La Petite Gazette du 16 janvier 2013
LÀ OÙ LES « RAILSPLITTERS » STOPPERENT L’AVANCE DE LA WEHRMACHT
Monsieur Raymond Hebrant, de Poulseur, a rassemblé ses souvenirs de gamin durant la Libération et l’Offensive, épisodes de guerre qu’il vécut dans son petit village de Bourdon. Nous suivrons son récit durant trois semaines.
« Je suis originaire de la région de Marche-en-Famenne, exactement du village de Bourdon, situé entre Hotton et la ville de Marche. Peu de livres racontent les faits de guerre de l’ancienne commune de Marenne. Les environs du village de Verdenne ont subi, en septembre 1944 et en décembre 1944, des activités militaires d’une importance capitale.
Le 6 septembre 1944, peu de temps avant la Libération de notre région, les Allemands s’attaquent à un camp de résistance se trouvant dans les bois entre Verdenne et Champlon-Famenne. Les résistants se sauvent en direction de Verdenne, plusieurs d’entre eux seront abattus dans les prés avant le village. Un des maquisards se sauve vers Bourdon, d’autres vers Marenne, pour les Allemands, ils sont passés par le village de Verdenne.
Ils les cherchent à cet endroit, plusieurs maisons seront la proie des flammes, une habitude prise par cette armée depuis l’invasion de la Pologne. Un monument édifié près du lieu du massacre y rappelle la mort tragique de ces résistants.
Photo extraite du remarquable site http://www.bel-memorial.org
Notons que ce monument rappelle également le souvenir de Joseph Coeurderoy dont La Petite Gazette a évoqué la fin tragique»
La Libération a lieu deux jours plus tard. Je me rappelle les soldats allemands passaient sur la grand-route par petits groupes, ils faisaient rentrer les gens dans leurs habitations. Les avions à double fuselage, des lightning, survolent, à basse altitude, la route Marche-Hotton, ainsi que la voie ferrée de la vallée. Début d’après-midi, les troupes américaines libèrent le village de Bourdon. A Hotton, les Allemands résistent à hauteur du lieu dit « Poteau ». Les alliés se déploient dans le village pour la nuit, Hotton sera libérée le lendemain.
La mi-septembre est arrivée, les enfants retournent à l’école, les grandes vacances sont terminées, la vie reprend son cours.
Par la radio, mes parents apprennent le début de l’Offensive dans la région de Saint-Vith. Me référant aux divers ouvrages que j’ai lus sur la Bataille, je puis dire que, le 20 décembre, les soldats américains sont arrivés à Bourdon. A cette époque, nous habitions la gare de Marenne, située à Bourdon. Le bâtiment était assez élevé. Dans un des greniers, il y avait un œil-de-bœuf donnant dans la direction de Melreux. Un gradé de l’armée demanda à pouvoir s’installer à ce poste d’observation car des rumeurs parlaient du largage de parachutistes allemands dans cette direction. Les soldats s’installèrent dans tous les endroits possibles : la gare, l’école, l’église et dans les nombreuse petites fermes du village. Ces militaires appartenaient à la 84e division d’infanterie. Cette division se nommait les « Railsplitters ».
En direction de Hotton, à environ un kilomètre de la gare se trouvent la maisonnette du passage à niveau ainsi qu’une ferme. Vu la situation, en début de soirée, les personnes habitants ces maisons ont jugé préférable de venir chez nous. Elles sont restées deux nuits à la gare. La situation ne se dégradant pas, elles sont ensuite rentrées chez elles ; jusqu’à la fin de l’Offensive l’endroit y était plus calme… »
La Petite Gazette du 23 janvier 2013
LÀ OÙ LES « RAILSPLITTERS » STOPPERENT L’AVANCE DE LA WEHRMACHT
Monsieur Raymond Hebrant, de Poulseur, a rassemblé ses souvenirs de gamin durant la Libération et l’Offensive, épisodes de guerre qu’il vécut dans son petit village de Bourdon. Nous poursuivons la lecture de son récit alors qu’il est en pleine Offensive :
« Mes parents avaient préparé le nécessaire pour dormir dans la cave au cas où la situation devait empirer. La nuit suivante, alors que nous étions couchés dans la salle à manger et que, sur les quais de la gare, les sentinelles faisaient les cent pas, une explosion résonna : le premier obus venait d’exploser à une centaine de mètres de la gare. Nous sommes descendus rapidement dans les caves, suivis par tous les militaires se trouvant dans les divers endroits du bâtiment. La liaison téléphonique avec le reste de la garnison était interrompue suite à une rupture de fil produite par le déplacement en urgence. Plus tard, après l’Offensive, l’instituteur du village nous raconta que les soldats se trouvant chez lui, lui avaient dit que la gare était prise par les Allemands. Très rapidement, les points stratégiques furent minés, le passage à niveau y compris.
Durant les jours de bataille, un soldat allemand est venu à moins de cent mètres du passage à niveau de la gare ; il a été fait prisonnier, il se cachait dans un aqueduc sous la route.
Dans la plaine de la Famenne, de nombreux canons étaient en batterie ; il y en avait un non loin de la ferme tout prêt de chez nous. Dans les bois de Focagne, des trous avaient été faits pour protéger les canons. Cachés par le bâtiment de la gare, un half-track et un blindé sur pneus stationnaient en attendant une éventuelle opération.
Je me rappelle avoir écouté de la musique avec des écouteurs dans le premier véhicule. Les journées étaient plutôt calmes.
Militaire et civils, nous dormions tous dans les caves. Une fois, j’ai eu l’occasion de passer une bonne partie de la nuit dans le sac de couchage d’un militaire car il montait la garde devant le bâtiment. Le matin, je me réveillais à côté de mes parents, le transfert s’était fait très calmement ; à cet âge, on dort profondément.
Depuis plusieurs jours, nous vivions sans électricité, la bougie et la lampe à pétrole étaient nos seules sources de lumière. Nous étions dans la cave pour y passer la nuit et, tout d’un coup, il fit clair comme ne plein jour ; les canons lançaient des obus luminescents, une opération de grande importance était en cours…
Après de durs combats, maison par maison, le château changeant plusieurs fois d’occupants, les blessés et les morts sont partout, le froid et la neige ne facilitent pas le travail des brancardiers.
Le village de Verdenne est de nouveau aux mains des Américains. Du calvaire de Bourdon jusqu’à la sortie du bois en direction du village subsiste une poche de résistance importante de la 116e Panzer Division. Les américains ont donné à cet endroit le nom de « The Pocket ».
J’ai vu de jeunes soldats allemands prisonniers, ils avaient de 16 à 20 ans. C’était triste à voir… Une jeunesse si mal utilisée pour la folie d’un système, le nazisme. Les troupes encerclées profiteront de la nuit pour s’évader. Beaucoup de véhicules sauteront sur les mines à la sortie du village de Menil-Favay, dans les champs et sur le chemin forestier allant vers Grimbièmont. Une erreur du chef de char de la colonne, le chemin à suivre pour s’enfuir n’a pas été vu à temps. »
La Petite Gazette du 30 janvier 2013
LÀ OÙ LES « RAILSPLITTERS » STOPPERENT L’AVANCE DE LA WEHRMACHT
Voici la fin du passionnant récit de Monsieur Raymond Hebrant, de Poulseur, à propos de ses souvenirs de gamin durant la Libération et l’Offensive, épisodes de guerre qu’il vécut dans son petit village de Bourdon. Voici, aujourd’hui, la fin de son récit :
« Face à la chapelle de Bourdon, une grande ferme en pierre est un endroit rêvé pour se mettre à l’abri. L’armée américaine avait installé son poste de secours derrière ce bâtiment. L’accès se faisait par un chemin ayant son entrée à la route principale. Les combats s’étaient éloignés de Bourdon, les jeunes se rassemblaient où il y avait de l’animation. Venant du champ de bataille de Verdenne, les cadavres arrivaient à cet endroit en jeep ou en Dodge. Les soldats occupés à ce travil pénible empoignaient le cadavre par un bras et une jambe, lançaient la dépouille sur le camion où les corps s’amoncelaient. Lorsque le camion étaiet chargé, il prenait la direction de Marche, pour conduire les cadavres dans un cimetière provisoire.
Dès le début de l’année, les soldats américains sont partis vers d’autres lieux de combat. Les troupes anglaises sont arrivées. Cela n’était pas la même ambiance, dans la place principale du logis, un garde s’est installé. Pour aller chercher de l’eau ou pour nous rendre aux toilettes, nous ne pouvions plus passer par cet endroit, il fallait faire le tour par l’extérieur. Avec les Américains comme avec les Anglais, nous n’avons jamais eu faim : rations K, petites saucisses, pain de maïs, haricots à la tomate … sans oublier le chocolat.
Vers la mi-janvier, Gaston, un jeune homme de Bourdon, voulait aller chercher du pain à Verdenne. Beaucoup d’endroits n’avaient pas été renseignés comme zone dangereuse, vu l’épaisseur de neige qui subsistait par endroit. Il emprunta le sentier, trébucha sur un fil et déclencha plusieurs mines anti-personnel. Il fut pris en charge par l’armée et, après quelques semaines, il rentrait au village. L’incident n’avait pas été trop grave.
Le dégel est enfin arrivé, on pouvait prudemment s’aventurer sur le champ de bataille. Certains chars ne pouvaient être approchés à cause des mines. Certains endroits étaient renseignés par des panneaux « Danger ». Nous avons visité plusieurs chars : le Sherman et les deux blindés se trouvant à gauche de la route, le Panther et le Marck IV.
Au village, une seule maison a été détruite complètement, une autre a subi un dégât léger ; ce n’est pas le cas à Verdenne. Il est temps de s’intéresser aux dégâts très importants et de songer à la reconstruction. Depuis un certain temps, de nombreux habitants ont trouvé des gens charitables à Bourdon et à Marenne ; dans certaine maisons, des familles entières se sont installées. Les maisons permettent à ces sinistrés de vivre comme chez eux. Pour les personnes seules, ils vivent en société comme un membre de la famille. Cette situation perdurera plus de deux ans dans certaines familles.
Le déminage a eu lieu, un site a été désigné pour y faire sauter les explosifs. Le jour venu, la population des alentours a été prévenue, les fenêtres ont été ouvertes, l’explosion n’a pas fait de dégâts hormis un grand cratère sur le lieu de la déflagration. Tous les blindés sont découpés au chalumeau et mis à la ferraille, y compris le Sherman, les Américains ne reprenaient pas les véhicules utilisés par l’ennemi ! Le char américain se trouvant dans la prairie à l’entrée de Verdenne a été repris par un transporteur de char, un dimanche matin.
Les ruines et les tranchées des fantassins sont les derniers souvenirs de ces féroces combats.
Merci à ces G.I.’s, venus d’outre-Atlantique, ils ont donné leur vie et leur jeunesse pour combattre une doctrine nuisible portée par l’idéal d’une seule race, la race aryenne. »
La Petite Gazette provoque parfois des situations étonnantes. C’est le cas avec cet article de M. Raymond Hébrant. Jugez plutôt à la lecture de la communication de M. Francis Roufosse.
« Lors de la lecture de la dernière Petite Gazette, j’ai été très agréablement surpris de retrouver un article sur les « Railsplitters », signé par un certain Monsieur Raymond Hébrant.
Là, c’est plutôt l’auteur de l’article qui m’interpelle ! En fait, Raymond et mois étions presque voisins dans les années ’60. J’habitais un pâté de maisons plus haut que la gare et je me souviens de lui et de son frère (André, si j’ai bonne mémoire)… Ils étaient beaucoup plus âgés que moi qui n’étais, à l’époque, qu’un tout petit garçon. Puis nos routes ayant divergé, je me suis souvent demandé où il était passé. Voilà que je le retrouve cinquante ans plus tard dans La Petite Gazette !…
Je ne sais pas s’il se souvient encore de moi, mais je me rappelle qu’il m’avait une fois aidé pour un exposé que je devais présenter à l’école au sujet de l’encyclique « Rerum Novarum »…
Mais c’est si loin, tout cela !
Je me permets de vous adresser une photo de la gare de Marenne à Bourdon, où sa famille habitait, et puisqu’il en parle dans son article, une autre photo, celle du pignon de la maison de feu Christian Fautrez à Marche, passionné d’histoire de guerre, lequel y a fait peindre l’insigne de cette fameuse 84e division d’infanterie !
Pour la petite histoire, notons encore à l’époque, sur les hauteurs de Verdenne, la présence d’un simple G.I. de la Compagnie « G », au 2e Bataillon du 335e Régiment de la glorieuse 84e Division d’infanterie américaine : un certain Henry Kissinger, qui deviendra, à parti de 1968, le conseiller du président Nixon… De la petite histoire dans la grande ! »
La Petite Gazette du 6 février 2013
84e DIVISION D’INFANTERIE U.S. “RAILSPLITTERS”
C’est au tour de Monsieur Alphonse Grandhenry, de Dolembreux, d’intervenir sur le sujet, il vous explique pourquoi :
« C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu les souvenirs de Monsieur Hebrant, de Poulseur, qui fait mention des combats menés par la 84e division d’infanterie américaine « Railsplitters ».
Je suis particulièrement sensible à l’histoire de cette prestigieuse division américaine et à ses faits d’armes durant la bataille des Ardennes. Mon intérêt pour cette unité est motivé par le fait que ce sont les braves GI’s de son 334e régiment qui ont libéré mon village natal (Petite Mormont – Wibrin) le 14 janvier 1945.
L’insigne d’épaule de la 84th ID est un disque rouge bordé de vert dans lequel figure en blanc, une hache fendant une demi- poutre. La 84th ID « Railsplitters » (fendeurs de poutres) est aussi connue comme la « Lincoln Division ». En effet la plupart des soldats la composant provenaient des états américains Kentucky-Indiana et Illinois. Ces états étaient chers au président Lincoln qui y avait passé une partie de sa jeunesse à fendre des poutres pour fabriquer des piquets de clôtures.
La division fut activée en octobre 1942 au camp Howze (Texas) Après plusieurs périodes d’entraînement dans divers site de manœuvres la division embarqua à New York en octobre 44 et débarqua à Omaha Beach (Normandie) le 01 nov 44. De là elle fut envoyée en Hollande pour attaquer la ligne Siegfried dans les environs de Geilenkirchen. Les trois régiments (333-334 et 335) livrèrent de durs combats et pénétrèrent en Allemagne. Les Allemands bloquèrent l’offensive américaine et le front fut stabilisé.
Le 20 décembre la division est appelée en urgence dans les Ardennes pour contrer l’Offensive Von Rundstedt. Les « Railsplitters » du 335 th Rgt arrivent dans les environs de Marche-en-Famenne et installent en urgence des positions de combat. Très rapidement les combats font rage. Les GI’s arrivent à bloquer les Allemands et prennent le contrôle de Bourdon et Verdenne vers le 25 décembre. Fin décembre 44, la division démarre son offensive visant à réduire le saillant allemand des Ardennes.
D’abondantes chutes de neige ont recouvert l’Ardenne d’un manteau blanc d’une cinquantaine de cm. Un froid polaire règne. Les routes sont difficilement praticables pour le charroi militaire. La division va devoir se battre dans des conditions climatiques extrêmes auxquelles elle n’est guère préparée. Les Allemands, eux, bénéficient de leur expérience du front de l’Est et des opérations menées dans le nord de la Scandinavie. Pour les « Railsplitters » l’épreuve ne se limite pas à combattre un ennemi endurci et redoutable mais aussi à surmonter l’âpreté du climat qui transforme les Ardennes en une sorte de « Sibérie belge ».
La Petite Gazette du 13 février 2013
84e DIVISION D’INFANTERIE U.S. “RAILSPLITTERS”
Nous retrouvons le récit de Monsieur Alphonse Grandhenry, de Dolembreux, qui retrace le parcours de cette unité qui libéra son village natal (Petite Mormont – Wibrin) le 14 janvier 1945.
« Le secteur qui est dévolu aux régiments de la 84th ID est situé entre l’Ourthe et l’Aisne et est limité au Nord par la RN 30. La 84e est appuyée par la 2e Division Blindée « Hell on wheels » du Général Harmon pour former le Combat Command A. La division comprend trois régiments soit les 333th, 334th et 335th. L’artillerie divisionnaire comprend quatre « Field Artillery Battalions », deux bataillons de tanks et deux bataillons de « Tank Destroyer » ainsi que deux bataillons anti-aériens. S’y ajoutent, un bataillon de génie de combat, un bataillon médical, un détachement de « Counter Intelligence » et les diverses compagnies rattachées à l’état-major divisionnaire. La Division est commandée par le Major Général Alexander R. Bolling.
Le 05 janvier 45 la Division est regroupée à Fisenne. Elle gagne Amonines. A partir de cette localité, sa mission doit l’amener à Dochamps en remontant la rive droite de la rivière Aisne. Le temps est épouvantable et les routes fortement verglacées sont très peu praticables pour les véhicules. Les GI’s sont contraints de progresser à pied dans les chemins forestiers et de crapahuter dans une neige épaisse pour gagner le sommet des collines surplombant Dochamps. Arrivés en vue du village, les « boys » sont cloués sur place par un terrible matraquage d’artillerie. Les Allemands résistent farouchement et ce n’est que le 7 janvier que le village est pris.
Le 09 janvier, la 84th ID, aidée des chars du 66th Rgt, se lance à l’attaque de Samrée. Le village est conquis le 10 dans l’après-midi, grâce à l’appui des chars et suite à une solide préparation d’artillerie.
Le 13 janvier, c’est Bérismenil qui l’objectif des « boys »de la division. L’attaque du village sera exécutée par un froid polaire et à travers une neige épaisse. Les GI’s doivent progresser à travers bois pour arriver au-dessus des collines surplombant le village au Nord et de là lancer une attaque surprise. Le village tombe en fin de journée.
Le 14 janvier la 84thID investit le village de Nadrin par un mouvement tournant mené par les 333th et 334 th Rgt. Le village est pris sans trop de résistance. Sur leur lancée, les « boys » investissent Ollomont, à peine gênés par quelques combats d’arrière-garde. Profitant de leur lancée les GI’s progressent vers Filly. Leur progression se fera sans support blindé car les routes sont abondamment minées. Filly est pris en fin de journée.
Toujours sur leur élan les GI’s prennent les hameaux de Grande et Petite Mormont.
L’autre aile de la division attaque Wibrin, aidée par le 66Th Rgt de la 2th Armored Division mais se trouve bloquée par un solide point d’appui allemand retranché sur la colline au sud du village. Une manœuvre tournante des chars du 66th Rgt permet de liquider le point d’appui allemand et le village tombe dans l ‘après-midi.
Le 15 janvier, c’est Achouffe qui passe sous contrôle américain. Les Allemands qui avaient utilisé l’itinéraire Achouffe–Mont pour évacuer la plupart de leurs unités vers le «Vaterland » en évitant le piège de Houffalize ont fait sauter le pont sur le ruisseau de Martin–Moulin. Le génie US place un pont provisoire qui permet aux unités américaines de poursuivre leur offensive. »
La Petite Gazette du 20 février 2013
84e DIVISION D’INFANTERIE U.S. “RAILSPLITTERS”
Nous retrouvons le récit de Monsieur Alphonse Grandhenry, de Dolembreux, qui retrace le parcours d’unité qui libéra son village natal (Petite Mormont–Wibrin) en janvier 1945.
« Plus au nord, l’aile de la Division des « Briseurs de rails » qui progresse au sud de la RN30 tente de prendre le village de Les Tailles. Elle se heurte à un solide verrou dressé par la 2e Division SS. Les pertes sont lourdes et la 84th est freinée dans sa progression vers Mont. Les SS ayant été remplacé par une unité moins mordante les GI’s peuvent reprendre leur progression le lendemain et prennent le village de Dinez et, poursuivant leur élan, ils prennent le village de Mont. La 84th pousse jusqu’à Taverneux. De là, les GI’s se lancent à la poursuite d’un ennemi qui s’évade en menant des combats retardateurs. Cette tactique permet aux Allemands de rapatrier leurs meilleures unités à l’abri de la ligne Siegfried tout en sacrifiant des unités de moindre valeur pour freiner l’avance américaine.
Les courageux GI’s sont toujours confrontés à la rigueur d’un des pires hivers du siècle qui fait des ravages dans leurs rangs (membres gelés – affections respiratoires – accidents divers…) Néanmoins, leur avance se poursuit petit à petit en direction de Gouvy. Ils libèrent les divers villages de part et d’autre de la RN827.
Le mardi 16 janvier, première jonction entre des éléments du 334th Rgt conduits par le lieutenant Blankenship et une patrouille de la 11e division blindée (3e armée du général Georges Patton). La rencontre historique a eu lieu non loin du moulin de Rensiwez. Une plaque commémorative est d’ailleurs apposée sur le pan rocheux où eut lieu l’évènement.
Le 19 janvier, les « Railsplitters » sont à Sterpigny. Ils subissent la pire tempête de neige de l’hiver 44-45. Ils bénéficient d’un vague repos qui annonce de prochains coups durs.
Le 22 janvier, c’est l’assaut vers Gouvy où ils sont à nouveau confrontés à la redoutable arrière-garde de la 9e Division SS. Les « Railsplitters », aidés par les blindés, parviennent à réaliser une manœuvre qui bouscule le verrou SS et ils emportent le village.
Le 23 janvier, la 84th ID mène son dernier combat de la bataille des Ardennes. Elle attaque Beho et se retrouve à nouveau en face des coriaces SS de la 9e Pz Div. Ces derniers résistent au-delà du possible car ils doivent à tout prix retarder la progression américaine pour permettre aux dernières unités allemandes de regagner la mère patrie. La 84th ID conquiert enfin Beho après de durs combats et elle en profite pour libérer le village d’Ourthe.
La campagne des Ardennes se termine le 23 janvier pour les braves «Railsplitters ». Ils ont combattu sans arrêt depuis le 21 décembre face à des combattants endurcis et pugnaces. Ils ont mené leur campagne dans les pires conditions climatiques imaginables. Les vétérans de la 84th ID sont unanimes sur un point : « leur pire ennemi fut le terrible hiver ardennais »
Pour les lecteurs qui trouveront peut-être l’une ou l’autre « coquille » dans mon écrit, je dois dire que j’ai fait au mieux pour exposer la campagne glorieuse des « Railsplitters » en quelques pages. J’ai fait au plus court pour ne pas encombrer La Petite Gazette.
Avant de clôturer, je me dois de signaler que la compagnie G du 335th Rgt comptait dans ses rangs un soldat de première classe du nom de Henry Kissinger. Voici un nom qui vous dit quelque chose. En effet ce grand diplomate fut l’un des obscurs combattants de la glorieuse 84th ID. La campagne des Ardennes de la Compagnie G a été admirablement exposée par Lambert Graillet dans son livre « Avec Henry Kissinger en Ardenne ». Ce récit figure sur le site www.gouvy.eu – Histoire locale et patrimoine. Superbe ouvrage qui met à l’honneur, non seulement les combattants de la Compagnie G mais aussi la 84th ID dans son ensemble.
Si pour beaucoup , la bataille des Ardennes est principalement centrée sur la résistance héroïque des paras US à Bastogne, on a un peu vite tendance à mettre au second plan le rôle capital des divisions d’infanterie, des divisions blindées et des diverses unités qui combattirent dans des conditions inhumaines et qui jouèrent un rôle déterminant dans la réduction du saillant des Ardennes. » Grand merci à M. Grandhenry pour son récit.
La Petite Gazette du 13 mars 2013
L’ÉPOPEE DE LA 84TH INFANTRY DIVISION « RAILSPLITTERS » VOUS A PASSIONNES…
C’est de Bruxelles que Monsieur Guy Blockmans se manifeste, il y lit La Petite Gazette grâce à l’aimable complicité de son ami Michel Baers, de Fanzel-Erezée. Ces deux amis sont des connaissaurs passionnés de l’histoire de l’Offensive. Mon correspondant a rédigé, pour l’OPT (l’Office de Promotion du Tourisme Wallonie-Bruxelles) « Les Routes du Souvenir », une très intéressante et très documentée brochure vous invitant à découvrir tous les sites où se développa la Bataille des Ardennes et où en sont conservé les souvenirs. J’engage les personnes intéressées à découvrir cette brochure qu’il est possible de recevoir par email grâce à un seul clic sous l’onglet « brochures» du site www.belgique-tourisme.be. Son ami, M. Baers est, quant à lui, depuis plus de 10 ans, actif en qualité de guide-historien pour la Bataille des Ardennes.
Monsieur Blockmans nous apporte un intéressant complément d’informations sur cette Cie Railsplitters :
« C’est depuis leurs batteries de Howitzer de 155 mm. Mises en position à Rabozée (entre Baillonville et Marche) que les 500 hommes du 327e Bataillon d’artillerie de campagne de la 84e Division assureront l’appui-feu aux unités de leur division.
Cette division avait, en effet, recu l’ordre d’empêcher les blindés de la 116e Panzer division de franchir la crête des collines entre Marche et Hotton.
Les Howitzer vont ainsi tirer, du 24 décembre 1944 au 3 janvier 1945, en direction de la « Poche de Verdenne », en écrasant les blindés allemands sous un déluge d’obus.
En fait, tout avait commencé le 20 décembre 1944, lorsque la 84e reçut l’ordre de quitter ses quartiers de Geilenkirchen (près d’Aix-la-Chapelle) et de faire mouvement vers Marche-en-Famenne.
Une plaque commémorative, apposée sur le mur de la chapelle de Rabozée rappelle l’action du 327e bataillon d’artillerie de campagne de la 84e Division. »
La Petite Gazette du 3 avril 2013
CETTE PLAQUE A ÉTÉ INAUGUREE EN PRESENCE D’UN VETERAN U.S.
Monsieur Michel Baert, de Fanzel, revient sur cette plaque évoquée à la mi-mars dans La Petite Gazette et nous explique ce qui explique sa présence là-bas à Rabozée.
Cette plaque dit, en anglais et en français, « En hommage aux vaillants combattants américains du 327e Bataillon d’Artillerie de Campagne – 84e Division d’Infanterie qui prirent part à la libération de nos villes et villages lors de l’Offensive des Ardennes. Ils séjournèrent à Baillonville du 22 décembre 1944 au 3 janvier 1945″.
« En octobre 2001, je fus contacté par un certain David Kregg, de californie, qui était lieutenant et commandant en second de la batterie « A » du 327th Bataillon d’Artillerie de Campagne basée à Rabozée (Baillonville) du 21 décembre 1944 au 2 janvier 1945.
Il me demandait si je pouvais retrouver pour lui la fermière qui l’avait logé, lui et son bataillon, pendant leur séjour et qui avait préparé et servi des gaufres à ces 100 hommes, la nuit de Nouvel An. Tout ce qu’il pouvait me dire consistait à me préciser que c’était une petite ferme avec, de l’autre côté de la route, un champ dans lequel la compagnie A avait installé ses quatre obusiers de 155 mm. C’éatit au Nord de Marche et il y avait à une centaine de mètres de la ferme une grange qui a brulé le lendemain de leur départ.
C’était, biern entendu, fort peu de renseignements pour localiser l’endroit. Sachant qu’il devait tirer au-delà de Marche et de Verdenne pour essayer de bloquer l’avance des chars de la 116e Panzer Div. Allemande, j’ai commencé une tournée des villages et hameaux se situant entre 5 et 8 Km. au Nord de Marche.
En septembre 2002, j’ai eu un coup de chance. Ayant écrit au Cercle Historique de Baillonville, je fus mis en rapport avec M. Fernand Fisse, dont le père était le bourgmestre de Rabozée à l’époque. Fernand se rappelait très bien qu’il y avait des canons dans leur jardin qui tiraient par-dessus leur maison et dont l’officier en charge consultait ses cartes sur la table de leur cuisine. Il se souvenait aussi de la grange qui avait brûlé plus bas dans la rue (c’était la leur) et d’autres canons, eux aussi plus bas dans la rue. (Nous avons pu, par la suite, vérifier que c’était la batterie « C » qui occupait le jardin du bourgmestre et que la batterie « A » était bien installée en face de la ferme située au bas de la ferme.
J’ai envoyé alors un courriel à Dave pour lui dire que j’avais trouvé et que la commune de Somme-Leuze avait marqué son accord pour le placement d’une plaque commémorative à Rabozée. Je lui ai demandé, en même temps, s’il serait disposé à venir inaugurer cette plaque lors du 60e anniversaire de la bataille, en 2004. Sans hésitation, il m’a donné son accord. Une quinzaine plus tard, il m’envoyait ce message : « Est-il vraiment nécessaire d’attendre 2004 ? Après tout, j’ai 82 ans ! »
Après l’accord de la commune, en juin 2003, le 1er lieutenant David Kregg, accompagné de la veuve et de la fille du Capitaine Otis Dillon qui était le commandant de la batterie « A », furent accueillis à Somme-Leuze par les autorités communales et militaires, un représentant de l’Ambassade des USA, des représentants des vétérans belges et les enfants des écoles. La plaque fut apposée sur le mur extérieur de la petite chapelle située entre les batteries A et C.
Monsieur Fisse avait retrouvé la fermière qui vivait alors à Gembloux et la « Dame aux gaufres » lui avait, une nouvelle fois, préparé de bonnes gaufres qu’il put partager avec elle chez M. Fisse.
Dave revint encore en 2004 lors des cérémonies du 60e anniversaire et la commune le fit alors « Citoyen d’honneur de Baillonville »
Bonjour, quelqu’un pourrait il me communiquer les photos des fusillés du 2 septembre 44 à Ferrières car mon grand père faisait partie du groupe et je n’ai aucun souvenir de lui. Merci
J’aimeJ’aime
Je lancerai le même appel dans une prochaine édition de la version papier de La Petite Gazette afin de multiplier les chances de répondre favorablement à votre attente.
J’aimeJ’aime
Ce serait vraiment très gentil, merci.
J’aimeJ’aime