La Petite Gazette du 5 janvier 2011
AVANT D’EN FINIR POUR UN AN AVEC LES FETES DE FIN D’ANNEE…
A Aye Madame Christine Petit se souvient très bien d’une autre tradition rappelée souvent par son grand-père à propos des cendres de la bûche de bois brûlée la nuit du réveillon de Noël.
« Il disait que certaines vertus magiques étaient attribuées aux cendres de la bûche de bois brûlée le soir du réveillon. Celles-ci étaient conservées et réparties pour protéger la maison de la foudre, pour conjurer du mauvais sort, pour éloigner les épidémies dans les bergeries et les étables et, également, pour améliorer les récoltes en les mélangeant aux semences.
Voilà une autre tradition dont pourraient nous entretenir les fidèles lectrices et lecteurs et ce sujet pourrait alors être approfondi dans les prochains numéros de La Petite Gazette. »
Il est un fait que l’origine de la tradition de la bûche de Noël doit se chercher dans l’âtre des demeures de nos aïeux et non chez les boulangers… Pourrez-vous répondre au souhait de Mme Petit et nous dire si, dans votre famille également, des traditions liées à la bûche étaient respectées à Noël ?
La petite Gazette du 19 janvier 2011
POUR EN FINIR CETTE ANNEE AVEC LES TRADITIONS DE NOEL
Madame Edith Forget, d’Aywaille, tient à apporter son témoignage sur les traditions de Noëls telles qu’elles sont respectées dans sa famille.
« Mes deux filles ont, aujourd’hui, la quarantaine et, depuis qu’elles sont toutes petites, je leur faisais la traditionnelle bûche de Noël. Elles ont pris le relais maintenant. Dans notre famille, nous n’achetons pas de bûches nous la confectionnons nous-mêmes : biscuits petit beurre et moka, enfin la tradition.
Autre tradition que nous respectons durant la nuit du réveillon, c’est celle qui consiste à mettre, à l’extérieur, sur un appui de fenêtre ou sur la terrasse, un verre d’eau, une tranche de pain et de la monnaie emballée en comptant les gens que nous aimons. Celui qui, le 25 décembre, boit de cette eau, n’aura jamais soif durant l’année ; celui qui mange un morceau de pain n’aura jamais faim et celui qui reçoit une piécette ne manquera pas d’argent l’année durant. »
Un grand merci pour cet intéressant témoignage.
La Petite Gazette du 21 décembre 2011
ON Z-A TANT BRÈT NOYÉ, QU’A L’FIN, IL ÈST V’NOU…
Et oui, Noël est déjà là, bien sûr il était annoncé par son cortège d’illuminations, ses marchés spécifiques, ses boudins et autres spécialités beaucoup plus exotiques, mais on est toujours surpris de voir, déjà, arriver la fin de l’année. Que cela passe vite ! ne cesse-t-on d’entendre…
Autrefois, quand le temps n’était pas compté, quand on ne disait pas encore que c’était de l’argent, Noël était attendu avec fébrilité.
Tos l’s, n’s-avans cwate grandès fièsses, mês, l’pus bèle, c’èst l’cisse dè Noyé.
Noël commence le 24 décembre, vigile de la fête ; ce jour était donc un jour d’abstinence, on mangeait maigre, mais on se rattrapait sur les bouquettes. Cependant, on n’oubliait pas d’en mettre une de côté pour la vierge et une autre pour l’Enfant Jésus !
La nuit, pour ne pas manquer d’argent pendant l’année suivante, on exposait (certains le font certainement encore) de la monnaie à l’extérieur de la maison. On faisait de même avec du pain et de l’eau qui, après avoir passé la nuit de Noël à l’extérieur, seraient conservés soigneusement car ils protégeraient des maladies en étant consommés à jeun.
La nuit du 25 décembre est la première du cycle des Douze Nuits. Ces nuits sont dites « enchantées » et donc propices aux maléfices… Elles font l’objet d’observations météorologiques car elles sont censées présager du temps qu’il fera durant les douze mois de l’année à venir.
Toutes ces croyances de nos aïeux, je les ai puisées dans « L’almanach de notre Terroir » que j’ai publié il y a quelques années et qui est désormais épuisé. A toutes et à tous, je souhaite un très joyeux Noël à partager avec votre famille et tous ceux qui vous sont chers
La Petite Gazette du 19 décembre 2012
NOEL, C’EST DÉJÀ NOEL…
Durant la nuit magique du réveillon de Noël, les anciens avaient l’habitude, pour ne pas manquer d’argent durant l’année à venir, d’exposer de la monnaie à l’extérieur de la maison. Ils faisaient de même avec du pain et de l’eau qu’ils consommaient ensuite à jeun pour se protéger des maladies.
Cette grande fête qui, outre sa symbolique religieuse, marque le retour progressif du jour rognant l’obscurité est chargée d’innombrables croyances populaires et ponctuée de nombreux rituels mêlant paganisme et religiosité.
On dit, par exemple, qu’un enfant né cette nuit sera roux car Jésus l’était. Noël commence le 24 décembre, vigile de la fête ; ce jour était donc un jour d’abstinence, on mangeait maigre, mais on se rattrapait sur les bouquettes. Cependant, on n’oubliait pas d’en mettre une de côté pour la vierge et une autre pour l’Enfant Jésus !
Les douze jours qui suivent Noël font l’objet d’observations météorologiques car ils sont censés présager du temps qu’il fera durant les douze mois de l’année à venir.
A toutes et à tous, je souhaite un très joyeux Noël à partager avec votre famille et tous ceux qui vous sont chers
La Petite Gazette du 26 décembre 2012
2012 S’EN VA… VIVEMENT 2013 !
Dans nos campagnes, on observera certainement le temps qu’il fera la nuit du 31 décembre car il est admis que si la nuit est tranquille, l’année sera bonne pour le campagnard ; si le vent souffle d’Est, il y aura une épidémie dans le bétail ; s’il souffle d’Ouest, il y aura une épidémie parmi les souverains régnants ; enfin, s’il souffle du Sud, on prédit que la maladie décimera la population…
Pourvu qu’il n’y ait pas de vent sera, dès lors, mon dernier souhait de 2012 !
Le premier jour de l’an est chargé de traditions que l’on respecte avec plaisir. On fait toujours des gaufres, des galets ou des galettes que l’on mange en famille et que l’on offre à ceux que l’on visite ou que l’on reçoit. Des traditions plus anciennes ont évidemment disparu… comme celle qui consistait à entourer d’une torchette de paille le tronc des arbres fruitiers puis de leur souhaiter une bonne année, à la garde de Dieu.
La tradition populaire a conservé de nombreux spots, spécifiques au premier jour de chaque année et réservés à l’échange des vœux :
Dji v’sohête ine bone annêye, ine parfète santé et totes sorts di boneûrs.
A une belle à marier, on dira : Dji v’sohête ine bone annêye, on bê djône ome a vosse costé».
En pensant à des coutumes d’antan, certaines personnes n’ont, heureusement, pas oublié que :
Al novèl an, on done dès strèmes, ine dringuèle, dès p’titès rik’nohances ou dès galèts.
De la façon la plus égoïste qui soit, je me souhaite, pour 2013, des lectrices et des lecteurs toujours aussi extraordinaires qui me permettront d’alimenter cette page hebdomadaire tout en lui conservant le remarquable intérêt que vous lui manifestez.
Une excellente année 2013 à vous toutes et tous.
La Petite Gazette du 18 décembre 2013
NOEL APPROCHE… SAVEZ-VOUS QUE :
Ce n’est qu’au IVe siècle, durant le règne du pape Jules 1er, qu’il fut décidé que la fête paënne du solstice d’hiver deviendrait une fête chrétienne. Si rien ne permet, en effet, de dire que le christ est né un 25 décembre, le symbole de la fête du renouveau, du retour de la clarté – symbole de vie et de fécondité – convenait parfaitement au message chrétien porté par le fils de Dieu sur terre.
Les symboles actuels de Noël, le sapin, les boules et la bûche, pour traditionnels qu’ils paraissent, ont des origines très diverses et parfois fort récentes. La bûche est certainement la tradition la plus ancienne, mais sous une forme bien différente. Il s’agissait, à l’origine, de trois véritables bûches de bois de taille considérable puisqu’elles devaient brûler douze jours, jusqu’à l’épiphanie. Elles étaient allumées avec « le feu nouveau » que l’on ramenait de la messe de minuit. Dans nos régions, il était de coutume de conserver de la cendre de ces bûches car elle avait la réputation de soigner les brûlures. Il semble que le premier gâteau conçu en forme de bûche ait été servi à la cour de France à l’aube du XVIIe siècle.
Le sapin nous vient des pays germaniques, sa verdeur y était considérée comme un symbole de fertilité. Ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’on commence à le décorer de bougies exclusivement. Les boules, de verre à l’origine, n’apparaissent que vers la fin du XIXe siècle dans les familles nanties évidemment.
La lumière nouvelle était ramenée de la messe de minuit vers les maisons et servait également à allumer une chandelle de cire pure qui était conservée toute l’année pour ses vertus protectrices. On la rallumait quand l’orage grondait pour écarter la foudre, on la plaçait dans les mains d’un mourant pour lui assurer une mort paisible et on l’allumait encore lors d’un accouchement.
Quant au Père Noël, sachez qu’il nous vient d’Amérique. Il est simplement une adaption américaine de notre saint Nicolas dont la tradition avait été emportée outre océan par les colons des XVIIe et XVIIIe siècles.
La Petite Gazette du 2 janvier 2014
LES TRADITIONS DU JOUR DE L’AN
Elles sont nombreuses, variées et, surtout, méritent de ne pas sombrer dans l’oubli. Rappelons-en donc quelques-unes :
Le baiser qui accompagne les souhaits de l’an neuf a, sans doute, valu à cette journée le nom de « djou dès fås vidèdjes » en référence au baiser de Judas… Les vieilles formules de souhaits nous en apprennent beaucoup sur les réalités quotidiennes de jadis. Ainsi celle-ci, très ancienne : Bone annêye frèzèye ; parfète santé frèzé ; totes sôres du bonheûr frèzé voleûr.
Cette formule nous rappelle que, avant que les bienfaits des campagnes de vaccination, nombre de femmes et d’hommes de nos campagnes avaient contracté la petite vérole et présentaient un visage grelé (frèzé – frèzèye = grelé – grelée).
A Liège, on disait que la jeune fille qui recevait les premiers souhaits d’un petit garçon aurait un fiancé qui porterait le même prénom ; si, au contraire, c’était d’une vieille femme qu’elle recevait les premiers vœux de Nouvel-An, elle ne se marierait pas dans le courant de l’année.
Toujours dans la région liégeoise, une jeune fille porte malheur en vous souhaitant, la première, une bonne année ; au contraire, les vœux d’un petit garçon sont d’un très favorable augure. Aussi, ces derniers, malins qu’ils ont toujours été, s’empressaient-ils de débiter ce petit distique à la suite de leurs souhaits :
C’est on p’tit valèt, vos-årez dè boneûr après.
C’est évidemment pour répondre à cette même croyance que, avant la Grande Guerre, les petits garçons de Neuville-en-Condroz s’en allaient présenter leurs vœux en chantant :
Strimez-m’ nosse Dame ! (Etrennez-nous Madame !)
Strimez-m’ nosse Dame !
C’è-st-oûy li prumi djoû d’l’an.nêye
Entendre le chant d’un oiseau le premier jour de l’an neuf assure du bonheur pour toute l’année.
Dans les régions d’élevage, les anciens ne manquaient pas de commencer l’année en adressant leurs vœux à chaque de leurs bêtes. Ailleurs, ce sont les vergers qui reçoivent la visite matinale des agriculteurs venus saluer chaque arbre en lui adressant une formule rituelle :
Abe, dji t’sitreume, si ti n’pwète nin pus qu’l’an.nêye passèye, ni pwète nin mons non pus !
A Trois-Ponts, il était admis que le rêve fait durant la nuit du Nouvel-An était considéré comme la révélation de la vérité.
Dans les foyers du Condroz, on pense que le feu allumé la veille du jour de l’An couve toujours sous la cendre le lendemain, c’est un indice favorable pour l’année qui commence.
Dans le pays de Marche, le jour de l’An, on ramassait trois petites pierres et on les jetait devant soi en marchant ; ce geste rituel était censé s’assurer le bonheur pour l’année entière.
Partout, il était admis qu’il était dangereux de s’approcher des rivières au premier jour de l’An. En effet, il se disait que « Al novèl an, l’êwe pèhe voltî». L’origine de cette mise en garde est lointaine et prévient les soiffeurs du réveillon de se méfier en rentrant si leur chemin longe un cours d’eau…
1926 – LI DJOU DE NOVEL-AN
Madame Odette Dodeigne, d’Anthisnes, a sorti cette page (imprimée il y a bien longtemps par l’imprimerie E. Cousin d’Aywaille) de son tiroir à souvenirs. La feuille a vieilli bien sûr mais son intérêt est sauf.
J’ai choisi de vous la présenter ainsi qu’elle fut rédigée, dans une langue étonnante… En effet, ce n’est ni du français, ni du wallon, mais la mise par écrit du parler villageois usuel, mêlant les termes des deux langues et écrite dans une orthographe vraiment fantaisiste. La voici :
Pasqueie composeie et t’chanteie à l’Novèl-An 1926 par les Djoyeux Plankets dè l’Carrire dè Trô dè Mont (Mont, hamtai dè l’commeune di Comblain-â-Pont)
RESPLEUS
So l’air du tra dèri dèra,
So l’air du tra dèri dèra,
So l’air du tra dèri dèra.
1er COPLET
N’sestant n’bande di lurons,
Chal è noss trô dè Mont,
Li ci qu’a l’pus belle voèx
C’est Dj’han l’Luxembourgeoès,
Qwand i t’chante li veie t’chir
Ou les rutabagas
Fat qu’on s’tinse so n’t’chèyir
Po n’nin toumer pu bas.
2e COPLET
Nos avans l’grand Philippin,
Li magneus d’inglitins,
I m’dit l’grand forsolé
Qui l’crolé n’sé t’chanter
Min mi dj’li restampa
Sins fer baicop d’racha
Va a concert è Mont
T’arè bon d’ètinde Jean.
3e COPLET
Li gros Twenne d’a p’tit Bwès
C’est on drole di valet.
On d’jase qui s’va ruiné
A todi tant t’chiquer
C’est ine vreie punition
D’falleur t’chergi ses moëllons
C’est ine vreie punition
D’falleur t’chergi ses moëllons
Fareut on drap d’mohon
Po r’souwé ses rot’chons.
4e COPLET
L’accapareur Bulthot
Cila s’nè nin on sot
Avou les meie qui là
I fait d’ses imbarras
Actionnaire à Raideut
C’est dedja onk qu’est reud.
Tant que l’beurre ne baisse pas,
Chez lui, on n’sen fait pas.
5e COPLET
Astheur li blond dè Mont
Y nè nin mon plaihant
Po ine gotte di pèket
I s’laireut pinde ma foè,
In si sareut passé
Est çoula q’dès ping’ter
Si va amon Lambion
Fat qui beuie on hufion.
6e COPLET
Nos avans l’gros d’Josef
Qui n’si fait nou ma d’tiesse,
C’est lu què Commandant
Po t’chergi les wagons
Avou noss machineu
Qu’c’est portant in agneu
Il a tot d’minme trové
Si p’tite feume po s’marier.
7e COPLET
N’savant Armand d’Gilson
C’est on vix céliba
On gaillard qu’a d’juré
Dè d’moré come çoula
I s’dit qui sin kpagnèe
I d’hirèt svikareie
Divins les longs pameis
Il a sogne d’es rifeit.
8e COPLET
Li grand Maurice Djoris
C’est l’home à rinde chervice
Dispoye qu’la stu taxé
On n’fait pu qu’dè l’balter
Po ses septante hut francs
I fait s’ton laid minton
C’est qui po les gwangni
I fat tant travaï.
9e COPLET
Si nè nin baicop mi
Avou noss maiss ovri
Qu’a l’nez todi d’loffré
Télmint qui n’fait qu’dè pen’ter
Quwand c’est qui prind n’pèneie
Ennè prind dès quaqueies
Qu’on s’dimande bin sovint
Qu’mint qui s’narène ni hière nin
10e COPLET
N’savans Alfred Collard
C’est on drole di gaillard
I tomreut minme dès s’tran
Qui n’seuye è trô dè Mont
Avou l’grand Vandenpeer
Onk qu’a des laides airs
E l’nèveu d’a Chartier
Qui n’jase maIe qui d’furter
11e COPLET
Nosse compagnon Raymond
C’est y ewèration
Dispôye qui l’est marié
In fait qu’di stourmèté
Portant s’nest nin l’richesse
J’y v’zassure qu’el kichesse
Mins c’est si p’tit poïon
Qui n’a co no rjèton.
12e COPLET
Noss grand maiss Olivier
Si fait sovint r’marquer si v’zav’ des bai boquets
V’zester sur qui pass’rais
Min si vos n’navez nin
I n’sèret nin contint
Y passret out di vo
Magré
Qu’on s’arredge tot.
13e COPLET
Mes amis cisse pasqueie
A s’tu faite ax euraies
Avousmes compagnons
Tot magnant noss crostant
Ossi po r’merçimint
E noss sètche braves d’gins
Tapez, tapez frankmint
Disqu’à tant qui seuye plein.
La Petite Gazette du 28 décembre 2016
LI BOUKETE EMACRALEYE
Madame Mariette Liégeois, de Vaux-sous-Chèvremont est très attachée à notre belle langue wallonne et à toutes nos traditions régionales. Elle a pensé, et a eu bien raison, que le moment était judicieux de se remettre en mémoire ce célèbre texte de Georges Ista.
Ma correspondante rappelle aux lecteurs de la Petite Gazette que ce prolifique auteur wallon a vécu à Sy durant la Grande Guerre.
C’esteût l’nut’ dè Noyé. Li mame fève dès boûkètes
Et tos les p’tits- èfants rasson-nés dilé l’feû,
Rin qu’a houmer l’odeûr qui montéve dèl pêlète
Si sintîs l’êwe al boque èt raletchît lès deûts
Qwand on costé dèl påsse esteût djusse a l’îdèye
Li mame prindéve li pêle èl hoyéve en p’tit pô
Et pwis houp ! li boukète è l’air féve ine dimèye
Et d’vins l’mitan dèl pêle ritouméve cou-zå-haut
– Lèyiz-m on pô sayi ! brèya li p’tite Madjène
Dji wadje dèl ritoûrner d’adreût dè prumî côp
Vos-alez vèyî, mame !… Et volà nosse glawène
Qui prind l’pêle a deûs mains et qui s’abahe on p’tit pô,
Et rouf !di totes sès fwèces elle èvole li boûkète…
Ele l’èvola si bin qu’èle n’a måy ritoumé
On qwèra tos costés : so l’årmå, po-dri l’pwète
On n’ritrova måy rin. Wice aveût-èle passé?
Tot l’monde s’èl dimandéve èt les k’méres dè vinåve
Si racontit tot bas, l’al nute åtoû dè feû
Qui c’èsteût sûr li diâle qu’èsteût catchî d’zos l’tåve
Et qui 1’aveût magnî sin fé ni eune ni deûs.
L’iviér passa. L’osté ramina les vèrdeûres
Et lès fièsses di porotche ås djoyeûs cråmignons
Tot l’monde aveût dèdja roûvî ciste avinteûre
Qwand li mére d’a Madjène fat r’blanki sès plafonds
Volà don l’bwègne Colas, blankiheû sin parèy,
Qu’arive avou sès breûsses, ses håles et sès sèyès
I k’minça dè bodjî lès ptitès bardah’rèyes
Qu’èstit avå l’manèdje; i wèsta lès tåvlês
Qui pindît so lès meûrs; pwis, montant so s’halète
I d’pinda 1’grand mureû qui hågnîve so l’dgîvå
Et c’èst po-drî l’mureû qu’on r’trova nosse boûkète
Qu’esteût la d’pôy sî meûs, co pus deûre qu’on vî clå
Neûre come on cou d’tchapê, reûde èco pé qu’ine bèye
Frèzèye come ine vèye catche, èt, d’zeûr di tot çoula
Tote coviète di strons d’mohe, èt tél’min tchamossèye
Qu’èle aveût dès poyèdjes, co pé qu’in-angora
Georges ISTA (1874 – 1939)