UN HALIFAX TOMBE A MARCHE-EN-FAMENNE LE 4.11.1944

La Petite Gazette du 14 septembre 2016

UN HALIFAX EN FEU SURVOLE MARCHE-EN-FAMENNE LE 4 NOVEMBRE 1944

Monsieur Michel Lecarme, de Marche, se souvient et raconte :

« Le 4 novembre 1944, un Halifax en feu, piloté par le Captain Berry, survole Marche-en-Famenne. Le capitaine ordonne à son équipage de sauter, il y aura deux survivants ; lui, a décidé de rester aux commandes et de tenter un atterrissage sur ce qu’il pense être une belle prairie. Cependant, au centre de celle-ci, coule le ruisseau de la Folie… qui aboutit à la propriété des frères franciscains.

Cet endroit s’appelait « les promenades de saint Antoine », il était très connu et très fréquenté par les Marchois.

L’avion, stoppé par les terres molles des berges, s’enfonce et brûle complètement. Les débris créent un bouchon sur le ru et, quelques années plus tard, ceux de ma génération ont bien connu « l’Etang de l’Avion » !

Les corps calcinés de ces Anglais ont pu être récupérés, ils sont tous ensterrés ensemble au cimetière anglais de Menil Favay, près de Hotton.

Après la guerre, des ferrailleurs ont récupéré tous les débris de cet Halifax mais, d’après la rumeur, ils n’auraient pu sortir, de l’étang qui s’était alors formé à cet endroit, tous les moteurs…

Pour moi, ce pilote est un héros car, s’il avait abandonné l’avion, celui-ci serait tombé en flammes sur notre ville causant peut-être des victimes civiles en plus…

Le 4 novembre 2004, exactement 60 ans après ce crash, nous sommes allés, le frère du pilote et moi-même, sur les tombes de cet équipage, jamais je n’oublierai !

La commune de Marche a bien changé depuis cette date fatidique : le ruisseau a été canalisé et passe désormais sous la Nationale 4, le zoning a été construit et, dernièrement, un parking pour poids lourds a été aménagé à l’endroit exact de ces faits.

J’ai toujours pensé que nous devions notre liberté à tous ces soldats alliés qui ont donné notre vie pour nous. Je pense tout simplement que les autorités communales pourraient ériger une stèle ou donner un nom à ce parking afin de rappeler à tous le sacrifice de cet équipage, surtout pour empêcher l’oubli ! »

Avez-vous, vous aussi le souvenir de ce spectaculaire atterrissage d’un Halifax en flammes ? Nous confierez-vous vos souvenirs ? Existe-t-il des photos des débris calcinés de cet avion ? Nous les montrerez-nous ? J’exprime le vif souhait de pouvoir compléter cet intéressant témoignage grâce à vos souvenirs ou documents. Merci d’avance de bien vouloir nous les confier.

La Petite Gazette du 28 septembre 2016

A PROPOS DE CE HALIFAX TOMBE A MARCHE LE 4 NOVEMBRE 1944

Monsieur José Paquet, de Bourdon, s’est passionné pour ce sujet évoqué par M. Lecarme, il m’écrit avoir passé deux journées formidables à chercher, dans les archives accessibles grâce à internet et sur le terrain, et à … trouver.

« Cet Halifax III est le MZ933, code MH-W de la 51e escadrille.

Son équipage comptait sept membres:

Berry L./Burrows D.E./Cantle A.B./Davis J./Gunning E.C./Hinchcliffe P.C./Williams N.
Tous décédés suivant la base de donnée http://www.aircrewremembered.com/homepage.html Ce qui est faux car Davis J. et Hinchcliffe P. ont survécu! Ils ne sont pas dans la base de donnée du Commonwealth War Graves Commission http://www.cwgc.org/
Mon correspondant s’est ensuite rendu au cimetière du Commonwealth à Hotton où, dans la rangée II/E de 8 à 12, il a photographié les cinq tombes que vous découvrirez ci-dessous.

tombe-william-halifaxtombe-pilote-halifax-marche

 

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Monsieur Paquet a poursuivi ses recherches et, s’il n’a pas découvert de traces relatives à  Davis J., il a pu trouver un témoignage écrit par  Peter Hinchliffe (Huddersfield U3A). Je vous propose de découvrir ce témoignage dans sa version originale :

Written by Peter Hinchliffe (Huddersfield U3A) – Published on September 15, 2006 10:10 AM

Peter Hinchliffe introduces the rightfully famous Peter Hinchliffe.

Hes quite a man, this Peter Hinchliffe. How about this for a list of achievements?

* Navigator on Halifax bombers during the war. Bailed out after being shot down over Belgium on his 15th mission. Returned to UK and went on another 22 missions.

* Author and translator of military biographies and histories. His books are appreciated world-wide.

* Peace-time fighter controller in the RAF.

* Worked for the British Military Government in Berlin after the war.

* Diplomatic work.

* School teacher.

No wonder he was awarded the Order of the British Empire!

Allow me now to set the record straight. I am not writing about myself. I am not the Peter Hinchliffe with the distinguished military record, the author, diplomat, and teacher.

I’m Peter Hinchliffe the journalist, a chap whose achievements are all too modest when set beside those of THE Peter Hinchliffe who lives near Rye in East Sussex.

Recently I have received e-mails from people who mistook me for that Peter Hinchliffe, the author/translator of such books as Betrayed Ideals: Memories of a Luftwaffe Fighter Ace, The Other Battle: Luftwaffe Night Aces versus Bomber Command and Enemy in the Dark – The Story of a Night Fighter Pilot.

Time, I thought, for a telephone chat with the worthily well-known Peter Hinchliffe.

Peter Hinchliffe, now in his late 70s, was amused to receive an unexpected call from Peter Hinchliffe.

And would you believe, he has connections with the town where I live, Huddersfield in Yorkshire. What else would you expect of a man with a surname associated with the Holme Valley in written records dating back to 1307.

Peters father, James, was born in Holmfirth and was badly wounded at Gallipoli during World War One. His wife died in a flu outbreak following the war.

James re-married and Peters mother was from Nottingham. The family moved to Merseyside where Peter won a scholarship to Wirral Grammar School. Huddersfields own Harold Wilson, three-term Labour Prime Minister, was head boy at Wirral GS while Peter was a pupil.

Peter was a member of 51 Squadron based at Snaith in Yorkshire during the war. He was a navigator on Halifaxes, flying on bombing missions to Germany, France and Holland.

In November, 1944, his plane was shot down over Belgium while returning from a raid on Bochum near Essen. Five of the crew were killed but Peter and another airman managed to bail out. Fortunately they landed in a section of Belgium which had been retaken by American troops and were soon repatriated to UK.

Peter stayed on in the RAF after the war, flying airlift relief missions to Berlin during the Cold War days when the Russians were blockading the city.

He left the Air Force in 1948, studied to be a teacher, then lived and taught in Dewsbury.

He was on the staff of Thornhill Secondary Modern School. I was a pupil at that school for one year – but that was four years before Peter arrived.

A snotty-nosed 11-year-old and a teacher, both called Peter Hinchliffe, would have made for some jolly confusion.

Peter eventually re-joined the Air Force with the rank of Flight Lieutenant to be an air traffic controller in Germany.

Because of his fluency in German he was eventually offered the chance to work in the British Military Headquarters in Berlin, then later to join the Foreign Office staff and undertake diplomatic work up to his retirement.

Having been shot down by a German night fighter it would not be surprising if Peter had born a life-long resentment against the Luftwaffe. Just the opposite. He has a respect for the skill and bravery of enemy aircrew caught up in a conflict that was not of their making.

He has translated the reminiscences of Luftwaffe pilots and turned them into books, the most recent being The Lent Papers.

Peter wrote a biography of Heinz-Wolfgang Schnaufer, the most brilliant German air ace in World War Two. In 164 sorties Schnaufer shot down 121 Allied aircraft.

In 1945 he destroyed nine RAF bombers in a single day.

Flight Lieutenant Peter Hinchliffe of East Sussex is the author/translator of highly readable books. Check them out on www.amazon.co.uk

Leading Aircraftsman (National Service) Hinchliffe P is yours truly.

Vous aurez compris que le Peter Hinchliffe qui a rédigé ce texte n’est pas le Peter Hinchliffe qui appartenait à l’équipage de ce Halifax qui est tombé à Marche, mais un journaliste portant le même nom que ce pilote de la R.A.F. durant la Seconde Guerre Mondiale. Mon ami Jean s’est chargé de la traduction de la partie de ce texte qui nous intéresse le plus.

« Peter faisait partie, pendant la guerre, du 51e escadron basé à Snaith dans le Yorshire. Il était pilote sur Halifax, effectuant des missions de bombardement sur l’Allemagne, la France et la Hollande.

En novembre 1944, son avion fut abattu au-dessus de la Belgique lors du retour d’un raid sur Bochum près d’Essen. Cinq membres d’équipage furent tués mais Peter ainsi qu’un autre aviateur réussirent à s’éjecter de l’avion. Par chance, ils ont atterri dans une partie de la Belgique qui avait été reconquise par les troupes américaines et furent très vite rapatriés en Angleterre.

Peter resta à la RAF après la guerre, effectuant des missions de sauvetage à Berlin pendant la guerre froide quand les Russes bloquèrent la ville. Il quitta la Force aérienne en 1948, étudia pour devenir professeur, ensuite vécu et enseigna à Dewsbury (…)

Peter a finalement rejoint l’armée de l’air avec le rang de Lieutenant pour devenir contrôleur aérien en Allemagne.

Grâce à sa maîtrise de l’allemand il lui a été donné la chance de travailler au QG à Berlin ; ensuite, de rejoindre le personnel du Ministère des affaires étrangères et de travailler dans la diplomatie jusqu’à  sa retraite. 

Ayant été abattu par un chasseur de nuit allemand il n’aurait pas été surprenant que Peter ait entretenu un ressentiment perpétuel contre la  Luftwaffe. Tout au contraire, il manifestait un respect pour l’habileté et le courage avec lequel un équipage ennemi rattrapait le retard dans un conflit qui n’était « pas leur fabrication » (their making ?)

Il a traduit les réminiscences de pilotes Luftwaffe et les a rapportées dans des livres, le plus récent étant « les Papiers prêtés ».

Peter a écrit une bibliographie de Heinz-Wolfgang Schnauffer, l’as allemand le plus brillant de la Seconde Guerre Mondiale. En 164 sorties, Schnauffer a abattu 121 avions alliés.

En 1945, il détruisit 9 appareils de la RAF en une seule journée.

Le Lieutenant Peter Hinchliffe du Sussex est l’auteur et le traducteur de livres trèsaccessibles.

Consultez- les sur www.amazon.co.uk »

 

Monsieur Rik Verhelle, de Bomal s/O, s’est également manifesté car vous connaissez sa passion pour pareil sujet :

« Bien sûr je connais le cas de la chute de ce bombardier tombé le 4 novembre 44 à Marche-en-Famenne.
Il s’agit d’un quadrimoteur britannique du 51 Squadron, immatriculé MZ.933. Il était un de 720 bombardiers expédiés vers Bochum (une ville industrielle importante dans Ruhrgebiet en Allemagne) et dont 28 appareils n’allaient plus revenir.

Ce crash au rond-point de « La Pirire » à Marche-en-Famenne se solda par la mort de 5 hommes (enterrés à Hotton), et deux rescapés, dont un deviendra enseignant, écrivain et même diplomate.

Je suis heureux d’avoir croisé Monsieur Michel Lecarme qui m’a fourni des infos importantes. Ensuite, j’ai analysé les faits, et les ai consignés dans un article de 12 pages (photos y comprises), qui sera publié dans les annales du Cercle Historique de Marche-en-Famenne-Rendeux-Hotton dont la publication est annoncée pour la mi-décembre 2016. »

Nous reviendrons alors sur le sujet après l’édition de cette excellente publication annuelle, dont La Petite Gazette se fait régulièrement l’écho.

 

LES 10 « KIWI’S » DU CIMETIERE MILITAIRE DE HOTTON par Rik VERHELLE

Note de La Petite Gazette : Ce remarquable article n’a pas été publié dans la version « papier » de cette chronique et ne pourra l’être en raison de l’espace réduit qui lui est, aujourd’hui, réservé dans le journal mais son intérêt méritait largement qu’il figure dans lapetitegazette.net

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Le cimetière militaire de Hotton

Que la Seconde Guerre mondiale ait particulièrement frappé Hotton n’est un secret pour personne. Plusieurs endroits dans la commune nous témoignent de la brutalité du conflit, par exemple le cimetière britannique où reposent 666 militaires, dont 21 inconnus, tous appartenant au Commonwealth, c’est-à-dire l’ensemble des états et territoires issus de l’Empire britannique. De ses 666 tués au combat, 340 appartiennent aux forces terrestres, 325 sont des aviateurs et 1 était correspondant de guerre.
Les nationalités se répartissent comme suit : 526 Britanniques, 88 Canadiens, 41 Australiens, 1 Polonais, et 10 Néo-Zélandais.

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Contrairement à ce que l’on prétend parfois, ce cimetière militaire n’est pas lié à la Bataille des Ardennes, beaucoup de victimes sont tombées pendant cette épisode de la guerre, mais pas tous; on y trouvera aussi des victimes du début de la guerre.
Si d’aventure vos pas vous mènent à Hotton, rendez-vous au cimetière britannique, le sacrifice de ces 666 jeunes gens mérite bien un instant de recueillement. Restez un moment, asseyez-vous près d’eux, dites une brève prière à la grâce de ces héros, nos libérateurs. Leurs sépultures nous enseignent que la paix et la liberté n’ont pas été gratuites …

Dans cet article, j’aimerais vous entretenir de dix d’entre eux, les dix aviateurs Néo-Zélandais.  Qui sont-ils ? D’où venaient-ils ? Quels sont les circonstances de leur mort ?

 

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Leur pays d’origine

Ces dix jeunes aviateurs venaient d’un pays de l’autre bout du monde, la Nouvelle Zélande. En anglais, on l’appelle New-Zealand, en Maori « Aotearoa ». C’est un pays de l’Océanie, au sud-ouest de l’Océan Pacifique, constitué de deux îles principales et de nombreuses îles beaucoup plus petites. Son plus proche voisin, l’Australie, se situe à environ 2.000 km, la Nouvelle-Zélande est donc très isolée géographiquement. Sa population est majoritairement d’origine européenne (Les Européens y débarquèrent seulement en 1642), tandis que les Maori (population d’origine) forment la minorité la plus nombreuse.

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La superficie totale est de presque 270.000 km², soit un peu moins que l’Italie et un peu plus que le Royaume-Uni, ou environ neuf fois la superficie de notre pays.
Ancienne colonie britannique jusqu’en 1840, dominion en 1907, puis complètement indépendante depuis 1947 en tant que Royaume du Commonwealth, la Nouvelle-Zélande maintient de forts liens avec le Royaume-Uni, ainsi qu’avec l’Australie.
La Nouvelle-Zélande est une monarchie constitutionnelle. Le monarque du Royaume-Uni, la Reine Élisabeth II, est le chef d’État de la Nouvelle-Zélande. Cependant la Reine « règne mais ne gouverne pas »; elle n’a aucune influence politique, sa fonction étant surtout symbolique. En pratique, elle est représentée par un Gouverneur général qui détient le pouvoir exécutif.

D’où vient leur surnom « KIWI » ?

L’isolement géographique de la Nouvelle-Zélande a permis le développement d’une flore et d’une faune endémiques (qui n’existe nulle part ailleurs) très riches et variées, allant des kaoris (conifères géants) aux insectes weta (insecte géant) et en passant par les kapongas (fougère géante) et le kiwi. Ce dernier est un véritable symbole en Nouvelle-Zélande, il figure notamment sur les pièces de 1 dollar néo-zélandais. Les Zélandais eux-mêmes y sont très attachés, à un point tel que le terme de « Kiwi » signifie également dans ce pays « Néo-Zélandais » et désigne ainsi les Zélandais eux-mêmes.
Le Kiwi, l’Apteryx (du grec ancien et signifiant «sans ailes» et francisé en aptère), est un oiseau d’une taille variant entre 35 et 65 cm. Ses ailes sont rudimentaires, atrophiées. Ses pattes sont assez courtes et vigoureuses, et ils sont dépourvus de queue. Leurs plumes, généralement brunes et relativement peu nombreuses, ressemblent à des poils.5.Oiseau Kiwi.jpg Les kiwis sont des oiseaux timides, nocturnes et disposant d’un sens aigu de l’odorat, ce qui leur permet de trouver leur nourriture. Ils se nourrissent en enfouissant leur long bec dans le sol à la recherche de vers, d’insectes, et de fruits tombés au sol, mais aussi de petites écrevisses ou d’amphibiens tels que les grenouilles. Le kiwi a une durée de vie atteignant 30 à 35 ans. Actuellement il est menacé d’extinction.

Un fruit, le kiwi, porte leur nom. Sa culture se développant en Nouvelle-Zélande à partir de 1953, les Néo-zélandais l’appelèrent donc « Kiwi », sa peau velue rappelant celle de l’oiseau du même nom, emblème du pays.

Que faisaient-ils dans la RAF ?

Pour les Néo-Zélandais, s’associer en temps de crise avec les Anglais était perçu comme naturellement évident, voir même nécessaire. Leurs relations internationales sont caractérisées par une politique d’apaisement et le rejet total de fascisme et la dictature. Dans les années 30 et 40, tout comme en 1914, il était considéré qu’une menace contre la Grande-Bretagne constituait aussi une menace contre la Nouvelle-Zélande.

Lorsque la guerre éclatait, la Royal New-Zealand Air Force (RNZAF) était mobilisée et il était fait appel aux volontaires pour rejoindre ses rangs pour la durée du conflit. A ce moment-là, 550 Néo-Zélandais servaient déjà au sein de la RAF. Mais comme les Britanniques estimaient qu’il fallait disposer de 20.000 pilotes et de 30.000 autres aviateurs pour faire face aux hostilités, ils sollicitèrent l’assistance des pays du Commonwealth. La Nouvelle-Zélande s’est engagée pour livrer, chaque année, 880 pilotes entrainés. Plus tard, ce nombre a été revu vers 2000. Ainsi, dès 1940, 7000 Néo-Zélandais partaient au Canada pour y être formés comme pilote, navigateur, bombardier, opérateur-radio, ou mitrailleur aérien, avant de rejoindre leur unité opérationnelle en Angleterre.     Leur âge moyen était de quelque 21 ans, et on attendait d’eux qu’ils accomplirissent 30 missions opérationnelles avant d’être démobilisés.

La RAF comptait sept escadrons essentiellement composés de Néo-Zélandais, deux au sein du Bomber Command (75ème et 487ème), trois au sein du Fighter Command (485ème, 486ème, et 488ème), et encore deux sous commandement du Coastal Command (489ème et le 490ème). Mais la majorité des aviateurs Néo-Zélandais servant avec la RAF n’étaient pas incorporés dans ces escadrons Néo-Zélandais, mais ils volaient dans des équipes mixtes de Britanniques, Canadiens, Australiens et Sud-Africains comme il était le cas dans la plupart des autres escadrons.

De tous les aviateurs du Bomber Command tués pendant la guerre, 72% étaient des Britanniques, 18% étaient des Canadiens,  7% étaient des Australiens et 3% étaient des Néo-Zélandais. Des 6000 Kiwis ayant servi au sein du Bomber Command, presque un tiers (1850) seront perdus – un nombre important, mais encore plus impressionnant quand on réalise que la population de la Nouvelle-Zélande ne comptait pas plus que 1.6 million d’âmes.

Dix de ces héros reposent à Hotton           

F/Lt Madden
Flight Lieutenant Brian Minden MADDEN était né à Wellington le 02 novembre 1919. Il vivait comme célibataire avec ses parents à Remuere (Auckland). Avant de rejoindre la RNZAF, il gagnait sa vie comme comptable dans un bureau d’affaires juridiques.
Madden commandait le B-Flight de 610 RAF Squadron sur Spitfire Mk XIV. Il mourut le 18 décembre 1944. Dans le rapport de mission de cette journée, on lit que le 610 RAF Squadron décollait de sa base à Lille à 09.20 hr pour aller patrouiller dans la région d’Arnhem et Trier. A 16.000 pieds, ils se lancent à la poursuite de huit Messerschmitt Bf-109 mais ils les perdent dans les nuages. Plus tard, ils rencontrent seize Focke-Wulf FW-190 et ils les engagent dans les nuages, mais sans trop de succès d’ailleurs à cause de la très mauvaise visibilité. De retour à leur base à 11 heures, il est constaté que F/Lt Madden manquait.

Lors d’une patrouille, lorsqu’il attaquait un V-1, il tomba à court de munitions.

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Alors, il se mit en position à côté de la bombe et il tenta de la faire basculer en la soulevant avec la pointe de l’aile de son Spitfire. La bombe se redressait d’elle-même lors des deux premières tentatives, mais elle était enfin renversée au 3ème essai et alla s’écraser dans une forêt.
F/Lt Madden est crédité avec six victoires aériennes sur bombes volantes V-1.
F/Lt B. M. Madden repose à Hotton dans la tombe VIII-B-12. Il est mort à 25 ans.

F/Lt Whaley
Flight Lieutenant Patrick Noel WHALEY venait de l’Auckland (NZ).
Il était pilote d’un Spitfire Mk XIX, immatriculé PL919, au sein du 541 RAF Squadron. Cette unité avait comme mission d’effectuer des reconnaissances photographiques au-dessus du territoire ennemi. Ces Spitfires n’étaient pas armés et ils portaient trois caméras, deux verticales et une en position oblique. La vitesse maximale atteignait plus de 700 Km/hr, et leur vitesse de croisière était de 430 Km/hr à une altitude de 13.000 mètres. Ils étaient en plus équipés d’un réservoir supplémentaire qui leur permettait d’opérer dans un rayon d’action de 2.250 Km. Les cockpits étaient pressurisés.

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Le Spitfire du F/Lt Whaley a été abattu le 24 décembre 1944, probablement dans la région de Bleialf à 10 km au ONO de Prüm (Rheinland-Pfalz, Allemagne). Le pilote a d’abord été enterré à Bleialf, puis au cimetière militaire américain à Foy (Bastogne), et ensuite au cimetière britannique à Bure (15 Km au NO de St-Hubert). Finalement il trouvera sa demeure définitive à Hotton où il repose actuellement dans la tombe VIII-F-12. Il avait 24 ans.

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F/Lt Whaley était porteur de la distinction honorifique « Distinguished Flying Cross ».
(La DFC est une décoration britannique attribuée « pour un ou des actes de vaillance, de courage ou de dévouement accomplis en vol, au cours d’opérations actives contre l’ennemi ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, un critère commun d’obtention de la DFC était la destruction en vol de cinq avions ennemis, ou faits d’armes équivalents).           
SqL Rabone 
Squadron Leader (équivalent du rang de Major) Paul Watling RABONE est né à Salisbury, en Angleterre, le 2 mars 1918, mais il grandit à Kairanga (Wellington, en NZ) où il devient fermier. Il était marié avec Pamela Barbara.
En avril 1938, il devient réserviste après avoir obtenu une licence de pilote privée et il s’engage dans la RNZAF. Après sa formation, Rabone rejoint l’Angleterre en février 1939.
Affecté au Squadron 88, il vole sur bombardier léger Fairey Battle et s’installe en France avec le Corps Expéditionnaire Britannique lors de la déclaration de guerre. Le 10 mai, le premier jour de l’invasion allemande à l’Ouest, le Squadron effectue son premier raid en attaquant des troupes au Luxembourg. Rabone effectue 16 missions avant que le Squadron ne soit rapatrié en Angleterre le 15 juin 1940. Au cours de ces combats, il a été abattu deux fois, la première fois son équipage et lui-même atterrissent derrière les lignes après avoir sauté en parachute. Après avoir volé des vêtements civils, ils rejoignent une colonne de réfugiés et parviennent à gagner Dieppe. La seconde fois, le 12 juin, ils sont abattus par un Messerschmitt 109 alors qu’ils sont en train de bombarder un pont sur la Seine et ils parviennent à sauter en parachute.

A la mi-août 1940, Rabone se porte volontaire pour le Fighter Command et se trouve affecté au Squadron 145. En pleine Bataille d’Angleterre, il remporte sa première victoire le 12 octobre en abattant un Me-109. Deux semaines plus tard, il rejoint le Flight 422, une unité spéciale. Rabone abat un autre Me-109 le 6 novembre. Le Flight 422 Flight est alors agrandi et devient le Squadron 96 en début décembre 1940. Rabone remportait sa première victoire de nuit le 22 décembre 1940 en faisant plonger un bombardier Allemand en mer du coté de Blackpool.

Rabone est promu flight commander. Lui et son mitrailleur rencontrent un problème moteur le 13 avril 1941 mais ils parviennent à sauter de leur avion Défiant alors qu’ils se trouvent au-dessus de Peak District. En juillet 1941, Rabone prend le commandement du Flight 1451, opérant du Havoc équipé d’un projecteur et dont la mission consiste à éclairer des appareils ennemis afin que des chasseurs monomoteurs parviennent à leur tirer dessus. Les Havoc sont aussi équipés de radar destinés à permettre la recherche des appareils allemands. L’expérience se révèle cependant peu fructueuse en termes de résultats et l’expérience est abandonnée rapidement.

Mis au repos en octobre 1941, Rabone retourne en opérations en août 1942 et rejoint le Squadron 488 comme flight-commander sur Bristol Beaufighter après avoir effectué un bref passage au Squadron 256 et au Squadron 29. Affecté outre-mer en avril 1943, Rabone s’envole pour Malte où il rejoint le Squadron 23 équipé de Mosquito, et avec l’un desquels il effectue des raids sur les voies de ravitaillement dans le Sud de l’Italie.

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Au cours d’une mission dans le secteur de Rome, il attaque un convoi routier avant d’endommager trois Cant 506 (hydravion italien) au mouillage dans le Lac Bracciano. Le 15 août 1943, Rabone vole sur un Spitfire pour emmener des pièces de rechange sur un aérodrome situé près de Palermo. Au retour, il abat en chemin un Junkers-88 qui tombe en mer après une course poursuite de 17 kilomètres.

L’unité débarque en Sicile au début septembre où Rabone conduit une mission intruder sur l’aérodrome de Grosseto. Lors de ce raid, Rabone détruit un Junkers-88, un Heinkel-111 et endommage un autre appareil du même type. A la fin de son tour d’opérations, Rabone retourne en Grande Bretagne en novembre et reçoit la DFC le 25 janvier 1944 avec 6 victoires à son actif.

Après avoir occupé des fonctions d’instructeur pendant 3 mois, il rejoint la Squadron 515 pour effectuer des missions d’intrusion au-dessus de la France et de l’Allemagne. Le 21 juin 1944, Rabone remporte la première victoire de jour de l’unité en abattant un Messerschmitt-110 alors que celui-ci décolle d’un aérodrome. Le 30, à nouveau de jour, il abat un Heinkel-111 qui s’apprête à atterrir ainsi qu’un Junkers-34 qui est en approche de l’aérodrome. A la mi-juillet, il rejoint le Squadron 23 qui est rentré de Malte.

Rabone décolle le 24 juillet 1944 pour attaquer des objectifs situés au Nord-Ouest de l’Allemagne mais son avion, le Mosquito immatriculé HR 236, ne rentre pas de cette mission. Son corps et celui de son navigateur sont rejetés sur la côte à Helgoland Island 3 mois plus tard et enterrés sur place. Après la guerre, le corps est de Rabone est ré-enterré au cimetière britannique à Hotton où il repose dans la tombe XI-C-8.  La dépouille de son navigateur, F/O Frederick C. H. JOHNS, a été enterrée en Allemagne au Hanover War Cemetery, tombe 10-E-9.

SqL Rabone et F/O Johns sont porteurs d’une distinction honorifique britannique, le Distinguished Flying Cross. Rabone avait 26 ans quand il mourut.

W/O Mc Gregor
Warrant Officer Ronald Gregor McGREGOR était né à Auckland (NZ) le 31 juillet 1921. Il gagnait sa vie comme travailleur dans le secteur de l’osier. Il s’est engagé comme volontaire à la RNZAF en juillet 41 et il a rejoint le Canada en octobre 41 où il a obtenu son brevet de pilote en février 42. Rattaché à la RAF, il rejoint l’Angleterre en mars 42 et volera sur Spitfire. En août 44, il est converti sur Hawker Typhoon et volera lors de 40 missions de combat au sein du 247 RAF Squadron.
Le 31 décembre 1944, à la veille du nouvel an, à 11.20 heures, huit Typhoons équipés de réservoirs supplémentaires largables décollaient de leur base à Eindhoven pour effectuer une patrouille armée en profondeur vers la région de Hanovre.

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Lors de l’attaque d’une locomotive, deux avions dont celui de McGrégor se trouvèrent isolés de leur formation, et ils ont été assaillis à leur tour par trois Focke-Wulf 190. A 11.30 heures, le Typhoon NM399 piloté par F/O McGregor était abattu et il s’est écrasé dans une zone boisée au Kattenvenner Moor, à 5-10km au SE de Ladbergen (Allemagne) et où il a explosé à l’impact.
Immédiatement après sa victoire, le pilote allemand a été descendu à son tour par l’autre Typhoon.

Après la guerre, le corps de McGregor a été exhumé du cimetière allemand de Ladbergen et temporairement transféré au cimetière américain à Neupré. Actuellement, F/O McGregor repose au cimetière militaire britannique de Hotton dans la tombe VIII-C-6. Il n’avait que 23 ans quand il mourut.

Sgt Wade
Sgt Horton Nielsen WADE est originaire d’Eltham (Taranaki, NZ).
Il était le navigateur à bord d’un bombardier lourd du type Short Stirling, immatriculé BF565 (HA-H), appartenant au 218 Squadron du Bomber Command et qui avait sa base à Downham Market en Angleterre.
12-short-stirling Bombardier lourd : le Short Stirling

Dans la nuit du 29/ 30 mai 1943, 739 bombardiers avaient la mission d’aller pilonner la ville de Wuppertal, ceci dans le cadre de la Bataille du Ruhrgebiet.
Le bombardement a été qualifié de particulièrement effectif car d’énormes incendies se développèrent dans les rues étroites de la vieille ville. Il est même probable que l’intensité du feu ait produit la première de ce qu’on appellera plus tard « tempête de feu ». Les ravages étaient terribles : environ 500 hectares détruits par le feu. Cinq grandes usines, 211 bâtiments industriels, et 4000 maisons avaient été complètement anéantis. Et cette tragédie avait exigé 3400 vies humaines.   Jusqu’ici, l’assaut de Wuppertal fut le raid le plus meurtrier et le plus dévastateur depuis le début de la guerre.

Côté britannique, ce raid se solda par la perte de 33 bombardiers ou 4,6% de la force. Le Sterling immatriculé BF565 était un de ces bombardiers qui ne sont pas revenus. Au-dessus de la Belgique, il a été intercepté par un chasseur de nuit et il s’est écrasé dans un champ près de Kettenis, à 2 km NNE d’ Eupen. Aucun des sept membres de l’équipage n’a survécu. Trois d’entre eux, dont Sgt H. N. Wade, sont enterrés au cimetière britannique de Hotton. Les corps des quatre autres victimes, dont un autre Néo-Zélandais, le Sgt mitrailleur aérien D. P. Strong,  n’ont jamais été retrouvés.
Sgt H. N. Wade repose dans la tombe VII-C-12. Au moment de mourir il avait 30 ans.

L’équipage du Lancaster HK564
Dans la nuit du 12 au 13 août 1944, le Bomber Command avait reçu plusieurs missions de bombardement. Une de ces missions visait Rüsselsheim avec 287 bombardiers lourds (191 Lancaster et 96 Halifax) et l’objectif à toucher était l’usine Opel qui construisait des moteurs.
13-avro-lancasterBombardier lourd, le « Avro Lancaster » 

Cette unité de production s’en sortait sans trop de dégâts importants ; un rapport allemand relate que seulement l’unité des pneus et quelques unités d’expédition et de transport, ainsi qu’une centrale électrique avaient été touchées, et que la plupart des explosifs seraient tombés dans les champs au sud de l’usine.
Côté britannique, les pertes étaient plutôt lourdes : 13 Lancaster et 7 Halifax (soit 6,7%  des forces engagées).

Un de ces avions perdus était le Lancaster immatriculé HK564 (AA-P) appartenant au 75 Squadron du Bomber Command. Son équipage était composé de six Néo-Zélandais et un Britannique. Le bombardier a été intercepté vers 23.40 heures par un chasseur de nuit au nord du Luxembourg, au-dessus de Lieler. Seul le navigateur a pu quitter l’avion en parachute, mais il s’est tué tout de même. Les six autres membres de l’équipage ont péri dans l’avion qui a explosé à l’impact près d’Ouren en Belgique.
Toutes les victimes sauf une (le navigateur) ont été enterrées dans une tombe collective à Ouren. Après la guerre, leurs restes ont été transférés au cimetière britannique à Hotton où ils reposent dans la tombe collective VI-G-1 à 6.
Il s’agit de

1. P/O Mulcahy
Pilot Officer Cyril Desmond MULCAHY est né à Takapau (Wellington, NZ). Il a rejoint la RNZAF en juillet 1942. Il a obtenu son brevet de pilote au Canada en mai 1943. Ensuite, il a été incorporé au 75 Squadron en Angleterre.
La nuit du 12/13 août il était pilote et commandait le Lancaster abattu. C’était sa 9ème mission. Il avait 21 ans quand il mourut.

2. P/O Elvin
Pilot Officer William ELVIN est né à Wanganui (Wellington, NZ) et était marié à Elva Mahala. Il était l’opérateur-radio de son équipe, il avait 22 ans au moment de sa mort.

3. F/Sgt Thomson
F/Sgt Edward Leonard THOMSON est né à Christchurch (Canterbury, NZ). Il était le viseur-bombardier de l’équipe. Avec son âge de seulement 20 ans, il était le plus jeune membre de l’équipage.
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Les six tombes de l’équipage du Lancaster HK 564

4. F/O Hazard

F/O Whelan Fellon HAZARD était le navigateur de l’équipage. Il était le seul à avoir réussi à quitter le bombardier avant qu’il ne s’écrase. Son parachute a bien fonctionné, mais il a tout de même été découvert mort, toujours attaché dans son harnais de parachute et suspendu dans un arbre. Lui aussi n’avait que 20 ans. F/O Hazard est le seul qui ne repose pas avec les membres de son équipage; il a été enterré dans un cimetière britannique en Allemagne, le « Reichswald Forest Cemetery » où il repose dans la tombe 1-D-14.

5. F/Sgt Wright
F/Sgt John Herbert WRIHT est originaire de Taranaki (New Plymouth, NZ). Il était un des mitrailleurs aériens à bord du bombardier. Il avait 26 ans.

6. F/Sgt Johnston
F/Sgt Haig Douglas JOHNSTON vient de Balclutha (Otago, NZ). Lui aussi était un des mitrailleurs aériens de l’équipage. Il avait 27 ans.

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Symbole figurant sur chaque tombe néo-zélandaise

7. Sgt Parker (RAF)
Sgt Robert R. S. PARKER était l’ingénieur de bord/mitrailler aérien. Il n’est pas Néo-Zélandais mais bien né en Angleterre. Cependant, puisqu’il faisait était dans équipe avec les Néo-Zélandais, il est repose avec eux à Hotton dans la même tombe collective VI-G-1 à 6.

Quand vous vous dirigez d’Ouren vers Weiswampach (Luxembourg), exactement à la frontière et en face d’une chapelle, vous rencontrez un monument à la mémoire des 13 aviateurs tués. 13 en effet, car en cet endroit deux Lancaster ont été abattus dans la nuit du 12 au 13 août 1944. Dans l’autre Lancaster, le ME596 appartenant au 61 Bomber Command Squadron, il y avait six victimes (4 Britanniques et 2 Canadiens) et un rescapé (Canadien) qui a été fait prisonnier de guerre. Ce mémorial a été inauguré le 13 mai 2004.

16-memorial-lancaster-a-weiswampach

Précisions de l’auteur

Une bibliographie n’est pas jointe car trop longue à publier.
Des informations peuvent être obtenues sur demande auprès du rédacteur de cet l’article.

Rik Verhelle     
Rue d’Izier 74, boîte 13
6941 Bomal-sur-Ourthe (Durbuy)
rikverhelle@skynet.be

UN HALIFAX S’ECRASE A FRONVILLE EN

                                          La Petite Gazette du 25  novembre 2009

UN BOMBARDIER S’ECRASE A FRONVILLE – HOTTON

Durant les prochaines semaines, Monsieur Rik Verhelle, de Bomal s/O, va nous entretenir de cet avion dont un monument rappelle la fin. A la lecture du récit qu’il fait de cet épisode de la dernière guerre, vous pourrez prendre la mesure de l’ampleur de la recherche qu’il a menée et dont il nous livre le résultat. Je l’en remercie chaleureusement.

« Dans l’enceinte du domaine militaire (en donc, malheureusement, non accessible aux visiteurs) à Marche-en-Famenne, un monument est inauguré le 30 septembre 1997, on peut y lire les mots suivants : « Ici, en 1943, un Halifax anglais s’est écrase. Six morts. Un seul rescapé. Passant souviens-toi ». Voici le récit.
Monument_Hal_LL125_-_3

Dans la nuit du 20 au 21 décembre 1943, le Bomber Command britannique allait de nouveau frapper dur sur l’Allemagne nazie, mais aussi le payer cher en vies humaines et en avions.

C’est la ville de Frankfurt-am-Main qui était choisie comme cible principale. 650 bombardiers (390 Lancaster, 257 Halifax, et 3 Mosquito) décollèrent de plusieurs aéroports en Angleterre. La météo avait prévu un ciel peu couvert.
Mais aussitôt que les bombardiers eurent passé les côtes anglaises, les Allemands purent les identifier sur leurs écrans radars et ils les suivirent tout le long de leur itinéraire jusqu’à Frankfort. Résultat: les Allemands s’étant préparés à réserver un accueil des plus chauds aux Britanniques, la formation de bombardiers allait subir des contre-attaques de la Luftwaffe sur tout son parcours ; les canons anti-aériens se tenaient prêts. Afin de leurrer les bombardiers, les Allemands  avaient également allumé des feux à quelques 8 Km au sud-est de Frankfort. Une partie des bombes tombèrent autour de ces feux de diversion et un certain nombre tombèrent même sur Mainz à quelques 17 Km à l’ouest de Frankfort car, contrairement aux prévisions météo, le ciel au-dessus de l’objectif fut couvert à 80% par les nuages et l’identification correcte de l’objectif principal fut fort perturbée. Malgré tout, une surface importante de Frankfort, le long du Rhin et dans les districts au sud, était touchée et détruite. Les Anglais encaissaient une pénible perte: 6,3% de la force ou 41 bombardiers (27 Halifax et 14 Lancaster) n’allaient pas rentrer.
Les Anglais avaient aussi leur plan de détournement: une attaque simultanée fut lancée contre Mannheim comme objectif secondaire avec 44 Lancaster et 10 Mosquito. Ce raid n’allait malgré tout pas détourner beaucoup de chasseurs de l’objectif principal Frankfort, et la majeure partie des bombes tombèrent malheureusement à l’extérieur de Mannheim suite à une mauvaise visibilité. Ici, aucun bombardier ne fut perdu.
Cette même nuit, Liège aussi figurait sur la liste des objectifs secondaires et ses usines d’armement recevaient la visite de 8 Lancaster et 8 Mosquito. Mais les marquages effectués par ces derniers n’étaient pas visibles à travers la couche épaisse de nuages et les bombes ne furent pas larguées. Cette attaque se solda par la perte d’un Lancaster.
D’autres raids secondaires visaient Rheinhausen et Leverkusen avec respectivement 6 et 5 Mosquito sans subir de pertes, tandis que 23 bombardiers Stirling déposaient des mines dans les eaux de Friesland. Un Stirling allait s’écraser en mer.
Le bombardier qui tomba à Fronville était un quadrimoteur Handley Page « Halifax » LL125 du 77 Squadron, et qui portait le code KN-K sur son fuselage. L’équipage avait survécu aux 18 missions précédentes. Ce 20 décembre 1943, leur avion avait décollé d’Elvington (un petit village à 11 Km de York) à 16h.30 avec sept hommes à bord. Il faisait partie de l’effort principal dirigé contre Frankfort. Au dessus de l’objectif, la première vague de bombardiers se trouva dans un véritable guêpier, les phares jaunes illuminaient les bombardiers sur leur parcours et les chasseurs de la Luftwaffe piquaient sur la formation. Le bombardier LL125 se trouvait dans la deuxième vague à 7000 mètres d’altitude. Bien qu’il fût très secoué par les tirs anti-aériens, il atteignait le but sans dégâts. Après avoir largué ses bombes sur Frankfort, l’avion retournait pleins gaz direction l’Angleterre et la sécurité. »

La Petite Gazette du 2 décembre 2009

UN BOMBARDIER S’ECRASE A FRONVILLE – HOTTON

Retrouvons, comme annoncé, le récit qu’en a fait Monsieur Rik Verhelle, de Bomal s/O.

  1. La catastrophe : Tout allait bien pendant une heure, mais cela n’allait pas durer … Terry Bolter, un des survivants, nous raconte: « A 20h.43 précises, le LL125 fut pris comme cible par un Me-110 qui avait approché   par derrière et était resté inaperçu.  La première rafale touchait le moteur intérieur à tribord qui prenait feu immédiatement. Le pilote avertissait l’équipage qu’il allait piquer l’avion pour essayer d’éteindre le feu. Cette manœuvre était  vaine. Le pilote voyait que le feu se propageait dans les réservoirs d’essence et que bombardier allait exploser, et il donna l’ordre de sauter immédiatement. J’étais en train deme tourner vers la trappe de secours lorsque l’avion entama un piqué incontrôlé. Nous fûmes rabattus sur le plancher par le phénomène de la gravité. Ma main gauche sur les yeux et ma main droite serrant inconsciemment la cordelette d’ouverture de mon parachute, j’attendais que la terre se rapproche, et j’étais persuadé que c’était la fin. Soudain, le nez en perspex commença à se fendre devant moi s’ouvrant suffisamment large pour que je puisse me libérer et sauter dans le vide. Regardant le ciel, je vis le bombardier en feu au-dessus de moi. J’ai tiré la cordelette et la calotte de soie s’ouvrit; j’allais survivre ! Des morceaux de métal tombaient autour de moi alors que notre avion se disloquait dans sa dernière descente. Puis, il s’écrasait et les nuages se teintaient de rouge alors que je les traversais. J’ai atterri à quelques cinq Km à l’ouest de l’endroit où l’avion brûlait dans l’obscurité. J’ai enlevé la boue autour des débris de l’avion. Malgré que j’aie perdu une de mes bottes en sautant en parachute, je me suis mis à marcher. Je suis arrivé devant  un petit hangar abandonné où j’ai passé la nuit ».

Terry_Bolter_(Halifax_Fronville) TERRY BOLTER   

Deux hommes ont pu quitter l’avion à temps : F/Lt Frank. G. Shaw et F/O Terence « Terry » Frank Bolter. Les cinq autres ont péri avec le bombardier. (Une erreur a été commise sur le monument érigé à Marche: il n’y avait pas six, mais cinq victimes !). Ces cinq victimes sont enterrées au Hotton War Cimetery, pelouse V-5, sépultures 1 à 5 : Squadron Leader Herbert F. Bickerdike (21ans, pilote), F/O Robert W. Pendergrest (navigateur), Sgt R. F. Walter (21  ans, mitrailleur), Sgt William A. Cockburn (23 ans, mitrailleur), et F/O Gordon L. Hills (20 ans, mitrailleur).

René Gilet, de Melreux, avait 15 ans quand il fut témoin des faits. Voici son récit :

« Nous étions devant notre porte dans la rue de la gare quand nous aperçûmes un avion en flammes piquer vers Fronville. Le lendemain, au lieu d’aller à la gare pour rejoindre l’école à Marche, j’ai décidé de faire l’école buissonnière et de me rendre au lieu du crash. Les débris encore fumants se trouvaient à l’extrémité du vivier. La feldgendarmerie était sur place. Les Allemands autorisèrent les gens à s’approcher et même à emporter des morceaux de mica qui allaient servir à  fabriquer des bagues et des petites croix. En ce qui me concerne, j’ai trouvé une pipe d’un membre de l’équipage. Quelqu’un m’a dit qu’une paire de lunettes d’aviateur avait été trouvée dans un hangar non loin de la route de Grand-Han. J’ai décidé alors de partir à la recherche d’éventuels survivants. Dans un champ labouré, j’ai remarqué des traces qui me conduisaient vers un monticule de terre. Imaginez mon émotion quand j’ai découvert un parachute et un harnais. Je comprenais immédiatement qu’un survivant devait se cacher tout près. Mais, malgré mes efforts, je ne l’ai pas trouvé. Je suis rentré chez moi avec le parachute que les voisins sont venus admirer. Mais la soie allait vite connaître un nouveau futur ; elle a servi à confectionner des vêtements pour toute la famille. Quant au harnais, il était relégué au grenier.Je me souviens qu’il portait le nom Terry Bolter. » 

La Petite Gazette du 9 décembre 2009

UN BOMBARDIER S’ECRASE A FRONVILLE – HOTTON

Retrouvons, comme annoncé, le récit qu’en a fait Monsieur Rik Verhelle, de Bomal s/O. Rappelons que cette recherche a pour point de départ un monument présent dans le domaine militaire de Marche-en-Famenne.

«3. L’évasion de Terry Bolter : F/Lt Frank. G. Shaw et F/O Terence « Terry » Frank Bolter ont pu quitter l’avion, mais les deux survivants n’allaient plus se rencontrer. La ligne secrète d’échappement de la Résistance s’occupera d’eux. Mais cela finira mal malgré tout pour Frank G. Shaw. Le 6 juillet 1944, quatre aviateurs partent de Mettet dans un camion guidé par M. Paul Frappier, « passeur » de Comète. Un contrôle d’une patrouille routière allemande à hauteur de Spontin tournera mal et ils finiront leur périple comme prisonniers de guerre.

Terry Bolter aura plus de chance. Reprenons son récit de l’évasion.

« Le lendemain (21 décembre donc) j’ai vérifié mon équipement d’échappement à l’intérieur de ma tenue de survie dans la grange. J’avais du chocolat, de l’argent belge et français, une carte en soie, des  pilules de  purification d’eau et  une bouillotte.  La nuit          tombe vite en décembre, il fallait agir rapidement et je me suis mis à marcher dans la campagne. J’ai arrêté un cycliste qui venait dans ma direction et qui a manqué de tomber de sa bicyclette d’étonnement».
C’était à hauteur de la route de Melreux vers Grand-Han que T. Bolter entendit des gens parler en français et qu’il décida de demander de l’aide. Vers 17h.30, il accoste un fermier qui passe à vélo et lui demande de la nourriture et des souliers. L’homme à vélo était Camille Marchal qui rejoignait son domicile à Somme-Leuze. Camille ne comprenait pas ce qu’on lui disait, mais ayant connaissance qu’un avion allié était tombé dans les bois, il en déduisit que l’homme devait être un aviateur et il décida de d’aider. Camille retourna chez son père à Melreux et en revint avec une paire de souliers, puis il transporta l’Anglais sur le cadre de son vélo jusqu’à Somme-Leuze. Cependant, par mesure de sécurité, l’Anglais continuera à pied loin derrière le vélo à l’approche du patelin. Arrivé au château de Stasse, il a caché l’aviateur dans un meule de paille, puis, il est allé raconter son histoire à M. Paul Laffut, un lieutenant dans le Résistance. Après avoir identifié l’homme comme un vrai aviateur anglais, on l’a soigné et nourri au château, puis, il restera quelques jours avec la famille Marchal avant que son extradition ne soit organisée par la ligne d’échappement « Comète ».
En janvier 44, après avoir été interrogé et identifié par le réseau « Vic », Terry Bolter, accompagné d’un Résistant sûr du réseau « Zéro », est évacué en train sur Bruxelles où il sera logé (caché) jusqu’au printemps. Un jour, il échappera de justesse à un contrôle de la Gestapo, et devra changer de refuge. En mai 44, il est évacué par la Résistance avec d’autres aviateurs, des Américains, sur Paris. Ils resteront cachés chez Philippe d’Albert-Lake, le grand chef de la ligne « Comète » à Paris, (dont l’épouse (Virginia) sera plus tard arrêtée, lors d’une autre extradition secrète d’aviateurs, et envoyée au camp de concentration de Ravensbrück, mais elle survivra). L’extradition de Terry Bolter se poursuivra en plusieurs étapes avec des arrêts à Bordeaux et Bayonne. De là, accompagné de « Hugo-le-Fraudeur », un passeur expérimenté de la Résistance, il reste encore 40 Km à parcourir à vélo, des montagnes à grimper la nuit, une petite rivière qui sépare la France et l’Espagne est à traverser, mais il faut avant tout échapper aux sentinelles allemandes postées à intervalles de 50 mètres le long de la rivière. Mais ils réussiront la traversée sans encombres. Et puis, c’est la liberté.

Terry Bolter traversera toute l’Espagne, du Pays Basque jusqu’à Gibraltar, où l’Ambassade britannique le rapatriera en avion vers Whitchurch (Bristol) dans la nuit du 24 au 25 juin 44.
Après la guerre, Terry Bolter publiera le récit de son évasion « Escape from Enemy Occupied Europe« , et il retournera à plusieurs reprises visiter Camille Marchal en Belgique. »

La Petite Gazette du 16 décembre 2009

UN BOMBARDIER S’ECRASE A FRONVILLE – HOTTON

Retrouvons, comme annoncé, la fin du récit qu’en a fait Monsieur Rik Verhelle, de Bomal s/O ; je sais que sa lecture vous a passionnés et je le remercie encore pour l’ampleur de la recherche qu’il a menée et qu’il a partagée avec nous tous.

« 4. La Luftwaffe défend son territoire
Découvrons maintenant la Luftwaffe défendant son territoire.
La vague de bombardiers fut identifiée dès qu’elle passa la côte anglaise en direction de l’estuaire de l’Escaut. Les premiers bombardiers franchirent la côte hollandaise à 18h.00. Etant donné que la visibilité était bonne, la chasse de nuit fut alertée et les premiers éléments du 3JD furent dirigés par radar vers la vague de bombardiers.
En plus de cela, quelques 80 chasseurs de nuit étaient déjà opérationnels et patrouillaient au-dessus de la Hollande et la Belgique.
Le 1er Jagdkorps « scrambled » comptait 177 chasseurs de nuit Me-110 et constitua deux forces. La première, commandée par la 1e Jagddivision, se rassembla au-dessus des radiobalises « Philipp » (région de Paderborn) et « Otto » (région de Frankfort), tandis que la deuxième force, sous commandement de la 2e Jagddivision, se dirigea vers l’ouest de Berlin. Il fut vite établi que la vague de bombardiers progressait dans la direction sud-est, mais les Allemands n’avaient, à ce moment, pas de certitude sur l’objectif de la RAF. Ils prenaient donc leurs précautions contre un éventuel bombardement lourd sur leur capitale.

La Luftwaffe eut son premier contact avec les bombardiers à 18h.19  au sud des Pays-bas et quelque 30 interceptions furent rapportées entre Gilze-Rijen et Frankfort.  Dix bombardiers furent détruits.  Entre-temps,          les contrôleurs radar firent rejoindre les chasseurs de « Philipp » vers la balise « Otto » au nord-est de Frankfort. A 19h.24 précises, des marqueurs furent largués sur Frankfort, et les bombes tombèrent sur la ville  de 19h.24 à 20h.05. Mannheim fut bombardée 4 minutes avant le raid sur Frankfort ce qui fit croire aux Allemands que deux cibles principales allaient subir un bombardement simultané. Mais il s’avéra assez vite que Mannheim ne constituait qu’une attaque de diversion et quelques chasseurs seulement y furent envoyés.
Le premier combat au dessus de Frankfort eut lieu à 19h.37, treize minutes après le début du bombardement. Seize engagements eurent lieu et se soldèrent par la perte sept bombardiers de la RAF. A ce moment, les chasseurs de « Philipp » arrivèrent au dessus de « Otto » et les combats firent rage jusque sur Koblenz (sur le chemin de retour de Bomber Command). Quand la flotte eut atteint de nouveau la côte des Pays-Bas, quelques 50 interceptions avaient eu lieu, provoquant la perte de 25 bombardiers.
Revenons-en aux 80 chasseurs de nuit Me-110 patrouillant au-dessus de la Belgique et des Pays-Bas. Eux n’ont pu descendre qu’un seul bombardier retournant de Frankfort. C’est celui que Oblt Wilhelm Henseler du 4/NJG1 intercepta à 20h.43  à une altitude de 5000 mètres dans le secteur « Murmeltier » (cela veut dire Marmotte), et qui alla s’écraser à Fronville (Hotton) près de l’ancien vivier. Oberleutnant Wilhelm Henseler du 4/NJG1 marqua ici sa 4ème victoire (il en aura 11 à la fin de la guerre) en abattant le Halifax LL125.

Bilan de ce 20/21 décembre 43: La Luftwaffe avait perdu neuf chasseurs dont seulement deux au combat, et six autres dus à des problèmes mécaniques ou à un manque de carburant. Après évaluation, la Luftwaffe fut créditée de 43 victoires confirmées et de 6 probables. Ceci était légèrement surestimé car la RAF ne perdit, en réalité, que 42 bombardiers (27 Halifax et 14 Lancaster au dessus du Continent, et 1 Stirling en mer). Mais il faut augmenter ce bilan de 16 autres bombardiers qui ont réussi à rejoindre l’Angleterre, malgré des dégâts très sévères, et qui alourdiront le bilan final.
Ce 20 décembre 1943, six bombardiers se sont écrasés en Belgique: deux Halifax dont un à Rodenbos (frontière belgo-allemande) et l’autre à Sint-Truiden; et quatre Lancaster : un à Fouron-Saint-Pierre à 19h.10 abattu par Oblt Werner Baake, un à Baugnez (Malmédy) abattu à 19h.22  par Hauptmann Hans-Karl Kamp, un à Merbes-le-Château (Liège) à 20h.29 descendu par Hauptmann Kurt Fladrich, et un près de Diest qui fut malencontreusement touché par les mitrailleurs d’un autre Lancaster. »

Tombes_crash_FronvilleLES  TOMBES DE CES AVIATEURS

Maintenant que nous en avons terminé avec l’évocation de cette bataille aérienne et de ses conséquences, nous allons pouvoir évoquer la genèse du monument commémoratif élevé dans le domaine militaire de Marche-en-Famenne. En effet, je viens de recevoir une communication très détaillée de celui qui est l’instigateur de l’érection de ce monument, M. Michel Lecarme, de Marche-en-Famenne. Grâce à lui, nous pourrons compléter les précieuses informations fournies ces dernières semaines grâce à l’enquête minutieuse de M. Verhelle.

VOUS ETES VRAIMENT DES LECTEURS TRES ATTENTIFS…

Monsieur Michel Leduc revient, avec beaucoup d’à-propos  sur l’épisode 2 du récit de M. Verhelle car il est, m’écrit-il, «  resté en arrêt devant la photo de l’aviateur, car elle était inversée… (N.D.L.R. Il avait tout à fait raison, cette erreur avait été commise au montage de la page car je n’ai jamais eu que le cliché paru ci-dessus et donc à l’endroit !)

Cela se remarque aisément à l’aile (unique, donc pas un pilote), qui se porte sur le côté gauche de la poitrine. De même les barrettes des médailles. Comme ce navigant est tout de même titulaire de la Distinguished Flying Cross (représentée par les diagonales pourpres), je pense que c’est la moindre des choses de lui rendre son aspect initial.

En Grande-Bretagne, cette distinction, réservée au personnel de la Royal Air Force et assimilés, pour acte de courage à l’ennemi, était attribuée dès le grade de Warrant Officer (Adjudant). Cette distinction, comme d’autres, donne le droit de faire figurer les initiales DFC à la suite de son nom. Ce dont les britanniques ne se privent pas…

DFC

1.100 ont été décernées lors de la Grande Guerre. 20.354 DFC ont été attribuées pendant la Seconde Guerre Mondiale. 964 à des personnels hors Commonwealth dont un certain nombre de Belges. Malgré une recherche (sommaire), je ne suis pas en mesure de vous dire combien. Toutefois, le premier aviateur à la recevoir fut Jean Offenberg dit Piker, le Peïke de Bruxelles à la sauce (à la menthe) anglaise, dont je joins une photo souriante dans son Spit au 609 Squadron.

Jean_0ffenberg_dit_Piker

Les Belges ont eu deux squadrons dédiés, le 349 et le 350 (le premier chiffre 3 étant réservé dans la RAF aux squadrons étrangers homogènes) mais un certain nombre de nos pilotes ont préféré être intégrés dans d’autres unités pour des raisons qui leur appartenaient.

La devise du 609 était « TALLY HO », en bon français « Taïaut », tout un programme…
Jean Offenberg, un des « Few » n’a pas survécu au conflit.

Si cette distinction a été créée en 1918, il a fallu attendre 2008 pour que la première femme, la Flight Lieutenant Michelle Goodman, soit ainsi honorée. »

Merci pour ce légitime souci de précision.

La Petite Gazette du 23 décembre 2009

L’HISTOIRE DE CE MONUMENT

En voir la photographie avec le premier volet de cette série d’articles.

Comme promis, je vous livre maintenant les renseignements qui viennent compléter les résultats de l’enquête menée par M. Verhele au sujet de ce monument élevé au cœur du camp militaire de Marche-en-Famenne. J’ai, en effet, pu compter sur la précieuse collaboration de M. Michel Lecarme, l’instigateur de sa construction. M. Lecarme est arrivé au camp de Marche en 1975 avec le grade de 1er Sgt et y a été pensionné, en 1997, au grade d’adjudant-chef. Durant toutes ces années, il occupa la même fonction : chef de peloton plaine.

« Les bois de la croix sont deux poutres en chêne provenant d’une ferme démolie de Focagne, un hameau de quatre ou cinq fermes exproprié dans les années septante car intégré dans le domaine militaire. Sur cette croix, il y a un crucifix qui provient du grenier de ma grand-mère et que j’ai récupéré lors de son décès. Le Christ provenait du cercueil de mon grand-père que je n’ai pas connu car il a été tué en 1935 ; ma grand-mère l’avait toujours gardé !

Le bloc de granit vient de la carrière de Marenne qui en avait fait cadeau. La plaque de fer a été peinte, avec les lettres, par le CLC Gailey du peloton plaine de l’unité Camp Marche.

Les pierres au pied de la croix ont été récupérées du pont situé sur le chemin de la ferme du Bois à Baillonville (Haie du cerf). Lors de la construction de la Tanktrack, le Génie a construit un nouveau pont, donc l’ancien a été démonté et le matériel récupéré par le peloton plaine et stocké.

En 1992, lors d’une rencontre près de cet endroit avec le responsable des Eaux et Forêts, M. Piret, de Fronville, en parlant de choses et d’autres, il m’appris qu’il y avait là un Christ et une plaque de fer rappelant qu’un Halifax était tombé là en 1943.

A l’aide d’un détecteur de métaux, j’ai retrouvé une partie du Christ et la plaque de fer, j’étais donc au bon endroit. Il ne me restait plus qu’à demander l’autorisation à mon chef de corps de l’époque de reconstruire un monument rappelant les faits. Le Major me dit qu’on y penserait peut-être plus tard et donc, de temps en temps, je lui rappelais mon idée. En 1997, il marqua son accord pour que débutent les travaux. Mes fonctions me donnaient le matériel et le personnel nécessaires et, bénéficiant de la carte blanche donnée par mon chef, le monument put être construit comme je l’avais imaginé. Il fut bien inauguré, en 1997, en même temps qu’un stand de tir. »

Voilà que, grâce à la Petite Gazette, nous avons reconstitué toute l’histoire de ce monument et de ce qu’il rappelle. Un grand merci à M. Lecarme.

 

 

UN HALIFAX EST TOMBE A TELLIN LE 3 DECEMBRE 1942

La Petite Gazette du 15 décembre 2010

UN HALIFAX EST TOMBE A TELLIN LE 3 DECEMBRE 1942

Cette enquête, menée, encore une fois de main de maître par M. Verhelle, de Bomal s/O, a pour origine une rencontre entre une personne hollandaise, M. Haex, et Mr David McCallum lors d’une réunion de 102 Sqdn à Pocklington, au Royaume-Uni. David McCallum est le fils de Thomas McCallum, qui était un tireur d’air sur le Halifax II W7913 qui s’est écrasé, le 3 décembre 1942, quelque part entre Resteigne et Grupont (commune de Tellin). M. Haex a promis à Mr McCallum de l’aider à essayer de situer l’emplacement exact de la chute de cet avion dans lequel se trouvait son père. En effet, David McCallum vit mal le fait de ne pas savoir exactement où son papa perdit la vie…

McCallum

 

«  Thomas MacCallum dont le fils, David, aimerait que vous lui indiquiez où il a perdu la vie le 3 décembre 1942. Ce document m’a été transmis, à la fois, par MM. Haex et Verhelle

 

M. Haex prit contact avec la commune de Tellin dans l’espoir d’y glaner quelques informations et Mme Annick Lamotte, secrétaire communale, s’est adressée à La Petite Gazette. C’est donc à vous qu’il revient maintenant d’essayer l’endroit exact de la chute de ce Halifax.

Dès la semaine prochaine, grâce aux documents confiés par M. Verhelle, je pourrai vous conter l’histoire et la fin tragique de cet appareil britannique.

 La Petite Gazette du 22 décembre 2010

UN HALIFAX TOMBE A TELLIN LE 3 DECEMBRE 1942

Je vous rappelle que cette enquête a pour origine une rencontre entre une personne hollandaise, M. Haex, et Mr David McCallum lors d’une réunion de 102 Sqdn à Pocklington, au Royaume-Uni. David McCallum est le fils de Thomas McCallum, qui était un tireur d’air sur le Halifax II W7913 qui s’est écrasé, le 3 décembre 1942. M. Haex a promis à David McCallum d’essayer de découvrir où, exactement, son papa avait trouvé la mort. Il s’est adressé à l’administration communale de Tellin qui, par l’intermédiaire de sa Secrétaire communale a pris contact avec La Petite Gazette. Evidemment, c’est vers un de mes correspondants,  spécialistes de l’aviation militaire de la Seconde Guerre Mondiale, que je me suis tourné, Monsieur Rik Verhelle qui tient à préciser d’emblée :

« Il m’a été impossible de situer l’endroit exact de l’impact, mais c’était quelque part entre le Resteigne et Grupont (dans la commune de Tellin). La seule façon d’éclaircir cette incertitude est de s’adresser aux gens du village même. Je joins quelques photos qui ne servent qu’à illustrer l’histoire car je n’en ai pas trouvé de l’avion en question. Par contre, les photos de l’équipage sont bien celles des hommes ayant péri dans cet avion, de même que les photos du Sgt Thomas McCallum.»

Voici la première partie de son récit :

« Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1942, Frankfort était l’objectif de la RAF. Bomber Command envoyait une armada fort de 112 bombardiers       (48 Halifax, 27 Lancaster, 22 Stirling, 15 Wellington).  Les « Pathfinder » n’ont pas réussi à localiser l’objectif car il était couvert et les explosifs ont raté leur cible. Toutes les bombes sont tombées dans les champs au sud-ouest de la ville.
Les Britanniques ont perdu six bombardiers lors de ce raid aérien, soit 6.5% des forces engagées :
Trois Halifax du 102 Squadron :
W7884 DY- ?, tombé près de Mannheim (Allemagne), 2 morts et 5 prisonniers;
W9716 DY- ?, tombé près de Laon (France), 3 morts et 3 prisonniers, 2 évadés;
W7913 DY-C, tombé à Tellin (Belgique), 8 morts;
Un Lancaster un 103 Squadron : W4339 PM-M, tombé en Allemagne, 7 morts;
Un Stirling du 75 Squadron : BK618 AA-Q, tombé à Trier (Allemagne), 2 morts et 6 prisonniers;

Un Wellington du 115 Squadron, 8K338 KO-A, tombé en Allemagne, 5 morts.
Le Handley Page Halifax qui est tombé à Tellin appartenait au 102 Squadron du Bomber Command.

Eccuson_du_102_SqnECUSSON DU 102 SQUADRON

Il avait sa base à Poklington depuis août 1942, d’où il a décollé le 3 décembre à 01hr45. Le bombardier a été intercepté à 03hr35 précises, à une altitude de 4500 mètres par un chasseur de nuit de la Luftwaffe, piloté par Uffz Dieter Erichsen, appartenant au Zweite Staffel / NachtJägerGeschwäder Vier (2./NJG4).
L’avion est tombé à Tellin, entre les villages de Resteigne et Grupont. Aucun des huit membres de l’équipage n’a survécu à ce crash. Ils sont enterrés au cimetière communal de Florennes. Il s’agit de
1. Flight Sgt Harry Morrisy, pilote, Américain, R/100533, 25 ans.
2. Sgt Robert Francis Hughes Kenyon, 1391871, âge inconnu.
3. Sgt John Martin Beart Albrecht, ingénieur de bord, 599046, 23 ans marié                    avec Betty Joan Mary de Exeter.
4. Pilot/Officer Donald Edward Pike, 120581, 27 ans,
marié avec Dorothy M. de Bristol.
5. Sgt Erlin Leslie Ross Brown, 1363694, 30 ans,
marié avec Frances Eileen de Welford.
6. Sgt George Allen Robson, 1002130, 27 ans, opérateur-radio,
marié avec Barbara
7. Sgt John William Taylor, 1390639, 21 ans, mitrailleur,
marié avec Doris Anne de London.
8. Sgt Thomas McCallum, 965300, 22 ans, mitrailleur,
marié avec Doris Maude de Inverness.

Certains_..

La Petite Gazette du 29 décembre 2010

UN HALIFAX TOMBE A TELLIN LE 3 DECEMBRE 1942

Je vous rappelle que cette enquête a pour origine une rencontre entre une personne hollandaise, M. Haex, et Mr David McCallum lors d’une réunion de 102 Sqdn à Pocklington, au Royaume-Uni. David McCallum est le fils de Thomas McCallum, qui était un tireur d’air sur le Halifax II W7913 qui s’est écrasé, le 3 décembre 1942.

Halifax_B_II

Halifax B II

Evidemment, c’est vers un de mes correspondants,  spécialistes de l’aviation militaire de la Seconde Guerre Mondiale, que je me suis tourné, Monsieur Rik Verhelle :

« Le pilote allemand, Dieter Erichsen (le pilote du chasseur de nuit de la Luftwaffe qui intercepta le bombardier à 03hr35 précis, à une altitude de 4500 mètres), marqua ici sa première victoire aérienne. Il finira la guerre avec un score final de quatre avions alliés abattus. Il a été abattu à son tour dans la nuit du 18 au 19 mars 1945 lorsqu’il fut intercepté par un Mosquito au moment où il atterrissait avec son avion. Dieter Erichsen fut grièvement blessé; on ne sait s’il a survécu.

Uffz_Dieter_Erichesen_du_2.NJG4 Uffz Dieter Erichsen

Le Halifax W7913 était une version Mk II, faisait partie d’un lot de 200 avions livrés par les usines de Handley Page entre le 20 octobre et le 13 décembre 1942.
Le 102 RAF Squadron était une unité appartenant au N°4 Group du Bomber Command. 102 Squadron et était surnommé le « Ceylon » Squadron. Son devise était (en Latin) « Tentate et Perficite » ce qui veut dire « Tenter et Atteindre ». L’unité a été créée en 1935. La dernière mission opérationnelle fut accomplie le 25 avril 1945 avec bombardement des batteries côtières sur l’île de Wangerooge.
Entre le 8 mai 1945 et le 28 février 1946 il passa du Bomber Command au Transport Command où il sera converti sur Consolidated Liberator B-24 à Bassingbourn. La mission fut le rapatriement de troupes et de prisonniers de guerre de l’Inde.
Il fut dissous le 28 février 1946 à Upwood.
Pendant la guerre, 102 Squadron a totalisé un nombre de 1015 morts, 319 ont été faits prisonniers, 47 ont été grièvement blessés, et 22 ont pu échapper aux Allemands ou se sont évadés de captivité. Il a largué 14.118 tonnes de bombes et posé 1.865 mines.
102 RAF Sqn fut successivement opérationnel sur Handley Page Heyford Mk II & III (oct ’35 – mai ’39), Armstrong Whitworth Whitley Mk V (oct ’39 – fev ’42), Handley Page Halifax B II (dec ’42 – mai ’44), Mk III (mai ’44 – sep ’45), Mk VI (jul ’45 – sep ’45), Consolidated Liberator B-24 Mk VI & VIII (sep ’45 – fev ’46).

P.S. « Pilot Officer » et « Flying Officer » ne désignent pas par définition la fonction d’officier pilote. P/O et F/O étaient, au sein de la Royal Air Force, des grades d’officiers faisant partie du personnel navigant. Les équivalents à l’Armée belge sont « Sous-Lieutenant » et « Lieutenant ».

Le Halifax de Thomas McCallum  est tombé à Tellin, entre les villages de Resteigne et Grupont. Aucun des huit membres de l’équipage n’a survécu à ce crash. Ils sont enterrés au cimetière communal de Florennes. »

Florennes..

Les tombes des membres de l’équipage au cimetière de Florennes

La Petite Gazette du 5 janvier 2011

AU SUJET DU HALIFAX DE TELLIN

Monsieur Ph. Slégers, de Rhisnes, nous apporte à son tour ses souvenirs et des informations : « C’est avec le plus grand intérêt que j’ai pris connaissance de l’article dans « La Petite Gazette » relatant les recherches entreprises pour retrouver l’endroit précis où est mort Thomas MacCallum dans son Halifax.

Avant de vous dire le peu que je sais sur cette affaire, je voudrais rappeler que grâce à  l’arrivée des Alliés, les dégâts moraux et physiques, les atrocités parfois bestiales et les vicissitudes de tous genres dues aux Allemands  furent stoppées.  Je veux encore et toujours leur dire merci.  Malheureusement  de nombreux soldats sont morts pour enrayer ce fléau et aujourd’hui c’est bien d’un des leurs qu’il s’agit. Je suis né à Tellin et le 3 décembre 1942, j’avais 5 ans et 2 mois.  Donc comprenez que de cet évènement je n’ai que peu de souvenirs. Toutefois, veuillez noter ce que notre historien local, le célèbre Victor Enclin écrit en page 27 de son livre « Ma seconde guerre, journal d’un encerclé » :

JEUDI, 3 DECEMBRE 1942

Dès 2 heures du matin, remue-ménage d’avions.  Pendant la journée les gens vont

voir l’avion anglais tombé en flammes entre Resteigne et Ave.  Huit Tués.

S’agit-il de cet avion ?  Il doit toujours exister à Tellin des personnes qui sont allées voir cet avion

Pour qui connaît la topographie locale, « entre  Resteigne et Ave » ne correspond pas à « entre Resteigne et Grupont » cité dans l’article de presse.  Mais la relation de Victor Enclin reste  interrogative.

Par ailleurs je me souviens être allé voir les restes d’un avion. Mais mes souvenirs sont diffus.  Je crois me rappeler que c’était  en contrebas de « La croix de Javalle » au fond du « pré d’amour ».  Je vois encore des morceaux d’avion ; moi et mon frère nous sommes revenus avec un de ces morceaux.  En quelle année ?  Je n’en sais plus rien.  Sachez qu’après la guerre il y avait de très nombreuses pièces de guerre un peu partout … que très rapidement les ferrailleurs de l’époque ont récupérées. »

J’espère que d’autres lecteurs se manifesteront et que, bientôt, nous pourrons déterminer, avec précision, l’endroit où cet avion est tombé.

La Petite Gazette du 12 janvier 2011

VOUS AVEZ REAGI A L’APPEL LANCE A PROPOS DU HALIFAX DE THOMAS MACCALLUM

Monsieur Marcel Lardin, de Grandhan, nous livre les informations en sa possession au sujet de la chute du Halifax W7913 et surtout sur le lieu de la chute : « Le W-7913 se serait crashé à Resteigne au lieu-dit « Les Brulins« . Il y a un lotissement de chalets à cet endroit actuellement. Il fut abattu par un Me-110 du 2/NJG 4 de Florennes dont l’équipage était composé de Dieter Erichsen et Willi Janus. Les membres de l’équipage du Halifax ont été les premiers alliés enterrés à Florennes. »

Madame Annick Lamotte, Secrétaire communale de Tellin, a, elle aussi, reçu d’intéressantes informations : « Je viens d’avoir, m’écrit-elle, une conversation très intéressante avec Monsieur Arsène Davreux, habitant de Nassogne, mais originaire de Ave et Auffe, 88 ans et aîné d’une famille de 10 enfants. Son père était Secrétaire communal à Ave à l’époque. Il a lu l’article concernant la recherche du lieu de chute de ce Halifax et a réagi auprès du Bourgmestre de Tellin.

Il a entendu l’explosion de l’avion en vol la nuit de l’accident et s’est rendu sur place le lendemain avec son frère et son père. Des débris étaient répandus sur plusieurs centaines de mètres. Après le départ des Allemands, ils y sont retournés et ont même, m’a-t-il dit, enterré quelques ossements retrouvés sur place. Il a encore des souvenirs très précis de cet évènement, notamment des gants en cuir avec fermoir « éclair » retrouvés sur place et emportés par un certain François Lefèvre d’Auffe, décédé sans enfants. Ces gants étaient marqués au nom de « Mauricy« , le nom du pilote cité dans l’article. Il me parle également d’un grand trou dont ils ont essayé d’extraire des hélices? Peut-être d’une bombe me dit-il ? »