ELSENBORN, par LEO LEYENS, LEON RENARDY ET LEO WINTGENS

Cet extraordinaire travail de recherche aura attendu plus de 20 ans dans les tiroirs des auteurs avant de voir le jour, il a donc failli ne jamais être édité et cela aurait été vraiment dommage. Heureusement, grâce aux éditions helios d’Aix-la-Chapelle, il est là et, j’en suis certain, vous aurez très envie de le découvrir.
Elsenborn, ce nom, je le sais, évoque d’emblée, pour bon nombre d’entre vous, des moments particuliers de votre jeunesse, ceux de votre service militaire et, plus spécifiquement encore, le temps des manœuvres…002.jpg
Le camp d’Elsenborn et le champ d’exercices adjacent sont utilisés, sans interruption depuis 1884. Installé par les Prussiens, le site sera ensuite occupé, en un peu plus d’un siècle d’existence, par les Belges, puis les Allemands, les Anglais, les Canadiens, les Américains et, enfin, à nouveau les Belges ; ceci justifiant amplement le sous-titre donné par les auteurs : « Instrument d’histoire européenne ».
Tout commence quand le colonel Otto von Giese, officier prussien s’étant illustrant dans les guerres contre le Danemark en 1864, l’Autriche, en 1866, et la France, en 1870-1871, est propriétaire, depuis 1889, d’une importance superficie de terrains dans les fagnes de Sourbrodt, où l’année suivant son acquisition, il emploie plus de 100 personnes à des activités agricoles, à l’exploitation de tourbières et d’une briqueterie. C’est à ce colonel qu’est confiée la mission de rechercher un vaste terrain pouvant accueillir un champ de manœuvres dans la région. Quand Elsenborn est choisi, le Reichstag alloue 2.350.000 Mark pour acquérir les terrains, irriguer les terres et élever les baraques du camp. Le village d’Elsenborn ne fut finalement pas intégré dans la zone militaire pour de seules raisons budgétaires et les limites du camp se déplacent vers l’est et le nord-est sur la commune de Rocherath. Malgré les oppositions locales, les premiers contingents militaires sont sur place en 1894 et les premières manœuvres ont lieu en août de la même année. En Belgique, la presse libérale publie son inquiétude en indiquant que ce camp constitue une vraie menace contre la neutralité de la Belgique. Les auteurs traitent ce sujet de la plus intéressante des façons, abordant cette notion de neutralité également à l’égard de la France et montrant que l’existence même de ce camp pourrait faire de la Belgique le champ de bataille entre Allemagne et France…
Ils s’intéressent ensuite à la construction et à l’évolution du camp jusqu’en 1914. Ils présentent ses structures de fonctionnement : le développement du chemin de fer et des routes, les bâtiments militaires pour la troupe et ceux pour les officiers, puis, ceux pour l’administration du camp et la zone de commandement. Toutes les installées sont détaillées, souvent illustrées : la centrale électrique, le corps de garde, l’infirmerie, la chapelle, les installations de bains, l’alimentation en eau et son évacuation mais aussi toutes les particularités du champ de manœuvres et de ses 3121 hectares. En parallèle, les auteurs expliquent et développent les conséquences de la création du site sur le développement socio-économique local et ils abordent différents projets étudiés pour le camp, qu’ils aient été abandonés, un barrage et un plan d’eau, ou qu’ils aient bel et bien vus le jour : un aérodrome !
Un passionnant chapitre est encore consacré à la vie au camp : exercices de tir, défilés, mais aussi théâtre d’été et fêtes champêtres !
Les auteurs s’attardent ensuite à la période de 14-18 et à l’occupation du camp par des troupes anglaises qui laissèrent de très mauvais souvenirs dans la région jusqu’au traité de paix de versailles, le 28 juin 1919 et l’installation des troupes belges d’occupation. Cette période belge est commentée ou illustrée jusqu’à l’ordonnance du 18 mai 1940 par laquelle Hitler déclare que les cantons de l’Est font à nouveau partie du Reich ! Très vite Elsenborn devient un camp de prisonniers jusqu’au bombardement U.S. du 9 août 1944. Les Américains occuperont le camp à leur tour et utiliseront l’aérodrome qu’ils développeront même.
Leo Leyens, Léon Renardy et Leo Wintgens s’attardent ensuite sur l’époque contemporaine et expliquent largement le rôle joué par ce camp qu’utilisent même aujourd’hui des troupes de l’Otan. Je l’expliquais d’emblée, ce livre aurait dû voir le jour à l’occasion du 100e anniversaire du camp en 1994. Le Capitaine-Commandant Raymond Philippart avait été chargé de préparer cet événement, il mit tant de zèle à réunir informations, renseignements et documents que son travail jeta les bases du Musée du camp, le Truschbaum-Museum, inauguré le 12 septembre 1998 et déjà agrandi en 2002. Cette remarquable documentation a permis d’illustrer abondamment ce très beau livre, un grand format à la reliure solide et à la très agréable mise en page en deux colonnes pour présenter, en deux langues français-allemand, un texte clair, précis et rigoureux qui vous en apprendra beaucoup sur Elsenborn.
Prix : 34€

 

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