UNE FORTERESSE VOLANTE S’EST POSEE A RAMELOT

La Petite Gazette du 4 juin 2008

VOUS SOUVENEZ-VOUS D’UNE FORTERESSE VOLANTE ATTERRISSANT A RAMELOT ?

M. P. Bertrand, de Hamoir, à la lecture de La Petite Gazette voit ses souvenirs de guerre ressurgir.« J’étais adolescent alors et ces souvenirs de guerre m’ont beaucoup marqué. J’allais voir les avions endommagés qui atterrissaient dans les alentours.En 1945, une forteresse volante a atterri sur ses roues dans un champ près du village de Ramelot. Je suis allé la voir deux fois quand les soldats américains qui y montaient la garde ont été partis, c’était après l’armistice je crois. Ils avaient démonté tout l’intérieur pour le récupérer et déposer les quatre moteurs à terre, en dessous de leur nacelle.C’est le père de mon ami qui nous y a conduits. Il avait toujours sa Citroën 4 cylindres d’avant la guerre, la fameuse première traction avant. Nous venions des Quatre-Bras et nous avons pris la petite route indiquant « Ramelot 1 Km ». A l’approche de l’avion, c’était comme lors d’une procession tellement il y avait du monde : curieux, chercheurs de souvenirs…Après avoir fait la file, nous sommes montés dans la forteresse. J’ai même vu des gens qui, dans les ailes, découpaient des tuyauteries et je ne sais plus quoi avec des scies à métaux.Quand j’y suis retourné la seconde fois, c’était avec ma sœur aînée, mes parents n’étaient pas trop d’accord car, à vélo, Seraing-Ramelot, c’était un peu loin !A notre arrivée sur place, l’avion avait l’air abandonné et il n’y avait plus personne. Nous sommes montés à l’intérieur, il était complètement vidé. Ma sœur était bien contente d’avoir vu l’avion car, en 1945, cette carcasse de 30 m. d’envergure était vraiment impressionnante. Cependant, en venant, la pluie l’avait découragée et, avant les Quatre-Bras, elle avait voulu faire demi-tour.Je crois savoir que la forteresse a été rachetée par un ferrailleur. »Avez-vous des souvenirs de cet avion ? Que lui était-il arrivé ? En existe-t-il des photographies ? Je sais que cela ferait très plaisir à M. Bertrand d’en apprendre davantage.  

La Petite Gazette du 18 juin 2008

VOUS SOUVENEZ-VOUS D’UNE FORTERESSE VOLANTE ATTERRISSANT A RAMELOT ?

C’était la question que vous posait dernièrement M. P. Bertrand, de Hamoir, et à peine avait-il découvert cette question que M. Francis Sante, d’Aywaille, fouillait sa collection de documents pour en extraire celui-ci qui devrait rafraîchir les souvenirs de bien des personnes, du moins si elles ont fait, à l’époque, le déplacement vers Ramelot, pour  voir cet avion de près.

avion Ramelot

« Voici une photo de l’avion abattu à Huy (Tinlot Ramelot) le 10/01/1945. Sur le site du CEGES, il est renseigné comme : Boeing B 17 G 92 B. gr 325 Squadron NV M.Je peux encore donner quelques renseignements concernant les personnages se trouvant sur la photo de l’avion. Les deux prêtres doivent être François et Nicolas De La Charlerie et la dame Jeanne Delhez, d’Aywaille.J’espère avoir fait plaisir aux lecteurs de La Petite Gazette »J’en suis persuadé, j’attends maintenant avec impatience d’autres souvenirs liés à cet avion.

La Petite Gazette du 2 juillet 2008

AU SUJET DU BOMBARDIER DE RAMELOT

Monsieur Rik Verhelle, de Bomal s/O, nous apporte de bien intéressantes informations :

« Le bombardier lourd du type B-17 (le fameux « Flying Fortress » ou Forteresse Volante) appartenait au 8ème Air Force, 1ère Bomb Division, 40 ème Combat Bomb Wing, 92 ème Heavy Bomb Group. Ce dernier totalisait quatre escadrilles de bombardiers : la 407, la 327, la 326, et la 325 à laquelle appartenait l’avion abattu à Huy (Tinlot) en janvier en 1945.

La 92ème escadrille est venu des USA pour s’installer en Angleterre en juillet et août 1942. Elle entreprendra sa première mission de combat le 15 mai 1943. L’escadrille était stationnée sur Paddington Airbase à Bedfordshire où elle restera jusqu’à la fin de la guerre. La dernière mission de la 92 ème Group fut le bombardement de Pilzen en Tchècoslovaquie le 25 avril 1945.

Le 92ème Group a effectué 308 missions de combat et a largué 20.829 tonnes de bombes sur l’ennemi. Mais cette escadrille a également payé une lourde tribu avec une perte de 154 avions.

Le bombardier publié dans La Petite Gazette N° 25 du 19 juin dernier était justement une de ces pertes lors du bombardement de Gymnich (Allemagne, au sud-ouest de Cologne) le 10 janvier 1945.

Le gouvernail de ce bombardier était marqué par une lettre B en noir dans un triangle jaune. Les lettres NV-M sur les deux côtés du fuselage forment son code d’appel au sein de la 325ème escadrille. Chaque avion portait un code différent, tel que NV-A, NV-B, NV-C, etc

La devise du 92 ème Group était « Higher – Stronger- Faster » ce qui veut dire « plus haut, plus fort, plus vite ».

Je n’ai malheureusement aucune donnée sur les circonstances de la perte de l’avion ni au sujet du sort de son équipage. Mais il est évident qu’au moins un des pilotes (un B-17 en comptait deux) a réussi à poser l’avion par terre lors d’un atterrissage de fortune. Quelqu’un aurait-il des données supplémentaires ? »

La Petite Gazette du 9 juillet 2008

ENCORE A PROPOS DE LA FORTERESSE VOLANTE DE RAMELOT

Monsieur Roger Herten, d’Engis, se souvient également :

« Né à Aux-Houx, un hameau de la commune de Clermont sous Huy, et y demeurant en cette période de fin de guerre, comme tous les gamins de l’époque, j’étais toujours à l’affût d’événements du genre. Je suis donc allé voir la forteresse volante de Ramelot et je me rappelle cet avion ayant réussi un atterrissage de fortune dans un champ. Paraissant intact, il semblait attendre un improbable pilote pour redécoller.

Cet avion, désarmé par les Américains et dépourvu de tout ce qui présentait un intérêt, était abandonné. Pendant très longtemps, l’épave d’un avion de ce type a été entreposé sur le terrain  attenant à la scierie de Soheit Tinlot, en bordure de la nationale Liège – Marche. J’ai entendu dire, à l’époque, que cette épave était l’avion de Ramelot.

Je signale à M. Bertrand un autre détail, en décembre 1944, au retour d’une mission en Allemagne, un autre B17 avait réussi un atterrissage sur le ventre entre Yernée-Fraineux et Villers-le-Temple, une partie de l’équipage avait d’ailleurs sauté en parachute au-dessus des campagnes longeant la route entre Aux-Houx vers Halledet et récupéré, sans dommage, par les Américains présents au dépôt de munitions d’Aux-Houx, d’où la confusion possible… Je laisse donc le temps de confronter d’autres souvenirs avant de conclure.

Pour ceux que la chose intéresse, je signale que le Musée de l’Armée, au Cinquantenaire à Bruxelles, a constitué des archives permettant d’obtenir des renseignements sur les avions, alliés ou allemands, abattus pendant la Seconde Guerre Mondiale sur le territoire belge .et de connaître tous les détails sur leurs missions, la composition de leur équipage et d’autres détails encore.

Site internet : www.klm-mra.be ou Musée de l’Armée, 3 parc du Cinquantenaire, 1000 Bruxelles. »

Un grand merci pour ces précieux renseignements.

Monsieur Maurice Pierrard, de Neupré, se souvient de cet avion :

« Moi aussi, j’ai vu l’avion de Ramelot et j’ai même parlé avec un membre de son équipage qui parlait très bien le français, c’était un Canadien.

L’avion revenait d’un bombardement en Allemagne et il avait été touché par un obus de DCA allemande. A cause de cela, sa vitesse et son altitude ont progressivement diminué, rendant impossible son retour vers l’Angleterre. L’équipage croyait qu’il tombait en zone encore occupée par les Allemands. Ils ont certainement pu communiquer leur position par radio car on est venu les reprendre et, en même temps, dépêcher des sentinelles pour garder l’avion, qui n’aurait jamais plus su partir.

Je suppose que, après avoir récupéré les armes, les munitions, les moteurs… on n’a plus monté la garde et l’avion a été l’apanage des gens qui ont pris le kérosène, puis toute sorte de choses dont le pare-brise de plexiglas très épais dont on faisait de très belles bagues.

L’avion est encore resté quelque temps où il était jusqu’au jour où le fermier a signalé qu’il avait des difficultés pour labourer. On lui a répondu que l’épave était pour lui et qu’il pouvait en faire ce qu’il voulait…

Toujours dans les environs de Ramelot, il y a eu un hôpital de campagne fait de tentes. Il était très bien équipé et, comme toujours, les Américains laissaient entrer qui voulait. C’était un long couloir avec des lits des deux côtés, mais je n’y ai jamais vu de grands blessés, peut-être étaient-ils envoyés, par exemple, à l’hôpital militaire de St-Laurent ? »

Monsieur André Maréchal, de Bende, a, lui également, visité cette forteresse volante à Ramelot et en a ramené un souvenir !

« Avec ma sœur Marie-Thérèse, nous étions partis à vélo, de Bende, porter deux peaux de mouton pour les faire tanner chez le curé de Strée. Passant par Ramelot,  nous avons aperçu cette forteresse volante, impressionnante et surveillée par le garde-champêtre de Ramelot.

Au retour, il n’y avait plus personne et nous en avons profité pour la voir de plus près. Je suis donc allé à l’intérieur : poste de pilotage, tourelle du mitrailleur arrière, encore équipée de tout et mobile ! Quel souvenir !

Quelques tuyaux abandonnés par d’autres firent mon affaire ; en alu léger, l’un d’eux servi à la ferme. En bricolant un peu, avec un câble, on attrapait les cochons pour leur mettre des « berriques » (N.D.L.R. j’espère que je lis correctement) qui, enfoncées dans le groin les empêchaient de retourner à la prairie. Quelle fin pour un morceau de forteresse…

Après les avoir vues par milliers à 10 000 mètres d’altitude, vous comprendrez l’émotion et le bonheur d’en voir une de si près. C’est encore comme si c’était hier.

Pour l’anecdote, je possède encore une des peaux de mouton transportées ce jour-là, elle est très bien conservée ! »

Monsieur le docteur R. Quinet, d’Ouffet, nous donne les précisions souhaitées quant au devenir de la carcasse :

« La carcasse de cette épave de B 17c a été ferraillée par Monsieur Fox (scierie à Soheit-Tinlot) en même temps qu’un P 61 Black Widow, chasseur de nuit américain.

J’ai pu rencontrer Monsieur Fox il y a une vingtaine d’années et je suis en possession d’un cylindre du moteur, d’une jante de train d’atterrissage principal et d’une jauge d’essence. »

Un grand merci pour tous ces témoignages, d’autres suivront encore la semaine prochaine.

La Petite Gazette du 16 juillet 2008

TOUJOURS DES SOUVENIRS DE LA FORTERESSE VOLANTE DE RAMELOT ET DE CELLE DE YERNEE

Monsieur Louis Delrée, de Nandrin, se souvient également très bien de ce jour où une forteresse volante atterrit à Ramelot.

« J’étais, ce jour-là, dans le camp de repos du 3rd Tank bn, situé dans les prairies et les bois entourant le château de Tillesse. Ce b 17 est passé très bas au-dessus de nos têtes et, à ce moment, nous n’imaginions pas qu’il aurait atterri quelques kilomètres plus loin. Ce n’est que le lendemain que nous avons appris qu’il s’était crashé à Ramelot. Je suis allé le visiter, il était presque intact.

Par la suite, je pense qu’il a été désarmé par l’US Air Force, puis démantelé par les amateurs de souvenirs et les ferrailleurs.

A la même époque, fin janvier, un autre B 17 faisait également un atterrissage forcé dans la campagne enneigée, route de Villers à Yernée. Il glissa sur une distance de 300 mètres sur une épaisse couche de neige. Cet appareil fut plus endommagé que celui de Ramelot.

J’avais alors 17 ans et je fus le premier civil arrivé sur place, grâce à l’équipage d’un Dodge du  582 Engr. Stationné à Villers. Ces hommes abandonnèrent leur travail de pose de câbles téléphoniques près de la ferme de l’abbaye de Clémodeau pour se porter au secours de l’équipage dont un des membres avait une jambe en piteux état, touchée par un éclat de schrapnel de la DCAZ allemande. Ce B 17 faisait partie du 92nd Bomb Group.

Après maintes recherches aux Etats-Unis et avec l’aide d’un ami, j’ai correspondu avec le pilote de ce B 17, le Lt Col. Doolittle.

L’avion subit le même sort que celui de Ramelot. J’en ai gardé un petit souvenir. J’avais récupéré 200 litres d’essence pour la voiture de mon père ; c’était une aubaine à l’époque. Les derniers restes de cette forteresse furent ensevelis dans le cratère d’un V1 (robot) tombé à 100 mètres de l’avion. »

Merci beaucoup pour ces souvenirs.

La Petite Gazette du 6 août 2008

ENCORE A PROPOS DE LA FORTERESSE VOLANTE POSEE A RAMELOT

Madame Lemaire, de La Neuville-en-Condroz, se souvient également.«Figurez-vous que j’habitais la localité au moment de l’événement. J’ai bien connu les deux abbés de la Charlerie et tout spécialement Marie Godelaine qui était une ancienne élève de feu mon père. Nous étions fin septembre 1944 lorsqu’un quadrimoteur de l’U.S. Air Force se posa dans un champ situé au Nord-Est de la localité et exploité par M. Delcourt, d’Abée.Aussitôt après leur atterrissage forcé à  cause d’un manque de carburant, les aviateurs, qui rentraient d’une mission de bombardement au-dessus de l’Allemagne, se croyaient encore en territoire ennemi. Quelle ne fut pas leur surprise de constater que, dans le bois voisin, des soldats américains étaient installés, en repos, après les combats en Normandie.Le quadrimoteur géant ne manqua pas de susciter la curiosité des Ramelotois et habitants de la région.La garde de l’appareil fut confiée à des soldats U.S. ; par la suite, après leur départ, la gendarmerie s’en chargea d’une façon temporaire. Les visites de particuliers se succédèrent de plus en plus nombreuses pour découvrir mieux encore le géant de l’air. Certains emportèrent des souvenirs tels que morceaux du plexiglas protégeant le poste de pilotage, etc. Finalement, le tout devint du pillage durant les mois qui suivirent.La carcasse abandonnée, démunie de ses moteurs devint la propriété de l’O.MA., puis de l’Office de Récupération Economique. La matière dont était fait le fuselage intéressait M. Fox, ingénieur en fonderie, qui acheta l’épave. A cette époque, le métal était devenu très rare. Il faut savoir qu’à ce moment M. Fox allait réapprovisionner, dans une certaine mesure, le secteur de la fonderie. »

La Petite Gazette du 20 août 2008

ENCORE L’AVION DE RAMELOT

Monsieur Georges Wilmart, de Vierset Barse, tient lui aussi à partager les informations qu’il possède à propos de la forteresse volante de Ramelot :« Voici tout ce que je sais d’elle, « elle », c’est la forteresse volante de Ramelot que j’ai pu admirer alors qu’elle venait d’atterrir retour de la mission A.F. 662 sur Nuremberg avec 256 autres B.17.Les Américains qui montaient la garde nous faisaient comprendre qu’on pouvait visiter l’intérieur uniquement si nous étions accompagnés de nos grandes sœurs !Ce Bomb groupe appartenait au 388th commandé par le colonel Chester (1943-1945) et qui a été créé le 24 décembre 1942 aux U.S.A.Le 23 juin, ce bomb group se trouve basé en Grande-Bretagne, à Knettishall, dans le Suffolk, où il effectue sa première mission opérationnelle le 17 juillet 1943. Il comprenait quatre unités, les 560, 561, 562 et 563.Quant à la forteresse, il s’agit d’un B.17 g85B0 arrivé en Grande-Bretagne le 21 août 1944 et qui a atterri à Ramelot le 3 octobre dans un champ, le long du bois des « six bonniers ». L’équipage a été considéré récupéré le 14 novembre 1944. Grâce à de généreux conservateurs je possède une dizaine de photos de ce B.17 à des stade divers de dépeçage, dont une avec le numéro d’identification 338303 avec un H blanc sur un rectangle à fond noir et la lettre M en dessous du numéro d’identification. J’ai communiqué ce numéro de matricule à M. RiK Verhelle (N.D.L.R. un des lecteurs de La Petite Gazette féru d’aviation de guerre) car c’est, en quelque sorte, une clé qui pourrait ouvrir certaines portes à des recherches pour en savoir davantage et vérifier si mes renseignements sont exacts. J’ajoute que le manque de code sur le fuselage fait qu’il est très difficile de savoir à quel squadron cet appareil appartenait. »Un grand merci pour toutes ces précisions.

La Petite Gazette du 10 septembre 2008

LA …NON, LES FORTERESSES VOLANTES DE RAMELOT

Monsieur Rik Verhelle, de Bomal s/O, est véritablement un passionné (en plus d’être passionnant) de l’histoire de l’aviation militaire de la Seconde Guerre Mondiale. Il écrit à la Petite Gazette pour faire le point sur tous les témoignages reçus à propos de ces avions posés aux alentours de Ramelot. Vous allez ainsi juger très rapidement de l’intérêt et de la pertinence de cette communication.

« Les multiples anecdotes sur le sort des bombardiers US tombés à Ramelot et environs rendent l’histoire un peu confuse. Je précise bien « les » bombardiers car à ma connaissance trois B-17 ont effectué un atterrissage forcé dans les environs de Ramelot.

Le premier bombardier B-17 s’est posé à Ramelot le 3 octobre 1944. Grâce à un contact personnel avec M. Georges Wilmart de Vierset-Barse (voir aussi sa contribution dans de La Petite Gazette N° 34 du 21 août dernier) qui m’a refilé des infos très précieuses et très exactes sur cet événement, j’ai pu entamer quelques recherches qui m’ont livré les données suivantes: Le numéro sur l’empennage est en fait le N° de série de l’avion. Ce N° 338303 vient de 43-38303. Il s’agit donc d’un Boeing B-17G (la version G avait une coupole de 2 mitrailleurs 12.7 mm sous son nez) construit aux USA en 1943. Le carré noir fait référence au 45ème Bomb Wing de la 3ème Division de la 8ème USAF. Puisque le carré noir porte la lettre H l’avion appartenait au 388 Bomb Group du 45ème Wing. En recherchant le N° de série dans la base de données du 388ème j’ai trouvé que le bombardier appartenait au 563ème Squadron. Cette base de données m’a fourni bien d’autres renseignements particulièrement détaillés : Ce bombardier a effectué 9 missions de combat, la première étant le bombardement de  Magdeburg du 12 septembre 1944, sa dernière mission était celle du 3 octobre 1944. Le 3 octobre 1944, le 8ème USAF envoyait ses bombardiers vers la région de Frankfurt. 26 avions du 388 Bomb Group y participèrent et décollèrent de Knettishall (Suffolk – Angleterre) entre 06.30 h et 07.05 h avec Nurnburg comme objectif. Quatre appareils durent retourner pour raisons de perturbations mécaniques et la 388 continua l’assaut avec 22 bombardiers. Aucune difficulté ne fut rencontrée au dessus de la France, mais le ciel fut couvert sur l’objectif. Les bombes furent lâchées d’une altitude de 25.000 feet (8000 mètres) à 11.22 h. La formation n’a pas rencontré des chasseurs allemands, mais les tirs anti-aériens causaient des dommages importants à un appareil et 12 autres furent légèrement atteints. Deux avions ont dû quitter la formation pour aller se poser. Ce fut le cas pour l’avion 338303 (observé par M. Wilmart Georges donc) qui se posa au nord-est du village d’Abée dans les champs appartenant à M. Delcourt, près de l’endroit « Six Bonniers ». Un fait assez remarquable est que l’avion n’a pas effectué un atterrissage de détresse en glissant sur le ventre, mais qu’il a réussi à se poser, le train d’atterrissage sorti. Il parait qu’un manque de carburant l’aurait obligé à se poser. Dans l’autre avion endommagé, le 37724, l’équipage déplorait la mort du copilote, le Lieutenant Clarke. Je n’ai pas d’info sur sort de ce B-17.

Les membres de l’équipage dans l’avion 338303 furent James L. Paulson (pilote), James G. Gamble (co-pilote), A. W. Goodman (navigateur), J. C. Steely (opérateur radio), E. A. Mead (mécanicien), Fredrick L. Hall (bombardier), G. L. Mead et A. J. Miller (mitrailleurs fuselage), R. W. Rheinschmitt (mitrailleur de queue), J. 0. Watson (mitrailleur boule ventrale).

Aussitôt rentré en Angleterre, l’équipage reprendra immédiatement ses missions opérationnelles sur Bohlen 7 octobre, Cologne 14 et 15 octobre, Munster 22 octobre, et finalement Hamburg le 25 octobre 1944. Il totalisera 35 missions avant de retourner sain et sauf aux USA.

(Petit fait divers : F. L Hall est décédé le 16 mars 2008).

Le bombardier fut surveillé un certain temps par les troupes américaines et par notre Gendarmerie. A la fin de cette mission de garde l’appareil fut systématiquement pillé durant des mois. La carcasse dépecée devint la propriété de l’Office de Récupération économique et puis passa dans le patrimoine de l’Administration des Domaines. Les restes de l’épave furent finalement vendus à M. Jean Fox de Tinlot, ingénieur de fonderie, qui allait recycler l’aluminium, un métal devenu assez rare et précieux pendant la guerre.

Quant au 388 Bomb Group, il a totalisé 306 missions de combat pendant la guerre (entre le 17 juillet 1943 et le 20 mai 1945). La majeure partie de ces missions ont été effectuées en compagnie d’autres Bomb Croups de la 8ème USAF. Ces 306 missions de combat visaient principalement des cibles en France et en Allemagne, mais un certain nombre d’objectifs se situaient aussi en Belgique, aux Pays-Bas, en Norvège, en Pologne et en Tchécoslovaquie. Mais la 388 a aussi contribué au projet très secret « Aphrodite » (19 missions) qui avait pour but le développement de B-17 comme bombes volantes téléguidées. La 388 a également accompli des missions humanitaires vers la fin des hostilités, et il a largué cinq fois des vivres sur la Hollande affamée (les missions « Chowhound »). Deux missions avaient pour but de rapatrier des prisonniers français d’Autriche vers la France. La 388 a aussi ramené des prisonniers de guerre de l’Allemagne vers la France.

Au cours de ces 306 missions de combat le 388 Bomb Group a effectué 8051 vols, il a détruit 222 avions ennemis, il a perdu 191 de ses propres avions, 524 de ses hommes ont trouvé la mort, 2 ont disparu, et 801 furent détenus comme prisonniers de guerre. Le jour le plus noir du 388 était le 6 septembre 1943 quand seulement 7 des 18 bombardiers revinrent à leur base après l’assaut de Stuttgart. Ce jour est connu comme « Black Monday » (lundi noir). » A suivre…

Ce sujet vous a particulièrement intéressés et les communications furent, à la fois, nombreuses et très intéressantes. Celle qui suit me permet de vous présenter un document très explicite qui illustre parfaitement le sort de ce B-17. Un immense merci à Monsieur Louis Résimont, de Yernée-Fraineux.

« Ci-après vous allez découvrir une photographie de cette forteresse volante de Ramelot lors de son dernier voyage vers Soheit-Tinlot car elle a bel et bien été récupérée, non pas pas un ferrailleur, mais par Monsieur Jean Fox, ingénieur. Il en fit de même avec les moteurs et d’autres carcasses comme celle d’Abée.

avion Ramelot 2

 

 

 

 

Sur cette photo, on voit bien la carlingue sur la remorque à grumes de la scierie Leclerc qui a permis le transport. Il a été pratiqué de la même façon pour chaque aile, transportée séparément vu leur longueur.

Etant moi-même dans l’équipe nécessaire à l’opération, je puis identifier les personnages suivants :

Le chauffeur, au volant, J. Collignon, ancien bourgmestre d’Ellemelle. A côté, K. Sylvestre, ancien garde-champêtre de Fraiture. Ensuite viennent M. et Mme Jean Fox et, je pense, Mlle Marthe Fox. Enfin, un autre employé de la scierie Leclerc dont, malheureusement, le nom m’échappe. Sur la carlingue, ce sont des enfants du coin qui ont pris place pour la photo. »

La Petite gazette du 17 septembre 2008

LA …NON, LES FORTERESSES VOLANTES DE RAMELOT

Retrouvons cette semaine Monsieur Rik Verhelle, de Bomal s/O, ce passionné de l’histoire de l’aviation militaire de la Seconde Guerre Mondiale. Il écrit à la Petite Gazette pour faire le point sur tous les témoignages reçus à propos de ces avions posés aux alentours de Ramelot.

« Un deuxième B-17 s’est effectivement pose près de Yernée-Fraineux (déjà signalé par M. Roger Herten d’Engis dans l’édition 28 du 10 juillet 2008). Selon les données retrouvées au Musée de l’Armée, il s’agirait d’un B-17 G appartenant lui aussi au 325 Bomb Squadron du 92 Bomb Group, et qui aurait comme N° d’immatriculation 48466 et la lettre B sur un triangle noir sur son empennage, ainsi que les lettres NV-M sur le fuselage.

L’avion était en difficultés au retour de sa mission. Une partie de son équipage sauta en parachute avant que le pilote ne pose le bombardier sur son ventre entre Yernée-Fraineux et Villers-le-Temple. Il parait que l’avion avait des sérieux dégâts après une glissade de 300 mètres sur le ventre. L’équipage a été récupéré par les troupes américaines. Je ne connais pas la date exacte de cet incident. M. Roger Herten parle de fin décembre 1944. Le Musée de l’Armée n’a pas non plus la date exacte de l’incident. On dit que ce B-17 a lui aussi été recyclé par M. Jean Fox.

Un troisième bombardier B-17 se mit par terre à Ramelot le 10 janvier 1945. Les photos publiées dans les éditions N° 25 du 19 juin et N° 29 du 17 juillet 2008 sont bien celles de l’appareil B17-G qui appartenait au 8 USAF, 1 Bomb Division, 40 Bomb Wing, 92 Bomb Group, 325 Bomb Squadron et qui portait l’immatriculation 48450 sur son gouvernail ainsi que la lettre B sur un triangle noir. Ce bombardier était basé à Poddinton Airbase (Bedfordshire en Angleterre). Le 10 janvier 1945, revenant d’une mission de bombardement sur Gymnich (prés de Cologne), suite à des difficultés, il a effectué un atterrissage de fortune dans les champs à Ramelot. L’équipage fut pris en charge par les troupes américaines, tandis que l’avion fut démantelé, et plus tard (dans les années 50 !) dépecé par la scierie Fox.

Selon les données du Musée de l’Armée au Cinquantenaire à Bruxelles, ce bombardement du 10 janvier 1945 aurait causé la perte de dix B-17 dont 9 seraient tombés sur le territoire belge. (Voir aussi à ma contribution dans l’édition N° 27 du 3 juillet 2008).

Selon Mme Lemaire de Neuville en Condroz, la scierie Fox aurait aussi recyclé les débris presque méconnaissables d’un P-61 Northrop « Black Widow » (chasseur de nuit bimoteur américain – 3 membres d’équipage), ou s’agit-il plutôt d’un P-39 Lockheed « Lightning » (chasseur de jour monoplace bimoteur américain). Un lecteur aurait-il d’autres informations relatives à cet incident ?»

Et mon passionnant correspondant de conclure par une série de questions destinées à compléter encore ses connaissances sur le sujet :

Avez-vous connaissance d’autres avions abattus (ou qui se seraient posés) dans la région ?

Y a-t-il, parmi les lecteurs de La petite Gazette, des personnes qui disposeraient de photographies ou d’autres documents concernant ces avions et qui me permettraient d’en prendre connaissance ?

Toute nouvelle donnée complémentaire est évidemment la bienvenue. D’avance, je vous en remercie chaleureusement. »

Si vous pouvez répondre à l’une ou l’autre de ces questions, je vous engage à prendre contact avec La Petite Gazette qui servira de relais.