Les Journées du Patrimoine 2018 à Aywaille

Les Journées du Patrimoine à Aywaille ont connu un extraordinaire succès et rassemblé un très nombreux public de personnes intéressées par les traces que notre riche passé a laissées sur le territoire de notre commune.
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A Raborive, la Brasserie Elfique avait judicieusement choisi ce weekend pour proposer un alléchant programme de festivités à l’occasion de l’inauguration officielle de leurs toutes nouvelles installations. A cela aussi, le public a répondu nombreux et s’est montré particulièrement enthousiaste.
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Des visites de la brasserie ont été commentées par son artisan, André Grolet, et des commentaires historiques sur l’incroyable passé industriel de ce site y ont été distillées, avec humour et passion, par René Henry.
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L’historien aqualien a reçu l’aide précieuse de ses deux fils, Raphaël et Renaud, pour produire une vidéo qui, en une petite vingtaine de minutes, vous raconte un demi-millénaire de vie industrielle à Raborive, vous pouvez la découvrir ci-dessous.

 

Le dimanche après-midi, c’est à l’autre bout de la commune, à Quarreux, que les curieux d’un des aspects parmi les plus insolites de notre passé s’étaient donné rendez-vous.
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Là également c’est un  groupe très important qui a suivi le cours de la Chefna jusqu’à la mine d’or qui fut exploitée en ces lieux au début du XIXe siècle. En chemin, les participants à cette balade ont pu suivre une intéressante démonstration d’orpaillage, se nourrir de la légende locale et suivre les explications données par René Henry sur l’or de l’Ardenne.
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UN NOUVEAU LIVRE SUR AYWAILLE ET SPRIMONT

LE BERCEAU INDUSTRIEL D’AYWAILLE ET DE SPRIMONT

Les toutes nouvelles installations de la brasserie Elfique sont en voie de parachèvement à Raborive (Aywaille), dans un site remarquable à différents points de vue. Cette nouvelle ligne de production va incessamment voir le jour à l’ombre des somptueuses ruines du donjon de Neufchâteau-sur-Amblève et en face de la célèbre fermette dite de la Mohinette, dont Marcellin Lagarde a raconté l’histoire. Ce site est, en outre, un lieu chargé d’histoire puisque c’est sur les terres s’étendant entre Florzé, Raborive, Martinrive et Rouvreux que Jacky Jacobs (✝), René Jacobs et René Henry, les auteurs de cette étude parue dernièrement, ont localisé « Le Berceau industriel d’Aywaille et de Sprimont ». Pareille affirmation surprendra sans doute celles et ceux qui ne connaissent pas encore la richesse industrielle de ce petit territoire partagé aujourd’hui entre les communes d’Aywaille et de Sprimont mais qui, jusqu’en 1794, relevait de plusieurs seigneuries et états différents.

Carte couverture

La richesse du sous-sol, l’Amblève navigable et productrice d’énergie et la réunion des limites de ces seigneuries et de ces états furent identifiés comme de véritables atouts par d’audacieux entrepreneurs il y a près d’un demi-millénaire déjà.

Bien avant qu’on y exploite la pierre et le sable, ce petit territoire vit se développer une importante industrie métallurgique, on y exploita aussi l’alun, une matière première d’une importance capitale aux XVIIe et XVIIIe siècles. Emblève connut ensuite une importante verrerie où se fabriquaient les bouteilles à eau de Spa et à eau de Bru, produits essentiels au développement d’un très important commerce. Là ne s’arrête pas la liste des « usines » qui s’élevèrent en ces lieux : un imposant moulin à quatre roues produisit du papier, il fut même question d’y installer une manufacture de draps.

za 21Ce fut ensuite l’industrie de la pierre qui investit les lieux et ce sont d’ailleurs de magnifiques bâtiments de cette époque qui verront très bientôt grandir et se développer considérablement la brasserie Elfique. elfique-logo

Toutes ces activités dopèrent l’économie locale en réclamant aussi une main-d’œuvre importante pour acheminer, par voie terrestre et par voie d’eau, les matières premières vers ces industries et pour en transporter les produits finis.

Guidés par les auteurs, vous partirez à la découverte de toutes ces entreprises; ils vous mèneront en outre à la rencontre des étonnante facettes des personnalités qui investirent tant en ces lieux : les de Hauzeur, les Desandrouin, les Penay… et, plus proches de nous, les Marcellis par exemple. Ces représentants de grandes familles d’industriels ou de commerçants hennuyers, liégeois ou verviétois vous seront mieux connus grâce aux très nombreux documents présentés dans cet ouvrage : des pièces de procès, des actes officiels, des testaments… Vous les verrez alors comme ils étaient vraiment : de véritables précurseurs du capitalisme.

Ce nouvel ouvrage de la collection P.A.C. Aywaille est édité par la maison liégeoise Dricot, gage de qualité, il a été officiellement présenté le 5 mai dernier. Il compte 122 pages au grand format (A4) et recèle plus de 70 illustrations pour la plupart tout à fait inédites et dont certaines sont présentées en pleine page et en quadrichromie.

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Vous pouvez bien entendu acquérir ce livre  en versant 25€ (Frais de port inclus) sur le compte bancaire BE29 0682 0895 1464 de P.A.C. Aywaille à 4920 Aywaille avec la communication « Berceau industriel ».

 

GUÉS PAVÉS ET « QUAI » DANS LE LIT DE L’AMBLEVE

La Petite Gazette du 26 août 2009

LE GUÉ PAVÉ DU HALLEUX

Madame Christine Heinesch œuvre au sein du groupe de travail « tourisme » du Contrat de rivière de l’Amblève qui souhaiterait mettre en valeur le gué pavé du Halleux, antique passage d’eau permettant aux hommes et aux bêtes de franchir la rivière.

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« C’est, à notre connaissance, m’écrit-elle, le seul gué pavé sur l’ensemble du bassin hydrographique de l’Amblève.

En rive droite de la rivière, il existe un panneau qui reprend des informations sur le gué. C’est d’ailleurs sur ce panneau que nous avons pu voir une photo ancienne. Nous ne savons malheureusement pas où trouver le cliché original.

Ce panneau ne se trouve pas sur un lieu de passage et depuis le panneau, il n’y a pas de vue sur la rivière !

En rive gauche, il existe un « support-panneau » mis en place par les pêcheurs de l’UPOA mais qui n’est plus utilisé. Il est placé au centre du hameau du Halleux, en bord de rivière et à 20 m du gué. Idéal !

Avec l’accord et la participation des pêcheurs, nous pourrions y mettre une information sur le gué. Au niveau du texte, nous avons pu trouver de la documentation, notamment via des données de feu Emile Detaille (Les Echos de Comblain, mars 1982, n°3) et le travail de l’UPOA.

Pour compléter notre information, nous souhaitons pouvoir y mettre également une photo de l’utilisation ancienne de ce gué : passage de charrette par exemple. Nous avons beaucoup de mal à trouver cette photo. Se trouvera-t-il un lecteur de La Petite Gazette qui pourrait nous mettre sur la voie de ce document que nous aimerions pouvoir scanner afin de le présenter ? Nous l’espérons et remercions d’ores et déjà toute personne qui pourra orienter nos recherches. »

Il serait vraiment chouette que ce document puisse être découvert grâce à vous car cela permettrait de sauvegarder la mémoire d’un endroit très particulier et appartenant maintenant au patrimoine collectif. Si vous pouvez répondre à cet appel, le plus simple est de vous mettre en relation avec La Petite Gazette qui établira le contact.

La Petite Gazette du 30 septembre 2009

LE GUÉ PAVÉ DU HALLEUX

Vous vous en souviendrez, il y a quelque temps, La Petite Gazette a relayé la demande de Madame Christine Heinesch qui œuvre au sein du groupe de travail « tourisme » du Contrat de rivière de l’Amblève et qui souhaiterait, avec l’aide de « Qualité – village – Wallonie », mettre en valeur le gué pavé du Halleux, antique passage d’eau permettant aux hommes et aux bêtes de franchir la rivière.

Ma correspondante rappelait fort utilement que : « C’est, à notre connaissance, le seul gué pavé sur l’ensemble du bassin hydrographique de l’Amblève.

En rive droite de la rivière, il existe un panneau qui reprend des informations sur le gué. C’est d’ailleurs sur ce panneau que nous avons pu voir une photo ancienne, mais nous ne savons malheureusement pas où trouver le cliché original et aimerions pouvoir compter sur l’aide des lecteurs pour le découvrir. »

Monsieur Michel Bartholomé, un lecteur fidèle d’Aywaille, a profité des beaux jours de l’arrière-saison et du fait que les eaux de l’Amblève soient particulièrement basses en ce moment pour partir à la recherche des traces de ce gué. Sur le chemin du Halleux, il s’est arrêté à Raborive, face aux ruines de Neufchâteau-sur-Amblève, pour découvrir les vestiges de ce qui était, manifestement, un autre gué pavé dans l’Amblève.001

Cet antique gué, rappelle M. Bartholomé, permettait le passage de l’Amblève pour accéder à la verrerie qui existait jadis sur la rive droite de l’Amblève ainsi que l’indique cet extrait de carte :

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Pour permettre à tout un chacun de préciser tout à fait l’endroit, mon correspondant a joint à son envoi cette magnifique carte postale indiquant parfaitement où se trouve ce gué.

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La semaine prochaine, nous suivrons M. Bartholomé jusqu’au gué du Halleux, qui ne pourra plus être désigné comme étant le seul gué pavé sur l’Amblève…

La Petite Gazette du 7 octobre 2009

LE GUÉ PAVÉ DU HALLEUX

La semaine dernière, je vous rappelais la demande de Madame Christine Heinesch qui œuvre au sein du groupe de travail « tourisme » du Contrat de rivière de l’Amblève et qui souhaiterait, avec l’aide de « Qualité – village – Wallonie », mettre en valeur le gué pavé du Halleux, antique passage d’eau permettant aux hommes et aux bêtes de franchir la rivière.

« En rive droite de la rivière, écrit ma correspondante, il existe un panneau qui reprend des informations sur le gué. C’est d’ailleurs sur ce panneau que nous avons pu voir une photo ancienne, mais nous ne savons malheureusement pas où trouver le cliché original et aimerions pouvoir compter sur l’aide des lecteurs pour le découvrir. »

Monsieur Michel Bartholomé, d’Aywaille, est parti à la recherche de ce gué, ce qui lui a permis de nous présenter, dans notre dernière édition, un autre gué pavé, sous les ruines de Neufchâteau-sur-Amblève. Il a, bien sûr, poursuivi son chemin et, profitant toujours de l’étiage de l’Amblève, a pris des clichés qu’il vous propose de découvrir. Tout d’abord, resituons correctement l’endroit, nous sommes au Halleux. 002

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Comme le montrent ces photos, c’était un moment particulièrement propice pour découvrir ces vestiges.

Un grand merci pour nous avoir fait partager les découvertes de cette excursion sur les rives de l’Amblève. Quelque chose me dit que nous n’en avons pas terminé avec les gués sur l’Amblève ; je sais, en effet, que des lecteurs et des lectrices, sur les traces de ces vestiges, se sont parlé sur les rives de la rivière des aulnes… Une suite sera donnée bientôt grâce aux conclusions de l’enquête qui est menée sur place et dont les premiers indices se montrent très prometteurs. A suivre donc…

La Petite Gazette du 14 octobre 2009

AU HALLEUX, IL N’Y A PAS EU DE GUÉ PAVÉ !

Cela en surprendra peut-être plus d’un, mais le fait est clairement établi maintenant. Expliquons-nous. C’est grâce à l’appel lancé par Mme Heinesch dans le cadre du contrat rivière que plusieurs lecteurs ont entrepris une enquête très minutieuse et, après s’être concertés et avoir confronté leurs découvertes et de nombreux documents, ils pouvaient affirmer que, à cet endroit, l’Amblève n’a pas été traversée par un gué pavé. Evidemment, il y a eu quelque chose… ils ont découvert ce que c’était. Voici comment ils en sont arrivés à cette conclusion.

Monsieur Michel Bartholomé, d’Aywaille, utilement secondé par Baby Compère, a consulté de nombreuses cartes : tout d’abord, levée de 1771 à 1778 à l’initiative du comte Joseph de Ferraris, directeur de l’Ecole de Mathématique du Corps d’Artillerie des Pays-Bas (il s’agit de la première carte topographique générale de nos contrées) ; ensuite, une ancienne carte militaire levée en 1868, une autre datée de 1877 et encore une autre gravée en 1881.

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carte militaire levée en 1868, révisée en 1926 (édition de 1933)

Les deux chercheurs ne se sont pas contentés d’analyser des documents, ils ont chaussé leurs bottes et sont allés « patauger » dans la rivière profitant de son faible étiage, pour chercher sur place les vestiges de ce que renseigne cette carte : cette intrigante structure en « L » visible dans le cours de la rivière presque à hauteur de l’entrée du biez.

« Le tracé de cette carte militaire, écrit M. Bartholomé, faisant état d’une structure en « L »,  indiquerait donc la présence d’un barrage et d’un retour en maçonnerie avec à sa droite un trait qui figurerait une vanne d’écluse.

Dommage évidemment que le dragage de l’Amblève de 1971 ait démoli l’essentiel du barrage et la partie supérieure du « petit quai » et que, plus proche de nous, les travaux entrepris par la Société de pêche aient parachevé l’entreprise ! »

Nous l’avions écrit, nos chercheurs aqualiens en ont rencontré d’autres du Halleux même et des informations capitales purent être échangées. Deux dames ont, par exemple, affirmé à nos enquêteurs bottés que « jamais il n’y avait là un gué pavé ! ». Ensuite ce fut la rencontre avec Natalie et Wim Van Obberghen –Dupont, Mme Dupont savait qu’il existait, chez sa maman, des photos de ce que montrait la vieille carte. Elle les a cherchées et … trouvées ! Les voici :

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« Voici, écrit cette dame, les photos retrouvées chez ma mère où l’on voit bien les vestiges de ce qui aurait bien été un « quai de chargement » ou un « quai pour mettre les bateaux à sec ».

Quand on regarde les cartes, nous pouvons vraiment croire qu’au petit pont métallique il y avait un genre d’écluse qui laissait passer l’eau pour alimenter le bief du moulin d’une part et d’autre part qui permettait, en étant fermée, de mettre le petit quai à sec pour ranger les bateaux, on voit bien sur les photos la forme arrondie du mur. Quand on ouvrait à nouveau l’écluse, l’eau remontait sur le petit quai, ce qui permettait aux bateaux de repartir sans problème, voilà ce qui nous semble le plus logique.

Les vestiges que l’on voit sur les photos, ont été détruits lors de la drague de l’Amblève dans les environs des années 71, 72.

En second lieu, en ayant encore parlé avec mon papa, celui-ci prétend que le moulin, dans les années 1925-1926, était une petite usine où l’on fabriquait des chaudrons (une chaudronnerie) car mon grand-père y avait été engagé comme apprenti dans ces années-là.
Voilà toutes les infos recueillies à ce jour mais continuons nos investigations! »

Oui, surtout continuez pour nous communiquer d’aussi intéressantes informations.

La Petite Gazette du 21 octobre 2009

LE « GUÉ » DU HALLEUX…SUITE DE LA SAGA

J’aime à vous permettre de découvrir cette réflexion de M. Wim Van Obberghen, l’époux de Mme Natalie Dupont qui, la semaine dernière, nous a présenté cette très belle photo de la structure maçonnée visible dans le lit de la rivière au début des années 1960.
« En tenant compte de tous les articles écrits à ce sujet, de la carte militaire, des photos de l’ancienne construction et du fait que le halage change de rive en amont du barrage, j’arrive à la conclusion qu’il y a certainement eu un gué (pavé ou non) en aval du barrage. Le halage était sur la rive droite, tandis qu’en amont  il était sur la rive gauche.
Il y avait certainement une différence de niveau assez importante entre l’aval et l’amont du barrage et, sachant que l’Amblève était navigable jusqu’à Sougné, je me pose la question suivante : Est-ce que la construction en « L », l’écluse et le plan incliné, dont on voit encore les restes sur place, ne faisaient pas partie d’un ouvrage servant à faire passer barges et chevaux de l’autre côté du barrage ? »

Voilà une nouvelle question qui devrait susciter un regain d’intérêt chez les passionnés…  M. Michel Bartholomé, très impliqué dans cette recherche trouve déjà l’hypothèse très logique :
« Le transport des pierres extraites dans les nombreuses carrières de la vallée de l’Amblève a dû certainement être la raison de cette infrastructure. Le type de construction et les matériaux employés, pierres en petit granit façonné en seraient une preuve. »

RABORIVE EST ANIMEE PAR LES ACTIVITES INDUSTRIELLES DEPUIS PRES D’UN DEMI-MILLENAIRE

Ainsi que je l’ai fait pour la balade le long des bornes de Stavelot, je vais tenter, ici, de permettre à celles et à ceux qui n’avaient pu participer à la découverte du site de Raborive que proposait Eneo-Aywaille le 21 octobre dernier, de se déplacer virtuellement sur les lieux que j’ai alors présentés et commentés. Je vous souhaite une agréable promenade.

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C’est tout d’abord l’industrie métallurgique qui vint d’abord troubler la quiétude des lieux au pied de l’impressionnante falaise sur laquelle se dressait encore fièrement Neufchâteau-sur-Amblève… Ainsi que vous le savez sans doute, il ne sera démoli qu’en 1587, sur ordre de Philippe II, le fils de Charles Quint.chateau

Mais commençons par planter le décor ! Pour ce faire, il convient d’emblée de contredire les auteurs qui, dès le XIXe siècle, installèrent à Raborive un terrible combat, dont le nombre de victimes rougit les eaux de l’Amblève. Selon eux, les toponymes Martinrive et Raborive perpétuent le souvenir du cruel affrontement qui opposa les troupes de Charles Martel, duc d’Austrasie, à celle du duc de Frise dénommé tantôt Robo, tantôt Radbod. Force est de constater que, bien que les documents placent ce combat le long de l’Amblève et près d’un domaine royal, seul un apparent cousinage entre les patronymes des belligérants et les toponymes locaux a conduit ces auteurs à croire qu’ils avaient localisé le site de cet épisode sanglant.

La toponymie est une science difficile et ceux qui la pratiquent savent pertinemment qu’il convient de se méfier des interprétations hâtives et de ce qui pourrait apparaître comme une évidence… Etienne Compère dans son excellente « Toponymie d’Aywaille » nous explique que Martinrive s’est développée au confluent de l’Amblève et d’un ruisseau descendant de Rouvreux qui, à l’approche de la rivière, s’était scindé en plusieurs bras et avait créé un ilôt marécageux. « Maretain » (qui deviendra « Martin ») signifie « marais ». Et voilà la légende balayée…

L’Ourthe-Amblève connait, dès l’époque gallo-romaine, une exploitation du minerai de fer abondant dans son sous-sol. L’existence de bas fourneaux de cette époque a été démontrée à Dolembreux par André Neelissen et la présence de scories très anciennes a été attestée notamment à Deigné et à Quarreux.

L’exploitation du minerai connaîtra, chez nous, un net développement dès la fin du XIVe siècle, des forges sont en activité à Ferot en 1380. La métallurgie moderne aux origines wallonnes, rappelons-le, impose que soient associés fourneau et four d’affinage ; nous verrons par la suite que les sites de Ferot et de Raborive connurent de longues périodes d’histoire commune.

Le minerai est exploité dans toute la région à Aywaille, à Xhoris, à Comblain-au-Pont, à Ferrières… Cette réalité entraîne un net développement de l’activité métallurgique régionale durant la première moitié du XVIe siècle et les usines se créent à Harzé, aux Pouhons, à Hamoir, à Chevron, à Louveigné… Il est intéressant de remarquer que toutes ces installations réclamant la force motrice de l’eau s’installent le long de ruisseaux dont le cours est relativement aisé à réguler sans avoir recours aux importantes infrastructures que réclamerait la maîtrise du débit d’une rivière.

L’essentiel des productions de cette industrie locale est destiné à l’exportation. Ici encore, il convient de rappeler que, durant tout l’ancien régime, l’Ourthe-Amblève se trouve bien aux confins d’états différents (duché de Luxembourg, duché de Limbourg, Principauté de Liège et Principauté de Stavelot-Malmedy). Le tonlieu qui est perçu alors au pont des Arches à Liège, il s’agit de l’impôt qui frappe tout produit entrant en ville pour y être vendu, nous apprend que le fer soumis à la taxe a été acheminé par voie d’eau au départ de Bomal, de Comblain, de Hamoir et d’Aywaille.

Les archives mentionnent l’existence d’une forge et d’un marteau à Raborive en 1532. Il est possible que leur création soit quelque peu antérieure à cette date mais sans doute de très peu car il est déjà remarquable à cette date de constater pareille infrastructure sur une rive de l’Amblève. L’existence d’un bras naturel de la rivière à cet endroit explique en partie le choix du site ; en effet, cette particularité géographique ralentit sensiblement le débit de la rivière. Néanmoins, il est impossible de ne pas faire remarquer les caractéristiques géopolitiques de l’endroit. A Raborive se rencontrent les limites des duchés de Limbourg et de Luxembourg, celles de la Principauté de Stavelot-Malmedy mais également celles de diverses seigneuries ; ainsi, l’usine métallurgique est installée à la frontière entre les seigneuries de Harzé et d’Aywaille.

Si le bassin inférieur de l’Amblève compte 14 usines en 1570, le déclin de cette industrie sera quasiment aussi brutal que son développement. De 1590 à 1663, Raborive connaît une très longue période de chômage qui laisse l’usine en ruine dès 1645. Le site connaît alors un premier pojet de réaffection puisqu’il est alors question d’y installer une papeterie mais le projet avorte et c’est à Martinrive qu’une « papinerie » s’installera mue par un impressionnant moulin à quatre roues.

En 1663, le comte de Suys, alors seigneur de Harzé, accense le coup d’eau (donne l’autorisation d’utiliser la force motrice de l’eau, moyennant redevance) de Raborive à Jean le Gohelier afin qu’il puisse y construire une forge. Ce personnage n’est pas un inconnu dans l’histoire de la métallurgie régionale puisqu’il est également le propriétaire de l’usine de Ferot. Son projet industriel associe d’ailleurs les deux sites, Ferot produira la fonte au fourneau et Raborive l’affinera.

Un demi-siècle plus tard, c’est Philippe Hauzeur qui reprend les usines et Raborive a déjà besoin d’une remise en état. Quand Ferot délaissera la production de la fonte destinée à l’affinage au profit de la fonte de moulage, l’usine de Raborive est à nouveau abandonnée. Alors qu’elle n’est plus en état de fonctionner en 1752, elle reprend du service 10 ans plus tard quand, à Ferot, la production de fonte d’affinage est relancée.p1240063

En 1765, cinq ouvriers y produisent annuellement 20 000 livres de fer en barre. L’activité d’affinage se poursuivra sur le site jusqu’en 1819, l’usine est alors la propriété de la famille Ancion de Ville depuis 1780. Une description des lieux datée de 1820 nous apprend qu’il reste sur place, à l’état de ruine, un bâtiment de pierre au toit de chaume abritant toujours deux fours « à chauffer les masses » et un martinet ainsi que les deux roues hydrauliques de 12 pieds chacune qui fournissaient l’énergie motrice de l’usine.

A cette époque, Aywaille connaît toujours un autre site de production métallurgique, les forges et fourneau de Dieupart qui résistèrent quelque temps au déplacement de l’activité métallurgique vers le bassin liégeois grâce à la spécialisation de sa production. A Dieupart, on produit alors de la fonte moulée pour répondre aux besoins de l’armée, à ceux réclamés, d’une part, par le développement de l’éclairage au gaz et, d’autre part, par la mécanisation de l’industrie textile.

Ce sont aussi les spécificités géopolitiques des lieux qui, au XVIIIe siècle, attirèrent des industriels désireux de profiter de la convergence des frontières pour tenter de se soustraire à l’impôt. C’est la raison qui explique pourquoi Aywaille fut choisie, en 1704, par un échevin verviétois pour y proposer l’établissement d’une manufacture de draps qui, selon ses dires, aurait permis à la localité de se redresser économiquement après le terrible incendie qui l’avait anéantie en 1691. Pour lui permettre de développer son projet, il reçut l’assurance que son entreprise sera exemptée de tout impôt. Cependant ce projet tourna court très rapidement car, derrière les propos généreux du promoteur, se cachait sa volonté d’introduire sur le marché, en toute illégalité et sans payer la moindre taxe, une grande quantité de draps étrangers, en provenance du duché de Limbourg. La supercherie fut rapidement identifiée car cet homme sans scrupules s’était montré beaucoup trop impatient de profiter de ses malversations.

L’entreprise qui, indubitablement, sut le plus habilement mettre à profit le foisonnement des frontières en ces lieux qui nous occupent est celle qui vit le développement d’une verrerie presque en face de l’usine métallurgique de Raborive, sur l’autre rive de l’Amblève.aye-4

Cette verrerie utilisait d’ailleurs pour sa production de bouteilles, destinées à assurer le transport des eaux de Spa et de la source de Bru à Chevron, le laitier résultant des opérations métallurgiques de l’usine voisine. Cette entreprise est née du rapprochement des deux producteurs qui, jusqu’alors se disputaient ce juteux marché en pleine expansion : la famille Grandchamps, par ailleurs seigneur de Deigné, et la famille Penay, apparentée au curé de Sprimont, Nicolas-Henri Massin – futur Prince-abbé de Stavelot-Malmedy. De 1728 à 1754, ils donnèrent, sur ce site, du travail à 125 hommes chargés de la production et à 300 femmes occupées à l’emballage en osier tressé assurant un transport sans encombres aux flacons de verre. La seule présentation des lieux vous permettra de comprendre comment l’impôt fut très habilement éludé. Les fours avaient été installés en terres limbourgeoises, les entrepôts et magasins en terres luxembourgeoises alors que les quais de chargement étaient en terres stavelotaines !

Les verriers liégeois voyaient évidemment d’un très mauvais œil cette concurrence déloyale et leurs revendications légitimes poussèrent le Prince-évêque à frapper d’un important droit d’entrée les bouteilles produites sur la rive de l’Amblève ; ce qui provoqua très vite la délocalisation de l’usine, à Chênée, en terres liégeoises.

L’abandon du travail du fer à Raborive précéda de quelques années seulement raborive-102l’avènement d’une nouvelle industrie locale : l’exploitation de la pierre. Et oui, notre pays carrier ne mérite cette appellation que depuis moins de deux siècles…

La première carrière ouverte chez nous est celle que créa le Comte de Berlaymont à Florzé, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de Raborive. Cette carrière est particulière puisque le chantier d’extraction est séparé du chantier de taille par un long tunnel. A la fin du XIXe siècle, 200 ouvriers ouvriers s’activaient à la taille sur ce chantier, les pierres qu’ils façonnaient avaient été chargées sur des wagonnets qui, grâce à la pente naturelle du tunnel, voyageaient seuls. Ils étaient ensuite remontés grâce à la traction chevaline. Le système fut perfectionné par la suite par la création d’un chemin de fer privé.

L’extension de l’industrie extractive dans la zone Martinrive-Raborive-Florzé est consécutive à l’ouverture, en 1882, de la ligne de chemin de fer de l’Amblève qui permit l’ouverture de nouvelles carrières puisque le transport de leur production était désormais assuré. Les exploitations qui n’étaient pas aux abords immédiats de cette nouvelle et importante voie de communication s’en rapprochèrent par le développement d’un très dense réseau privé qui, de Florzé, desservaient plusieurs carrières avant de rejoindre la gare de Martinrive.

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Le site de Raborive vit l’implantation d’une importante scierie de marbre et de petit-granit, raccordée elle aussi par voie ferrée à la gare de Martinrive. Un atelier de polissage de marbre compléta les installations et fournissaient du travail à 30 ouvrières. Le patron, Math. Van Groenendael, par ailleurs patron de la carrière d’Ogné, était un homme très riche puisqu’on affirme qu’il fut le premier à posséder une automobile dans la région. Manifestement, tout lui était bon pour gagner de l’argent ; en effet, nous savons qu’il appartenait à cette catégorie de patrons qui, à la fin du XIXe siècle, ne payait ses ouvriers non en argent officiel mais seulement avec des billets d’un franc qu’il avait fait imprimer à son nom et qui ne s’échangeaient que dans certains magasins… L’histoire retient cette façon de procéder en parlant de paiement en monnaie de singe.scierie-rabo-2

A l’origine, les blocs de pierre brute étaient débités par un fil hélicoïdal (un câble en forme d’hélice) ; dans les scieries, ces blocs étaient ensuite coupés en tranches sous des armatures à lames d’acier (constamment arrosées d’eau et de sable) qui travaillaient 24 heures sur 24. Elles permettaient de couper une profondeur de 10 cm en 24 heures. L’introduction des lames diamantées ou au carbure de tungstène multiplia par 48 la vitesse de coupe : 20 cm/heure.      martinrive-011

Un terrible éboulement survenu le 26 mai 1954 et qui coûta la vie à 9 ouvriers  travaillant à la paroi rocheuse sonna définitivement le glas de la carrière de Florzé.

L’exploitation de la scierie de Raborive se poursuivit jusqu’il y a seulement quelques années, elle fut successivement exploitée par les sociétés « Carrières De Mont & van den Wildenberg» et  «Carrière de Vinalmont ».

Le site, entièrement nettoyé aujourd’hui, se prépare à vivre le développement d’une nouvelle activité économique destinée à devenir une nouvelle tradition locale. C’est, en effet, à Raborive qu’est annoncée la prochaine installation de la brasserie Elfique.

 

BIBLIOGRAPHIE

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PIMPURNIAUX J., Guide du voyageur en Ardenne, Bruxelles, A. Decq, 1852

RAHIR E., Promenades dans les vallées de l’Amblève et de l’Ourthe, Bruxelles, J. Lebègue, 1899

THIRY L., Histoire de l’ancienne seigneurie et commune d’Aywaille, Liège, L. Gothier, 1937-1941

 

REMERCIEMENTS

À François Vitoux pour les nombreuses illustrations fournies