CONNAISSEZ-VOUS CE CHRIST A SPRIMONT?

AVIS DE RECHERCHE – OU ÉTAIT DRESSE CE CHRIST A SPRIMONT ?

Le souci de préservation et de mise en valeur du petit patrimoine manifesté par mon ami Albert Etienne, de Sprimont, dépasse largement les limites de sa commune. C’est un vrai passionné qui arpente continuellement sentiers et chemins et y balayant tout de son regard aiguisé. Il est aujourd’hui face à une énigme que vous pourriez peut-être l’aider à résoudre. Il vous l’expose lui-même :

« Cette photo très intéressante m’a été transmise par mon ami D. Grégoire. Dans le cadre de l’inventaire du petit patrimoine populaire que j’ai réalisé, je n’ai pas encore pu localiser l’endroit précis ou cet imposant crucifix (qui n’existe plus) avait été érigé à Sprimont.

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Toutefois d’après mes recherches, le personnage de gauche serait M. Magis (sacristain) et père de l’ancien instituteur de l’école libre. A côté de lui, l’acolyte serait Joseph Bernard, né en 1898 qui épousera plus tard Jeanne Pirard.

D’après l’âge des acolytes, on peut conjecturer que la photo a été prise vers 1907-1910 ? A droite, il pourrait s’agir de Jean-Baptiste Simon, curé de 1900 à 1920. Au centre, dans sa tenue d’apparat, coiffé de son bicorne avec son épée et de sa hallebarde, c’est Joseph Philippart auquel succèdera, dans la même fonction, Raymond Fondaire qui habitait rue Golette n°6. Ces personnages, haut en couleur et à l’allure fière, ont été les deux seuls « suisses » attachés à l’église St-Martin de Sprimont. Si le nom officiel de cette fonction est « bedeau », il était couramment dénommé en wallon « tchèsse-tchin« , c’est à dire « chasse-chien ». (N.D.L.R. Durant sa recherche, Albert Etienne a pu compter sur une intéressante précision émanant de M. Pierre Duchatelet lui signalant qu’on disait aussi « chasse-coquin ») Cet employé laïc était chargé de veiller à la discipline et au bon déroulement des offices et des différentes cérémonies religieuses au cours desquels il rythmait également les « assis-debout ». »

Relayée par les réseaux sociaux, l’enquête menée par Albert lui a ouvert quelques pistes : Ainsi, Mme Astrid Malherbe et M. Jacky Detilleux font un lien avec le Christ situé au dessus du Homby et Mme Marie-Louise Bonfond conseille d’étudier les photos de l’intérieur des églises pensant que le Christ recherché aurait pu y trouver place.

Albert s’est évidemment mis en chasse de nouvelles infos et signale que « la croix située sur le Tige a effectivement été érigée après la guerre par l’entrepreneur Willems.
Toutefois, le Christ est en fonte et est plus petit que celui dont j’ai publié la photo. » Ce n’est donc pas le même !

Pensez-vous pouvoir faire progresser cette recherche ? Avez-vous des informations relatives à ces personnes présentes sur la photo présentée ? Pouvez-vous localiser le mur de pierre derrière le Christ, peut-être à Damré ? Avez-vous une idée de l’occasion à laquelle cette croix a été dressée ? Oui, alors n’hésitez pas à vous mettre en rapport avec la Petite Gazette qui transmettra immédiatement.

D’avance, un grand merci.

UN NOUVEAU LIVRE SUR AYWAILLE ET SPRIMONT

LE BERCEAU INDUSTRIEL D’AYWAILLE ET DE SPRIMONT

Les toutes nouvelles installations de la brasserie Elfique sont en voie de parachèvement à Raborive (Aywaille), dans un site remarquable à différents points de vue. Cette nouvelle ligne de production va incessamment voir le jour à l’ombre des somptueuses ruines du donjon de Neufchâteau-sur-Amblève et en face de la célèbre fermette dite de la Mohinette, dont Marcellin Lagarde a raconté l’histoire. Ce site est, en outre, un lieu chargé d’histoire puisque c’est sur les terres s’étendant entre Florzé, Raborive, Martinrive et Rouvreux que Jacky Jacobs (✝), René Jacobs et René Henry, les auteurs de cette étude parue dernièrement, ont localisé « Le Berceau industriel d’Aywaille et de Sprimont ». Pareille affirmation surprendra sans doute celles et ceux qui ne connaissent pas encore la richesse industrielle de ce petit territoire partagé aujourd’hui entre les communes d’Aywaille et de Sprimont mais qui, jusqu’en 1794, relevait de plusieurs seigneuries et états différents.

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La richesse du sous-sol, l’Amblève navigable et productrice d’énergie et la réunion des limites de ces seigneuries et de ces états furent identifiés comme de véritables atouts par d’audacieux entrepreneurs il y a près d’un demi-millénaire déjà.

Bien avant qu’on y exploite la pierre et le sable, ce petit territoire vit se développer une importante industrie métallurgique, on y exploita aussi l’alun, une matière première d’une importance capitale aux XVIIe et XVIIIe siècles. Emblève connut ensuite une importante verrerie où se fabriquaient les bouteilles à eau de Spa et à eau de Bru, produits essentiels au développement d’un très important commerce. Là ne s’arrête pas la liste des « usines » qui s’élevèrent en ces lieux : un imposant moulin à quatre roues produisit du papier, il fut même question d’y installer une manufacture de draps.

za 21Ce fut ensuite l’industrie de la pierre qui investit les lieux et ce sont d’ailleurs de magnifiques bâtiments de cette époque qui verront très bientôt grandir et se développer considérablement la brasserie Elfique. elfique-logo

Toutes ces activités dopèrent l’économie locale en réclamant aussi une main-d’œuvre importante pour acheminer, par voie terrestre et par voie d’eau, les matières premières vers ces industries et pour en transporter les produits finis.

Guidés par les auteurs, vous partirez à la découverte de toutes ces entreprises; ils vous mèneront en outre à la rencontre des étonnante facettes des personnalités qui investirent tant en ces lieux : les de Hauzeur, les Desandrouin, les Penay… et, plus proches de nous, les Marcellis par exemple. Ces représentants de grandes familles d’industriels ou de commerçants hennuyers, liégeois ou verviétois vous seront mieux connus grâce aux très nombreux documents présentés dans cet ouvrage : des pièces de procès, des actes officiels, des testaments… Vous les verrez alors comme ils étaient vraiment : de véritables précurseurs du capitalisme.

Ce nouvel ouvrage de la collection P.A.C. Aywaille est édité par la maison liégeoise Dricot, gage de qualité, il a été officiellement présenté le 5 mai dernier. Il compte 122 pages au grand format (A4) et recèle plus de 70 illustrations pour la plupart tout à fait inédites et dont certaines sont présentées en pleine page et en quadrichromie.

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Vous pouvez bien entendu acquérir ce livre  en versant 25€ (Frais de port inclus) sur le compte bancaire BE29 0682 0895 1464 de P.A.C. Aywaille à 4920 Aywaille avec la communication « Berceau industriel ».

 

LA LUTTE EN OURTHE-AMBLEVE

La Petite Gazette du 21 décembre 2011

ON A LUTTE EN OURTHE-AMBLEVE

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La lutte a connu ses heures de gloire en Ourthe-Amblève et nos villages ont connu des champions illustres qui portèrent les couleurs locales jusqu’aux jeux olympiques. M. Etienne Compère dont on connaît l’attachement pour le passé aqualien est en quête de l’identification de ces lutteurs dont l’image a été fixée, il y a bien des décennies de cela, sur cette photographie. Pour tenter de mettre un nom sur chacun de ces visages, il s’en est remis à un ancien lutteur d’Aywaille, Robert Leruth, qui enquêta longuement, questionnant tout qui pourrait le mettre sur la piste d’un nom de ces lutteurs  appartenant à un club de lutte des années 1940. Yves Dechamps, de Sprimont,  a reconnu quatre de ces athlètes à savoir :

–         debout en 2ème position Joseph Gillon, en 3ème pos. Valère Crahay, en 5ème pos. Léon Detaille.

–         assis en 2ème position Auguste Mathonet.

Pourrez-vous ajouter l’un ou l’autre nom à cette liste ? Evoquerez-vous pour La Petite Gazette ce sport si populaire jadis en nos salles de village. Je l’espère et vous en remercie d’ores et déjà.

La Petite Gazette du 4 janvier 2012

ON A LUTTE EN OURTHE-AMBLEVE

Monsieur François Hartert, époux de Nelly Lejeune, de Sprimont, nous aide à compléter l’identification de ces fiers lutteurs :

« Pour compléter les informations de mon ami Yves Dechamps, je peux vous signaler que le lutteur situé en quatrième position sur la photo (à côté de Valère Crahay), n’est autre que mon beau-père, M. Georges Lejeune né à Sprimont le 21 mars 1914 et décédé à Liège, le 4 janvier 2001). Si mes souvenirs de ses récits sont exacts, il doit s’agir d’une photo présentant les membres du club de lutte gréco-romaine de Sprimont. Ce club était affilié à la Fédération Sportive Socialiste et avait son siège à la Maison du Peuple de Sprimont. »

Se trouvera-t-il d’autres lecteurs qui nous permettront de mettre un nom sur chaque visage ? Cela ferait un grand plaisir à M. Etienne Compère.

La Petite Gazette du 11 janvier 2012

ON A LUTTE EN OURTHE-AMBLEVE

Faisons le point car un nouveau nom a été rapporté. Merci à Madame veuve J. Lejeune, d’Aywaille et à Robert Leruth qui a servi d’intermédiaire.

–         debout en 2e position Joseph Gillon, 3e Valère Crahay, 4e  Georges Lejeune, 5e  Léon Detaille.

–         assis en 2e position Auguste Mathonet. 3e René Boutet, du Hornay.

Ce club était affilié à la Fédération Sportive Socialiste et avait son siège à la Maison du Peuple de Sprimont. »

Se trouvera-t-il d’autres lecteurs qui nous permettront de mettre un nom sur chaque visage ? Cela ferait un grand plaisir à M. Etienne Compère.

La Petite Gazette du 8 février 2012

VOUS AVEZ AUSSI RECONNU PRESQUE TOUS CES LUTTEURS DE SPRIMONT

Madame véronique Matz, d’Aywaille, m’a transmis un passionnant courrier suite à la parution de cette photo qui ne lui était pas inconnue.

« Cette photographie figure dans les albums de maman. Ce sont des albums de photos de famille et si celle-ci y est présente, sous forme de carte postale, c’est tout simplement parce que l’un de ces lutteurs n’est autre que mon grand-père maternel.

Grâce à sa formidable mémoire des visages et des noms, maman a pu compléter les prénoms, noms et lieux de vie de presque tous les camarades de lutte de son papa. Un seul visage reste inconnu. Avant de vous livrer ces noms, il faut que maman et moi nous vous précisions quelques détails. Le club de lutte se nommait le « Cercle de lutte de l’Avenir de Sprimont ». Le siège du club se trouvait bien à la Maison du Peuple, aujourd’hui « Centre culturel Henri Simon ». la salle d’entraînement se trouvait à l’arrière de la salle accueillant les spectacles et le cinéma. Cette photo doit dater d’avant 1929 car ma grand-mère ne voulait plus que son mari pratique ce sport. Il s’agissait même d’une condition mise à leur mariage !

Je n’ai pas eu la chance de connaître mon grand-père qui fut victime de la chute d’un V1 sur La Préalle, usine à Prayon) à la fin de la guerre en décembre 1944. Cependant mon enfance fut bercée d’histoires et d’anecdotes de la famille de maman, mais aussi de celle de mon papa.

Je sais que quelques-uns des compagnons de lutte de mon grand-père furent des amis fidèles et j’ai eu la chance de connaître certains d’entre eux, notamment la veuve de Désiré Labaye, l’amie de ma grand-mère, Mme Louise Breton. M. Valère Crahay, fontainier à la commune de Sprimont, mais surtout grande figure socialiste, responsable durant de longues années de la Mutualité de la Pierre, puis FMSS devenue aujourd’hui Solidaris et dont les bureaux se trouvent toujours au Fond Leval à Sprimont. Enfin, Monsieur Albert Heinen et son épouse Ginette, célèbre et formidable infirmière accoucheuse qui mit, certainement, au monde bien des lecteurs de La Petite Gazette (N.D.L.R. Ce serait dès lors l’occasion d’évoquer son souvenir au travers d’anecdotes ou de souvenirs liés à l’exercice de sa profession… Le voudrez-vous ?)

Voici maintenant la liste des noms de ces lutteurs, elle a été  établie grâce à la formidable mémoire de ma petite et chère maman.

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Debout, de gauche à droite : Désiré Labaye, Damré-Sprimont ; Joseph Gillon, Florzé ; Valère Crahay, Fond Leval-Sprimont ; Georges Lejeune ; Léon Detaille ; Albert Heinen, Hornay-Sprimont.

Assis, de gauche à droite : Alphonse Defays, dit Joseph, de Hornay Sprimont, mon grand-père, précise Mme Matz ; Auguste Mathonet, Fond Leval – Sprimont ; René Boutet ; ? Calbert, Florzé ?;    ?   ; Joseph Sluse, Cour Robaye Sprimont. »

Un immense merci à Madame Matz et à sa maman, Mme Emilie Defays.

L’ABC DES ECOLES DE SPRIMONT

J’AI LU POUR VOUS : « L’ABC DES ECOLES DE SPRIMONT » d’YVETTE GILLES-SEPULCHRE

Voilà une publication de poids ! Plus d’un kilo de souvenirs, de photographies, de documents…

Tout le monde y trouvera son compte. D’abord, bien entendu, celle ou celui qui, un jour, usa ses fonds de culotte sur les bancs d’une des écoles, communales ou libres, de Sprimont ; ensuite, le lecteur curieux de connaître l’évolution des conditions de la transmission du savoir dans nos communes.

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Yvette Gilles-Sépulchre nous livre, dans ce nouvel ouvrage qu’elle signe, le fruit d’une incroyable recherche parmi les archives communales et celles du doyenné de Sprimont, mais également dans les familles de la commune. Après un utile et rapide rappel de ce qu’était une « école » de l’Antiquité à la fin de l’ancien régime, l’auteure nous plonge dans la réalité locale à l’époque hollandaise quand, le 10 avril 1826, Lincé voit l’ouverture des soumissions pour la construction de l’actuel presbytère à côté duquel devait se construire une école. Vous serez ensuite emmenés à la découverte des matières d’examen permettant aux candidats instituteurs de voir attribuer un grade, du 1er au 4e rang, selon leur degré de compétence.

La toute jeune Belgique indépendante ne conçoit pas l’école sans la présence active de la religion ; que l’école soit libre ou officielle, la classe commence par la prière. En 1879, sous l’influence libérale, le cours de religion est remplacé par un cours de morale non confessionnelle.

Yvette Gilles-sépulchre vous guidera, de manière très agréable et intelligemment illustrée, à la rencontre du quotidien en classe au fil des décennies. Elle aborde les règlements d’école, l’orthographe, la discipline, le matériel scolaire, les congés scolaires, la promulgation de l’enseignement obligatoire et gratuit, les guerres scolaires, le Pacte scolaire… De passionnants chapitres sont alors consacrés aux écoles gardiennes, à l’évolution de la méthodologie.

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L’auteure nous invite ensuite à l’accompagner dans sa propre scolarité depuis son premier jour de classe à la maternelle ; avec elle, vous vivrez de grands moments : la Saint-Nicolas, la chasse aux poux, la remise des prix, les cours de couture…

L’histoire de toutes les écoles du Sprimont d’hier et de celui d’aujourd’hui est ensuite révélée, vous voyagerez ainsi à Louveigné, à Banneux, à Deigné, à Gomzé-Andoumont, à Sendrogne, à Chanxhe, à Dolembreux, à Fraiture, au Hornay, à Fraiture, à Rouvreux et bien entendu à Sprimont centre. Vous y retrouverez sans aucun doute votre photo, celle de vos parents, de vos enfants, de votre instituteur mais aussi de nombreuses anecdotes et documents qui, à n’en pas douter, vous replongeront dans l’insouciance de vos années passées à l’école du village. J’ai personnellement pris un énorme plaisir à découvrir cette très intéressante et très plaisante étude et je vous invite à la découvrir à votre tour.

Ce fort volume de 308 pages au format A4, à l’agréable mise en page, est illustré d’innombrables documents et photographies, dont de nombreuses en quadrichromie est à votre disposition dans les deux librairies de Sprimont, à la bibliothèque et à l’Administration communale au prix de 20 €.

Vu son poids, par courrier, il vous en coûtera 30 € (en raison des frais de port bien entendu), somme qu’il convient de verser au compte n° BE57 0016 6753 0535 de l’Office du Tourisme de Sprimont, avec la mention « L’ABC des Ecoles de Sprimont ».

Le lundi 14 novembre prochain, à 18h., une présentation de cet ouvrage est organisée à la bibliothèque publique « Les Mille feuilles » à Sprimont. Vous pourrez, bien entendu, y acquérir cet ouvrage et y faire déposer une dédicace par Yvette Gilles-Sépulchre.

Cette soirée de présentation a été rendue possible grâce à une étroite collaboration entre la bibliothèque « Les Mille feuilles« , le Fonds d’Histoire Locale de Sprimont et l’Office du Tourisme.

 

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT LES CARRIERES

La Petite Gazette du 17 décembre 2003

QUAND LES CARRIERS FETAIENT LA SAINTE-BARBE…

   C’est M. Pierre Willems, d’Outrelouxhe, qui me permet de parler des carriers et j’en suis tout à fait ravi… Mon correspondant sait bien de quoi il parle puisqu’il se présente lui-même comme un vieux carrier avec « cinquante ans de carrière en carrières ». Suivons-le parmi ses souvenirs :

« Autrefois, la Sainte-Barbe se fêtait autrement qu’aujourd’hui. Le 3 décembre, veille de la fête, avant midi, le maître artificier faisait forer des trous de pétard dans les gros blocs de pierre.  On les bourrait à la poudre noire et de la poussière, puis on les reliait à un cordon de mèche. Vers 14h30, on arrêtait le travail et l’artificier allumait la mèche du cordeau détonant pour faire sauter les blocs dans un bruit assourdissant. Heureusement, les villageois étaient prévenus.  010

 

 

 

 

Pierre Willems, épinceur-appareilleur

    Ensuite, les ouvriers, le contremaître et, souvent, le patron se réunissaient au réfectoire pour boire les bouteilles de pékèt, surtout, mais aussi de la bière. On racontait des blagues et certains poussaient la chansonnette. Le soir tombait vers 17 heures et chacun rentrait alors chez soi, comme il le pouvait ! Ainsi, je suis déjà revenu, à vélo, de Limont-Tavier à Ouffet, même par temps de pluie ou de neige.

Aux carrières Depauw d’Ouffet, les patrons offraient un souper aux ouvriers accompagnés de leur épouse, du moins ceux qui étaient mariés.

Le lendemain, 4 décembre, une messe était célébrée en l’église. Les croyants, ou ceux qui faisaient semblant pour être bien vus des patrons catholiques, ou du moins les épouses y assistaient. Les autres ouvriers étaient déjà dans les cafés en train de boire, en attendant que les autres sortent de l’église pour venir les retrouver. C’étaient alors des beuveries jusque tard dans l’après-midi…

On ne mangeait guère, vu que, suivant le dicton de chez nous, « Où le brasseur passe, le boulanger n’a que faire ! »

Aujourd’hui, à cause des voitures et des contrôles d’alcool-test, il devient impossible de s’amuser comme autrefois. Ce jour de congé est payé comme un jour férié et les ouvriers boivent un coup chez eux en regardant la télé ! On appelle cela le progrès… à chacun son jugement. »

La Petite Gazette du 30 décembre 2003

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT NOS CARRIÈRES…

   Bien des villages de l’Ourthe-Amblève et du Condroz n’existeraient pas si, dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, l’exploitation de la pierre n’avait pas connu un essor extraordinaire. Ils sont nombreux nos grands-pères qui ont travaillé péniblement pour arracher ces pierres qui donnent tant de charme à nos villages. Et si nous profitions de 2004 pour leur rendre un hommage. Envoyez-moi vos photos de carriers au travail et parlez-moi de leur dextérité, mais aussi de leurs conditions de travail, de leurs coutumes… Comme Mme Biet, d’Awan-Aywaille, permettez à toutes et à tous de découvrir les réalités de ce métier.

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La Petite Gazette du 7 janvier 2004

LES CARRIERS D’OURTHE-AMBLÈVE ET LA SAINTE-BARBE

   Madame Renée Louise Califice, de Sprimont, se fait l’écho de l’amertume de M. Willems.

   « Il y a quelques années, les carriers ont offert à l’église de Sprimont, une très belle statue à l’effigie de sainte Barbe. Cette statue a été placée devant l’entrée de l’église entourée de pierres du pays.

Chaque année, la chorale Sainte-Cécile s’évertue, le 4 décembre, à chanter durant la messe célébrant la fête en l’honneur de cette sainte patronne des carriers. Il est triste de constater que seule une dizaine de personnes assistent à l’office. Où sont passés les carriers de Sprimont ? Les chanteurs de cette chorale se posent la question… »

J’imagine qu’ils auront à cœur de vous répondre car, par les temps qui courent et il faut le regretter amèrement, les carriers font plus souvent l’objet de récriminations que de regrets…

La Petite Gazette du 4 février 2004

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT NOS CARRIERES…

Monsieur Jacques Stoquart me transmet cette intéressante carte postale, postée à Andenne, le 26 janvier 1909, et arrivée – sans timbre Prior – le lendemain à Melreux.

012      Mon correspondant revient sur la parution, le 2 janvier dernier, de la photo prêtée par Mme Biet : « un des ouvriers carriers figurant sur cette photo a été identifié comme étant Alphonse Simon. Or la carte que je vous présente a été signée d’un certain Aug(uste) Simon et adressée au maître de carrières Emile Oger, de Hotton-Melreux.

013   Le salut qui termine la brève missive est, pense mon correspondant, révélateur de l’appartenance maçonnique du signataire : « Salut et fraternité ».

Auguste était-il parent d’Alphonse ? Quelqu’un se souvient-il avoir entendu parler d’Aug(uste) Simon  ou/et d’Emile Oger ? Les lecteurs répondront peut-être. » Oui, certainement s’ils peuvent vous éclairer.

Mme Léona Biet, d’Awan-Aywaille, m’a précisément apporté des précisions sur son beau-père, Alphonse Simon :

« Il fallait alors être très courageux pour exercer le métier de carrier. Il était, je crois ne pas me tromper, « rocteur ». Il partait d’Awan le matin, pour rejoindre Hagonheid,  et le soir, bien sûr, il faisait le chemin inverse, toujours à pied. Il accomplissait un travail très périlleux ; on le laissait descendre, retenu par une corde qui lui entourait la taille et qui le maintenait contre le rocher. Il cherchait alors une légère aspérité dans la roche pour y appuyer les pieds et se maintenir debout. Puis, à l’aide d’un fer à mine et d’un marteau, il creusait un trous très profond dans la roche. Là, on introduisait la poudre explosive pour faire sauter le rocher. Cette poudre était reliée à une longue mèche qu’on allumait en temps utile. Celui qui y mettait le feu devait courir vite pour se mettre à l’abri. A l’aide d’un cor très puissant, tous les alentours étaient prévenus du danger. Quelques minutes plus tard, c’était la déflagration et les blocs de pierre volaient en l’air, accompagnés d’un énorme nuage de poussière. C’était alors du travail pour un bon bout de temps pour les carriers. »

Merci pour ce témoignage. Vous aussi, venez rendre hommage à ces travailleurs de la pierre, confiez-moi vos photos et vos souvenirs. D’avance, un immense merci.

DE NOMBREUX CARRIERS ONT PERDU LA VIE AU TRAVAIL…

Monsieur Albert Etienne, de Sprimont, aime à se souvenir que, le 26 mai 1954, à Florzé, la carrière tua neuf ouvriers. Cette année, il y aura donc cinquante ans déjà que se drame endeuilla les familles ouvrières de chez nous.

014   Mon correspondant s’est engagé dans un projet d’érection d’un élément commémoratif sur les lieux même du drame et, pour cela, il a besoin de votre aide : pourrez-vous l’aider à établir la liste des rescapés de l’accident et toujours en vie aujourd’hui, ainsi que la liste des veuves et enfants des neuf victimes directes de l’accident.
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Merci de penser que tout document d’époque serait très intéressant et de nous permettre de le consulter. Je compte sur vous pour permettre l’aboutissement de ce projet  et vous remercie, d’ores et déjà, de votre précieuse collaboration.

La Petite Gazette du 18 février 2004

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT NOS CARRIERES…

Monsieur Jacques Bastin, de Heyd, évoque pour nous la vie des carriers d’Ouffet.

« Mon grand-père paternel, prénommé Victor, est né à Ouffet en 1866, il y est décédé en 1950. Il exerça le métier de tailleur de pierre et son habileté fit qu’il fut très apprécié. Ouffet vit nombre de ses habitants montrer un réel talent dans l’art de sculpter la pierre. Rappelons les Jeannette, Sprumont, Baulieu… il en est d’autres, mais ils ont quitté ma mémoire.

Après la Grande Guerre, mon grand-père, en compagnie d’autres ouvriers du lieu, participa activement à la réalisation du monument aux morts qui devait s’ériger sur la place du village. Il sculpta les bottines du sujet principal, un soldat casqué dressant un étendard. Chaque fois que je lui disais que j’étais passé près du monument en question, il me demandait, pour me taquiner, si les chaussures qu’ils avaient réalisées ne méritaient pas une réparation.

Mon grand-père, reconnu comme sage par ses compagnons de misère et étant un peu plus instruit qu’eux, fut pressenti pour s’occuper, en leur nom et tout à fait bénévolement, des discussions avec la direction de la carrière et de la paperasserie administrative requise. En fait, à l’heure où les premières organisations ouvrières se développaient (le Parti Ouvrier Belge avait été fondé en 1885 et les premières associations mutuelles commençaient à fonctionner), il fut un genre de syndicaliste avant l’heure. »

Nous retrouverons Victor la semaine prochaine et, avec lui et au travers des souvenirs qu’en a gardés son petit-fils, nous vivrons un peu la vie des carriers de la fin du XIXe siècle en nos régions.

016Photo extraite de : René HENRY, L’Almanach de notre Terroir, éditions Dricot, Liège, 1999

La Petite Gazette du 25 février 2004

LES CARRIERS FIRENT NOS VILLAGES EN CREUSANT NOS CARRIERES…

Monsieur Jacques Bastin, de Heyd, évoquent pour nous la vie des carriers d’Ouffet grâce aux souvenirs qu’il a conservés de son grand-père Victor, tailleur et sculpteur de pierre.

« Il n’y avait alors ni dimanche, ni congé, ni relâche dans le travail ; exception faite toutefois pour la fête du village qui était l’événement marquant de l’année. Les ouvriers se voyaient alors accorder le samedi, le dimanche et le lundi pour prendre pleinement part aux réjouissances.

Ces hommes prestaient nettement plus de douze par jour, dans des conditions de confort et de sécurité pratiquement nulles et, rappelons-le, sans loi sociale. Ils partaient au point du jour et rentraient souvent à la nuit tombée pour des salaires de famine. Notons cependant qu’on ne pointait pas et que tout se faisait bien calmement. Un moment particulier de la journée contribuait largement à resserrer les liens entre ces ouvriers solidaires, c’était, le matin, quand le travail s’interrompait une heure durant pour pouvoir se parler, fumer, boire une petite goutte ou, le cas échéant, manger un bout.

Le règlement sur la « sécurité du travail » n’existant point du tout, mon grand-père devait, été comme hiver, tailler ses pierres, par tous les temps, à l’extérieur, sous un frêle abri fait d’un cadre de bois couvert de paille tressée. En hiver, il devait se mettre plusieurs épaisseurs sur le dos pour, dans de telles inhumaines conditions travailler un rien artificiellement au chaud. 017

 Photo extraite de : René HENRY, L’Almanach de notre Terroir, éditions Dricot, Liège, 1999

Mon grand-père ayant immédiatement cotisé, dès qu’on le sollicita, pour sa pension de vieillesse, il l’obtint en 1931, soit à l’âge de 65 ans. Elle n’était certes pas terriblement élevée, mais c’était toutefois un indéniable premier pas en avant pour la classe ouvrière. La vie de pensionné l’ayant, du jour au lendemain, assez désorienté, mon grand-père s’en retourna, après quelques jours de repos seulement, travailler comme il l’avait toujours fait. Bien vite, les Autorités de l’Etat ne trouvèrent rien de mieux que de suspendre le versement de la pension due. Mon père écrivit alors une lettre pas piquée des vers au Ministre concerné et, peu de temps, après mon grand-père retrouvait sa pension et les arriérés qui lui venaient de plein droit. »

Mon correspondant conclut son récit en souhaitant que bien d’autres lecteurs confieront les souvenirs de carriers, patrimoine régional, à la Petite Gazette. J’espère, bien entendu, que cet appel sera suivi.