La Petite Gazette du 1er juin 2011
UNE BELLE CROIX D’OCCIS A MARCHE
Monsieur Francis Roufosse, correspondant passionné par l’histoire de la Famenne, évoque aujourd’hui ce qu’il définit comme un « patrimoine « mineur », rare et souvent sous-estimé de nos campagnes : les croix d’occis.
Les croix d’occis – à ne pas confondre avec les potales et autres croix dressées au croisement des chemins – constituent un patrimoine monumental mineur dont on ignore très souvent l’existence et la richesse. Elles sont toujours les témoins d’une mort naturelle, accidentelle ou criminelle survenue à l’endroit de leur érection. Personnellement, je n’en connais que trois sur le territoire de Marche-en-Famenne.
Celle dont il est question aujourd’hui fut dressée au début du XVIIIe siècle, le long d’un petit sentier forestier qui serpentait de Marche à Bourdon. Elle fut par la suite déplacée et érigée dans le talus le long d’une route du domaine des Rossignols. En grande partie rongée par le temps et submergée par les ronces et les buissons, elle est devenue aujourd’hui pratiquement invisible aux yeux des passants.
Elle rappelle la mémoire d’un jésuite du Collège de Marche-en-Famenne – le Révérend Père Reuter – dont le corps fut trouvé sans vie «en deçà de la grosse Haie de Bourdon, au lieu-dit Sur les Hys». Le texte gravé dans la pierre reflète bien le grand rigorisme religieux de l’époque :
ICY LE RP REUTER DE LA Cnie DE JESU (…) RECTEUR DU COLLEGE A MARCHE INVOCANT LE St NOM DE DIEU EST TOMBE MORT LE 18 OBRE 1731. PASSANTS C’EST UN ORACLE MUET QUI VOUS AVERTI DE V.RE HEVRE DERNIERE P. DIEU POUR SON AME
RIPA.
Accompagnés des chirurgiens Pierre et Jean Garde, la Cour s’était rendue sur les lieux et avait découvert le Révérend Père Reuter étendu sans vie «le visage tourné vers le ciel, la bouche remplie d’écume».
Les experts observèrent «que la face du cadavre était enflée de pustules livides occasionnées par un sang extravé» et conclurent à une mort naturelle «produite par un catar suffocatif ».
Le Père Mester, au nom de la Compagnie de Jésus, reçut alors de la Cour le permis d’inhumer.
Dans son livre «Marche-en-Famenne», Henri Bourguignon souligne en effet que, parmi les actes de juridiction administrative de la compétence des mayeur et échevins, outre la surveillance des finances communales, des délits forestiers et champêtres ou encore la visite et l’expertise de bâtiments pouvant menacer ruines, rentraient également dans leurs attributions les «constatations de mort subite pouvant être présumée criminelle».
Notons encore que dans le carrelage de la chapelle Notre-Dame de Grâce à Marche, sont encastrées deux petites dalles funéraires portant les noms de jésuites : Théodore Reuter, mort en 1731 et Alain Dargenlieu, décédé en 1725. »
Je partage l’intérêt de Francis Roufosse pour les croix d’occis. J’aimerais entrer en contact avec lui..
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Bonjour Monsieur Harcq,
Toutes mes excuses pour le retard pris par ma réponse, il s’explique simplement par les difficultés que j’ai eue à retrouver dans ma boîte mail surchargée l’adresse électronique de Monsieur Roufosse. La voici : roof@skynet.be , je vous demanderai d’avoir la gentillesse de lui transmettre mes amitiés quand vous prendrez contact avec lui.
Très cordialement,
René Henry
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