Raymond Collin et Jean-Marie Dehalleux voulaient évoquer les jours tragiques vécus, au home de Petit-Spay par une colonie d’enfants et leurs six monitrices pris au cœur de terribles combats lors de l’Offensive de l’hiver 44-45 et, gagnés par l’intérêt suscité par l’histoire du lieu, ils offrent aujourd’hui un passionnant récit débordant largement les limites de leur objectif initial.
Il est vrai que la visite de ce petit coin des rives de l’Amblève, proche de Trois-Ponts, met le chercheur, comme le lecteur, face à tous les ingrédients des histoires traditionnelles de notre Ardenne. En effet, en ces lieux se mêlent intimement réalités et mystères, légende colportée par la tradition populaire et faits dûment attestés, le tout articulé autour de personnages bien réels, tous suscitant un évident intérêt. On y rencontrera une famille illustre, les de Waha, dont un des membres prit la tête d’insurgés lors de la guerre dite des Paysans, en 1798, qui fit suite à la promulgation de la loi instaurant un service militaire obligatoire de 5 ans en temps de paix et illimité en temps de guerre pour tous les hommes de 20 à 25 ans. Son implication dans ce conflit a sans doute mené à la destruction de son château de Petit-Spay par les autorités françaises. On y croise aussi une mystérieuse fille du coin qui, la veille de convoler, s’enfuit avec un riche Anglais alors en séjour à Spa. Désormais appelée la Belle Anglaise, elle acquiert étonnament divers biens alors qu’elle est issue d’une famille modeste et qu’elle n’a que 20 ans. Les auteurs, de façon très rigoureuse, confrontent alors les récits légendaires et la stricte réalité des documents qu’ils ont découverts. Sans doute délaissée par son amant anglais, elle épouse un entrepreneur bruxellois et reviendra régulièrement sur ses terres natales dans la belle villa qu’ils élèveront, peut-être à l’emplacement même du château initial ainsi que le laisse supposer une étonnante découverte. Après son décès, son époux se remarie et vit à Petit-Spay, puis vend la propriété en 1907. En 1932, une communauté de religieuses bénédictines s’y installe et une réalité plus surprenante encore que des faits rapportés aux veillées s’y développe. Au début de la guerre, la mère abbesse quitte le couvent, en puisant dans les caisses, retrouve le père abbé d’un monastère ; ensemble, ils se rendent en France, épousent la foi protestante et se marient…
La grosse villa du Petit-Spay, en 1943, deviendra un des homes de l’Aide aux Enfants de Prisonniers et accueillera, sous la direction et l’animation de cheftaines de louveteaux, une quarantaine de jeunes enfants. En décembre 1944, lors de l’Offensive et suite aux destructions des ponts sur l’Amblève, le Petit-Spay se retrouve ionpinément au cœur de terribles combats. Avec force témoignages, les auteurs relatent les douze jours que ces 40 gamins et leurs 6 animatrices passèrent au cœur des combats, la succession des occupations des lieux par les SS et les soldats US, jusqu’à leur évacuation vers Farnières où ils retrouveront 750 autres réfugiés.
Cette histoire est étonnante et intrigante, elle vous passionnera. L’ouvrage est disponible après versement de 16 euros + 3 euros de frais d’envoi postal au compte Belfius, BE95 0630 0810 1858, de Dehalleux Jean-Marie, 69 route de Floriheid à 4960 Malmedy.