EMMANUEL RYCKX, LE PARACHUTISTE SANS JAMBES DE VIEUXVILLE

La Petite Gazette du 31 octobre 2012

A VIEUXVILLE, UN VOISIN QUE JE N’AI PAS CONNU …

Monsieur François Devegnée, de Vieuxville, évoque le passé glorieux d’un grand résistant qui résida à Vieuxville. « Un voisin que je n’ai pas connu, m’écrit-il, mais dont je connais l’histoire…

« Emmanuel Ryckx, fils du Colonel Alfred Ryckx, est né le 21 juin 1902, à Bruxelles. Il a été volontaire de carrière en qualité de sous-officier, au 4e Lanciers de 1920 à 1923.

Le 1er juin 1943, il entre dans le maquis AS Ardenne avec le grade de sous-lieutenant et sera identifié sous le nom de Lieutenant Patrick.

En septembre 1944, suite à la rencontre avec Blondeel, le lieutenant Patrick (le sergent Ryckx) et neuf résistants bien décidés à poursuivre le combat en devenant parachutistes accompagnèrent les SAS et se retrouvèrent au camp de Fairford. Huit d’entre eux reçurent une formation SAS.

Emmanuel Ryckx est breveté Para le 12 octobre 1944 avec le numéro de matricule 5774 et rejoint la compagnie Para le 27 novembre 1944. Il participe à l’opération « Régent ».

ryckxLe  10 janvier 1945, il mène une patrouille Recce dans les environs de Val de Pois, sur un sentier forestier recouvert de neige, connu pour être miné et garni de pièges « bobbytraps », trois mines actionnées par des fils tendus explosent à un mètre du sergent Ryckx, qui est projeté au sol. L’ennemi ouvre le feu à courte distance, gardant son calme, Manu rallie la patrouille, riposte, met l’ennemi en fuite et poursuit sa mission.

Le 11 janvier 1945, en compagnie d’Olivier Gendebien et de de Chagny accompagnés de deux guides civils, ils sont attachés à une unité britannique qui, de Libin, doit rejoindre Arville. Après avoir traversé la Lomme, la chenillette de tête, dans laquelle ils ont pris place, saute sur une double mine.

L’équipage britannique est tué, les guides gravement blessés, de Chagny a de multiples fractures et Manu Ryckx a les deux jambes déchiquetées et un pied arraché. Il fut transporté sur une civière par un chemin forestier, sur une distance de plus d’un kilomètre et par un temps abominable, ses couvertures recouvertes de neige, jamais il ne laissa échapper la moindre plainte ; évacué, il subit une double amputation. Il sort de l’hôpital militaire le 25 juillet 1945 et est en convalescence jusqu’au 15 avril 1946, date à laquelle il est déclaré inapte et où il rentre alors dans la vie civile.

Le pilote automobile Olivier Gendebien, qui faisait partie du groupe des dix, racontait en 1977 « Le sergent Ryckx, un spécialiste des explosifs, n’avait pas son pareil pour entrainer des jeunes résistants. »

Les anciens de Vieuxville, poursuit mon correspondant, me parlaient souvent du parachutiste sans jambes, toujours de bonne humeur, dans son fauteuil roulant, accompagné de son infirmière. A la mort de son père, en 1955, Manu rentre à Bruxelles où il reprend son activité professionnelle.

Un rapport, signé du Major Blondeel, nous confirme un autre fait d’arme à son actif. Le 5 septembre 1944, avec 50 hommes AS sous ses ordres, il capture la gare de Jemelle, malgré une résistance acharnée de la part des Allemands.

Le 6 septembre, des unités blindées « SS Adolf Hitler » reprennent la gare, durant le repli, une partie du groupe voit sa retraite coupée. Ryckx, avec cinq hommes, mène la contre-attaque malgré un feu intense des blindés ennemis, ils dégagent le groupe mais doivent déplorer la perte de trois hommes. Commentaire du rapport du Major Blondeel : « Ce sous-officier a toujours montré du courage et une aptitude au commandement digne d’éloges, ayant dû souvent faire face à de grandes difficultés, il fit toujours preuve d’une détermination inébranlable pour accomplir les missions qui lui furent confiées. »

Depuis 2008, une plaque à sa mémoire a été placée sur le monument de Vieuxville. »

La Petite Gazette du 14 novembre 2012

A PROPOS D’EMMANUEL RYCKX QUI VECUT A VIEUXVILLE

Monsieur Marcel Lardin, le président fondateur de la fraternelle Royale de l’Armée Secrète du CT9, me communique un intéressant témoignage au sujet du Sergent Ryckx :

« J’ai connu personnellement la vie de cette unité en Grande-Bretagne, m’écrit mon correspondant.
Je connaissais l’histoire de ce sergent et je suis en possession d’un document écrit par son neveu que je vous adresse bien volontiers afin de compléter les informations déjà publiées :

« Déclaration du Caporal J-C Liénart, dit Popeye :

– il était en formation au sein de la Brigade Commando en Grande-Bretagne et déclare qu’un courrier reçu de Belgique lui apprend que son oncle Manu – le Sergent Emmanuel Ryckx des S.A.S. – avait été blessé à la bataille des Ardennes et qu’il était maintenant soigné à l’hôpital belge de Leamington-Spa. (UK).

– Le 31 mars 1945, j’ai obtenu une permission pour aller le voir  dit-il. Il avait, sur son scout-car, sauté sur une mine, perdu un pied, et s’était fracturé la cuisse si salement qu’on avait dû l’amputer sur place dans l’hôpital de campagne. Il avait le moral et déclarait que grâce au genou qui lui restait, il pourrait même encore jouer au golf. Transporté d’abord à l’hôpital Brugman à Bruxelles, il avait vu mes parents dont il pouvait me donner des nouvelles, puis avait été évacué sur l’Angleterre et l’hôpital belge où seul blessé présent, les troupes du Colonel Piron étant parties sur le Continent le 10 août 44, il devait être bien soigné.

– Manu, « brûlé dans la Résistance, a été enlevé par un petit avion spécial sur un terrain de fortune tenu par le maquis et s’est illico engagé dans l’unité de parachutistes belges du Capitaine Blondeel, la SAS (Special Airborne Service). Après quelques sauts, un peu d’entraînement (moins que nous !), ils avaient été expédiés sur le front des Ardennes. Là, un petit groupe était mis, à la disposition des unités de reconnaissance anglaise, comme guides supposés connaître le terrain et la langue indigène.

– Manu a atterri dans une section australienne en position dans la forêt de Saint-Hubert. C’est là qu’un jour de progression en reconnaissance motorisée, sur la foi d’un garde-forestier, la colonne s’était engagée dans un chemin du Val de Poix, soi-disant libre de mines. C’était en plein hiver, dans la neige, Manu passait de scout-car de tête en scout-car de tête, et s’asseyait sur le garde-boue avant. C’est là qu’il a été touché de plein fouet par l’explosion de la mine.

– Le 19 avril 45, j’ai pu aller le revoir juste avant de partir en opération. Il était assis sur son lit d’hôpital, au bout du lit pendait la feuille de soins sur laquelle il avait dessiné deux rondelles de saucisson. A mon regard interrogateur, il se dressa sur ses deux poings fermés, bras tendus, et me dit « Regarde, je tourne sur un très court rayon d’action… ». On lui avait amputé les deux jambes à la même hauteur. Gangrène ? Non. En prothèse il n’y avait pas de pieds articulés, rien que des jambes, alors pour la facilité on avait égalisé ! »

Merci beaucoup pour cet intéressant témoignage.

      La Petite Gazette du 5 décembre 2012

UN SOUVENIR D’EMMANUEL RYCKX…

Monsieur Rémi Delaite évoque les souvenirs qu’il a conservés au sujet d’Emmanuel Ryckx :

« Votre article sur le soldat Emmanuel Ryckx me rappelle des souvenirs lointains car j’avais 5 ans. Les Américains qui avaient délivré mon village de Redu filèrent sur Bastogne et furent remplacés par une unité anglaise qui resta plusieurs jours au village au temps des combats de Bure. Cette unité devait être assez hétéroclite  Je me souviens vaguement de deux soldats polonais interrogeant de façon assez musclée deux Allemands faits prisonniers à Tellin. Il y avait aussi quelques Français logeant chez mes grands-parents et puis un petit groupe de Belges qui faisaient de la reconnaissance. Le seul souvenir marquant pour moi fut le retour de ce petit groupe avec un blessé grave attaché sur le capot d’un véhicule, les jambes complètement déchiquetées. Serait-ce Emmanuel Ryckx ? A partir du village, cette petite unité faisait de la reconnaissance vers Saint-Hubert et Tellin-Bure.

Mon Père a parlé souvent de ce groupe où se trouvaient Olivier Gendebien et de Chagny, ceux-ci venaient chez le garde comme ils disaient (mon père étant garde-forestier).

Si ce souvenir est resté, c’est parce que Olivier Gendebien, grand chasseur, est revenu quelquefois à la maison pour dire bonjour et rappeler des souvenirs de l’époque. »

La Petite Gazette du 26 décembre 2012

UN DOCUMENT INTERESSANT SIGNE EMMANUEL RYCX

Nous avons, grâce à vos souvenirs et témoignages, évoqué dernièrement la mémoire de celui que d’aucuns appelaient « le parachutiste sans jambes de Vieuxville ». Monsieur François Devegnée, de Vieuxville, revient sur cette personnalité et illustre les propos parus par un document. Il s’agit d’une lettre adressée par Emmanuel Rycx, lui-même, au Ministère de la Défense Nationale, Office de la Résistance, le 30 novembre 1956. En voici la copie :

Messieurs,

En réponse à votre lettre, j’ai l’honneur de vous faire savoir que je ne peux me souvenir de la date à laquelle mon dossier à la Résistance a été ouvert.

J’ai été grièvement blessé au combat, j’ai été amputé des deux jambes et on m’a enlevé le rein gauche. Tout ce qui a été fait, a été fait pendant que j’étais incapable de le faire moi-même.

Cependant, il doit y avoir un dossier puisque j’ai été honoré du brevet Eisenhower décerné aux titres de la Résistance de l’A.S. à quelques titulaires seulement.

J’ai également reçu une commission de sous-Lieutenant de l’A.S. à titre temporaire. Tout cela prouvant absolument qu’un dossier a été ouvert.

Pour aider aux recherches, voici les noms de ceux qui m’ont connu à l’A.S. et qui peuvent authentifier mes dires :

– Monsieur l’avocat Smolders, rue Montoyer

– Monsieur le Comte d’Aspremont-Lynden, chef du groupement des Ardennes.

Vous voudrez bien vous souvenir que Brumagne a été assassiné avec tous ses adjoints, que Tumelaire a été arrêté par les Allemands et libéré dans le Train-fantôme ainsi que le Docteur Recht. Que le lieutenant Bauchau a été blessé en combattant avec moi dans les Ardennes, mais que ces dernières personnes ont disparu sans mettre en ordre les dossiers dont ils étaient responsables.

Lors des combats dans les Ardennes, j’ai fait la connaissance du Colonel Blondeel, Commandant le régiment des Parachutistes S.A.S. sous le pseudonyme de Blund.

Pour reconnaître les mérites des combattants de notre groupe, il a accepté immédiatement d’enrôler sept d’entre nous dans le régiment de Parachutistes. Nous partîmes à l’entraînement en Angleterre.

Ceci explique aussi que je n’ai pu m’occuper moi-même de mon dossier de résistant.

Veuillez prendre en considération que j’ai quitté la Belgique le 10 septembre 1944, que j’ai été blessé le 12 janvier 1945, lors de l’offensive de Von Rundstedt et que ma convalescence a duré bien près de 10 mois enfin qu’il m’a fallu au moins deux ans pour pouvoir reprendre une vie active.

Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

Signé : Rycx

Mon correspondant insiste sur cette réalité : « Rycx, Gendebien et de Chagny, ainsi que quatre autres A.S. ont été recrutés par le Colonel Blondeel dans nos Ardennes et enrôlés dans les parachutistes S.A.S. »

QUAND POULSEUR ABRITAIT UN CAMP DE S.A.S.

La Petite Gazette du 28 novembre 2007

DES SOUVENIRS ET DES TAS DE NOMS LIES AU CAMP SAS DE POULSEUR

Monsieur Henri Nandrin, d’Ellemelle, m’indique que ses parents, Henri et Marthe Nandrin – Vander Goten, géraient une ferme à Amostrennes, au-dessus d’Esneux et que le frère de sa maman, le padre Pierre Vander Goten, était l’aumônier des parachutistes au lendemain de la guerre. Sa famille l’appelait Pieke.

Mon correspondant poursuit en m’apprenant que sa maman a, dans ses mémoires, relaté les visites des paras à la ferme d’Amostrennes :

« Un camp de parachutistes avait été installé à Poulseur et, par ce fait, nous avons été mêlés à leur vie et eux, à la nôtre. Nous aurons ainsi connu tous les vétérans actuels. A l’époque, le capitaine Laurent, qui arrivera un jour juste à point pour assister à la découverte de mes deux filles qui s’étaient mutuellement peint les cheveux avec du minium. Lorsque nous le reverrons bien plus tard, devenu Général, il nous en reparlera encore. Nous avons même quelquefois gardé son bébé, pour permettre à madame d’accompagner son mari à une soirée.

L’adjudant Tack, que nous aimions beaucoup et qui fut malheureusement tué accidentellement au carrefour de Trooz. Nous nous sommes rendus à Poulseur, on lui avait fait une chapelle ardente, dans un baraquement. Tous étaient atterrés et bien malheureux, nous compris.

Georges Ledent, qui était de toutes les visites. Un jour, il avait amené ses hommes à la ferme ; ceux-ci devaient retourner au camp de Poulseur par leurs propres moyens et au plus vite. Après avoir bavardé avec Georges Ledent, nous le reconduisons à son camion. Il devait être rentré au camp pour les accueillir. Le camion démarre et nous voyons la bâche arrière se soulever doucement et un soldat se montre en mettant un doigt sur la bouche. Lui, il avait trouvé le moyen d’arriver le premier !

Et Pitje Gailly qui fut tué en Corée !

Et Holvoet qui reniflait tout le temps !

Et Tulpin qui a accompagné Pieke et Ric une nuit de la Saint-Sylvestre, à l’affût au sanglier, sans rien prendre d’ailleurs. Curieux réveillon ! C’est Tulpin qui ira plus tard avec le célèbre vulcanologue Haroun Tazief, sur le fameux volcan Niragongo, en que l’on verra en film à cette occasion, facilement repérable à cause de son menton en galoche.

Et Segers dont le père fut gouverneur d’Anvers ! Et Legrelle ! Et beaucoup d’autres qui, lorsque nous les rencontrons actuellement, nous disent être venus à la ferme.

Ce fut rare les soirées où ils ne venaient pas. Souvent même partageant notre repas, à l’improviste. Parfois cependant Pieke, le Padre, téléphonait :

  • Est-ce que je peux venir souper ?
  • Oui bien sûr !

Vite, dans ma tête, je composais le menu avec ce que je savais avoir à la cave ;

  • Mais je ne serai pas seul !
  • Ce n’est rien !

Je recompose un nouveau menu pour deux en plus…

  • Nous serons six ou sept !

Cela c’était Pieke. »

La semaine prochaine, d’autres souvenirs, d’autres noms…

La Petite Gazette du 5 décembre 2007

DES SOUVENIRS ET DES TAS DE NOMS LIES AU CAMP SAS DE POULSEUR

Monsieur Henri Nandrin, d’Ellemelle, m’indique que ses parents, Henri et Marthe Nandrin – Vander Goten, géraient une ferme à Amostrennes, au-dessus d’Esneux et que le frère de sa maman, le padre Pierre Vander Goten, était l’aumônier des parachutistes au lendemain de la guerre. Sa famille l’appelait Pieke. Souvent, il emmenait les paras à la ferme, chez sa sœur… Retrouvons la suite des souvenirs de la maman de mon correspondant :

« Une autre fois, il (N.D.L.R. Il s’agit bien de Pieke) nous les conduit, demandant qu’ils puissent passer la soirée chez nous. Lui est invité avec des grosses légumes et s’en veut de les laisser tomber. Mon mari est absent ce jour-là. Je reste donc avec eux, autour de notre feu de bois. Il y avait Georges Ledent, Pitje Gailly, Holvoet, Segers et d’autres encore. Les heures passaient, Pieke ne revenait pas les chercher. Tout le monde s’endormait. Finalement, en désespoir de cause, je les conduis dans les chambres libres et je vais à mon tour essayer de dormir. Le lendemain, il y avait un logeur de plus : Pieke revenu tôt le matin et qui s’était installé sur le divan.

Un soir, Jean Van Pé est chez nous, il nettoie ses chaussures dehors sur le muret de la cuisine ; les paras, à nouveau, sont arrivés. Je leur fristouille un souper improvisé. Du dehors, Jacques Van Pé me crie :

  • Au fond, ici, c’est devenu le mess des Paras !

Je réponds alors :

  • Oui, c’est tout à fait cela.

Je me retourne, Georges Ledent est derrière moi et a tout entendu. Nous en rions tous les trois, mais, à partir de ce jour-là, il ne voudra jamais plus prendre un seul repas chez nous !

Le dernier grand souper que je leur ai préparé, c’est un peu avant de quitter définitivement la ferme. Pieke nous avait acheté deux paons. Nous les avions tués et je les ai préparés pour eux. Cette fois, ils sont vraiment nombreux, mais je ne me rappelle plus si Georges Ledent avait cédé et s’était joint à nous…

Les paras nous rendaient aussi souvent service, venant parfois le dimanche, avec leurs jeeps, tirer les chars au moment de la fenaison, cela ménageait un peu les chevaux.

Chaque fois que pieke devait partir, soit en Angleterre, soit en Ecosse, il nous laissait sa Jeep sur laquelle son surnom de « Flying Bisschoop » (Evêque volant) avait été peinte.

Tous ces paras, nous aurons encore l’occasion de les revoir, beaucoup plus tard, mais à des grades supérieurs et même plus que supérieurs, soit une fois à Thysville, soit lors des réceptions des mariages des enfants de ma sœur qui avait épousé le général Delperdange, soit encore, beaucoup plus tard, lors du service militaire de nos deux fils. »

Merci à M. Henri Nandrin de nous avoir donné accès aux souvenirs de sa maman.

La Petite Gazette du 12 décembre 2007

J’AI CONNU CES HOMMES DU CAMP DE POULSEUR

Monsieur Jean  Blésès., de Clavier, a très vite réagi à l’évocation de ces anciens de Poulseur que M. Nandrin avait puisée dans les souvenirs de sa maman. « L’édition de ce 29/11/2007, traitait d’un sujet qui me tient à coeur et me reporte en 1961 en Afrique. Je puis confirmer avec force que tous les noms des SAS de 1942, sont bien réels. (N.D.L.R. Nous n’en avions évidemment jamais douté…)Pourquoi cette affirmation, tout simplement parce que j’ai fait leur connaissance lors de mon service militaire au Régiment Para-Cdo en 1961-1962. Aujourd’hui, je suis âgé de bientôt 69 ans, j’ai effectué mon service militaire comme officier au régiment Para-Cdo et, par la force des choses, j’ai côtoyé tous les hommes cités (hormis MM.Gailly,Tulpin Ric et Degrelle,Tack). Lorsque je les ai connus, j’étais un jeune Adjudant COR, eux plus âgés que moi portaient déjà un  grade supérieur:Le padre avait le grade équivalent de Major.Le capitaine Laurent  avait le grade de ColonelGeorges Ledent avait le grade de Commandant S3 au Burundi-RuandaM.Holvoet était Commandant du centre d’entraînement de parachutiste à SchaffenP.Segers fut Colonel au 3e Para, puis Général du régiment.Tous, dans le cadre de leur fonction, étaient des Hommes dont le moule est cassé à jamais. Depuis les années, (69ans -23ans= 46 ans) que sont-ils devenus? » Monsieur Paul Maquet, de Bruxelles, pourrait vraisemblablement apporter une réponse à cette question. En effet, il est le  Président de l’Association des Anciens SAS et il me dit être particulièrement heureux de constater que vous aimez perpétuer le souvenir de ces anciens. Il m’a fait parvenir une photographie sur laquelle se retrouvent divers personnages cités dans les souvenirs de la maman de M. Nandrin.

sas poulseur

de gauche à droite : Robert Tolek, tué lors d’un accident à Poulseur ; Rob Baert (+) ; Col C. Laurent (+, opération Stanleyville-Paulis 1964) ; Segers (devenu Général) ; Ch. De Hemptine, P. Marquet (mon correspondant)

La Petite Gazette du 3 janvier 2008

Les SAS du camp de Poulseur

Vos réactions sont toujours aussi nombreuses au sujet de ce camp de Poulseur et vos souvenirs ajoutés les uns aux autres nous auront  renseignés sur le devenir de bien des hommes ayant passé par là…

Aujourd’hui, découvrons ceux de M. J-P Rousseau, de Flostoy.

Dans les deux dernières éditions de La  Petite Gazette vos correspondants citent le nom de Tulpin. Pour l’information de MM Blésès, Nandrin et Maquet je vous livre ci-après quelques souvenirs que j’ai retenu du Major Tulpin.

J’ai connu le Major Tulpin lors de mon arrivée au Rwanda en septembre 1962 et à cette époque il était en charge de la Sûreté de la République du Rwanda indépendante depuis à peine deux mois. Il venait du camp militaire de Rumangabo (Congo) et traînait avec lui une réputation sulfureuse après avoir participé à la répression contre les Tutsi rwandais en 1959. Ayant accompagné H. Tazieff dans l’exploration du volcan Niragongo il se disait « protégé ».

Menton en galoche et moustache du style «colonel de l’armée des Indes », il se faisait appeler Milord et n’hésitait pas à se déguiser en missionnaire (blanc) pour aller au Burundi voisin visiter les camps de réfugiés Tutsi qui pouvaient menacer le régime Hutu rwandais. Il exerçait à la perfection son rôle d’informateur à la solde d’un gouvernement étranger !

Je travaillais dans une station INEAC et résidais en brousse (Bugesera) en zone frontalière avec le Burundi où suite à l’insécurité la situation était particulièrement délicate. Pour assurer ma sécurité j’ai reçu de Milord une mitraillette Vigneron (9mm). Il m’a également offert un chiot qui lui donnait le prétexte de venir chez moi pour s’enquérir de la santé du chien et interroger ma femme Tutsi alors que j’étais au travail. Lors de la pénétration de rebelles Tutsi venant du nord du Burundi en décembre 1964 je n’ai pas été inquiété, ceci m’a rendu suspect aux yeux de Milord, je reçu l’ordre de remettre mon arme de défense et je n’ai plus eu de contact avec lui !

J’ai quitté le Rwanda en 1966 pour le Congo, devenu Zaïre par la suite, et j’ai revu, comme par hasard, Milord en 1970 à Isiro au Zaïre.

Il avait été remercié par les autorités rwandaises et était « persona non grata » au Zaïre, son ancien collaborateur Nendaka (ancien Chef de la Sûreté) ne souhaitait pas qu’il revienne au Zaïre.

La rencontre a été particulièrement éprouvante. Je me trouvais dans le bar de l’unique hôtel d’Isiro et il était probablement plus de 21h00. Milord entre dans le bar et se dirige directement vers moi et me demande si je peux prendre en charge un courrier qu’il souhaitait remettre à un de ses anciens pisteurs résidant la région de Buta à plus de 500 km d’Isiro. Il me disait vouloir aller « chasser » dans cette région dont Nendaka était originaire et m’invitait à l’accompagner !

Je n’ai jamais pu savoir comment il savait que je me trouvais là à ce moment bien précis. Il venait à pied du Soudan d’où il s’était fait « dropper », c’était l’époque de la guerre froide, la CIA et le KGB étaient fort actifs au Zaïre à dette époque.

J’ai accompli ma mission et j’ai remis le courrier à son destinataire mais je ne sais pas ce qu’est devenu Milord qui paraît-il voulait faire du bénévolat dans un hôpital des Uélés ! »

La Petite Gazette du 9 janvier 2008

ENCORE DES INFORMATIONS SUR LES OFFICIERS DU CAMP S.A.S. DE POULSEUR

François Lagasse, d’Aywaille, pour faire suite aux interventions d’autres lecteurs, nous apporte quelques renseignements sur les officiers cités.

« Le capitaine Laurent, commandant en second du 1er Bn Para me remit le béret lie de vin après mes tests physiques. Le lieutenant Baert fut mon chef de peloton mortier. A la même époque, le lieutenant Segers était le chef de peloton pionniers (son père, P. W. Segers fut ministre de la Défense nationale).

Le capitaine Ledent fut mon commandant lors de mon premier retour au Congo. J’ai également connu Pietje Gailly qui disparut au cours d’une reconnaissance aérienne au-dessus des lignes chinoises ainsi que son frère Etienne Gailly, marathonien malheureux qui, après avoir mené le fameux marathon de Wembley, s’effondra à quelques dizaines de mètres et termina troisième. Tous deux participèrent à la Guerre de Corée, tout comme le capitaine G. Ledent, le major Delperdange et le padre Van der Gooten comme aumônier du bataillon belge, ainsi que d’autres officiers et sous-officiers dont j’ai oublié les noms.

J’aurai le major Delperdange comme chef de corps au 1 Bn Para puis en tant que général commandant les troupes au Ruanda-Urundi à Usumbura.

Le padre baptisa une de mes filles (1949). Je le retrouvai à Kamina, Katanga. Il était très apprécié par tous les paras, croyants ou non, et conservait le contact avec les familles de ses ouailles. Il passait prendre un bol de soupe chez mon épouse à qui il demanda de lui raccourcir son ‘capitula’ le short colonial. Il fit la constatation que 9 mois après le retour des séjours des paras en « célibataires », il y avait une augmentation appréciable des cérémonies de baptême ! sacré padre. »