UN TEMOIGNAGE DE LA BATAILLE DES ARDENNES EN DIRECT DES U.S.A.

La Petite Gazette du 13 février 2008

UN TEMOIGNAGE DE LA BATAILLE DES ARDENNES EN DIRECT DES U.S.A.

Monsieur André Dethier, de Méan, me fait parvenir, à votre intention, un témoignage qu’il reçoit directement des Etats-Unis. Ce témoignage que je publierai en deux épisodes nous conduira, la semaine prochaine, fort loin des lieux habituellement évoqués dans cette chronique ; si j’ai néanmoins choisi  de vous faire découvrir cet historique c’est en raison de la demande de recherche qui suit cette évocation… Vous comprendrez mieux en la lisant…

« Un de mes correspondants aux U.S.A., ancien combattant de la Bataille des Ardennes, soldat dans la 75e Division d’Infanterie, m’a envoyé une page du journal des anciens combattants le « Bulgebuster », je l’ai traduite pour les lecteurs de La Petite Gazette.

La 75e Division d’Infanterie,

La 75e Division d’Infanterie finit son entraînement au camp Breckinridge au Kentucky, le 15 octobre 1944, et après avoir quitté le camp Shanks, dans l’état de New York, le 22, quitta le port de New York et arriva en Angleterre le 13 novembre 1944. Elle débarqua au Havre et à Rouen, en France, le 13 décembre 1944, elle bivouaqua à Yvelot le 14. La 75e était supposée rejoindre la 9e Armée, mais, quand la contre-offensive commença dans les Ardennes, le 16 décembre 1944, la division fut envoyée en hâte au front et prit position le long de l’Ourthe, vers l’Est de la Belgique, le 23 décembre 1944.

L’initiation au combat de la 75e fut, à la fois, une sanglante et cruelle expérience. Elle prit Grand-Menil le 26 décembre 1944 contre une dure résistance ; les tempêtes de neige aveuglante et les amoncellements de neige augmentaient les difficultés du terrain. Souvent les congères emplissaient les ravins et les rendaient invisibles, jusqu’à ce que les hommes et l’équipement disparaissent de la vue ! La nuit, le mouvement était spécialement rude et, sous la neige, les champs de mines étaient particulièrement difficiles à détecter.

Entre le 27 décembre 1944 et le 1er janvier 1945, le 289e et le 290e régiments d’Infanterie furent rattachés à la 3e Division blindée. Une partie de la 12e Panzer Division SS s’infiltra entre les unités de la 3e Division blindée et pénétra dans Sadzot avant d’être stoppée par une forte contre-attaque : les pertes furent considérables des deux côtés. Alors, le 3 janvier 1945, la ère Armée américaine commença une dure offensive sur le flanc nord du « Bulge » pour rejeter les Allemands et la 75e avança vers l’Aisne, le 5 janvier. Elle atteignit la Salm où elle releva l’héroïque 82e division aéroportée, le 8 janvier 1945. Sous un froid cruel, la 75e renforça ses positions défensives jusqu’au 15 janvier ; quand elle repartit à l’offensive, le premier jour de cette attaque, le 15 janvier, fut un jour extrêmement sanglant. En fait, il fut le jour le plus coûteux de la guerre pour la 75e Division. Les unités ennemies opposées étaient la 62e et la 326e Volksgrenadier Division. La 75e nettoya Salmchâteau et Bechet aida à prendre l’important bastion de Vielsalm après de sévères combats. Le 22 janvier, elle avait nettoyé les « Grands Bois » et prit Aldringen. Le 24 janvier, après avoir atteint Saint-Vith, la 75e fut retirée des lignes pour un court repos.

En un mois de sévères combats dans la Bataille des Ardennes, la 75e déplora la perte de 465 hommes tués en action et comptait 1707 blessés. Le froid intense avait été un aussi sérieux antagoniste que les Allemands : pieds, mains et doigts gelés et toute sorte de dommages corporels causés par le froid ont fait que les pertes comptaient 2633 hommes en plus. En dépit de tout cela, la 75e était maintenant devenue une division de combattants endurcis qui avaient saigné dans la neige, les collines, les villages et les forêts des Ardennes. (…) A suivre.

 

La Petite Gazette du 20 février 2008

UN TEMOIGNAGE DE LA BATAILLE DES ARDENNES EN DIRECT DES U.S.A.

Monsieur André Dethier, de Méan, m’a fait parvenir, à votre intention, un témoignage qu’il reçoit directement des Etats-Unis. Nous en avons découvert le début la semaine dernière quand la 75e Division d’infanterie U.S. faisait le compte de ses pertes après la bataille des Ardennes.

« Après la 75e fut envoyée, par chemin de fer, prendre part à la bataille de la poche de Colmar, dans le centre est de l’Alsace. Plusieurs divisions américaines furent retirées d’autres fronts et envoyées là-bas pour aider la 1ère armée française à éliminer cette fâcheuse aire que les allemands tenaient encore à l’ouest du Rhin, la 75e en était ! La bataille fut dure et sanglante. La 19e armée allemande avait eu beaucoup de temps pour mettre en place une très forte défense. La neige épaisse allait jusqu’aux genoux avec des congères considérables ; de plus, les Allemands avaient disposé de nombreuses mines.

La principale mission de la 75e était de couvrir le flanc droit de la 3e Division d’infanterie et ses attaques sud-est vers le Rhin. Après l’assaut initial commencé le 22 janvier 1945, la 75e rejoint la bataille le 1er février et prend Horbourg et Andolsheim lors de féroces combats de maison en maison. A Horbourg, des snipers (tireurs d’élite) installés dans le clocher de l’église furent éliminés par la destruction du clocher au bazooka. Les allemands contre-attaquèrent, mais furent repoussés.

Le 2 février 1945, la 75e surmonta l’opiniâtre opposition dans la forêt de Colmar et, le 5, prenait Wolfgantzen et Appenwihr. Poussant sud-est, la 75e traversa le canal Rhône-Rhin sans résistance, le 7 février. Le 10, la bataille était finie, excepté quelques actions de nettoyage. Les allemands avaient perdu la dernière forteresse est sur le Rhin en Alsace et souffraient d’une perte d’environ 30 000 hommes lors de cette bataille. Parmi les autres pertes, cette bataille de la poche de Colmar coûta la vie à 150 hommes de la 75e.

Après un court repos à Luneville, en Lorraine, la 75e Division d’infanterie fut envoyée loin vers le nord et retourna au combat. La division relevait la 6e Division aéroportée anglaise, sur un front s’étendant le long de la Meuse, près de Roermond, au sud est de la Hollande.

Le 21 février, des reconnaissances et de nombreuses actions de patrouille furent conduites. La 75e fut l’objet de lourds feux d’artillerie. Le 291e régiment d’infanterie combattit à Assenberg du 7 au 9 mars. Alors, comme les Américains se frayaient un chemin vers le Rhin, la 75e patrouillait dans le secteur de Wesel à Homburg et releva la 35e division d’infanterie entre le 13 et le 23 mars 1945. La nuit, les hommes de la 75e sondaient les défenses allemandes. A ce moment-là, la 75e relevait de la 9e Armée.

Le 24 mars, la 290e division d’infanterie traversa le Rhin dans le sillage des 30e et 79e Divisions d’infanterie, suivies par le reste de la 75e. Le 30 mars, les 289e et 290e Divisions d’infanterie attaquaient, sous la protection de la 8e division blindée, et atteignaient le canal Dortmund-Ems, près de Datteln, le 1er avril.

Pendant les deux semaines suivantes, la 75e combattit dans la poche de la Ruhr contre une forte résistance de la part de quatre divisions allemandes : les 180e et 190e d’infanterie, la 116e Panzer et la 2e Parachutiste reconstituée. Ces formations, quoique affaiblies, étaient encore parmi les meilleures que les Allemands avaient laissées. La 75e nettoya la forêt de Haard, le 1er avril et traversa le canal Dortmund-Ems à Waltrop le 4 avril, renforcée par la 320e Regiment de la 35e Division d’infanterie. Deux camps de « travail forcé » furent libérés, ils contenaient 3000 prisonniers. La 75e entra alors dans de furieux et longs combats dans la portion nord de l’immense poche du Rhin, combattant sur des terrains difficiles dans le voisinage de la ville de Dortmund. Ce fut là l’une des plus rudes résistances rencontrées par les combattants U.S. durant la grande bataille. Maintenant, la 75e contrôlait Dortmund et combattait encore pour prendre la petite ville de Witten, juste au sud. La 75e était fort occupée avec, le 6 avril, un jour particulièrement difficile. Après plusieurs jours de combats sévères, une très grande « task force » combattait à l’est pour se connecter avec la division en difficulté et la  soutenir. Cette puissante force incluait un régiment de la 17e Division aéroportée et la 8e Division blindée, les 79e et 95e Divisions et le 15e groupe de cavalerie. Un état-major de la gestapo fut détruit par la 75e à Annen et, le 12 avril, les Allemands tombèrent au sud de la rivière Ruhr.

Maintenant la 95e Division d’infanterie était sur le flanc gauche de la 75e et la 79e était sur la droite. L’attaque continua sur un terrain difficile et vallonné, plusieurs petits villages furent pris par la 75e et, finalement, la 95e division d’infanterie surgit et prit Dortmund ; après avoir pris Herdecke,  la 75e fut envoyée à Brambauer pour réhabilitation et repos.

Le 22 avril, la 75e releva la 5e Division d’infanterie au sud de la Rhur. Alors la 75e fut assignée à la sécurité en Wesphalie. Le jour V, le 8 mai 1945, la 75e était à Lütgen et, peu après, établit les quartiers généraux d’occupation à Werdohl. La division quitta l’Allemagne pour l’Amérique en novembre 1945. Submitted by Harold Charles H.Q.291 »

LA CHRONIQUE DU 20ème SIECLE A VIELSALM par ROBERT NIZET

UNE IMMERSION DANS UN PASSE A LA FOIS SI PROCHE ET SI ELOIGNE DE NOTRE QUOTIDIEN

Avec La chronique du 20ème siècle à Vielsalm, le tout récent ouvrage de Robert Nizet, vous êtes emmenés dans un voyage à travers le 20ème siècle – une époque à la fois si proche et si lointaine…

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« Ce siècle avait commencé dans un autre monde » précise d’emblée l’auteur et la richesse de l’iconographie illustrant son propos le confirme page après page. Toutes les années du siècle sont évoquées et, si nombre de bâtiments et lieux emblématiques de Vielsalm sont toujours bien reconnaissables, tous les autres éléments du décor et les personnages l’animant vous feront prendre la mesure des bouleversements considérables vécus par nos aïeuls ayant traversé ce siècle.

L’anecdote, l’insolite et la grande Histoire se partagent les lignes des articles de cette chronique : des loups sont aperçus dans l’hiver rigoureux de 1902, le tram Vielsam-Lierneux est mis en service en 1904, Vielsalm doit payer aux Allemands une rançon de 20.000 francs en or ou en argent dès les premiers jours de la Grande Guerre, en août 1914, pour éviter que le feu soit mis à la localité…

Robert Nizet vous fait assister à diverses séances du conseil communal où, même avant la guerre de 14, les propos ne sont guère raffinés et où les noms d’oiseaux s’échangent allégrement. Vous suivrez avec intérêt l’histoire de nombreux monuments salmiens : le kiosque de la place du marché, la chapelle Saint-Gengoux, le Monument aux Morts, l’ancienne fontaine… Vous assisterez à la naissance de sociétés aujourd’hui disparues ou toujours particulièrement actives sur les rives de la Salm.

En feuilletant, avec plaisir j’en suis convaincu, les pages de cette chronique et en en découvrant, avec curiosité et intérêt, le contenu, vous ne pourrez que vous rendre compte de l’immense travail de compilation auquel s’est livré Robert Nizet : des heures et des heures de lecture attentive des journaux locaux : « L’Organe de Vielsalm » et « L’Annonce de Vielsalm », la consultation minutieuse d’une volumineuse collection de coupures de presse, de notes, de documents administratifs et, bien entendu, des articles de « Glain et Salm, Haute Ardenne » ont été nécessaires pour mener à bien ce projet et le rendre particulièrement attractif.

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Pareil travail impose bien évidemment des choix, ceux de l’auteur sont judicieux et mêlent subtilement vie économique, sociale et culturelle avec le quotidien des Salmiens durant tout le siècle, vous faisant vivre une réelle expérience d’immersion dans le passé proche. Pour vous en convaincre, vous découvrirez, comme j’ai déjà eu la chance de le faire, la vie des ardoisières mais aussi le développement de l’artisanat ardennais à Cahay ou de la Beurrerie de la Salm ; vous revivrez les heures fastes de la société de chasse à courre « Rallye Vielsalm », de « Vielsam-Attractions » ou de la société de pêche « La Salmiote ». Vous serez conviés à l’inauguration du Musée du Coticule, de la caserne Ratz du 3e ChA et de la clinique Saint-Gengoux. Vous serez au premier rang lors des visites royales, princières et ministérielles dont Vielsalm a été honorée. Vous prendrez la mesure de l’importance des marchés au bétail, des petits et grands faits des deux guerres mondiales. Vous revivrez les premières projections cinématographiques organisées dans la localité mais aussi de nombreux faits heureux ou tragiques qui marquèrent la population : accidents, incendies, assassinats, inaugurations diverses, nouvelles sportives…

Le texte est remarquablement soutenu par une très agréable mise en pages vous invitant à dévorer ces 256 pages très richement illustrées. Vous pouvez acquérir l’ouvrage, au prix de 20€, chez l’auteur Robert Nizet, rue du Vieux Marché 21 à 6690 Vielsalm ou vous le faire envoyer en adressant un versement de 26€ (frais d’emballage et de port compris) au compte BE21 3401 2620 3203 de Robert Nizet à 6690 Vielsalm. Vous ne serez pas déçus, je puis vous l’assurer.

REVOICI LES PASSIONNANTES JOURNEES DU PATRIMOINE

On ne compte plus les alléchantes propositions d’expositions, de visites guidées, de conférences… qui vous sont proposées lors du prochain weekend des Journées du Patrimoine. La Petite Gazette a choisi de vous en présenter une sélection qui, je le sais, devrait vous intéresser.

 

A AYWAILLE

Le thème de cette année se déclinera sous l’angle de l’exploitation carrière. Dans les locaux de l’Administration communale, il vous sera proposé une exposition de documents vous montrant comment les maîtres carriers ont pu se frayer les voies, rapides et sécures, publiques ou privées, vers nos carrières. Cette exposition sera accessiblement librement les samedi 9 et dimanche 10 septembre, de 10 à 17h.

Le vendredi à 19h., au même endroit et au cœur même de l’exposition, j’aurai l’immense plaisir de donner une conférence au cours de laquelle René Henry vous montrera comment les maîtres carriers ont réussi à se frayer ces voies. Il y sera question de batellerie, de chemins de fer, terrestres ou aériens et, bien sûr, de chemins et de routes qui bouleversèrent nos paysages.

001 « Document extrait des collections de René Henry »

Contrairement à ce que l’on s’imagine, l’exploitation industrielle de la pierre de chez nous ne remonte pas au-delà des années 1830-1840, à Florzé précisément. Très vite, l’essor de cette industrie, pourvoyeuse de très nombreux emplois locaux, provoqua des bouleversements tangibles de nos paysages locaux. On pense d’emblée au flanc des collines éventrés mais bien d’autres aspects paysagers et environnementaux furent modifiés. Un nombre toujours croissant d’exploitations allait de pair avec la nécessité de pouvoir acheminer les produits, bruts ou finis, issus de cette activité extractive. Les lieux d’exploitation n’étaient pas toujours accessibles à un important charroi, il fallut dès lors créer ces voies d’accès. Dans notre région et dans notre commune bien des moyens furent mis en œuvre pour assurer la circulation la plus aisée possible de ces produits dont le poids est, sans doute, un des éléments majeurs. Nos anciens sites carriers conservent le souvenir de ces voies nouvelles imaginées par nos ingénieux aïeux. En plus de la voie d’eau utilisée depuis des siècles déjà, la voie ferrée fut largement mise à contribution quelle qu’en soit la forme ou le statut : chemin de fer de l’Etat, réseau vicinal, réseau privé et même lignes aériennes sillonnèrent nos coteaux et franchirent nos vallées alors même que le réseau routier se développait considérablement en raison des transports nombreux qu’il devait supporter mais aussi parce que, attirée par le travail qu’offrait les carrières, la population et les zones d’habitat se développaient.

 

A ESNEUX-TILFF

A PROPOS DE LA BATELLERIE ET DU CANAL DE L’OURTHE…

C’est ce sujet que l’asbl Le Vieil Esneux, le Contrat Rivière Ourthe, les R.S.I. de Tilff et d’Esneux et la Commune d’Esneux ont choisi de développer lors des toutes prochaines Journées du Patrimoine. Le programme est alléchant et ne manquera d’attirer un public passionné : une exposition au château Brunsode (du 9 au 13 septembre), des balades à pied et à vélo à la découverte des vestiges du canal (les 9 et 10 septembre à 14h.) et une conférence de Géry de Pierpont, le samedi à 20h., sur le thème : L’aventure du Canal de Meuse & Moselle à travers les Ardennes, il y a 185 ans. Un souterrain pour bateaux, sous la frontière luxembourgeoise…

Géry de Pierpont est archéologue de formation (ULg) et « passeur de patrimoine » par passion. Ancien responsable du programme patrimoine architectural de la Fondation Roi Baudouin et coordinateur européen des Journées du Patrimoine, il fut durant cinq ans le responsable du musée BELvue, dédié à l’histoire de la Belgique et de sa Dynastie, puis chargé de la communication de la Maison des Auteurs de Bruxelles. Après avoir lancé le site de tourisme culturel « intoHistory », pour la promotion des logements dans l’histoire, il travaille aujourd’hui pour la Fondation Eglises Ouvertes. Les curieux d’histoire apprécieront son roman « La Rivière contrariée », consacré à l’épopée du Canal de Meuse et Moselle.

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  1. Encouragés par roi Guillaume Ier des Pays-Bas, une poignée d’entrepreneurs intrépides décident de relier la Meuse à la Moselle par un canal qui remonterait l’Ourthe jusqu’à sa source. Un canal qui traverserait la crête ardennaise par un tunnel navigable de plusieurs kilomètres avant de redescendre le long de la Wiltz et de la Sûre jusqu’à Wasserbilig en direction du Rhin ! 684 mètres de dénivellation, 205 écluses, 300 kilomètres de berges, sans parler des capitaux colossaux à rassembler et des conflits sociaux à gérer : une véritable épopée, technique, politique et économique, dont l’aboutissement sera finalement compromis par la révolution belge et la scission du Grand-Duché en 1839.

Une manifestation que les amateurs de cet important aspect de notre histoire régionale auront à cœur de ne pas manquer.

Affiche JP 2017

A GOUVY, LIERNEUX, STOUMONT, TROIS-PONTS et VIELSALM

« 150 ans du rail en Haute-Ardenne », cela se célèbre dignement !

Au programme des festivités, ces samedi 9 et  dimanche  10 septembre, conférence, expos, visites guidées, spectacles historiques pour les familles, concerts à  Gouvy, Lierneux, Trois-Ponts, Stoumont et Lierneux.

En ce 19ème s., siècle de la révolution industrielle, l’Ardenne est considérée comme la « Sibérie belge. »

Les récits des auteurs romantiques qui découvrent la région s’apparentent à des aventures dignes de la conquête de terres inconnues. L’Ardenne parait lointaine pour le reste du pays. La diligence permet certes de s’y rendre mais là aussi, le terme d’épopée n’est pas usurpé.  Le rail, promis par le Roi Léopold Ier va lever ces frontières théoriques au sein de notre pays.  Il va s’avérer être un merveilleux vecteur d’émancipation pour la région ardennaise. Sur le plan économique, social et  celui des idées.

Ainsi le 20 février 1867 marque le début d’une ère nouvelle pour notre  région ; durant les 3 dernières décennies du 19ème s. et la 1ère moitié du 20ème s., les voies de fer irriguèrent progressivement nos vertes vallées, reliant nos bourgades et villages aux grands centres industriels et névralgiques nationaux et internationaux. Les métamorphoses et impacts sur cette région furent multiples et inégaux.La place grandissante donnée à  la voiture, la fermeture progressive des charbonnages et les difficultés rencontrées par la sidérurgie détricotent progressivement cette voie de fer dont subsiste, depuis 1959, uniquement la ligne 42 !

Sa 09  à 19h30, à l’Espace culturel de Trois-Ponts, sera donnée la conférence inaugurale et introductive «  Le rail, vecteur d’émancipation de l’Ardenne ».  En analysant le cas du nord de la province de Luxembourg et du sud de celle de Liège, J.-M. Bodelet (historien) remettra en perspective ce que fut « l’âge d’or du rail. » . A l’issue de la conférence, un verre de l’amitié sera offert à l’occasion des 150 ans de l’inauguration du chemin de fer Spa-Gouvy, 1ère ligne de chemin de fer qui traversa notre région !

 Di 10  de 9h à 18h, à Gouvy, Lierneux, Stoumont, Trois-Ponts, Vielsalm, vous pourrez profiter d’un circuit guidé en 5 étapes accessible en car (sur réservation !) ou librement.

Au programme : expos, visites guidées, conte historiques par la cie Sandra Proes, animations, visites sur site, concerts

modèle extraction mine de manganèse

Stoumont  «  Exceptionnel ! Une exploitation minière (extraction de manganèse) en Ardenne liégeoise » : expo et visites guidées 9h, 11h, 16h.

Terminus en gare de Lierneux et on rentre à latelier

Lierneux  « Quand le tram ouvrit nos villages »: expo et visites guidées 10h30 ( avec conte historique), 14h

 

Pont hermamont Vielsalm

Vielsalm  «  Vielsalm, à la croisée du rail depuis 150 ans ! »: expo et visites guidées 10h30, 13h (avec conte historique), 15h30

thumbnail_train à vapeur sur le viaduc

Trois-Ponts  « L’âge d’or d’un village né du train ! »: expo et visites guidées à 10h, 14h30 (avec conte historique), 17h

Gouvy « Gouvy, nœud ferroviaire »: expo et visites guidées 10h, 14h, 16h30 (avec conte historique)

 

Di 10 à 19h30, dans la grange tout à côté du Château de Rahier, clôturez cette belle journée en compagnie du groupe Chat Pitre quartet pour un concert de «  Jazz manouche ». En collaboration avec l’asbl « Les Chemins d’Elise »

Je vous invite à consulter le programme complet ci-annexé.  
Infos pratiques  
Info & rés obligatoire : avant le 7 septembre  > places limitées pour la formule en car (50 places) et pour le conte historique tout public (50 places).
Espace culturel de Trois-Ponts 080/29.24.60 ou 0471-226883- Espaceculturel3ponts.jimdo.com
PAF : circuit > parcours en bus et animations gratuites.- sauf repas à votre charge

LES CHANTIERS DE DECOUPE DE BOIS

La Petite Gazette du 12 juin 2013

QUI NOUS PARLERA DES CHANTIERS SUR LESQUELS LES BOIS ETAIENT DECOUPES A MESURE ? 

Monsieur Josy Depierreux, de Vielsam, évoque des souvenirs professionnels et vous interroge sur des réalités disparues :

« Mon métier de conducteur de trains m’a permis de circuler dans bien des gares où les espaces libres étaient souvent occupés par des chantiers de découpe de petits bois alors pourrait-on aborder ce sujet dans La Petite Gazette ?

Il n’y a pas si longtemps, on pouvait encore admirer dans bien des gares desservies par la ligne 42 Rivage-Gouvy des endroits réservé à la découpe de bois. Depuis la forêt, les camions ou jadis des chariots acheminaient des bois en long qui étaient découpés en longueurs différentes suivant les sections et leurs futures utilisations. Après, il fallait semble-t-il charger les wagons à la main.

train-dans-les-bois« Photo prise par mes soins le 29 avril 1988, près de l’entrée côté gare du tunnel de Trois-Ponts, car j’avais ce jour là l’honneur de conduire ce petit train »

Quel travail, car la rentabilité devait être assurée, les commandes honorées et les salaires mérités. Toutes ces petites découpes de bois ont disparu du paysage ferroviaire, mais pourrait-on laisser la parole à tous ceux qui y ont travaillé parfois sous un soleil généreux, mais aussi lors du mauvais temps très souvent présent dans notre région ?

Depuis combien de temps ces chantiers existent-ils ?

Quels étaient les outils ou les machines utilisées ainsi que la force motrice disponible ?

Quel était le rendement demandé à un homme ?

Comment étaient chargés les wagons et quelle était leur destination ?

Les ouvriers avaient-il un abri pour manger ou se réfugier en cas d’orage par exemple ?

Les salaires étaient-ils payés en fonction du travail effectué ou à l’heure ?

Et cerise sur le gâteau existent-ils des photos disponibles ?

J’adresse déjà un grand merci à tous ceux qui voudront bien satisfaire ma curiosité d’en connaître plus sur ce passionnant et exigeant métier.

La Petite Gazette du 17 juillet 2013

QUI NOUS PARLERA DES CHANTIERS SUR LESQUELS LES BOIS ETAIENT DECOUPES A MESURE ?

Monsieur Josy Depierreux, de Vielsam, souhaitait il y a quelque temps que vous évoquiez ces réalités disparues, Madame Denise David-Lacasse, de Harre, répond à son souhait :

« En lisant cet article sur les métiers du bois, il me revient un fait que feu mon époux Marcel m’a raconté, une difficulté qu’il a rencontrée dans l’exercice de son métier.

La guerre terminée, dès 1945, mon mari, 22 ans alors, a travaillé en exploitation forestière comme découpeur : les troncs d’arbres arrivaient sur son lieu de travail après avoir été ébranchés et pelés. Son travail consistait à scier à la longueur demandée, à trier les bois selon leur grosseur et à les charger sur des wagons pour les envoyer, par le vicinal, en région liégeoise pour le besoin des charbonnages.

Je précise que le vicinal s’arrêtait dans les villages pour charger et décharger les diverses marchandises et les personnes dans le sens Comblain – Manhay. On y rechargeait ensuite les divers bois préparés pour livrer dans les charbonnages liégeois. Les chantiers où les hommes travaillaient s’appelaient « gares ».

Scier les bois était très délicat car ils avaient été mitraillés pendant la guerre et étaient assez abîmés. Il fallait donc beaucoup d’attention pour ne pas casser la scie. Quand la scie ne coupait plus, il fallait intervenir avec la pince présentée, notamment, par M. Serge Ghyse, de Nandrin. Cette pince à avoyer servait au découpeur à redresser les pointes de la lame, en wallon on disait : rimète dèl voye ; ensuite, il fallait relimer la scie. »

Monsieur Joseph Gavroye, de Soumagne, évoque également ses souvenirs sur ce sujet :

« Dans ma région et depuis la création, en 1904, du vicinal Lierneux- Vielsalm, des quais étaient réservés à cette manutention. J’ai bien connu, dans mon jeune temps, pareille entreprise à l’arrêt de Regné-Hébronval. Il y a bien des années déjà qu’on a fait table rase de ce quai pour y installer un lotissement.

Comme le dit si bien Monsieur Depierreux, les bois en long y étaient acheminés en provenance des grandes forêts voisines. Il s’agissait d’épicéas dont le bois était très apprécié pour servir à l’étançonnage dans les galeries des mines de charbon.

Une équipe de 4 à 5 hommes était occupée à scier ces bois suivant les longueurs souhaitées. Il s’agissait en l’occurrence de la famille Frérès, le père, les deux fils plus un ouvrier. Pour leur protection, en cas d’intempéries, les braves disposaient d’un petit abri de fortune et, pour se chauffer, ils se servaient des déchets de bois, ce qui ne manquait pas. Je crois qu’ils étaient payés suivant le volume débité. Ces quatre scieurs ne sont plus de ce monde aujourd’hui !

Le travail en lui-même se faisait en continu, tous les jours ouvrables de la semaine. Les scies ordinaires subissaient régulièrement un affûtage exécuté de main de maître par un des types de l’équipe, spécialiste dans cette tâche. Au préalable, des chèvres en bois avaient été fabriquées afin de supporter les pièces à débiter. Les chèvres étaient marquées des longueurs à respecter lors de la découpe. Le sciage terminé, la marchandise était entreposée par lots respectifs le long du quai de chargement ; des wagons adéquats étaient acheminés sur des voies de garage et cela suivant les besoins. Les scieurs y déposaient les bois avec un certain art car il y allait de la sécurité lors du transport par rail jusqu’à la gare S.N.C.B. de Vielsalm où le tout était centralisé. Un transbordement avait lieu sur des wagons S.N.C.B. dont l’empattement était différent.

Des petits chantiers étaient prévus le long des voies ferrés, beaucoup disparaîtront lors de la fermeture des charbonnages et aussi lors du démantèlement des lignes du vicinal. »

La Petite Gazette du 28 août 2013

LES CHANTIERS DE BOIS DECOUPES A MESURE

Monsieur André Hubert, de Gouvy, nous confie ses précieux souvenirs à ce sujet :

« Ces chantiers existaient dans les gares mais aussi le long des routes et des chemins forestiers. A partir de l’été 1940, j’ai fait partie d’une équipe de trois personnes qui découpaient des bois en long sur la route de Dinez à Montleban. J’avais 14 ans et j’habitais Les Tailles, je marchais 7 Km pour aller de mon domicile au chantier, par des petits chemins, et faisais le même chemin au retour, le soir. On travaillait aussi le samedi et je me reposais le dimanche après-midi pour être dispos le lundi matin.

Les bois posés en long sur trois chevalets étaient découpés suivant des données fournies par le marchand. Les bois étaient tracés par un homme expérimenté qui devait bien réfléchir pour tirer le meilleur volume de la somme des bois découpés. Les bois découpés à la petite scie étaient classés par espèce. Je me souviens de trois appellations :

– sclimbes = bois minces et de faible longueur (1,50 m. environ) qui servaient sans doute à confectionner des claies de protection latérale ou verticale.

– rallonges = pièces plus grosses d’environ 3 m. de long.

– bois plus gros et de différentes longueurs pour les charbonnages et les chantiers, pour le soutènement.

Nous étions payés au volume des bois découpés et réceptionnés. Après ce chantier de 1940, le résultat financier pour chacun des participants donnait un salaire d’environ 35 francs par personne et par jour. Je n’ai pas gardé le souvenir du mode de transport utilisé vers les gares ou les entreprises utilisatrices . » Un tout grand merci pour ces renseignememts.

La Petite Gazette du 8 octobre 2013

LES CHANTIERS DE DECOUPE DE BOIS

Monsieur José Cornet, de Juzaine, évoque ses souvenirs de ce temps révolu :

« Mon frère Victor a travaillé de nombreuses années sur le chantier de la gare de Bomal comme découpeur de bois avec, entre autres, Aimé Gaspard, dit le Boubou, de Champ de Harre (que vous découvrirez sur la photo ci-dessous), Floribert Close, de Barvaux, Marcel Maqua, de Rouge Minière, Ariste Devahive, de Fays, Raymond Lambert, d’Erezée… et d’autres qui, comme lui, découpaient les bois qui avaient été découpés à la cognée et étaient amenés par camion, des Ford Canada.

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Une vieille baraque en bois, adossée au talus, servait pour les repas, déposer les vêtements et ranger le petit outillage ; il y sentait bon la résine et le café.

Nous, gamins avec mon frère, descendions à vélo sur le chantier le mercredi et nous allions souvent chercher de l’eau fraîche pour les hommes à la havée de Herbet. Ce métier était très dur car, après la découpe, il fallait charger les bois sur des wagons et, évidemment, cela se faisait à la main. Parfois, ils déchargeaient aussi des wagons pour le compte des entreprises Detrooz qui étaient toutes proches.

Après la scie à main est venue la tronçonneuse, ils en ont également découpé à la scie circulaire. Les employeurs étaient les entreprises Huet, de Grand-Menil, et Charles Rigo. Occasionnellement, mon frère Victor a également travaillé à la découpe de bois, sur l’ancienne gare de Chêne al Pierre et du côté de Martinrive. »

La Petite Gazette du 16 octobre 2013

LES GARES SNCV DE JADIS, AVEC LES  « QUAIS DE DECOUPAGE ».

Monsieur Raymond Gillet a poursuivi l’enquête, il nous livre ses souvenirs :

« La ligne SNCV PussemangeBouillon–  Paliseul comportait plusieurs quais de découpage, notamment dans les gares de : SugnyCorbionNoirefontaineMogimont (Bellevaux) et à Paliseul c’était le « quai de transbordement » où la ligne SNCV côtoyait une voie SNCB.

A l’aube des années cinquante, en gare de Noirefontaine,  il y avait en permanence plusieurs découpeurs de bois de mines ; notamment mon oncle Alfred Rosillon (né en 1928), il œuvrait avec plusieurs frères de la famille Adam. Les épicéas arrivaient déjà par camions, ces bois avaient été triés pour les « bois de mine ».

Le quai de découpage était très proche et parallèle à une voie, un emplacement était réservé aux chevalets. Au nombre de trois, ils étaient  alignés et constituaient la « gade ». Une volige reliait les chevalets, elle comportait des traits de scie tous les 10cms ; pour les mètres les traits étaient plus importants.

Après le sciage des « bois de mines », les différentes « chutes » ou pointes d’épicéas étaient triées, sciées en 1,50/1.60 m et répertoriées par grosseur (longueur de la circonférence au fin bout). Le classement était le suivant : 12/14cm – 14/16cm – 16/18cm – 18/20cm, l’oncle Alfred n’utilisait pas le mètre ruban pour ce classement,  il formait un cercle tout simplement en rapprochant les pointes du pouce et de l’index de la main.

Ces différents bois étaient fagotés en bottes et ces dernières s’appelaient les « sclimbes ». Par grosseur le nombre de bois était le suivant : 12/14 = 12 bois – 14/16 = 10 bois – 16/18 = 8 bois – 18/20 = 6 bois. Mon oncle se rappelle avoir fagoté jusqu’à 40 sclimbes à l’heure (le classement par grosseur étant déjà réalisé). Son record personnel fut la réalisation de 300 fagots de sclimbes sur une journée ; le fagot était payé 1,50fr à l’époque (1948-1950).

Je vous invite à regarder la photo d’un autorail tracteur Art. 104 qui amène des wagons vides pour chargement des bois de mine à Dochamps ; remarquez, derrière le tas des bois de mine, il y a un tas de « sclimbes » arrangés par grosseur, les rangées supérieures comportent 8 bois, les autres 6 bois.

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En ces temps-là il n’y avait pas de pointeuse sur le quai et  l’horaire était parfois irrégulier, le lundi généralement moins de 8 heures, les autres jours de 9 à 10 heures voire plus même, suivant le temps et les nécessités des  délais  de fourniture, chômage des wagons et acheminement vers Paliseul. La voie du vicinal longeant le quai de découpage permettait l’alignement de 6 à 7 wagons SNCV type à « haussette ».

Le casse-croute était vite réglé, excepté quand il y avait la « gamelle » un feu était nécessaire ce n’était pas courant parce que qui dit feu dit alimentation et surveillance, mais vu l’accumulation des pointes d’épicéas  cela devenait une nécessité.  Le coin repas était protégé des vents par un « hayon » ; rectangle réalisé avec des perches d’épicéas et de la toile de jute ou à défaut de la paille de seigle, ce hayon était incliné dos au vent et à la pluie. A cette époque la scie utilisée était toujours la scie à cadre; oncle Alfred en possédait deux, grand-père Ovide « rafraîchissait » régulièrement les lames.

Avant de conclure je souhaiterais vivement vous rappeler quelques chiffres édifiant de cette époque ; ce sont des chiffres extraits du « Rapport 1959 – 75eme exercice social SNCV ». En 1938 la dite SNCV a transporté 153.668 tonnes de bois de mines, en 1959 seulement  36.113 tonnes. Elle a possédé jusque 5.524 wagons de marchandises ouverts. Dans notre pays il y eu 158 gares de transbordement partagées avec la SNCB.

Vous remarquerez la seconde photo avec la scie, le bidon « FB » (Ferronnerie Bouillonaise) et la typique gamelle.

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La Petite Gazette du 23 octobre 2013

LES SCIEURS DE BOIS A LA GARE DE MARENNE

Voici les souvenirs qu’un lecteur a gardés de cette époque :

« A la lecture de La Petite Gazette évoquant ces chantiers de découpe de bois, je me rappelle ma jeunesse à la gare de Marenne. Une voie de chargement se trouvait sur le territoire de la gare, un heurtoir était placé près de l’ex-passage à niveau et un autre en bordure de la prairie de chez Bechoux. Deux aiguillages étaient en service ainsi qu’un gabarit afin de surveiller le chargement des wagons.

Durant de nombreuses années, on a découpé une grande quantité de bois de toutes les mesures. Beaucoup de ces bois étaient destinés principalement aux charbonnages de la région liégeoise. Ces bois servaient aux galeries souterraines, où circulaient les wagonnets poussés par les mineurs ou tirés par les chevaux. L’avantage du bois dans la construction des galeries est le grincement du bois occasionné par les mouvements de la terre. Lorsque le bruit du bois se faisait plus fort, les mineurs avaient le temps de se mettre à l’abri dans un endroit plus sécurisé ; les dégâts provoquiés par l’éboulement n’auront pas fait de victimes…

Revenons au sciage du bois sur l’étendue de la gare ; actuellement, la route permettant la suppression du passage à niveau a fait disparaître cet endroit. Je me rappelle deux personnes ayant passé plusieurs années à découper les bois de notre région : M. Emile Gaillard et M. Joseph Dupont ont travaillé durant de nombreuses années, parfois d’autres ouvriers venaient en renfort.

Il y avait plusieurs mesures de découpe des bois. Le mètre-ruban ainsi qu’une toise, dont je ne me rappelle plus la longueur, étaient utilisés. La toise consistait en une longueur de bois sur laquelle se trouvaient deux grosses pointes en acier à une distance des scieurs. Après avoir découpé la base de l’arbre, l’ouvrier le mesurait avec cette toise. Rappelons que le bucheron, à cette époque, avait abattu l’arbre à la cognée, la coupe n’était dès lors pas aussi nette que quand elle fut faite à la tronçonneuse.

Les bois ainsi découpés étaient assemblés en tas d’une hauteur de deux mètres. Chaque tas contenait des longueurs et des diamètres différents. Lorsque les troncs avaient un grand diamètre, les ouvriers utilisaient la scie « passe-partout » ; pour les bois normaux, la scie ordinaire était utilisée. Ce n’était pas des armatures métalliques comme aujourd’hui, les deux montants, sur lesquels était fixée la lame, étaient reliés par un toron de corde avace, au milieu, un morceau de bois, qui permettait en tordant plus ou moins fort cette corde, de tendre la lame ; le morceau de bois se bloquait alors sur le bois reliant les deux montants.

Pour se reposer, pour manger et se mettre à l’abri, une petite cahute était installée entre deux tas de bois ; une tôle pour le toit et, à l’arrière, une toile de jute pour protéger les deux compagno,ns de travail. Lorsque la lame ne donnait plus de bons résultats, il était nécessaire de remettre l’outil en ordre de marche. Dans l’abri de fortune, il fallait aiguiser la lame avec une lime triangulaire et parfois utiliser la pince à avoyer, dont la Petite gazette nous a plusieur fois entretenus. » A suivre…

La Petite Gazette du 30 octobre 2013

LES SCIEURS DE BOIS A LA GARE DE MARENNE

Retrouvons la suite de ces souvenirs publiés dès la semaine dernière :

« Durant  la bataille des Ardennes, beaucoup de bois ont été abîmés : déracinés par les chars, abattus en partie par des obus ou remplis de shrapnells (du nom de l’inventeur anglais (1761 – 1842) de ces obus remplis de balles, en allemand, schrapnell. Actuellement, morceaux d’obus, de grenades…). Le territoire de la gare de chargement ne fut plus suffisant pour déposer les bois que les bûcherons abattaient dans la région. Plusieurs espèces d’arbres furent amenées devant la gare ou sur le terre-plein au-delà du passage à niveau. Seul le bois de sapin était utilisé pour les mines. Un grand nombre de wagons chargés de bois quittèrent la gare de Marenne, la bascule utilisée pour la vérification du poids des wagons n’a jamais autant fonctionné.

La bascule était située dans les environs du pont actuel, le gabarit se trouvait également en cet endroit. L’entretien de la bascule se faisait tous les trois ou quatre ans. En amenant d’autres wagons ouverts pour le chargement des bois, deux wagons fermés étaient étaient mis à stationner au butoir se trouvant près du passage à niveau. Un de ces wagons servait de bureau, cuisine et dortoir, l’autre était un petit atelier contenant même une petite forge. Deux ouvriers spécialisés devaient remettre les bascules en ordre de fonctionnement (peinture, remplacement des pièces défectueuses et étalonnage). En soirée, mon père allait quelquefois rendre visite à ces hommes, parfois je l’accompagnais. Je me souviens qu’un de ces ouvriers était originaire de Vielsalm.

Le transport par camion et la modernisation des scieries ont supprimé tout ce travail du bois qui se faisait sur le territoire de la gare de chargement. La fin de ces lieux de travail venait de commencer, la suite, vous la constater actuellement ! »

Madame Denise David-Lacasse, de Harre, se souvient également que « dans les villages le long de la ligne vicinale ManhayComblain-la-Tour, il y avait de ces terrains appelés « chantiers », c’était là que les ouvriers préparaient les bois à la demande pour alimenter les charbonnages liégeois. Les ouvriers chargeaient les wagons du vicinal qui s’en retournaient vers Comblain-la-Tour et là, de nouveau, il fallait du personnel pour décharger et recharger sur des wagons de la S.N.C.B. car l’empâtement était différent d’une société à l’autre. Ici, en Ardenne, ces chantiers s’appelaient « gares » tout simplement. On disait : lès ovrîs d’b’wès alî-st-ovrer so l’gåre. »

 La Petite Gazette du 13 novembre 2013

ENCORE A PROPOS DES CHANTIERS DE DECOUPE DES BOIS

Messieurs Raymond Gillet et René Gabriel ont beaucoup œuvré pour La Petite Gazette cette semaine. Il est vrai qu’il s’agit là de passionnés… Le premier nous raconte cette plaisante anecdote :

« La gare vicinale de Noirefontaine possédait deux  » quais de découpage ». Celui représenté sur cette photo est celui des « feuillus ». Le quai des « résineux » se situe à l’extrême gauche de la photo. (Nous en avons parlé dernièrement)

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Les personnes occupées sur ce quai étaient originaires de la région anversoise , il s’agissait de la famille Faes . Le papa, Louis, était né en 1886 à Turnhout,il parlait un français impeccable, ses enfants fille et garçons travaillaient avec lui. Louis avait des moustaches à la « hongroise ».
La route nationale parallèle au quai reliait Paliseul à Bouillon et, déjà à  cette époque, des touristes hollandais venaient visiter notre Ardenne, juchés  sur leurs typiques vélos.
Un jour Louis vis apparaître deux cyclistes hollandaises, il les laissa s’approcher et, de sa voix style Louis Jouvet, il leur « décrocha » la tirade suivante :

Abaissez le capot on voit le moteur, ce n’est pas pour le moteur, mais c’est pour l’odeur !
La plus âgée des dames lui répondit du tac au tac  » Viens-y frotter tes moustaches !  »

Louis était à cent lieues d’avoir une réponse en français, il en resta bouche bée. On ne l’entendit plus de la journée… »

Monsieur Gabriel nous fait part de l’état actuel de ses recherches, nous explique pourquoi le sujet l’intéresse et nous promet une suite à ses propos :

« J’ai rencontré, tout récemment, monsieur Pierre Colin, de Burnontige, dont les parentsz tenaient l’Hôtel du Vicinal. Il se souvient très bien de la gare de Burnontige où un chantier de découpe de bois de mine existait. Les wagons arrivaient avec le tram, étaient décrochés et placés sur une voie particulière. Il n’y avait pas de bâtiment de gare, seulement un quai et un bâtiments où les découpeurs pouvaient remiser leur matériel. M. Colin se rappelle les noms de deux de ces découpeurs, les frères Stelet, Fernand et Arthur.

Quand M. Josy Depierreux a lancé cette recherche dans La Petite Gazette, j’étais content car cet ancien métier de découpeur allait être, comme beaucoup d’autres petits métiers, oublié… J’avais décidé d’attendre quelque peu les premières réponses et elles sont venues. Très prochainement, je reviendrai vers vous avec nombre de renseignements SNCB. En effet, j’ai toujours habité des maisonnettes ou gares et, de ce fait, ai parcouru de nombreuses cours à marchandises. Par la suite, ma profession à la SNCB fut, pendant près de 40 ans, dans le domaine du factage, il s’agit d’un service s’occupant plus particulièrement, suivant les gares, des wagons, des commandes, de la distribution, du triage, de l’acheminement… »

La Petite Gazette du 27 novembre 2013

ENCORE UN CHANTIER DE DECOUPE DE BOIS

Monsieur Robert Nizet, de Vielsalm, nous confie à son tour sa contribution à la documentation sur les quais de découpe des bois longeant les lignes de chemin de fer. Il nous en présente un qu’il a bien connu.

« Celui-ci était situé à Vielsalm, en amont de la gare et sous le pont de la route de Rencheux. On y a découpé, des années durant, des quantités incroyables de bois destinés aux mines. C’était pour nous les gamins habitant au quartier de la gare un terrain de jeu idéal et pour nos parents une source inépuisable de « petit bois » pour allumer le feu. S’y sont succédé au travail les équipes (notamment) de Jean Bontemps de Ville-du-Bois, d’Armand Frères d’Hébronval et des Martiny des Tailles.

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La photo date de 1948 et j’y figure avec mon papa. »

La Petite Gazette du 18 décembre 2013

LES TRAVAUX FORESTIERS QUI OCCUPAIENT MON MARI

Madame Françoise Schröder-Closjans, de Louveigné, évoque le travail de son mari :

«Les premières années de notre mariage se passèrent à Francorchamps. Après la fenaison et la tonte des haies, mon mari, son voisin, L. Goffin, et les frères de celui-ci ont effectué divers travaux forestiers dans des bois appartenant à la famille Stersteven aux alentours de Stavelot, Francorchamps et Malmédy.

Tous les travaux s’effectuaient à la main, abattage, découpage, sciage…

Avant la plantation de sapins dans des endroits fangeux, il fallait faire des mottes pour éviter le pourrissement des jeunes racines. Ce travail consistait à faire des rigoles autour d’un carré de terrain pour permettre au surplus d’eau de s’évacuer.

En 1960, quelques mois après notre arrivée à la ferme de la Fagne de Deigné, mon mari effectuait son premier débardage avec son cheval. Le travail en forêt était un travail d’équipe. Après l’abattage, l’ébranchage et, parfois, le pelage à l’aide d’une rasette, mon mari amenait les bois le long des chemins forestiers. Certains bois étaient chargés entiers et conduits dans les scieries de la région par camion. C’est en lisant une récente Petite Gazette, précise mon aimable correspondante, que je me suis souvenue de cet outil que mon mari possédait pour enlever les écorces ou peler les bois comme il disait. Il s’agissait d’une rasette que provenait, je pense, de la maison Joseph Leloup à Aywaille. N’en ayant plus l’usage, il l’avait donné à un de ses amis. Dans un ouvrage consacré aux vieux outils, j’ai retrouvé un modèle identique à celui que possédait mon mari et présenté comme étant : « un pèle-tronc, outil servant à l’écorçage des bois ».

Les bois de mine étaient sciés à la longueur voulue par deux découpeurs. Ces bois, chargés sur des camions, étaient acheminés directement vers les charbonnages ou à la gare de Remouchamps pour être expédiés par wagons. Tous ces travaux du début des années 60 étaient effectué à la main.

Quelques années plus tard, ce fut l’apparition des tronçonneuses et des engins mécaniques mais, pour le débardage, le cheval est resté prioritaire. Lorsque le débardage de gros arbres nécessitait un attelage à deux chevaux, Pol Rixhon, de Paradis-Harzé, venait seconder mon mari.

Par mauvais temps, mon mari ramenait certains ouvriers forestiers à la maison pour manger leurs tartines. Cette période a été très enrichissante, elle nous a permis la rencontre de divers métiers du bois et de la forêt ainsi qu’un nouveau vocabulaire français et wallon. »

La Petite Gazette du 29 janvier 2014

AVANT DE COUPER TOUS CES BOIS, IL A FALLU LES PLANTER…

Monsieur René Gabriel, de Roanne Coo, dévore avec passion archives et vieux documents et, surtout, aime à partager avec les lecteurs de La Petite Gazette les intéressantes qu’il fait :   « Voici  quelques  renseignements  retrouvés  lors  de  mes  recherches  dans  les  différents  bans  locaux.

En 1837, le  roi  Léopold I, rentrant  vers  Spa  après  une  visite  à  la  cascade  de  Coo, se  trouve  désolé  devant  les  landes  arides  qu’il  traverse, nos  fagnes  où  paissent  alors  des milliers  de  moutons.  A  partir  de  cette  époque  de  nombreux  “experts”  vont  se  pencher  sur  ce  problème et  bien  des  années  plus  tard  un  plan  de  boisement  de  ces  vastes  étendues  sera  d’actualité. Vers  1875-1880  on  plante  donc  de  nombreux  feuillus  et  résineux  en  Ardenne. Les  résineux  sont  principalement  des  pins  sylvestres  et des mélèzes.

Ex: 1879. En  commune  de  Ferrières  le  bourgmestre  reçoit  l’information  d’envoyer  le  messager  enlever  25  kilos  de graines  de  pins  sylvestres  au  dépôt, les  graines  de mélèzes  seront  fournies  plus  tard. Ces  graines  seront  semées  en  pépinière  par  le  forestier  local. Il  n’est  alors  pas  encore  question  d’épicéa. Petite anecdote amusante à propos  de l’enlèvement  des  graines  pour  Ferrières en  1879, le  responsable  précise  au  bourgmestre d’envoyer  le  messager  « avec  un  sac  sans  trou … » I  vâ  mî … ! précise mon sympathique correspondant.

Plus  tard, en  commune  de  Basse-Bodeux  cette  fois, en 1914, les  autorités  notent  que  des  milliers  de  pins  sylvestres  ont  été  plantés  mais  qu’une  invasion    très  importante  d’écureuils  menace  ces  peuplements car  ils  rongent  les  écorces  et  les  arbres  dépérissent. Il  est  donc  décidé  de  tuer  les  écureuils  et  une  prime  de  25  centimes  par  animal  tué  est  accordée  à  condition  de ramener  la  queue  du  rongeur  au … bourgmestre !

Nous  avons  là  un  premier  départ  d’enrésinement en  Ardenne, il  est  probable  que  la  plantation  de  l’épicéa va  bientôt  apparaitre  également  peu  après.

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Il  faudra  attendre, bien  évidemment,  l’arrivée  du  rail  en  Ardenne (1890 pour  Rivage-Trois-Ponts) pour  remarquer  un  trafic  de  bois  de mines. Certaines cartes  postales, vers 1920  ou  peu  avant, montrent  des  wagons  chargés  de  longues  perches (poteaux  télégraphiques  probablement) et  bois de  mine  en  gares  de  Remouchamps  et  Trois-Ponts. »

Monsieur Jacques Bourdouxhe (voir les commentaires) s’est intéressé à cette série d’articles dans lesquels il a puisé des informations pour l’aider dans sa passion, le modélisme. Répondant à ma demande, il nous adresse ces deux photographies montrant la qualité et la précision de ses réalisations.

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Voici des photos de mon diorama représentant une bicabine  ( type 18  ) remorquant un wagon à haussettes chargé de grumes destinées aux charbonnages.

dioramaSNCV
Cette seconde photo a été prise au Brésil   ( mon épouse est brésilienne ) ou  j’ai amené le diorama pour une exposition de modélisme ferroviaire à Curitiba  (Etat du Parana )
Le matériel roulant est à l’échelle TT  ( 1/120 ) populaire en Allemagne et en Europe de l’est. L’écartement de voie est de 9mm pour représenter une voie métrique (ce qui est le cas pour la majorité des lignes vicinales qui ont existé sur le réseau SNCV/NMVB  ).
Comme il n’existe rien de disponible dans le commerce, à part les chassis tout le reste est de construction maison. Les carrosseries  ont été réalisées par la technique de l’impression 3D.
Ma famille maternelle  (famille Guillaume) a gravité pendant de longues années autour d’Esneux : Poulseur, Ham , Esneux (où je suis né), Fontin  et Montfort. »

Un grand merci à Monsieur Bourdouxhe et toutes les félicitations de la Petite Gazette