emparer du carrefour stratégique fortifié de Werbomont. Autour de l’école, les gardiens disparaissent, il ne reste plus que deux jeunes SS pour garder les otages.

Il est temps pour eux de se replier. L’un deux veut jeter ses grenades dans la classe, l’autre s’y oppose. Il s’attarde après le départ de son compagnon et lance un message aux otages: « Pas bouger, Sammies bientôt arriver« . Mais les Américains pour libérer les otages ont violé leur consigne de contourner les points de résistance? Ils déclenchent une opération éclair. Les deux jeunes SS sont tués en contrebas de la route, un incendiaire est blessé et fait prisonnier.

Les otages de l’école sont saufs.

A Rahier, le Curé Sneepers, nous sommes un dimanche, est autorisé à dire la messe, sous bonne garde, pour ses concitoyens. A midi, les otages sont libérés à Rahier. Grand marcheur, le curé connaît parfaitement la région, il conduit ses ouailles par des chemins forestiers. Tout à la joie, les jeunes filles, égratignées par les ronces, ne protestent pas. On atteint la maison de Victor Dachouffe à Chession et la troupe arrive rapidement à Havelange. Des traînards ennemis rôdent encore dans le secteur; il y a eu des coups de feu échangés avec les Américains et un habitant du hameau a été blessé ce matin par un retardataire. Harzé est-il libéré? A Havelange, on a entendu sonner la petite cloche de l’église. C’est bon signe. Le curé emprunte un vélo, descend jusqu’au Petit-Mont. La voie est libre et une jeep va récupérer la troupe de l’abbé.

Dans le village c’est la liesse: drapeaux, chewing-gums et embrassades. Le pire a été évité: un blessé léger, deux maisons incendiées, plusieurs autres pillées et saccagées, mais 50 Harzéennes et Harzéens, menacés de mort par des SS qui ne plaisantent pas, sont vivants. Un habitant sur vingt a échappé à une mort prévisible et brutale. Si l’hécatombe  avait eu lieu, plusieurs d’entre nous n’auraient pas vu le jour.

Le curé met fin aux effusions, invite ses paroissiens à un « Te Deum ». L’église est bondée d’une foule non encore remise de ses émotions. Des officiers américains prennent place dans les stalles à l’église et se diront très impressionnés. »

La Petite Gazette du 23 septembre 2009

A HARZE, ON SE SOUVIENT EGALEMENT

Nous avons suivi, en début de mois, les heures terribles vécues par les Harzéens juste avant la Libération. Grâce au récit qu’en a fait M. Frédéric Winkin au départ des nombreux témoignages qu’il a patiemment glanés auprès de ceux qui tremblèrent durant ces heures terribles, nous avons pu prendre la mesure de la terreur vécue par tout un village.

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Le prochain week-end, Harzé se souviendra de ces heures et une plaque commémorative en perpétuera le souvenir. Cette plaque sera inaugurée le samedi 26 septembre 2009 à l’ancienne école et administration communale au centre du village (actuellement la bibliothèque) à 15h30. Cette petite cérémonie sera suivie du verre de l’amitié qui sera servi au musée « 40-45 Memories »,  route des Ardennes 54 à Aywaille. A cette occasion, vous pourrez découvrir les collections de ce musée, certes petit mais riche de pièces et documents très intéressants et accessibles au public chaque dimanche après-midi, de 14h00 à 18h00, pour un modeste prix d’entrée.

LA HAUTE ARDENNE

La Petite Gazette du 11 septembre 2009

EN HAUTE ARDENNE, UNE PREMIERE LIBERATION, UNE JEEP

Monsieur Joseph Gavroye se souvient également de la Libération des hauts plateaux ardennais…

« Après avoir passé quatre longues années sous le joug allemand, du nouveau allait se passer dans un proche avenir. Jours et nuits, des formations de bombardiers alliés volaient au-dessus de nos têtes pour aller saccager l’Allemagne nazie. Ce n’était bien là que le juste retour des choses. Que n’avaient-ils pas fait avec nous en 1940 ?

A certains moments, soit de jour ou de nuit, on entendait comme un grondement dans le ciel et qui allait en s’amplifiant et cela pendant de longues minutes pour ne pas dire des heures. C’était bien le ronronnement des moteurs d’avions se déplaçant à une certaine altitude.

Parfois des avions de chasse allemands venaient à leur rencontre. Des combats aériens étaient alors engagés avec les avions de chasse alliés. C’étaient des moments dangereux car la mitraille était alors dispersée « tout azimut ». Aussi, dans certains endroits, des batteries de D.C.A. entraient en action. De loin, la nuit, on pouvait apercevoir, dans le ciel, des rayons de lumière émis par de puissants phares cherchant la présence de ces avions en déplacement. Afin de tromper le repérage, les avions alliés lançaient dans les airs des petites bandes argentées lesquelles restaient quelque temps en suspend avant d’atterrir. Finalement le bruit des moteurs s’estompait et le tout s’éloignait.

Comme à cette époque, je n’habitais pas très loin de la frontière belgo-allemande (à environ 30 Km à vol d’oiseau), on entendait le fracas des bombes lancées sur des objectifs pas trop éloignés en germanie. Au fil du temps, on s’habituait à tous ces bruits. (…)

Le 6 juin 1944, ce fut la grande aventure qui commencera en Normandie. De furieux combats auront lieu car il fallait percer ce fameux Mur de l’Atlantique installé par les Allemands. Finalement et malgré d’énormes pertes des deux côtés, les Américains prendront le dessus. Les renforts arrivaient et la tête de pont allait en s’élargissant. Il faudra encore trois mois de bataille avant d’atteindre la frontière franco-belge.

Enfin, en septembre, les Germains regagnaient au plus vite leur mère patrie. Les alliés continuaient leur avance sans trop connaître de résistance. En Haute Ardenne, des accrochages de plus en plus nombreux se passaient entre le maquis et les fuyards.

Une première libération de ce coin de Belgique aura lieu le 10 septembre 1944, c’était un dimanche. Des Panzers de l’arrière-garde prussienne défilaient vers l’Est. Leurs équipages avaient mauvaise mine. Il fallut prendre certaines dispositions d’urgence.

Un jeune voisin, âgé de 22 ans et qui s’était soustrait au travail obligatoire en Allemagne, et moi-même, alors âgé de quinze ans, irons nous cacher dans un abri construit au préalable par le papa du voisin précité, un maçon de profession. Nous étions dissimulés dans une ancienne carrière éloignée de la route nationale. Un calme relatif régnait sauf que, de temps en temps, un obus arrivait de je ne sais où et éclatait dans les parages.

Vers 15 heures, nous entendîmes un bruit continu de moteurs en provenance de l’Ouest. Nos oreilles étaient bien tendues quand nous perçûmes au loin, en provenance du village, des cris de « Vivent les Alliés ». Il devait se passer du nouveau. Tout à coup, nous fûmes hélés par deux de mes sœurs nous invitant à sortir de notre cachette. Les libérateurs étaient arrivés. Nous resterons quelques instants perplexes et hésitions à reprendre le chemin du retour. A peine avions-nous marché quelques mètres dans un chemin creux que nous aperçûmes à un carrefour deux soldats équipés d’un casque que nous ne connaissions pas. Voyant cela, nous hésitions à avancer et nous devions bien vite nous tapir dans des fourrés. Alors mes deux sœurs revinrent à la charge pour nous faire comprendre qu’il s’agissait bien de vrais Américains. Il s’agissait de deux éclaireurs observant les alentours avec de fortes jumelles.

Au fur et à mesure de notre avance, nous découvrîmes toute une armada U.S., d’où les bruits de moteurs… Une chose me surprit, c’était le déplacement tout terrain d’une Jeep. Du jamais vu ! Quel engin était-ce là ? J’étais captivé par ce mystérieux matériel.

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Dans la jeep U.S. ont pris place quatre filles Gavroye et trois volontaires de guerre français accompagnant les Américains avec des missions de liaison et de traduction. Casqué, c’est le gamin…

Pendant longtemps j’ai aspiré au jour qui me verrait tenir le volant de pareil véhicule. Il y a quatre, après soixante ans d’attente, mon rêve se réalisera grâce à une connaissance de Soumagne qui me laissera, pour quelques instants, le volant de sa Jeep de 1943. »

gavroye2        Joseph Gavroye enfin  au volant d’une Jeep

 

 

HOTTON

La Petite Gazette du 16 septembre 2009

EN MARGE DE LA LIBERATION DE HOTTON

Monsieur Jean Cambron, de Clavier, se souvient : « Les Libérateurs arrivent, ils sont à Marche et se préparent à venir vers Hotton. Tous les ponts de l’Ourthe ont sauté et les Allemands vont résister. Pour ce faire, ils installent une batterie de quatre canons dans une clairière de bois, le long de la route Oppagne-Les Mignées. Et voilà la salve de quatre obus à chaque fois en envolée contre les Américains à Hotton et aux environs.

M’enhardissant, je m’aventure dans la plaine Biron-Ny pour aller, en dessous de la ligne de tir, entendre le houlement du déplacement d’air. Après un quart d’heure j’avance encore un peu et que vois-je ? Un fil de téléphone à terre. Tout de suite, je réalise que c’est l’observateur allemand qui transmet ses données indiquant où et quand tirer sur les Libérateurs. Quelle joie formidable m’est donnée, je vais pouvoir aider les Américains… Vite deux pierres que je puisse couper leur téléphone et ils ne sauront plus régler leurs tirs. Ce n’est qu’une fois les pierres en mains et alors que je me penchais pour prendre le fil que je prends conscience de la gravité de la situation. Oui, mais la rage des Allemands pourrait s’exercer sur le village… Car si talonnés qu’ils soient, ils prenaient le temps de se venger ? La rage au cœur, je n’ai pas aidé les Alliés, malgré tout, je n’aurais su faire autrement… »

 

BASSE-BODEUX

La Petite Gazette du 23 septembre 2009

SEPTEMBRE, C’EST LE MOIS DE LA COMMEMORATION DE LA LIBERATION DE 1944…

Pour nombre de lecteurs c’est une période durant laquelle resurgissent, bien légitimement, les souvenirs de ces jours tant attendus, tant espérés depuis plus de quatre ans. En nos régions, la liesse populaire générée par l’arrivée des Libérateurs fut souvent précédée par des heures terribles, atroces, durant lesquelles l’occupant en déroute commit les pires exactions.

Ainsi, Monsieur Jacques Mathieu, de Coo, vous propose de découvrir les souvenirs d’Hubert  Wilkin qui avait sept ans en septembre 1944 et qui vivait à Basse-Bodeux :

« Je crois que c’était le 9 septembre 1944, à un jour près, la souffrance a été la même. A 5h00 du matin, une horde de SS, de vrais boches parlant très bien le français, sont venus frapper à la porte de la ferme. Papa s’est levé, a été bousculé et maltraité par ces soldats très méchants. En entendant le bruit, maman nous a réveillés mon frère et moi, les deux aînés, deux autres étaient restés au lit. Quand nous sommes arrivés dans la cuisine, ils se sont rués sur maman, la battant ; nous, nous pleurions, maman aussi et les suppliait de nous laisser la vie sauve. Pendant qu’ils maltraitaient maman, papa a réussi à aller chercher les deux plus jeunes qui dormaient toujours.

Papa ayant pris une petite couverture pour emballer notre sœur Anne-Marie, deux ans. Un Allemand mit son pied sur la couverture pour l’empêcher de la prendre ; à cause de cela, ma sœur est tombée. Alors que papa voulait la ramasser, un Allemand dit : « Laisse-la, on va la brûler comme otage… » Papa arriva quand même à l’arracher à ces brutes, mais le feu était déjà à l’étage, pour l’activer, ils cassaient les fenêtres.

Nous sommes partis en passant près de l’église puis avons pris le petit sentier qui va vers Lavaux. Vers l’étang Marenne, ma sœur a crié. A ce moment, papa a su qu’elle vivait encore, nous étions pieds nus et en pyjama : pas chaud à 5h00 du matin en septembre. Nous avons ensuite traversé le champ Léonard, puis avons continué vers la forêt entre Lavaux et le cimetière. Là, nous sommes restés assez longtemps, combien de temps exactement ? Je ne le sais plus, un jour ou plus. De là, nous voyions brûler notre ferme.

Un camarade de papa, Pol Martin, nous a-t-il trouvés ou papa est-il allé chercher du secours ? Toujours est-il que nous nous sommes retrouvés chez Martin, la dernière maison de Lavaux. Nous étions dans les caves de la maison avec des Allemands partout et des véhicules dans la cour. Je me souviens aussi avoir mis des loques humides sur le nez et la bouche pour éviter les gaz car il était dit, en ce temps-là, que les Allemands reculaient leurs véhicules aux fenêtres des caves et gazaient les gens qui s’y trouvaient.

La délivrance était arrivée, tous allaient voir les Américains qui étaient à Basse-Bodeux ; on nous a dit : « Vous n’allez pas les voir ? », nous n’avons pu que répondre : « Nous n’avons pas de souliers » et, en effet, nous étions toujours les pieds nus et en pyjama.

C’est alors qu’on a su que sept hommes, dont des pères de famille, avaient été tués à Gerarwez. Cette nuit-là, la ferme, le presbytère et les écuries de la ferme à côté ont brûlé ; plusieurs familles nous ont aidés car nous n’avions plus rien… »

 

La Petite Gazette du 30 septembre 2009

DANS LES SOUVENIRS D’UN GAMIN DE 7 ANS AU MOMENT DE LA LIBERATION

Ce gamin de 7 ans en septembre 1944, c’est Hubert Winkin et c’est Monsieur Jacques Mathieu, de Coo, qui lui sert d’intermédiaire pour vous donner connaissances de ces faits tragiques qui précédèrent la Libération de Basse-Bodeux.

« Pour mémoire, c’est maman, Marie-Louise Mathieu, épouse Winkin, qui est allée chercher le petit inconnu qui a été tué dans le champ Marenne, plus bas que le Ponsson, 300 mètres plus haut que chez Jacob (Carmen). Le corps a été transporté au travers du petit bois où se trouve un captage au bout du champ Deroanne, derrière le presbytère. Maman parlait d’Hubert Dhamen qui était cantonnier, il lui avait donné un coup de main pour le mettre dans un sac (sac de mélapaille, grand sac pour aliments des chevaux) et le charger sur une charrette à chien, laquelle servait à conduire les cruches de lait pour aller traire.

Avec son chien Marquis, maman a conduit ce pauvre corps à la morgue du cimetière, seule, car les hommes étaient tous cachés. Maman nous a toujours dit qu’il était très jeune et qu’il avait beaucoup souffert avant de mourir. On nous a dit qu’il était déjà attaché derrière un char attelé dans la région de Neufmoulin, ses genoux étaient en sang et ils le traînaient. » Monsieur Mathieu ajoute à ce terrible récit que « le corps de ce petit inconnu repose au cimetière de Basse-Bodeux. »

A la lecture de pareils souvenirs, on imagine aisément que la Libération ne laissa pas que des souvenirs de liesse populaire dans l’esprit de ceux qui vécurent ces heures durant lesquelles les émotions les plus contradictoires se succédèrent.

La Petite Gazette du 4 novembre 2009

SEPTEMBRE 1944, A BASSE-BODEUX

Monsieur Valère Pintiaux, d’Esneux, se rappelle très bien cette période si trouble précédant la Libération de septembre 1944.

« Il y a eu trois Allemands de la wehrmacht tués et déposés près du monument aux morts. Peut-être ont-ils été tués par des SS car il a été dit qu’ils s’étaient entretués ! Après l’arrivée des Américains, il fallait les enterrer, plein de colère et de haine, on les a chargés dans un tombereau et on les a enterrés à l’extérieur et le long du mur du cimetière entre Basse et Haute-Bodeux. Après quelque temps, la colère est retombée, ils ont été exhumés et placés à l’intérieur du cimetière.

Les Allemands avaient mis trois canons dans la prairie, le long de la route près de chez Joseph Mathieu, et ils tiraient en direction du carrefour sur la Lienne. Ils tiraient trop court, on l’a constaté après en découvrant les sapins déchiquetés. Ils ont alors allongé le tir, mais, au premier coup, l’obus a explosé à cinq ou six mètres de son lieu de départ, il avait très probablement percuté le fil de la ligne électrique. Il y a eu des blessés parmi eux et le temps de rassembler leur matériel, ils sont partis. »

 

La Petite Gazette du 8 septembre 2010

A GERARDWEZ, UN DES DRAMES QUI PRECEDERENT LA LIBERATION

Monsieur Jacques Mathieu, de Coo, souhaite que l’on n’oublie pas… « Le monument de Gérardwez est situé aux confins des anciennes communes de Basse-Bodeux, de Bra sur Lienne et de Lierneux. Il commémore une tragédie qui s’y passa en septembre 1944.

Des soldats allemands en retraite, voulant venger un des leurs, abattu à cet endroit par l’armée secrète, s’en prirent à des habitants de Fosse et de Reharmont. Après avoir rassemblé les hommes de ces hameaux, ils en gardèrent sept qu’ils ont emmenés avec eux sur les lieux du drame. Là, ils les ont abattus froidement non sans leur avoir fait subir de cruels sévices.

Ces malheureuses victimes étaient Jean Sonnet, garde particulier, 35 ans, de Fosse ; Julien Lamsoul, domestique 30 ans, de Fosse ; Lucien Gustin, 31 ans, cultivateur, de Fosse ; Felix Mullen, 41 ans, cultivateur, de Fosse ; Louis Nélis, 31 ans, forgeron, de Basse-Bodeux ; Jules Thonon et Alphonse Bodeux, tous les deux cultivateurs, de Reharmont.

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Les bourreaux avaient étendu sur les jambes de leurs victimes une grande pancarte portant cette inscription : « Revanche pour notre camarade, tué par les terroristes, le 8 septembre 1944 à 20h30 » Ce sont nos Libérateurs, les soldats américains, qui, le lendemain, ont fait la macabre découverte dans leur progression dans la Libération du territoire. Ce monument est situé à l’étang de Gérardwez, un peu en retrait de la route de Bodeux à Villettes, depuis le déplacement de celle-ci. Il est cependant bien signalé.

Chaque année, le lundi de la fête à Bodeux, le 13 septembre cette année, à l’issue de l’office religieux, une commémoration a lieu, rehaussée par la présence de l’administration communale de Trois-Ponts et des enfants de l’école de Bodeux. »

OUFFET

La Petite Gazette du 16 novembre 2011

VOUS VOUS SOUVENEZ DE LA LIBERATION D’OUFFET…

« Je me souviens, m’écrit Monsieur Jacques Bastin en évoquant ce qui, pour lui, est l’événement unique qui l’a marqué pour la vie,  que c’est par la route venant de Huy, via Warzée, que sont arrivés, le jeudi 7 septembre 1944, à Ouffet, peu après 17 heures, il faisait alors un temps absolument merveilleux, nos premiers libérateurs américains. Depuis plusieurs jours déjà, nous étions en pleine effervescence. Les troupes nazies, alors en pleine retraite, attaquées sans répit par les « Lightning » P-38 (ces fort redoutables chasseurs américains à double queue), vraiment en verve, ne savaient vraiment plus où donner de la tête.

Le jour précédent cette arrivée libératrice, une voiture nazie, se déplaçant entre Ouffet et  Hody aurait, selon les bruits qui ont alors couru, essuyé les tirs de résistants en patrouille, montés de la vallée de l’Ourthe. Deux officiers nazis auraient ainsi été tués et ridiculement laissés, sans plus, sur place. Trouvés peu après par leurs troupes, celles-ci se déchaînèrent sur Hody, premier village suivant, qu’elles martyrisèrent à titre de représailles. Si ces mêmes troupes nazies s’étaient déplacées en sens inverse, c’est alors Ouffet qui aurait subi le même sort tragique.

Disons encore que le matin du 7 septembre 1944, des troupes de SS, également en retraite, mais, apparemment très résolues, avaient pris position pour combattre à Ouffet. Il s’agissait de troupes d’élite, toutes à la solde inconditionnelle d’Hitler, leur véritable Dieu. Elles semblaient terriblement déterminées à résister, à Ouffet,  à … l’irrésistible avance alliée. En début d’après-midi toutefois, au grand soulagement de la population qui, ipso facto, l’échappait ainsi réellement belle, elles se décidèrent à plier bagage sans combattre. Ouf !!!

Ce même jour, en fin d’après-midi, une véritable marée d’Ouffetois convergea vers la route de Warzée, dans la ligne droite conduisant au cimetière. En effet, depuis de très longues minutes déjà, chacun pouvait voir un petit avion de type « Piper-cub » approchant dudit village. Il s’agissait, en fait, de l’appareil survolant la pointe de l’avant-garde de nos libérateurs américains pour les renseigner sur tout éventuel danger pouvant provenir des forces nazies en pleine retraite. Ces très attendus libérateurs apparurent, enfin, au sommet de la petite côte aboutissant près du cimetière. Le soleil éclatant commençant déjà à descendre à l’horizon, nous pûmes donc ainsi les voir venir à contre-jour. Ils marchaient de chaque côté de la route, à la file indienne. Entre les deux files progressaient, l’un derrière l’autre, au milieu de la route, des tanks du type « Sherman ». Nous doutions de notre vrai bonheur ; nous n’osions trop nous hasarder car, dans le contre-jour, on ne voyait, en fait, que des silhouettes humaines sombres et il était ainsi très malaisé de pouvoir discerner, avec certitude. Nous ne savions donc pas très bien alors si nous avions affaire à des militaires américains ou allemands ; en effet, ils étaient vêtus en vert kaki et, leurs casques, vus de loin, étaient à peine différents de celui des Allemands. » A suivre.

La Petite Gazette du 23 novembre 2011

LA LIBERATION D’OUFFET

Retrouvons, comme promis, la suite des souvenirs de Monsieur Jacques Bastin au sujet  de la Libération d’Ouffet :

« Quand nous avons été vraiment certains, grâce au badge très caractéristique que chacun portait à l’épaule, que c’étaient bien des Américains (des membres de la 3ème Armée blindée du fameux Général Patton), nous avons tous alors – la foule étant à ce moment extrêmement nombreuse – explosé d’une joie tout bonnement indicible. Pour se faire une idée relativement  précise de ce que j’ai ressenti à ce moment précis – moment ineffablement sublime ! – je pense qu’il faut se reporter à l’ouverture « 1812 » de Tchaïkovski à l’endroit où, dans la partie finale, après ces mouvements de cordes descendants plutôt interminables, éclate le Tutti avec ses sons de cloches, ses coups de canon, ses accords aux grandes orgues. Ces instruments saluent alors, de façon tout bonnement extraordinaire, le fait que les Français napoléoniens sont boutés, pour toujours, hors de la Grande Russie. Nous étions ainsi soudainement comme débarrassés d’une véritable Peste, comparable à celle évoquée par Camus en sa magistrale fiction.

Enfin libérés, après tant d’années d’attente, de privations et de souffrance, nous pouvions enfin arborer, sans crainte de représailles, tous ces drapeaux alliés que chacun avait, en catimini, au cours des semaines précédentes, très  patiemment confectionné, avec tant d’amour (Quel travail pour réaliser cet étendard américain avec, à l’époque, ses 48 étoiles!) au moyen de la toile des quelques rares draps de lit qui nous restaient !

Voilà ce que je tenais vraiment à dire au sujet de l’arrivée, à Ouffet, en 1944, de ces braves libérateurs américains. Evénement,  unique dans une vie,  qui marque, à jamais, de manière totalement indélébile. »

Et on le constate, à la lecture de ces lignes, le souvenir est toujours bien présent dans le souvenir de Monsieur Bastin…

La Petite Gazette du 14 décembre 2011

LIBERATION D’OUFFET

Monsieur Jacques Bastin, de Heyd, m’écrit pour me signaler une petite erreur dans son évocation de la Libération d’Ouffet : « C’est bien erronément que j’ai donné le jeudi 7 septembre 1944 au lieu du vendredi 8 comme date de libération d’Ouffet. Il s’agit en fait, après quelque 67 années, d’une erreur de quelques heures » sans conséquences, en effet,quant au rappel de l’état de liesse dan lequel la population a vécu ces heures.

Monsieur Armand F. Collin, dont on connaît la publication « Hody, 6 septembre 44 » apporte des précisions. Il m’indique qu’il les puise dans le RAA ‘Report after action US Army » et les témoignages de plus de vingt-cinq personnes de Hody ayant personnellement vécu cette période.

« Les troupes américaines arrivent à Ouffet le vendredi 8 septembre 1944 à 16h.00 et non le jeudi 7. En fait c’est le mardi 5 vers 15h00 qu’une voiture venant d’Ouffet, occupée par quatre hommes, un chauffeur et trois officiers, dont un déjà blessé grièvement au ventre arrive à Hody. Les soi-disant résistants tirent et en blessent deux. Le blessé grave va de porte en porte et finalement est embarqué à bord d’un camion vers le poste de secours des partisans au château d’Ouhar. Les deux autres blessés et le chauffeur s’enfuient.

Ouffet est libéré le 8 vers 1600h par le 3rd Bn de la 39th Rgt d’Inf de la 9th division US, ils n’ont pas de tank M4 Sherman, mais des M5 plus petits. Des éléments de la 3rd Arm. Div venant en appui. Le 39th Rgt (Fighting Falcons) est le seul de l’US Army à arborer des lettres sur les pare-chocs de ses véhicules. « AAA-O » Anything – Anywhere – Anytime – Nothing, soit : N’importe quoi, partout, toujours, rien.

Le 7, la Task Force « Hogan » de la 3th div. Blindée venant de Marchin et se dirige vers Esneux, via St-Severin, Nandrin, Berleur et Hoûte-si-Plou. Arrivée à Esneux à 17h.20. Ces deux divisions faisaient partie du VIIth Corps de la 1st Army US et n’étaient pas sous les ordres de George S. Patton (3rd Army) mais sous ceux de Courtney H Hodges depuis le mois d’août.

Ce même 7, les SS de la 2. Pz. Div ‘Das Reich‘ étaient regroupées dans le triangle Ouffet – Fraiture – Nandrin. But, retrait vers Liège. Manœuvre empêchée par l’avance rapide de la 3rd div blindée US, d’où repli vers l’Ourthe.

Passages de véhicules allemands à Hody.

Lundi 4 septembre entre 15h.00 et 16h.00, une voiture VW Kubelwagen en direction d’Ouffet.

Idem.    18h.30-19h.00 voiture civile Ford bleue vers Ouffet. Un soldat allemand tué et un mortellement blessé. Soldats âgés de 45/50 ans. Probablement de la 347. Inf Div qui devait prendre position le long de l’Ourthe entre Comblain-au-Pont et Esneux.

Idem.   Vers  20h.00, voiture allemande vers Ouffet.

Idem.  23h.00/23h.30.Kubelwagen, probablement SS vers Ouffet.

Mardi 5 septembre, vers  15h.00, Kubelwagen venant d’Ouffet. (Cf supra)

Mercredi 6 septembre 1944. Peu après 0900h, entrée à Hody des SS venant d’Ouffet. Départ vers 14h.00. Retour des SS vers 16h.00. »