WEEKEND DES 9,10 et 11 DECEMBRE: deux occasions de voyager dans le passé régional avec René HENRY

CE VENDREDI 9 DECEMBRE, A 19H30, LE CERCLE HISTORIQUE D’EREZEE VOUS EMMENE AU SABBAT DES SORCIERES, A MORMONT

Pour vous y conduire, le Cercle Historique d’Erezée a fait appel à René Henry, le chroniqueur historique bien connu des lecteurs des Annonces de l’Ourthe. Il viendra vous entretenir d’un sujet qui, toujours interpelle, la présence des sorcières dans nos régions et la chasse impitoyable qui leur a été faite durant les XVIe et XVIIe siècles. Cette rencontre à laquelle vous êtes toutes et tous chaleureusement conviés aura lieu ce vendredi 9 décembre, à 19h30, en la salle de Mormont.

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Illustration de Michèle Mertens extraite de René Henry, Hier en Ourthe-Amblève, Mythes et Réalités

Pour vous, René Henry expliquera pourquoi nos contrées, comme un grande partie de l’Europe occidentale, ont connu cette longue période de traque des disciples de Satan, ainsi qu’étaient désignées les sorcières. Il en profitera pour définir ce qu’est la sorcellerie et montrer comment les autorités religieuses, qu’elles soient catholiques ou protestantes, ont désigné le diable en tant que responsable de toutes les calamités qui touchaient les hommes. Bien sûr, il sera question de la procédure judiciaire de l’ancien régime et le conférencier viendra montrer combien souvent il est difficile d’établir les limites entre la législation civile et la législation religieuse, il exposera la façon d’enquêter d’alors dans le respect des impositions des plus grands, Charles Quint notamment, et des raisons qui poussaient au recours quasi systématique à de nombreuses formes de torture.

René Henry se propose ensuite de dresser le portrait « sociologique » de la sorcière de chez nous en tentant de montrer pourquoi il est plus souvent question de sorcières que de sorciers. Ensuite, il analysera avec vous les étonnantes révélations que contiennent les très nombreux procès de sorcellerie que recèlent les archives de nos anciennes seigneuries. L’étude des « aveux » arrachés sous la torture est édifiante car elle fait la part belle aux fantasmes de l’époque, principalement en matière culinaire… Enormément de choses sont à apprendre au travers de ces archives de procès dont l’issue ne faisait guère de doute… et pourtant l’orateur du jour vous montrera que même cette règle-là a connu ses exceptions.

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Aborder pareil sujet donnera aussi l’occasion au conférencier de passer en revue ce que la tradition populaire a conservé des drames qui se sont joués chez nous pendant ces terribles décennies : spots et proverbes, croyances populaires, toponymie, défiance, méfiance et protections. Il parlera, à coup sûr, de chat noir et de bouc mais aussi de celles qui ne voulaient pas que l’on remarque qu’elles avaient des poils sous les pieds…

Ce vendredi 9 décembre c’est à un voyage vraiment fantastique que vous êtes invités à Mormont.

 

ARTISANAT, MUSIQUE, TRADITIONS ET, SURTOUT, CONVIVIALITE AU PAYS DES DOBES DEMONS, A NONCEVEUX, CE DIMANCHE 11 DECEMBRE

Ce dimanche 11 décembre, dès 11 heures du matin, à l’école, le comité Dobes Démons de Nonceveux vous propose une manifestation festive et conviviale à laquelle vous êtes toutes et tous chaleureusement conviés. De quoi s’agit-il ? Simplement de créer une occasion de se rencontrer, de se parler, bref de se connaître en partageant un verre de vin chaud et en découvrant l’une ou l’autre spécialité culinaire au milieu des productions des artisans du village et dans l’ambiance que créeront les musiciens du cru.

A la bonne franquette et bon enfant sont les maîtres-mots de la journée qui permettra de tailler une petite bavette tout en mangeant un petit bout et en buvant un petit coup…

Dès le tout début de l’après-midi, ce sont les talents musicaux du village qui se verront offrir une scène pour partager leur passion. Entre deux prestations, nous avons demandé à nonceveux, lui aussi habitant de notre village, d’évoquer les traditions bien de chez nous, de nous expliquer pourquoi les habitants de Nonceveux sont appelés les Dobes Démons » et ce que représente la Saint-Antoine, qui se fête à la mi-janvier, de nous rappeler comment se fêtait traditionnellement Noël avant l’arrivée des modes culinaires et autres véhiculées par les exigences commerciales, de nous dire ce que sont les Hèyeus… En résumé, nous lui avons demandé de dresser un petit panorama des véritables réalités et traditions locales ; nous gageons que vous serez nombreux à venir y apprendre énormément de choses sur votre lieu de vie.

Dès que l’obscurité s’emparera du village, une marche aux flambeaux rassemblera jeunes et anciens, petits et grands, dans une ambiance chaleureuse le temps d’un tour du village. Une très belle journée en perspective, ne la manquez pas.

Le comité Dobes Démons

 

 

EREZEE

Les Annonces du 23 avril 2015

EREZEE ET L’INDUSTRIE METALLURGIQUE

Si l’histoire d’Erezée, de ses villages et de ses hameaux, ouvre de nombreuses et intéressantes perspectives à tout qui s’intéresse au riche passé de notre région, il est indubitablement un sujet passionnant, expliquant à la fois la riche architecture locale et la renommée que ces lieux ont acquise dans le monde économique des Temps Modernes (du XVe au XVIIe siècle) : une industrie métallurgique particulièrement florissante.

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Outre les nombreux dépôts de scories qui s’offrent encore aux yeux des promeneurs avertis, la toponymie de la commune d’Erezée atteste toujours de l’importance de cette industrie locale : « Lès Fôdjes », « La Forge-sous-Mormont », « Li Pré dè Martê » (à Fanzel). La présence d’un sous-sol riche en minerai de fer conjuguée à la présence de bois en abondance permit le développement de cette activité qui devint très prospère. Parmi d’autres lieux encore, l’exploitation  de minières est attestée à Clerheyd, à Hoursinne, à Mormont.

A l’époque qui nous intéresse, les territoires de l’actuelle commune d’Erezée relèvent de la Terre de Durbuy. Conscients de l’importante source de revenus que la métallurgie pouvait générer, les seigneurs successifs se montrèrent très attentifs au bon fonctionnement de la Cour des Terres et Minières, institution dont les archives sont riches d’enseignements.

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L’histoire de l’exploitation des forges locales nous mène au XVe siècle. En 1400 déjà, un marteau est en activité à Fanzel ; en 1468, nous savons qu’une forge est active à Mormont. L’ampleur de l’activité est consignée dans les archives qui nous apprennent que, pour les années 1477-1478, le fourneau de Fanzel connut 19 semaines de « fondage », celui de Mormont 20 semaines et celui de Blier 26 semaines, faisant ainsi de ce fourneau, dès ce moment, le fournisseur le plus important de toute la Terre de Durbuy.

L’essor que connaît alors cette métallurgie locale est, sans conteste possible, la conséquence de la destruction, en 1476, des usines métallurgiques de Franchimont au Pays de Liège, par les troupes de Charles le Téméraire, le tout puissant Duc de Bourgogne. Dès lors, c’est vers les terres liégeoises que s’écoulèrent l’essentiel de la production locale de fer et de bois.

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Le développement des techniques montre qu’à la même époque, chaque fourneau voit s’ériger, dans son voisinage proche, un marteau d’affinage. Le siècle suivant, entre 1547 et 1567, voit cette industrie prendre davantage d’ampleur encore comme l’indiquent les créations de nouvelles usines à Mormont et à Blier. Tous les villages vivent au rythme des marteaux de forge et les populations locales trouvent du travail à profusion : les uns sont bûcherons ou fauldeurs quand les autres sont occupés dans les mines, dans les forges ou dans le transport du charbon de bois, du minerai ou des produits finis.

Les guerres qui ravagent la région à la fin du XVIe siècle laissent, ainsi que le mentionnent les archives du temps, « les fourneaux en ruines ».

Le premier quart du XVIIe siècle verra un dernier sursaut de l’activité liée à l’industrie du fer, mais il ne concernera alors que la seule exploitation des matières premières que sont le charbon  de bois et le minerai. Cependant les guerres incessantes et leur cortège de pillages, d’impositions et de réquisitions auxquelles s’ajoutent de régulières et très meurtrières épidémies de maladies très contagieuses, notamment la grande épidémie de peste de 1636, sonneront définitivement le glas de l’exploitation du fer à Erezée et environs.

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UN INCROYABLE DESTIN

A Blier vivait, à la fin du XVIe siècle, une famille dont quatre fils firent une carrière militaire au sein des armées des Pays-Bas espagnols. Trois d’entre eux perdirent la vie au champ d’honneur, l’un avec le grade de capitaine des cuirassiers mais le quatrième, Nicolas, connut une destinée tout auréolée de gloire et d’honneurs. Entré comme simple soldat dans la cavalerie espagnole, il gagnera le grade de cornette (sous-lieutenant, porte-étendard) avant d’être nommé lieutenant puis capitaine d’arquebusiers à cheval et, sept ans plus tard, capitaine des cuirassiers. On connait grâce à des lettres patentes signées des Archiducs Albert et Isabelle les remarquables qualités mises en œuvre par ce soldat : « toujours se distingue par son sang-froid, son courage et sa prudence même dans les plus grands périls, les guerres, les expéditions (…) montre toujours la plus constante fidélité pour son drapeau comme la valeur la plus intrépide » Il est remarqué sur tous les champs de bataille et lors de tous les sièges 25 ans durant. Il est à Cambrais, à Anvers, à Bois-le-Duc, à Ostende ; il bataille en France, en Allemagne, dans les Flandres, en Hollande… Là, il est présenté comme ayant pris, au péril de sa vie, un château ennemi « après avoir taillé en pièces la cavalerie et l’infanterie ennemies » ; ailleurs, à lui seul, il résiste et conserve un poste pendant deux heures alors que la plupart des hommes de sa compagnie ont été tués et qu’il est lui-même gravement blessé.

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En reconnaissance de ces actes de bravoure et en remerciement de son indéfectible fidélité, les Archiducs Albert et Isabelle ont érigé, le 19 novembre 1611,  en seigneurie foncière les villages de Blier et de Hazeilles au profit de Nicolas Blier à qui les nouveaux seigneurs de Durbuy ont également confié, outre la mission de relancer le travail des forges, la Prévôté de la Terre de Durbuy. Le 20 juillet 1618, les Archiducs anoblissent leur Prévôt et toute sa descendance « en légal mariage » et, le 28 janvier 1626, Nicolas de Blier se voit promu Lieutenant-Général des bandes d’ordonnances aux armées de l’Infante Isabelle.

C’est à ce Nicolas de Blier que l’on doit la construction du château de Blier, dont le porche présente les armoiries attribuées par l’Infante Isabelle et la devise familiale « VIRTUTE ET FORTUNA », résumant en deux mots la carrière militaire de ce grand officier.

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Merci à l’asbl « Cercle historique d’Erezée » pour les informations transmises.