LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

La Petite Gazette du 3 juin 2009

LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

Monsieur Guy Stassin, de Flostoy, n’est pas un inconnu pour les lecteurs de La Petite Gazette. En effet, il nous a déjà gratifiés de quelques articles témoignant de la passion que porte ce commandant de cavalerie en retraite à notre histoire militaire. C’est ce qu’il fait encore en débutant ce jour une très intéressante série qui nous plongera dans les premiers jours de la dernière guerre mondiale.

« Le 10 mai 1940, pour la seconde fois en vingt-cinq ans, notre pays, pourtant neutre, est envahi par la puissante armée allemande. Dès l’aube, un commando transporté par planeurs atterrit, par surprise, sur les superstructures du fort d’Eben-Emael. Fort moderne, de construction récente, EbeEmael a été érigé à la jonction du canal Albert  et de la Meuse, face à la languette du Limbourg hollandais, qui dissimule à notre observation tout mouvement allemand. Surpris par cette tactique inattendue, le fort est rapidement réduit au silence.

Dans la foulée, des chars des 3e et 4e panzerdivizione traversent les ponts du canal Albert, à Veldwezelt et Vroenhoven,  conquis par des commandos aéroportés, et foncent vers Tongres, qu’ils atteindront le 11 mai.

Le gouvernement belge a fait appel à la France et au Royaume Uni, garants de notre neutralité, et le généralissime français Gamelin a déclenché la manœuvre « Dyle ». Cette dernière consiste à faire progresser les Franco-britanniques en Belgique pur les aligner sur la position « Dyle » où ils tendront la main, dans la région de Louvain, à l’armée belge qui doit se replier sur la position KW, fortifiée dès le temps de paix, entre Anvers et Wavre, par des fortins et des obstacles anti-chars.

La position « Dyle » est prolongée le long de la Meuse, en Belgique et en France, à partir de Namur.

La majeure partie de nos dix-huit divisions d’infanterie sont initialement étirées le long du canal Albert, entre Anvers et Liège, et le long de la Meuse, jusqu’à Namur.

Le corps de cavalerie, grande unité motorisée et très mobile, possédant sa propre infanterie (carabiniers cyclistes) et articulé en deux divisions et une brigade portée, aurait dû être gardé en réserve, prêt à intervenir en tout point menacé du front, mais, par manque de troupes pour occuper l’entièreté de la position, il a été morcelé en divers éléments imbriqués dans le dispositif.

Dès le début de l’attaque allemande, on devra donc « récupérer » des unités motocyclistes affectées aux Ardennes (groupement K) pour tenter d’enrayer la percée sur Tongres.

Pour couvrir le repli de nos divisions d’infanterie vers la position KW, la cavalerie, dont c’est l’une des missions, s’affairera à regrouper une partie de ses unités motocyclistes et cyclistes sur la position de recueil de la Gette, à hauteur de Tirlemont.

Les six régiments motocyclistes du corps de cavalerie (CC) sont des régiments d’active (1, 2 et3 Lanciers, 1 et 2 Chasseurs à Cheval et 1 Guides), composés de miliciens sous les armes, commandés par du cadre d’Active et de réserve. Les régiments sont articulés en deux groupes, commandés par un major, et comprenant chacun deux escadrons motocyclistes et un escadron d’engins armés de canons anti-chars et de mitrailleuses. Un septième escadron, régimentaire, est blindé et équipé de chenillettes T13 (canon de 47 mm.) et T15 (canon de 13,2 mm.).

Les régiments cyclistes sont articulés à deux bataillons, commandés par un major, et comprenant chacun deux compagnies cyclistes et une compagnie d’engins armés de même de canons anti-chars et de mitrailleuses.

Les 1er et 2e Cyclistes sont d’Active, les 3e et 4e, de Réserve et formés par des militaires rappelés, commandés par un petit noyau d’Active et du cadre de réserve. » A suivre…

La Petite Gazette du 10 juin 2009

LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

Nous retrouvons l’étude menée par M. Guy Stassin, commandant de cavalerie e.r.

« 10 mai 1940

C’est le quartier général (QG) de la 2e division de cavalerie (2DC), aux ordres du général Beernaert, et dont le poste de commandement (PC) est installé à Louvain, qui est responsable de la position de recueil de la Gette. Comme troupes, le 10 mai au matin, la 2DC ne dispose que du 4e lanciers (4L), du 2e Cyclistes (2Cy), et de l’Etat-Major, fort réduit, de la brigade de Cavaliers Portés, dont le second régiment, le 2e Guides (2G) est détaché dans le Limbourg.

Le 4L est un régiment de réserve, dont les deux groupes sont transportés par camions, tandis que le 2Cy, régiment d’active, se déplace à vélo, comme son nom l’indique.

L’appui de feu est fourni par le 18e d’Artillerie (18A), régiment motorisé issu de l’artillerie à cheval (ACH).

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Initialement, le 4L est installé en avant de la Gette, avec son IIe groupe à cheval sur la route de Saint-Trond, le long du chemin de fer, et son Ier groupe entre Bost et Womerson, le long de la Gette.

Le 7e Escadron, escadron motocycliste, surveille les points de passage de la Gette.

A gauche du 4L, le 2Cy étire ses deux bataillons, le long de la Gette, de Grimde à Haelen. Un groupe du 18A est en appui de chacun des deux régiments. Le 3e Lanciers (3L), qui avait une mission de surveillance à la frontière française, dans la région de Binche, neutralité oblige, est rameuté de la frontière pour renforcer la 2DC. Il est envoyé sur Hannut où il arrive vers 20h00 et bloque les différents accès du village.

Il assure à Crehen (prononcez Crehin) la liaison avec le 12e cuirassiers (12cuir) français, régiment du corps de cavalerie du général français Prioux,  chargé de protéger la mise en place de la 1er Armée française sur la position Dyle.

Transmissions :

Il est utile de rappeler que, en 1940, la majeure partie des transmissions s’effectuait par le réseau civil des téléphones et télégraphes. Un fonctionnaire des PTT (Postes, Téléphone, Télégraphes), au courant des réseaux téléphoniques et télégraphiques, était attaché à chaque Etat-Major. C’était, souvent, un officier de réserve, mobilisé dans sa fonction.

A l’époque, les ordres, toujours écrits, étaient transmis par estafette ou officier de liaison, suivant le cas. La radio en était encore à ses balbutiements.

Peu avant la guerre, les régiments motocyclistes seront dotés d’un peloton de transmissions possédant des side-cars radio et un Ford Marmon aerrington blindé pour les transmissions vers l’arrière.

Le morse est utilisé, de préférence à la phonie, mais le réflexe radio n’est pas encore dans les mœurs alors qu’un oberst (colonel) allemand est déjà en liaison par phonie avec tous ses commandants d’escadron. » A suivre

La Petite Gazette du 17 juin 2009

LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

Nous retrouvons l’étude menée par M. Guy Stassin, commandant de cavalerie e.r. :

« 11 mai 1940 – Situation générale

A 06h.00, la 4e Panzer (4PZ) passe à l’attaque dans le secteur du Ier Corps d’armée (ICA) en utilisant les ponts de Veldwazelt et Vroenhoven, conquis par surprise, et enfonce rapidement les positions de notre 7e division d’infanterie (7DI).

Le ICA, dont les débris refluent vers l’Ouest, tente d’enrayer la percée ennemie en direction de Tongres, en établissant une bretelle sur l’alignement Bilsen-Tongres, vallée du Geer. Le corps de cavalerie couvre son flanc droit en constituant une bretelle à hauteur de Cortessem.

Le Groupement « K », en position dans les Ardennes, est sollicité pour envoyer, d’abord un régiment motocycliste, le 2e Lanciers, le groupement Goffinet ensuite, 2e Chasseurs à cheval et 1er Guides, au secours du Ier Corps d’Armée. Le soir, le Grand Quartier Général (GQG) donne l’ordre d’abandonner le canal Albert jusqu’à Curange (Kuringen). Les divisions d’infanterie (DI) amorcent progressivement un repli en direction de la position KW, tandis que le Groupement K abandonne graduellement les Ardennes.

La 2e Division de cavalerie (2DC) sur la Gette :

La 2DC, aux ordres du général Beenaert, est installée sur la Gette avec le 2e cycliste (2Cy) au nord, de Haelen à Grimde et la brigade de cavaliers portés (BCP) au sud, de part et d’autre de Tirlemont, avec le seul 4e Lanciers (4L).

Vers 12h.00, le 1er cyclistes (1Cy), en repli des canaux frontière du Limbourg, informe la 2DC qu’il occupe Saint-Trond, pour y constituer un centre anti-chars.

A midi également, le GQG donne ordre à la 2DC de poster le 3e Lanciers au nord de Tirlemont et du 4L. Les escadrons quittent Hannut vers 13h.00, attaqués par la Luftwaffe (aviation allemande) et se rendent à Hoelderen, où le colonel BEM Serlez, commandant de la BCP, donne des ordres détaillés de son PC de Cumptich.

Les états-majors du régiment et du Ier groupe s’installent à Oplinter avec le 1er escadron. Le 2e escadron prend position à Nerlinter. L’état-major du IIe groupe s’installe à Drieslintier, avec le 4e escadron. Le 5e escadron est en réserve à Vissenaken, avec l’escadron Auto-blindées à la disposition du commandant de brigade.

Les moyens des deux escadrons engins, canons de 47 mm. et mitrailleuses, ont été répartis entre les escadrons motocyclistes.

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 chenillette T15 armée d’une mitrailleuse de 13,2 mm.

 

 

A partir de 14h.00, et pendant près de deux heures, des stukas (avions allemands de bombardement en piqué) bombardent la gare de Tirlemont.

Vers 16h.00, le 2e escadron du 1er Lanciers (2/1L), qui était en renfort du Ier Corps d’Armée, arrive à Grimde avec un seul peloton et  son peloton état-major, tout ce qu’il reste de l’escadron après son engagement aux côtés de la 7DI. Le colonel Jooris, commandant du 4L, le met en renfort de son IIe Groupe qu’il installe au passage à niveau de Tirlemont.

Vers 19h.30, le 7e escadron Motos du 4L, renforcé par un peloton blindé du 3L (AB), occupe le chemin de fer entre Bost  et Esemael, où il assure la liaison avec la 3DLM française (3e division légère motorisée).

Durant l’après-midi et une partie de la nuit, des réfugiés civils et des militaires en retraite du ICA traversent les ponts de la Gette. Il faut noter la présence sur les positions de la 2DC, d’autos blindées du 12th royal Lancers britannique, chargées de protéger la mise en place de la British Expeditionary Force (BEF) entre Louvain et Wavre. » A suivre

La Petite Gazette du 24 juin 2009

LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

Nous retrouvons la précise et passionnante étude menée par M. Guy Stassin, commandant de cavalerie e.r. :

« 12 mai 1940 – Situation générale :

Dimanche de Pentecôte, sous un soleil radieux ; la position KW (Koningshooikt à Wavre) s’organise lentement. Le Ve corps d’Armée (VCA) est déjà en place au nord de la position fortifiée d’Anvers (PFA) avec ses 12e et 13e divisions d’infanterie (12DI et 13DI).

Le IVe Corps d’Armée (IVCA) de même, avec sa 17DI à l’embouchure du canal Albert et sa 13DI qui n’a qu’à se rabattre sur Lierre.

Au IIe Corps d’Armée (IICA), la 11DI, qui était en période d’entraînement au camp de Beverloo, a rejoint pour s’installer au sud de Lierre et la 2DI arrive de Liège par chemin de fer.

Au Ive Corps d’Armée (IVCA), la 10Di est installée à Louvain.

Une conférence interalliée, réunie à Casteau, confie au général français Billotte, commandant du Groupe d’Armées n°1 (7e Armée, BEF, 1ère Armée, 9e Armée, 2e Armée) la coordination des troupes françaises, britanniques et belges.

La Position de recueil de la Gette :

La bretelle de Cortessem, tenue par le 1er cyclistes (1Cy) et le 2e Guides (2G), avec des renforts d’infanterie, aux ordres du général d’infanterie De Droog, a entamé la retraite à partir de 00h.00, sous la protection d’une arrière-garde du 1er Chasseurs à cheval (1ChCh) et l’escadron Motos du 2e guides (2G).

La 1èrer Division d’infanterie (1DI) se replie derrière la Gette, tandis que la 14DI fait pivoter son aile droite pour constituer la bretelle de Lummen et raccrocher la position de la Gette au canal Albert.

La Gette, proprement dite, est occupée par la 2e division de cavalerie (2DC), dont le PC s’est fixé à Kerbeek-Miskom. La position est occupée par le 2e Cyclistes (2cy), de Haelen à Léau, de Léau à Grimde par le 3e Lanciers (3L), et à Tirlemont par le 4L. ces deux dernières unités constituant la brigade de cavaliers portés du colonel Serlez, dont le PC est installé à Pepinusfort (Boeslinter).

Le 4L est en liaison au sud avec le 14e Cuirassiers français, aile gauche du corps de cavalerie du général Prioux. La liaison est assurée par l’escadron Motos du 4L, avec l’appui d’un peloton blindé du 3L. Peu après 07h.00, le 5e escadron du 3L (5/3L), en réserve à Boeslinter, lui est envoyé en renfort, avec deux T13 et infanterie égarée, et récupérée sur place ; il établit son PC à Gossoncourt.

Dès le matin, le général de Neve de Rooden, commandant le Corps de cavalerie (CC), dont le QG est installé à Lubbeck, reçoit l’ordre suivant du GQG : « Vous prenez le commandement de la position Gette, de la position du canal Albert (de la Nethe à la bretelle de Lummen), et de la bretelle de Lummen. Vous réunissez sur cette position toutes les troupes légères que vous trouverez, n’importe où, ainsi que les artilleries du Corps et des divisions de cavalerie. »

Aussitôt, des officiers du QG du Corps de cavalerie sont envoyés dans toutes les directions, pour récupérer des unités.

Le 2e Chasseurs à cheval (2ChCh), régiment fort éprouvé après son engagement au profit du Ier Corps d’Armée (ICA), reçoit l’ordre de se mettre aux ordres de la brigade de cavaliers portés du colonel Serlez.

Le 1er Guides (1G), regroupé au sud de Hamme-Mille, doit se rendre à Cappellen, entre Tirlemont  et  Diest, pour y constituer la réserve du Corps de cavalerie.

A 14h.15, le 2e Guides et le 1er cyclistes, en repli de Cortessem, sont mis à la disposition du CC/2DC (titre kilométrique du commandant de la cavalerie de la 2e division de cavalerie, en fait, général major, commandant en second de la 2DC) pour renforcer au canal Albert les positions abandonnées par la 6DI, dans le secteur du IIe Corps d’Armée (IICA).

E groupement Ninitte (CC/2DC) doit établir son PC à Oxelaer et prendre à ses ordres les escadrons cyclistes des 6Di et 9DI, qui sont sur place.

A chaque DI (division d’infanterie) était affecté un escadron ou un groupe cycliste de réserve, formé de militaires rappelés, issus de la cavalerie. Il s’agit ici des escadrons cyclistes des 6e et 9e divisions d’infanterie.

Vers 10h.00, la 1DI, en repli de Hasselt, repasse à l’ouest de la Gette et, vers 11h.00, son artillerie et les 3e et 24e de Ligne (3Li et 24Li), sont mis à la disposition de la 2DC.

Le général Beernaert, commandant la 2DC, place le 3Li en second échelon derrière le sous-secteur Sud tenu par le 3L, et le 24Li en second échelon derrière le sous-secteur Nord, tenu par le 2Cy. Il confie le commandement du sous-secteur Nord, au général major Dedroog, CI/1DI (commandant l’infanterie de la 1ère division d’infanterie).

A 12h.25, comme la menace ennemie se rapproche, le commandant du Corps de cavalerie donne l’ordre de faire sauter tous les ponts de la Gette. » A suivre…

La Petite Gazette du 1er juillet 2009

LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

Nous retrouvons la précise et passionnante étude menée par M. Guy Stassin, commandant de cavalerie e.r.:

« 12 mai 1940. Après-midi du dimanche de Pentecôte.

A partir de 14h.00, le IVe Armée Korps (IVAK) allemand entre en contact avec le front de la position de la Gette. Ce sont les avant-gardes des 31e, 7e et 18e infanterie division (3, 7 et 18 ID) qui tâtent, successivement, le dispositif au pont de Rummen, à Budingen, Neerlinter, Drieslinter et Grimde.

A 15h.00, le commandant du Corps de cavalerie attire l’attention de la 2e division de cavalerie (2DC) sur la vulnérabilité de son flanc droit et met à sa disposition, à Roosbeek, l’escadron blindé du 2e Lanciers (EscAB/2L), coupé de son régiment.

Le 1er guides (1G), qui était en réserve à Cappellen, lui est envoyé en renfort à Kerkom.

A 17h.00, il est signalé que les Français du corps de cavalerie du général Prioux se battent à Hannut.

A la même heure, l’escadron Motos du 4e lanciers, au contact avec l’ennemi sur la voie de chemin de fer, est forcé au repli.

A 18h.00, le commandant de la 2e division de cavalerie (2DC) insiste pour que les sept groupes d’artillerie, mis à sa disposition, soient rapidement déployés : il s’agit des Ier et IIe groupes du 18A, des Ier et IIe groupes du 19A et des trois groupes du 1A, qui fournirent, ultérieurement, un appui de feu précis et appréciable.

A 18h.00 également, selon les ordres reçus, le 2e Chasseurs à cheval (2hCh), réduit à deux demi-groupes, arrive à Oirbeek et est mis aux ordres de la brigade de Cavaliers portés (BCP) du colonel Serlez. Il est affecté au flanc droit de la position de la Gette, en liaison avec le 12e Cuirassiers français, mais ces derniers se replièrent vers 19h.00, en arrière de Gossoncourt, ne laissant dans l’agglomération que quelques chars, qui se replièrent également à 23h.00.

A 18h.30, le 1er Lanciers (1L), qui était aux ordres du IIIe Corps d’Armée (IIICA) et se trouve à Sommeville, est mis également aux ordres de la 2DC (2e division de cavalerie), qui lui ordonne de se rendre à Becquevoort où il doit être mis en réserve de la division, mais il ne rejoindra que le lendemain matin.

A 19h.30, les allemands attaquent en vain le pont du chemin de fer de Drieslinter, à la limite entre les secteurs du 2Cy et du 3L.

Vers 20h.00, le commandant du 2e cyclistes (2Cy) fait savoir qu’il désirerait voir disparaître le 24e de ligne (24L) de ses positions car ses militaires rappelés, de classes anciennes, causent des désordres par leur indiscipline. Le commandant de la 2e division de cavalerie envisage de les remplacer par le 1er guides (1G).

Vers 20h. 00, le flanc gauche étant menacé, l’escadron blindé du 2L (EscAB/2L), renforcé par l’escadron cycliste de la 1DI, est envoyé sur le front Zelk-Diest, pour rétablir la situation.

Entre 18h.00 et 20h.00, le 2e guides, inclus dans le groupement du général Ninitte, arrive au canal Albert dans le secteur abandonné par la 6e division d’infanterie. Après avoir débarqué de leurs camions, les cavaliers portés commencent leur installation dans la région de Tessenderloo et Kleine Vorst. Les débris des escadrons cyclistes des 6 et 9DI sont imbriqués dans le dispositif, mais le 1er Cyclistes (1Cy) n’a pas rejoint.

A 21h.00, sur ordre du GQG, la 14e division d’infanterie, qui occupait la bretelle de Lummen, reçoit l’ordre de repli derrière le canal de Willebroeck.

A 22h.00, le 1er Chasseurs à cheval (1ChCh), installé à Waenrode, après avoir couvert le repli de la bretelle de Cortessem, reçoit l’ordre d’occuper le Demer, face au Nord et à l’est, entre Aerschot et Haelen. Il reçoit, en renfort, l’escadron AB du 2e lanciers (EscAB/2L) et l’escadron cycliste de la 1DI.

Aux environs de 22h.30, le général Ninitte, installé à Tessenderloo avec le 2e Guides (2G), où il a été rejoint par le 1er Carabiniers, reçoit l’ordre d’occuper, le lendemain matin, la position, de Winterbeek, sur laquelle le 1er cyclistes (1Cy) doit se porter immédiatement.

Durant la nuit, les artilleries sont fort actives, de part et d’autre, mais les allemands ne tentent pas de percée et regroupent leurs moyens. » A suivre…

A PROPOS DE LA BATAILLE DE LA GETTE

Concernant la bataille de la Gette, Monsieur Martin Huwart, de Ville-au-Bois, explique :

«  Le 11 mai 1940 mon père le Lt. Charles Huwart (4 L.) a été blessé, une bombe
de Stuka est tombée juste derrière le mur du PC de son escadron et l’a soufflé.  C’est l’ordonnance de mon père, Odon ??? qui s’est précipité le premier pour le dégager des gravats. em_4_l_tirlemont

Photo des cadres du 4ème Lanciers lors de sa constitution à Tirlemont en 1939.A gauche de l’étendard : Le colonel Joris, Chef de Corps.Mon père est juste à gauche de la plaque « dégustez etc » et à droite du civil en arrière-plan.

Il était paralysé. Je ne crois pas qu’il ait reçu un éclat comme l’a raconté M.David dans le livre « Raconte-moi ».  On l’a transporté au QG du régiment (couvent) où les sœurs l’ont plâtré après l’avoir arqué entre deux tables du réfectoire. Il a ensuite été évacué à Berck-plage.  A la capitulation de la poche de Dunkerque, il est tombé aux mains des Allemands, qui, vu son état, l’ont catalogué comme paralysé définitif. Cela lui a évité la captivité, et un train sanitaire l’a  ramené à Bruxelles (Hopital Brugman) où ma mère a pu le récupérer. Je n’ai pas encore pu déterminer combien de mois il est resté paralysé, mais il entré dans l’A.S. dès 1941. »

La Petite Gazette du 8 juillet 2009

LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

Nous retrouvons la précise et passionnante étude menée par M. Guy Stassin, commandant de cavalerie e.r.:

« Mardi 13 mai 1940.

A 00h.00, le Corps de cavalerie (CC), dont le Q est toujours à Lubbeck, informe la 2e division de cavalerie (2DC) : « La 1DI, moins le 1A et le 3Li, qui restent à votre disposition, se repliera de nuit au nord de Louvain. » Le 2e Cyclistes sera donc débarrassé du 24e de Ligne, indiscipliné.

Le groupement du général major Ninitte, CC/2DC, occupe la bretelle de Winterbeek avec le 2e Guides (2G) et le 1er cyclistes (1Cy), en liaison au Sud avec le 1er Chasseurs à cheval (1ChCh), qui  flanc-garde  la 2e division de cavalerie (2DC) sur le Demer, avec l’escadron blindé du 2e Lanciers (2L) en renfort.

La position de la Gette est occupée par la 2e division de cavalerie (2DC) dont le PC se trouve toujours à Kerbeek-Miskom.

Suite au départ de la 1DI du général De Droog, la 2DC prend le dispositif suivant sur la position de la Gette :

Sous-secteur nord (SSN) aux ordres du colonel BEM Morel de Westgaver, commandant le 1er guides (1G).

  • 2e cyclistes (2Cy) en premier échelon
  • 1er guides (1G) en second échelon
  • Flanc-garde du flanc Nord, jusqu’à Aerschot, par le 1er Chasseurs à cheval (1ChCh), l’escadron cycliste de la 1DI (EscCy1DI), le groupe cycliste de la 14DI (GpCy14DI) et l’escadron blindé du 2e Lanciers (EscAB2L)

Sous-secteur Sud (SSS) aux ordres du colonel BEM Serlez, commandant la brigade de Cavaliers portés (BCP)

  • 4e Lanciers (4L) et 3e Lanciers (3L) en premier échelon
  • 3e de ligne (3Li) en second échelon
  • 2e chasseurs à cheval (2ChCh) en flanc-garde du flanc Sud

Le 1er Lanciers (1L) est en réserve de la 2DC à Becquevoort, où il arrive vers 08h.00.

Des éléments du IIe groupe du 2e Lanciers (II/2L) sont installés en « bouchon » à Roosbeek, aux ordres de la 2DC.

A 07h.30, les Allemands attaquent en direction de Haelen, mais ne parviennent pas à percer.

Vers 10h.45, les Français abandonnent le hameau de Meer, découvrant ainsi le flanc droit de la 2DC. Le Corps de cavalerie fait appel aux Britanniques, mais reçoit une réponse négative. C’est finalement le IVe Corps d’Armée qui enverra l’escadron cycliste et la compagnie anti-chars T13 de la 10e division d’infanterie (10DI) en renfort.

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Vers 14h.00, le général de Neve de Rooden, commandant le Corps de cavalerie (CC), envoie l’ordre d’avertissement suivant :

« Les troupes du Corps de cavalerie résisteront sur leurs positions jusqu’à la tombée du jour, moment où commencera le repli ; garder soigneusement les débouchés de Haelen et de Diest.

La 2DC se repliera sur Thildonck et Wijgmael, et plus à l’ouest ; le 3Li rejoindra sa division vers Pont-Brûlé. »  

Peu après 15h.00, Haelen est attaquée en force, mais le 2Cy et le 1G tiennent bon. L’artillerie intervient énergiquement.

Vers 18h.30, les Français abandonnent Hoegaerde, sur le flanc droit, qui doit être regarni par les renforts de la 10DI.

Vers 20h.00, les positions d’artillerie su sous-secteur Nord sont bombardées par la Luftwaffe et l’ennemi tente à nouveau une percée sur Haelen, mais échoue. Les allemands devenant menaçants en direction de Diest, le 1er Cyclistes (1Cy) prépare une contre-attaque. C’est dans ce contexte que le GQG, avisé du retrait des Français, envoie, vers 20h.00, l’ordre de repli.

Le général De Neve transmet cet ordre, peu après, aux délégués d’unités, convoqués à son PC : les ordres verbaux sont accompagnés d’un calque donnant les itinéraires.

Timing du repli : 21h.30 : formation logistiques et médicales

23h.30 : artillerie et troupes combattantes

02h.30 : arrière-garde

Des arrière-gardes fixes, appuyées par de l’artillerie, seront postées aux points cruciaux, à Diest, Haelen, Geet-Betz, Drieslinter et Tirlemont, et seront relevées par des arrière-gardes mobiles à base de motocyclistes et de blindés, qui décrocheront à 03h.00. Le 3Li sera transporté par camions.

Quatre itinéraires sont prévus, un au nord et trois au sud par la route de Louvain ; mais, après reconnaissance effectuée par un officier du Corps de cavalerie, ils se réduisent à deux, les Britanniques ayant fait sauter prématurément les ponts de Wygmael et Rotselaer.

Durant la soirée, la pression ennemie, accompagnée de nombreuses infiltrations, s’accentuera en direction de Haelen, Drieslinter et Tirlemont.

Le 3e de ligne (3Li), après une courte étape à pied jusqu’à Winghe-Saint-Georges, sera véhiculé par le Corps de transport sur Cappelle au bois » A suivre…

La Petite Gazette du 15 juillet 2009

LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

Nous découvrirons aujourd’hui la suite et la fin de cette précise et passionnante étude menée par M. Guy Stassin, commandant de cavalerie e.r., qui aime à rappeler que « cette série d’articles, écrits à partir des journaux de campagne des diverses unités, a été motivée par un devoir de mémoire » :

« Mardi 14 mai 1940 – le repli du Corps de cavalerie

Selon les ordres du général de Neve de Rooden, commandant le Corps de cavalerie (CC), diffusés la veille à 13h.30, le repli de la position de la Gette s’effectue à la faveur de la nuit.

Le QG du Corps de cavalerie quitte Lubbeck vers 01h.00.

A 01h.00, les arrière-gardes fixes sont relevées par les arrière-gardes mobiles et se replient avec leur artillerie d’appui.

Les arrière-gardes motorisées se replièrent à 03h.00. La nuit est d’encre et la colonne s’ébranle lentement, tous feux éteints, avec les véhicules distants de seulement un mètre et qui s’emboutissent à de multiples reprises.

Le major de Maere d’Aertrijk, aide de camp du prince Charles, qui s’exprime correctement en anglais, est envoyé en mission au QG des Britanniques à Louvain, pour les mettre au courant du repli des Belges à travers leurs lignes. Mais les incidents se multiplient avec l’artillerie anglaise qui ouvre le feu, un escadron du 2e Lanciers est accueilli à coups de mitrailleuses…

Une colonne d’artillerie du Corps de cavalerie traverse un champ de mines britanniques non balisé ; deux caissons explosent : sept tués !

Des quatre itinéraires prévus, deux sont inutilisables, car la majorité des ponts sur le canal Louvain-Malines ont été détruits prématurément : en effet, les ponts de Wilsele, Wygmael et Tildonck ont déjà sauté ; seul le pont « over de Vaartg » est encore intact.

Sur la route Louvain-Malines, les embouteillages sont évités grâce à la vigilance des officiers de liaison… et de l’aumônier ! L’aviation allemande est agressive, dès le lever du jour, et l’aviation alliée, pourtant sollicitée, ne se montre pas.

Vers 10h.00, le QG du Corps de cavalerie s’installe au château d’Eppeghem. Le Corps de cavalerie reçoit l’ordre de se regrouper dans la région d’Eppeghem et de la Senne, pour servir de réserve d’armée. Les 1A et 3Li rejoignent la 1DI à Cappelle au Bois.

Vers 11h.00, le général de Neve de Rooden, commandant le Corps de cavalerie, est convoqué chez Sa Majesté le Roi, qui le félicite pour la belle tenue des troupes, qui seront citées à l’Ordre du Jour de l’Armée :

« Chargé de défendre, les 13 et 14 mai 1940, la position de recueil et d’arrière-garde cde la Gette, a exécuté sa mission avec un courage et une ténacité dignes d’être cités en exemple, opposant une résistance farouche aux attaques en front et en flanc d’un adversaire orgueilleux de ses succès antérieurs. Ne s’est replié, avec calme et méthode, qu’après en avoir reçu l’ordre formel, sa mission étant intégralement accomplie. »

Cette citation sera inscrite en lettres d’or sur les étendards, drapeaux et fanions des 1er, 2e, 3e et 4e Lanciers, 1er Guides, 1er et 2e Chasseurs à cheval, 1er et 2e cyclistes, 18e et 19e d’Artillerie à cheval, 1er d’Artillerie, 3e de Ligne et autres services ayant participé au combat.

Les Cavaliers et Artilleurs ont un étendard, l’Infanterie, un drapeau et les carabiniers cyclistes un fanion. »

Un immense merci au Commandant de Cavalerie e.r.  Guy Stassin pour nous avoir fait bénéficier des fruits de sa patiente recherche.

2 réflexions sur “LA BATAILLE DE LA GETTE, UN COMBAT OUBLIE

  1. Ces articles m’ont fascinée car de tout temps, je me suis intéressée à la guerre au niveau de la population.
    Un membre de ma famille a aussi été tué mais j’ai très peu de renseignements sur ce drame. J’aimerais moi aussi obtenir des témoignages ou des articles de journaux de l’époque mais je ne sais pas comment m’y prendre. Quelqu’un pourrait-il me renseigner?

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    1. Bonsoir Madame Pouillon,
      Merci pour l’intérêt que vous manifestez pour les contenus de la Petite Gazette. Adressez-moi directement votre question en mentionnant le plus d’informations possible sur ce membre de votre famille victime de la guerre. Je suis convaincu que la communauté des lecteurs mettra tout en oeuvre pour vous aider dans vos recherches.
      Très cordialement,
      Pour la Petite Gazette, René Henry

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