





Les toutes nouvelles installations de la brasserie Elfique sont en voie de parachèvement à Raborive (Aywaille), dans un site remarquable à différents points de vue. Cette nouvelle ligne de production va incessamment voir le jour à l’ombre des somptueuses ruines du donjon de Neufchâteau-sur-Amblève et en face de la célèbre fermette dite de la Mohinette, dont Marcellin Lagarde a raconté l’histoire. Ce site est, en outre, un lieu chargé d’histoire puisque c’est sur les terres s’étendant entre Florzé, Raborive, Martinrive et Rouvreux que Jacky Jacobs (✝), René Jacobs et René Henry, les auteurs de cette étude parue dernièrement, ont localisé « Le Berceau industriel d’Aywaille et de Sprimont ». Pareille affirmation surprendra sans doute celles et ceux qui ne connaissent pas encore la richesse industrielle de ce petit territoire partagé aujourd’hui entre les communes d’Aywaille et de Sprimont mais qui, jusqu’en 1794, relevait de plusieurs seigneuries et états différents.
La richesse du sous-sol, l’Amblève navigable et productrice d’énergie et la réunion des limites de ces seigneuries et de ces états furent identifiés comme de véritables atouts par d’audacieux entrepreneurs il y a près d’un demi-millénaire déjà.
Bien avant qu’on y exploite la pierre et le sable, ce petit territoire vit se développer une importante industrie métallurgique, on y exploita aussi l’alun, une matière première d’une importance capitale aux XVIIe et XVIIIe siècles. Emblève connut ensuite une importante verrerie où se fabriquaient les bouteilles à eau de Spa et à eau de Bru, produits essentiels au développement d’un très important commerce. Là ne s’arrête pas la liste des « usines » qui s’élevèrent en ces lieux : un imposant moulin à quatre roues produisit du papier, il fut même question d’y installer une manufacture de draps.
Ce fut ensuite l’industrie de la pierre qui investit les lieux et ce sont d’ailleurs de magnifiques bâtiments de cette époque qui verront très bientôt grandir et se développer considérablement la brasserie Elfique.
Toutes ces activités dopèrent l’économie locale en réclamant aussi une main-d’œuvre importante pour acheminer, par voie terrestre et par voie d’eau, les matières premières vers ces industries et pour en transporter les produits finis.
Guidés par les auteurs, vous partirez à la découverte de toutes ces entreprises; ils vous mèneront en outre à la rencontre des étonnante facettes des personnalités qui investirent tant en ces lieux : les de Hauzeur, les Desandrouin, les Penay… et, plus proches de nous, les Marcellis par exemple. Ces représentants de grandes familles d’industriels ou de commerçants hennuyers, liégeois ou verviétois vous seront mieux connus grâce aux très nombreux documents présentés dans cet ouvrage : des pièces de procès, des actes officiels, des testaments… Vous les verrez alors comme ils étaient vraiment : de véritables précurseurs du capitalisme.
Ce nouvel ouvrage de la collection P.A.C. Aywaille est édité par la maison liégeoise Dricot, gage de qualité, il a été officiellement présenté le 5 mai dernier. Il compte 122 pages au grand format (A4) et recèle plus de 70 illustrations pour la plupart tout à fait inédites et dont certaines sont présentées en pleine page et en quadrichromie.
Vous pouvez bien entendu acquérir ce livre en versant 25€ (Frais de port inclus) sur le compte bancaire BE29 0682 0895 1464 de P.A.C. Aywaille à 4920 Aywaille avec la communication « Berceau industriel ».
On ne compte plus les alléchantes propositions d’expositions, de visites guidées, de conférences… qui vous sont proposées lors du prochain weekend des Journées du Patrimoine. La Petite Gazette a choisi de vous en présenter une sélection qui, je le sais, devrait vous intéresser.
A AYWAILLE
Le thème de cette année se déclinera sous l’angle de l’exploitation carrière. Dans les locaux de l’Administration communale, il vous sera proposé une exposition de documents vous montrant comment les maîtres carriers ont pu se frayer les voies, rapides et sécures, publiques ou privées, vers nos carrières. Cette exposition sera accessiblement librement les samedi 9 et dimanche 10 septembre, de 10 à 17h.
Le vendredi à 19h., au même endroit et au cœur même de l’exposition, j’aurai l’immense plaisir de donner une conférence au cours de laquelle René Henry vous montrera comment les maîtres carriers ont réussi à se frayer ces voies. Il y sera question de batellerie, de chemins de fer, terrestres ou aériens et, bien sûr, de chemins et de routes qui bouleversèrent nos paysages.
« Document extrait des collections de René Henry »
Contrairement à ce que l’on s’imagine, l’exploitation industrielle de la pierre de chez nous ne remonte pas au-delà des années 1830-1840, à Florzé précisément. Très vite, l’essor de cette industrie, pourvoyeuse de très nombreux emplois locaux, provoqua des bouleversements tangibles de nos paysages locaux. On pense d’emblée au flanc des collines éventrés mais bien d’autres aspects paysagers et environnementaux furent modifiés. Un nombre toujours croissant d’exploitations allait de pair avec la nécessité de pouvoir acheminer les produits, bruts ou finis, issus de cette activité extractive. Les lieux d’exploitation n’étaient pas toujours accessibles à un important charroi, il fallut dès lors créer ces voies d’accès. Dans notre région et dans notre commune bien des moyens furent mis en œuvre pour assurer la circulation la plus aisée possible de ces produits dont le poids est, sans doute, un des éléments majeurs. Nos anciens sites carriers conservent le souvenir de ces voies nouvelles imaginées par nos ingénieux aïeux. En plus de la voie d’eau utilisée depuis des siècles déjà, la voie ferrée fut largement mise à contribution quelle qu’en soit la forme ou le statut : chemin de fer de l’Etat, réseau vicinal, réseau privé et même lignes aériennes sillonnèrent nos coteaux et franchirent nos vallées alors même que le réseau routier se développait considérablement en raison des transports nombreux qu’il devait supporter mais aussi parce que, attirée par le travail qu’offrait les carrières, la population et les zones d’habitat se développaient.
A ESNEUX-TILFF
A PROPOS DE LA BATELLERIE ET DU CANAL DE L’OURTHE…
C’est ce sujet que l’asbl Le Vieil Esneux, le Contrat Rivière Ourthe, les R.S.I. de Tilff et d’Esneux et la Commune d’Esneux ont choisi de développer lors des toutes prochaines Journées du Patrimoine. Le programme est alléchant et ne manquera d’attirer un public passionné : une exposition au château Brunsode (du 9 au 13 septembre), des balades à pied et à vélo à la découverte des vestiges du canal (les 9 et 10 septembre à 14h.) et une conférence de Géry de Pierpont, le samedi à 20h., sur le thème : L’aventure du Canal de Meuse & Moselle à travers les Ardennes, il y a 185 ans. Un souterrain pour bateaux, sous la frontière luxembourgeoise…
Géry de Pierpont est archéologue de formation (ULg) et « passeur de patrimoine » par passion. Ancien responsable du programme patrimoine architectural de la Fondation Roi Baudouin et coordinateur européen des Journées du Patrimoine, il fut durant cinq ans le responsable du musée BELvue, dédié à l’histoire de la Belgique et de sa Dynastie, puis chargé de la communication de la Maison des Auteurs de Bruxelles. Après avoir lancé le site de tourisme culturel « intoHistory », pour la promotion des logements dans l’histoire, il travaille aujourd’hui pour la Fondation Eglises Ouvertes. Les curieux d’histoire apprécieront son roman « La Rivière contrariée », consacré à l’épopée du Canal de Meuse et Moselle.
Une manifestation que les amateurs de cet important aspect de notre histoire régionale auront à cœur de ne pas manquer.
A GOUVY, LIERNEUX, STOUMONT, TROIS-PONTS et VIELSALM
« 150 ans du rail en Haute-Ardenne », cela se célèbre dignement !
Au programme des festivités, ces samedi 9 et dimanche 10 septembre, conférence, expos, visites guidées, spectacles historiques pour les familles, concerts à Gouvy, Lierneux, Trois-Ponts, Stoumont et Lierneux.
En ce 19ème s., siècle de la révolution industrielle, l’Ardenne est considérée comme la « Sibérie belge. »
Les récits des auteurs romantiques qui découvrent la région s’apparentent à des aventures dignes de la conquête de terres inconnues. L’Ardenne parait lointaine pour le reste du pays. La diligence permet certes de s’y rendre mais là aussi, le terme d’épopée n’est pas usurpé. Le rail, promis par le Roi Léopold Ier va lever ces frontières théoriques au sein de notre pays. Il va s’avérer être un merveilleux vecteur d’émancipation pour la région ardennaise. Sur le plan économique, social et celui des idées.
Ainsi le 20 février 1867 marque le début d’une ère nouvelle pour notre région ; durant les 3 dernières décennies du 19ème s. et la 1ère moitié du 20ème s., les voies de fer irriguèrent progressivement nos vertes vallées, reliant nos bourgades et villages aux grands centres industriels et névralgiques nationaux et internationaux. Les métamorphoses et impacts sur cette région furent multiples et inégaux.La place grandissante donnée à la voiture, la fermeture progressive des charbonnages et les difficultés rencontrées par la sidérurgie détricotent progressivement cette voie de fer dont subsiste, depuis 1959, uniquement la ligne 42 !
Sa 09 à 19h30, à l’Espace culturel de Trois-Ponts, sera donnée la conférence inaugurale et introductive « Le rail, vecteur d’émancipation de l’Ardenne ». En analysant le cas du nord de la province de Luxembourg et du sud de celle de Liège, J.-M. Bodelet (historien) remettra en perspective ce que fut « l’âge d’or du rail. » . A l’issue de la conférence, un verre de l’amitié sera offert à l’occasion des 150 ans de l’inauguration du chemin de fer Spa-Gouvy, 1ère ligne de chemin de fer qui traversa notre région !
Di 10 de 9h à 18h, à Gouvy, Lierneux, Stoumont, Trois-Ponts, Vielsalm, vous pourrez profiter d’un circuit guidé en 5 étapes accessible en car (sur réservation !) ou librement.
Au programme : expos, visites guidées, conte historiques par la cie Sandra Proes, animations, visites sur site, concerts
Stoumont « Exceptionnel ! Une exploitation minière (extraction de manganèse) en Ardenne liégeoise » : expo et visites guidées 9h, 11h, 16h.
Lierneux « Quand le tram ouvrit nos villages »: expo et visites guidées 10h30 ( avec conte historique), 14h
Vielsalm « Vielsalm, à la croisée du rail depuis 150 ans ! »: expo et visites guidées 10h30, 13h (avec conte historique), 15h30
Trois-Ponts « L’âge d’or d’un village né du train ! »: expo et visites guidées à 10h, 14h30 (avec conte historique), 17h
Gouvy « Gouvy, nœud ferroviaire »: expo et visites guidées 10h, 14h, 16h30 (avec conte historique)
Di 10 à 19h30, dans la grange tout à côté du Château de Rahier, clôturez cette belle journée en compagnie du groupe Chat Pitre quartet pour un concert de « Jazz manouche ». En collaboration avec l’asbl « Les Chemins d’Elise »
Je vous invite à consulter le programme complet ci-annexé.
Infos pratiques
Info & rés obligatoire : avant le 7 septembre > places limitées pour la formule en car (50 places) et pour le conte historique tout public (50 places).
Espace culturel de Trois-Ponts 080/29.24.60 ou 0471-226883- Espaceculturel3ponts.jimdo.com
PAF : circuit > parcours en bus et animations gratuites.- sauf repas à votre charge
La Petite Gazette du 9 novembre 2011
UNE PHOTO EXCEPTIONNELLE PRISE A REMOUCHAMPS IL Y A PLUS DE 90 ANS
Monsieur Freddy Lawarrée me demande de vous questionner au sujet de cette magnifique photographie prise, le 22 février 1921, par le photographe Weber, à Remouchamps, sans doute à la gare. Il est vraisemblable qu’il n’y a plus guère de témoins directs de ce transport exceptionnel, mais je pense que son caractère d’exception justement aura laissé des traces dans les mémoires et aura peut-être conduit les témoins d’alors à en parler longtemps après encore…
Questionné par mes soins, Monsieur Michel Bartholomé, d’Aywaille, avance d’emblée quelques très intéressantes pistes de réflexion. Alors que je lui demandais si l’énorme cylindre attelé à ce magnifique tracteur ne serait pas un élément de concasseur, il me répondit :
« Pour moi, il s’agit d’une chaudière à vapeur industrielle.
Aurait-elle été fabriquée dans la région (vallée de la Vesdre) puis amenée en gare de Remouchamps pour expédition ou plutôt, amenée à Remouchamps pour être montée dans les installations de la carrière de la Falize par exemple.
Il y avait sur la route du halage une petite centrale électrique dont il ne reste plus que des ruines actuellement, c’est peut-être là qu’elle a été installée ou encore au concasseur qui se trouvait en face de l’école Saint-Raphaël. Il faudrait pouvoir connaître l’identité du personnage qui est à l’extrême droite sur la photo. »
Reconnaitra-t-on ce monsieur fumant le cigare ou le chef de gare afin de confirmer que c’est bien à Remouchamps que la photo a été prise ?
En effet, un concasseur a bien été installé en face de l’institut Saint-Raphaël et il était alimenté grâce au chemin de fer aérien qui le reliait à la carrière de la Falize, mais on n’en parle que durant l’été 1922 et ce n’est qu’en mars 1923 que l’Arrêté Royal l’autorisant est signé par le Ministre de l’Industrie et du Travail, Moyersoen. Il est fort peu probable que la machinerie ait été commandée et livrée deux ans plus tôt… Par contre, il serait intéressant de savoir quand a été équipée ou rénovée la petite centrale électrique le long du halage… j’espère que vous vous passionnerez pour cette recherche.
La Petite Gazette du 23 novembre 2011
A REMOUCHAMPS, IL Y A PLUS DE NONANTE ANS…
Vous vous souvenez sans doute de cette merveilleuse photographie nous présentée par Monsieur Freddy Lawarrée, d’Aywaille et présentant un convoi exceptionnel prêt à prendre la route devant, vraisemblablement, la gare de Remouchamps. L’enquête avance progressivement…
Messieurs Michel Bartholomé et Geogeo Weber, d’Aywaille, ont mené une minutieuse enquête qui leur a permis de réunir quelques intéressantes informations :
« En zoomant sur l’affiche présente sur la chaudière, G. Weber a pu y lire « Pirson ». Il a ensuite tapé « Pirson » dans google et a pris contact avec cette firme de Seraing qui existe depuis 1905 et qui est spécialisée, non pas dans la fabrication des chaudières, mais dans leur installation sur site.
Voici la réponse qu’il a obtenue du secrétariat :
« Il s’agit d’une chaudière fabriquée aux Chaudronneries Piedboeuf. Elle était destinée à une carrière pour y faire de la vapeur. Ce sont les seules infos dont dispose Emile Pirson (qui est né en 1920 et dont le grand-père se trouve à droite de la photo avec un chapeau) »
Une recherche menée sur Google à propos de la « Chaudronnerie Piedboeuf » a apporté ce résultat :
« Avenue Louis Piedboeuf, de l’avenue du Parc, en boucle (a.c. Embourg). Elle fait partie du lotissement des Parcs. Son nom rappelle le souvenir des anciens propriétaires du château et de son vaste domaine. A l’origine de la famille, Jacques Pascal Piedboeuf, né en 1783, à Jupille, y installa une chaudronnerie vers 1812.
De son côté, Jacques Piedboeuf créa en Allemagne, en 1833, une fabrique d’appareils à vapeur. Plus tard, la chaudronnerie, spécialité belge, sera transférée à Aix-la-Chapelle (cf. Hans Seeling – Les Wallons pionniers de l’industrie allemande. Wahle, 1983).
Louis Piedboeuf-Lovens, constructeur, notamment de matériel pour brasserie, apparaît à Embourg en 1914. Il y acquiert la belle maison « Piedboeuf » située rue de Grady. Il y demeure un certain temps avant d’acheter et d’habiter le château construit en 1878 par Adrien Dawans-Closset. Louis Piedboeuf constitue ensuite, pièce par pièce, le très vaste domaine qui sera appelé par la suite les « Parc d’Embourg ». On accédait au château par l’actuelle « avenue Ambiorix » mais, détruit par un incendie en 1944, il ne fut jamais reconstruit.
Après le décès de ses fondateurs, le domaine fut mis en lotissement en 1958. Quelques arbres remarquables, proches de l’ancien château, y sont encore visibles actuellement. »